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14 juillet 2025
MGR ANDRE GUEYE REMPLACE MGR BENJAMIN NDIAYE
Le pape François a nommé, le samedi 22 février dernier, Monseigneur André Guèye, évêque de Thiès et administrateur apostolique de Saint-Louis du Sénégal, nouvel archevêque métropolitain de Dakar en remplacement de Monseigneur Benjamin Ndiaye.
Le pape François a nommé, le samedi 22 février dernier, Monseigneur André Guèye, évêque de Thiès et administrateur apostolique de Saint-Louis du Sénégal, nouvel archevêque métropolitain de Dakar en remplacement de Monseigneur Benjamin Ndiaye. Dans un communiqué rendu public, le service presse du Vatican a indiqué que cette décision du Saint Père fait suite au renoncement de Monseigneur Benjamin Ndiaye au gouvernement pastoral.
Changement à la tête de l’Archidiocèse de Dakar. Le pape François a nommé le samedi 22 février dernier, Monseigneur André Guèye, évêque de Thiès et administrateur apostolique de Saint-Louis du Sénégal, nouvel archevêque métropolitain de Dakar, en remplacement de Monseigneur Benjamin Ndiaye. Cette décision fait suite au renoncement de Monseigneur Benjamin Ndiaye au gouvernement pastoral, a indiqué le service presse du Vatican dans un communiqué rendu public. Né le 28 octobre 1948 à Fadiouth, le désormais ancien archevêque de Dakar a atteint la limite d’âge pour exercer la charge d’évêque fixée à 75 ans parle Code du droit canonique. En effet, selon le Canon 401 §1 : « Un évêque diocésain doit présenter sa démission au Pape lorsqu’il atteint 75 ans. Le pape peut alors accepter ou prolonger son ministère selon les circonstances ».
Quatrième archevêque autochtone de Dakar après Cardinal Hyacinthe Thiandoum, Cardinal Théodore Adrien Sarr et Monseigneur Benjamin Ndiaye, André Guèye, né le 6 janvier 1967 à Pallo-Younga (57 ans), a fait ses études philosophiques au Grand Séminaire, François Libermann de Sébikhotane (Dakar) et au Séminaire Saint Jean Marie Vianney de Brin (Ziguinchor) avant de s’envoler vers Rome pour ses études de la théologie ̀a l'université Pontificale Uranienne. Ordonńe prêtre le 27 juin 1992 dans la cathédrale Sainte Anne de Thiès, André Guèye a exercé diverses fonctions au sein du diocèse de Thiès. Vicaire paroissial̀a la paroisse Sainte Croix de Bambey de 1992 à1997, puis vicaire paroissial ̀a la paroisse Cathédrale Sainte Anne de Thiès de 1997 à 2004, il a été aussi Curé de la paroisse Saint-Curé d’Ars de Fandène de 2004 à 2006 avant de se lancer dans la formation des futures prêtes comme professeur de philosophie au Séminaire Saint-Jean Marie Vianney de Brin (2006- 2021). Le 18 janvier 2013, il a été nommé évêque de Thiès en remplacement de Mgr Jacques Sarr, rappelé à Dieu le 18 janvier 2011.
REACTIONS… REACTIONS…
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, BASSIROU DIOMAYE DIAKHAR FAYE : J’adresse mes chaleureuses félicitations à Mgr André Guèye, Je rends également hommage à Mgr Benjamin Ndiaye»
« J’adresse mes chaleureuses félicitations à Monseigneur André Guèye pour sa nomination par Sa Sainteté le Pape François en tant qu’Archevêque de Dakar. Que son magistère soit éclairé par la sagesse et guidé par la grâce, au service de la foi et du bien commun. Je rends également hommage à Monseigneur Benjamin Ndiaye, dont l’engagement exemplaire en faveur du dialogue, de la concorde et de la paix restera une source d’inspiration pour notre Nation. Le Sénégal lui est profondément reconnaissant ».
AMADOU BA, ANCIEN PREMIER MINISTRE ET PRESIDENT DE LA NOUVELLE RESPONSABILITE : « Je rends hommage à Mgr Benjamin Ndiaye, dont le leadership éclairé et la voix empreinte de sagesse ont profondément marqué son temps »
J’adresse mes sincères félicitations à Monseigneur André Guèye pour sa nomination en tant qu’Archevêque de Dakar par Sa Sainteté le Pape François. Son engagement au service de l’Église et de la communauté témoigne de son humilité, de sa sagesse et de son profond attachement aux valeurs de paix et de solidarité. Cette mission, qu’il assume avec foi et responsabilité, sera sans nul doute un jalon important dans le renforcement du dialogue et de la fraternité au sein de notre Nation. Le rôle de l’Église dans la construction d’une société unie et apaisée est fondamental. Par son parcours exemplaire et sa proximité avec les fidèles, Monseigneur André Guèye incarne ces valeurs de partage et d’ouverture qui nous rassemblent. Sa nomination marque une nouvelle étape dans la continuité du travail accompli pour promouvoir la cohésion sociale et spirituelle. Je rends également hommage à Monseigneur Benjamin Ndiaye, dont le leadership éclairé et la voix empreinte de sagesse ont profondément marqué son temps. Son engagement en faveur du dialogue interreligieux et du vivre-ensemble restera une source d’inspiration pour tous. Que son magistère soit guidé par la sagesse et la grâce, au service de la foi et du bien commun ».
