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14 juin 2025
DIVERGENCE A EXPRESSO, LE MINISTRE YANHKOBA DIATTA APPELLE AU DIALOGUE
A travers un communiqué de presse, le ministère de l’Economie et des Télécommunications a demandé à la Direction générale du Group Expresso de « suspendre et de surseoir à toute volonté de licenciement des agents concernés ».
A travers un communiqué de presse, le ministère de l’Economie et des Télécommunications a demandé à la Direction générale du Group Expresso de « suspendre et de surseoir à toute volonté de licenciement des agents concernés ».
Yankhoba Diattara indique qu’il ne saurait en être ainsi à la suite des échanges et des conclusions que le ministère a conjointement et de manière consensuelle arrêtées avec la Direction d’Expresso Sénégal.
En fait, depuis l’éclatement de cette affaire, le ministre de l’Economie Numérique et des Télécommunications, Yankhoba Diattara dit ne « cesser d’inviter et de convoquer les parties prenantes autour du dialogue afin de trouver une issue heureuse pour tous. C’est à cet effet qu’il a reçu en audience le CEO du Group Expresso et lui a rappelé les engagements pris devant le chef de l’Etat au moment de l’acquisition de la licence 4G.
En outre, rappelle le ministre, il a été proposé la mise en place d’une commission de négociation coordonnée par le Secrétaire général du ministère, pour réunir les deux parties autour de la table de discussions afin de trouver les voies et moyens les plus appropriés pour dépasser le contentieux. Le souci du Gouvernement du Sénégal étant de tout faire pour préserver les emplois dès lors que le secteur des télécommunications « ne souffre pas de crise particulière ».
En attendant de trouver un compromis entre les parties, le ministère de l’Economie Numérique et des Télécommunications tient à rassurer les agents qu’ils « ne sauraient être victimes de licenciement de la part de la Direction d’Expresso Sénégal dans le cas actuel de la procédure ».
M. Diattara signale que les discussions vont se poursuivre. C’est ainsi qu’il invite également les agents à « privilégier les échanges et la courtoisie, d’éviter l’usage de la violence tant verbale que dans les actes qu’ils posent pour réclamer justice ».
par Mahmoudou Wane
MESSAGE D'OUTRE-TOMBE
Trois ans après sa disparition, le tableau qui se donne à lire au pays de Kocc Barma ressemble fort au scénario à l’allure kafkaïenne que ‘’Big Dans’’, ainsi surnommé par la rue, aimait bien dépeindre. L’ami Amath en perdrait le sourire
‘’Le moment est venu de corriger le facteur démocratique par le facteur de compétence (…). La postdémocratie est une vision progressive tendant à corriger le facteur démocratique par le facteur de compétence, tout en veillant scrupuleusement à annihiler tout principe tendant à neutraliser l’un ou l’autre pour s’y substituer’’ – Djibril Samb (L’heur de philosopher la nuit et le jour – PUD – P164)
Si Amath Dansokho pouvait s’arracher du royaume des ombres, ouvrir un œil comme il savait bien le faire lors des longues réunions de son parti, le PIT, bien certainement il s’empresserait de le refermer d’un coup sec. Il se serait sans doute écrié : ‘’Bon Dieu, la prophétie s’est réalisée.’’ Le vieux communiste, dans les dernières années de sa vie, aimait bien mettre en garde contre la montée de nouvelles forces ‘’qui vont tout balayer’’. Il répétait à souhait, au point d’ailleurs d’importuner par ses prédictions bien obscures, ses invités, que ‘’c’est déjà là’’.
Son argumentaire était le suivant : derrière ses atours lisses et raffinés, notre peuple est d’une très grande complexité. Que nous sommes une alchimie faite de plusieurs apports (les colonisations arabe et française). Mais que nous ne connaissions pas assez la composante ‘’roots’’ de notre culture. Pour lui, la plus grande menace pour la République et les valeurs de laïcité et de liberté réside dans l’alliance entre les forces traditionnelles islamisées et les jeunes. Les témoins confirmeront, il pensait aussi que le modèle du politicien classique tel que le Sénégal l’a expérimenté depuis les indépendances, était dans une phase déclinante et qu’une nouvelle aurore pointait à l’horizon.
