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15 juin 2025
KYLIAN MBAPPÉ, PLUS Q'UN SIMPLE FOOTBALLEUR
La stature de l’international français qui a des origines camerounaises et algériennes vient d’atteindre une tout autre dimension. En témoigne la saga autour de sa nouvelle prolongation de contrat avec le PSG
Kylian Mbappé avait fini de convaincre même les observateurs les plus sceptiques de son talent. Depuis son éclosion à l’AS Monaco, ses fulgurances et son adresse balle au pied éblouissent les stades de la Ligue 1, le championnat de France. Il en faut d’ailleurs du talent pour être couronné à 19 ans, et avec un statut de titulaire, champion du monde dans une équipe de France pleine de très grandes individualités.
De nos jours, l’attaquant du PSG est beaucoup plus qu’un simple footballeur. Le natif de Bondy, impressionnant de maturité sur et en dehors du terrain, malgré ses 23 ans, jouit désormais d’une aura à peu d’équivalence dans le monde du ballon rond.
Les termes "figure nationale", "super star" utilisés pour le désigner depuis sa prolongation de contrat à Paris ne sont pas banals dans ce milieu si aseptisé du sport de haut niveau. Ils reflètent bien la nouvelle envergure de celui que le magazine Time voyait déjà en 2018 comme l’un des leaders de la prochaine génération.
Objet d’une lutte d’influence
Le rallongement ce 21 mai 2022 de trois années supplémentaires de son bail avec le club de la capitale française intervient en effet au terme d’une bataille d’influence impliquant des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais pas seulement. Au moins deux personnalités au sommet de l’État français ont essayé de le persuader de poursuivre l’aventure avec les champions de France en titre. À savoir l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy et l’actuel locataire de l’Élysée Emmanuel Macron.
"On a échangé. On a beaucoup échangé sur l’éventualité pour moi d’aller au Real Madrid ou de continuer à Paris. Ils m’ont forcément conseillé de continuer dans mon pays, à écrire un peu plus l’histoire du PSG", a notamment révélé l’intéressé, invité du journal de 20h de la chaîne de télévision française TF1. Mbappé est suivi par 6,8 millions de téléspectateurs. C’est le deuxième record d’audience de la télévision publique française cette année.
Pierre angulaire
Grâce à son nouveau contrat, Kylian Mbappé tout juste sacré à la fois meilleur buteur (28 réalisations) et meilleur passeur (17 passes décisives) de Ligue 1 cette saison – une première dans l’histoire du championnat – devient la tête de gondole du PSG, la pierre angulaire d’une équipe comptant pourtant dans ses rangs des joueurs aussi confirmés que le Brésilien Neymar et surtout le sextuple Ballon d’or Argentin, Lionel Messi. Les propos du président Nasser al-Khelaïfi ainsi que le cérémonial autour de sa prolongation l’indiquent à suffisance : "Kylian, c’est Paris ".
Un sacré destin pour le fils de Wilfrid Mbappé, ex-éducateur sportif né à Douala au Cameroun et de Fayza Lamari, ancienne handballeuse originaire d’Algérie. Mais certainement pas une surprise. Le couple a toujours été convaincu de la bonne étoile de leur fils. Au titre de membres de son équipe de management, ses parents n’ont-ils pas repoussé la centaine de sponsors qui courait après leur fils en 2018 après son titre au Mondial ?
Mbappé vient d’ailleurs de rejeter, pour la troisième fois de sa jeune carrière, l’occasion de rejoindre le très prestigieux club du Real Madrid. Peu nombreux seraient les joueurs en mesure de rejeter une telle opportunité de cette taille et de cette nature.
