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20 juin 2025
IL N'EST JAMAIS TARD POUR ENTENDRE RAISON
Suite à la décision de Yewwi Askan Wi de reporter leur manifestation d’hier, Aminata Touré a réagi. Selon la tête de liste nationale de BBY, les jeunes ont compris le « jeu » de Sonko
Après la sortie des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi qui ont décidé d’annuler leurs manifestations prévues hier sur l’étendue du territoire national, la tête de liste nationale de Benno Bokk Yaakar (BBY) a réagi. Aminata Touré a déclaré : « je salue surtout la maturité du peuple sénégalais qui rejette la violence ». Selon l’ancien Premier ministre, la démocratie sénégalaise ne peut pas être ébranlée. « La démocratie sénégalaise est ancrée et solide, elle s’est bâtie sur des décennies. Il ne saurait être question de la défigurer. Il y a quand même eu trois morts qui auraient pu être évités, si Yewwi avait décidé le 17 juin dernier de faire ce qu’ils ont fini par faire hier, c’est-à-dire respecter les arrêtés des préféts. Ce sont des familles endeuillées et des jeunes partis à la fleur de l’âge. Et cela aurait pu être évité. C’est mon vœu que plus jamais cela et que l’on retrouve les pratiques politiques qui font la singularité du Sénégal en Afrique», a -t-elle dit.
Pour Aminata Touré, les jeunes ont compris le « jeu » de l’opposition. « Il faut que notre démocratie continue à s’enraciner dans sa tradition de paix. C’est notre premier produit intérieur brut surtout dans notre environnement sous-régional où certains pays-frères font face à de nombreux défis sécuritaires. Ça, les Sénégalais l’ont bien compris, que sans paix et stabilité, rien n’est possible et ont rejeté la violence comme nouveau mode d’expression politique. Ils n’ont pas répondu aux appels à manifester et les jeunes se sont organisés pour qu’on ne “brûle” pas dans leur quartier», a-t-elle expliqué.
Poursuivant, l’ancienne présidente du Conseil économique social et environnemental (CESE) indique : « Le message de ras-le-bol des Sénégalais et des Dakarois en particulier a été reçu 5/5 par Yewwi. Et bien évidemment comme dans tout Etat qui se respecte, la sécurité des personnes et des biens est assurée. En tout état de cause, il n’est jamais trop tard pour entendre raison et j’espère que cette raison va perdurer et que la campagne se déroulera normalement avec des propositions et des idées pour faire avancer le Sénégal ».
CES PÈRES DE L'INDÉPENDANCE AFRICAINE ASSASSINÉS
Patrice Emery Lumumba, Barthélémy Boganda, Um Nyobé ou encore Félix Moumié... de nombreux leaders des indépendances africaines ont été éliminés. Cela a marqué l'histoire du continent africain
C'est ce jeudi 30 juin 2022 qu'a lieu à Kinshasa, la cérémonie d'inhumation de la relique de Lumumba dans un site aménagé sur une grande artère qui porte son nom à Kinshasa en RDC.Un deuil national a commencé le 27 juin au moment où l'avion transportant la dent qui a été restituée le 20 juin par la Belgique à la RDC a atterri à Kinshasa. Cet assassinat politique, comme ceux d'autres leaders des indépendances, sont au cœur d'un ouvrage paru en 2020 aux éditions l'Harmattan.
Karine Ramondy, l'auteure de ce livre, s'entretient avec Wendy Bashi et revient sur ce sombre épisode de l'histoire du continent africain.
Karine Ramondy : Je suis partie de la figure de Lumumba, et la chronologie qui m'intéressait, c'était ce moment d’accélération de l'histoire, au moment où des personnalités prennent en charge le basculement d'une décolonisation vers les indépendances qu'ils vont incarner, ce qui était censé être le monde de demain. J’ai été particulièrement frappée de constater que sur un espace aussi restreint, si on est à l'échelle mondiale, en Afrique centrale, il y avait déjà plusieurs personnalités qui avaient été assassinées dans ce tournant des années 60.
DW : Est-ce que Lumumba, Um Nyobè, Moumié ou Boganda étaient une menace pour les colons qui ont tout de même fini par "donner" leurs indépendances aux anciennes colonies ?
