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28 août 2025
par Cheikh Thiam
LES SOPHISTES DE LA POSTCOLONIE
Macky Sall ne devrait pas siéger au conseil d’administration de Mo Ibrahim. Ce jugement peut déplaire. Mais il a le mérite d’être fondé sur des faits. Le texte de Hamidou Anne est certes beau, mais il ne dit absolument rien
Les sophistes ont toujours été les éléments les plus dangereux de l’époque moderne. La maîtrise de la belle phraséologie est un bel outil — mais tout ce qui brille n’est pas or. Voilà ce que montre et représente le texte d’Hamidou Anne : un mélange de tournures élégantes mais vides. Dans la postcolonie, la maîtrise du français est souvent confondue avec l’intelligence. Voilà ce que le texte de Anne donne à voir. Voyons pourquoi.
Le texte commence par une mention des 56 universitaires ayant signé une lettre ouverte, qualifiés d’“intellectuels” — entre guillemets. Ces guillemets en disent long. Pas besoin de commentaire. Juste après, Anne les présente comme rageux, haineux, aigris face à un président qui accumule les honneurs. L’attaque ad hominem est manifeste. C’est la première preuve d’un manque de rigueur dans la pensée. Les étudiants de première année de philo ou de math le savent déjà.
Les trois paragraphes suivants ne sont guère plus intéressants. Une avalanche de mots, tous plus méprisants les uns que les autres, dépeint ces universitaires comme engagés dans une guerre fangeuse, guidés par la jalousie envers la prestance et les succès de Macky Sall. Aucun argument. Des propos creux, sans retenue, qui pourraient être lancés à n’importe qui, à propos de n’importe quoi. À ce niveau, il ne s’agit plus d’un débat, mais d’un règlement de comptes de borne-fontaine. La réponse de Anne nous rappelle une tradition puérile : face à la critique, répliquer “tu es jaloux”.
Au quatrième paragraphe, enfin un changement… mais l’auteur change de sujet. Alors que les universitaires critiquent la nomination de Macky Sall au conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim — en tant que symbole de la démocratie — le texte bifurque vers les réalisations du président et les promesses non tenues de Pastef. Soit. On pourrait avoir un débat sur cela aussi. Mais ici, ce n’est pas la question. Et comme un enfant surexcité, M. Anne perd le nord et s’égare dans un hors-sujet, enrobé de belles phrases. Il oublie que, contrairement à lui, ces intellectuels savent au moins rester sur le sujet.
S’ensuit une attaque tous azimuts, qui finit par présenter ces universitaires comme des calomniateurs méprisés par les Sénégalais. Encore un texte fait de beaux mots, qui sera célébré par certains… mais qui, au fond, ne dit rien. Aucune réflexion, aucun argument, rien sur la question soulevée par les universitaires. Juste du bruit. Et c’est ainsi que l’on confond l’éclat des coquilles avec la substance de la moelle. Quant à celle-ci, Hamidou Anne n’en donne aucune. Il ne dit absolument rien.
Mais waaye nag, comme on dit dans le Kajoor, "leketi kese naxuli bèy" te "fentarloo ajoo ju fajuwul doy na cay duma."
Quant à la question centrale, celle que ces universitaires posent — et à laquelle Anne ne répond jamais — elle est pourtant simple. La Fondation Mo Ibrahim est un symbole de démocratie. Ses administrateurs doivent incarner cette valeur.
Or, comment comprendre la nomination de celui qui, pour s’accrocher au pouvoir, a mené le pays dans une situation délétère ; qui a emprisonné plus de 1000 personnes pour avoir contesté ses dérives antidémocratiques ; qui a avoué avoir “mis le coude” sur des dossiers de corruption ; et qui, pour couronner le tout, a repoussé les élections, craignant une défaite annoncée ? Celui-là même qui, malgré ses déclarations de renoncement au troisième mandat, avait déjà discrètement consulté le Conseil constitutionnel, lequel — dans la plus grande discrétion — lui avait signifié qu’il n’était pas éligible. Ce président ne devrait pas siéger au conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim.
Ce jugement peut déplaire. Il peut même être interprété comme “rageux” ou “jaloux”. Mais il a au moins le mérite d’être fondé sur des faits précis. Le texte de M. Anne est certes beau. Il écrit vachement bien. Mais je lui aurais tout de même donné un zéro pointé, car il ne convaincra que ceux qui, comme lui, se contentent de la forme au détriment du fond.
