Le ministre de l’Education nationale Cheikh Oumar Anne a reçu jeudi la championne mondiale en récital de Coran, Sokhna Ndaté Cissé. Il lui a offert 3 millions de F CFA et un ordinateur portable. Dans la foulée, un lot du saint coran, 5 tonnes de riz, 300 litres d’huile, 200 kg de sucre ont été offerts à son école. Son maître a reçu un million F Cfa et un ordinateur aussi.
Une cérémonie de Sargal s’était tenue à Diamniadio.
Pluie de cadeaux pour la championne Sokhna Ndaté Cissé
Une récompense à la hauteur du sacre. Le ministre de l’Éducation nationale, Dr Cheikh Oumar Hanne, a couvert de cadeaux la championne mondiale du récital du Coran de Dubaï. Lors de son audience qu’il a accordée à Sokhna Ndaté Cissé, le ministre de l’Éducation lui a offert une enveloppe de 4 000 000 FCFA, un ordinateur portable, un autre ordinateur pour son maître et un lot d’exemplaires du Saint Coran, 5 tonnes de riz, 300 litres d’huile, 200 kg de sucre à son école. La lauréate était accompagnée par sa maman, son maître coranique, des membres de la fédération des écoles coraniques, etc. Le ministre de l’Éducation nationale a tenu à remercier les acteurs des Daara et l’ensemble des services du département ministériel qui soutiennent l’enseignement arabo-islamique. Avant de finir son propos, Dr Cheikh Oumar Hanne a promis de transmettre au président de la République le souhait de l’encadrement de Sokhna Ndaté Cissé qu’il reçoive la championne du monde.
Arrestation des membres de Frapp et de «Yoonu Askan Wi»
Pourtant, le préfet deDakar avait interditle rassemblement devant l’ambassade de France. Mais des membres de « Yoonu Askan Wi », de Frapp et des victimes ont voulu braver l’interdiction hier. Ils ont été interpellés en cours de route plus précisément à la place de l’indépendance par la police. Ils tenaient vaille que vaille à déposer une lettre de protestation à l’ambassade de France à Dakar pour dénoncer des arnaques dans la longue procédure de dépôt de visas. Ainsi cinq membres de ces organisations dont Aliou Gérard Koïta et Djibril Ba de Frapp sont arrêtés.
Kaliphone Sall condamné à 6 mois dont 1 mois de prison ferme
Kaliphone Sall va devoir garder sa patience. Il va passer encore quelques jours à la prison de Rebeuss avant de humer l’air de la liberté. Le tribunal des flagrants délits de Dakar a donné son verdict hier sur l’affaire Adja Thiaré Diaw. Ainsi, Kaliphone Sall est condamné à une peine de 6 mois dont 1 mois de prison ferme pour coups et blessures volontaires. En sus, il devra verser 500.000 Fcfa à Adja Thiaré Diaw. Pour rappel, Kaliphone Sall a été placé sous mandat le 29 septembre.
Le Dg de la RTS, Racine Talla, traîné devant l’Ofnac
C'est le désamour profond entre le Directeur général de la Radiotélévision sénégalaise (Rts), Racine Talla et les délégués du personnel et l'intersyndicale Synpics de ladite institution. Les syndicalistes ont déposé une plainte à l’Ofnac pour qu’il fouille la gestion du Directeur général Racine Talla. Après le dépôt de la lettre de dénonciation, les responsables syndicaux ont condamné la liquidation du patrimoine automobile de la RTS, le non-reversement des cotisations sociales ponctionnées sur les salaires des travailleurs, l'attribution de marchés dans des conditions peu orthodoxes entre autres griefs.
Arrestation du comptable d’Eco Asfalt
Comptable de la société Eco Asfalt, M. S. Faye est dans de beaux draps. Il a été déféré au parquet par la Division des investigations criminelles (Dic) suite à une plainte de sa société pour détournement de fonds, faux et usage de faux portant sur la somme de 78 millions. Le mis en cause a été épinglé après l’audit interne de la boîte. Nous y reviendrons en détail.
Cri de colère des populations des cités de Thiaroye Azur
Les populations des Cités de Thiaroye Azur sont sorties hier en masse pour donner la voix sur les difficultés qu'elles rencontrent. Il s’agit des eaux pluviales stagnantes, la dégradation des routes, les inondations, l’absence d'assainissement, l’insécurité, la nuisance sonore par des camions de la société «Dièye global food ». Elles craignent pour la sécurité de leurs enfants avec la traversée des camions.
AIBD : Trois agents de 2AS arrêtés pour vol de 4 iPhones 14
Les passagers se plaignent très souvent de vols de leurs bagages à l’aéroport international Blaise Diagne. Une passagère en provenance des Etats-Unis est la énième victime. Mais elle a eu la chance de retrouver ses quatre téléphones iphone 14. Ses présumés voleurs sont trois agents du service rampe de 2AS,(manutention au sol). Soupçonnés d’avoir soustrait frauduleusement des bagages d’une passagère en provenance de New York quatre (4) iPhone 14, selon Dakaractu, les mis en cause ont été démasqués par la police. D’ailleurs les limiers de l’aéroport ont interpellé deux agents. Lundi dernier à l’arrivée du vol HC 427 en provenance de New-York, les trois agents ont mis à exécution leur plan. Mais c’était sans compter avec la ténacité de la victime qui a vite signalé aux limiers le vol de ses quatre téléphones. Aussitôt, les forces de l’ordre ont fouillé dans les images des caméras de surveillance et procédé à une enquête qui a permis de démasquer les mis en cause. Ainsi, ils ont mis la main sur G. Diop et Zidane, mais V. Diouf lui, a pris la fuite. Il serait actuellement signalé à la frontière gambienne. Après avoir récupéré les téléphones, la plaignante a finalement retiré sa plainte pour éviter un licenciement des mis en cause. Nos tentatives de joindre le service de presse de l’AIBD sont restées vaines.
84,6% des femmes effectuent des travaux domestiques contre 31,7% des hommes
Au Sénégal, 84,6% des femmes effectuent des travaux domestiques contre 31,7% des hommes, a appris l’APS, ce jeudi, d’une étude de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie qui révèle, pour la première fois, l’enquête nationale sur l’Emploi du Temps au Sénégal (ENETS)-2022. L’ENETS est une photographie détaillée de l’occupation des Sénégalais (hommes et femmes), selon l’ANSD. «En termes de temps, les femmes y consacrent 3,7 heures contre 0,44 heure pour les hommes », précise l’ASND. L’enquête indique que d’autres résultats importants sont mis en exergue par l’étude comme, entre autres, le temps moyen de travail rémunéré, le temps consacré aux loisirs et à la garde des enfants. «Au niveau mondial, il est noté que les femmes réalisent plus de trois quarts de l’ensemble du travail non rémunéré et de soins à autrui », fait savoir la même source..
Partenariat Fongip et la Cciad
Le Fongip etla commission genre de la Chambre de Commerce d'Industrie et d'Agriculture de Dakar (Cciad) ont jeté les bases d’un partenariat. L'Administrateur général du Fongip, Mme Thérèse Faye Diouf et son équipe ont rencontré les femmes entrepreneures pour partager sur les mécanismes mis en place pour les accompagner et faciliter leur accès au financement. La patronne du Fongip a également la place qu'occupe les femmes dans les programmes tels que l'Eter et le Paaice où un quota de 30% des financements leur est réservé. Mme Diouf a profité de la tribune pour présenter de manière interactive les projets, les programmes et les produits du Fongip pour une prise en charge rapide et efficace des demandes en termes de structuration et de financement. Il faut souligner que la rencontre d’hier fait suite à l'audience que l'Administrateur général du Fongip avait accordée à la commission Genre et Entreprenariat féminin de la Ccidad.
