Dans les années 1990, la banlieue dakaroise était sous la coupe réglée de Alex et Ino, une bande de malfaiteurs spécialisés dans les cambriolages, vols de voiture. Ils dictaient leur loi dans d’autres zones du pays avant de finir en prison. Et c’est la naissance de leur légende car ils réussiront à s’évader de la Mac de Rebeuss en 1999. 23 ans après leur échappée inédite, qui les a menés jusqu’en Gambie, Le Quotidien replonge ses lecteurs dans cette affaire qui avait défrayé la chronique, en donnant la parole aux acteurs qui ont participé à la traque et côtoyé le gang.
Pape M. Seck, écroué dans l’affaire dite de «Force spéciale», s’est évadé du Pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec. C’est la dernière évasion la plus médiatisée du pays après les deux échappées de courte durée de Boy Djinné. Mais, la plus retentissante a eu lieu il y a un peu plus de 23 ans, avec comme tête d’affiche Ino. Même après son arrestation, il assurait à la présidente du Tribunal lors de son procès : «Madame la juge, je serai sincère pour vous dire que si l’occasion se présentait à nouveau, je vais encore m’évader. A 100 mètres, les conditions de détention sont difficiles, c’est pourquoi je m’étais évadé. Avant tout, je suis un être humain. Après mon arrestation, j’ai fait 38 jours de cellule. Je suis interdit de cour et on me refuse les soins. Ma dignité humaine est bafouée dans la détention», se plaignait-il. Et il l’avait retentée avant de finir sa course à Lompoul. Avec Alex, il était la tête forte d’une redoutable bande de malfaiteurs. Un gang spécialisé dans les attaques de stations-services et les vols de véhicule. Abatalib Samb, alias Ino, diminutif d’«Innocent», Alassane Sy, alias Alex, le Sierra-Léonais, Abdou Konteh, surnommé «l’homme à la Kalachnikov», Boy Nar et Pape Ndiaye étaient aussi connus dans les cambriolages les plus spectaculaires, les vols de haute facture et d’autres forfaits dignes d’un roman de grand banditisme. Ils étaient tous des caïds. Ils étaient aussi connus isolément par les Forces de défense et de sécurité. En prison, le groupe s’est constitué et a réussi à s’évader. Cette fuite d’une bande de malfaiteurs qui terrorisaient le pays, met les autorités sur les dents.
«Ino et sa bande avaient des marabouts redoutables en Gambie»
Chargé d’une cellule des investigations à l’Etat-major de la Gendarmerie territoriale à l’époque, Aliou Kandji, Major à la retraite, faisait partie de ceux qui avaient engagé la chasse à l’homme. «Là où le véritable problème de Ino, Alex a été inscrit comme histoire, c’est lorsqu’ils ont fait leur évasion et qu’ils se sont constitués en bande : Alex, Ino, Pape Ndiaye, Abdou Konteh, Ifra Bâ. Ils ont fait ce qu’on appelle des cumuls et concours d’infractions sur l’ensemble du pays et plus particulièrement dans la région de Dakar», se remémore l’homme corpulent. Il est assis tranquillement dans son salon, orné d’un écran géant, de fauteuils et quelques portraits, une pile de documents surcharge une table. Le soleil, qui brillait, a cédé la place aux ténèbres. C’est l’heure du crépuscule. Mais, le récit de Major Kandji est aussi clair que la lumière de la lampe accrochée au plafond. «Ce qui a donné une notoriété à cette bande, c’est que suite à l’insécurité galopante dont ils étaient les auteurs, le Président Abdou Diouf a donné des instructions fermes à la police et la gendarmerie de mettre fin à leurs activités, sinon il allait prendre des mesures», dit-il.
C’était lors d’un Conseil de défense tenu au palais de la République. Et le chef suprême des Armées venait de mettre la hiérarchie policière et de la gendarmerie devant leurs responsabilités. Morts ou vivants, il fallait ramener les membres de la bande fondus «mystérieusement» dans la nature. Commence alors la chasse à l’homme. Le temps était compté. Petit-à-petit, les hommes de l’ombre retournent Dakar, notamment les quartiers de Thiaroye, Yeumbeul, Malika et Diamniadio. Très mobiles, ils seront localisés vers Sendou, ils vont être retracés par la suite vers Mbour.