DES DÉPUTÉS RÉCLAMENT L’AUDITION DE DIOUF SARR
L’affaire des bébés morts calcinés ne laisse pas indifférents les députés. Théodore Chérif Monteil, Marième Soda Ndiaye réclament l’audition du ministre de la Santé et des services concernés, suite à l’incendie survenu à l’unité de néonatalogie
L’affaire des bébés morts calcinés ne laisse pas indifférents les députés. Théodore Chérif Monteil, Marième Soda Ndiaye réclament l’audition du ministre de la Santé et des services concernés, suite à l’incendie survenu à l’unité de néonatalogie de l’hôpital Abdoul Aziz Sy Dabakh de Tivaouane.
Au-delà de l’enquête judiciaire enclenchée suite à la mort de 11 bébés dans un incendie à l’hôpital de Tivaouane, les députés Marième Soda Ndiaye et Théodore Cherif Monteil veulent aussi jouer leur partition pour l’éclatement de la vérité dans cette tragédie. Ils ont annoncé trois initiatives : une question écrite au Gouvernement sur l’incendie de l’unité de néonatologie dudit hôpital, une requête pour audition du ministre de la Santé et de l’action sociale et ses services concernés et une requête pour la mise en place d’une mission d’information parlementaire sur les unités de néonatalogie du Sénégal.
Abdoulaye Diouf Sarr n’est plus ministre depuis jeudi, mais les deux députés souhaitent entendre également la Direction des Infrastructures, des équipements et de la Maintenance et la Direction des Établissements de Santé. Dans un communiqué, ils rappellent que « plusieurs alertes avaient été faites par les députés durant les sessions budgétaires, ... pour la mise en place des missions d’information sur des sujets d’intérêt majeur ».
Les deux députés membres de la coalition Aar Sénégal réclament également la mise en place d’une mission d’information parlementaire sur les unités de néonatalogie du Sénégal après les nombreux cas de négligences notés dernièrement dans les hôpitaux. Et compte tenu de tous ces manquements, les députés prient le Gouvernement d’apporter des réponses « appropriées » à leurs interrogations. Ils veulent savoir si « les missions d’inspection sont déployées régulièrement dans les structures sanitaires publiques comme privées pour prévenir ce genre d’accidents ? » Et le cas échéant, si « leurs conclusions et recommandations sont appliquées pour s’assurer que les bonnes dispositions et les bonnes pratiques sont systématiquement mises en place dans les structures de santé ? ».
PAP NDIAYE DÉRANGE CAR IL INCARNE L'IMAGE DU GRAND REMPLACEMENT
La nomination du nouveau ministre de l’Éducation nationale française a donné lieu à une levée de boucliers au sein de l’extrême droite. Explications du président de SOS Racisme, Dominique Sopo
Jeune Afrique |
Fadwa Islah |
Publication 28/05/2022
À peine la nomination de Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale avait-elle été annoncée depuis les marches du perron de l’Élysée, que la twittosphère de l’extrême droite française résonnait de commentaires acerbes. Marine Le Pen, Éric Zemmour et leurs affidés ont, sans grande surprise, rivalisé d’outrances pour attaquer l’ancien directeur du musée de l’histoire de l’immigration.
Ce n’est pourtant pas la première fois qu’une personnalité issue de la diversité occupe de hautes fonctions gouvernementales. Les nominations de Rachida Dati, Christiane Taubira, Fleur Pellerin ou encore Najat Vallaud-Belkacem avaient, en leur temps, donné aussi lieu à des haussements de sourcils courroucés sur les bancs de la droite extrême. Mais jamais le concert de critiques et de violences verbales n’avait atteint un tel niveau, aussi vite. Qu’est-ce qui dérange tant dans le profil du nouvel occupant de la rue de Grenelle ? Pour Dominique Sopo, président de SOS racisme, s’il est évident que les attaques à l’encontre de Pap Ndiaye portent la marque de la xénophobie, d’autres aspects se cachent derrière cette levée de boucliers des réactionnaires.
