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20 juin 2025
BROUILLE ENTRE MADRID ET BAMAKO
L'ambassadeur d'Espagne a été convoqué vendredi par le gouvernement malien après des propos du ministre espagnol des Affaires étrangères qui a dit "ne pas exclure" une intervention militaire de l'OTAN au Mali
"L’expansion du terrorisme au Sahel est surtout liée à l’intervention de l’Otan en Libye dont nous payons encore les conséquences", rétorque Bamako.
L'ambassadeur d'Espagne a été convoqué vendredi par le gouvernement malien après des propos du ministre espagnol des Affaires étrangères qui a dit "ne pas exclure" une intervention militaire de l'OTAN au Mali, a-t-on appris de source officielle.
"Nous avons convoqué aujourd’hui l’ambassadeur d’Espagne au niveau du ministère des Affaires étrangères pour élever une vive protestation par rapport à ces propos", a indiqué Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, lors d'un entretien à la télévision nationale.
Une intervention de l’Otan au Mali, "nous ne l’excluons pas". "si cela représentait une menace pour notre sécurité, nous le ferions", avait déclaré jeudi José Manuel Albares, chef de la diplomatie espagnole, en marge du sommet de l'Otan qui se tenait à Madrid.
"Ces propos sont inacceptables, inamicaux, graves" parce qu'"ils tendent à encourager une agression contre un pays indépendant et souverain", a estimé le chef de la diplomatie malienne.
"Nous avons demandé des explications, une clarification de cette position au gouvernement espagnol. Nous espérons que cela va venir assez rapidement", a ajouté M. Diop.
"Le ministre doit se rappeler que la situation actuelle d’insécurité et d’expansion du terrorisme au Sahel est surtout lié à l’intervention de l’Otan en Libye dont nous payons encore les conséquences", a-t-il aussi souligné.
Le précédent libyen qui fâche
En 2011 le Guide libyen Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, est renversé et tué par des rebelles soutenus par les États-Unis, la France et l'OTAN, qui s'étaient impliqués directement dans le conflit, allant jusqu'à lancer des frappes aériennes en Libye. Une intervention que désapprouvait l'Afrique et dont les voisins de la Libye se plaignent toujours amèrement.
La chute du pouvoir de Kadhafi a conduit à un déferlement d'armes et de combattants au Sahel, posant un défi sécuritaire majeur avec son lot de morts et de déplacements massifs. C'est depuis 2012, soit un an après la mort de Kadhafi, que Mali est plongé dans une profonde crise sécuritaire, politique et humanitaire avec le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord du pays. La propagation jihadiste a gagné le centre et les pays voisins, à savoir le Burkina Faso et le Niger.
"Intérêt stratégique"
Cette année, la nouvelle feuille de route de l'Otan évoque, pour la première fois, l'"intérêt stratégique" que revêtent pour elle le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et le Sahel, ainsi que, notamment, les menaces que sont le terrorisme et l'immigration illégale.
L'Espagne avait fait de la prise en compte des menaces sur le flanc sud sa grande priorité pour ce sommet.
Madrid craint en particulier que l'instabilité au Sahel, où plusieurs groupes jihadistes sont très actifs, n'entraîne une augmentation de l'immigration clandestine.
Située à quelques kilomètres des côtes africaines, l'Espagne est devenue l'une des principales portes d'entrée de l'immigration irrégulière en Europe.
LE MALI DIT POUVOIR ASSURER SA SÉCURITÉ SANS ARMÉE ÉTRANGÈRE
Les propos du ministre espagnol des Affaires étrangères évoquant l'éventualité d'une intervention de l'Otan passent mal à Bamako
Les différents experts de la sécurité internationale interrogés, s'accordent sur le fait qu'il est normal que l'Otan dans son ensemble puisse se concerter dans le but d'évaluer les dangers qui la guettent sur plusieurs fronts.
La situation dans le Sahel est revenue plusieurs fois dans les discussions, pendant le sommet de l'Otan qui s'est achevé ce jeudi (30 juin) à Madrid.
"Pas d'intervention militaire étrangère"
Mais, si le ministre espagnol des Affaires étrangères a évoqué dans les médias de son pays qu'une éventuelle intervention de l'Otan pourrait avoir lieu à l'avenir, la réponse des autorités maliennes de transition est claire.
Fousseynou Ouattara, vice-président de la Commission de défense et de sécurité au sein du Comité national de la transition martèle : "Nous retenons seulement ce qu'a dit déjà notre ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, que le Mali n'a pas besoin de la présence d'une armée étrangère pour assurer sa sécurité."
La migration irrégulière était également l'une des préoccupations des pays membres de l'Otan en sommet. Selon les chiffres de la Commission européenne, jusqu'en avril dernier, plus de 340.000 migrants en situation irrégulière sont arrivés en Espagne et plus de 240.000 en Italie.
Mais, une autre raison explique aussi l'inquiétude de l'Otan, nous dit Sidylamine Bagayoko, professeur d'anthropologie à l'université de Bamako :
"Faisons attention, il ne faut pas que le Sahel, le Sahara tombent aux mains des djihadistes. Sinon, l'Europe sera attaquée. Même si nous sommes concentrés sur le conflit qui oppose la Russie à l'Ukraine, nous avons un oeil sur ce qui se passe au Sahel."