Trois ans après sa disparition, le tableau qui se donne à lire au pays de Kocc Barma ressemble fort au scénario à l’allure kafkaïenne que ‘’Big Dans’’, ainsi surnommé par la rue, aimait bien dépeindre.
Ainsi fonctionne le monde que bien souvent les ‘’esprits’’ les plus ‘’fous’’ sont souvent ceux qui sont le plus proches de la vérité. L’un des nœuds de son contentieux avec Me Abdoulaye Wade résidait d’ailleurs dans cette manie qu’avait le ‘’Pape du Sopi’’ de réveiller certains instincts primaires de la société. Faut-il se rappeler qu’il fut l’un des plus virulents dans les attaques contre Me Abdoulaye Wade, lorsque ce dernier scella pacte avec certaines forces dont la bonne réputation n’est pas toujours prouvée. La raison de cette bravade résidait justement dans le fait que Me Wade était prêt à pactiser avec les puissances les plus obscures de la société pour se maintenir au pouvoir. Le ‘’Pape du Sopi’’ avec qui il entretenait des relations personnelles somme toute cordiales, avait ainsi sapé des équilibres fragiles de la société sénégalaise.
La montée en puissance des ‘’jeunes loups’’ de la politique confirme bien cette tendance ‘’dégagiste’’ qui n’intègre pas seulement la classe politique actuelle, mais aussi de tout ce qui lui serait… apparenté. Donc, France dégage aussi ! Le projet prend forme et cherche des parrains. Il procède par séduction, référence au discours panafricaniste. Qui mieux que Lumumba ou Sankara pour incarner cela ? Et par occupation aussi de l’espace laissé par des politiques impatients et guidés par l’appât du gain.
L’impression qui se dégage aujourd’hui est, comme qui dirait, le refus de la vraie réflexion, dans un camp comme dans l’autre. Il ne faut surtout pas fouiner dans le tréfonds des leaders du mouvement. Il ne faut surtout pas parler du ‘’derrière du roi’’, de ses amitiés douteuses, de ses ''phobies/philies'', le turban fait l’homme et la cause se suffit à elle toute seule. On ferme les yeux, quitte ensuite à vivre la pire des désillusions, comme ce fut le cas avec le ‘’panafricaniste’’ Me Abdoulaye Wade qui n’hésita pas à prononcer, avant terme, depuis Benghazi, l’oraison funèbre d’un Kadhafi pourtant très utile au continent africain, malgré son côté obscur.
De l’autre côté aussi, celui du camp de l’ordre régnant, la stratégie qui prévaut est celle de l’autruche. Il faut enfuir sa tête le plus profondément possible sous terre, pour ne pas voir cette ‘’laideur’’ ambulante qui a donné un avant-goût de qu’elle pèse lors des manifestations ayant suivi la victoire à la dernière Can des Lions. L’on caricature à souhait ces jeunes dont la seule présence serait virtuelle, puisque leur monde, c’est la Toile.
On en oublie que ces outils ne sont plus si nouveaux que cela. Et que le jeune de 16 ans qui vote donc en 2024, qui n’avait que 6 ans lorsque Macky Sall accédait au pouvoir, ne connaît que ce monde. Qui est totalement le sien. L’une des tares d’ailleurs du régime réside dans cette méconnaissance totale de cette frange jeune, de ses pulsions réelles, de ses rêves, de ses angoisses et de ses fragilités réelles liées à l’âge. Comment prendre en charge ce qu’on ne connaît pas ? On en oublie qu’on a été jeune et ce qu’on pouvait se permettre à ses 20 ans, peut aujourd’hui nous rendre bien honteux.
Bref, ‘’l’ordre ancien’’ que même les cinquantenaires symbolisent, vu la jeunesse de notre population (plus de 52 % ont moins de 20 ans), semble gaga. Pire, personne ne semble être dans les bonnes dispositions de dire la ‘’vérité au roi’’ qui a curieusement passé ces dernières années à créer et à gonfler des opposants (Sonko, Guy Marius Sagna, Barthélemy) grâce aux merveilles de sa machine à fabriquer des leaders. Tout un programme !
L’ami Amath en perdrait le sourire !