Karine Ramondy : Oui, bien sûr, mais quelle indépendance ? C'est la question qu’il convient de se poser. Si c'est une indépendance qui marque une re-dépendance avec la signature d'accords bilatéraux extrêmement favorables à l'ex-colonie, on ne peut pas considérer que c'est une indépendance. Or, ce que souhaitaient notamment les leaders camerounais et Patrice Emery Lumumba, c'était véritablement une indépendance, c’est-à-dire récupérer un certain nombre de prérogatives de l'Etat et considérer que désormais, la nation qu'ils allaient conduire avait son autonomie, son indépendance dans la façon de concevoir sa politique extérieure, sa politique intérieure, comment ses ressources et son sous-sol allaient être utilisées, à qui elles allaient être vendues. Et tout cela, évidemment, constituait des menaces sur la façon dont les métropole concevait l'après-indépendance. Et donc, ces leaders sont très vite devenus encombrants.
DW : Pensez-vous qu’en allant au devant d’une grande structure comme celle qu’était la colonisation et toute la violence qu’elle a pu générer, ces leaders des indépendances étaient conscients de la fin quasi-inévitable qui a été la leur ?
Karine Ramondy : Je pense qu'ils avaient tous intégré qu'il y avait cette possibilité. Que ce soit dans leurs écrits, dans leurs discours, dans les lettres qu'ils écrivent dans la sphère privée, à peu près tous ont intégré qu'ils peuvent mourir pour ce qu'ils sont en train de faire. Ils l'ont tellement bien intégré, que certains les voient aujourd'hui comme des martyrs. Mais je crois que, foncièrement, il y a chez eux un jusqu'au-boutisme qui fait que, avec leur formation d'outsider, la plupart de ces leaders n'étaient pas destinés à gouverner, ils viennent tous de milieux sociaux relativement défavorisés et ils n'ont pas eu de formation à gouverner. Ils se sont formés par leur rencontre, à l'école des Missions, puis ensuite parfois dans des groupes politiques comme les leaders camerounais, les groupes d'études communistes notamment, qui étaient présents à Douala et à Yaoundé et qui font véritablement qu’ils ont intégré que leur mission, c'était véritablement de développer un sens du pas de côté par rapport aux anciennes colonies, en développant une politique extérieure avec plusieurs interlocuteurs. Et ça, c'est quelque chose qui ne leur a absolument pas été pardonné.
DW : A la lueur du combat des pères de l’indépendance sur le continent africain, quel regard portez-vous sur les mouvements citoyens comme la Lucha, Filimbi, Y en a marre ou encore le Balais citoyen ?
Karine Ramondy : Ce qui est sûr, c'est que ces mouvements citoyens ont comme référence Lumumba et que beaucoup de jeunes aujourd'hui ont besoin de cette référence. Parce que ces mouvements constituent véritablement ce qu'on appelle des sentinelles de la démocratie. On a besoin, dans un pays, et notamment dans l'est du Congo, de mouvements qui incarnent la possibilité d'un avenir meilleur.
DW : Dans votre ouvrage, vous dites que tous ces leaders assassinés, le plus traqué aura été Patrice Lumumba, poursuivi par toutes les grandes agences de renseignements. Pourquoi cet acharnement sur Lumumba ?
Karine Ramondy : Je pense que c'est de loin le plus charismatique, le plus connu. Il est celui qui a le plus voyagé avant sa mise à mort. Peut être que Nyobè aussi aurait eu une aura aussi forte. Lumumba a cristallisé énormément de tensions, de haine, tout simplement parce qu'il est aussi le jeune Premier ministre d'un État qui détient de l'uranium, des minerais et dans un contexte de guerre froide, ça compte. Et c'est aussi en Afrique centrale, un pays très important. En plus, à mesure que Lumumba se rapproche du Ghana, de Kwame Nkrumah ou de la Guinée de Sékou Touré, qu’il essaie de créer un pôle panafricain en Afrique centrale, cela a cristallisé énormément de tensions et de haine sur sa personnalité, y compris chez les Congolais. Certains Congolais, notamment du Katanga, ont aussi beaucoup de haine, mais aussi de la part de certains leaders d’Afrique occidentale qui voyaient d'un mauvais œil cette structuration autour d'un pôle en Afrique centrale qui pourrait venir contrecarrer un peu les visées politiques de certains leaders d'Afrique centrale.