Le Mali et la Libye, deux contextes différents
Pour les pays de la région du Sahel, l'insécurité qui les affecte est la conséquence de l'intervention de l'Otan en Libye en 2011. Le djihadisme se répand vite aux pays situés au sud de la Libye, notamment le Burkina Faso, le Niger, le Mali voire au-delà.
Mais, selon Federico Santopinto, chercheur au sein du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) basé à Bruxelles, le contexte dans lequel l'Otan est intervenue en Libye est loin d'être comparable à la situation au Mali :
"Cela me paraît très difficile. La Libye était une exception; il y avait une guerre civile, il y avait une situation bien particulière. Et il faut dire que l'intervention en Libye n'a pas été un succès, vu la suite que cela a donné. Bien que le Mali soit profondément instable, c'est un pays qui a un gouvernement."
Jusque-là, l'Otan ne s'est pas officiellement prononcée sur les propos de José Manuel Albares, le chef de la diplomatie espagnole.
L'ARMÉE LOGE SES BLESSÉS
A Thiès, 24 logements de mariés ont été rénovés pour 8 officiers et 16 sous-officiers et des terrains attribués à 18 militaires blessés en opérations intérieures
L’Armée a entrepris un programme de réfection de 115 logements dans les camps militaires. A Thiès, 24 logements de mariés ont été rénovés pour 8 officiers et 16 sous-officiers et des terrains attribués à 18 militaires blessés en opérations intérieures.
Depuis quelques jours, Me Sidiki Kaba fait le tour des casernes avec des clefs d’appartements. A Thiès, 24 logements de mariés ont été rénovés pour 8 officiers et 16 sous-officiers et des terrains attribués à 18 militaires blessés en opérations intérieures par la Direction de l’action sociale des Armées (Dasa). La cérémonie de remise a été présidée hier par le ministre des Forces Armées, Me Sidiki Kaba, à la Base militaire de Thiès. «En exécution de cette volonté politique du président de la République et chef suprême des Armées qui, en toutes circonstances, réitère l’attention constante et la place de choix qu’il accorde à la condition personnelle et professionnelle des militaires, les Armées poursuivent la mise en œuvre d’une politique sociale très active au profit des militaires et de leurs familles», explique le ministre des Forces armées. D’ailleurs, il souligne que «l’initiative si altruiste d’instituer une Journée de la solidarité, désormais inscrite dans le calendrier républicain, constitue une belle illustration de la détermination des Armées d’accompagner son personnel, toutes catégories confondues». Pour lui, «l’accès au logement est un élément très important de cette politique sociale, en ce sens qu’il participe au relèvement du moral du militaire qui fait souvent l’objet d’une forte mobilité durant sa carrière». De ce fait, «obtenir pour sa famille un logement dans le domaine militaire, dans un cadre salubre et sécurisé, est très important pour le Jambaar».
Selon le ministre Kaba, «c’est dans cet esprit que l’Agence pour le logement des Forces armées (Alfa) poursuit son vaste Programme national de rénovation de logements dans le domaine militaire, avec l’appui substantiel du Commandement militaire». Il ajoute : «Cette cérémonie, empreinte de solidarité et de partage, élargit également notre champ d’action sociale vers des citoyens modèles dont l’intégrité physique est entamée pour certains, reflétant encore les immenses sacrifices consentis au service de la Nation.» Il rappelle que «soutenir nos blessés est une obligation morale. C’est avant tout valoriser le dévouement et l’esprit de sacrifice et exprimer notre élan de reconnaissance et de solidarité à tous ceux qui ont été douloureusement marqués dans leur chair et dans leur esprit».
Il faut savoir que le président Sall a fait réfectionner 115 logements au profit des militaires. Ces logements à l’abandon ont été entièrement rénovés par l’Agence pour le logement des Forces armées (Alfa), créée il y a quelques années par le président de la République. Ce programme de construction de logements et de réhabilitation des camps des mariés permet au commandement de relever le niveau de disponibilité opérationnelle des Forces de défense. Car les chefs de corps de l’Armée et de la gendarmerie peuvent rapidement mobiliser leurs troupes qui logent désormais dans les casernes.
L'HEURE DE LA RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL
Datant de 1997, le Code du travail actuel ne répond plus aux exigences de compétitivité des entreprises et de l’environnement des affaires, dans un contexte post-Covid de surcroit
Avec la survenue du Covid-19, les règles du monde du travail ont changé : le télétravail a été imposé, le chômage technique, avec le versement de 70% du salaire, a été improvisé. Datant de 1997, le Code du travail actuel ne répond plus aux exigences de compétitivité des entreprises et de l’environnement des affaires.
Le Code du travail a 24 ans alors que le monde professionnel a connu des transformations, «notamment l’entreprise a connu des mutations, de nouvelles formes de travail sont apparues et la problématique de l’emploi et de la formation des jeunes se pose avec acuité». Face à de tels bouleversements, le présent Code est-il toujours d’actualité ? S’est interrogée l’Amicale des inspecteurs et contrôleurs du travail et de la sécurité sociale, qui organise les Journées du monde du travail (Jm). Est-il adapté aux exigences de compétitivité de nos entreprises et d’amélioration de l’environnement des affaires ? Répond-il encore suffisamment aux attentes et aspirations des salariés et partenaires sociaux ? Avec la survenue du Covid-19, toutes les règles de travail ont changé. «Par exemple, lors de la pandémie du Covid-19, le télétravail, qui n’a pas de fondement juridique dans le Code du travail, a été pris en compte, par conséquent le chômage technique a dû être ajusté. On a demandé aux employeurs de payer au moins 70% du salaire», rappelle Ndiaga Ndiaye, inspecteur du travail et président de l’Amicale des inspecteurs et contrôleurs du travail et de la sécurité sociale (Aictss). «L’internet a pénétré et modifié positivement les relations de travail, il faudra peut-être actualiser pour faire en sorte que le Code du travail sénégalais réponde mieux à l’exigence de l’heure et penser à la protection du travailleur», enchaîne M. Ndiaye.