Dans cette ville située sur la Petite côte, Boy Nar, qui était «intéressé par les abattages», a été laissé par le reste de la bande qui s’est rendue en Gambie voisine, explique toujours le gendarme à la retraite. Les fugitifs poursuivent leur périple au-delà des frontières du pays. «Quand on est allés en Gambie, on les a recherchés, je les ai bien suivis, j’ai vu qu’ils étaient à Serekunda ; de Serekunda, ils ont rejoint Brikama. Et quand ils revenaient, ils partaient tout le temps à Brufut et Gunjur où se trouvaient des marabouts redoutables.» Or, Major Aliou Kandji et ses hommes connaissaient également les fréquentations du groupe, notamment les endroits où ils retrouvaient leurs copines.
La chasse à l’homme racontée par Major Kandji
Ino, Alex et consorts sont toujours localisés en territoire gambien. Mais dans les signalements des agents des renseignements, il a été constaté que Pape Ndiaye manquait à l’appel. «Parce que tout simplement un matin, lui, il avait maille à partir avec les policiers gambiens pour une affaire de femmes. Mais pour les Gambiens, il voulait voler une arme, donc ils l’ont fusillé, il était gravement blessé, il était à la prison.» C’est après qu’il sera conduit à l’hôpital sous la surveillance des agents pénitentiaires gambiens.
Déterminés à mettre hors d’état de nuire cette bande, Kandji et ses éléments continuent leurs recherches avec l’assistance de leurs homologues de la Gambie. Ils avaient à leur disposition des véhicules, 2000 litres de carburant, de l’argent, au total 2 millions de francs Cfa. Pendant ce temps, Dakar est informée de tout, car les bulletins de renseignement sont envoyés par fax tous les jours au commandement par l’ambassadeur en Gambie, par l’entremise du ministère des Affaires étrangères. Partout au Sénégal, policiers et gendarmes sont mobilisés pour la traque.
Dans leurs recherches, M. Kandji et Cie font un tour à la prison, ce qui leur a permis de savoir qu’un Sénégalais a été blessé par balle et interné dans une structure sanitaire. «Je l’ai infiltré en lui disant que j’étais un humanitaire sénégalais. Il nous a donné toutes les bonnes informations, sur tout», se souvient Major Kandji. Ce dernier avait même laissé de l’argent à Pape Ndiaye, menotté à son lit d’hôpital, en lui promettant de lui rendre visite encore. Elargi l’année dernière à la faveur d’une grâce présidentielle après 24 ans de prison, Pape Ndiaye a corroboré les propos de l’ex-homme de tenue sur le plateau de l’émission Balance de Walf Tv.
Au moment où Pape Ndiaye, benjamin du groupe, était en train de pleurer sur son sort, le reste menait ses activités. La bande était à Banjul, rappelle M. Kandji, où ils fréquentaient «de riches dealers et puissants, qui s’appelaient Thioukél et El Ticko». C’est là-bas qu’ils ont été localisés. Les gendarmes sénégalais, à leur trousse depuis Dakar, étaient prêts à mener l’assaut. Mais quand il fallait attaquer le quartier, le Président Yahya Jammeh, qui craignait d’éventuels débordements, a refusé. Dakar sera informée de la décision de Banjul.
«Avec leurs coupecoupe, ils pouvaient ravager toute une ville»
Pape Ndiaye, qui a été arrêté, a été transféré au Sénégal. Et Major Aliou Kandji et ses hommes décidèrent alors de rentrer au pays en les laissant tranquillement en Gambie, tout en espérant qu’un jour ou l’autre, ils reviendraient d’eux-mêmes. Exactement, quelques temps après, Ino et Cie sont rentrés sur le territoire sénégalais pour reprendre leurs activités délictuelles. «Un soir, ils ont attaqué la Cité des enseignants à Guédiawaye, après ils sont venus vers Grand-Yoff et ils sont partis chez leur receleur et on le connaissait, il habitait vers Yarakh.» Un élément infiltré s’y est rendu. A l’arrivée des éléments de la brigade de Yarakh, ils se sont exfiltrés en trombe. Ils venaient de s’échapper à nouveau. Quelques semaines plus tard, ils ont pris le pistolet d’un gendarme qui a été surpris à Popenguine, avant de continuer leur avancée vers l’intérieur du pays.
Dans une autre localité, ils ont volé le véhicule de dotation d’un sous-préfet, un L200 tout neuf. Le chauffeur a été attaché et jeté en pleine brousse. Découvert, il a fait une déclaration à la gendarmerie. Du côté de la frontière mauritanienne, un receleur de nationalité mauritanienne les attendait pour acheter la voiture. «Je savais déjà qu’en 1h 30 mn, ils ne pouvaient pas aller à Rosso Sénégal. J’ai envoyé un message à la légion Nord pour toute unité de Dagana, Richard-Toll, Rosse Béthio, de ne laisser passer aucun véhicule de type L200», raconte Aliou Kandji.
