KEEMTAAN GI - COMME AU THEATRE
La particularité au sein de l’armée mexicaine et ses mercenaires, c’est qu’on y parle beaucoup plus de celui qui perturbe leur sommeil que de leurs problèmes à eux. Conséquence, leurs augustes rassemblements se transforment en une logorrhée verbale à indisposer les morts. Point besoin d’un dessin pour comprendre leur envie de meurtre. Il leur faut écrire tous les scénarii inimaginables pour mettre hors d’état de nuire celui qui pourrait freiner leur funeste ambition. Preuve de leur maladresse, ils mettent au-devant le griot du roi et un sinistre transhumant pour porter leur parole. Le Père Léo ne reconnaitrait pas son pays s’il ressuscitait. La conception que leur Chef se fait de la politique nous parait aux antipodes de la bonne gouvernance. En tout cas, depuis 2012, on nous chante une émergence que l’on tarde à voir. D’un homme qui est né après les indépendances de nos pays, on attendait qu’il ait une vision de la politique autre que de demander à ses ministres et directeurs généraux de mouiller le maillot…sur le terrain politique au lieu de s’atteler à la résolution des problèmes auxquels les citoyens sont confrontés ! Autrement dit, ils sont payés par les deniers des citoyens pour s’occuper de leurs problèmes et non pour aller battre campagne au profit d’une association privée qu’est le parti au pouvoir. Mais voilà, telle est la conception que le président de la République se fait du travail de ses ministres et de ses directeurs généraux ! Désespérante conception de la gestion des finances publiques du pays. Un gâteau onctueux à se partager et tant pis si, ce faisant, on fait saliver les misérables. Pour en revenir au Président, si tout le monde faisait ce pourquoi il a été nommé, il ne serait pas là à inviter ses hommes à mouiller le maillot pour la pérennisation de son pouvoir. Le pays s’en serait porté mieux depuis longtemps. Et quoi encore ? Pour le moment, il est le seul à gouverner. Un monarque quoi ! Toujours dans son exercice favori de politique politicienne et de manœuvres partisanes, plutôt que de nommer un Premier ministre et remettre le pays bien vite au travail, il dit attendre d’abord l’installation de ses députés dont certains pourraient lui jouer un coup fourré et brouiller toutes ses cartes. Autant dire qu’il est devenu un otage de son parti. Lui dont on disait qu’il était le maître du jeu ! Et vous allez nous dire après que ça ne sent pas une ambiance de fin de règne ? KACCOOR BI
CONSEIL MUNICIPAL DAKAR-PLATEAU TARAF SAMIR, LE DERNIER DES MOHICANS LIBANAIS, NON INVESTI
Depuis la création de la commune d’arrondissement de Dakar-Plateau en 1996, les Sénégalo-libanais ou Sénégalais d’origine libanaise étaient toujours investis en bonne place sur les listes du parti au pouvoir à l’occasion des élections municipales. Depuis le départ des commerçants et négociants bordelais (France) à la fin du 19e siècle, les libanais de Dakar symbolisent le brassage entre les populations autochtones et les hôtes « étrangers » qui vivent parmi nous. Un brassage matérialisé par la présence de « Libanais » comme conseillers municipaux à la mairie de Dakar-Plateau successivement dirigée par Abdoulaye Makhtar Diop, Fadel Gaye et Alioune Ndoye. Hélas, cette belle tradition a pris fin lors des dernières élections locales, celles de janvier 2022, où aucun « Libanais » n’a élu ou réélu conseiller municipal de Dakar-Plateau dirigé par le maire Alioune Ndoye. Devenu jusque-là le doyen des conseillers municipaux de Dakar-Plateau, Hajj Taraf Samir, âgé de 89 ans, n’a pas été réinvesti. Considéré comme la « mascotte » municipale de Dakar-Plateau par « Le Témoin » quotidien, doyen Hajj Taraf Samir est le dernier des mohicans Libanais du centre-ville de Dakar. Se sentant sans doute « indésirables » ou « rejetés », nombreux sont les sénégalo-libanais qui se sont abstenus de voter lors des législatives 2022 remportées par le maire Barthélémy Dias de l’intercoalition Yaw-Wallu. Inutile de dire que leur abstention a été largement défavorable au maire Alioune Ndoye quand on sait que cette communauté vote généralement pour le parti au pouvoir. En tout cas, que ce soit pour la mairie de Dakar-Plateau ou à celle de la ville de Dakar, les Sénégalais d’origine libanaise y ont toujours été bien représentés à travers d’illustres conseillers municipaux comme Issam Omaïs, qui est d’ailleurs un Haut conseiller des collectivités territoriales sortant, ou encore Fayez Bourgi, qui fut un grand militant du Parti socialiste. En plus d’avoir été un colonel de réserve de l’Armée nationale. Sans compter Farès Attyé, l’un des rares sinon le seul « Libanais » à s’être aventuré dans la presse et qui, sans avoir été élu conseiller, n’en a pas moins animé un comité du Parti socialiste. Toute cette belle période a pris fin, hélas, et ce bel acquis remis en question avec l’éjection des conseillers municipaux « libanais » du conseil municipal de Dakar-Plateau et aussi de celui de la Ville ! Il faut dire quand même que l’ancien footballeur Abdallah Sahli, investi sur la liste de Benno à la 42ème place, n’a pas été élu du fait de l’ouragan Yaw qui a soufflé sur Dakar-Plateau comme sur la majorité des grandes villes du Sénégal !