Cela dit, si M. Anne souhaite que certains d’entre nous répondent aux questions qu'il évoque, je ne peux répondre qu’en mon nom.
Où étions-nous lorsque l’Université de Dakar a été brûlée ? Nous avions parlé. Mieux : nous avions organisé une conversation à ce sujet, où nous avions invité des critiques honnêtes de Pastef, comme le professeur Hady Ba. Il y avait aussi d'autres collègues comme le professeur Yankhoba Seydi, des étudiants, et moi-même. Certains, comme Ba et Seydi, y avaient vu un acte de barbarie. Pour ma part, je l’ai lu comme un moment crucial de notre histoire. Que se passe-t-il dans la tête d’un étudiant qui brûle sa propre fac ? Je le vois comme un acte suicidaire profondément fanonien.
Et sur la justice, notamment le cas Mansour Faye ? Voici ce que j’écrivais ce matin sur Facebook :
“Certaines choses doivent être sacrées dans un État de droit, quel que soit le bord politique. Au Sénégal, nous avons cependant tendance à nous focaliser sur les anecdotes, au lieu des principes. Quand nous nous indignions de l’arrestation arbitraire de journalistes il y a un an, ce n’était pas pour les beaux yeux d’un tel ou d’un autre. Quand nous nous indignions que Sonko soit assigné à résidence, c’était parce que cela n’était pas légal. Aujourd’hui, je m’indigne tout autant que des journalistes soient arrêtés. Je m’indigne que Mansour Faye (pour qui je n’ai aucun respect, soit dit en passant), ou tout autre Sénégalais, soit interdit de quitter le territoire sans décision d’un juge. Aujourd’hui c’est lui, demain ce sera nous. La jurisprudence est un principe de droit. Sénégal rekk moo nu wara ñor.”
Les autres questions que vous évoquez sont importantes. Elles méritent d’être débattues. Mais faisons-le avec honnêteté. Et cessons d’utiliser des mots creux pour dire des âneries fondées sur… absolument rien.
L'institution refuse, dans deux lettres consultées par SenePlus, de se plier aux exigences jugées inconstitutionnelles concernant sa gestion de l'antisémitisme sur le campus, au risque de perdre des milliards de dollars de financements fédéraux
(SenePlus) - Dans un bras de fer d'une ampleur sans précédent, l'université Harvard a formellement rejeté à travers deux correspondaces adressées à l'administration et consultées par SenePlus, les exigences du gouvernement fédéral américain concernant la lutte contre l'antisémitisme sur son campus, dénonçant une tentative d'ingérence dans son autonomie académique.
Le président de Harvard, Alan M. Garber, a informé la communauté universitaire lundi que l'institution refusait de se plier aux demandes gouvernementales reçues vendredi dernier. "La prescription de l'administration va au-delà du pouvoir du gouvernement fédéral. Elle viole les droits garantis à Harvard par le Premier Amendement et dépasse les limites statutaires de l'autorité gouvernementale selon le Titre VI", écrit Garber dans sa lettre.
Les représentants juridiques de Harvard, William A. Burck et Robert K. Hur, ont officiellement notifié le gouvernement de ce refus, affirmant que "l'université ne cédera pas son indépendance ni ne renoncera à ses droits constitutionnels."
Les documents révèlent l'étendue des demandes gouvernementales, qualifiées d'"inédites" par Harvard. Parmi elles:
Une restructuration de la gouvernance visant à "réduire le pouvoir" des étudiants, professeurs non titulaires et administrateurs "plus engagés dans l'activisme que dans l'érudition"
Un audit complet des "points de vue" politiques et idéologiques au sein du corps étudiant, du corps professoral et du personnel administratif
La fermeture immédiate de tous les programmes de diversité, équité et inclusion (DEI)
Des réformes drastiques des procédures disciplinaires, notamment l'interdiction totale du port de masques lors des manifestations
L'interdiction et la sanction des organisations étudiantes ayant participé à des activités jugées antisémites depuis octobre 2023
Un contrôle gouvernemental des admissions d'étudiants étrangers pour éviter l'entrée de personnes "hostiles aux valeurs américaines"
L'enjeu est considérable : le gouvernement menace de couper des milliards de dollars de financement fédéral à Harvard si l'université ne se conforme pas. Ces fonds soutiennent des recherches cruciales dans des domaines comme la médecine, l'intelligence artificielle et les sciences quantiques.