Et la nuit, en apprenant la nouvelle de l’interdiction de passage des véhicules L200 à la frontière, ils ont rebroussé chemin pour s’engouffrer dans le Diéri. Par contre ce qu’ils ne savaient peut-être pas, les renseignements avaient investi toute la zone. Commence alors un ratissage des villages, des hameaux. «En moins de 48 heures, ça a marché, quelqu’un a vu le véhicule caché dans un hameau. Et les gens étaient en train de griller de la viande de chèvre. On a mobilisé le Groupement d’intervention de la Gendarmerie nationale (Gign), qui les a attaqués et les a cueillis, c’était dans le Walo vers Rosso Sénégal, c’est là où tous ont été arrêtés, en grande pompe».
Et d’ajouter : «Il y avait des gens très dangereux parmi eux, comme Abdou Konteh. Il faisait partie des grands criminels de cette bande, les gens qui faisaient les crimes de sang.» Parmi leurs victimes, il y avait une bonne qui a été tuée et jetée dans une fosse septique. «Ils étaient dangereux et violents, avec leurs coupe-coupe, ils pouvaient ravager toute une ville», ditil. Il rajoute qu’ils avaient beaucoup d’argent, surtout Alex, c’était un «vagabond économique, quelqu’un qui cherchait toujours de l’argent».
Après leur arrestation tant médiatisée, ils se sont évadés de nouveau. Ino a été pris à Lompoul, avec l’aide d’un pêcheur qui l’avait reconnu grâce aux avis de recherche. Déséquilibré, épuisé, il errait comme une âme en peine. Il décéda à l’âge de 28 ans, le 29 janvier 2005, sans être jugé, contrairement à ses copains.
DES ABEILLES ATTAQUENT DES CANDIDATES AU BAC
C’est du jamais vu. Des abeilles ont attaqué, ce jeudi, avant les épreuves de l’après-midi, trois candidates au baccalauréat au centre d’examen Idrissa Diop de Thiès. Elles ont été hospitalisées après leur évacuation au poste de Sainte-Anne.
C’est du jamais vu. Des abeilles ont attaqué, ce jeudi, avant les épreuves de l’après-midi, trois candidates au baccalauréat au centre d’examen Idrissa Diop de Thiès. Elles ont été hospitalisées après leur évacuation au poste de Sainte-Anne.
Selon l’inspecteur d’Académie, El Hadji Mamadou Diouf, en visite sur le site en compagnie de la Brigade d’hygiène, les candidates se sont approchées d’une ruche, provoquant un mouvement d’abeilles qui les ont piquées. «Le chef de centre a dû interrompre ses ablutions pour les évacuer au poste de santé Sainte-Anne, situé de l’autre côté du boulevard, à une centaine de mètres», a-t-il dit avant de souligner : «Nous avons veillé à ce que l’examen continue après avoir sécurisé le centre et nous sommes venus assister les enfants. Si elles sont dans les dispositions de poursuivre les épreuves, elles pourront le faire. A défaut, une session de remplacement est prévue.»
A sa suite, le responsable des soins du Poste de santé Sainte-Anne, Hyacinthe Marcel Ndione, explique : «C’est vers les coups de 14h 32 que la première candidate est arrivée au poste de santé, elle a été rejointe par les deux autres. Le personnel leur a prodigué les premiers soins, en attendant l’arrivée de leurs parents. L’une des filles a été libérée peu de temps après. L’état des deux autres est stable.» Mais, elles n’ont pas pu retourner en salle d’examen. «Nous espérons que d’ici demain (aujourd’hui) leur état va s’améliorer», prie l’agent de santé.
La pandémie à Covid-19 a révélé des faiblesses structurelles des économies africaines avec des effets dévastateurs. Tout de même, les restrictions concernant les déplacements et les échanges commerciaux ont permis de juguler les infections, mais elles ont « coûté très cher à nos économies déjà fragilisées », a soutenu la présidente de l’Ofnac Seynabou Ndiaye Diakhaté, lors d’une table ronde commémorative de la 6ème Journée de lutte contre la corruption, célébrée chaque 11 juillet.