Réseau pour le développement du capital humain
La ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération, Mme Oulimata Sarr, préside depuis hier le réseau pour le développement du capital humain initié par la Banque mondiale. Elle prend part présentement aux Assemblées annuelles des Institutions de Bretton Woods à Washington. À cet effet, Mme Sarr aura à présider la session ministérielle de la Banque sur le thème Protéger et renforcer le capital humain dans le contexte de la crise alimentaire mondiale. D’après une note du ministère de l’Economie, la session examinera, entre autres, les mesures de protection sociale que les États devraient prendre pour soulager les couches sociales vulnérables à l’image des concertations pour la lutte contre la vie chère que le Président Macky Sall a lancées au Sénégal.
IPRES : Accord entre la Direction générale et les travailleurs
L'intersyndicale des travailleurs de l'Institution de prévoyance retraite du Sénégal(Ipres) et la Direction générale ont fumé le calumet de la paix. Les deux parties ont trouvé plusieurs points d’accord sous la conduite du Conseil d'Administration dirigé par Racine Sy. Ainsi, les travailleurs vont bénéficier de plusieurs indemnités notamment celles de la Covid-10 et du risque médical qui concernent particulièrement les agents des centres médico- sociaux (Cms) de l'Institution. Avec l'implication personnelle de M. Sy, toutes les indemnités ont été payées au personnel. Pour les autres points de revendications, ajoute une note reçue à «L’As » le Conseil d'Administration a mandaté son vice-président Mody Guiro pour poursuivre les négociations avec les travailleurs afin de trouver des solutions structurelles à même de ramener la sérénité au sein de la boîte. Aussi, une commission mixte poursuivra la réflexion notamment pour ce qui concerne un meilleur déploiement du capital humain de qualité dont regorge l’Ipres.
Ucad classée meilleure université en Afrique francophone
L'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) trône sur le toit de l’Afrique francophone. Elle a été classée meilleure université en Afrique francophone, selon le classement edurank.org. Ce classement indépendant est basé sur une évaluation de plus de 14.000 universités de 183 pays. L’Ucad occupe la première place en Afrique francophone et la 28e place en Afrique. Pour rappel, le classement eduranking sélectionne les universités en fonction de leur réputation, de leurs performances de recherche et de l'impact de leurs anciens étudiants.
L’ambassade de France commence à restituer des passeports
Même si les activistes n’ont pas pu déposer une lettre de protestation contre la politique de délivrance de visas de la France au Sénégal, ils ont fait bouger les lignes au grand bonheur des demandeurs de visas. Frapp annonce que déjà hier dans la matinée, certains demandeurs de visa dont les passeports étaient détenus par l'ambassade de France au Sénégal depuis plus de trois mois (durée de traitement des demandes de visa) avaient reçu des mails les informant que leurs passeports étaient disponibles. Les activistes se réjouissent de la disponibilité de certains passeports du fait de la lutte entamée avec les victimes de l'ambassade de France. Le Frapp va se concerter avec les victimes de la politique d'arnaque massive de l'ambassade de France au Sénégal pour voir les perspectives à donner à cette lutte. Par ailleurs, Aliou Gérard Koïta et deDjibril Ba ont été libérés en début de soirée.
«XEEXAL SENEGAAL» VISE A APAISER L’ESPACE POLITIQUE
Profitant hier de la conférence de presse qu’il co-animait avec les autres responsables du mouvement, le commissaire Keïta a félicité «Makhtar le Cagoulard d’avoir eu la brillante idée de le créer».
Le mouvement Xeexal Senegaal (entendez «Se battre pour le Sénégal») a été porté sur les fonts baptismaux par l’ancien rappeur, Makhtar Sy, plus connu sous le sobriquet de Makhtar le Cagoulard, qui vit actuellement aux Etats-Unis. «Le tableau hideux, qui dépeint la situation actuelle de notre pays, est ce qui a poussé de nombreux Sénégalais, très patriotes et épris de paix et de Justice, à décider de se regrouper et de constituer une dynamique de riposte nouvelle, un mouvement citoyen dénommé Xeexal Senegaal», a déclaré l’ancien commissaire de police, Cheikhna Cheikh Saadbouh Keïta, qui est le coordonnateur désigné du mouvement au Sénégal.
Profitant hier de la conférence de presse qu’il co-animait avec les autres responsables du mouvement, le commissaire Keïta a félicité «Makhtar le Cagoulard d’avoir eu la brillante idée de le créer». Il a indiqué que leur mouvement «vise à pacifier l’espace public en s’opposant énergiquement à toute velléité de violences verbales ou physiques qui y apparaitra». «Contribuer à la régulation du débat public et politique, en privilégiant le débat contradictoire et d’idées, et en luttant contre toutes formes d’accaparement du bon sens et de la vérité», est l’autre objectif que se fixent Makhtar le Cagoulard et ses camarades, qui se présentent comme un mouvement qui va «combattre la démagogie et toutes les manœuvres sinueuses pouvant déboucher sur des troubles».
«Si rien n’est fait pour l’empêcher, le Sénégal connaîtra une crise grave pouvant déboucher sur sa déstabilisation et donc, sur l’effondrement de son Etat et la destruction des fondements de sa société», a déclaré Cheikh Saadbouh Keïta, qui soutient qu’une «telle alerte a été lancée plus d’une fois durant ces dernières années, sans que cela n’ait provoqué une prise de conscience du danger qui guette et conséquemment, des réactions fortes et suffisantes pour contrer le mal». Soulignant que «cette nouvelle violence politique qui a refait surface est exacerbée par l’avènement des réseaux sociaux», les animateurs du nouveau mouvement citoyen soutiennent que «malheureusement, nos élites politiques ont une fois de plus échoué à anticiper cette violence virtuelle protéiforme qui s’est totalement installée dans notre société ». Pis, estiment-ils, «nos élites politiques ont brillé en alourdissant la dette publique pour financer des projets que ne justifie aucun besoin économique, social, culturel, en dehors d’enrichir les multinationales tentaculaires tout en tuant à petit feu le secteur privé».
Le nouveau mouvement citoyen compte également «promouvoir et développer partout et notamment auprès de la jeunesse, les valeurs morales et d’éthique, le patriotisme et le sens de la responsabilité citoyenne». «Exiger le respect strict des lois et règlements et celui des conditions normales de participation aux compétitions pouvant avoir lieu dans l’espace public et pour l’accès à quelque pouvoir ou responsabilité que ce soit» est l’autre argumentaire véhiculé par le commissaire Keïta pour définir l’une des raisons de la mise en place de ce mouvement Xeexal Senegaal dont l’un des chantiers est de participer «au renforcement de la souveraineté du Sénégal dans tous les domaines et en exigeant que les institutions du Sénégal soient respectées, ainsi que ses intérêts soient protégés».
BEACH SOCCER, LE SENEGAL PRET À DEFENDRE SON TITRE CONTINENTAL
L’équipe nationale de beach soccer a reçu hier, dans les locaux du ministère des Sports, le drapeau national, des mains du ministre du Tourisme et des loisirs, Mame Mbaye Niang, assurant l’intérim du ministre des Sports,
Ousmane SOW et Florian VIARD |
Publication 14/10/2022
A quelques jours de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations de beach soccer, prévue du 21 au 28 octobre 2022 au Mozambique, les Lions ont reçu hier, le drapeau national des mains du ministre du Tourisme et des loisirs. Une occasion pour Mame Mbaye Niang de les inviter à faire preuve de solidarité, de bravoure, de combativité et d’abnégation, mais également de les assigner à conserver leur titre.
L’Equipe nationale de beach soccer a reçu hier, dans les locaux du ministère des Sports, le drapeau national, des mains du ministre du Tourisme et des loisirs, Mame Mbaye Niang, assurant l’intérim du ministre des Sports, Yankhoba Diatara. Très attendu pour la prochaine Can de beach soccer, prévue du 21 au 28 octobre prochain au Vilankulos Arena au Mo¬zambique, l’Equipe nationale, qui est six fois championne d’Afrique, avec 3 succès consécutifs, est prête à défendre son titre continental. En l’absence de Yankhoba Diattara, actuellement au Qatar pour les besoins de la préparation de la Coupe du monde, Mame Mbaye Niang a délivré le message du chef de l’Etat aux vaillants Lions qui participent pour la 10e fois à la Can beach soccer. «Comme d’habitude, faites preuve de solidarité, de bravoure, de combativité et d’abnégation. Soyez unis et mobilisés pour réaliser la grande performance et représenter dignement le Sénégal, en dignes continuateurs de vos illustres prédécesseurs. Allumez, quelles que soient les intempéries, la flamme de la victoire attendue de vos prestations», a-t-il déclaré. Et de poursuivre : «Lorsque vous serez sur les terrains du Mozambique, souvenez-vous de notre devise nationale, souvenez-vous aussi du Peuple qui parie sur vous sans aucune appréhension.»