"Pour le gouvernement, se retirer de ces partenariats maintenant risque non seulement la santé et le bien-être de millions d'individus, mais aussi la sécurité économique et la vitalité de notre nation", souligne Garber.
Cette confrontation s'inscrit dans le sillage des tensions qui agitent les campus américains depuis les événements du 7 octobre 2023 et l'escalade du conflit israélo-palestinien. Harvard, comme d'autres universités d'élite, a été secouée par d'importantes manifestations pro-palestiniennes.
Dans sa lettre, Garber affirme que Harvard s'engage à combattre l'antisémitisme et a déjà pris "de nombreuses mesures" en ce sens au cours des quinze derniers mois. L'université prévoit "d'en faire beaucoup plus", tout en refusant que "le gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, dicte ce que les universités privées peuvent enseigner."
"La liberté de pensée et de recherche, ainsi que l'engagement de longue date du gouvernement à la respecter et à la protéger, a permis aux universités de contribuer de manière vitale à une société libre", rappelle Garber.
PAR SEYDOU KA
L’ILLUSION DE LA STABILITÉ
Stabilité. À l’échelle de la planète, d’un pays ou même d’un foyer, tout décideur fait de ce mot une priorité. Parce que rien ne peut se construire dans l’instabilité, répète-t-on...
Stabilité. À l’échelle de la planète, d’un pays ou même d’un foyer, tout décideur fait de ce mot une priorité. Parce que rien ne peut se construire dans l’instabilité, répète-t-on. Cette injonction s’accompagne, sur le plan politique, d’un mouvement de repli et de clôture, de retour aux nationalismes parce que l’autre (l’étranger) est toujours perçu comme un élément déstabilisateur.
S’il en est ainsi, c’est parce que beaucoup ont perdu foi en l’avenir. « Ils n’attendent plus rien, sinon la fin. Tout se passe comme si, en vérité, la courte histoire de l’humanité sur terre était d’ores et déjà consommée », constate l’historien camerounais Achille Mbembe (in « La communauté terrestre », La Découverte, 2023, 206 p.). L’humanité serait donc de plain-pied « dans l’âge de la combustion du monde […] et la tâche de la pensée ne consisterait plus qu’à en prendre acte, à anticiper la catastrophe et à en faire l’annonce ». D’où ce désir constant d’avoir de l’emprise sur le temps, les événements, la vie. Or, celle-ci est en constante mouvement. Ainsi, à l’heure de l’accélération et de l’enchevêtrement des temps, cette stabilité s’avère illusoire. C’est pourquoi un penseur comme Mohammed Iqbal, le père spirituel du Pakistan, a théorisé dans son ouvrage intitulé « Reconstruire la pensée religieuse de l’islam » (Editions Unesco, 1996, 205 p.) le concept de fidélité dans le mouvement.
C’est parce que la vie est spontanée et continue, nous dit Iqbal, que le monde de l’islam doit renouer avec son propre principe de mouvement. Pour lui, la pensée religieuse de l’islam, pour sa reconstruction et sa modernité, avait besoin de se donner une conception du temps qui ne soit pas un temps immobile, comme simple cadre à l’intérieur duquel les événements ont déjà eu lieu, sont écrits de toute éternité, mais au contraire un temps de l’évolution, un temps de l’action, un temps de la création. D’après Souleymane Bachir Diagne, qui a longuement commenté Iqbal dans ses écrits, parmi tous les philosophes modernistes, c’est celui qui reprend les choses radicalement à la base en disant que tout dépend de la manière dont nous reconstruirons notre relation au temps.
Plutôt que de considérer que le temps c’est l’ennemi, que la perfection a déjà eu lieu hier et que maintenant le temps c’est notre ennemi, parce qu’il va forcément introduire de la dégradation là où il y a eu la perfection, il voit dans le temps la condition de possibilité de notre action, le lieu de déploiement de notre capacité créatrice. Cette conception du temps qu’Iqbal puise chez Henri Bergson et son concept d’élan vital, nous renseigne que la vie est une constante innovation. Chaque jour Dieu recommence la création du monde d’une façon différente, dit-il. C’est une révolution silencieuse continue qui échappe totalement à l’humain. Pourtant, celui-ci agit comme s’il avait une emprise sur les événements. Comme s’il pouvait dicter le tempo à l’œuvre créatrice. À l’image du poète qui implore le temps de suspendre son vol, il veut que les choses restent en l’état.