Jeune Afrique : La nomination de Pape Ndiaye à la tête du ministère de l’Éducation nationale a fait beaucoup réagir. L’extrême droite l’accuse même d’être un « racialiste » et un « indigéniste »…
Dominique Sopo : Quelques secondes après la nomination de Pap Ndiaye, l’extrême droite a ouvert le bal des critiques incendiaires, camouflées en partie derrière une critique intellectuelle de son parcours. Mais ces attaques ne correspondent en rien à la pensée du nouveau ministre. Comme il l’a déclaré très ouvertement dans le passé, il n’est certainement pas un indigéniste, un wokiste ou un racialiste. Ses écrits l’attestent de façon tout à fait évidente. En réalité, il existe une volonté de cibler un homme en lui affectant une pensée qui, soi-disant, représenterait un danger, un risque de délitement de la France. Évidemment, l’association entre cet homme noir et le risque de délitement de la France est quelque chose d’extrêmement raciste.
L’autre aspect qui heurte l’extrême droite est que Pap Ndiaye connaît bien la question du racisme et entend la traiter. Non pas parce qu’il serait un indigéniste ou un racialiste, mais parce qu’en tant qu’historien, il a travaillé sur le racisme.
L’extrême-droite identifie Pap Ndiaye comme quelqu’un qui ne baisse pas la tête. Les racistes peuvent apprécier des personnes noires ou arabes si ces dernières expliquent qu’il n’y a pas de problème de racisme en France ou n’ont aucune analyse critique à porter sur la question du passé colonial français.
A contrario, Pap Ndiaye fait partie de ces intellectuels ou militants très régulièrement ciblés par tous ceux qui ont un problème avec la question de la lutte contre le racisme, parce que c’est un Noir, qui a, en plus, l’outrecuidance de poser des questions à la société française. Et cela leur est insupportable. Par ailleurs, que Pap Ndiaye soit un homme et non une femme a été extrêmement peu commenté, bien que ce soit l’un des éléments à relever.
Que voulez-vous dire ?
Régulièrement, depuis 2007, des femmes d’origine maghrébine, d’Afrique sub-saharienne ou d’outre-mer occupent des postes gouvernementaux importants, comme Rachida Dati, Christine Taubira ou Najat Vallaud-Belkacem. Cette situation s’est quasiment installée dans la normalité, même si cela a pu entraîner parfois des violences verbales et symboliques, comme on a pu le voir à l’encontre de Christiane Taubira.
Les hommes issus de la diversité sont, eux, presque absents des gouvernements de la Ve République. Ou alors, quand il y en a – et ils sont rares –, ce sont soit des hommes issus des territoires d’outre-mer – mais sur des postes en lien avec l’outre-mer –, soit des personnes issues de la communauté harkie. Ce qui a un sens très particulier, puisque les harkis sont vus comme ceux qui ont « fait le choix de la France » lorsque s’est posé la question de l’avenir de l’Algérie française.
Quelque part, dans l’imaginaire d’une partie de la France – même si la réalité est évidemment beaucoup plus complexe –, ils sont perçus comme ceux qui ne risquent pas de « trahir », puisqu’ils ont déjà payé le prix du sang pour la France, en essayant d’aider à maintenir l’Algérie française. Pap Ndiaye est la première figure masculine issue de l’immigration maghrébine ou sub-saharienne à entrer dans un gouvernement à un poste important sous la Ve République.
LE NAVIRE-HÔPITAL GLOBAL MERCY EST ARRIVÉ À DAKAR POUR SON INAUGURATION PRÉVUE LUNDI
Le navire-hôpital Global Mercy, de l’ONG humanitaire Mercy Ships, est arrivé vendredi à Dakar pour une mission d’aide humanitaire au cours de laquelle il sera procédé à son inauguration, lundi 30 mai, en présence du président sénégalais, Macky Sall
Dakar, 28 mai (APS) - Le navire-hôpital Global Mercy, de l’ONG humanitaire Mercy Ships, est arrivé vendredi à Dakar pour une mission d’aide humanitaire au cours de laquelle il sera procédé à son inauguration, lundi 30 mai, en présence du président sénégalais, Macky Sall, a constaté l’APS.