MONDIAL 2022, LA SAISON DES SELECTIONNEURS LOCAUX
Toutes les cinq sélections devant représenter l’Afrique à la Coupe du monde de football 2022 seront conduites par des techniciens locaux, puisque le Maroc a nommé l’ancien international marocain Walid Regragui sélectionneur des Lions de l’Atlas.
Toutes les cinq sélections devant représenter l’Afrique à la Coupe du monde de football 2022 seront conduites par des techniciens locaux, puisque le Maroc a nommé l’ancien international marocain Walid Regragui sélectionneur des Lions de l’Atlas.
Regragui a remporté le championnat marocain et la Ligue africaine des champions, avec le WAC de Casablanca, lors de la saison 2021-2022. Il a démissionné de son poste.
Selon des médias locaux, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) l’a nommé sélectionneur de l’équipe nationale senior, en remplacement du Franco-Bosnien Vahid Halilodzic, limogé.
Halilodzic était entré en conflit avec plusieurs joueurs. Certains d’entre eux ont boudé l’équipe nationale à cause de leurs divergences avec lui. A la suite d’un accord avec la FRMF, il a jeté l’éponge.
Les autres sélections africaines ont disputé les barrages des éliminatoires de la Coupe du monde sous la direction de techniciens locaux.
Le Cameroun a comme sélectionneur le Camerounais Rigobert Song, le Ghanéen Otto Addo dirige l’équipe nationale de son pays, celle de la Tunisie est emmenée par le Tunisien Jalel Kadri, et les Lions du Sénégal par leur ancien capitaine, Aliou Cissé.
Ce dernier, sélectionneur national depuis 2015, a conduit le Sénégal à la Coupe du monde 2018, en Russie, avant de remporter la dernière édition de la Coupe d’Afrique des nations.
En 2018, l’Afrique était représentée à la compétition mondiale par l’Egypte, le Maroc, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie.
Seuls les Aigles de Carthage et les Lions du Sénégal avaient un sélectionneur local.
Les Pharaons d’Egypte étaient dirigés par l’Argentin Hector Cuper, le Maroc par le Français Hervé Renard, et les Super Eagles du Nigeria par le Franco-Allemand Gernot Rohr.
Comme Aliou Cissé, le Tunisien Nabil Maaloul était le sélectionneur national de son pays.
REVALORISATION SALARIALE, KAOLACK ENTRE DANS LA DANSE
A l'instar des autres régions du Sénégal, l'intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales de Kaolack a initié une marche pacifique pour dénoncer la marginalisation des collectivités territoriales. Elle exige une revalorisation salariale.
A l'instar des autres régions du Sénégal, l'intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales de Kaolack a initié une marche pacifique pour dénoncer la marginalisation des collectivités territoriales. Elle exige une revalorisation salariale.
Les agents de la mairie de Kaolack, à travers une marche dans les rues de la région, ont battu le macadam jusqu'à la préfecture de Kaolack pour exiger la revalorisation des salaires. Selon Abdou Ndiaye, secrétaire général national des travailleurs des collectivités territoriales du Sénégal affiliée à la Cnts, « cette marche est initiée pour déplorer une augmentation de 100 000 f sur le salaire pour les agents fonctionnaires de l'État mais les travailleurs des collectivités territoriales du Sénégal ne font pas partie de cette augmentation ». Raison pour laquelle l'intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales du Sénégal a pris la responsabilité de déposer un préavis de grève pour annoncer d'emblée qu’elle a décrété 72h de grève d'avertissement le 21, 22 et 23 août courant.
« On ne peut pas admettre qu'on augmente le salaire des fonctionnaires et que les travailleurs des collectivités territoriales soient toujours laissés en rade. L'intersyndicale ne restera pas passive devant cette injustice, et n'acceptera plus la marginalisation des travailleurs des collectivités territoriales. On va montrer à l'État du Sénégal que les travailleurs des collectivités territoriales sont très importants dans ce pays », a tonné le secrétaire général des travailleurs des collectivités territoriales Abdou Ndiaye.
Toutes les communes de la région de Kaolack sont mobilisées pour prendre part à cette marche, fait-il savoir.