Le ministre du Tourisme et des loisirs a ainsi délivré à la bande de Alseyni Ndiaye, un message d’encouragement et de soutien du chef de l’Etat à une sélection nationale «auréolée de gloire et disposant d’un grand potentiel pour aller, encore, le plus loin possible dans la compétition». Plu¬sieurs fois champions d’Afrique de beach soccer, c’est devenu même une habitude, les Lions, «cette fois-ci encore, vous partez favoris au regard de vos atouts et de votre vécu, notamment de la qualité de nos joueurs et de nos encadreurs. Il est donc compréhensible, au moment de votre départ, que nous soyons tous habités par un sentiment de sérénité et une grande confiance. Vous êtes déjà dans l’histoire du beach soccer africain et vous avez tout ce qu’il faut pour y demeurer. Nos attentes légitimes sont de vous voir honorer, une nouvelle fois, le drapeau national», se glorifie-t-il.
Adressant ses félicitations et encouragements aux Lions et à l’équipe dirigeante de la Fédération sénégalaise de football d’abord, pour les résultats obtenus, ensuite, pour la qualité du management de l’instance faitière, le ministre réaffirme le soutien «constant» et «indéfectible» du département des Sports pour continuer à développer encore le football, et à améliorer sa représentativité et ses résultats en Afrique et dans le monde. Les champions d’Afrique devraient, dans les prochaines heures, rallier le Mozambique, où se déroulera la Can pour qu’ils puissent s’acclimater. Les Lions logent dans le Groupe B et jouent leur premier match contre l’Ouganda le 22 octobre prochain à 12h. Pour rappel, ils partagent la poule avec l’Ouganda, l’Egypte et Madagascar. L’entraîneur, Mamadou Diallo, a retenu 15 Lions qui vont se battre pour un 7e sacre.
LES RISQUES DE LA SUPPRESSION DES CONTRÔLES ROUTIERS DANS LES CORRIDORS
Pour lutter efficacement contre les accidents de la route, la sensibilisation ne suffit pas.
Pour lutter efficacement contre les accidents de la route, la sensibilisation ne suffit pas. «Il faut des mesures de coercition», a dit hier Amadou Lamine Fall, le chargé de mission à Pagotrans. Il demande aussi à l’Etat de prendre en charge des victimes d’accident.
Les drames provoqués par les accidents de la circulation sont inqualifiables. Bien sûr, la Campagne de sensibilisation sur la sécurité routière ne suffit pas à elle seule pour venir à bout de cette situation. C’est le point de vue de Amadou Lamine Fall, chef de mission au Programme d’appui à la gouvernance dans le secteur des transports terrestres (Pagotrans). «Nous nous sommes évertués depuis deux ans, à faire des campagnes de sensibilisation, mais il faut que les gens sachent que les effets d’une campagne de sensibilisation ne sont pas immédiats. Je ne suis pas sûr qu’elle peut arrêter les accidents», assène M. Fall. Il a soutenu cet avis lors d’un atelier de discussion organisé avec les acteurs sur les difficultés rencontrées et les expériences vécues sur le terrain dans la campagne de sensibilisation. Que faire ? «Si on se limite à la sensibilisation en laissant les chauffeurs à leur bon vouloir, beaucoup d’entre eux n’en feront qu’à leur tête. Mais s’il y a des mesures de coercition, cela pourrait beaucoup aider à éviter les accidents sur les routes. Pour ce faire, il faudrait que l’Etat puisse prendre ses responsabilités et que des mesures soient prises pour les contrevenants», a-t-il dit.
Aujourd’hui, la situation est aussi noire que le ruban sur lequel les véhicules roulent à vive allure, sans parfois respecter le Code de la route. Cette année, la route a encore été un mouroir pour de nombreux Sénégalais, avec un nombre de cas de décès qui dépasse de loin les statistiques de l’année dernière. «Je sais que les accidents ont baissé en 2021. Mais quand le Directeur général de l’Anaser a parlé hier de 519 accidents pour l’année 2022, j’étais ahuri. En cette période de septembre, il y a eu beaucoup d’accidents, mais je ne pensais pas qu’on avait dépassé les 500», explique-t-il en affichant sa surprise, avant de recommander des assises sur cette question en vue de trouver une solution.
Corridors sans contrôle
Pour lui, la première chose à faire est d’effectuer un contrôle routier, qui fait défaut dans les différents corridors du pays. «Nous avons fait tout récemment, une mission sur le corridor Dakar-Kidira, mais compte tenu des contraintes que les gens ont rencontrées à l’issue de la grève de décembre dernier et des accords qui ont été faits, le contrôle routier est quasi inexistant», renseigne Amadou Lamine Fall. Il pense que «même pour des raisons de sécurité interne, il faut qu’il y ait un contrôle routier». Par exemple, le Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (Custrs) avait arraché la révision du décret 2021-1600, relatif au point de contrôle sur les corridors routiers. Lequel a permis de créer des brigades mixtes de contrôle routier, de fixer des points de contrôle sur les corridors routiers. Sur l’axe Dakar-Bamako, il a été fixé les points de contrôle à Diamniadio, Kidira et Kaffrine. Ils seront placés sous la supervision des brigades mixtes gendarmerie-douane-Eaux et forêts, au niveau des deux premières villes. Alors que la police se chargera de Kaffrine et Tambacounda.
Pagotrans pour une prise en charge des victimes
Au regard de ces nombreux accidents de la route qui sont à l’origine de nombreuses pertes en vies humaines, le chargé de mission de Pagotrans suggère à l’Etat de réfléchir sur la prise en charge des victimes. D’après lui, il y a des gens dont la vie est réduite à néant après un accident. «Je pense que l’Etat doit, en pareille situation, mettre des moyens pour aider ces victimes», dit le responsable à Pagotrans.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier la formation continue des chauffeurs. «Ils sont sensibilisés et engagés. Mais le problème, c’est la tranche d’âge qui est en train de conduire. Ce sont des jeunes. Il faut les aider, les former, mais aussi réprimer. Lors des formations qu’on a faites dans les régions, nous nous sommes rendu compte que beaucoup de jeunes ont des permis, mais ne savent même pas le déchiffrer. Il faudrait que l’Etat mette en place un dispositif de formation continue des jeunes pour les aider à mieux se comporter en tant que chauffeurs», avance Amadou Lamine Fall. Abondant dans le même sens, Ibrahima Ndongo, expert-formateur, embraie : «En plus d’avoir un déficit de formation, ces conducteurs sont aussi des victimes et meurent chaque année sur la route.»
Financé à hauteur de 2 milliards 620 millions F Cfa par l’Union européenne, le Pagotrans, d’une durée de 2 ans et lancé en septembre 2021, vise à contribuer aux efforts des autorités sénégalaises pour relever ensemble, les défis majeurs auxquels sont confrontés le Sénégal et les autres Etats d’Afrique de l’Ouest. Surtout que la route tue 600 personnes par an dans ce pays et la sécurité routière coûte 163 milliards par an à l’Etat. Ce qui pourrait être une bouffée d’oxygène pour le pays frappé par des séries de drames routiers sans arrêt.