Une cérémonie d’accueil du bateau-hôpital s’est déroulée au mole 1 du port de Dakar en présence d’un public comprenant plusieurs personnalités dont Serigne Gaye, ministre, conseiller du président du Sénégal, et le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Alassane Mbengue.
La directrice de Mercy Ships au Sénégal, Christie Randale, a pris part à la cérémonie au cours de laquelle des volontaires du navire ont manifesté leur joie de débarquer dans la capitale sénégalaise.
‘’C’est un grand honneur qui est fait au Sénégal (...) L’honneur a été fait au président de la République, Macky Sall, de procéder à son inauguration, ce 30 mai’’, a déclaré Serigne Gaye, le conseiller du chef de l’Etat et point focal de Mercy Ships au Sénégal.
D’autres chefs d’Etat ont été invités à la cérémonie d’inauguration, a-t-il ajouté sans préciser desquels il s’agit.
Après son inauguration, le Global Mercy va rester pendant quelque temps au Sénégal avant de repartir, pour ensuite revenir à Dakar et y rester pendant presque toute l’année 2023, selon M. Gaye.
Au Sénégal, un millier de personnes seront opérées de diverses maladies par le corps médical du bateau-hôpital, qui va dispenser des formations à quelque 700 professionnels sénégalais de la santé, a-t-il déclaré.
‘’C’est très bénéfique pour le Sénégal, pour les populations’’, s’est réjoui Alassane Mbengue.
Selon le directeur chargé du marketing et de la communication de Mercy Ships, Jitze Kramer, six salles d’opération et 200 lits d’hôpital se trouvent à l’intérieur du Global Mercy.
Dans le navire-hôpital se trouve aussi un centre de formation d’une capacité d’accueil de plus de 600 bénévoles professionnels du monde entier, selon le site Internet dédié à cette embarcation, ‘’le plus grand navire-hôpital civil au monde’’.
D’une longueur de 174 mètres, il pèse 37.000 tonnes et peut accueillir jusqu’à 950 membres d’équipage, selon la même source.
LA PRISE DE PAROLE DE MACKY SALL À TIVAOUANE APRÈS LA MORT DES ONZE NOUVEAU-NÉS AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE SAMEDI
Les journaux du week-end commentent le déplacement et la prise de parole du président Macky Sall à Tivaouane, théâtre d’un incendie ayant coûté la vie à onze nouveau-nés qui étaient pris en charge dans l’unité de néonatologie de l’hôpital public
Dakar, 28 mai (APS) – Les journaux du week-end commentent le déplacement et la prise de parole du président Macky Sall à Tivaouane, théâtre d’un incendie ayant coûté la vie à onze nouveau-nés qui étaient pris en charge dans l’unité de néonatologie de l’hôpital public de cette localité située à une centaine de kilomètres de Dakar.
‘’J’ai le cœur meurtri par ce qui est arrivé à tous ces bébés’’, rapporte en Une Vox Populi qui reprend des propos du chef de l’Etat qui s’est rendu vendredi soir à Tivaouane moins de 72 heures après le drame qui a coûté la vie à onze nouveau-nés à l’hôpital Abdoul Aziz Dabakh de Tivaouane.
Citant encore Macky Sall, le journal annonce le déploiement de l’Inspection générale d’Etat (IGE) afin de faire l’audit de l’ensemble des services de néonatologie du pays.
Pour Sud Quotidien, le président Sall s’est engagé auprès du khalife général des Tidianes, Serigne Mbaye Sy Mansour, à œuvrer pour que la lumière soit faite sur le drame survenu mercredi dans la soirée.
‘’Le président de la République est formel : toute la lumière sur le drame de l’hôpital Mame Aboul Aziz Sy sera faite. (…) Pour ce qui est de la prise en charge dans les hôpitaux, le chef de l’Etat a également assuré devant le khalife que de fermes décisions seront prises pour que le personnel soit bel et bien à la hauteur des attentes des patients’’, souligne la publication.