Ce qui montre l’importance de réviser le Code du travail, qui a atteint ses limites avec les changements de la gouvernance du marché du travail, l’internet, l’avènement des métiers du numérique, les Très petites, Petites et moyennes entreprises (Tp-Pme), le travail informel, les travailleurs intérimaires, le pouvoir des inspecteurs du travail… Bref, il s’agit de la mise en place d’un document final consensuel, qui répond aux besoins des uns et des autres… Que va-t-il se passer ? Aujourd’hui, c’est tout l’écosystème du travail qui va être corrigé. «Le projet s’emploiera à faire progresser la réforme du droit du travail, à accroître l’efficience de l’administration du travail et à renforcer les capacités des tribunaux du travail. En outre, le projet soutiendra les inspections du travail pour réformer, optimiser les processus et améliorer l’accessibilité pour les usagers. Cette intervention sera renforcée par la conception d’un système moderne de formation continue pour les inspecteurs, contrôleurs et le personnel de l’administration du travail. Les services des tribunaux du travail seront analysés et mieux harmonisés. Finalement, il est prévu une extension de la sécurité sociale des groupes vulnérables à travers l’appui aux initiatives endogènes de prise en charge de la couverture sanitaire des travailleurs du secteur informel. Pour ce faire, une démarche participative, qui mise sur la coordination et la création de synergies pour améliorer le contexte du droit du travail à tous les niveaux, sera adoptée», note doyen Coly, agent du ministère du travail.
Il faut rappeler que le Sénégal compte quelque «500 mille travailleurs dont 150 mille fonctionnaires».
UNE LOI FONCIÈRE À DÉSENSABLER
L’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts), qui a réfléchi sur «les occupations domaniales au Sénégal : problèmes et solutions», a demandé la réforme de la loi qui régit le secteur
Dans ce pays, les problèmes fonciers sont une bombe sociale. L’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts), qui a réfléchi sur «les occupations domaniales au Sénégal : problèmes et solutions», a demandé la réforme de la loi qui régit le secteur. Car elle est devenue obsolète alors que les enjeux liés à l’accès au foncier sont devenus multiples.
L’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts) a célébré la Journée de la renaissance scientifique de l’Afrique (Jrsa) en réfléchissant sur le thème : «Les occupations domaniales au Sénégal : problèmes et solutions.» C’est un vrai sujet d’actualité dans un pays où les conflits fonciers sont légion. Que faire dans un pays si l’expression «sama suuf mame» (C’est la terre de mes aïeuls) est souvent agitée pour faire face à certains conflits. Cette vérité «ne s’applique pas au domaine national», précise Pr Abdoulaye Dièye, qui a introduit une communication sur le système foncier à l’occasion de cette rencontre. Selon cet enseignant-chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, «95% des terres sont tombés dans le domaine national, qui est un régime original basé sur les principes de gratuité d’accès». Il précise pour lever les équivoques : «Il n’appartient ni à l’Etat, ni aux collectivités territoriales, ni aux usagers. On ne peut ni vendre la terre du domaine national, ni l’aliéner, ni la transmettre par voie successorale.» Par contre, constate-t-il, «ces principes ne sont pas respectés» et «installent une confusion en matière foncière dans le pays».
Aujourd’hui, les problèmes constatés dans l’administration des terres du domaine national dans la zone des terroirs résultent «du cadre juridique imparfait, du mode de constitution de conflits entre les communautés et les collectivités territoriales, le maire, des insuffisances normatives et de la non application de la loi». Pourquoi y a-t-il autant de contentieux ? Pour lui, l’Etat n’a jamais créé les conditions pour une application effective de la loi. «On a attendu 1972 pour mettre en place le cadre juridique des communautés rurales. Or, sans ce cadre juridique, on ne pouvait pas appliquer la loi», dit-il en insistant sur les insuffisances normatives. «La notion de mise en valeur, qui est une notion fondamentale, n’a jamais été définie», enchaîne Pr Abdoulaye Dièye. Et avec l’obsolescence des textes, «la loi est aujourd’hui contournée». Et les conséquences sont palpables. «C’est pourquoi il y a beaucoup de conflits fonciers multiformes entre investisseurs privés et populations locales, des conflits qui résultent d’opérations ou d’immatriculation au nom de l’Etat, des conflits résultant de problèmes de délimitation, des conflits entre agriculteurs et éleveurs, entre autres», se désole-t-il. L’universitaire préconise une réforme de la loi sur le domaine national. «Il y a une obligation de procéder à une réforme de la loi sur le domaine national», conseille le juriste, qui rappelle qu’aucune «des multiples initiatives n’a jamais abouti». Que faire ? Selon lui, il faut responsabiliser davantage les collectivités territoriales pour éviter les conflits dans le domaine national, notamment dans le domaine le domaine privé. Pr Abdoulaye Dièye recommande la conservation et la préservation du foncier, de procéder à une vulgarisation des modalités d’occupation, faire en sorte qu’on ait une gestion apaisée du foncier par rapport au domaine national, en impliquant les populations, en adaptant les règles, et faire en sorte qu’il y ait la productivité de la terre.