Que la vieillesse, la maladie, les tempêtes, la mort… n’adviennent point. Ce désir de contrôle est si ancré en nous que nous avons du mal à « libérer » nos enfants, à les laisser voler de leurs propres ailes, à explorer le monde avec les yeux de leur temps. Il ne s’agit point d’un appel à l’irresponsabilité et à l’ensauvagement, mais d’une invite à la réflexion. Bien sûr, il est de la responsabilité de tout un chacun d’agir à la hauteur de ses responsabilités et de ce qu’on lui a confié. Mais après avoir fait ce qui dépend de nous, il est bon de lâcher prise, de laisser libre cours aux événements. Mentalement, cela peut alléger le poids des soucis. De toute façon, il y a une volonté supérieure qui doit s’accomplir. Encore une fois, il ne s’agit pas d’enfermer la volonté dans la « raison paresseuse », mais si l’on veut dans un « fatalisme actif ».
THIERNO ALASSANE SALL DÉFIE SONKO À UN DÉBAT PUBLIC SUR LES CONTRATS GAZIERS
Le président du parti La République des Valeurs, accuse le Premier ministre de se détourner des vraies préoccupations des Sénégalais au profit de « calomnies ».
Dans un post sur les réseaux sociaux, Thierno Alassane Sall, président du parti La République des Valeurs, a vivement critiqué Ousmane Sonko, l’accusant de se détourner des préoccupations essentielles des Sénégalais pour se livrer à des attaques personnelles qu’il qualifie de « calomnies ».
« Encore une fois, Ousmane Sonko s’égare des vraies préoccupations des Sénégalais pour s’adonner à son sport favori : la calomnie », a déclaré TAS, dénonçant une méthode fondée selon lui sur « l’insulte, les accusations sans preuve, puis le refus du débat sous des prétextes honteux ».
Répondant à une interpellation lancée depuis l’hémicycle, Thierno Alassane Sall se dit prêt à débattre publiquement avec le leader de Pastef, non seulement sur les contrats gaziers, mais sur tout autre sujet qu’il souhaiterait aborder. Il appelle la presse à prendre en charge l’organisation de ce face-à-face.
« J’accepte », affirme-t-il, tout en espérant que son adversaire politique « ne se dérobera pas » et aura « le courage de ses mots ».
LE GOUVERNEMENT LANCE UN PROGRAMME DE REMPLACEMENT DES FILETS MONOFILAMENTS
La ministre des Pêches a annoncé un programme de remplacement de ces engins non biodégradables, dans le cadre d’une démarche concertée avec les acteurs du secteur.
Le gouvernement travaille sur un programme de remplacement des filets monofilaments dont l’action est nocive à l’environnement marin, a indiqué lundi, la ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires, Fatou Diouf.
‘’On a travaillé sur un programme de remplacement de ces filets pour demander aux pécheurs de se mettre aux normes sur une période bien déterminée. Et après cette date, ces filets seront confisqués conforment à la loi en vigueur’’, a-t-elle dit.
La ministre répondait à une interpellation du député Cheikh Ahmed Tidiane Youm sur les difficultés du secteur de la pêche liées à l’usage de ces filets monofilaments lors de la séance des questions d’actualité au gouvernement.
Selon la ministre, ‘’la recherche scientifique a eu à faire des études sur les monofilaments et a conclu que ce sont des filets nocifs à l’environnement marin parce que la matière avec [laquelle] ces filets ont été construits (…) n’est pas dégradable. Donc, ce n’est pas biodégradable’’.
Elle a rappelé que l’usage de ces filets est encadré par le Code de la pêche de 2015 révisant celui de 1998.
‘’Le Code de la pêche de 2015 a prévu l’interdiction, l’usage, la fabrication, l’exploitation des monofilaments. Mais dans le Code (…) il y a une disposition qui devait être transitoire, mais malheureusement auquel on n’a pas donné caractère’’, a expliqué Fatou Diouf.