MALI : LA NOUVELLE LOI ÉLECTORALE, DU PAIN BÉNIT POUR ASSIMI GOÏTA
Le 24 juin, le président de la transition a promulgué la loi régissant les futurs scrutins. Ce texte clé lui permet notamment de se porter candidat à la future présidentielle. Jeune Afrique en détaille les principaux points
Jeune Afrique |
Fatoumata Diallo |
Publication 30/06/2022
Elle a été combattue par une partie de la classe politique et a suscité d’âpres débats au sein du Conseil national de transition (CNT), mais cela n’a pas découragé Assimi Goïta. Ce vendredi 24 juin, le président de la transition a promulgué la nouvelle loi électorale. Dans la version finale, publiée au Journal officiel, l’homme fort de Bamako a choisi la version amendée par le CNT – 92 amendements ont été apportés à 219 articles du texte proposé par le gouvernement –, au risque de fâcher le chef du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga, dont le camp avait fortement contesté les ajustements apportés par l’organe législatif.
Ce texte, qui fixe les règles régissant les prochains scrutins électoraux devant mettre fin à la transition, apporte des changements majeurs, qui s’avèrent être favorables à la junte au pouvoir. Jeune Afrique en décrypte les principaux points.
Vers une candidature de Goïta ?
C’est sans doute le point majeur de cette loi. Les colonels à l’origine du renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta s’octroient, avec ce texte, la possibilité de rester au pouvoir après la transition. En effet, l’article 155 relatif aux dispositions particulières à l’élection du président de la République stipule que « tout membre des forces armées ou de sécurité qui désire être candidat aux fonctions de président de la République doit démissionner ou demander sa mise à la retraite au moins six mois avant la fin du mandat en cours du président de la République ». Mais ce délai est raccourci en temps de transition : il leur suffit de quitter leur fonction quatre mois avant un scrutin pour pouvoir être candidat.
Concrètement, avec cette loi, Assimi Goïta, Sadio Camara, Ismaël Wagué, Malick Diaw ou encore Abdoulaye Maïga sont tous éligibles pour concourir à la présidentielle. Une mesure qui vient contredire la charte de la transition avalisée par ces mêmes colonels et promulguée le 1er octobre 2020.
L’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) à la manœuvre
L’article 3 de ce texte de loi consacre la création de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige), l’une des recommandations des Assises nationales pour la refondation du Mali lancées en décembre dernier par le gouvernement. Cet organe indépendant, jugé indispensable par l’exécutif en vue de l’organisation des futures élections, va être composé d’un secrétaire général, d’un collège délibératif et d’un bureau exécutif. Ses membres doivent être nommés ou sélectionnés selon des modalités permettant de garantir leur indépendance et leur probité.
AU SAHEL, LA GUERRE TUE DE PLUS EN PLUS LES CIVILS
2.057 civils ont été tués au Mali, Niger et Burkina Faso depuis le début de l'année, soit déjà plus que les 2.021 recensés pour toute l'année 2021. Depuis 2022, à chaque mois son lot d'attaques. Les populations sont prises dans un engrenage de massacres
Le conflit au Sahel fait chaque année plus de morts et les civils, pris dans un engrenage de massacres et de représailles, sont les premières victimes, révèlent statistiques et observateurs.
2.057 civils ont été tués au Mali, Niger et Burkina Faso depuis le début de l'année 2022, soit déjà plus que les 2.021 recensés pour toute l'année 2021, a constaté l'AFP à partir d'une compilation effectuée par l'ONG spécialisée Acled.
Depuis 2022, à chaque mois son lot d'attaques. Et des noms de villages résonnent désormais comme autant de massacres qui s'accumulent: en juin, Diallassagou au centre du Mali (132 civils tués) et Seytenga au Burkina Faso (86 civils tués). En mai, Madjoari, dans l'est du Burkina Faso, (une cinquantaine de morts selon les autorités). En mars, Moura dans le centre du Mali (300 civils tués par l'armée selon l'ONG Human Rights Watch)...
Au total, selon Acled, 11.276 civils ont été tués dans les trois pays sahéliens depuis le début du conflit en 2012.
"Nos familles meurent par centaines, et on a l'impression que cela n'intéresse pas les gens", témoigne à l'AFP un ressortissant malien de la région de Ménaka, également théâtre d'affrontements meurtriers ces derniers mois.