Il y a deux ans, le président Sall a insisté sur la question. Il rappelait qu’au «Sénégal, l’essentiel des alertes que je reçois au quotidien sur les risques de conflit viennent à plus de 90% du foncier». Une vraie bombe !
DÉCÈS DE MADIEYNA DIOUF
L’ancien ministre et ancien maire de Kaolack est décédé, vendredi 1er juillet 2022, à Dakar. Il était membre-fondateur de l’Alliance pour le progrès (AFP)
’ancien ministre et ancien maire de Kaolack, Madieyna Diouf, est décédé, ce vendredi 1er juillet 2022, à Dakar.
Le défunt est membre-fondateur de l’Alliance pour le progrès (Afp). Il a été ministre de l’Equipement et des Transports du Sénégal dans le Gouvernement dirigé par le Premier Ministre Moustapha Niasse, à la suite de l’alternance intervenue au Sénégal le 19 mars 2000.
Madieyna Diouf a été aussi député à l’Assemblée nationale et secrétaire national chargé de la coordination des activités de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP).
Dans sa longue carrière, il a occupé également la fonction de président du Conseil d’administration de la Compagnie aérienne multinationale « Air Afrique » et Membre du Comité des ministres des 11 pays fondateurs de la Compagnie, d’avril 2000 à Février 2001
SUD FM, 28 ANNÉES AU SERVICE DU PUBLIC
1er juillet 1994-1er juillet 2022 : Il y a 28 ans naissait la première radio privée sénégalaise, Sud Fm. Un anniversaire célébré dans la sobriété pour une institution devenue aujourd’hui incontournable dans la scène médiatique
La radio privée sénégalaise Sud Fm, du Groupe Sud Communication, a vécu hier, vendredi 1er juillet 2022, sa vingt-huitième année d’existence dans l’espace médiatique sénégalais. Inaugurée en effet par le président Abdou Diouf, deuxième chef de l’Etat sénégalais après le président-poète Léopold Sédar Senghor, la radio du groupe Sud communication dont l’ancien et défunt président du Cnra, Babacar Touré, fut l’un des membres fondateurs, a beaucoup contribué au renforcement de la démocratie et à l’épanouissement de la liberté d’expression, avec la diffusion d’émissions de société, politiques et culturelles, et de programmes interactifs, voire la diffusion en direct de résultats d’élections au soir de consultations électorales nationales. Ce qui fut d’un apport considérable pour l’avènement de la première alternance politique à la tête de l’Etat sénégalais.
Une libéralisation des ondes, une ouverture à la concurrence qui a fini de faire de l’ombre à la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise, la RTS (public) qui jusque-là, détenait le monopole de la radio au Sénégal. Depuis, la radio Sud Fm s’est enrichie de moult stations régionales, accompagnant ainsi le boom des radios privées au Sénégal. Vingt-huit années après son lancement, Sud Fm continue aussi de se conformer à son rôle de pionnier et d’aiguillon dans la déclinaison d’une presse libre et équidistante de toutes les chapelles, qu’elles soient politiques, confessionnelles et autres, au grand bonheur du public sénégalais. Une preuve si besoin en était encore que la saga Sud Fm est loin d’être terminée
TÉMOIGNAGES DES PARLEMENTAIRES À PROPOS DE MOUSTAPHA NIASSE
Le président de l’Assemblée nationale a fait ses adieux, jeudi 30 juin, à l’occasion de la clôture de la session ordinaire 2021-2022, après 10 ans à la tête de l’institution. Ses collègues députés ont fait des témoignages sur le leader de l’AFP
Le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, a fait ses adieux avant-hier, jeudi 30 juin, à l’occasion de la séance de clôture de la session ordinaire 2021-2022, après 10 ans à la tête de l’institution. Ses collègues députés, du pouvoir comme de l’opposition, ont fait des témoignages marquants sur le leader de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP), en l’occurrence Serigne Moustapha Sy Djamil, Théodore Monteil et Pape Sagna Mbaye. Cette séance plénière a aussi marqué la fin du mandat de cinq ans des parlementaires de la treizième législature.
Moustapha Niasse a déserté l’hémicycle. Il a quitté son poste de président de l’Assemblée nationale avant-hier, jeudi 30 juin, l’occasion de la séance de clôture de la session ordinaire 2021-2022. Il aura ainsi passé dix bonnes années à la tête de l’institution. Ses collègues députés, du pouvoir et de l’opposition, ont fait des témoignages assez significatifs sur le leader de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP)/il s’agit notamment de Serigne Moustapha Sy Djamil, Théodore Monteil et Pape Sagna Mbaye. Cette séance plénière a aussi sonné la fin du mandat de cinq ans des parlementaires de la treizième législature.