La crise sanitaire planétaire a déstructuré les économies africaines. Ainsi, selon la Banque africaine de développement (Bad), « le Produit intérieur brut (Pib) s’est contracté de 2,1% en 2020 et la baisse des recettes combinée à la hausse des dépenses a eu pour effet de doubler les déficits budgétaires, qui ont atteint le niveau historiquement élevé de 8,4% du Pib », a mis en exergue Seynabou Ndiaye Diakhaté, présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Elle présidait avant-hier, jeudi 14 juillet, à Dakar l’ouverture d’une table ronde commémorant la 6ème fois consécutive la Journée africaine de lutte contre la corruption, portant thème : « Stratégies et mécanismes pour une gestion transparente des fonds destinés à la Covid ». Dans un souci d’aider les impactés à minimiser les dégâts, le Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque mondiale (Bm) ont fourni environ 57 milliards de dollars, soit environ 37 332 241 200 000 FCFA pour aider l’Afrique.
Toutefois, les mesures de redevabilité visant à contrôler l’utilisation de ces fonds ont été assouplies pour « accélérer l’achat d’équipements de protection individuelle, de biens et services essentiels et de vaccins », a fait savoir la présidente de l’Ofnac. Elle précise que la plupart de ces dépenses ont été faites dans des conditions d’urgence impérieuse, échappant ainsi « peu ou prou aux procédures habituelles de contrôle et de reddition des comptes », admet-t-elle. Selon elle, en réponse à cette crise sanitaire mondiale et à une éventuelle récession économique, « l’État du Sénégal a pris des mesures socio-économiques et de santé publique telles que l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire national assorti d’un couvre-feu, la prise en charge des malades, la mise à disposition de médicaments et de vaccins contre la covid19 ».
De même, l’État du Sénégal a mis en place un fonds dénommé « Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la covid-19 (Force covid-19) supervisé par un Comité de suivi chargé de la mise en œuvre des opérations en vue de garantir la transparence des interventions et leur impact qualitatif sur la vie des populations. Confortant la présidente de l’Ofnac, l’enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Abdoul Aziz Kébé dira qu’entre « 2012 à 2018, le Sénégal a pu maitriser son déficit budgétaire et quasiment mis sous contrôle l’inflation. Mais, la covid-19 a pratiquement bouleversé toutes prévisions ».
Pour s’en convaincre, l’agrégé en droit public met en lumière la dégradation des indicateurs budgétaires qui relèvent « un déficit de plus de 743 milliards en 2021 : 1051 milliards 6,25. Le budget général pour l’année 2021 s’élève à 3090 milliards FCFA en recettes et 3833,9 milliards de FCFA en dépenses ; soit un taux de 5,0%. Le ratio de l’encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au taux nominal est 70% ».
73,8% DE TAUX DE RÉUSSITE
Le taux d’admis à l’examen du Certificat de Fin d’Etudes élémentaires (CFEE) est de 73,8%.
Le taux d’admis à l’examen du Certificat de Fin d’Etudes élémentaires (CFEE) est de 73,8%. L’information est du ministère de l’Education nationale dans un communiqué rendu public hier, vendredi 15 juillet. « L’analyse des résultats révèle qu’on est passé d’un taux d’admission de 62,15% en 2021 à 73,8% en 2022, soit un bond qualitatif de 11,65% », rapporte le document.
Parmi les seize académies du Sénégal, celle de Ziguinchor est arrivée en tête avec un taux d’admission de 88,48%, celle de Sédhiou vient en dernier avec un taux de 62,15%. « Le ministre de l’Education nationale Mamadou Talla félicite les enseignants, les parents d’élèves, les élèves, la DEXCO, les IA, les IEF ainsi que l’ensemble des acteurs qui ont œuvré pour l’attente de cet objectif d’amélioration des résultats du système éducatif », lit-on dans le communiqué.
Et d’ajouter : « En conséquence, le ministre de l’Education nationale exhorte toutes les familles d’acteurs à maintenir la cadence afin d’élever encore le niveau des performances pendant les examens du Bac et du BFEM, conformément à sa vision d’une école de la réussite ». Le nombre total d’inscrits au CFEE était de 296.395.
LA GALÈRE DES MÉNAGES À DAKAR AU LENDEMAIN DE LA TABASKI
Une absence durement ressentie par nombre de ménages avec des femmes devant allier travail professionnel et tâches ménagères.
Il est de coutume maintenant dans presque chaque maison, notamment dans la capitale et les grandes villes Sénégalaises, d’engager au moins une femme de ménage qui s’occupe des tâches ménagères mais aussi des enfants. Seulement, avec la Tabaski, ces femmes retournent dans leurs villages pour passer la fête en famille. Une absence durement ressentie par nombre de ménages avec des femmes devant allier travail professionnel et tâches ménagères.