Pour corriger cette question, le département ministériel des Pêches a décidé de privilégier le dialogue et la concertation pour arriver à une solution durable permettant de ‘’renforcer et développer la pêche artisanale’’.
La direction de gestion des fonds marins fait des efforts considérables pour le nettoyage des fonds marin, a assuré la ministre des Pêches sur la question de la saleté dans la mer.
par Thierno Bocoum
LE PIÈGE DE L'ARROGANCE AU POUVOIR
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques
Le Premier ministre entretient une confusion constante entre des concepts pourtant fondamentaux : le peuple et les partisans, la justice et la clameur populaire, la responsabilité gouvernementale et le militantisme politique. Ce brouillage délibéré le pousse à substituer le débat par la dispute, à préférer l’affrontement à la pédagogie. Le pugilat devient son langage favori, alors que les membres du gouvernement devraient s’attacher à éclairer les citoyens.
Il s’agace, même face à ceux qui ne font que le ramener à ses devoirs. Même le silence semble l’importuner, tant il devient hypersensible à toute forme de contradiction.
Privé d’actes tangibles pour accompagner ses discours enflammés, il s’enferme dans la diversion. Il allume des contrefeux pour fuir les vraies responsabilités, au lieu d’assumer les attentes légitimes de la population.
Ce Premier ministre semble d’ores et déjà mal engagé dans ce qui prend des allures de mandat présidentiel par procuration. Il donne l’impression de n’avoir ni la mesure des défis à relever, ni l’humilité nécessaire pour s’ouvrir à des cercles de réflexion, proches ou éloignés.
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Il conviendrait de lui demander par quel mécanisme cette pression pourrait s’exercer sans compromettre l’indépendance de la justice, dont la réactivité dépend avant tout des moyens et des réformes que l’État est censé impulser.
Se glorifier de baisses de prix liées aux fluctuations du marché mondial, sans jamais en assumer les hausses quand elles surviendront, relève d’un opportunisme simpliste. Il serait plus responsable d’expliquer les choix économiques à travers une lecture structurelle — en évoquant les subventions, les mécanismes d’ajustement, ou des mesures durables — plutôt que de se contenter d’un discours conjoncturel et simplifié.
Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques, tout en orchestrant — par le biais de sa majorité parlementaire — l’amnistie d’auteurs de violences, d’incendies d’édifices publics, d’agressions verbales et d’actes de vandalisme. Cette posture incarne un double discours flagrant, entre le "Coumba am ndéyisme" et le "Coumba amoul ndéyisme".
Réduire toute forme d’opposition à de la haine personnelle est non seulement simpliste, mais hypocrite, surtout de la part de quelqu’un qui n’a jamais eu de scrupules à adresser des critiques virulentes à ses prédécesseurs sans jamais être taxé de haineux.
La multiplication de slogans, d’éléments de langage et de diversions ne suffira pas à masquer les carences manifestes en matière de gouvernance et de maîtrise des enjeux nationaux.
Thierno Bocoum est ancien parlementaire, président AGIR.
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FINANCER L'AFRIQUE AUTREMENT
L'économiste Abdou Cissé dessine les contours d'un système monétaire africain souverain, capable de financer le développement du continent sans les contraintes héritées de l'époque coloniale
Dans une interview accordée à l'émission "Décrypter l'Afrique" de la chaîne Le Média TV, l'actuaire et économiste Abdou Cissé dévoile les défis et les perspectives d'avenir du franc CFA, cette monnaie qui semble désormais "condamnée" à moyen terme.
Le débat autour de la souveraineté monétaire s'intensifie dans plusieurs pays africains. Au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye a récemment affirmé que son pays "ne renoncera jamais à la quête de la souveraineté intégrale et à la recherche des voies et moyens pour disposer de sa propre monnaie", qu'il s'agisse d'une monnaie commune régionale ou d'une devise nationale.
En Côte d'Ivoire, Tidjane Thiam, président du PDCI et potentiel candidat à la présidentielle, partage cette vision : "La monnaie est un attribut essentiel de la souveraineté. Une nation qui n'a pas le contrôle de sa monnaie n'est pas vraiment souveraine."