« J’ai énormément de respect pour le président Moustapha Niasse. La première fois que je suis entré dans cet hémicycle, je suis allé le saluer. Nous avons des liens qui vont au-delà de l’Assemblée nationale. C’est un bon Saloum-Saloum, comme moi. Il connaissait bien mes parents, donc c’est un père pour moi », a déclaré l’honorable député Théodore Monteil, par ailleurs directeur de campagne de la coalition de l’opposition Aar Sénégal. « C’est quelqu’un avec qui j’ai beaucoup appris. Il m’a permis à mon entrée à l’Assemblée nationale, de comprendre le fonctionnement, de savoir comment faire. C’est le premier à me dire que l’Assemblée nationale est le microcosme du Sénégal. Vous y trouverez des gens qui insultent, des gens polis, des gens impolis, des gens corrects et des gens incorrects. Nous devons faire en sorte qu’à notre sortie, nous aurions fait un pas de plus pour le Sénégal. Il a très bien géré ces deux législatures», a-t-il ajouté. De son côté, Moustapha Sy Djamil, député de l’opposition, se dit satisfait d’un homme qui a bien mérité sa place, malgré leurs divergences idéologiques. « Je salue son travail. Tout le monde sait que je n’ai pas les mêmes positions politiques que lui. Mais, je l’ai dit à plusieurs reprises, je n’étais pas dans le même camp politique que Niasse, à part la période où j’étais à Benno Bokk Yakaar comme lui. Nous faisons partie des membres fondateurs de Benno. J’ai trouvé qu’en tant que président de l’Assemblée nationale, c’est l’homme qu’il fallait à la place qu’il fallait. Il a été pendant longtemps directeur de cabinet du président Senghor, ministre des Affaires étrangères pendant plus de 15 ans. Donc, il avait accumulé une connaissance, dont j’avais besoin en tant que quelqu’un qui avait fait 40 ans à l’extérieur », a souligné le marabout-parlementaire. Dans la même veine, il a salué l’expérience qu’il a pu accumuler grâce à Moustapha Niasse. « Il a tenu la barque à tous les moments que j’ai vécus vec lui, surtout à ma qualité de vice-président de l’Assemblée nationale, dans le bureau de l’hémicycle, avec feu Marie Joséphine Diallo à ses côtés. C’était une expérience inouïe », a-t-il reconnu, tout en magnifiant l’érudition de Monsieur Niasse. Cependant, ces deux députés de l’opposition ne sont pas les seuls à témoigner leur gratitude à leur désormais ex-président de l’Assemblée.
Président de la Commission du Développement durable et de la transition écologique de l’hémicycle, Pape Sagna Mbaye a estimé que juger Moustapha Niasse par rapport à cette seule législature, revient à « passer complétement à côté ». Selon lui, « l’Assemblée nationale n’a été que le couronnement de sa carrière, une carrière qui a commencé le 19 octobre 1957. Dans quelques mois, il va boucler 65 ans de vie politique. À 19 ans, il a eu la chance d’être à la droite de Senghor, mais aussi président des étudiants et des élèves socialistes du Sénégal. Après avoir fini ses études à l’âge de 24 ans, il sort de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). De 24 ans à 26 ans, il occupe le poste de directeur de l’information et de la presse. Trentenaire, il devient directeur de cabinet du président de la République Léopold Sédar Senghor. À 30 ans déjà, Moustapha Niasse s’imposait au triple galop par rapport à sa génération. Et Senghor a vu en lui, une pépite politique qu’il fallait exploiter. 10 ans de présence à l’Assemblée nationale, ce Monsieur, il l’a réussi cela parce qu’il a toujours été un homme raisonnable et raisonné ».
Et l’ex-maire de Pikine d’ajouter : « il faut avoir la chance de le côtoyer pour pouvoir le juger, et non pas le voir comme ça pour avoir une impression d’ensemble. C’est un gisement de valeur et de connaissance livresque et une culture générale hors pair. Je vous renvoie au mémoire du président Abdou Diouf, qui le présente comme un collaborateur intelligent et très cultivé. Il a été un politique actif en l’an 2000 pour la première alternance politique. En 2012, son ralliement à côté de Macky Sall a entraîné les autres, mais par courtoisie, il ne s’est pas approprié ces ralliements ». Interrogé sur le manque d’empathie prêté par certains, y compris des gens issus du lieu de naissance de son leader, le député membre de l’AFP et de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar se fait formel : « L’ingratitude est le propre de l’homme. Si Keur Madiabel est connu, c’est parce qu’il en a porté le flambeau ».
Le suspense d'un retrait de la vie politique
Faut-il signaler que Moustapha Niasse n’a pas été investi sur les listes de Benn Bokk Yakaar pour les législatives du 31 juillet 2022. Il ne figure ni sur la nationale dirigée par Aminata Touré ni sur la départementale de Nioro dirigée par Aly Mané. En outre, Moustapha Niasse avait annoncé, au mois de juin, son intention de quitter le poste de secrétaire général de sa propre formation politique durant le premier trimestre de 2022, à l’issue d’un congrès de son parti. Ce qui signera la fin de 22 ans de règne. Néanmoins, Moustapha Niasse a déclaré avant-hier, dans les colonnes du quotidien national « Le Soleil » qu’il « ne se retire pas de la politique ».
SUD FM, LA RADIO DES GENS QUI PARLENT AUX GENS
Hier, vendredi 1er juillet, la première radio privée du Sénégal a célébré ses 28 ans. Dans un article, qui parle et retrace le contexte d’une première libération des ondes au pays, Feu Babacar Touré avait immortalisé cette date symbolique
Sud FM, enfanté par Sud Quotidien, a commencé à émettre le 1er juillet 1994. Hier, vendredi 1er juillet, la première radio privée du Sénégal a célébré en toute sobriété ses 28 ans. Dans un article, qui parle et retrace le contexte d’une première libération des ondes au Sénégal, Feu Babacar Touré, avait immortalisé cette date symbolique. Nous publions in extenso le papier paru dans les colonnes de Sud Quotidien le 1er juillet 2020 tout en souhaitant un JOYEUX ANNIVERSAIRE À NOS CONFRERES DE «SEN RADIO».