Nous sommes à Petit-Mbao, un quartier populaire dans capitale sénégalaise, très convoitée du fait de sa proximité avec la mer, la forêt (de Mbao) très calme et où il fait bon vivre. Madame Ngom, une experte comptable dans une banque de la place, n’a plus de bonne. Elle est obligé d’allier tâches ménagères, domestiques et travaux au bureau. «Cela fait une semaine qu’elle est partie ; donc je suis obligée de me réveiller à 4h du matin pour pouvoir finir toutes les corvées avant de me préparer pour le travail», confie-t-elle. Madame Ngom continue sur sa routine et liste les travaux quotidiens qui l’attendent : entre balayer la maison, faire le ménage, la vaisselle et cuisiner au moins deux plats à mettre au réfrigérateur, etc. ses matinées sont chargées. «Quand je fini, il faut que je m’occupe de mon fils qui vient tout juste d’avoir un an, l’amener chez ma maman à 7 heures. Je suis déjà épuisée et la journée vient juste de commencer. Au bureau, je pense déjà à comment gérer la maison après la descente ; ce qui perturbe bien sûre mon travail. Hier, au bureau, mon patron m’a surpris en train de dormir ; une situation qui m’a mis très mal à l’aise».
À côté d’elle, sa voisine, moins âgée et gérante dans une boutique, nous confie qu’elle fait tout la nuit parce qu’elle ne peut pas se lever très tôt. N’ayant personne avec elle, son mari étant à l’étranger, elle poursuit : «le matin, je pars au travail avec des douleurs un peu partout sur le corps parce je souffre d’une maladie chronique». C’est pourquoi elle «implore les femmes de ménage à écourter leur séjour et arrêter de faire 1 ou 2 mois au village sans rien faire, avec toutes les charges qu’elles ont. Et, en plus de cela, les enfants sont très attaché à elles».
ENGAGER UNE NOUVELLE BONNE, NON SANS RISQUES
Les bonnes, encore appelées femmes de ménage ou techniciennes de surfaces semblent incontournable pour nombre de familles surtout des couples de travailleurs. Elles sont d’un grand apport, aident à s’occuper des enfants et surtout des travaux managers qui ne finissent jamais. Mais, du fait qu’à la veille de chaque Tabaski elles retournent presque toutes passer la fête en famille dans leurs village d’origine à l’intérieur du pays, certaines femmes sont obligées d’engager d’autres personnes pour assurer le ménage, le temps que leurs domestiques rentrent. «Cela peut parfois ne pas se passer comme prévu à cause de surprises désagréables ; elles sont souvent victimes de vols. Et même encore pire, leurs enfants sont mal traités par ses soi-disant domestiques. C’est la raison pour laquelle je préfère entendre la mienne, même si c’est dur pour moi. Avec le travail que j’ai vraiment, ce n’est pas évident» dit-elle.
Autre ménage, même réalité. Après 30 minutes d’attente, madame Touré, une sage-femme, nous reçoit et présente des excuses : «j’étais très occupée. Vous avez sûrement constaté que je faisais le linge, ni ma bonne ni celle qui lave les habits ne sont là, donc voilà. Et je dois répartir à l’hôpital 15 heures et il est déjà 14 heures. J’ai pas encore fait à manger, je vais arriver en retard au boulot ; ce qui n’est pas normal puisqu’on s’est engagée à servir notre pays en aidant des femmes à donner des vies. Mais, avec la situation actuellement, nous n’avons pas le choix, je suis obligée de me rendre dans mon lieu de travail à l’heure. Et donc je commande quelque part à manger pour ce soir».
UNE BONNE ORGANISATION ET UN BON PLANNING POUR GERER LA TRANSITION
Dans notre société, on reconnaît et apprécie les valeurs et qualités d’une femme, entre autres, à travers les aptitudes qu’elle a à bien s’occuper de sa maison, certes. «Mais, nous sommes au 21 siècle et maintenant les femmes travaillent. Raison pour laquelle elles n’ont pratiquement plus le temps d’allier leur travail avec les tâches ménagères qui sont parfois très difficiles voire fatigantes, sans parler des enfants et bien sûr nous occuper de nos maris ; donc nous sommes dans l’obligation d’engager une femme de ménage pour qu’elle puisse s’occuper de la maison et des enfants», explique-t-elle.