« SARGAL » MBOKKA YI
L’information est passée inaperçue mais notre compatriote Birane Sakho, président de l’Association des ressortissants sénégalais en Gambie, a été élu député lors des législatives du 31 juillet dernier. Ce au titre de la diaspora. Il faisait d’ailleurs partie de la délégation reçue samedi dernier au Palais par le président de la République. Il n’a d’ailleurs pas traîné à Dakar puisque, dès hier, il est retourné à Banjul pour coordonner les préparatifs du grand meeting qu’il organise dès ce samedi 27 août. Un meeting destiné à remercier tous ses électeurs d’avoir voté en faveur des listes de Benno Bokk Yaakar pour donner la majorité au président Macky Sall. Le meeting se tiendra à l’hôtel Paradise de Banjul. Il faut signaler en outre que Birane Sakho est originaire de Aéré Lao, dans le département de Podor. Si on ne se trompe pas, Aéré tient à travers lui son premier député !
REVALORISATION SALARIALE : DES AGENTS MUNICIPAUX DE SAINT-LOUIS EN SIT-IN
Comme « Le Témoin » aime beaucoup la municipalité, restons-y ! Pour ce coup-ci, il est question de revalorisation du traitement salarial que réclament les agents municipaux qui ont organisé, hier, un sitin devant l’hôtel de ville de Saint-Louis. Après les fonctionnaires, les municipaux disent qu’il ne doit pas y avoir de discrimination dans le traitement des agents de l’Etat et ceux des collectivités territoriales. En s’adressant à la presse, Talam Fall président de l’Intersyndicale des travailleurs des collectivités locales de Saint-Louis déclare « Nous ne pouvons plus supporter le fait que les travailleurs des collectivités locales soient marginalisés et laissés en rade, dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents de l’Etat, c’est une injustice et une pratique discriminatoire manifestes » dénonce le syndicaliste en chef avant d’inviter le ministre des Collectivités territoriales de tout mettre en œuvre en vue de permettre aux agents municipaux de bénéficier dans les plus brefs délais des augmentations de salaires au même titre que les fonctionnaires. Et Talam Fall jure que si rien n’est fait d’ici à deux semaines, ils passeront à la vitesse, pardon à la « municipalité » supérieure !
TÉLÉPHONIE MOBILE EXPRESSO RENONCE AU LICENCIEMENT DES 50 AGENTS
Finalement, la direction générale de l’opérateur de téléphonie mobile Expresso a renoncé au licenciement de 50 employés sénégalais. L’annonce a été faite par le ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, M Yankhoba Diattara. Pour rappel, les travailleurs ont manifesté ce lundi pour dénoncer ce licenciement « abusif » par la société Expresso, filiale de l’opérateur soudanais Sudatel. Ce lundi, à l’appel du syndicat Unsas et des délégués du personnel, un sit-in avait été organisé devant le siège de la société à Sacré-Cœur III, en face de la VDN. La direction de l’opérateur avait pris prétexte de difficultés économiques pour annoncer un plan social prévoyant le licenciement de 50 travailleurs. Mais ce qui avait mis le feu aux poudres, c’est l’intrusion d’une partie des employés dans le bureau du directeur général qui avait été conspué et quelque peu malmené. Au lendemain de cette action, Expresso avait fait servir à 36 employés, par le biais d’un huissier de justice, des lettres de licenciement. C’est dont cette mesure qui vient d’être rapportée suite à l’implication du ministre des Télécommunications et de l’Economie numérique et aussi intermédiation de l’ARTP. Tout est bien qui finit bien donc et le réseau est rétabli entre direction générale et employés d’Expresso. Allô, le 70 ?
GRÈVE DES TRAVAILLEURS DES COLLECTIVITÉS LOCALES L’ÉTAT CIVIL PARALYSÉ…
Les augmentations des salaires des enseignants ont ouvert le bal. Depuis un certain temps, tous les secteurs du service public réclament des augmentations pour pouvoir faire face à la cherté de la vie. Hier, les travailleurs des collectivités locales ont manifesté dans toute l’étendue du territoire pour réclamer des augmentations de salaires. Ils ont bloqué le travail dans les municipalités. Hier, il n’y a pas eu de délivrance d’extraits de naissance, de déclaration de nouveaux nés et de réception de permis d’inhumation. La grande galère quoi.
SORTIE D’UN CLIP KEUR-GUI «LACRYMOGÈNE» LA POLICE
Le groupe Keur-Gui de Kaolack est de retour. Les rappeurs activistes et membres fondateurs du mouvement Y en Marre ont sorti un single dans lequel ils évoquent les bavures policières, la manière dont certains citoyens sont traités par la police, les gardes à vue prolongées ou encore les auditions sans la présence d’avocats. Le clip commence par l’interpellation par un policier d’un automobiliste ayant commis une infraction. Ce dernier négocie et finit par poursuivre son chemin après avoir remis un billet de 1000 francs CFA à l’agent chargé de le verbaliser. La corruption, la justice à deux vitesses, la répression policière de manifestations entraînant parfois des morts d’homme ont aussi été dénoncés par Kilifeu et Thiat. Ils n’ont pas oublié les autopsies, selon eux falsifiées, ou encore des procès-verbaux truqués. Pour les deux rappeurs et personnalités fortes de l’opposition, dans la Police, il n’y a que des cons comme le bruit de leurs véhicules, une manière de bien faire la rime en langue wolof. Le clip a été mis en ligne hier vers 22 heures et a déjà enregistré plus de 1000 vues sur Youtube. Mais notre plaisir à nous au « Témoin » a été de voir une de nos unes choisies pour illustrer ce clip sulfureux. Merci à Keur-Gui, plus exactement Kilifeu et Thiat, pour ce formidable coup de publicité à nous offert ! Quel honneur pour « Le Témoin » !