L’ALLIANCE FRANÇAISE DE ZIGUINCHOR, LE COMBAT POUR LA RECONSTRUCTION
Lecture, débats d’idées, promotion de la pensée universelle, réception de résidents qui viennent du reste de l’Afrique et du monde, notamment de la Guyane, de la Guadeloupe, etc. C’est à cela que servait l’Alliance française de Ziguinchor Incendiée
Il est des jours où tout peut basculer dans les minutes qui suivent. Il est également des scènes de chaos qui peuvent anéantir, en seulement quelques secondes, les investissements planifiés des décennies durant. L’Alliance française de Ziguinchor (Af), qui n’a pas résisté à la furie des jeunes manifestants, a été brûlée en 2023. Elle a été dévastée ! Près de deux ans après l’incendie, cet établissement se bat pour la restauration de son environnement d’antan afin de pouvoir y recevoir son monde habituel.
Lecture, débats d’idées, promotion de la pensée universelle, réception de résidents qui viennent du reste de l’Afrique et du monde, notamment de la Guyane, de la Guadeloupe, etc. C’est à cela que servait l’Alliance française de Ziguinchor. Mais, le 1er juin 2023, tout a basculé. Cet espace a été incendié lors des manifestations politico-judiciaires liées à l’affaire Ousmane Sonko. Cette nuit-là, des jeunes en colère ont lancé des cocktails Molotov dans ce site. Très vite, les flammes déciment tout sur leur passage. L’Alliance s’écroule. Il n’y reste plus rien. La bibliothèque, le matériel informatique, les six salles de cours, la salle de spectacle avec sa jauge de 500 places, l’espace campus France, la médiathèque, le bloc administratif, la salle dédiée aux séances d’incubation, le restaurant … Tout a été emporté par les flammes. Hélas ! Les 4300 m2 sont partis en fumée. La terre de l’Alliance se noircit et change de physionomie. Au lendemain de cet « acte criminel », toutes les activités ont été à l’arrêt. Plus de séance de lecture et de révision pour les élèves et les étudiants, pas d’endroit pour les manifestations culturelles et de productions audiovisuelles… Ce qui a résisté aux flammes, ce sont les arbres au sein desquels l’on contemple des oiseaux qui ne cessent de gazouiller. Ils maintiennent la flore intacte. En revanche, aucun bâtiment n’y est sorti de terre. Tout se fait dans des conteneurs qui servent de bureaux au personnel. À l’Alliance, il faut tout reprendre. Donc, tout est y urgence.
Directrice de l’Alliance française de Ziguinchor depuis septembre 2020, Nathalie Carratié-Faye a eu la malchance de tomber sur plusieurs épisodes malheureux.
« On ne tue pas la parole et la pensée »
D’abord, la Covid-19, ensuite la première manifestation de mars 2021, celle du 15 mai 2023 qui a vu brûler la maison des artistes et enfin les échauffourées de juin 2023 ayant occasionné le chaos. Elle évoque ces tragiques événements avec le cœur meurtri. « Aujourd’hui, nous sommes dans une grande difficulté », pleure Nathalie Carratié-Faye. Ces difficultés dont elle parle ont véritablement commencé le soir du 1er juin 2023. Les images ahurissantes de cet incendie ont très vite fait le tour de la toile. Qui pour arrêter les flammes cette nuit-là ? Personne !
Pour Mme Faye, c’est un dommage collatéral, mais également un « acte criminel » et odieux à la fois. « Tous ces événements ont rendu la programmation et la vie un peu difficiles au sein de l’Alliance. Pourtant, les gens manifestaient de l’autre côté. Ça partait dans tous les sens. Nous avons payé un lourd tribut lors de ces manifestations. Le 1er juin 2023, il n’y avait personne dans la rue. Il n’y avait pas de manifestation. Ce jour-là, des jeunes ont lancé des cocktails Molotov dans l’Alliance. Malheureusement, un des petits espaces contenait des bombonnes de gaz et ça a propulsé le feu », regrette la maîtresse des lieux.
Des jeunes qui arpentaient les rues de la capitale régionale du Sud ont profité des scènes de violence pour s’attaquer à l’Alliance française qui, pourtant, accueille les citoyens du Sénégal et du monde entier. Après cet épisode tragique, l’administration a décidé de s’organiser pour rouvrir les portes de l’Alliance au public. Une phase et une transition difficiles pour la directrice Nathalie Carratié-Faye et tout son personnel. Au mois de septembre 2023, l’Alliance reprend progressivement ses activités. Pour atteindre cet objectif, il a fallu la mobilisation de tous. « Dans un premier temps, nous avons, avec le soutien de tous, procédé au nettoyage de l’Alliance afin d’offrir au public un espace propre. Nous avions des produits inflammables à l’intérieur de l’Alliance et c’était dangereux. Nous nous sommes mobilisés. Parce que, pour nous, on ne tue pas la parole et on ne tue pas aussi la pensée », a-t-elle soutenu.