Selon Abdou Cissé, la critique du franc CFA s'inscrit dans un contexte plus large d'inégalité entre les pratiques monétaires occidentales et africaines. "Comment les banques centrales occidentales peuvent-elles créer des centaines de milliards pour sauver leurs banques en période de crise, alors que nous, Africains, sommes contraints à des politiques monétaires restrictives qui freinent notre développement ?", s'interroge-t-il.
L'économiste cite plusieurs exemples frappants : la création de 250 milliards de francs suisses pour sauver le Crédit Suisse, l'injection massive de liquidités par la Réserve Fédérale américaine lors de la crise des banques régionales en 2023, ou encore la création par la France de la Société de Financement de l'Économie Française (SFEF) en 2008 pour emprunter 60 milliards d'euros hors dette publique.
L'analyse d'Abdou Cissé va plus loin en quantifiant les préjudices causés par les politiques économiques imposées aux pays africains. Les ajustements structurels des années 1980-1995, qui ont drastiquement réduit les dépenses publiques, auraient coûté au Sénégal environ 40 000 milliards de francs CFA en potentiel économique perdu.
Quant à la dévaluation du franc CFA de 1994, elle aurait représenté un coût supplémentaire de 38 000 milliards, portant le préjudice total à près de 78 000 milliards de francs CFA - bien plus que la dette actuelle du pays estimée à 18 000 milliards.
"On passe notre temps à compter notre passif, ce qu'on doit aux autres, mais il est grand temps qu'on compte ce que les autres nous doivent", affirme Cissé.
Malgré ce tableau sombre, des innovations prometteuses commencent à apparaître. La Côte d'Ivoire, par exemple, a lancé depuis 2017 des "CFA obligations", permettant d'emprunter en devises étrangères tout en libellant la dette en francs CFA. Ce mécanisme commence à faire du franc CFA une véritable devise internationale.
Abdou Cissé préconise également la création d'une holding financière dotée d'un capital d'un milliard de dollars pour financer les économies africaines, ainsi qu'une plus grande flexibilité monétaire pour les banques centrales régionales.
Pour l'économiste, l'avenir réside dans la création de marchés financiers interconnectés à l'échelle du continent et dans la cotation des matières premières africaines dans les monnaies locales.
"Comment expliquer que c'est nous qui produisons du coton, du cacao ou du cobalt, et que ces matières premières sont cotées à Londres ou aux États-Unis ?", s'indigne-t-il.
Cette "révolution de nature financière", fondée sur des innovations monétaires, constituerait selon lui l'étape décisive vers une véritable souveraineté économique africaine, au-delà de la simple question du franc CFA.
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LE TEMPS DE LA JUSTICE DOIT ÊTRE LE TEMPS DES HOMMES, SELON OUSMANE SONKO
Lors de sa présentation devant les députés ce lundi 14 avril, le Premier ministre a mis l’accent sur la nécessité de réformer le système judiciaire sénégalais. Il a affirmé que la justice doit être rendue rapidement et de manière accessible.
Face aux députés, ce lundi 14 avril, dans le cadre des « questions d’actualité », le Premier ministre a réaffirmé son engagement envers l’indépendance de la justice, tout en appelant à éviter toute dérive corporatiste ou politisée. Il a souligné l’importance cruciale de l’institution judiciaire pour la stabilité du pays, précisant que l’indépendance de la justice ne doit pas signifier une domination des juges. Selon lui, la justice sénégalaise a souffert d’un manque de crédibilité pendant longtemps.
Il a déclaré : « La justice doit être rendue. Elle a été discréditée pendant plusieurs années », appelant ainsi à une réforme profonde du système judiciaire. Ousmane Sonko a insisté sur l’importance de rendre la Justice rapidement et de manière accessible. Expliquant que « Le temps de la justice doit être le temps des hommes. Elle doit être rendue avec célérité ». Faisant référence aux nombreux dossiers en instruction dont les concernés attendent depuis des années sans être jugés. Il a plaidé pour des processus judiciaires plus efficaces, afin qu’ils soient véritablement au service des citoyens.
En réponse aux accusations d’ingérence dans les affaires judiciaires, le Premier ministre a tenu à préciser sa position : « Jamais, depuis notre accession au pouvoir, je n’ai usé de mon autorité pour faire arrêter qui que ce soit », réaffirmant ainsi son respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Toutefois, il a prôné l’application de la « Tolérance Zéro » quant aux insulteurs sur le Web et les chroniqueurs dans les médias « qui sont payés porter atteinte à l’honorabilité des personnes ».