Par Serigne Saliou DIAGNE
CET AMBIGU NATIONALISME ECONOMIQUE
La tendance à plaider pour un nationalisme économique et inviter à un patriotisme pour soutenir les acteurs nationaux de notre économie gagne beaucoup trop souvent notre discours public, dans un contexte fait de dégagisme envers les étrangers
La tendance à plaider pour un nationalisme économique et inviter à un patriotisme pour soutenir les acteurs nationaux de notre économie gagne beaucoup trop souvent notre discours public, dans un contexte fait de dégagisme et de sentiments hostiles envers des opérateurs étrangers. Ce sentiment diffus au sein des opinions publiques africaines s’adosse souvent à un argumentaire en déphasage avec la complexité de la réalité économique et dessert même les champions nationaux qu’on souhaiterait voir émerger face à des firmes étrangères. Au Sénégal, deux faits récents ont été symboliques de cette dissonance entre la volonté de promouvoir un patriotisme économique et ses contradictions avec le fonctionnement réel de notre économie si les dynamiques de tous les acteurs y opérant sont étudiées un tant soit peu.
La polémique sur le carburant mis à la disposition des députés sénégalais, fourni par des enseignes «étrangères» comme Total Energies Sénégal et Shell, déclenchée par l’activiste Guy Marius Sagna refusant sa dotation de carburant pour, dit-il, ne pas soutenir ces groupes face à des compagnies sénégalaises, est le premier épisode. On a voulu stigmatiser des enseignes considérées comme étrangères dans ce pays se clamant attractif pour les affaires. Les enseignes jugées comme étrangères sont détenues par des Sénégalais, emploient des Sénégalais et contribuent à faire marcher notre économie. Une entreprise comme Total Sénégal avait le défunt homme d’affaires Ahmed Amar parmi ses principaux actionnaires, ainsi que de nombreux autres capitaux «Made in Sénégal». Le réseau des stations-services de compagnies «étrangères» est détenu, pour la majorité, par des opérateurs sénégalais dans une logique de franchise. Le carburant fourni dans les stations sénégalaises est raffiné par les soins de la Sar : une société encore nationale ! Quel est donc l’intérêt de vouloir stigmatiser des acteurs économiques en appelant à un patriotisme économique qui ne repose que sur un sentiment d’hostilité envers l’étranger ? Des supermarchés Auchan et des enseignes ont été mis à sac parce qu’on a laissé prospérer une hostilité qui ne se justifiait pas dans la réalité économique. Aucun effort n’aura été fait pour déconstruire un tel discours. Une chronique dans ces colonnes, «Attention aux clichés sur les intérêts français au Sénégal !» par Madiambal Diagne, avait tenu à rappeler en 2019 qu’un discours populiste, dégagiste et pour le moins subjectif s’était emparé de l’analyse des relations économiques du Sénégal avec ses partenaires. La même méthode est encore à l’œuvre. On ne souhaiterait envisager ses conséquences fâcheuses.
L’exclamation du journaliste, Alassane Samba Diop, sur ce nouveau patriotisme économique qui nous «pompe l’air», est des plus légitimes. Si le patriotisme économique se résume à des raccourcis simplistes sur le contrôle de notre économie nationale ou à de simples ports vestimentaires, il faudra reconnaître que le jeu est perdu d’avance. La polémique née après la publication, par une marque de montres sénégalaises «Mathydy», d’une photo du chef du parti Pastef portant un de leurs produits, est le deuxième épisode de cette dissonance découlant du sentiment de nationalisme économique qu’on cherche à exacerber partout. Qu’est-ce qu’il y a de local dans un produit dont le mécanisme principal est japonais, tous les composants sont manufacturés sous marque blanche par des ateliers indiens ou chinois, même si l’assemblage se ferait en terre sénégalaise ? On me dira que c’est la marche du capitalisme et que la plupart des produits manufacturés le sont sous ce même schéma, mais il y a une dissonance à clamer du patriotisme avec un produit «intégralement sénégalais» et d’en faire un artifice révolutionnaire au vu de ce schéma de production.
La prouesse de l’horloger sénégalais est d’avoir réussi à s’inscrire dans une culture d’affirmation d’une africanité avec un produit pensé sous nos couleurs, dans un secteur où il n’y a pas encore eu de grandes percées d’un produit authentique africain. Ce modèle d’affaires a pu prospérer dans le monde de l’horlogerie depuis les succès de la marque Undone Watches, fondée par le Hongkongais, Michael Young, un fournisseur de composantes pour des horlogers comme Swatch, Omega ou Hublot. Le voir se répéter sous nos cieux montre que notre pays est aussi à l’affût des tendances. Toutefois, prendre un tel geste et en faire l’archétype du plaidoyer pour le «consommer local» chez nous est assez révélateur des limites que tout le discours sur le nationalisme économique peut nous offrir sur le contrôle réel de nos enjeux économiques. Les Rolex aux deux poignets de Fidel Castro ont longtemps entretenu l’ambiguïté entre un pied de nez au capitalisme par le Lider Maximo ou la confession d’un amour refoulé pour un talisman bourgeois, l’acclamation du port d’une montre «100% local» aura révélé à nos yeux, les limites du nationalisme économique au Sénégal.
Par Abdoul Aly KANE
UN GRAND CHAMBARDEMENT EST EN GESTATION
Le Fonds monétaire international (FMI) vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance et le risque de récession se précise pour de nombreuses économies à travers le monde.
Le Fonds monétaire international (FMI) vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance et le risque de récession se précise pour de nombreuses économies à travers le monde.
Le Covid avait servi de déclencheur en ce qu’il avait donné un brutal coup d’arrêt au fonctionnement de la machine économique mondiale par le biais du confinement des populations, de la baisse de la demande mondiale de biens et de la rupture des chaînes d’approvisionnement industrielles dans le monde.
La guerre russo-ukrainienne a mis en évidence la dépendance de l’économie du monde, de l’Europe particulier, aux matières essentielles à l’agriculture et à l’industrie mondiale, européenne en particulier, en provenance des pays belligérants.
Cette guerre a alimenté et alimente encore une inflation mondiale centrée sur les prix des matières premières mais également des produits alimentaires du fait de l’énergie.
Or, on sait que l’industrie c’est d’abord l’énergie en ce que cette dernière est transversale à l’ensemble du processus industriel, du transport à la transformation de matières.
Au plan énergétique, l’Allemagne, principale puissance économique de l’Europe, dépend pour environ 40 % du gaz russe sous sanctions occidentales et menaces sur les infrastructures de conduites (Nord Stream).
Privée de gaz russe, et pour ne pas entrer en récession, l’économie allemande est contrainte de se replier sur le gaz de schiste américain dont elle se plaint de la cherté, et sur ses centrales à charbon.
L’Allemagne, rappelons-le, est la première économie d’Europe et la 4ème du monde, derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon, d’où un risque de récession économique étendu au monde entier et d’abord à l’Europe.
Au-delà de cette dernière, la guerre et les sanctions et répliques consécutives ont cassé les circuits économiques, financiers et monétaires traditionnellement en force dans le monde occidental, en Europe plus spécifiquement.
Tout cela fait qu’on assiste à une sorte de grand chamboulement multisectoriel. Au plan monétaire, le dollar n’est plus la seule monnaie de transaction commerciale de référence depuis que la Russie a exigé le paiement de son pétrole en rouble aux pays jugés « inamicaux »
Le pétrole russe est vendu en roupies à l’Inde qui le revend plus cher à l’Allemagne qui perd de sa compétitivité.
Le paiement du gaz et du pétrole russes en rouble exigé aux pays non amis a renforcé la monnaie russe et abaissé l’euro sur le marché des changes, compte tenu de la nécessité pour les pays de l’Europe d’acheter des roubles contre l’euro pour payer le pétrole et le gaz. Le gaz et le pétrole russe sont également vendus aux pays « amicaux » dans leurs monnaies nationales.
En zone euro, la question de la politique monétaire, antérieure au conflit, est à relier à la faiblesse de convergence entre les économies dont certaines, très endettées (Grèce, Italie, Espagne) cherchent des ressources financières à bas coût (en termes de taux d’intérêts), et d’autres, non endettés (Allemagne) à coûts de production élevés sont davantage orientés vers le freinage de la demande de consommation que provoquent des taux d’intérêts bancaires peu élevés.