Rokhaya, une femme de ménage jointe au téléphone, nous dit qu’elle est partie se reposer. «On travail 12 mois sur 12, sans répit, sans congé ni jour de repos. Raison de plus pour profiter de la Tabaski», justifie-t-elle. Très directe dans ses propos, elle affirme qu’elle ne va rentrer qu’après la fête de «Tamkharit» ou «Achoura» qui est célébrée au 10e jour du nouvel an musulman ; soit un mois après la Tabaski dont le mois lunaire, «Zul Hijja», marque le dernier de l’année musulmane. Vue les complaintes des dames et «maîtresses» de maison ayant une vie active très chargée, une bonne organisation, un bon planning pourrait vraiment aider à gérer la situation durant cette période de transition d’un à deux mois.
«NOUS ALLONS NOUS REMOBILISER»
Le directeur technique national, Moustapha Gaye est confiant et reste convaincu de la capacité de Ngagne Desagana Diop et des Lions à aller décrocher la qualification
Bien que méconnaissable lors de la précédente fenêtre Fiba avec à la clé deux larges défaites contre une seule victoire, le Sénégal aura des arguments pour décrocher l’un des tickets qualificatifs pour la Coupe du monde. C’est l’avis du directeur technique Moustapha Gaye qui reste confiant aux «Lions» et à son nouveau staff conduit désormais par Desagana Diop.
Largement ballotée lors de la dernière fenêtre à Alexandrie, l’équipe du Sénégal de basket aura les arguments à faire valoir lors de la prochaine étape des éliminatoires de la Coupe du monde 2023. Le directeur technique national, Moustapha Gaye est confiant et reste convaincu de la capacité de Ngagne Desagana Diop et des Lions à aller décrocher la qualification. «Nous avons une très bonne équipe qui est en mutation. Elle fait un excellent travail. Nous ne devrons avoir peur de personne. Si on y va en disant qu’une telle équipe est bonne, on n’y arrivera pas. Il faut faire en amont le travail que nous devons faire et aller affronter toutes les sélections nationales», indique-t-il. «Je pense qu’il ne faudrait pas avoir peur du Sud Soudan, de la Tunisie ou d’une autre sélection. Nous avons des arguments à faire prévaloir et nous allons nous remobiliser, les jours à venir pour mettre l’équipe dans de très bonnes conditions pour affronter le Sud Soudan, la Tunisie et le Cameroun. Nous n’avons pas peur, on les affrontera et près on évaluera. Nous allons tout faire pour y arriver», confie-t-il.
Cet optimisme du DTN tranche bien d’avec l’implacable constat fait sur l’état du basket sénégalais par Boniface Ndong. Ce, au lendemain les deux défaites subies devant l’Egypte et la Rd Congo en Egypte. Le désormais ex sélectionneur n’avait en effet pas manqué d’épingler le mauvais basket que le Sénégal est en train actuellement de produire. «C’est vrai que nous ne disposons pas de tous nos meilleurs éléments, mais ce n’est pas une excuse. Le Sénégal est un pays de basket et nous produisons tout simplement du mauvais basket actuellement. Il faudra revoir le travail et ne plus penser être au-dessus des autres», laissait-t-il entendre.
Le président de la Fédération sénégalaise de basket n’avait pas manqué en répondre au technicien sénégalais sur la régression du basket sénégalais. «Il n’y a pas de régression du basketball sénégalais et je défie quiconque, aussi bien chez les filles que chez les garçons. J’ai fait 4 Afrobaskets et nous en avions gagnés une. Nous avions perdu 2 finales et c’est simplement cette année que l’équipe s’est classée 4e, parce que tout simplement on avait décidé de rajeunir», avait rétorqué Me Babacar Ndiaye.
La balle est désormais dans le camp du coach De Sagana et du nouveau staff de l’équipe. Ils ont moins de 45 jours pour prendre la balle au rebond et changer la donne face aux prochains adversaires que les Lions affronteront lors de la prochaine fenêtre FIBA prévue à Monastir (Tunisie).
Par Alpha Amadou SY
LE SÉNÉGAL À L’ÉPREUVE DU TRAUMATISME DU TROISIÈME MANDAT
Selon quels critères l’opposition estime-t-elle pouvoir détenir la majorité de l’hémicycle ? Il est impossible de verrouiller une Constitution pour rendre impossible toute interprétation fantaisiste
Quel Sénégalais n’a pas eu à pousser un ouf de soulagement avec le dénouement, comme par miracle, de l’espace politique du pays ? Le radicalisme, affiché par Yewwi Askan Wi suite à l’interdiction de la liste nationale dans la perspective des législatives de juillet 2022, avait fini d’installer le Sénégal dans une situation grosse de tous les périls.