L’écrivain camerounais Eugène Ébodé revient sur la dernière visite du président français à Yaoundé. En ne retenant pas ses critiques sur l’attitude de Paris en Afrique - ENTRETIEN
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 23/08/2022
L’écrivain et universitaire camerounais Eugène Ebodé est né à Douala il y a soixante ans. À la sortie de son roman Brûlant était le regard de Picasso (Gallimard, en 2021), Eugène Ébodé avait interpellé le président Emmanuel Macron au sujet du portrait de Mado, surnom de Madeleine Petrasch, dont il raconte l’histoire vraie et romanesque.
Née des amours d’une servante camerounaise et d’un expatrié suédois, celle qui était devenue l’amie d’artistes tels que Picasso, Matisse, Chagall ou Dali avait été témoin de l’arrivée des troupes du général Leclerc à Douala, d’où de Gaulle avait débuté sa contre-attaque contre l’Allemagne nazie.
Ébodé voulait raviver cette mémoire positive. Les services de la présidence lui avaient écrit, puis, plus rien… Un regret pour lui. Administrateur depuis quelques mois de la nouvelle chaire des littératures et des arts africains à l’Académie du royaume du Maroc, le jeune sexagénaire publie en octobre prochain Habiller le ciel, un récit autobiographique mettant en lumière une femme qui, ne sachant ni lire ni écrire, a pourtant grandement contribué à faire de lui l’écrivain qu’il est devenu : sa mère, décédée en 2020. Un hommage aussi à toutes les femmes qui passent trop souvent sous les radars de l’actualité.
Jeune Afrique : Le président français Emmanuel Macron vient d’effectuer une tournée en Afrique dont le Cameroun aura été la première étape, controversée. Quel est votre regard sur cette visite ?
Eugène Ébodé : Cette visite n’est pas surprenante en soi même si, lors du sommet du Montpellier, Emmanuel Macron a donné l’impression que les chefs d’État étaient devenus infréquentables. Cette tournée africaine du président français intervient cependant dans un contexte particulier de crises mondiales multiformes, l’une d’elles étant la guerre en Ukraine, qui a contribué à démontrer que l’Afrique restait à séduire.
Ainsi, lors du vote de la résolution des Nations unies visant à condamner l’invasion russe, les abstentions africaines ont surpris ceux qui pensaient que « l’Afrique de papa » suivrait le camp occidental. Si vous y ajoutez la contestation des alliances militaires avec la France dans les États francophones jadis considérés comme terrain conquis par l’ancienne puissance coloniale, la situation géopolitique n’est pas en faveur de l’Hexagone.
Cette tournée africaine d’Emmanuel Macron révèle donc le désir de la France de passer à l’offensive face à la progression de la Russie en Afrique, et notamment à ses performances sur le plan militaire (vente d’armes) comme sur les accords strictement liés à une coopération militaire plus politique.
J.A : Êtes-vous de ceux qui considèrent que la diplomatie de Yaoundé a marqué des points?
La France est venue à elle, avalant tous ses chapeaux moralisateurs : droits de l’homme, État de droit, gouvernance, crise anglophone… Emmanuel Macron, qui prétendait donner des leçons à Paul Biya, s’est incliné devant lui.
J.A : Justement, comment analysez-vous la tenue à l’écart de l’opposition camerounaise lors de cette visite?
EE : C’est l’abandon en rase campagne des idéaux proclamés comme critères pour qu’un régime soit fréquentable. La France a toujours défendu les droits humains et la liberté d’opinion. Comment comprendre qu’Emmanuel Macron n’ait pas jugé utile de s’entretenir avec ceux qui se présentent comme les contradicteurs du régime de Yaoundé ? Son refus de les rencontrer est une faute.
Il signe, tactiquement et petitement, la fin de l’outrecuidance française. La France donneuse de leçons sur tout et partout replie son drapeau et devrait tourner cent fois sa langue dans la bouche avant de parler.
Cela étant, le nouvel exercice de sobriété et de profil bas n’est pas encore totalement assimilé par Macron. Cela s’est vu lors de la conférence de presse conjointe qu’ont donnée les deux chefs d’État, à Yaoundé.
J.A : Dans quelle mesure ?
EE : Je parle de la sortie du président français sur « les deux Russie ». Emmanuel Macron s’est cru obligé de critiquer Moscou, donnant ainsi l’impression d’admonester ceux qui « pactisent » avec une « Russie aux deux visages ». L’une, officielle et fréquentable, l’autre, wagnérienne et abjecte.
La présence dans la région, au même moment, de Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, est sans doute pour beaucoup dans cette attaque que j’estime inutile.
Le président camerounais a sobrement rappelé les principes de légitimité qui encadrent les rapports étatiques. En creux, il a indiqué que le monde instable, le recul de la superpuissance américaine et l’effacement de l’Europe comme interlocuteur politique fiable, avait redistribué les cartes. Nous sommes à l’ère des coalitions multiples. La Russie le démontre en poussant ses pions en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.