L’inflation européenne qui résulte à l’origine d’une politique monétaire expansive de la Banque Centrale Européenne pour refinancer l’endettement des Etats (rachats massifs d’obligations sur les marchés par BCE), est aujourd’hui amplifiée par les tensions sur les matières stratégiques (pétrole, gaz, engrais, céréales etc.) nées de la guerre et des sanctions prises à l’encontre de la Russie.
La BCE est aujourd’hui prise en étau entre une forte décision de hausse des taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation (sa principale mission), à l’instar de la Banque centrale américaine (FED), et le maintien des taux d’intérêt à un niveau bas permettant de faire face aux charges financières lourdes parce qu’afférentes aux obligations indexées sur l’inflation et émises par les Etats endettés de la zone euro.
Confrontée à une forte inflation (9,1 % contre les 2 % statutaires à moyen terme fixés par ellemême), la BCE a récemment initié un resserrement de sa politique monétaire.
L’euro est en dessous de 0.99$ pour la première fois depuis 20 ans du fait du retard dans les mesures de compression de l’inflation. La politique de l’euro fort a vécu.
Renversement d’alliances en perspective
Au plan énergétique, la politique d’approvisionnement mondial en pétrole, jadis contrôlée par les USA via l’Arabie saoudite, semble désormais décidée en solo par les pays de l’OPEP + comprenant la Russie. Des pourparlers seraient engagés entre l’Arabie Saoudite et la Chine pour l’achat de pétrole en yuan.
La fin de non-recevoir opposée à la demande du Président Biden d’augmenter la production de brut pour en faire baisser le prix, est un exemple édifiant sur les renversements d’alliances en perspective.
Au plan social, les conséquences de la hausse des prix sur le pouvoir d’achat ont généré des mouvements revendicatifs de plus en plus populaires. Des populations qui demandent par conséquent l’arrêt des sanctions prises contre la Russie pour juguler l’inflation. Elles réclament aussi une contribution des multinationales, considérées comme formant une oligarchie, au maintien du pouvoir d’achat et de l’emploi.
La recherche du profit maximal a, en effet, contribué à la désindustrialisation de l’Europe synonyme de transfert de pans entiers des économies occidentales vers les pays dits émergents, qui sont devenus en réalité des acteurs clé de l’économie mondiale (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud ou BRICS).
En Afrique, les effets de la guerre en Ukraine sur l’énergie et l’alimentation sont venus s’ajouter aux perturbations des chaînes d’approvisionnement découlant de la lutte contre le Covid-19.
L’embargo sur le pétrole russe et le refus des autres pays producteurs d’augmenter leur production ont créé un déséquilibre entre l’offre et la demande, source d’envol du prix du baril, favorable aux pays africains producteurs, mais défavorable aux pays importateurs qui voient leurs budgets exploser via le renchérissement de l’énergie (subventionné) et la hausse du dollar, monnaie de transaction du pétrole.
Pour l’Afrique, la principale conséquence sera, dans un avenir proche, l’édiction de nouvelles règles en matière de coopération internationale au regard de cette multipolarité en gestation, et de la politique industrielle à mener pour sortir de son impasse actuelle.
Comme l’a si bien résumé Dr Carlos Lopes, secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, « L’Afrique va devoir passer d’un modèle de croissance pour partie financé par le prix des matières premières et une demande en hausse, mais n’occupant qu’un pour cent de la main d’œuvre du continent, à un modèle de transformation dans lequel ces ressources ne constituent qu’un ingrédient parmi d’autres et dont le fer de lance est l’industrialisation ».
En définitive, le grand chamboulement, voire chambardement, s’effectue sous nos yeux dans un climat menaçant de conflit nucléaire.
Ce conflit n’est pas seulement le plus important en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il est surtout celui qui déterminera en grande partie la nouvelle configuration du commerce mondial et, partant, des institutions qui seront créées pour sanctionner la multipolarité en perspective.
L’Europe, les USA, la Russie, la Chine et les pays émergents sont en train de redessiner une nouvelle carte mondiale des chaînes d’approvisionnement en matières premières, des circuits de distribution, du système monétaire et financier qu’ils envisagent de bâtir parallèlement à celui adossé au dollar américain.
Avec les capacités destructrices de l’arsenal nucléaire multipliant par 2000 la puissance des bombes larguées à Hiroshima et Nagasaki, il est évident qu’il n’y aurait plus personne dans aucun des camps belligérants pour crier victoire en cas de conflit nucléaire.
A notre sens, la raison devrait prévaloir au regard de la capacité d’absorption des peuples en matière de désastres et de souffrances humaines.
3000 morts, c’est le bilan macabre du 11 septembre difficilement digéré par les USA et le monde.
C’est à peu près le bilan du bateau le Joola (2000 morts officiels), rendant les autorités étatiques frileuses quant au renflouement du bateau 20 ans après, car redoutant le choc psychologique sociétal.
De part et d’autres des buts de guerre sont fixés. Nous estimons que, lorsqu’ils seront atteints, les compromis seront trouvés et la paix retrouvée.
LES EXPORTATIONS DE MOUTARDE DU SENEGAL FREINEES PAR LA LOURDEUR DES TAXES
Depuis cinq mois, l’Europe, et particulièrement la France, est confrontée à une pénurie de moutarde sans précédent.
Depuis cinq mois, l’Europe, et particulièrement la France, est confrontée à une pénurie de moutarde sans précédent. Dans les supermarchés et épiceries, les pots de moutarde se font très rares, s’ils ne sont pas invisibles, au point que les prix ont augmenté du simple au triple. Encore faudrait-il trouver ce produit ! Pour pallier la pénurie, des industriels français se sont tournés vers le Sénégal qui dispose d’industries de fabrication de moutarde. Malheureusement, notre économie ne profite pas pleinement de cette aubaine à l’exportation à cause des frais et taxes portuaires très élevés qui entravent le corridor Dakar-Paris. De quoi, sans doute, mettre les autorités dans tous leurs états et leur faire monter la moutarde au nez à cause de cette occasion gâtée ! « Le Témoin » a enquêté.
Après le sel et le poivre, la moutarde est la reine des condiments. Si ce n’est des sauces puisqu’elle est le pilier du goût, l’élément incontournable de la saveur. Ces derniers mois, en France comme partout dans plusieurs pays européens, les pots de moutarde étaient absents des rayons des supermarchés et épiceries. Cette rareté est liée en partie à la guerre en Ukraine, mais surtout à de mauvaises récoltes au Canada et en France, les deux principaux producteurs mondiaux de graines de moutarde. Le malheur des Français fait le bonheur pour ne pas dire la « saveur » des entreprises sénégalaises de moutarde comme Sosagrin, Senico, Amar trading, Sonia etc. Car, pour pallier la pénurie, les fabricants hexagonaux se sont tournés vers le Sénégal pour importer en quantité industrielle des pots de moutarde. Selon un industriel sénégalo-libanais s’activant dans ce créneau, depuis que la France est confrontée à une pénurie généralisée de moutarde, le Sénégal vole au secours de sa gastronomie. « Car, de nombreux industriels français se sont tournés vers notre pays pour importer de la moutarde sous emballage en verre ou en plastique. Des produits en quantité industrielle expédiés par conteneurs vers l’hexagone. Bien évidemment, nous avons fait de très bonnes affaires. Malheureusement, ces derniers temps, les frais et taxes portuaires ont compromis la rentabilité de ces exportations. Une situation déplorable qui a poussé les opérateurs français à se rabattre sur la Côte d’Ivoire dont les procédures d’exportation sont à la fois flexibles et accessibles. Il est vrai qu’il n’y a pas de droits de douanes à l’exportation, mais les frais et taxes d’accostage, de déport et de déchargement sont trop élevés au port de Dakar » se désole notre moutardier installé à la zone industrielle de Dakar ?
Dans la même foulée, le directeur général d’une autre entreprise agroalimentaire fabriquant de la moutarde déplore également le fait qu’au Sénégal, les frais et taxes portuaires à l’exportation sont plus élevés que ceux à l’importation. « Une situation paradoxale qui fragilise l’économie sénégalaise et plombe la performance et la compétitivité du Port de Dakar » se désole-t-il, histoire de dire que la moutarde est en passe de leur monter au nez là où elle devait être une saveur économique pour notre balance des paiements. Pourtant, cette pénurie de moutarde en France pouvait être une aubaine pour nos industries qui exportent si peu et auraient pu trouver là une bouffée d’oxygène.