LIVERPOOL SANS MANE, UN VIDE IMMENCE
Hier soir, Manchester United s’est imposé face à Liverpool sur le score de deux buts à un. Liverpool n'a, ainsi, toujours pas remporté le moindre match après trois journées. Cela faisait dix années que les Reds n'avaient pas connu un tel boitement
Hier soir, Manchester United s’est imposé face à Liverpool sur le score de deux buts à un. Liverpool n'a, ainsi, toujours pas remporté le moindre match après trois journées. Cela faisait dix années que les Reds n'avaient pas connu un début de saison aussi compliqué.
Pour une ex gloire du club, les maux de Liverpool portent un nom : Sadio Mané. Dean Saunders estime que le départ de l'international sénégalais, transféré au Bayern Munich, cet été, a eu un impact négatif sur les performances du club. « C’est facile à dire, mais vous ne pouvez pas laisser un joueur comme Mane partir et le remplacer. Sadio Mane manque à Liverpool, il portait le combat sur le côté gauche. Il faisait plus que marquer ! », a-t-il déclaré.
MODIFICATION DU CODE DES MARCHES PUBLICS, DES VOIX S'ELEVENT
Selon Birahime Seck, Coordonnateur du Forum Civil, la modification du décret portant modifiant le Code des Marchés publics est synonyme d’une casse organisée pour enrichir directement des entreprises.
Le président de la République, Macky Sall, a pris, le 12 août dernier, un décret modifiant et complétant le décret n°2014-1212 du 22 septembre 2014 portant Code des marchés publics. En effet, ce décret fait suite au rapport de présentation du ministère des Finances et du Budget qui indique que « c’est dans un souci de garantir un accès large et fiable à une énergie de qualité et à bon marché ». Mais selon Birahime Seck, Coordonnateur du Forum Civil, ce décret du président de la République modifiant le Code des Marchés publics est synonyme d’une casse organisée pour enrichir directement des entreprises. « L’exclusion des achats mentionnés dans votre décret du 12 août 2022 est en contradiction avec la Constitution et les Directives de l’UEMOA sur les Marchés publics », a-t-il posté sur sa page Facebook.
Il faut dire que là, l’Etat du Sénégal a jugé nécessaire de s’appuyer sur les sociétés publiques (Senelec, Petrosen Holding et ses filiales, Petrosen Exploitation & Production et Petrosen Trading & Service SA, la Société africaine de raffinage, le Réseau gazier du Sénégal et l’Institut national du Pétrole et du Gaz) pour développer ledit secteur. Selon le décret, il est apparu nécessaire de soustraire les activités des sociétés publiques du secteur de l’énergie du champ du code des marchés.
Pour une bonne mise en œuvre dudit décret, les autorités contractantes, sociétés publiques en charge de l’application de la politique pétrolière, de l’exploration, de l’exploitation des ressources pétrolières, gazières, du raffinage et de la commercialisation des produits pétroliers et gaziers, de la construction, de l’exploitation et de l’entretien d’infrastructures de transport et de distribution du gaz naturel, de la production, du transport, de la distribution de l’énergie électrique, selon leurs activités, peuvent sans appliquer les procédures prévues par le code des marchés. Ainsi, en son article 2, il est indiqué que le ministère des Finances et du Budget, celui du Pétrole et des Énergies sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret qui sera publié au journal officiel, lit-on dans le document.
CE QUE J'AI PERDU A CAUSE D'ADJI SARR
Gabrielle Kane est parmi les boucliers de Adji Sar, la masseuse qui accuse Ousmane Sonko de viol et menaces de mort. Cette position lui vaut quelques déboires.
Gabrielle Kane est parmi les boucliers de Adji Sar, la masseuse qui accuse Ousmane Sonko de viol et menaces de mort. Cette position lui vaut quelques déboires.
Son employeur, Afri capital dont elle est la directrice de la communication, ne veut plus d’elle à cause de cette affaire politico-judiciaire. «La société me propose une certaine somme pour partir parce que le dossier Adji Sarr/Sonko la dérange», confie-t-elle dans un entretien paru ce mardi dans les colonnes de Source A.
Gabrielle Kane a décliné l’offre de son entreprise, invitant ses dirigeants à assumer leur décision de se séparer d’elle. «Je n’ai pas à subir une pression, pour partir à l’amiable, proteste-t-elle. Je leur ai demandé de me licencier, si j’ai commis une faute professionnelle et de me le notifier. Chose qu’ils n’ont pas toujours faite.»