1er juillet 1994. Le lancement véritable, c’est-à-dire le démarrage de la diffusion des programmes a bien eu lieu le 1er juillet 1994 presque un an après l’octroi d’une fréquence et de la licence d’émettre. La dévaluation du Franc CFA était passée par là, bousculant nos prévisions. Amadou Makhtar Mbow, ancien directeur général de l’Unesco, madame Viviane Wade épouse de Abdoulaye Wade et Jessica Mbow Sarr, mère de Samuel A. Sarr, ont « démarré l’antenne“.
Pourquoi ces trois ? Me Wade et Samuel Sarr étaient alors en prison suite à l’assassinat du vice-président du Conseil Constitutionnel Babacar Sèye, dans laquelle ils avaient été cités, arrêtés et embastillés. Injustement ? Une façon de leur rendre cette justice qu’on leur avait refusée. Du moins, le croyions-nous, à l’époque ! Pendant une bonne dizaine de jours, nous avons coaché madame Wade pour le message en wolof que nous devions enregistrer pour le jour du démarrage de l’antenne.
Quant à Amadou Makhtar Mbow, le choix porté sur sa personne coulait de source à nos yeux. Grand promoteur de la science, de l’éducation, de la culture, avocat d’un Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication (Nomic), il avait quitté son poste suite aux manœuvres américaines, lâchés par son propre pays. Sud, né à la faveur de cette doctrine, se sentait l’obligation de rendre un hommage mérité à ce digne fils d’Afrique. La culture étant à l’esprit et à l’âme ce que la nourriture est au corps, l’ancrage de Sudfm dans la promotion de celle-ci, n’a jamais été prise en défaut. Elle s’est réaffirmée davantage avec l’avènement de la radio qui souffle ses 26 bougies, cette semaine.
Abdoulaye Wade et ses compagnons d’infortune sortiront de prison à temps pour assister à l’inauguration officielle. Nous avions souhaité attendre leur élargissement pour l’inauguration officielle, histoire de défendre et d’illustrer le caractère résolument pluraliste de cette plateforme démocratique, que nous avions lancée six mois plutôt, en juillet 1994.
12 janvier 1995. Inauguration “officielle “ de la première chaîne de radio privée sénégalaise diffusée sur la bande Fm. Une cérémonie populaire rehaussée par la présence de personnalités comme Monseigneur Hyacinthe le Cardinal Thiandoum, le Guide de la Tidianya Abdou Aziz Sy (Junior) alors porte-parole et futur Khalif général des Tidianes, le Grand Serigne de Dakar, Bassirou Diagne Marème Diop et tout ce que le Sénégal compte de leaders, de citoyens anonymes, de petites gens, toutes activités confondues ou sans activité.
Trois des quatre chefs d’État des pays membres de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal, (OMVS) sont présents à cette cérémonie qui démarre par une exposition des “produits” du groupe Sud, de ses différents titres de l’époque, retraçant son parcours atypique qui a cassé bien des codes et de monopole. Lansana Conté, président de la République de Guinée, s’est désisté à la dernière minute parce qu’on lui avait soufflé que le responsable de la radio était un ami de Alpha Condé, son irréductible et farouche opposant. C’est la raison pour laquelle il ne s’est pas joint à ses homologues Alpha Oumar Konaré du Mali, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya de Mauritanie et Abdou Diouf du Sénégal.
Une initiative tout à fait inédite, réalisée en partenariat avec l’Association des Artistes Plasticiens du Sénégal aura marqué les esprits. Viyé Diba, président de l’Association des Artistes Plasticiens, a sélectionné des œuvres de divers peintres pour tapisser l’immense hall et les murs du 5e étage de l’immeuble Fahd abritant le siège de Sud Quotidien, promoteur et “hébergeur “de la radio Sudfm. Plus tard, Viyé Diba, ne cessera de sublimer le rôle de Sud dans la promotion de l’Art et des artistes, car en plus de ce qui se faisait dans nos différents supports, nous avions racheté, à prix coûtant, toutes les œuvres des différents artistes ayant participé à l’exposition le jour de la cérémonie d’inauguration de Sudfm.
La visite de l’expo et des studios terminée, alors que les invités regagnaient les tribunes pour les discours d’usage, voilà qu’entre deux portes, surgissent un trio de gais lurons, exhalant des effluves parfumées, mélange d’eau de vie, de tabac pour pipe, d’extraits de plantes herbacées (psychotropes). Joe Ramangelisa Samb alias Issa, alias Joe Ouakam, figure emblématique du pop’art, à la manière d’un Andy Warhol, devenue iconique, Djibril Diop Mambety, le dandy-bohème de Colobane à la camera baladeuse, préfiguration du Spike Lee de “Jungle fever”, orfèvre de la satire sociale et héritier de Yaadikone, le bandit de cœur qui prenait aux nantis pour combler les enfants démunis, Ibou Diouf, le poète du pinceau, l’enfant gâté, surdoué de l’Esthétique, filleul de Senghor et égérie de l’Ecole de Dakar.