Par ailleurs, notre premier moutardier nous révèle sa très bonne récolte en matière de graines de moutarde produites au Sénégal. Vous avez bien lu ! « Oui ! J’ai récemment cultivé et récolté une importante quantité de graines de moutarde, ici, au Sénégal. D’ailleurs, je suis en train de chercher une dizaine d’hectares de terres entre Mbour, Thiès et Fatick pour y développer cette culture de moutarde. Car, la plante de moutarde est facile à cultiver au Sénégal qui dispose de terres fertiles et abondantes, mais faiblement exploitées à cause des chantages de la part des mairies et communautés rurales. Sans compter l’impuissance coupable de l’Etat qui peine à libérer ses terres agricoles prises en otage sans droit ni titre par les populations qui prétendent qu’elles étaient exploitées par leurs aïeux » s’agace notre spécialiste de la moutarde qui s’active aussi dans l’agriculture.
Poussant sa curiosité, « Le Témoin » a appris que si le pot de moutarde sénégalaise, qui coûtait 1.200 cfa, se vend actuellement à 2.000 CFA, c’est parce que le prix de la la tonne de graines de moutarde chez les cultivateurs canadiens a connu une forte hausse. Car, renseigne-t-on, la tonne de graines qui coûtait 300 dollars soit 150.000 CFA à l’importation se négocie aujourd’hui entre 3.600 et 4.000 dollars soit 1.800.000 CFA et 2.000.000 CFA !
Premier consommateur africain de moutarde
Et si le temps d’une pénurie la France compte sur le Sénégal pour satisfaire sa très forte demande et sauver sa cuisine, c’est parce que le Sénégal est le premier consommateur africain de moutarde. Un haut rang gastronomique qui se justifie de par ses multiples restaurations annuelles de masse liées aux grands rassemblements religieux, gamous, ziarras, magals, thiants ainsi que les cérémonies familiales et autres fêtes religieuses tels que les mariages, baptêmes, anniversaires, tabaski, korité, Noël, Pâques, fins d’années etc. Sans oublier les cuisines de tous les jours, les gargotes, les dibiteries et autres « forokh thiaya » où s’invite, de gré ou de force, la moutarde dans toutes ses saveurs. En dehors de la consommation, le Sénégal fait partie du trio des premiers producteurs africains de moutarde. Ce, avec une dizaine d’entreprises agroalimentaires spécialisées dans la production de la moutarde dont les usines tournent à plein régime pour satisfaire le marché local. Jusque dans les années 80 et 90, plus de 500 tonnes de moutarde étaient importées de France sous diverses marques dont les principales sont « Amora », « Aura », « Corinor », « Blanche » et « Ducros ». Il y avait aussi la marque « Star » qui nous venait du Maroc. Seulement c’est au début des années 2000 que les industriels sénégalais se sont lancés dans la production.
Pour se substituer à ces importations massives, les entreprises sénégalaises de la moutarde avaient réussi à convaincre l’Uemoa de prendre des mesures de protection en leur faveur. Des mesures visant à freiner l’importation de moutarde. « Vous savez, la moutarde est un produit très rentable avec des milliards cfa de chiffres d’affaires/an. C’est pour cela que l’Uemoa nous a protégés contre les importations sauvages qui avait failli mettre à genoux les sociétés sénégalaises productrices de moutarde. Aujourd’hui, les commerçants sénégalais n’ont plus besoin d’importer de la moutarde puisque le Sénégal en produit suffisamment au point d’en exporter vers l’Europe » se réjouit ce moutardier sénégalais. Dont les exportations juteuses — ou savoureuses comme la moutarde — sont hélas plombées depuis quelques temps par les frais et taxes portuaires très élevés pratiqués par le Sénégal. Une situation dont profite pleinement le grand rival ivoirien.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
BALLONS DE SONDE, BONNETEAU ET TROISIÈME LARRON
Ou bien nous sommes des gens qui voient le mal partout ou alors nous assistons effectivement à une stratégie bien coordonnée pour pousser le président de la République, Macky Sall, à briguer un troisième mandat en 2024
Ou bien nous sommes des gens qui voient le mal partout ou alors nous assistons effectivement à une stratégie bien coordonnée pour pousser le président de la République, Macky Sall, à briguer un troisième mandat en 2024. Une stratégie dont nous assistons aux premières manifestations voire aux prémices en une manière de ballons de sonde pour tester l’opinion. Selon que les réactions de cette dernière seront indifférentes ou plutôt favorables, on s’enhardira, on deviendra grave comme la petite-fille de Victor Hugo et on montera en gamme jusqu’à ce que le principal concerné lui-même, face aux demandes pressantes fusant de partout, déclare de sa propre bouche qu’il est candidat à un troisième mandat. Sinon, en cas de réactions violemment hostiles, il sera toujours temps de rétropédaler en disant « courage, fuyons ! »
Les premiers ballons de sonde sont donc lancés avec, pour la scène 1, dans le rôle du principal acteur, le président de la République lui-même. Lequel, à la faveur d’une visite-« surprise » (c’est ce qu’on a voulu nous faire croire !), le weekend dernier, dans la mairie de Wakhinane-Nimzatt, la seule qui avait résisté à la bourrasque Yewwi Askan Wi lors des élections locales de janvier dernier dans le département de Guédiawaye, s’est prêté à une mise en scène même pas digne d’un film de série B. Voire d’un navet ! Pendant que, donc, il conduisait lui-même son bolide valant au moins de 50 millions de francs sur la VDN 3, avec sa douce moitié à ses côtés, ne voilà-t-il pas qu’il est stoppé net par un citoyen prétendument lambda qui a freiné devant lui avant de débouler de sa voiture et venir engager la conversation avec notre cher président ! Et alors que ce dernier devisait avec des populations accourues, spontanément n’en doutons pas, on entend l’individu en question suggérer au Président de faire un troisième mandat qui relèverait, selon lui, d’« une demande sociale ».
Gageons que si le président de la République n’était pas demandeur, son équipe de com, pas très loin, et qui a répercuté cette forte « demande sociale » sur les réseaux sociaux, se serait bien abstenue de le faire ! Et aurait, comme Racine Talla, le distingué hôte du président de la République sait si bien le faire, censuré cet élément sans autre forme de procès ! Hélas, l’individu demandeur de troisième mandat a été démasqué ensuite par les réseaux sociaux comme étant un militant de l’APR proche de Brejnev Talla, le directeur de la RTS et maire de…Wakhinane Nimzatt. Le monde est petit…
Scène 2. Cheikh Kanté, le « Baye Fall du Président », est à la manœuvre. Dans deux sorties effectuées sur un site d’informations, et aussi dans les colonnes de ce journal, le ministre en charge du Suivi du PSE demande de « convaincre le président Macky Sall à effectuer un deuxième mandat en 2024 ». Pour l’actuel président du conseil départemental de Fatick et inconditionnel du Président Macky, en effet, le premier mandat — qui couvrait la période allant de 2012 à 2019, soit sept ans — comptait pour du beurre. Après le référendum de 2017, il fallait remettre les compteurs à zéro ! Et donc, en avant pour un deuxième mandat quinquennal du président Macky Sall. Et ne dites surtout pas que c’est un troisième mandat.
Et comme si cela ne suffisait pas, Pr Ismaïla Madior Fall, thuriféraire et théoricien du troisième mandat après en avoir été le grand contempteur — « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs » avait-martelé trois fois avant de rejoindre le camp de celui qu’il mettait en garde alors —, Pr Ismaïla Madior Fall, donc, était sur les ondes d’une radio de la place où ses propos sur les risques de déchéance de Mimi Touré en tant que députée ont éclipsé sa position sur le troisième mandat. Mais c’est bien, pourtant, sa position sur cette question qui lui a valu son retour au Gouvernement !