Les choses bougent. À notre passage à l’Alliance française de Ziguinchor, la semaine dernière, nous y avons trouvé des étudiants de l’Ufr Santé de l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Cette après-midi-là, Ibrahima Koné et ses camarades se sont donné rendez-vous dans cet espace pour une réunion préparatoire de leurs journées de consultations gratuites et de don de sang. Pour ce jeune futur médecin, l’Af est un cadre agréable qui a besoin d’être refait.
1,3 milliard de FCfa nécessaire
Détruire ce qui a été construit peut aller très vite. Mais, la reconstruction peut durer une éternité. Pour tout refaire afin de permettre à l’Alliance française de Ziguinchor de retrouver son visage d’antan, il faut mobiliser un budget colossal. D’après la responsable des lieux, l’enveloppe financière tourne autour de 2 millions d’euros, environ 1 milliard 300 millions de FCfa.
Selon Mme Faye, cet investissement vaut le coût. « Cette Alliance est au service des Sénégalais. Ce sont les enfants qui viennent ici pour apprendre. Nous allons tout refaire avec du bioclimatique parce qu’on pratique l’inclusion des personnes vivant avec un handicap. Nous sommes très actifs », déclare Nathalie Carratié-Faye. Pour sa part, le président du Conseil d’administration de l’Af de Ziguinchor, Upahotep Kajor Mendy, indique que la structure qu’il a l’honneur de diriger travaille aux côtés de la Direction pour la reconstruction de l’Af de Ziguinchor qui, soutient-il, va prendre en compte les préoccupations environnementales. Dans le nouveau projet de reconstruction, M. Mendy estime que le patrimoine architectural de la Casamance sera jalousement conservé. « L’Af de Ziguinchor se situe à quelques mètres du lycée Djignabo et beaucoup d’élèves venaient passer du temps dans ce cadre qui appartient à tous les Ziguinchorois et à toutes les populations. L’Af est une institution encrée dans notre patrimoine. Les gens viennent de façon spontanée. Nous sommes là pour combattre la pensée unique », poursuit Upahotep Kajor Mendy.
Dans cette volonté de reconstruire l’Af de Ziguinchor, le président du Conseil d’administration invite les Ziguinchorois et toutes les bonnes volontés à se joindre à eux afin de rendre « plus beau et attrayant cet espace ». De plus, il rappelle que le dîner de gala est une « belle occasion pour réussir le projet de reconstruction ».
Dans cette phase de reconstruction, le ministère français des Affaires étrangères a promis de venir en aide à l’Alliance française de Ziguinchor. Outre ce soutien, le Premier ministre Ousmane Sonko, dit-on, a adressé une correspondance à Mme l’Ambassadrice de France au Sénégal pour lui faire savoir que le gouvernement va apporter son assistance à l’Alliance française de Ziguinchor afin de l’aider à réussir le projet de réhabilitation. « Nous sommes plutôt positifs. Cette maison devient de plus en plus très dynamique. Il y a des étudiants de l’Ufr Santé et des élèves du lycée Djignabo qui passent le plus clair de leur temps au sein de l’Alliance. Nous avons de vraies difficultés de travail. Moi, je n’ai pas de bureau, idem pour le reste de l’équipe. Donc, le besoin est pressant », indique Nathalie Carratié-Faye, invitant les uns et les autres à croire en eux « parce qu’au sein de l’Alliance, nous, nous croyons en nous ».
Un dîner spectacle pour se relancer
Dans une dynamique de recherche de fonds devant servir à la reconstruction totale de l’Alliance française de Ziguinchor, la directrice et son équipe ont concocté plusieurs stratégies. Outre la collecte déjà faite à Dakar, un dîner a été organisé le 15 février 2025 dans les jardins de l’Alliance française de Ziguinchor. Faire de l’Alliance française de Ziguinchor une institution aussi belle qu’une jeune fille. C’est la volonté de la Direction et du Conseil d’administration de cet établissement qui combattent la pensée unique et figée. À l’Alliance, le personnel n’a jamais baissé les bras et tout le monde est maintenu à son poste. Cette énergie intense et cet élan du cœur ont permis de maintenir cette maison du peuple qui, à tout prix, veut se relever ! Mais, ça sera avec l’appui de tous !