J.A : On peut néanmoins déplorer que le président Paul Biya ait éludé la question sur la succession à la tête de l’État camerounais…
EE : J’aimerais bien qu’il y ait une alternance à la tête de l’État camerounais. Mais mon vœu personnel ne peut se substituer à celui de millions de Camerounais. C’est à eux d’en décider.
J.A : Une annonce importante a été faite au cours de cette conférence de presse : la création prochaine d’un comité d’historiens et l’ouverture des archives pour faire la lumière sur les atrocités liées à la guerre d’indépendance au Cameroun. C’est plutôt positif, non?
EE : On n’a pas besoin d’attendre les résultats des travaux des historiens pour savoir que des crimes ont été commis et des spoliations graves et avérées, accomplies. Tout cela est documenté. C’est l’étendue des ravages qui doit être exposée, pas l’idée de ravage elle-même.
Il faut donc sans attendre agir comme l’a fait le Pape, il y a quelques jours, devant les communautés indiennes violentées au Canada : dire clairement son dégoût et exprimer sa réelle contrition.
Par ailleurs, évoquer les atrocités de la guerre d’indépendance au Cameroun est forcément appréciable. Mais il s’agissait d’un système colonial et c’est ce système qu’il convient de condamner en bloc et sans ambages. Il faut donc veiller à une déclassification de toutes les archives de l’empire colonial. La Guinée des années 1958 à 1984 mériterait aussi une déclassification des dossiers afin de comprendre ce qui s’est passé après le « Non » au référendum gaulliste.
J.A : Comme lors du sommet de Montpellier – que vous aviez fustigé –, Emmanuel Macron s’est entretenu avec la société civile. Diriez-vous encore qu’il s’évertue à disqualifier le politique?
EE : Les nations sont des blocs, et toute approche qui consiste à diviser les acteurs procède de la logique coloniale. La France adore ce mécanisme qu’elle a toujours pratiqué car il lui réussit à merveille. Les jeunes Africains sont choyés, car on veut surtout les maintenir chez eux. On fait mine de s’intéresser à eux alors qu’on s’en sert comme variables d’ajustement dans de petits jeux politiciens.
Et les vieux ? On s’en fiche. On crée ainsi, à l’intérieur même de pays souverains, une ségrégation inique selon l’âge et possiblement le sexe. Que Monsieur Mbembe s’en contente pour une Maison de l’Afrique à Paris est un problème. Il met en œuvre une démarche opportuniste qui favorisera une mendicité déguisée et une certaine forme de clientélisme.
J’ai dénoncé cette démarche lors du sommet de Montpellier. Je dénonce aussi cette approche individualiste dans laquelle se vautre l’intellectuel africain dans mon roman Brûlant était le regard de Picasso (Gallimard, 2021). Je l’assimile à l’une des maladies infantiles de l’intelligentsia africaine.
J.A : Où la verriez-vous, cette Maison de l’Afrique ?
EE : La véritable Maison de l’Afrique doit se trouver en Afrique, dans chaque État. Elle célèbrerait ainsi le prodigieux multiculturalisme africain, la vitalité et la diversité des langues et des cultures africaines, la richesse absolument bouleversante de son histoire, de son legs historique et de ses paysages. C’est par ce multiculturalisme pris comme atout et exposé que les Africains cesseront les jérémiades. Ils souffrent de la grande méconnaissance qu’ils ont d’eux-mêmes, du Nord au Sud du continent.
L’Union africaine devrait se saisir de cette affaire et, avec les industriels africains, réaliser la mutualisation des efforts pour créer ces lieux. Les populations africaines aspirent à un modèle de représentation autre que celui validé par l’extérieur.
C’est la raison pour laquelle il faut apprécier la démarche macronienne de restituer le patrimoine volé, mais il faut restituer tout le patrimoine, pas le faire au compte-gouttes.
J.A : Selon vous, ce patrimoine restitué doit être rechargé et spirituellement revitalisé. Comment?
EE : Par des rites labellisés et convenablement pensés. Une commission panafricaine doit y réfléchir avec des conservateurs, des historiens, des écrivains et des anthropologues de tous horizons pour une humanité réconciliée.
À Rabat, la création par l’Académie du royaume du Maroc d’une chaire des littératures et des arts africains, en mars dernier, est un pas prodigieux vers le dépassement de la fracture et des tristes héritages coloniaux et linguistiques. Unir l’Afrique, c’est la détacher de toute idée qu’elle est vouée à la mésalliance et à l’incapacité de conduire elle-même ses propres affaires.
Monsieur Macron conduit les affaires de la France. Aux Africains de conduire eux-mêmes les leurs ! Ils en sont capables, n’en déplaisent aux nihilistes qui hier citaient Frantz Fanon pour mieux le trahir aujourd’hui.