L’affaire Sonko-Adji Sarr a fait perdre à l’activiste beaucoup de ses amis. A cause de son choix de défendre la masseuse alors que ces derniers sont des inconditionnels du leader de Pastef.
«Ce sont des gens qui ont fait les mêmes études que moi en France, qui vivent toujours en France et que j’ai connus en France, confie-t-elle. On a fait beaucoup de choses ensemble. Je ne partage pas leur point de vue. Aujourd’hui, je les ai perdus. Ce qui amena les sorties de Mollah Morgun contre moi.»
Malgré cette situation, Gabrielle Kane ne regrette pas son engagement pour Adji Sarr. Elle confie à Source A que si c’était à refaire, elle le referait.
Toutefois, elle réclame que la justice juge cette affaire : «Adji Sarr a porté plainte, il faut aller devant le juge, qu’il y ait un procès, qu’on sache ce qui s’est passé.»
L’activiste ajoute : «Ce n’est pas qu’une question d’accusations de viol. Des gens ont été tués. Des gens ont perdu leurs investissements. L’image du Sénégal a été terni à l’international parce qu’une femme a accusé un homme de viol. Cela a divisé les Sénégalais. On a le droit de connaître la vérité.»
MACKY SALL, DE MAÎTRE DU JEU À L'OTAGE DU JEU
Toute décision non consensuelle de la part du président, dans la formation du futur gouvernement comme dans l’installation du prochain bureau de l’Assemblée nationale, pourrait avoir des répercussions dévastatrices pour son régime
Tenaillé entre trois feux (l’opposition, les alliances et les ambitieux de l’APR), assis sur une ‘’majorité’’ très précaire et hétérogène, Macky Sall passe du statut de seul Maitre du jeu à celui d’otage du jeu. Toute décision non consensuelle de sa part, dans la formation du futur gouvernement comme dans l’installation du prochain Bureau de l’Assemblée nationale, pourrait avoir des répercussions dévastatrices pour son régime.
Plus 2024 approche, plus la puissance du président de la République diminue. Et les dernières élections législatives n’ont fait qu’accélérer le processus. Tenaillé entre trois feux (l’opposition, les alliances et les ambitieux de l’APR), Macky Sall semble de plus en plus perdu dans ses propres schémas. Même nommer et dégommer des ministres –autrefois des prérogatives dont il usait et abusait- sont devenus problématiques dans ce contexte post-élections législatives. Aussi aurait-il intérêt pour nombre d’observateurs à attendre l’installation de la 14e législature pour former le nouveau gouvernement que tous les Sénégalais attendent, depuis le mercredi 03 Aout.
Dans nos précédentes éditions, des sources proches du Palais confiaient : ‘’Les députés n’ont certes pas de code de conduite qu’ils sont obligés de respecter, mais le message est le grand besoin d’unité dans les rangs de la coalition’’. A cet effet, pour donner les grandes orientations, informait la source dans notre édition du jeudi, le président de la République a prévu de recevoir, aujourd’hui, les 82 élus de la coalition Benno Bokk Yaakaar.’’
Quelles seront ses directives ? Qui désignera-t-il comme successeur de Moustapha Niasse à la tête de l’Assemblée nationale ? Qui pour en être vice-présidents ? Qui pour être questeurs, secrétaires ou président de groupe parlementaire ? Les enchères risquent d’être très rudes. Les choix plus que jamais aléatoires pour le président de la République. Ce serait presque miraculeux que ses décisions fassent l’unanimité au sein de la très hétérogène majorité présidentielle.
Les germes de l’implosion
Déjà, dans son propre parti, les pics ont commencé. Dernièrement, des proches de la tête de liste, Aminata Touré, ont élevé la voix pour pester fort contre un des concurrents directs de leur mentor. En l’occurrence l’ancien tout puissant ministre de l’Economie et des Finances Amadou Ba, deuxième sur la liste nationale de BBY aux dernières législatives et coordonnateur national de la coalition. ‘’Mimi, disait son collaborateur Bassirou Dieng répondant à un article dont il accusait Amadou Ba d’être l’instigateur, c’est la femme sociale, la femme rassembleur, la femme loyale… Elle ne sera jamais dans la félonie, dans la loyauté à demi-mesure…’’ Monsieur Dieng décrivait ainsi implicitement l’ancien ministre comme un comploteur, peu courageux et déloyal qui essaierait de dénigrer son leader.