La trilogie des petites gens de Mambety sous l’ombrelle de monstres sacrés qui n’en peuvent plus de disséquer et d’incarner la marginalité. Ce faisant, ils finiront par réinventer de grosses légendes urbaines, incarnées tant par leur praxis que par leur image projetée et durablement imprimées dans l’imaginaire de leurs contemporains.
On comprend dès lors la réaction enjouée et un brin amusée du Président Abdou Diouf, quand notre Joe Ouakam l’a accroché par l’une des manches de sa veste pour l’entretenir de questions culturelles et d’aménagement d’espaces dédiés aux Arts et à la Culture. Évidemment, les chefs d’État et leurs délégations ainsi que les invités, tous à l’arrêt, observaient cette scène hugolienne fourmillant de personnages marqués par le romantisme et l’éclectisme de la nature humaine.
A la suite de cet échange, Abdou Diouf contenant les interpellations sympathiquement irrévérencieuses de nos trublions, se retourna pour demander à l’hôte du jour de prendre contact avec son secrétariat pour une audience à la présidence de la République. On put dès lors regagner les tribunes. En réalité, le trio était plutôt un quatuor, puisque l’expédition c’est le cas de le dire, comptait une grande passionnée d’art, Madame Bintou Niang, épouse Cissé, du nom de l’architecte urbaniste, cinéaste, producteur et homme de culture, Nicolas Sawalo Cissé, auteur d’un film sur la décharge de Mbeubeuss, mettant en scène un certain Ramangelisa.
Encore une histoire de petites gens, passés maîtres dans l’art de la débrouille pour transformer les ordures en “or dur“. Encore une histoire de gamins des bidonvilles cornaqués par des grands Yadi (pour Yadikone, le miraculé!), rescapé d’une fratrie n’ayant pas survécu, abusivement comparé au Robin des bois (Robin Hood) de la forêt anglaise de Sherwood, héros fictif du moyen-âge anglais qui dépouillait les riches pour donner aux pauvres.
Grand Yadi, ou Ndiaye Yadi pour ses proches, de son vrai nom Babacar Ndiaye, a lui bel et bien existé et a pris sa “retraite dans la localité de (campement) Nguekokh, dans l’actuel département de Mbour. Un mémoire lui a été d’ailleurs consacré sur le thème du “banditisme social”. Bintou, collectionneure, galériste chevronnée, avait repéré en zone portuaire, un entrepôt pouvant accueillir ce qui va devenir l’espace Vema.
Le jour J, celui du rendez-vous avec Abdou Diouf à la présidence de la République, fut mouvementé. Je devais “récupérer “Ibou Diouf au “Midi”, une sorte de deuxième rédaction pour les légionnaires de Sud qui comptaient dans leurs rangs de farouches amazones. On est en situation familière, c’est-à-dire, anxiogène avec cette sensation indéfinissable que peut éprouver quelqu’un largué au bord du précipice, “à l’insu de son plein gré”.
Je crois, si ma mémoire ne me trompe, que c’est Ibou Diouf qui s’est pointé au « Midi », en bras de chemise, dissertant sur “verticale“, point d’observation et d’élévation, axe de la création (sic). Un coup de téléphone du bureau me fit comprendre que Issa-Joe Ouakam nous donnait rendez-vous au Bilboquet, à quelques encablures entre son refuge et la Présidence de la République. Il nous y retrouvera après avoir fait jonction avec Djibril, comme il l’apostrophait avec une affectivité complice.
Celui-là non plus, n’était apparemment pas du matin et a dû réquisitionner une pirogue pour rallier Dakar et le centre-ville à partir de son île de Ngor résidentielle. La nuit a été longue et à verse pour des assoiffés de culture underground! Bintou, très bonne camarade, est restée distinguée et bienveillante.
Vous aurez compris que toutes ces péripéties ont avalé le temps et que l’heure de l’audience nous a trouvé en conciliabules, à hauteur de la maison militaire, face à la résidence du chef de l’État, marchant d’un pas de sénateur, indifférents à la ponctualité et à la rigueur de métronome du disciple de Senghor, chez qui nous nous rendions.
Après avoir négocié à la porte, nous voici arpentant le sanctuaire de la République, gesticulant et devisant à la bonne franquette, gravissant les escaliers d’un pas instable. Comme s’ils s’étaient donné le mot, les fonctionnaires de la présidence étaient, qui à la fenêtre de leurs bureaux, qui dans les couloirs, désireux de ne rater aucun moment de notre équipée pittoresque et pour le moins inhabituelle en ces lieux solennels.
Une espèce échappée d’une ménagerie ? Des troubadours amusant la galerie pour des étrennes de janvier ? Le spectacle était garanti, même si la présence de Bintou distillait quelque contenance à la troupe. Mais poursuivons. A peine l’huissier nous a-il introduits, que Djibril déploie ses bras comme pour implorer le ciel. En fait, c’était pour envelopper notre longiligne président qui jouant le jeu, a fait de même pour l’accolade de ces retrouvailles hors normes. Puisque y en a pour un, y en a pour trois. Binetou et moi nous nous en sommes tenus aux gestes–barrières de la distanciation protocolaire.