Pour dire que ce n’est pas un hasard s’il y a eu toutes ces sorties en faveur du troisième mandat le weekend passé. Pour le moment, le président de la République avance masqué et se contente de pousser ses pions. Il veut présenter ce troisième mandat comme une demande émanant du bon peuple ainsi que le susurre le Dr Cheikh Kanté et ainsi que le montre aussi cette vidéo maladroite tournée sur la VDN 3 (tiens, 3 comme ce mandat supplémentaire dont rêve le Président !) ce weekend. Cela nous rappelle ces scènes grotesques auxquelles nous avait habitués le défunt président togolais Etienne Gnassingbe Eyadema, père de Faure actuellement au pouvoir, lorsque, régulièrement, il faisait mine de vouloir abandonner le pouvoir. Aussitôt, des dizaines de milliers de Togolais se mobilisaient « spontanément » devant son palais pour supplier le « miraculé de Sarakawa » — en référence au crash d’avion dont il avait survécu — de ne pas les abandonner !
Pour en revenir à notre cher pays, trêve de ballons de sonde car il faudra bien que le président de la République se découvre et franchisse le Rubicon en disant « oui, je veux faire un troisième mandat ! » A ce moment-là, et après lui, le Déluge !
« Bi gagne, bi perte » comme au « ñeti xob » !
Oh, bien sûr, depuis longtemps, on voyait venir. Sans remonter très loin, son dernier remaniement ministériel en date, c’est-àdire l’équipe Amadou Bâ, avait déjà donné des indications sur la direction que souhaite emprunter celui qui se qualifiait de « lion qui dort ». En effet, pour une équipe qui prétend s’attaquer d’arrache-pied aux innombrables problèmes des Sénégalais, c’est très pléthorique pour être honnête. Avec 38 ministres aux prérogatives qui se chevauchent, bonjour l’efficacité. A titre de comparaison, la Côte d’Ivoire, notre plus grand rival au sein de l’espace Uemoa, a mis en place une équipe resserrée mais hyper-compétente. Sans compter que beaucoup de membres de ce gouvernement Ba, plutôt que de l’être pour leurs compétences, semblent avoir été choisis plutôt pour leurs talents de castagneurs et de croiseurs de lances avec l’opposition. Un « gouvernement de combat », certes, mais contre Ousmane Sonko ! C’est également sous cet angle de reconquête qu’il faut lire les nominations à la tête des sociétés nationales effectuées durant les trois derniers Conseils des ministres. Des légions de responsables APR recalés du gouvernement ont été bombardées à la direction générale ou à la présidence du conseil d’administration de ces pauvres sociétés. Pauvres en ce sens qu’il faut pleurer leur sort entre des mains si inexpertes, si incultes et souvent si incompétentes. Mais riches de ressources à dilapider pour le seul objectif di moment qui vaille, la réélection du Conducator !
Et alors que partout ailleurs dans le monde, particulièrement dans les pays développés, d’Europe notamment, l’heure est à la sobriété, autre nom de l’austérité, le président Macky Sall, lui, ouvre toutes grandes les vannes des dépenses publiques. Ainsi, pour 2023, les Sénégalais auront droit à un budget record de 6400 milliards de francs dont plus de la moitié consacrée au « social ». Autrement dit, un budget d’année pré-électorale destiné à multiplier les cadeaux à l’endroit des citoyens-électeurs ! Plutôt donc que de rationnaliser les dépenses improductives, à défaut de les supprimer, le président de la République les multiplie. Normal, le Sénégal sera un pays riche à partir de cette année de grâce 2023 où débutera l’exploitation de notre pétrole et de notre gaz. Justement, par-delà toutes les circonvolutions et les programmes politiques mirifiques prétendant changer notre quotidien, ce sont en réalité ces hydrocarbures qui cristallisent toutes les passions entre le pouvoir et l’opposition et menacent de brûler ce pays. Pour le président Macky Sall et ses féaux, en effet, il est hors de question, limitation des mandats ou pas, de quitter le pouvoir au moment où l’argent du pétrole et du gaz va couler à flot dans le pays. Pour des raisons exactement contraires, on se dit dans le camp d’en face qu’il est inenvisageable de laisser la Camorra actuelle bouffer toute seule cette manne. Quitte à embraser le Sénégal, pas question de laisser le président Macky Sall et son clan en profiter tout seuls. Pendant qu’ils vont s’entretuer risque de surgir un troisième larron qui va les écarter pour profiter à lui seul de la manne ! On viendra après nous parler de « malédiction du pétrole » alors que c’est plutôt l’incurie de nos politiciens qu’il faudrait incriminer…
Déterminé, donc, à jouer les prolongations bien au-delà de 2024, Macky Sall a donc entrepris de rebattre les cartes dans une situation qui lui est pour le moins défavorable. Ainsi, comme un magicien, il a sorti de sa manche la carte de l’amnistie à Karim Wade et Khalifa Sall, histoire de les remettre dans le jeu électoral. Reste à savoir si ces deux, qui ont de vieux comptes à régler avec l’actuel président, accepteront d’entrer dans son jeu. Sans compter qu’il n’est pas sûr que les Sénégalais, experts en matière de « dégagisme », se laisseront prendre à cette manœuvre de diversion. En tout cas, comme un joueur de bonneteau — ce qu’on appelle ñetti xob chez nous ! —, le Président essaye de bluffer les Sénégalais. En une manière de leur dire : « regardez bien ces trois cartes que je tiens en main. Dans la première il est marqué : « 2012-2019 », dans la deuxième « 2019-2024 », dans la troisième « 2024 + infini ». Si je vous dis que j’ai dirigé ce pays de 2012 à 2019 année à laquelle j’ai été réélu pour diriger jusqu’en 2024, combien de mandats- ai-je fait ? Deux ? Perte nga ! car, je n’ai fait qu’un mandat et un quinquennat sama rakk ! » La Constitution parlant de mandat, il suffit de raisonner en termes de quinquennat et le tour est joué. Du bonneteau que le Président joue avec nous, qu’on vous dit. Pour lui, ce forcing, ça passe ou ça casse. Avec plus de risques de casser que de chances de passer !
MACKY SALL «APERISE» À TOUT-VA
Dans le processus de recasement et de purge entamé par le maître du jeu à quelque 17 mois de la présidentielle de 2024, le lot des bienheureux nommés est composé essentiellement de politiques — plus précisément de membres de l’APR
Depuis la mise en place, le 17 septembre dernier, du gouvernement dit de «combat» dirigé par le Premier ministre Amadou Ba, trois réunions de Conseil des ministres se sont tenues au palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor. Au cours de ces séances hebdomadaires, le président de la République, Macky Sall, a procédé, au titre des mesures individuelles, à 27 nominations dont trois anciens ministres du gouvernement sortant.
Dans ce processus de recasement et de purge entamé par le maître du jeu, Macky Sall, à quelque 17 mois de la présidentielle de 2024, le lot des bienheureux nommés est composé essentiellement de politiques — plus précisément de membres de l’APR (Alliance Pour la République, son parti — au détriment des technocrates purs jus de moins en moins promus à des postes de responsabilités. Autrement dit, aux yeux du Président, le militantisme politique doit primer sur la compétence ! Il est vrai que dans ce pays, le pouvoir de nomination est éminemment politique et les perspectives incertaines d’une troisième candidature sont à présent les seuls critères qui guident les choix et décisions du président de la République.
+ Revenants : tu sors par la porte et reviens par la fenêtre !