S’inscrivant dans une logique fortement conflictuelle, les forces coalisées de la majorité et celles de l’opposition avaient mobilisé leurs troupes pour faire triompher ces deux mots d’ordre foncièrement antinomiques : quand BBY scandait « les élections se tiendront à date échue », Yewwi retorquait : « pas de scrutin sans notre liste nationale ! »
Cette tension politique, conjuguée aux nombreuses frustrations des citoyens sous la menace du naufrage social, laissait penser que le Sénégal allait vivre le pire le 29 juin 2022, date retenue pour un remake de la mobilisation du 17 juin 2022. La confrontation s’avérait d’autant plus inévitable que YAW, en plus du rejet de sa liste nationale, envisageait de défier l’autorité qui lui aurait arbitrairement interdit d’exercer son droit à la manifestation. Mais, à quelques heures du rendez-vous de tous les dangers, le radicalisme affiché par la coalition de l’opposition dut se soumettre à la « raison démocratique ».
Ainsi, le rassemblement de protestation fut reporté dans le souci de ne rien « faire allant dans le sens de nuire à la population ». Et, d’un même mouvement, YAW informa de sa décision de participer aux législatives avec sa liste de suppléants, donc conformément au verdict des 7 Sages. Ainsi, la logique de la rue cédant sa place à celle des urnes, autorisa Ousmane Sonko à formuler ce nouveau mot d’ordre : « le 31 juillet, il faut voter massivement pour l’opposition pour mettre fin au joug de Macky Sall ».
Notre première interrogation en soulève cette autre beaucoup plus complexe : comment un pays, crédité d’une forte tradition démocratique auréolée de deux alternances politiques, peut s’enfoncer dans une crise pré-électorale participant des maladies infantiles du système démocratique ? Le Sénégal d’aujourd’hui, ayant bénéficié des vertus du Code consensuel sous Diouf, des échanges enrichissants lors des Assises nationales et de l’exceptionnel mouvement citoyen du 23 juin 2011 contre le tripatouillage constitutionnel, a-t-il perdu sa mémoire politique ?
À l’opposition, tout comme à la mouvance présidentielle, l’on peut tout reprocher sauf l’inexistence d’experts aguerris en matière électorale. Et pourtant, ces deux coalitions, ont toutes buté sur la confection de leur liste pour les législatives de juillet 2022. Les copies rendues à la Direction des Élections ont eu des lacunes telles qu’il n’est point superflu de se demander si les 7 Sages, pour sauver le scrutin, n’ont pas fait plutôt de la remédiation au lieu de dire le droit dans toute sa rigidité.
Certes, il est tout à fait loisible de considérer que cette confusion sur les listes est née de la complexité du parrainage. Mais, à partir du moment où le principe du filtrage semblait faire l’unanimité, il suffisait d’organiser de larges concertations pour en déterminer les modalités. Toutefois, cette perspective a été hypothéquée par le manque de confiance entre, d’une part, les différents protagonistes du jeu politique et, d’autre part, entre l’opposition politique et le Conseil constitutionnel.
À ce sujet, ce paradoxe, insignifiant en apparence, en est plus que révélateur. Quand le Conseil constitutionnel a donné raison à YWA dans son différend avec la DGE qui avait rejeté sa liste départementale à Dakar, cette coalition n’a pas applaudi des deux mains. Au contraire, elle a cru plutôt déceler dans ce verdict, une ruse des 7 Sages pour faire avaler aux Sénégalais, dans un avenir proche, la légalité d’un troisième mandat. Ce scepticisme, que YWA partage avec la quasi-totalité de l’opposition politique, ne s’épuise pas seulement dans le manque de confiance envers le Conseil constitutionnel, mais témoigne aussi d’un traumatisme insidieux celui du troisième mandat.
Pour rappel au sortir du mouvement citoyen ayant débouché sur la défaite de Me Wade à la présidentielle de 2012, la question à l’ordre du jour était comment verrouiller la Constitution afin de la mettre à l’abri de tout tripatouillage. Le président de la République avait indiqué sans ambages que le nouvelle Constitution ne lui permettait pas de postuler à un troisième mandat. Plus rassurantes étaient les explications données avec beaucoup de pédagogie par le Professeur Ismaël Madior Fall, expert connu et reconnu du droit constitutionnel.