Dans la foulée, d’autres voix de BBY comme Ibrahima Sène (responsable au Parti de l’indépendance et du travail) se sont élevées pour présenter Aminata Touré comme la candidate ‘’idéale’’ pour diriger la prochaine législature. Jusque-là rien n’a filtré sur les choix du chef.
C’est dire qu’autant la nomination du Premier ministre et du nouveau gouvernement est un casse-tête, autant la constitution du prochain bureau de l’Assemblée nationale et le choix de son patron seront compliqués pour le Président de la République, assis sur une majorité très précaire. Toute décision non consensuelle pourrait, en effet, avoir des répercussions dévastatrices pour son régime. La tâche est d’autant plus ardue que Macky Sall ne dispose que d’une dizaine de postes à pourvoir pour une majorité riche de près de 10 partis au moins, pour un total de 83 députés seulement sur les 165 que compte l’Assemblée nationale.
Ainsi, la marge de manœuvre reste très limitée. Naguère maitre de ses choix, le Président Sall est ainsi devenu l’otage de ses choix. A quelques jets de la Présidentielle de 2024 de laquelle il est exclu, selon la Constitution, il ne dispose en effet que de trois leviers pour garder les rangs serrés au sein de la mouvance présidentielle et encourager ses poulains à continuer à obéir dans l’espoir de bénéficier des futurs décrets. D’abord, c’est l’argent, ensuite la formation du futur gouvernement, enfin le Haut conseil des collectivités territoriales.
Les leviers pour conserver la majorité : l’argent, le gouvernement, le HCCT
Au-delà de la formation du gouvernement et de l’installation de la 14e législature, l’enjeu fondamental pour le chef de l’Etat, c’est de gouverner en toute sérénité avec 83 députés qui lui restent fidèles le reste de son mandat, condition sine qua non pour dérouler sa politique. Toute frustration d’un seul membre de la majorité, fusse-t-il le plus insignifiant, risque de lui être fort préjudiciable. Rarement, un président de la République sénégalais n’aura été si vulnérable vis-à-vis de ses députés et du pouvoir législatif. Rarement, des députés n’auront été si ‘’puissants’’ devant un chef de l’Exécutif.
Autrefois, considéré comme simple chambre d’enregistrement des mesures prises par l’Exécutif, l’Assemblée nationale retrouve ainsi tous les atours d’un véritable pouvoir. Pour les 18 mois qui lui restent à la tête du Sénégal, Macky Sall sera obligé de tenir compte, non seulement, des humeurs de ses alliés et néo-alliés, mais aussi, de l’humeur de ses propres hommes pour ne pas provoquer l’éclatement de sa majorité qui ne tient qu’à un fil, pardon, qu’à un député.
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14È LÉGISLATURE : VOICI LES URGENCES DES SÉNÉGALAIS
Lumière sur le cas Aristide Le Dantec, plus d’éthique et moins de scandales, baisse des prix des denrées alimentaires, plus de contrôle, voire baisse des prix des loyers… ce sont entre autres les attentes des Sénéglais à l'égard de leurs nouveaux élus
En attendant l’installation de la quatorzième législature, les Sénégalais ont une idée claire de ce qu’ils attendent des nouveaux élus de leur assemblée nationale. Les questions sociales sont en tête de toutes.
De la baisse des prix des denrées alimentaires et du contrôle des loyers, aux questions de la bonne gouvernance, en passant par le dossier de l’hôpital Aristide Le Dantec, il est attendu des nouveaux députés des actions concrètes sur toutes ces questions. Les Sénégalais veut surtout des lois allant dans le sens de l'allègement de leurs difficultés de la vie quotidienne.
Dans ce micro trottoir réalisé à Dakar, nous leur avons donné la parole. Des nouveaux élus, les citoyens exigent aussi de l’exemplarité quand on sait les différents scandales qui ont jalonnés la précédente législature.