VIDEO
PANORAMA DE LA DÉPIGMENTATION VOLONTAIRE DE LA PEAU
Les méthodes utilisées sont dangereuses mais le matraquage publicitaire et le diktat de l'esthétique l'emportent sur la peur des conséquences. Hannelore Ver-Ndoye revient sur le phénomène du blanchiment de la peau dans son nouvel ouvrage, "Décolorés"
Les méthodes utilisées sont dangereuses mais le matraquage publicitaire et le diktat de l'esthétique l'emportent sur la peur des conséquences. Hannelore Ver-Ndoye revient sur le phénomène du blanchiment de la peau dans son nouvel ouvrage, "Décolorés".
par l'éditorialiste de seneplus, SERIGNE SALIOU GUÈYE
LA CAP, LE PROC ET LES KACC-KACCEURS
EXCLUSIF SENEPLUS - C’est un paradoxe de voir des journalistes, chantres de la liberté d’expression, dérouler le tapis rouge au procureur du président pour qu’il inculpe, sur la base de l’article 255 du Code pénal, les détourneurs d'« unes »
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 23/08/2022
Quand de jeunes Sénégalais, grands utilisateurs des réseaux, ont parodié des titres du journal l’Observateur, les responsables dudit journal ont jugé nécessaire de déposer une plainte contre ceux qu’ils appellent des détourneurs de « Une ». C’est ainsi que dans un communiqué aux allures d’un réquisitoire que la rédaction de l’Obs, par la plume de son directeur de publication, juge de telles pratiques comme « une propagande politique ou des attaques contre l’État, ses institutions et les personnes qui les incarnent ». Et le dirpub du quotidien du Groupe Futurs Medias de finir par qualifier cette entreprise « de dangereuse allant à l’encontre des lois et règlements du pays, qui menace la cohésion sociale et la démocratie ».
Et comme on s’était passé le mot, la Coordination des associations de presse (CAP) composé du SYNPICS, de la CJRS, APPEL, du CDEPS, du CORED, de l’UNPJS, du CTPAS, de l’URAC et de l’APES entre de plain-pied dans le combat par corporatisme et rue dans les brancards pour s’indigner de ce qu’elle appelle les « unes détournées ». Comme une sorte de Cour d’assises, toutes ces structures se sont réunies pour instruire le grand procès des « unes détournées ». Comme si les condamnations groupées des composantes de la CAP constituaient blanc-seing, le procureur du président de la République, Amady Diouf, a arrêté, le 28 août dernier, Pape Ibra Gueye, plus connu sous le surnom de Papito Kara » dans les réseaux sociaux, avant de requérir au juge du deuxième cabinet Mamadou Seck l’ouverture d'une information judiciaire contre lui et son placement sous mandat de dépôt pour diffusion de fausses nouvelles.
Son péché pour ne pas dire peccadille : faire la revue de presse des soi-disant « unes détournées ». Et quid des concepteurs de cette presse parodique qui font le levain de la liberté de presse dans plusieurs démocraties ? Toujours en liberté !
Ne voulant pas laisser en liberté ce remarquable membre de ces insurgés « Kacc-Kacceurs » des réseaux sociaux qui causent des insomnies à Macky Sall, le proc a préféré s’appuyer sur l’article 255 du Code pénal qui astreint, selon l’article 139 du code de procédure pénale, à envoyer injustement en prison Papito Kara. Il a été inculpé pour diffusion de fausses nouvelles. Par conséquent, demain tout journaliste accusé du délit de « fausses nouvelles » doit ipso facto recevoir son visa pour Rebeuss et gare à tout confrère qui aura le toupet de lever, au nom de je ne sais quel corporatisme puant, le plus petit doigt condamnatoire ou indignatoire.
Après Kara, c’est autour d’Outhmane Diagne, le coordinateur de la Mafia Kacc-Kacc, d’être inculpé pour « diffusion de fausses nouvelles, effacement et modification des données de journaux » et placé sous mandat de dépôt. Pourtant Outhmane n’a fait que partager sur sa page Facebook des « Unes » de journaux parodiés assaisonnés de quelques smileys. Je ne puis m’empêcher de m’indigner de ce comportement bougrement rosse et indigne de tous ces journalistes qui ont participé à cette conspiration médiatico-juridique ayant permis au duo proc-juge d’instruction d’envoyer des innocents en prison.
On parle de fausses nouvelles. Qu’on nous en donne la preuve ! Des 15 unes que nous avons minutieusement compulsées, aucune ne renvoie à une fausse nouvelle. Ce qui dérange et c’est là le tort bénin Kacc-Kacceurs, c’est d’avoir utilisé le support de l’Obs, du Soleil et d’autres journaux pour véhiculer ces informations que la presse quotidienne, qui roule pour la plupart pour le pouvoir, passe sous silence.
On ne peut pas reprocher à Outhmane et Papito Kara leur parodie sans s’attaquer au redoutable duo Silleu Mougneul et Tonton Ada, initiateurs de « dialgati khibar » dont se délectent les Sénégalais. Ces deux parodistes avec leur style humoristique livrent goulûment l’information sous une autre couture. Rien que l’expression « dialgati khibar » est expressive d’une déformation qui n’est pas en réalité une altération ou une falsification de l’information.
Aujourd’hui, dans le monde, il y a des journaux spécialisés dans la presse parodique. Le Gorafi français (anagramme du Figaro), Nordpresse français (en réplique à Sudpresse), le Bopresse marocain, le El Mundotoday espagnol, El Manchar algérien, The Onion aux États-Unis et The Beaverton au Canada sont des sites parodiques reconnus. Selon la presse canadienne, de fausses informations comme « Bill Gates arrêté pour trafic d’enfants et pendu à Guantanamo, Tom Hanks exécuté par l’armée américaine, le pape François interdisant l’absolution pour les catholiques non vaccinés contre la Covid » ont été publiées sur certains de ces sites s’identifiant comme parodiques. Jamais, ils n’ont été poursuivis pour diffusion de fausses nouvelles.