Macky Sall tente d’éteindre le feu après la mort de onze nourrissons dans l’incendie du servcie de néonatologie de l’hôpital Abdoul Aziz Sy Dabakh, croit savoir Le Quotidien.
Selon le journal, le président de la République a ordonné une mission d’enquête de l’IGE chargée d’évaluer la qualité de l’infrastructure non sans demander que l’ensemble des installations des services de néonatologie soient audités. Il a également annoncé la construction d’un hôpital de niveau 3 dans cette cité religieuse.
De son côté, Le Soleil a mis l’accent sur ‘’l’appel à la responsabilité’’ lancé par le chef de l’Etat lors de son déplacement à Tivaouane
‘’En se rendant sur le site du sinistre et en rencontrant le khalife général des Tidianes ainsi que les familles endeuillées, le président Macky Sall a exprimé sa consternation à la suite de l’incendie dévastateur qui a couté la vie à onze bébés (…) et appelé à la responsabilité et à la conscience de tous pour que chacun exerce son métier dans les règles de l’art et le respect de la déontologie, pour un bon fonctionnement des services’’, rapporte le journal gouvernemental.
S’intéressant aux annonces faites en marge du déplacement de Macky Sall à Tiavouane, le journal Bes Bi fait, pour sa part, savoir que le ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’enfance allait accompagner les familles des victimes.
‘’Pas de mots !’’, s’exclame L’Observateur qui a illustré sa Une d’une photo montrant des lits calcinés dans lesquels les nourrissons ont vraisemblablement péri.
Dans les colonnes de L’AS, la directrice de l’hôpital, le docteur Bineta Diop Badiane, explique que tout avait été fait pour sécuriser l’établissement, mais malheureusement le drame est survenu et a frappé le service modèle de l’hôpital cité en référence avec des notes d’excellence notées par toutes les supervisions.
Pendant ce temps, Libération a mis le focus sur la visite entamée vendredi à Dakar par le khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké et au séjour du khalife général de Médina Baye, Cheikh Mahi Ibrahima Niass au Soudan.
La publication évoque un ‘’triomphe de la foi’’ en faisant allusion à la ferveur notée à la grande mosquée mouride de Dakar et la réussite d’une mission de paix menée par le guide des Niassènes au Soudan.
Par Sarah BOUKRI
POLITIQUES MIGRATOIRES ET CHIFFRES
Les pays africains ont une spécificité précieuse qui se fait rare dans les autres pays, il s’agit de la tradition d’hospitalité. L’accueil de l’étranger, qui est considéré comme un invité, est une tradition ancrée au sein de chaque famille africaine
Au siège des Nations unies à New York, du 17 au 20 mai 2022, s’est tenu le premier Forum d’examen des migrations internationales. Gouvernements, observateurs, représentants du système onusien et groupes des parties prenantes y ont participé.
A Marrakech en décembre 2018, les gouvernements avaient adopté le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Les Etats membres y ont présenté le bilan des progrès accomplis depuis.
L’enjeu majeur, sans grande surprise, qui planait sur ce forum, a été les statistiques migratoires. Ce n’est pas un hasard si l’objectif 1 du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières est, je cite, «collecter et utiliser des données précises et ventilées qui serviront à l’élaboration de politiques fondées sur la connaissance des faits».
Il faut rappeler que le Pacte mondial s’inscrit dans le cadre de la cible 10.7 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 : «Faciliter la migration et la mobilité de façon ordonnée, sans danger, régulière et responsable, notamment par la mise en œuvre de politiques de migration planifiées et bien gérées.»
Les Etats membres s’étaient engagés à coopérer au niveau international pour faciliter une migration sûre, ordonnée et régulière.
Les 23 objectifs du Pacte touchent à tous les aspects de la migration, des aspects socioéconomiques aux aspects politiques et de gouvernance, en passant par ceux liés aux droits des migrants.