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE LUNDI 24 FEVRIER 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil, Le Témoin Quotidien
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil, Le Témoin Quotidien
JUBB, JUBBAL, JUBBANTI, ET MAINTENANT, AU TOUR DE LA FSF
L'ère post-Senghor s'annonce comme un tournant décisif pour le foot sénégalais, appelant à une rupture avec les vieilles pratiques. Le futur président de la FSF devra incarner les valeurs de probité et de transparence que réclame aujourd'hui la population
Alors que l’actuel président de la Fédération Sénégalaise de Football, Augustin Senghor, vient de faire acte de candidature au conseil de la FIFA et par la même occasion, sans le dire, laisser à d’autre le combat à sa succession, il est déjà temps de s'interroger sur le devenir de cette future présidence.
Il n’est pas question ici de faire le bilan de l’actuelle direction, mais de penser à l'avenir, à l’heure où notre pays prétend légitimement à plus de transparence, d’honnêteté et de compétences.
Il ne fait nul doute, après la récente (r)évolution politique et l’engouement généré par celle-ci au sein de notre peuple, que la FSF ne peut se soustraire au Jubb, jubbal, jubbanti !
Dès lors, que devons nous attendre du prochain président de la FSF ? Quel profil doit-il avoir pour répondre aux attentes des acteurs de football sénégalais, et plus généralement de notre population.
Cette demande de changement implique, de fait, l’obligation de faire table rase de l’ancienne direction. Un sentiment néfaste, accompagné d’un rejet fort pour la prochaine direction pourrait naître si des pensionnaires actuels du Comex venaient à prendre les rênes. Cet éternel recommencement, déjà trop prégnant depuis de nombreuses décennies doit être écarté.
Le futur candidat devra par ailleurs montrer sa probité et aura un devoir moral fondamental vis-à-vis du peuple sénégalais, loin de toute source imaginable de conflit d'intérêt. Aussi, le pouvoir et l’argent ne font souvent pas bon ménage. Le futur président sera élu pour l’intérêt du football et des sénégalais, uniquement ! Et non pour ses intérêts ou son orgueil. Cette droiture envers la justice implique que les candidats qui seront amenés à se déclarer devront montrer patte blanche et ne pas être, d’ores et déjà, empêtrés dans diverses affaires juridiques.
Outre ce respect et cette connaissance du droit, qui sont des prérequis nécessaires pour occuper un poste demandant une connaissance fine des textes juridiques énoncés par la FIFA et la CAF, le futur président devra faire preuve d’ouverture et de transparence à l’égard de tous. Le football sénégalais se compose de diverses strates. Qu’ils soient amateurs, professionnels, jeunes, adultes, hommes ou femmes, chaque acteur de notre football doit se sentir représenté légitimement par son président.
Que les candidats honnêtes, compétents, vierges de tout soupçon et avec la capacité d’apporter un regard neuf se déclare ! Jubb, jubbal, jubbanti !
Bassirou Sakho est Conseiller sportif.
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LE POUVOIR DES IMAGES EN RELATIONS INTERNATIONALES
Le sociologue Djiby Diakhaté décrypte une série d’images dans cette émission intitulée, « Les Carnets culturels». Un programme propose par le Carre culturel, entité compose d’une librairie, une maison d’édition et une galerie d’art.
Une image vaut mille mots, dit l’adage. Cette expression, aussi courte soit-elle, traduit la puissance de l’image dans la communication et son impact dans le déclenchement d’émotions.
Dans ce numéro des Carnets culturels, le sociologue-philosophe Djiby Diakhaté décrypte, avec justesse et éloquence, une série d’images pour offrir une clé de lecture au public. Une émission produite et réalisée par Le Carré culturel, dans l’espace pittoresque de sa galerie d’art aux Almadies, route de Ngor. Un bel exercice de sémiologie dans lequel le sociologue, très médiatisé, semble bien tirer son épingle du jeu.
De Nelson et Winnie Mandela, poing levé à la sortie de prison, au genou du policier blanc sur le cou de George Floyd aux États-Unis, en passant par les images apocalyptiques de la destruction de Gaza par l’armée israélienne, entre autres, le sociologue analyse avec une précision chirurgicale les images à lui soumises.
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DAME BABOU, INVITE DE LA MATINALE DU 21 FEVRIER 2025 AVEC ALASSANE SAMBA DIOP
Dame BABOU; Invité de la matinale du 21 février 2025 avec Alassane Samba DIOP
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LA RÉPRESSION OUBLIÉE DU CAMEROUN
Entre 1955 et 1971, l'armée française a mené une guerre impitoyable contre les indépendantistes camerounais. Des camps de regroupement aux assassinats ciblés, la violence à fait des dizaines de milliers de morts
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Cameroun sous tutelle française connaît une période de violence qui restera longtemps absente des livres d'histoire. L'Union des populations du Cameroun (UPC), un mouvement nationaliste créé après 1945, revendique l'indépendance du pays. Face à sa popularité croissante, les autorités coloniales françaises réagissent par une série de mesures répressives.
La situation bascule en 1955. L'UPC est interdite, poussant ses membres dans la clandestinité. L'armée française déploie alors un arsenal répressif complet : camps de regroupement, torture, opérations de traque et assassinats ciblés. Le chef de l'UPC, Ruben Um Nyobé, est tué par l'armée française dans le maquis.