Sous l’éclairage de l’article 27 de la nouvelle Constitution, il laissait entendre que, à la limite, le troisième mandat était devenu au Sénégal un impensable politique. Mais, l’accalmie née de ces assurances eut la durée de vie d’une fleur. Au détour d’un entretien avec la presse, le Président Mackay Sall répondit à la question de savoir s’il allait briguer un troisième mandat par « un ni oui ni non ».
Cette réponse serait dictée par le souci de voir son gouvernement se focaliser sur des positionnements politiques au lieu d’œuvrer pour une « gestion axée sur les résultats ». Mais, aujourd’hui, si l’on ignore dans quelle mesure cette stratégie a été payante pour Macky Sall sait-on au moins que le « ni oui ni non » a beaucoup contribué à polluer l’atmosphère politique tout en constituant du pain béni pour son opposition politique. La décrispation du moment ne témoigne point, loin s’en faut, de la fin du traumatisme du troisième mandat. Elle résulte de la stratégie consistant à mettre à profit les urnes pour résoudre, dès le 31 juillet, l’épineuse question de la candidature du président Macky Sall en 2024. Dès lors, l’objectif que s’est assigné YWA est de traduire en unités cartes, les voix de tous les citoyens décidés d’en finir avec le régime actuel afin de devenir la majorité parlementaire. Toutefois, ce défi n’est pas sans soulever un certain nombre d’interrogations : les suppléants, miraculeusement portés au-devant de la scène électorale, seront-ils aussi performants que les titulaires ?
Au regard des récriminations engendrées par la confection par Khalifa Sall, cette coalition saura-t-elle sauvegarder cette unicité que requiert ce défi ? Déjà, le leader de Bés Du Ñakk ne s’est pas contenté de quitter la coalition, il a demandé aussi à « ses militants, ses électeurs et aux citoyens à ne pas voter pour YWA ». Cependant, la grande curiosité est de savoir selon quels critères l’opposition estime -t-elle pouvoir détenir la majorité de l’hémicycle ? Tous ceux qui répondent à ses manifestations sont-ils inscrits sur les listes ? Inscrits, sauront-ils faire montre de rigueur pour se donner la peine d’aller « jeter leur carte » ?
En tout état de cause, il est fort probable de voir l’opposition politique renouer avec la stratégie de la rue si l’objectif de devenir majoritaire n’est pas atteint. Cette possibilité interroge sur la disposition de certaines composantes de YWA à suivre le leader de Pastef dans le radicalisme qui lui est crédité. Cette lecture du champ politique serait escamotée si l’on n’intègre pas la réponse définitive que le secrétaire général de l’APR compte donner. S’il est vrai qu’il est dans son bon droit de fournir sa réponse au moment où il le jugera nécessaire, il reste que son devoir est de tenir en compte du fait que la tension politique, générée par son « ni oui ni non », conjuguée aux effets fort pervers du Covid 19, de la guerre d’Ukraine et de l’instabilité des pays frontaliers, fait suffoquer les Sénégalais.
En attendant le dénouement, il nous est loisible de tirer cette leçon à la lumière des controverses en cours : par nature et par expérience, il est impossible de verrouiller une Constitution pour rendre impossible toute interprétation fantaisiste.
Évidemment, il est toujours utile de formuler le maximum de recommandations possibles, mais force est de reconnaitre qu’une Loi fondamentale est toujours un condensé. Partant, la seule possibilité est, au-delà de la bonne foi, d’être commandée par l’esprit républicain que garantit l’éthique. Cette dimension éthique est au cœur du projet démocratique. Sa portée, est, que, entre autres, elle conçoit la prise de parole sous le double rapport du droit à l’expression et du devoir d’honorer la parole donnée. Plus prosaïquement, le sujet, qui a la latitude d’exercer devant ses pairs son droit à se faire écouter et à être entendu, est, de facto, lié par l’exigence de respecter sa parole.
Cette réciprocité du droit et du devoir, dans la culture wolof, établit entre l’Homme et la Parole, une relation d’une étroitesse qui frise l’osmose : Nit/Kàddu. Cette valeur fait partie de celles constitutives de « l’humanitude » ; lesquelles sont donc universelles. C’est pourquoi, les hommes, au-delà de leurs différences ethnique, religieuse, territoriale et politique peuvent partager le même idéal de liberté, de fraternité et de justice sociale. Et étant donné que la réalisation du projet républicain est largement tributaire de son appropriation par les citoyens, alors les différents protagonistes du jeu politique sont mis en demeure de veiller scrupuleusement à l’exemplarité des actes qu’ils posent.
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SUD GEOPOLIS DU 15 JUILLET 2022 AL HASSANE NIANG COALITION NATANGUE ASKAN WI