Une révision du Pacte signifie concrètement une évaluation du degré d’implémentation des différents objectifs dans les pays membres. Cela implique la disponibilité de données factuelles et fiables qui permettent de faire une évaluation rationnelle. Or, cela s’avère difficile voire impossible, quand on constate qu’il existe un grand déficit dans les statistiques liées à la migration.
Tant que l’objectif 1 n’est pas atteint, il est inutile de fournir des efforts pour faire une révision des 22 autres objectifs du Pacte.
A ce niveau de réflexion, il est important de préciser : quand on parle de statistiques migratoires, cela ne veut pas dire uniquement la quantification. Ramener l’utilisation des statistiques à ce seul fait pourrait s’avérer dangereux. Cela sous-entendrait que les statistiques servent à réduire et contrôler les flux. Une telle approche viderait le Pacte mondial sur les migrations de tout son sens.
Le Pacte est d’abord et avant tout, un cadre de gouvernance mondiale sur les migrations au service du migrant. Une gouvernance mondiale implique l’existence de gouvernances nationales. La condition pour qu’une politique soit efficiente, est qu’elle doit être basée sur des données factuelles, d’où l’importance majeure des statistiques.
L’objectif d’avoir des statistiques fiables, loin de chercher à arrêter, en vain certainement, un phénomène tout à fait naturel, est de servir à garantir les droits des migrants, leur offrir un meilleur accès aux services et protéger leurs droits.
Avoir des données fiables sur les flux migratoires permet de faire des prévisions, d’adapter les politiques, de mettre en place des mesures permettant d’optimiser l’offre de santé, d’éducation et d’emploi.
Ces statistiques servent également à mesurer l’impact économique des migrations sur la société d’accueil et d’origine. Elles permettent de faire des analyses plus approfondies et de «niche». L’analyse qui a été faite par Lebeaud et Renaud sur la relation entre langue et travail, a démontré que le lien entre la langue et la mobilité professionnelle n’est pas stable et se modifie avec le temps. Les études qui ont été faites pour mesurer le lien entre taux de fécondité et migration, sont une question d’actualité face au vieillissement de la population que subissent plusieurs pays dans le monde. On voit là que le champ des statistiques s’avère multidimensionnel et transversal.
Les statistiques migratoires permettent aussi de contrer les discours alarmistes et d’y faire face. Sait-on qu’on estimait à 281 millions le nombre de migrants internationaux dans le monde en 2020, soit 3,6% de la population mondiale. Ils sont 36 millions d’Africains, dont 80% se déplacent à l’intérieur du continent. Ce qui nous amène au fait avéré qu’il n’y a que 7 millions de personnes qui quittent l’Afrique pour le reste du monde, dont 1,5% de manière irrégulière. Contrairement aux idées reçues, la migration africaine et illégale ne représente que 0,5% de la migration totale. On voit bien qu’on est loin de l’image fantasmée qu’on donne de la migration en provenance du continent africain.
Les pays africains devraient faire face à ce double défi technique et de bonne gouvernance, faute de quoi ils continueront à le traiter d’une façon empirique. En effet, des statistiques de qualité permettent une bonne gouvernance des migrations, mais avoir des chiffres fiables exige impérativement une structure de gouvernance performante.
Pour ce faire, plusieurs actions peuvent être entreprises. On peut citer la nécessité de la mise en place d’une structure de gouvernance nationale qui chapeauterait et centraliserait la collecte et le traitement des données migratoires. Le Maroc s’est doté d’un Observatoire national de la migration, qui a pour mandat de traiter l’ensemble des questions liées à la migration au niveau national. Ce type de structures pourrait être un relais pour l’Observatoire africain des migrations.
Au niveau multilatéral, Il est souhaitable d’accélérer l’opérationnalisation effective de l’Observatoire africain des migrations basé à Rabat et créé sous l’impulsion du Roi du Maroc, Mohamed VI. C’est une institution de l’Union africaine qui pourrait constituer un puissant bras armé dans le domaine.