Le massacre d'Éséka illustre la brutalité de cette répression. Dans la nuit du 30 au 31 décembre 1956, l'armée française attaque une réunion de militants de l'UPC. Les archives militaires comptabilisent 20 morts, les témoins locaux évoquent entre 100 et 200 victimes.
Entre 1956 et 1962, la guerre fait rage. Les chiffres officiels de l'armée française font état de 7500 combattants camerounais tués. Les estimations réelles parlent de plusieurs dizaines de milliers de morts. L'indépendance du 1er janvier 1960 ne marque pas la fin des hostilités. La France maintient son influence en soutenant le président Ahmadou Ahidjo, qui s'appuie sur l'armée française pour combattre l'opposition jusqu'en 1971.
En janvier 2025, un rapport historique de plus de 1000 pages est remis aux présidents français et camerounais, documentant en détail cette période méconnue. La France n'a, à ce jour, jamais reconnu officiellement son rôle dans cette guerre de décolonisation.
PAR RENÉ LAKE
SITUATION ÉCONOMIQUE ALARMANTE ET INCERTITUES MONÉTAIRES
EXCLUSIF SENEPLUS – La sortie de la zone CFA reste une possibilité, mais devient un pari bien plus risqué sans un large soutien politique et social. Le pouvoir Faye-Sonko devra élargir sa base pour espérer mener à bien ce projet
L'économie sénégalaise traverse une période critique. L'agence de notation Moody's Investors Service a récemment abaissé la note de crédit à long terme en devises étrangères du Sénégal de B1 à B3, tout en modifiant la perspective de "stable" à "négative". Cette décision fait suite aux révélations de la Cour des comptes sur l'état préoccupant des finances publiques sous la présidence de Macky Sall.
Les agences de notation, telles que Moody's, évaluent la solvabilité des États en attribuant des notes reflétant leur capacité à honorer leurs dettes. Une dégradation de la note signifie que les investisseurs perçoivent un risque accru de défaut de paiement. Concrètement, une note de B3 place le Sénégal six crans en dessous de la catégorie "investissement", le classant parmi les émetteurs à haut risque. Cette situation entraîne généralement une augmentation des taux d'intérêt exigés par les créanciers, rendant le financement sur les marchés internationaux plus coûteux pour le pays.
Pour mesurer l'ampleur de cette dégradation, il est instructif de comparer la note actuelle à celles des années précédentes. Il y a 10 ans, en 2015, le Sénégal était généralement noté dans la catégorie Ba3, reflétant une qualité de crédit spéculative mais avec un risque modéré. Il y a cinq ans, en 2020, Moody's a maintenu la note du Sénégal à Ba3, avec une perspective négative liée aux défis économiques, notamment ceux posés par la pandémie de Covid-19. Il y a un an, en septembre 2024, Moody's a abaissé la note souveraine du Sénégal de Ba3 à B1, indiquant une détérioration de la situation économique et financière du pays. La récente dégradation à B3 marque donc une chute significative de deux crans en moins d'un an, soulignant une détérioration rapide de la confiance des investisseurs.
Cette dégradation de la note de crédit aura des répercussions majeures sur l'économie sénégalaise. L'accès au financement deviendra plus difficile, car le Sénégal devra faire face à des coûts d'emprunt plus élevés sur les marchés internationaux, ce qui pourrait limiter sa capacité à financer des projets d'infrastructure et des programmes sociaux essentiels. Les investissements étrangers risquent également de diminuer, une note plus basse pouvant dissuader les investisseurs étrangers, craignant une instabilité économique accrue et un risque de défaut de paiement. À court terme, le gouvernement devra probablement adopter des mesures d'austérité pour tenter de stabiliser les finances publiques. À moyen et long terme, des réformes structurelles seront nécessaires pour restaurer la confiance des investisseurs et remettre l'économie sur une trajectoire de croissance durable.
Cette situation mérite d'être analysée dans son contexte régional. Bien que le Sénégal maintienne une note de crédit supérieure à celle du Cameroun, du Nigeria et du Ghana, la rapidité de la détérioration de sa position inquiète particulièrement les marchés financiers. Cette préoccupation s'explique par le contraste marqué avec l'histoire récente du pays. Jusqu'en 2023, le Sénégal se distinguait comme l'une des économies les mieux notées d'Afrique de l'Ouest, dépassé uniquement par la Côte d'Ivoire. La chute brutale de B1 à B3 en quelques mois révèle une détérioration sans précédent des finances publiques.
Les investisseurs réagissent plus négativement à cette instabilité soudaine qu'à des situations chroniquement difficiles. Par exemple, le Cameroun et le Nigeria, malgré un endettement plus important, bénéficient paradoxalement d'une perception plus stable des marchés, qui ont depuis longtemps intégré leurs risques structurels. À l'inverse, la transformation du Sénégal en source d'inquiétude représente un changement radical qui déstabilise les anticipations des investisseurs.