MANSOUR FAYE DEMANDE LA DÉCLASSIFICATION D'UN RAPPORT DE L'IGF SUR LA GESTION D'AMINATA TOURÉ
Dans une tribune publiée sur Facebook, le maire de Saint-Louis exige la déclassification de ce document portant sur la gestion de Mimi au Conseil Économique, Social et Environnemental.
Convoqué par la Division des Investigations Criminelles (DIC) pour affaire le concernant, Mansour Faye ne s’est pas empêché de tirer sur le régime actuel.
Dans une tribune qu’il a publiée sur sa page Facebook, il attaque l'ancienne ministre de la Justice et demande au chef de l’Etat de déclassifier un rapport de l’Inspection Générale d’Etat (IGF) sur le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) en rapport avec la gestion d’Aminata Touré.
Selon le maire de Saint-Louis, « cette mission a consisté à la vérification administrative et financière du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) sous la Présidence d’Aminata Touré, votre actuelle si ‘haute représentante’ qui vous précipitera à la trappe ».
Selon Mansour Faye, comme Mimi dit à qui veut l’entendre qu’elle n’a rien à se reprocher, « je demande solennellement à ma nièce , la mégère Dolores, de m’appuyer dans cette requête de déclassification de ce rapport concernant, en partie, sa gestion! ».
« Monsieur le président de la République, le Décret 2007-809 du 18 juin 2007, fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Inspection Générale d’Etat, en son article 6, alinéa 2, vous donne la prérogative exclusive de décider des suites à donner aux rapports produits par les Inspecteurs Généraux d’Etat. Ainsi, au nom de la Reddition des Comptes, la Transparence et l’Équité (sic!!!) que vous et votre parti, la Secte PASTEF, prônez, sauf si ce n’est faussement, je vous saurais gré de bien vouloir procéder à la déclassification du Rapport objet de l’ordre de mission numéro 000xx/CAB.PR.IGE de Décembre 2020. Pour plus d’objectivité vous pourriez demander à l’Inspection Générale d’État, elle-même, de procéder à sa présentation publique! », écrit-il, tout en décriant la déclaration du président le 4 avril « jetant en pâture la Justice sénégalaise dont vous êtes censé garantir le bon fonctionnement régulier, en demandant au ‘peuple de lui mettre la pression’ ».
Cela, indique-t-il, est révélateur « du non-respect de l’arrêt du juge des référés qui vous colle le tort de nous priver, en hors-la-loi, de notre liberté d’aller et de venir ! ».
LE POLICIER IMPLIQUÉ DANS LA MORT DE NGAGNE MBAYE AU BRÉSIL AFFECTÉ À UN POSTE ADMINISTRATIF
Contrairement aux rumeurs qui circulent, le policier brésilien n’a pas été incarcéré. Il a vu son arme de service et le bâton détenu par le commerçant sénégalais lors de la manifestation saisis par les enquêteurs
Contrairement aux rumeurs persistantes, le policier brésilien impliqué dans la mort de Ngagne Mbaye n’a pas été incarcéré. Il a été affecté à un poste administratif en attendant la fin de l’enquête. Son arme, ainsi que le bâton détenu par le commerçant sénégalais lors de la manifestation, ont été saisis à des fins d’investigation.
Les informations circulant sur les réseaux sociaux selon lesquelles le policier impliqué dans la mort du commerçant sénégalais Ngagne Mbaye aurait été incarcéré sont fausses. Selon des sources concordantes, l’agent en question a été retiré du terrain mais n’a pas été emprisonné. Il effectue actuellement des tâches administratives en attendant l’issue de l’enquête.
Dans le cadre de l’enquête en cours, l’arme de service du policier ainsi que le bâton que tenait Ngagne Mbaye lors de la manifestation ont été confisqués par les enquêteurs. Ces éléments sont essentiels pour déterminer les circonstances exactes du drame qui a coûté la vie au commerçant sénégalais.
L’affaire, très suivie par la communauté sénégalaise au Brésil et au Sénégal, continue de susciter de vives réactions. Les autorités locales assurent qu’une enquête impartiale est en cours pour faire toute la lumière sur cette tragédie.