Parmi ces nominations effectuées par le président de la République, Macky Sall, figurent, en effet, trois anciens ministres du gouvernement sortant. Il s’agit de l’ancien Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Malick Sall, de l’ancien chef du département de la Communication et de la Culture, Abdoulaye Diop, et de l’ancienne ministre de la Jeunesse, Néné Fatoumata Tall. Des ministres sortis par la grande porte et qui reviennent par la fenêtre pour des raisons purement politiques. En effet, l’ancien Garde des Sceaux et natif de Danthiady, présent dans le gouvernement depuis avril 2017, revient aux affaires à la tête du Secrétariat Permanent du Comité d’Orientation Stratégique du Pétrole et du Gaz (COS- PETROGAZ). Son recasement est plus dû à des motivations politiques qu’à autre chose. Il est surtout maintenu dans le système pour conforter la mainmise de la mouvance présidentielle dans la région de Matam. Victime du toutpuissant Farba Ngom, un des deux vice-présidents de la République avec la Première dame, qui l’a fait remplacer par son homme, Me Moussa Bocar Thiam, Me Malick Sall, qui est très populaire dans le « titre foncier du président de la République » aurait pu faire très mal s’il n’avait pas été recasé. Le président de la République ne pouvait donc pas le laisser très longtemps en rade. D’où sa rapide propulsion à la tête du Cos-Pétrogaz.
Même chose pour l’ancien ministre de la Communication et de la Culture, Abdoulaye Diop, qui revient au Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC) non pas pour y apporter une quelconque expertise mais surtout rester dans le système et consolider sa base électorale dans le Sud du pays, à Sédhiou, où il a été réélu maire de la commune aux élections locales du 23 janvier. Dans le sud du pays, tous les moyens sont bons pour contrer l’influence croissante de Ousmane Sonko, le leader du Pastef et maire de Ziguinchor. Doudou Ka et Victorine Ndey, bien que défaits dans le département de Ziguinchor par Guy Marius Sagna, siègent ainsi dans le gouvernement d’Amadou Ba.
En ce qui concerne Néné Fatoumata Tall, sa nomination comme Coordonnateur national du Programme de Développement de la Microfinance Islamique au Sénégal (PROMISE), est surtout dicté par un souci de reconquête de Guédiawaye où la mouvance présidentielle a bu, lors des dernières élections locales et législatives, le calice jusqu’à la lie. Aliou Sall, le frère du Président, étant quasiment aux abonnés absents, Lat Diop et Racine Talla ne faisant manifestement pas le poids pour contrer la vague Yewwi Askan Wi, amputer cette localité d’une de ses porteuses de voix a été jugé suicidaire par les décideurs du Palais qui ont fait revenir par la fenêtre cette dame qui dispose d’une base non négligeable au niveau local.
Opération «remontada» à Ziguinchor
Nommé Directeur général de l’Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux (APIX SA), le crack Abdoulaye Baldé n’en demeure pas moins un politique. Allié de la mouvance présidentielle, l’ancien ministre sous le régime libéral de Abdoulaye Wade a été aussi recasé pour apporter sa pierre dans l’édifice de ce qu’il est convenu d’appeler l’opération «remontada» à Ziguinchor. Ancien maire de la ville, le leader de l’Union centriste du Sénégal (UCS) ne sera en effet pas de trop dans cette audacieuse entreprise. Il en est de même pour Mohamadou DIAITE, Inspecteur des Impôts et des Domaines de classe exceptionnelle, précédemment Directeur de l’Administration et du Personnel à la Direction générale des Impôts et des Domaines, qui hérite de la Direction générale de la société nationale «La Poste». Technocrate réputé, il n’en est pas moins un redoutable politique pour avoir sauvé Bounkiling, dans la région naturelle de Casamance, de la razzia de Yewwi Askan Wi et de Ousmane Sonko. Il est d’ailleurs le président du conseil départemental de Bounkiling.
Souleymane Ndiaye, ingénieur en génie civil, précédemment Directeur des Infrastructures aéroportuaires et grand insulteur d’Ousmane Sonko, sera une carte maîtresse dans la reconquête de la région naturelle de Casamance où il est l’un des rares leaders de la mouvance présidentielle à avoir gagné dans sa commune, Goudomp en l’occurrence, aussi bien lors des locales du 23 janvier que des législatives du 31 juillet de l’année en cours. Il est nommé Directeur général de la Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO SA), poste laissé vacant par Amadou Mame Diop devenu président de l’Assemblée nationale.
Nommé Coordonnateur du Programme national des Domaines agricoles communautaires (PRODAC), poste laissé vacant par Pape Malick Ndour, promu ministre de la Jeunesse, Djimo SOUARE, spécialiste en développement territorial et en management des organisations de l’économie sociale et solidaire, bien que n’étant pas en terrain inconnu est un éminent politique. Émigré rentré au pays pour accompagner le Président Macky Sall, il s’est lancé dans la politique dans son fief de Goudiry, dans la région de Tambacounda où il dirige le conseil départemental depuis 2014. Après avoir fait l’objet d’un veto de la Première dame pour le juteux poste de Dg de la Der (Délégation à l’entreprenariat rapide des femme et des jeunes), il obtient donc un lot de consolation avec le Prodac, un projet à milliards qui avait valu une triste renommée à l’actuel ministre du Tourisme.
Insuffler une nouvelle vie à des perdants
Ancien président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle, Benno Bokk Yakaar (BBY) Aymérou GNINGUE, Ingénieur en Génie du Raffinage du Pétrole et Pétrochimie, est nommé, pour sa part, à la tête du Conseil d’Administration de la HOLDING SOCIÉTÉ DES PETROLES DU SENEGAL (PETROSEN HOLDING SA), poste resté vacant après la démission de l’ancien ministre Mary Teuw Niane. Il était la tête de liste départementale de la coalition BBY à Tivaouane lors des dernières élections législatives. Battu dans cette circonscription, et devant donc faire son deuil de ses ambitions ministérielles, Aymérou Gningue obtient un strapontin qui le maintient en vie politiquement dans son terroir.
Précédemment patron du Port autonome de Dakar, Abacacar Sedikh BEYE, Ingénieur Statisticien Economiste, est nommé Directeur général de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), il est également un technocrate qui s’est tracé une carrière politique. Aux dernières élections locales de janvier 2022, il était investi par la mouvance présidentielle dans la commune de Dieuppeul-Derklé où il a été défait.
Leader de la coalition citoyenne « And Siggil Thiès» alliée à la mouvance présidentielle, Abdoulaye DIEYE, expert évaluateur, est nommé Directeur général de la Société Anonyme Aéroport International Blaise Diagne (AIBD SA), poste laissé vacant par Doudou Ka promu ministre de la République. Le nouveau patron de l’AIBD était candidat malheureux à la mairie de ThièsEst malgré un score honorable.
Ancien chef de cabinet du ministre Mary Teuw Niane, Ahmadou Bamba KA, Docteur ès Lettres, est nommé Directeur du Centre régional des Œuvres universitaires sociales de Saint- Louis. Il a transhumé vers Mansour Faye qui l’a séparé de son ancien mentor politique.
Des fromages onctueux pour les gagnants
Mountaga SY, ingénieur industriel, précédemment Directeur général de l’Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux (APIX SA), hérite du juteux fromage du Port Autonome de Dakar. Maire d’Aéré Lao, dans le département de Podor, il fait partie des rares responsables de la mouvance présidentielle à avoir gagné largement lors des dernières élections législatives. Il est vrai que c’est dans une région et un département largement acquis au président de la République.
Et la liste des politiques dans ces nouvelles nominations marquant la nouvelle distribution des cartes est loin d’être exhaustive. Rien de nouveau sous les tropiques, diront certains. Même si on est technocrate, il faut avoir la carte du Parti pour espérer bénéficier d’une promotion au niveau de l’Etat ou des sociétés nationales. En revanche, si on est un cancre mais qu’on dispose d’une bonne base politique, alors on a toutes les chances d’être nommé à la tête d’une société prestigieuse ! « Conformément à ses habitudes, Macky choisit toujours des politiciens. Mais même si certains parmi ces derniers sont de bons théoriciens de la gestion d’un État, ils ne sont pas toujours formatés pour servir l’Etat. Ils sont plutôt préoccupés par leur maintien dans le gouvernement voire à la direction des sociétés nationales ainsi que par les avantages qu’ils peuvent tirer de cette situation pour euxmêmes et pour leur parti. Le sort des populations ne semble pas les préoccuper !!! Il en a été ainsi depuis son accession à la magistrature suprême», nous confie, dépité, un haut fonctionnaire.