Dans ce paysage régional contrasté, certains pays comme le Ghana et le Burkina Faso traversent des difficultés encore plus sévères. Le Ghana fait face à un défaut partiel sur sa dette et a dû engager un processus de restructuration, tandis que le Burkina Faso cumule difficultés économiques et instabilité politique. À l'opposé du spectre, la Côte d'Ivoire maintient sa position privilégiée, conservant un accès favorable aux marchés financiers grâce à sa stabilité et sa solvabilité perçue.
La dégradation de la note de crédit du Sénégal constitue donc un signal d'alarme particulièrement préoccupant sur la gravité de sa situation économique. Il est impératif que des actions concrètes soient entreprises pour éviter une spirale descendante et assurer la stabilité économique du pays.
Le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko ont fait de la sortie du franc CFA une priorité politique, arguant que cette monnaie constitue un frein à la souveraineté économique du Sénégal. Cette demande est en fait une exigence clairement exprimée par les jeunesses africaines depuis de nombreuses années. Toutefois, la situation actuelle complique fortement ce projet, pour plusieurs raisons.
D'abord, les finances publiques sont en crise. Avec un déficit budgétaire réévalué à 12,3% du PIB en 2023 et un ratio dette/PIB de 99,7%, le Sénégal est en situation de surendettement, ce qui limite sa capacité à gérer une transition monétaire sans risque de déstabilisation. La sortie du CFA nécessiterait la création de nouvelles réserves de change pour assurer la stabilité d’une nouvelle monnaie. Or, avec un endettement élevé et une notation B3, le Sénégal aurait plus de difficultés à emprunter en devises étrangères pour constituer ces réserves.
Ensuite, la confiance des investisseurs est en chute libre. La baisse de la note de Moody’s signifie que les créanciers estiment que le Sénégal est devenu plus risqué. Si le pays quittait la zone CFA maintenant, cela ajouterait une incertitude monétaire supplémentaire, ce qui pourrait dissuader davantage les investisseurs étrangers.
Enfin, un risque de fuite des capitaux et d'inflation est à prévoir. Si le Sénégal quitte le franc CFA, il devra convaincre les investisseurs de faire confiance à la nouvelle monnaie. Mais avec un endettement élevé et un déficit budgétaire massif, cette confiance sera difficile mais pas impossible à obtenir. Une dépréciation rapide de la nouvelle monnaie est probable, ce qui augmenterait le coût des importations et pourrait provoquer une inflation forte, menaçant le pouvoir d'achat des Sénégalais.
Si, sur le plan idéologique et politique, la sortie du franc CFA est un objectif fort du gouvernement Faye-Sonko et une exigence populaire, la crise budgétaire actuelle rend cette transition plus périlleuse que nécessaire en raison du nouveau contexte de crise économique profonde.
En effet, le Sénégal a perdu la confiance des marchés financiers (baisse de la note de Moody’s), l’État doit financer un déficit massif et rembourser une dette élevée, et les investisseurs sont déjà inquiets. Dans un tel contexte, il est peu probable, selon certains experts, que le gouvernement puisse convaincre rapidement les partenaires financiers et économiques d’adopter une nouvelle monnaie sans provoquer de turbulences majeures.
Cependant, d’autres considèrent que si une unité politique et sociale se forme autour de cette décision, la résilience populaire, qui a déjà permis au pays de surmonter des crises par le passé, pourrait jouer un rôle clé. En mobilisant ses ressources endogènes et en s’appuyant sur une solidarité nationale forte, le Sénégal pourrait non seulement amortir les effets de la crise actuelle, mais aussi mettre en œuvre progressivement son projet de sortie de la zone CFA.
par Ndongo Samba Sylla
LE MYTHE DU DÉFICIT PUBLIC
Il est contreproductif de considérer les déficits publics comme un signal de mauvaise gestion. L’attention devrait être plutôt portée sur l’impact distributif et macroéconomique de la dépense publique : qui en bénéficie ?
La médiatisation exceptionnelle du rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques du Sénégal entre 2019 et le premier trimestre 2024 a nourri des débats souvent partisans mais salutaires. Cependant, ceux-ci sont intervenus pour l’essentiel dans un cadre théorique problématique pour ne pas dire réducteur et totalement inapproprié. Ce qu’il convient ici de corriger. Car il faudrait éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. S’il est légitime de lutter contre la gabegie, la corruption, la non-transparence ainsi que l’inefficacité et l’inéquité de la dépense publique, il est en revanche contreproductif de considérer les déficits publics en tant que tels comme un signal de mauvaise gestion. Dans le cas des pays où les urgences sociales et économiques sont nombreuses, le déficit public est une situation normale et souhaitable.