Assis à Bamako, le regard vide, il déplore que les morts ne se comptent parfois plus que par fourchette ("des dizaines, des centaines"). "Quand ça se passe dans le nord du Mali dans le désert, il n'y a pas souvent de communiqué de l'Etat", se désole-t-il.
"Alors on les enterre et on avance", conclut-il, fataliste.
Entre 2012 et 2017, les morts de civils se comptaient par centaines. Cela s'est subitement accéléré ensuite. Selon Acled, la barre des 1.000 morts civils par an au Sahel a été dépassée en 2018, celle des 2.000 en 2019.
De manière générale, la multiplication des massacres a fait "doubler ces deux dernières années le nombre de victimes" au Sahel, observe Mahamadou Abdouramahni, coordinateur au Niger de l'African Security Sector Network (ASSN).
"Indifférence"
Au Sahel, "les civils meurent dans l'anonymat et l'indifférence", corrobore un défenseur des droits de l'homme malien, qui ne souhaite pas donner son nom. "Alors qu'il y en a de plus en plus!", s'indigne-t-il.
Et la zone géographique des violences s'étend. D'abord cantonnées au nord du Mali au début du conflit, elles ont gagné le centre et les pays voisins, Burkina Faso et Niger. Aujourd'hui, elles se propagent vers le sud du Mali, note Bokar Sangaré, rédacteur en chef du site d'information malien Benbere. Et vers certains pays côtiers du golfe de Guinée, comme le Togo, victime début mai de la première attaque jihadiste meurtrière officielle.
Les principaux acteurs du conflit sont pointés du doigt: les armées nationales, la nébuleuse jihadiste d'Al-Qaïda ou encore le mouvement affilié au groupe Etat islamique.
Ce dernier, qui opère principalement dans les régions frontalières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso "a toujours été dans une stratégie de violences à l'encontre des populations pour asseoir sa domination", souligne M. Sangaré.
De nombreux observateurs attribuent le récent massacre de Seytenga à l'Etat islamique, même s'il n'était toujours pas revendiqué lundi. "Ils ouvraient les portes des maisons pour rentrer et exécuter","ils tiraient sur ceux qui tentaient de fuir", racontaient à l'AFP des rescapés quelques jours plus tard.
Le nombre de civils tués dans des attaques attribuées à des groupes extrémistes a quasiment doublé depuis 2020 et celui attribué aux forces de défense "est reparti dramatiquement à la hausse début 2022", a noté récemment la Coalition citoyenne pour le Sahel, une coalition d'ONG ouest-africaines.
Malgré des années d'intervention militaire, les acteurs présents (Etats, ONU, forces armées étrangères) ont été incapables d'enrayer les violences contre les civils et les perspectives ne s'améliorent pas, disent en coeur toutes les personnes interrogées.
Elles citent plusieurs raisons de s'inquiéter: une stratégie toujours en place du "tout-militaire" unanimement adoptée en réponse à l'expansion jihadiste (encore prouvée fin juin par la mise en place de "zones d'intérêt militaire" où "toute présence humaine est interdite" au Burkina Faso), l'incapacité des Etats à contrôler les immensités rurales où prolifèrent les jihadistes, des amalgames toujours présents entre certaines communautés nomades et le jihad, le retrait définitif des forces armées française de Barkhane du sol malien à venir...
Ce retrait, programmé pour la fin de l'été, "aura des conséquences sur la protection des civils", s'inquiétait début juin le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
LA FORCE SPÉCIALE DÉPOSÉE À REBEUSS
Les éléments de l’enquête révèlent que ces personnes avaient l’intention de semer le trouble à l’ordre public le 17 juin dernier, jour de la manifestation interdite de Yewwi askan wi
Les membres de la «Force spéciale» ont passé hier leur première nuit en prison. Le juge d’instruction du deuxième cabinet a suivi le réquisitoire introductif du Parquet en les plaçant sous mandat de dépôt. Les éléments de l’enquête révèlent que ces personnes avaient l’intention de semer le trouble à l’ordre public le 17 juin dernier, jour de la manifestation interdite de Yewwi askan wi.