Conversation animée. Issa plus familier avec Diouf lance l’attaque. Fabienne Diouf partageait avec Joe Ouakam un espace de vie à la fois privée artistique, (pour Joe) et commercial pour la fille du président. Djibril suit et rappelle les promesses non tenues par le ministère de la Culture. Abdou Diouf, placide, déroule. Vint le tour de Ibou et je dus voler à la rescousse de Bintou, remarquable de retenue afin qu’elle puisse exposer ses préoccupations au chef de l’État.
Alors que l’on s’y attendait alors pas du tout, Issa se leva brusquement et alla se poster près de la fenêtre du bureau présidentiel. Il nous planta là sans que l’on sache pourquoi. Il boudait tout simplement. J’ai dû négocier son retour au salon du président qui lui a parlé avec bienveillance et douceur. C’est à cette occasion que le projet de Sandaga, centre culturel ouest-africain et zone piétonne a été présenté au président Diouf, séduit par l’initiative.
Des questions importantes dans le domaine du cinéma, de l’art, bref de la culture ont été abordées au cours de cette audience et des engagements pris. Un seul a été concrétisé. Joe s’était insurgé justement sur cette manie de nos gouvernants de ne pas traduire dans les faits, les politiques annoncées. Cela était insupportable pour des créateurs et des entrepreneurs culturels connus et reconnus mondialement, sans que leur propre pays ne suive. La suite lui a donné raison.
PRÉPARATIFS DE LA TABASKI, LES MARCHÉS EN ÉBULITION
Pour les commerçants, tous les moyens sont bons pour attirer les clients. C’est incertitude chez des tailleurs qui, avec la recrudescence des coupures d’électricité, craignent de ne pouvoir honorer leurs commandes
Adja Ndèye Lissa Gadjiaga et I. Diallo |
Publication 02/07/2022
A un peu plus d’une semaine de l’Aïd-al Kabir, communément appelée Tabaski ou Aïd-al Adha, une ambiance carnavalesque s’installe au niveau des marchés de Dakar, notamment celui des HLM. Des décibels, mégaphones et bruits de tout genre retentissent de tous les côtés. Pour les commerçants, tous les moyens sont bons pour attirer le plus de clients. Néanmoins, de l’autre coté, c’est incertitude chez des tailleurs qui, avec la recrudescence des coupures d’électricité, ils craignent de ne pouvoir honorer leurs commandes.
15h au marché HLM de Dakar. C’est l’effervescence. Ici, on n’entend presque pas les klaxons des automobilistes tellement ça grouille de monde ; entre ambiance et animation au niveau des cantines, étals et mouvements de personnes en majorité des femmes venues de partout et de nulle part, pour s’acheter des tissus, effets et autres accessoires pour la Tabaski. Le «bouillonnement» est à son paroxysme.
A côté d’une pharmacie de la place, des articles de tout genre sont proposés avec des prix défiant toute concurrence. Il y en a pour toutes les bourses, nous renseigne Mariama Laye, une dame, la trentaine, sacoche autour de la taille, bonnet noir couvrant la tête et vêtue d’une robe longue fleurie, qui ne la dérange aucunement. La jeune commerçante fait la navette pour parler avec deux de ses clientes au goût complétement différent.
Coura, une jeune mariée, confie-t-elle, veut des mules noires avec strass très agréables à regarder, des «nu-pieds» ou encore «thiarakh», en wolof, pour accompagner sa tenue matinale pour la fameuse grillade, «lakk yapp» comme on dit chez nous, le matin du jour de la Tabaski, après immolation du bélier.
L’autre cliente, beaucoup plus âgée est venue acheter des chaussures pour ses enfants car, dit-elle, «les temps sont dures, je préfère m’occuper de mes enfants».
Mariama elle, dit remercier le Bon Dieu car elle se frotte bien les mains. A quelques jours de la fête, ses affaires marchent plutôt bien. Dans cette ambiance festive, chacun y trouve son compte. Dans les magasins et autour des étals, les transactions en disent long.
Mbaye et ses frères exposent une large gamme de tissus qu’ils proposent aux acheteurs. Ici le «juppir» et la dentelle sont les tissus en vogue, pour cette année. Les accessoires aussi ne sont pas en reste : boucles d’oreilles ; colliers ; montres, sacs à mains. Bref, on y trouve tout pour sublimer les belles dames le jour-j, avec des prix qui varient entre 1500 et 3000 francs CFA.
Coupures d'électricité : le ras-le-bol des tailleurs
Un peu plus loin, chez les tailleurs, l’inquiétude gagne du terrain, avec les coupures répétitives d’électricité notées ces derniers. Mouhamed, un jeune tailleur, nous confie qu’il passe depuis presque deux semaines des nuits blanches, pour pouvoir honorer ses commandes. Ciseaux à la main, s’apprêtant à découper un nouveau modèle pour une cliente, il demande à «Senelec de revoir sa fourniture d’électricité et de tout mettre en œuvre pour un retour d’une situation à la normale, au plus vite».
Dans un autre atelier, le constat reste le même. «Il n’y a pas d’heure pour les coupures», affirme un père de famille, la cinquantaine, qui confie, pour le déplorer : «une de mes machine est tombée en panne à cause de ses coupures, cela fait maintenant trois jours. Avec toutes ces commandes qui attendent d’être livrées, j’ai peur de perdre mes clients».
Si pour les commerçants tout semble marcher comme prévu, les tailleurs eux craignent ne pas pouvoir terminer à temps les commandes. Quoi qu’il en soit, ils ne perdent pas espoir que la situation revienne à la normale et que tout le monde y trouve son gain.