LE CAS DU SOLDAT DÉTHIÉ FALL
Malgré son apport pour asseoir l'alliance Yewwi Askan Wi dans l'échiquier national, l'ancien lieutenant d'Idrissa Seck souffre d'un manque d'ancrage politique pour prétendre voler de ses propres ailes lors de la prochaine présidentielle
Depuis son départ de Rewmi, le président du Parti Républicain et du Progrès (Prp), Déthié Fall, est en train de tracer son chemin. Mais malgré l'apport et surtout l'expertise du mandataire national de Yewwi Askan Wi pour asseoir cette alliance de l'opposition dans l'échiquier politique, le polytechnicien bute sur un manque d'ancrage politique pour prétendre voler de ses propres ailes lors de la prochaine élection présidentielle.
Si Thierno Bocoum et Dr Abdourahmane Diouf ont évoqué des raisons personnelles en quittant le parti Rewmi et son président Idrissa Seck, pour le président du parti PRP en revanche, la cause est un secret de Polichinelle. Le ralliement de son mentor à la mouvance présidentielle a été déterminant dans sa décision de quitter l'actuel président du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE).
Principal pourfendeur du régime lors de la dernière législature en tant que député, l'ancien protégé de Mara ne pouvait se permettre de se renier en allant rejoindre la mouvance présidentielle. Depuis, le mandataire national de la coalition Yewwi Askan Wi a bien pris ses marques dans cette principale force de l'opposition qui a fait trembler le régime de Macky Sall lors des Législatives.
Président du Parti Républicain pour le Progrès, l'ancien vice-président du parti Rewmi est sans conteste l'un des artisans de la montée en puissance de Yewwi Askan Wi. Surtout de l'inter-coalition YAW-Wallu saluée par beaucoup d'analystes et politistes comme un coup de maître qui a permis leurs résultats positifs lors des élections législatives.
Polytechnicien, ce '' soldat '' de 45 ans, fier de brandir à chaque fois le service militaire qu'il a effectué lors de sa formation à l'école polytechnique, est parvenu à asseoir son aura médiatique. Au front ces derniers mois lors des dernières manifestations de l'opposition, ce qui lui a valu d'ailleurs un séjour carcéral éclair, Déthié Fall est sorti de l'anonymat. Il est aussi connu que les autres leaders de la coalition Yaw.
CANDIDAT EN 2024 DANS QUELLE «BASE» ?
Toutefois, cette ascension médiatique et politique est-elle suffisante pour avoir des chances réelles en 2024 ? La réponse est mitigée. Son principal handicap est son manque d'identification politique sur le territoire national. Là où des leaders politiques comme Ousmane Sonko qui, au-delà de son envergure nationale sans équivoque, est identifié comme étant maître à Ziguinchor, ou encore Barthélemy Dias et Khalifa Sall à Dakar, lui peine à s'imposer. Il n’a pas de ''zone de confort'' politique. Et c'est là son principal défi s'il veut rattraper son retard sur ses adversaires, et être un candidat plausible en 2024 comme il l’a laissé entendre devant le khalife de Médina Baye Cheikh Mahi Niasse il y a quelques jours.
En effet, les règles du jeu ont été définies à l’avance par les membres de Yaw : aller ensemble aux élections locales et législatives ; et pour la présidentielle de 2024, chaque prétendant est libre de se présenter à la seule condition de soutenir le candidat le mieux placé au deuxième tour. Comme l'ex-maire de Dakar (inéligible pour le moment) qui a déclaré sa candidature avant les Locales sur la chaîne «France 24» et Ousmane Sonko il y a quelques jours qui a officiellement annoncé qu'il sera candidat en 2024, Déthié Fall va vouloir certainement tenter le coup. Mais pour avoir les coudées franches à 18 mois de la prochaine présidentielle, il devra refaire le tour du Sénégal pour convaincre les Sénégalais de la légitimité de sa candidature. D'autant qu'il n'est plus député et n'a plus de tribune pour montrer ses talents d'orateur et avoir une visibilité médiatique. Les élections locales et législatives étant terminées, pour les mois à venir, les leaders vont se concentrer moins sur la coalition Yaw. Ça sera chacun pour soi et Dieu pour ...les plus représentatifs.