Ce soulèvement de la CAP aux allures conspirationnistes contre ces pauvres internautes parodistes ou satiristes met à nu l’hypocrisie qui gangrène la presse sénégalaise. C’est un paradoxe de voir des journalistes, chantres de la liberté d’expression, qui se battent à juste raison pour dépénaliser certains articles liberticides du Code pénal, dérouler le tapis rouge au procureur du président pour qu’il inculpe sur la base de l’article 255 du Code pénal les détourneurs de « unes ». S’il y avait une application rigoriste de cet article liberticide, beaucoup de ces journalistes qui clouent au pilori les parodistes dormiraient dans la géhenne de Rebeuss.
Aujourd’hui les kacc-kacceurs, pour se révolter contre la censure des juges et de la CAP, ont créé leur quotidien en ligne et les articles diffusés sont à caractère informatif, éducatif et divertissant et contiennent de l’humour, de la parodie ou de la satire. Et l’inspirateur de leur slogan (la magie du clic fera face aux kacc et aux sacc), c’est l’opposant Macky Sall.
La CAP a aujourd’hui esquivé les vrais combats de la presse. Où étaient les journalistes condamnateurs des détourneurs d’unes quand des confrères et consœurs du quotidien national se font agresser et kidnapper dans leur propre sanctuaire sur injonction d’un directeur-potentat qui a fini par transformer leSoleil en le Brouillard? Nous aurions aimé entendre Sadibou Marone, ancien journaliste de l’astre de Hann et chef du bureau régional de Reporters sans frontières (RSF) pour l’Afrique de l’Ouest basé à Dakar, qui s’est empressé de flétrir les inoffensifs détourneurs d’unes, apporter son soutien médiatique et non diplomatique à ses anciens collègues. Nous aurions aimé entendre Bamba Kassé, Mamadou Thior, Ibrahima Lissa Faye, Mamoudou Kane et autres soutenir le journaliste Abass Sow et tout autre confrère et consœur de la RTS persécutés par le directeur illégal Racine Talla. Quand il s’agit de flétrir les comportements tyranniques de Yakham Mbaye et de Racine Talla, ce sont les déplorations timides voire pétochardes, mais dès l’instant que ce sont des internautes estampillés Pastef qui utilisent sur fond ludique la maquette de l’Obs ou d’un autre quotidien, on crée tout un raffut comme si on avait attenté aux principes éthiques et déontologiques de la presse. Nous n’avons pas encore entendu l’auto-saisine du procureur sur le détourneur de la une du journal l’Enquête qui a mis en exergue Ousmane Sonko et Adji Sarr dans une position que la morale réprouve d’évoquer. Mais vérité en deçà de Macky, erreur au-delà. Pour dire que, chez le proc et ses soutiers de la presse, ce qui vaut pour Macky, ne vaut nécessairement pas pour Sonko.
Cette une indécente de l’Enquête attentatoire au droit à l’image est plus condamnable que celles de l’Obs et du Soleil qui parlent de « Touba sonkorisé », « Macky bloqué par l’article 27 », « Yewwi askan wi seul à bord » à la place de la vraie une qui mettait l’accent sur un soi-disant succès du président sénégalais Macky Sall après la signature d’un accord sur les céréales entre la Russie et l’Ukraine. Ceux qui disent que les réseaux ne constituent point un danger électoral pour leur camp, pourquoi parlent-ils donc de propagande qui peut dérouter les électeurs ?
Et à l’heure où nous mettons sous presse cet article, les unes parodiques faussement qualifiées de détournées continuent de pleuvoir dans le net. Mais les condamnations, les plaintes et les auto-saisines se sont vite estompées du moment que deux « kacc-kacceurs » influents sont arbitrairement emprisonnés pour calmer la colère de Jupiter.
LE MALI BIENTÔT EN CROISADE CONTRE L'HOMOSEXUALITE
L'annonce a été faite samedi 20 août par le ministre malien de la Justice en marge d'un atelier sur le Code pénal. Mahamadou Kassogué a qualifié l'homosexualité de « relation contre-nature » et a indiqué qu'elle serait bientôt interdite et sanctionnée
L'annonce a été faite samedi 20 août par le ministre malien de la Justice en marge d'un atelier sur le Code pénal. Mahamadou Kassogué a qualifié l'homosexualité de « relation contre-nature » et a indiqué qu'elle serait bientôt interdite et sanctionnée, ce qui suscite certaines inquiétudes, notamment chez les organisations de santé.
Si l'homosexualité est jusqu'ici légale au Mali, c'est davantage parce qu'elle est absente des textes que parce qu'elle est protégée ou respectée.
Les homosexuels sont généralement très mal perçus. Beaucoup les rejettent au nom de la religion ou de la tradition. Ils évitent donc de s'afficher et sont quasiment invisibles dans l'espace public. Ce qui ne signifie pas qu'ils n'existent pas.
« Ça va les pousser dans la clandestinité, du coup ça va être difficile pour nous de les atteindre. Ça va faire reculer tout le progrès que l'on a fait dans la lutte contre le VIH. On a peut-être une bombe à retardement », alerte Alpha Macky Tall, directeur plaidoyer et droits humains d'Arcad Santé Plus, association de lutte contre le VIH-Sida.
Face à cette maladie, les homosexuels sont en première ligne et Alpha Macky Tall craint que la pénalisation de l'homosexualité ne rende plus difficile encore l'accès aux personnes concernées.