Les origines des critères plafonnant le déficit et la dette publics
Le déficit public est la différence entre la dépense du gouvernement et ses revenus (fiscaux, non-fiscaux et aides extérieures). Sur le plan comptable, un déficit public implique que la dépense du gouvernement a été supérieure à ses revenus. La dette publique à un moment donné (en février 2025 par exemple) représente le cumul des déficits publics passés.
Au Sénégal, comme ailleurs, un déficit public et une dette publique faibles relativement au PIB sont souvent interprétés comme des indicateurs de bonne santé financière et de qualité de la gestion du gouvernement. Ce point de vue est trompeur mais s’explique aisément. Copiant de manière mimétique et irréfléchie la zone euro, les institutions communautaires en Afrique de l’Ouest, comme l’UEMOA et la CEDEAO, ont défini des « critères de convergence » parmi lesquels des objectifs à ne pas dépasser en matière de déficit et de dette publics.
Un déficit public supérieur à 3 % du PIB est considéré comme une mauvaise chose tandis qu’une dette publique supérieure à 70 % du PIB annoncerait des problèmes de solvabilité. Ces chiffres sacrosaints sont pris pour argent comptant par la plupart des commentateurs qui interrogent rarement leur pertinence.
La prétendue règle des 3 % de déficit public à ne pas dépasser a été inventée de toutes pièces au début des années 1980 en France sous la présidence de Mitterrand en vue de justifier des politiques d’austérité. Avoir ce chiffre magique à portée conférait une caution de scientificité aux coupes budgétaires prévues. Les créateurs de ce ratio de « 3 % » le qualifient de « chimère » qui ne doit son existence qu’à la commande politique et non à la théorie et aux faits économiques. Ce ratio s’est internationalisé avec la naissance de l’euro en 1999. Pour prévenir toute démarche de solidarité budgétaire avec les autres pays membres de la zone euro, l’Allemagne avait imposé les critères arbitraires de 3 % de déficit public et de 60 % de dette publique. L’UEMOA et la CEDEAO les ont peu ou prou repris. Autrement dit, des critères européens motivés par l’absence de solidarité ont été importés et posés comme les fondements voire les préalables de l’unification monétaire africaine !
Les ratios de dette publique/PIB (de 60 ou 70 %) sont tout aussi arbitraires. Les économistes Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff avaient soutenu qu’au-delà d’un certain niveau ce ratio emportait de lourdes conséquences négatives. Leur travail a été discrédité, du fait notamment d’erreurs dans le traitement des données. Des travaux du FMI ont montré qu’il n’y a aucun fondement empirique au point de vue selon lequel des niveaux de dette publique élevés porteraient nécessairement atteinte à la croissance économique. Tout ceci ne saurait surprendre.
En effet, la dette publique est un stock alors que le PIB est un flux. Il est illégitime de mesurer la solvabilité d’un État de cette manière. La dette publique est payée sur plusieurs années voire décennies alors que le PIB mesure la production marchande sur une année. C’est comme si un travailleur contractait un prêt sur vingt ans (stock) et sa solvabilité était mesurée par sa banque seulement sur la base du revenu de l’année en cours (flux).
De plus, ce ratio ne distingue pas la dette en monnaie nationale de la dette en monnaie étrangère. Les gouvernements souverains sur le plan monétaire – ceux qui ne s’endettent que dans leur propre monnaie et opère en changes flottants – n’ont pas de contrainte de solvabilité. Ainsi, le gouvernement japonais, avec un ratio de dette publique de 229 % (en 2023), ne peut faire défaut sur sa dette : celle-ci est largement détenue par sa propre banque centrale et, de toute manière, le service de la dette publique japonaise est payé dès que le parlement valide le budget. Par contre, les pays qui ont une souveraineté monétaire moins importante – notamment parce qu’ils se sont endettés en monnaie étrangère - peuvent faire défaut à tout moment. Les gouvernements de pays comme l’Argentine ou le Pérou ont fait défaut avec des ratios de dette publique de l’ordre de 30 % du PIB.
À tout déficit public correspond un surplus au bénéfice du secteur privé
Outre que le ratio dette/PIB n’a pratiquement aucune pertinence analytique, il faut souligner l’interprétation erronée qui est souvent faite du déficit public.
Un déficit budgétaire – voire une situation chronique de déficit budgétaire – n’a rien d’alarmant si les dépenses publiques ont été faites dans un cadre de transparence avec une ambition développementaliste. Au contraire, c’est une situation souvent normale et désirable pour la plupart des pays. Les seuls gouvernements qui peuvent se permettre d’avoir des surplus budgétaires sans nuire à leurs économies sont ceux qui généralement obtiennent des surplus extérieurs importants (comme l’Arabie Saoudite et la Chine). Mais même pour les pays qui ont des excédents commerciaux élevés, le déficit budgétaire est souvent de mise.
L’hystérie au sujet des déficits publics procède en partie d’une erreur d’omission : partout où un déficit est enregistré, un surplus équivalent existe qui le compense. Il en est toujours ainsi dans la comptabilité en parties doubles.