L’Union africaine devrait faire preuve de beaucoup plus d’implication. Comme le démontrent les chiffres cités plus haut, la migration africaine est d’abord une question africaine, elle devrait de ce fait être discutée prioritairement au sein des instances africaines.
Par ailleurs, il faut préciser que dans la majorité des pays africains, les statistiques migratoires sont gérées de manière sectorielle. Chaque structure dispose de sa propre méthode de collecte, ce qui complique le processus de traitement et d’exploitation des données issues de ces systèmes. De ce fait, il s’avère urgent d’harmoniser les méthodes de collecte au niveau de chaque pays, avant de passer à une harmonisation au niveau du continent. C’est un travail qui pourrait être soutenu par l’Observatoire africain des migrations. Cette harmonisation devrait impérativement être menée en parallèle avec une harmonisation des définitions et concepts liés à la migration.
Il est recommandé que les organismes internationaux mettent leur expertise technique au service des pays qui veulent se doter des instruments nécessaires à la collecte des statistiques. La question du renforcement des capacités des acteurs, certes importante, devrait faire l’objet d’un suivi.Il s’agit également d’encourager les échanges de bonnes pratiques au sein du continent. On peut citer comme exemple le Sénégal et sa gestion avancée des questions liées à la diaspora.
Aussi, il est important d’améliorer l’accessibilité aux données migratoires officielles, aux médias et chercheurs, faute de quoi ces derniers se tourneront vers des sources moins fiables.
Enfin, il est important d’introduire les nouvelles technologies au niveau de la collecte et du traitement des données migratoires, comme le recours à des plateformes informatiques ou des outils de collecte digitaux.
Les pays africains ont une spécificité précieuse qui se fait rare dans les autres pays, il s’agit de la tradition d’hospitalité. Le Sénégal, terre de la «Teranga» (mot en wolof qui signifie hospitalité), la «Djatigiya» (mot bambara qui signifie accueillir les étrangers chez soi), pour ne citer que ceux-là. L’accueil de l’étranger, qui est considéré comme un invité, est une tradition ancrée au sein de chaque famille africaine. Mais, on accueille toujours mieux ses invités quand on connait d’avance leur nombre !
Par Mohamed GUEYE
SUICIDE, MODE D’EMPLOI
Comment veut-on réussir une politique de développement avec un budget dont l’essentiel des recettes sert à payer les salaires d’une minorité de la population ?Comment en est-on arrivés à tuer la filière tomate ou l’industrie huilière ?
Le niveau de pauvreté est tel, dans certains ménages sénégalais -et pas seulement dans le monde rural-, qu’il serait aventureux pour un dirigeant responsable de vouloir mettre totalement fin aux politiques de subventions. En toute vérité, les subventions sur certains produits alimentaires et services sont des filets de sécurité indispensables à la stabilité même de ce pays.
Dans un pays où les statistiques officiels enregistrent 51% de taux de pauvreté, il est indispensable de mettre en place des politiques d’atténuation, pour ne pas parler de «lutte contre», comme préconisé par certains officines internationaux. Le véritable défi est de faire en sorte que les subventions arrivent vraiment à ceux à qui elles sont destinées, et ne servent pas à faire le bonheur de ceux qui n’en ont pas besoin. En d’autres termes, les subventions ne doivent pas financer la pauvreté du Sénégal.
Le gouvernement sénégalais continue de s’endetter afin de payer des dettes qui ont été contractées pour financer des produits consommés par des personnes qui ont largement les moyens de s’en procurer, même sans les incitatifs à la baisse.
Nous nous sommes offusqués il y a une semaine, de ce que la subvention à l’énergie va connaître une hausse de 100% dans la nouvelle Loi des finances rectificative, tandis que les augmentations de salaires des enseignants vont nécessiter 100 milliards de francs Cfa supplémentaires. Le même document revoit à la baisse les recettes fiscales de l’Etat, contrairement aux prévisions de la Loi des finances initiale de 2022.