Le directeur plaidoyer et droits humains d'Arcad Santé Plus déplore également la stigmatisation dont les homosexuels sont déjà victimes actuellement. « Ça se matérialise par des violences physiques et beaucoup n'osent pas le dire, même à leurs familles. La première violence psychologique ou physique vient de l'environnement le plus proche. »
Dans la sous-région, plusieurs pays permettent l'homosexualité, comme le Niger ou le Burkina. Au Sénégal, en Guinée ou en Mauritanie, elle est illégale. Sollicité par RFI, le ministère malien de la Justice n'a pas souhaité préciser son projet.
DIVERGENCE A EXPRESSO, LE MINISTRE YANHKOBA DIATTA APPELLE AU DIALOGUE
A travers un communiqué de presse, le ministère de l’Economie et des Télécommunications a demandé à la Direction générale du Group Expresso de « suspendre et de surseoir à toute volonté de licenciement des agents concernés ».
A travers un communiqué de presse, le ministère de l’Economie et des Télécommunications a demandé à la Direction générale du Group Expresso de « suspendre et de surseoir à toute volonté de licenciement des agents concernés ».
Yankhoba Diattara indique qu’il ne saurait en être ainsi à la suite des échanges et des conclusions que le ministère a conjointement et de manière consensuelle arrêtées avec la Direction d’Expresso Sénégal.
En fait, depuis l’éclatement de cette affaire, le ministre de l’Economie Numérique et des Télécommunications, Yankhoba Diattara dit ne « cesser d’inviter et de convoquer les parties prenantes autour du dialogue afin de trouver une issue heureuse pour tous. C’est à cet effet qu’il a reçu en audience le CEO du Group Expresso et lui a rappelé les engagements pris devant le chef de l’Etat au moment de l’acquisition de la licence 4G.
En outre, rappelle le ministre, il a été proposé la mise en place d’une commission de négociation coordonnée par le Secrétaire général du ministère, pour réunir les deux parties autour de la table de discussions afin de trouver les voies et moyens les plus appropriés pour dépasser le contentieux. Le souci du Gouvernement du Sénégal étant de tout faire pour préserver les emplois dès lors que le secteur des télécommunications « ne souffre pas de crise particulière ».
En attendant de trouver un compromis entre les parties, le ministère de l’Economie Numérique et des Télécommunications tient à rassurer les agents qu’ils « ne sauraient être victimes de licenciement de la part de la Direction d’Expresso Sénégal dans le cas actuel de la procédure ».
M. Diattara signale que les discussions vont se poursuivre. C’est ainsi qu’il invite également les agents à « privilégier les échanges et la courtoisie, d’éviter l’usage de la violence tant verbale que dans les actes qu’ils posent pour réclamer justice ».
par Mahmoudou Wane
MESSAGE D'OUTRE-TOMBE
Trois ans après sa disparition, le tableau qui se donne à lire au pays de Kocc Barma ressemble fort au scénario à l’allure kafkaïenne que ‘’Big Dans’’, ainsi surnommé par la rue, aimait bien dépeindre. L’ami Amath en perdrait le sourire
‘’Le moment est venu de corriger le facteur démocratique par le facteur de compétence (…). La postdémocratie est une vision progressive tendant à corriger le facteur démocratique par le facteur de compétence, tout en veillant scrupuleusement à annihiler tout principe tendant à neutraliser l’un ou l’autre pour s’y substituer’’ – Djibril Samb (L’heur de philosopher la nuit et le jour – PUD – P164)
Si Amath Dansokho pouvait s’arracher du royaume des ombres, ouvrir un œil comme il savait bien le faire lors des longues réunions de son parti, le PIT, bien certainement il s’empresserait de le refermer d’un coup sec. Il se serait sans doute écrié : ‘’Bon Dieu, la prophétie s’est réalisée.’’ Le vieux communiste, dans les dernières années de sa vie, aimait bien mettre en garde contre la montée de nouvelles forces ‘’qui vont tout balayer’’. Il répétait à souhait, au point d’ailleurs d’importuner par ses prédictions bien obscures, ses invités, que ‘’c’est déjà là’’.
Son argumentaire était le suivant : derrière ses atours lisses et raffinés, notre peuple est d’une très grande complexité. Que nous sommes une alchimie faite de plusieurs apports (les colonisations arabe et française). Mais que nous ne connaissions pas assez la composante ‘’roots’’ de notre culture. Pour lui, la plus grande menace pour la République et les valeurs de laïcité et de liberté réside dans l’alliance entre les forces traditionnelles islamisées et les jeunes. Les témoins confirmeront, il pensait aussi que le modèle du politicien classique tel que le Sénégal l’a expérimenté depuis les indépendances, était dans une phase déclinante et qu’une nouvelle aurore pointait à l’horizon.
Trois ans après sa disparition, le tableau qui se donne à lire au pays de Kocc Barma ressemble fort au scénario à l’allure kafkaïenne que ‘’Big Dans’’, ainsi surnommé par la rue, aimait bien dépeindre.
Ainsi fonctionne le monde que bien souvent les ‘’esprits’’ les plus ‘’fous’’ sont souvent ceux qui sont le plus proches de la vérité. L’un des nœuds de son contentieux avec Me Abdoulaye Wade résidait d’ailleurs dans cette manie qu’avait le ‘’Pape du Sopi’’ de réveiller certains instincts primaires de la société. Faut-il se rappeler qu’il fut l’un des plus virulents dans les attaques contre Me Abdoulaye Wade, lorsque ce dernier scella pacte avec certaines forces dont la bonne réputation n’est pas toujours prouvée. La raison de cette bravade résidait justement dans le fait que Me Wade était prêt à pactiser avec les puissances les plus obscures de la société pour se maintenir au pouvoir. Le ‘’Pape du Sopi’’ avec qui il entretenait des relations personnelles somme toute cordiales, avait ainsi sapé des équilibres fragiles de la société sénégalaise.