C’est la prison pour les membres de la «Force spéciale», qui devaient provoquer des troubles à Dakar en sabotant des installations de la Senelec. Les 10 ont été placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du deuxième cabinet, qui a suivi le réquisitoire du ministère public. Ces personnes sont poursuivies pour les délits de complot contre l’autorité de l’Etat, actes de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en vue d’organiser des bandes en leur fournissant des armes, munitions, dans le but de s’attaquer à la force publique, détention et transport de produits et substances incendiaires en vue de compromettre la sécurité publique et détention illégale d’arme à feu.
Déférés vendredi dernier, ils avaient fait l’objet de trois retours de Parquet. Il s’agit de Pape Ousmane Seck, Bouna Ba, Madické Diop, Abdoul Aziz Niang, François Mancabou, Babacar Ndao, Abdoulaye Ndiaye, Assane Dramé, Mor Guèye, Ibrahima Diédhiou et Abdoul Aziz Niang. D’après les éléments de l’enquête, le 17 juin dernier, lors de la manifestation interdite de la coalition Yewwi askan wi contre l’invalidation de la liste nationale titulaire aux Législatives, ils voulaient en profiter pour mener des actions contre l’Etat. L’objectif était de saboter des centrales électriques, le Train express régional (Ter), d’assassiner des personnalités politiques, de la Société civile, de s’en prendre aux intérêts français, selon toujours les investigations de la police. Et le poste électrique de la Société nationale d’électricité, situé à la sortie 10 de l’Autoroute à péage, a été visé par Mor Guèye, interpellé à Rufisque «en même temps qu’un groupe d’individus en train de transporter à bord d’un véhicule, des substances explosives telles que des cocktails Molotov, fusées fumigènes et des armes». Car il était une cible du commando de la «Force spéciale» dont plusieurs éléments ont été interpellés en prélude à la manifestation interdite de Yaw vendredi dernier.
Face aux enquêteurs, il avait déclaré que dans la nuit du 16 au 17 juin 2022, aux environs de 2h, son groupe dénommé «Force spéciale» avait attaqué un poste électrique de la Senelec. L’objectif était de «créer une panne électrique dans le secteur». Il a ajouté avoir été cette nuit en compagnie du prénommé Aliou dit Doune Khaf». Lequel a jeté le cocktail sur le poste, mais n’a pas eu l’effet escompté du fait d’une faible détonation. Après son acte, il a rendu compte au prénommé Akhenaton, alias Commando Cojak. Par ailleurs, ils avaient «ciblé d’autres installations qui pourraient créer de graves troubles».
En poussant leurs investigations plus loin, les enquêteurs de la Sûreté urbaine ont pu établir la véracité de tout ça. Car les déclarations des mis en cause ont été certifiées par Sellou Baldé, gardien d’un garage de mécaniciens et d’électriciens en face du poste de la Senelec. Selon lui, il a subitement vu les câbles du poste de la Senelec prendre feu cette nuit, pensant qu’il s’agissait d’un court-circuit. Cependant, au bout de quelques minutes, le feu s’est éteint, assure-t-il. Aujourd’hui, l’enquête se poursuit au niveau du juge d’instruction du deuxième cabinet.
DES PROCHES DE GAKOU TOURNENT LE DOS À AHMED AÏDARA
Dans la coalition Yewwi askan wi au niveau de Guédiawaye, les responsables ne parlent pas le même langage à un mois des élections législatives
Dans la coalition Yewwi askan wi au niveau de Guédiawaye, les responsables ne parlent pas le même langage à un mois des élections législatives. Hier, lors de la conférence de presse du maire Ahmed Aïdara, des responsables du Grand parti, en l’occurrence Mor Diaw, Mbacké Diaw et Tayrou Konatè, ont claqué la porte de la rencontre entre l’édile et les journalistes. De plus, des responsables de Pastef annoncés à la conférence de presse, ont brillé par leur absence. Une situation qui semble montrer un malaise au sein de cette coalition qui a remporté la Ville et deux communes lors des élections locales du 23 janvier dernier. Tayrou Konaté, du Grand parti, a fustigé devant la presse le comportement du maire. «Ce n’est pas sérieux ce que fait Ahmed Aïdara. Il ne représente rien ! Son élection est le fruit du travail de la coalition Yaw. Mais lui seul ne peut rien faire», a dit M. Konaté, tête de liste Yaw à Wakhinane-Nimzatt lors des Locales.