Un déficit public de 3 % du PIB correspond à un surplus pour le secteur non-gouvernemental (ménages, entreprises et « reste du monde ») de 3 % du PIB. Réciproquement, quand le gouvernement a un surplus de 3 % du PIB, le secteur non-gouvernemental enregistre un déficit de 3 %. En effet, le déficit public est l’une des sources des profits des entreprises, comme le montre l’équation de (Michal) Kalecki (du nom de l’économiste polonais éponyme). Tout le monde peut comprendre intuitivement que lorsque l’État dépense pour les entreprises plus qu’il ne les taxe, il contribue à augmenter leur richesse financière nette.
Quand les gens critiquent les déficits publics ou cherchent à les plafonner, ils critiquent ou cherchent à plafonner également, sans s’en rendre compte, le surplus financier que le gouvernement crée pour le secteur privé dans son ensemble. Ceux qui sont opposés aux déficits publics soutiennent implicitement que l’État ne doit pas contribuer à augmenter la richesse financière du secteur privé ! Ainsi, sans que cela ne choque personne, l’UEMOA, à travers ses critères de convergence, décrète arbitrairement qu’il n’est pas souhaitable que ses États membres contribuent à plus de 3 % du PIB à la richesse financière nette de leur secteur privé ! Plus concrètement, si un pays comme le Sénégal devait avoir régulièrement des déficits de l’ordre de 5 % permettant aux entreprises privées de prospérer et de créer des emplois en masse, cette stratégie économique devrait être découragée selon les règles de l’UEMOA. Car, dans la logique institutionnelle et macroéconomique de l’UEMOA (et de la CEDEAO), respecter les équilibres comptables afin de satisfaire les intérêts des créanciers a la priorité sur la nécessité de transformer les économies africaines et de générer des emplois décents.
Ce principe de gestion des finances publiques, que le néolibéralisme a remis au goût du jour, est colonial par excellence. C’est celui qu’appliquaient les administrations coloniales. Raison pour laquelle leur contribution à la richesse financière du secteur privé « indigène » était presque nulle : elles ne dépensaient que ce qu’elles percevaient comme impôts et taxes prélevés sur les populations et les recettes d’exportation. D’où le sous-développement constaté dans la plupart des ex-colonies.
Soulignons que la plupart des grandes crises du capitalisme depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’à celle de 2007-2008 ont été précédées d’épisodes de surplus budgétaires dans les pays économiquement dominants tels les États-Unis. En effet, un surplus budgétaire implique un déficit du secteur privé, c’est-à-dire une baisse de l’épargne privée et une hausse de l’endettement des ménages et des entreprises qui progressivement devient insoutenable. Ce qui débouche sur des défauts de paiement suscitant à leur tour panique et crise financières.
Au lieu de parler de « déficit », vu que le mot évoque généralement des représentations négatives, il serait plus juste et plus approprié de parler de « dépense nette du gouvernement » voire de « surplus financier net créé par le gouvernement ».
En changeant le langage, la perspective serait donc modifiée. Au lieu de s’épancher sur l’existence du déficit public, l’attention devrait être plutôt portée sur l’impact distributif et macroéconomique de la dépense publique : qui en bénéficie ? quelles sont ses conséquences sur l’inflation, la dette et l’équilibre extérieurs.
Les surplus budgétaires sont irresponsables dans le cas des pays pauvres
En somme, retenons que le déficit budgétaire est quelque chose de normal et de souhaitable dans la plupart des cas car c’est la richesse financière nette que le gouvernement crée pour le secteur non-gouvernemental. Le but de l’État ne doit pas être d’ « épargner » car cela reviendrait à mettre le secteur privé dans la zone rouge (en situation de déficit, ce qui n’est pas souhaitable). En fait, devant des besoins insatisfaits en termes d’infrastructures de santé, d’éducation, de protection sociale, etc., c’est irresponsable de couper dans la dépense publique pour respecter des critères comptables totalement arbitraires. La gestion bonne et responsable pour un gouvernement consiste à faire les dépenses nécessaires pour atteindre les objectifs de développement économique et d’équité plutôt qu’à se conformer à des équilibres comptables sans fondement.
Si l’Afrique demeure aujourd’hui pauvre, c’est parce que depuis la période coloniale elle continue de subir des politiques qui soit compressent le niveau de dépense permettant d’accélérer son développement soit l’oriente pour répondre aux intérêts extérieurs et ceux des classes dirigeantes.
Dans un prochain article en complément de celui-ci, nous établirons deux faits contre-intuitifs dans le cas des gouvernements qui disposent de leur propre monnaie : quoique nécessaires et importants à de nombreux égards, les impôts et taxes ne jouent aucun rôle de financement ; le déficit en monnaie nationale ne pose aucun problème de « financement » car la dépense publique « s’autofinance » elle-même, si le gouvernement prend les mesures légales appropriées. La vision selon laquelle les banques et investisseurs (étrangers) peuvent financer le gouvernement dans sa propre monnaie est un mythe bien commode !