La montée en puissance des ‘’jeunes loups’’ de la politique confirme bien cette tendance ‘’dégagiste’’ qui n’intègre pas seulement la classe politique actuelle, mais aussi de tout ce qui lui serait… apparenté. Donc, France dégage aussi ! Le projet prend forme et cherche des parrains. Il procède par séduction, référence au discours panafricaniste. Qui mieux que Lumumba ou Sankara pour incarner cela ? Et par occupation aussi de l’espace laissé par des politiques impatients et guidés par l’appât du gain.
L’impression qui se dégage aujourd’hui est, comme qui dirait, le refus de la vraie réflexion, dans un camp comme dans l’autre. Il ne faut surtout pas fouiner dans le tréfonds des leaders du mouvement. Il ne faut surtout pas parler du ‘’derrière du roi’’, de ses amitiés douteuses, de ses ''phobies/philies'', le turban fait l’homme et la cause se suffit à elle toute seule. On ferme les yeux, quitte ensuite à vivre la pire des désillusions, comme ce fut le cas avec le ‘’panafricaniste’’ Me Abdoulaye Wade qui n’hésita pas à prononcer, avant terme, depuis Benghazi, l’oraison funèbre d’un Kadhafi pourtant très utile au continent africain, malgré son côté obscur.
De l’autre côté aussi, celui du camp de l’ordre régnant, la stratégie qui prévaut est celle de l’autruche. Il faut enfuir sa tête le plus profondément possible sous terre, pour ne pas voir cette ‘’laideur’’ ambulante qui a donné un avant-goût de qu’elle pèse lors des manifestations ayant suivi la victoire à la dernière Can des Lions. L’on caricature à souhait ces jeunes dont la seule présence serait virtuelle, puisque leur monde, c’est la Toile.
On en oublie que ces outils ne sont plus si nouveaux que cela. Et que le jeune de 16 ans qui vote donc en 2024, qui n’avait que 6 ans lorsque Macky Sall accédait au pouvoir, ne connaît que ce monde. Qui est totalement le sien. L’une des tares d’ailleurs du régime réside dans cette méconnaissance totale de cette frange jeune, de ses pulsions réelles, de ses rêves, de ses angoisses et de ses fragilités réelles liées à l’âge. Comment prendre en charge ce qu’on ne connaît pas ? On en oublie qu’on a été jeune et ce qu’on pouvait se permettre à ses 20 ans, peut aujourd’hui nous rendre bien honteux.
Bref, ‘’l’ordre ancien’’ que même les cinquantenaires symbolisent, vu la jeunesse de notre population (plus de 52 % ont moins de 20 ans), semble gaga. Pire, personne ne semble être dans les bonnes dispositions de dire la ‘’vérité au roi’’ qui a curieusement passé ces dernières années à créer et à gonfler des opposants (Sonko, Guy Marius Sagna, Barthélemy) grâce aux merveilles de sa machine à fabriquer des leaders. Tout un programme !
L’ami Amath en perdrait le sourire !
MONDIAL 2022, LA SAISON DES SELECTIONNEURS LOCAUX
Toutes les cinq sélections devant représenter l’Afrique à la Coupe du monde de football 2022 seront conduites par des techniciens locaux, puisque le Maroc a nommé l’ancien international marocain Walid Regragui sélectionneur des Lions de l’Atlas.
Toutes les cinq sélections devant représenter l’Afrique à la Coupe du monde de football 2022 seront conduites par des techniciens locaux, puisque le Maroc a nommé l’ancien international marocain Walid Regragui sélectionneur des Lions de l’Atlas.
Regragui a remporté le championnat marocain et la Ligue africaine des champions, avec le WAC de Casablanca, lors de la saison 2021-2022. Il a démissionné de son poste.
Selon des médias locaux, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) l’a nommé sélectionneur de l’équipe nationale senior, en remplacement du Franco-Bosnien Vahid Halilodzic, limogé.
Halilodzic était entré en conflit avec plusieurs joueurs. Certains d’entre eux ont boudé l’équipe nationale à cause de leurs divergences avec lui. A la suite d’un accord avec la FRMF, il a jeté l’éponge.
Les autres sélections africaines ont disputé les barrages des éliminatoires de la Coupe du monde sous la direction de techniciens locaux.
Le Cameroun a comme sélectionneur le Camerounais Rigobert Song, le Ghanéen Otto Addo dirige l’équipe nationale de son pays, celle de la Tunisie est emmenée par le Tunisien Jalel Kadri, et les Lions du Sénégal par leur ancien capitaine, Aliou Cissé.
Ce dernier, sélectionneur national depuis 2015, a conduit le Sénégal à la Coupe du monde 2018, en Russie, avant de remporter la dernière édition de la Coupe d’Afrique des nations.
En 2018, l’Afrique était représentée à la compétition mondiale par l’Egypte, le Maroc, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie.
Seuls les Aigles de Carthage et les Lions du Sénégal avaient un sélectionneur local.
Les Pharaons d’Egypte étaient dirigés par l’Argentin Hector Cuper, le Maroc par le Français Hervé Renard, et les Super Eagles du Nigeria par le Franco-Allemand Gernot Rohr.
Comme Aliou Cissé, le Tunisien Nabil Maaloul était le sélectionneur national de son pays.