AHMED AÏDARA RÈGLE SES COMPTES
Après 10 jours en prison comme «otage politique» d’après ses termes, le maire de Guédiawaye avertit le régime que l’intimidation ne passera pas
Après 10 jours en prison comme «otage politique» d’après ses termes, Ahmed Aïdara avertit le régime que l’intimidation ne passera pas. Le maire de Guédiawaye considère que les actes du régime sont justifiés par le désir de Macky Sall de faire un 3ème mandat.
Après 10 jours en prison, le moral de Ahmed Aïdara est loin d’entre entamé. En point de presse à la mairie de Guédiawaye, le maire qualifie son séjour carcéral de «prise d’otage politique». D’ailleurs, le leader du mouvement Guediawaye la bokk compte poursuivre le combat. «L’intimidation ne passera pas. Nous sommes déterminés à faire face à ce régime liberticide qui instrumentalise la Justice pour briser les opposants, en se servant des Forces de défense et de sécurité dont les méthodes sont dignes de la Gestapo salazariste», a tonné le maire de Guédiawaye. Le tombeur de Aliou Sall dit avoir subi les actes d’une «police qui agit et réprime au mépris des droits les plus élémentaires des citoyens, sous les ordres d’un Préfet couché et partisan».
Mais, a-t-il prévenu, la «préservation de notre dignité et la volonté de conserver à tout prix nos libertés ne se négocient point et ne sont en rien entamées ni émoussées». Ahmed Aïdara fustige aussi un «régime cynique qui joue avec les libertés des citoyens» alors que, constate-t-il, un vent de démocratie est en train de souffler un peu partout en Afrique de l’Ouest. «Le régime monarchique de Macky Sall continue de donner des coups mortels à nos libertés», s’indigne-t-il. Le maire de Guédiawaye a rappelé l’affaire Boughazelly et les corps de contrôle épinglant des responsables du régime «au nez et à la barbe d’une Justice bâillonnée».
D’après lui, les pratiques actuelles du régime sont justifiées par le désir du Président Macky Sall de briguer un 3ème mandat. «Restreindre nos libertés afin d’imposer un 3ème mandat illégitime et illégal, le Sénégal n’est ni une monarchie ni un royaume. Comme je le dis dans la revue de presse, le 3ème mandat est interdit dans ce pays», a-t-il conclu.
L'INTERVENTION DES RÉGULATEURS SOCIAUX POUR DÉCRISPER LA TENSION POLITIQUE
Si les leaders de Yaw ont annoncé hier avoir renoncé à leur manifestation du fait de la Tabaski et de la tenue des examens scolaires, l’intervention en coulisse de certains régulateurs sociaux y a été aussi pour quelque chose
Le vent de décrispation souffle sur le landerneau politique. Si les leaders de Yaw ont annoncé hier avoir renoncé à leur manifestation du fait de l’approche de la Tabaski et la tenue des examens comme le Bac technique et général, l’intervention en coulisse de certains régulateurs sociaux y a été aussi pour quelque chose.
Car la coalition Yewwi askan wi a décidé de renoncer à sa mobilisation d’hier, qui a été interdite, grâce à une demande de Thierno Madani Tall, khalife de la famille omarienne, Babacar Ngom, président directeur général de la Sedima, Ababacar Mboup, coordonnateur de Samm jikko yi, Mody Guiro, Secrétaire général de la Cnts, Mawdo Malick Mbaye et des officiers de l’Armée à la retraite.
Ces médiateurs de l’ombre discutaient avec Khalifa Sall, Dame Mbodji et Ousmane Sonko qui ont accepté de renoncer à la mobilisation. Hier, Babacar Ngom s’est même rendu au siège du Parti pour le rassemblement, où a eu lieu le point de presse de Yaw, pour rencontrer les différents leaders de la coalition de l’opposition.
par Pape Nouha Souane
LE LANGAGE DÉMOCRATIQUE DU RÉGIME DE MACKY SALL
Le slogan du président : « gouvernance sobre et vertueuse » s’est muté en une gouvernance sombre, tortueuse et cahoteuse. Niant les principes les plus élémentaires de la démocratie : droits et libertés fondamentaux saccagés, piétinés
Gouvernance brutale, agressive, violente… symbole de méthodes révolues. Le slogan du président Macky Sall : « gouvernance sobre et vertueuse » s’est muté en une gouvernance sombre, tortueuse et cahoteuse. Niant les principes les plus
élémentaires de la démocratie : droits et libertés fondamentaux saccagés, piétinés. Interdictions répétitives de manifestations, opposants (les députés Déthié Fall, Mame Diarra Fam, Bara Dolly Mbacké, le maire Ameth Aïdara), Amadou Bâ, cadre
du parti Pastef, activistes...arrêtés. Aujourd’hui, les acquis démocratiques enregistrés dans ce pays avant 2012, année marquant l’accession de Macky Sall à la magistrature suprême, sont en souffrance.
Récemment, les nombreuses arrestations constatées le 17 juin 2022, à Dakar attestent l’état de déliquescence très avancé dans lequel le régime en place tente de confiner les droits et libertés des citoyens, les menant vers l’effondrement. Enlèvements de citoyens exerçant leur droit défini et garanti par la constitution.
Aux dirigeants du régime actuel, incarné par le président Macky Sall, faudrait-il leur rappeler, ceci : ce pays n’est pas une monarchie, encore moins leur bien privé. Et lui-même, en tant que président, doit, et c’est une obligation dans un pays normal et civilisé, où les institutions de la République fonctionnent sans entrave, se soumettre à la constitution. Les déclinaisons de cette dernière ne sont pas là pour ses caprices et ses humeurs, et on ne gouverne pas un pays selon ses sensations. C’est une honte, une vraie calamité sidérante de vouloir étouffer les libertés individuelles et collectives canonisées, constitutionnalisées. Hélas mille fois ! Qu’on parle d’autorisation pour manifester. La teneur du mot « autorisation » renseigne, à suffisance, sur le
pouvoir excessif de l’autorité. Alors qu’elle doit être simplement informée : ni plus ni moins. Le Sénégal est un pays très difficile à cerner. Parce qu’une République normale n’interdit pas à tout-va à ses populations de manifester, d’exprimer leur colère. Sa mission : c’est de créer les conditions, un cadre propice, à leur expression. Ici, au regarde des interdictions fréquentes, l’autorité semble mélanger l’exception et la règle au grand bonheur du prince : le manitou. Il fait et défait tout . L’absolutisme !
Jusqu’à présent, j’ai du mal à comprendre le kidnapping d’opposants, visiblement pacifiques. Sans aucun motif valable. Des pratiques rétrogrades. L’opposition est vitale pour une démocratie. A cet égard, elle mérite d’être traitée avec élégance, respect et dignité. Tenter de la « réduire à sa plus simple expression » traduit l’échec cuisant du pouvoir. Quel désastre ! Moribond est tout régime qui se donne pour mission d’écraser ses opposants, d’étouffer la liberté de ses citoyens. Avec ce régime, l’expression d’un droit fondamental- celui de manifester, de se regrouper pour défiler, de s’organiser pour contester, de protester en marchant dans la rue- se heurte à une répression policière, parfois aveugle. Et, le tout moulé par une justice expéditive, aux ordres, téléguidée…traquant les voix dissonantes. Qui dénoncent ses orientations et actions. Ordonnée et encouragée par le pouvoir en place, cette répression crée le chaos, avec des conséquences affreuses.
Jamais ce pays, généralement cité comme une démocratie en Afrique de l’Ouest (je me méfie toujours de démocratie mécanique (nombre), électoraliste : changement de régime ou alternance. Ces facteurs ne suffisent pas, à mes yeux, pour parler de démocratie), n’avait connu, hors de ses moments d’éclipse démocratique, un tel déchaînement de violence : judiciaire et policière.
Déferlement répressif ! Sidérant a été le bilan des événements de mars 2021 : 14 jeunes sénégalais tués, des arrestations, des blessés, des gueules cassées, des mains ou pieds arrachés, des séquelles physiques…Rappelons que le combat pour la justice, la liberté, la transparence dans le cadre du processus électoral et la gestion de nos ressources (halieutiques, minières, pétrolières…), le respect du droit des citoyens, la cherté de la vie (flambées des prix des denrées alimentaires), problématique d’accès au logement, à la santé, à une eau potable, au transport…toutes ces préoccupations sont des enjeux qui, à mes yeux, dépassent tel ou tel « leader » politique. Dans la mesure où, au fond, ils font appel également au droit des citoyens. C’est donc simpliste, à la milite réducteur, de vouloir mettre le curseur sur une ou des « personnalités » politiques pouvant profiter de cette « résistance ». Les manifestants sont assez avertis et conscients des enjeux de leur engagement. Sur le continent africain, au regard de l’histoire récente, les régimes tombés (en Guinée, au Mali, au Burkina, le printemps arabe) ont été balayés, ou du moins précipités par des mouvements de manifestation populaire.
De la révolte spontanée de mars 2021 aux mobilisations des organisations syndicales représentatives, en passant par celle des personnes à mobilités réduites (PMR) ou des invalides (anciens policiers), aucune contestation n’a été à l’abri de répression
policière. Avec ce régime, c’est la généralisation de la violence face à toute remise en cause venue du mouvement de la société. Ils se trompent de cible. La véritable lutte à engager, c’est celle de mener la croisade contre la pauvreté et la faim : elles assaillent les populations, le monde rural et urbain.
Ceux qui détiennent le pouvoir ou qui en profitent voudraient que seul le peuple soit transparent (fiché, surveillé, fliqué, repéré, espionné) tandis qu’eux-mêmes se dérobent, barricadés dans un secret qu’ils ne cessent de revendiquer et de renforcer. Alors qu’ils doivent rendre des comptes aux citoyens, sortir de leur confort et répondre aux interpellations des gouvernés. Parce qu’ils sont des serviteurs. Ainsi, le contraste entre la protection et l’indulgence dont bénéficient délinquance étatique ou corruption économique et la répression constamment exigée et assumée face aux mouvements sociaux, jusqu’à banaliser des violences policières, suffit pour dire que notre démocratie est en péril. Est complice du pire un pouvoir qui, pour perdurer, ruine toute éthique démocratique, ment à répétition et sans arrêt, violente les libertés, manoeuvre dans le but de disqualifier une partie de ses opposants de toute compétition électorale, les calomnie, assume son indifférence à l’injustice, pousse à la faute les forces de l’ordre, etc. Ce pays est à redresser pour sauver sa démocratie.
IL NOUS FAUT BÂTIR, NOUS AFRICAINS, NOTRE PROPRE RÉCIT
L’écrivain Amadou Elimane Kane appelle les Africains à bâtir leur propre discours et de proposer un récit qui leur est propre. Il a aussi évoqué les liens qui existent dans la littérature, la mémoire et la renaissance africaine
Invité à prononcer la leçon inaugurale de la première édition du Festival international de littérature de Dakar (FILID), Amadou Elimane Kane a appelé les Africains à bâtir leur propre discours, leur propre récit. « Il nous faut, nous Africains, bâtir notre propre discours, notre propre récit sur nousmêmes, par nous-mêmes, pour nous-mêmes et sur l’humanité », a soutenu l’écrivain, hier lors de la cérémonie d’ouverture du FILID sous l’initiative de Abdoulaye Fodé Ndione. Kane a déclaré que personne ne le fera à la place des Africains. Il a proposé dans cette perspective d’aborder la question du lien qui existe entre la littérature, la mémoire et la renaissance africaine. « Autrement dit, comment la littérature peut jouer un rôle afin de mettre en lumière le patrimoine historique et culturel et oeuvrer ainsi pour la renaissance africaine. Cet éclairage est selon moi source de paix, de justice et d’harmonie pour le continent africain. Je voudrais tout simplement dire que sur le socle fondateur des civilisations, la littérature tient une place prépondérante », a fait savoir l’écrivain.
Pour lui, la littérature est le médium qui met en exergue l’héritage culturel, historique et social, tout en précisant qu’iI est un des symboles de la mémoire collective, une inscription conjuguée à tous les temps par sa nature intemporelle. « La littérature représente un espace d’expression singulier tourné vers la liberté, la créativité tout en étant le reflet de l’humanité. La littérature est un art majeur créé par les hommes pour raconter la vie », a souligné Amadou Elimane Kane.
Pour rappel, la première édition du FILID, ouverte hier à Dakar, prendra fin vendredi avec au menu diverses activités dont des panels, conférences. Des prix seront également remis dans deux catégories qui portent le nom d’Annette Mbaye D’Erneville et Cheikh Hamidou Kane. Plusieurs écrivains sénégalais et étrangers participent à cet événement littéraire d’envergure mondiale.