C’est vrai que cette hausse de la subvention se justifie par la situation économique difficile engendrée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Cette guerre n’affecte d’ailleurs pas que la fourniture en produits pétroliers. Déjà, dans certains pays de la sous-région, on commence à rationner les fournitures des céréales. D’autres ont décidé de laisser flamber les prix de certains produits alimentaires. Au Sénégal, où l’on préfère laisser agir «la main invisible du marché», l’Etat se soumet au chantage de certains corps professionnels comme les meuniers ou les boulangers, dans l’espoir de maintenir à la baisse les prix.
On peut se demander si les effets de cette politique ont jamais été évalués. Il est en effet intéressant de savoir ce qui justifie de subventionner de manière uniforme le courant payé par les ménages logés dans des quartiers comme Point E, Fann Résidence ou les Almadies, et celui consommé par les familles des quartiers pauvres de nos villes et hameaux.
Hors des ménages, les entreprises du secteur extractif sont les plus gros consommateurs d’énergie au Sénégal, et leur courant est également subventionné. Or, elles ont chacune les moyens de payer leur facture d’électricité au prix coûtant, vu que certaines en produisent même une quantité non négligeable. Dans le même ordre d’idées, une renonciation par l’Etat, aux taxes douanières et fiscales sur la farine de blé, le lait et riz, ne fait essentiellement que les affaires de ces couches de la société qui ont les moyens de payer ces produits, même à des prix non subventionnés. Les producteurs locaux, eux, n’ont pas les mêmes avantages.
La meilleure des choses à faire pour l’Etat, serait certainement de mieux cibler ses subventions. Les bourses familiales et transferts d’argent aident certainement les pauvres à atténuer les effets de la crise, mais ne les aident pas à acquérir des moyens de faire vraiment face aux chocs à moyen et long termes.
Comment veut-on réussir une politique de développement avec un budget dont l’essentiel des recettes sert à payer les salaires d’une minorité de la population, les fonctionnaires, et à rembourser les dettes contractées justement pour le bien de ladite minorité ? Comment veut-on réussir une politique agricole visant l’autosuffisance alimentaire quand on laisse des produits étrangers venir étouffer la production nationale sur son propre marché ? L’Etat s’est-il jamais demandé pourquoi tous les milliards injectés chaque année dans le secteur n’ont pas encore permis d’assurer l’autosuffisance en riz ? Comment en est-on arrivés à tuer la filière tomate ou l’industrie huilière ?
Si l’on veut continuer à subventionner indistinctement les produits exportés, on finira par sonner le glas de la petite industrie de transformation qui nous reste, et l’on continuera de mettre des freins à l’expansion de notre agriculture. Et ainsi, on devra trouver toujours plus d’argent pour financer les bourses familiales et autres mécanismes de Cash transfer, parce que la pauvreté, elle, continuera de se développer. L’ironie de l’histoire est que les pays qui poussent nos dirigeants à ouvrir nos marchés à la concurrence, sont les plus fermés à l’entrée des produits étrangers sur leurs marchés. Et ils se disent adeptes de la libre circulation des marchandises…
LE CENTRE CULTUREL MAURICE GUEYE EXPOSE «KADDU»
Durant la 14ème Biennale de l’art contemporain, les passionnés pourront visiter les œuvres de sept artistes qui exposent sur le thème Kaddu au Centre culturel Maurice Guèye.
Durant la 14ème Biennale de l’art contemporain, les passionnés pourront visiter les œuvres de sept artistes qui exposent sur le thème Kaddu au Centre culturel Maurice Guèye. Le vernissage de cette exposition s’est tenu samedi, en présence de plusieurs autorités de la ville. «Kaddu s’inscrit dans le thème général de cette biennale.
Cette édition a voulu travailler sur le thème Forger, pour dire en fait que les Africains ont besoin d’un travail de re-création, de réflexion, pour aboutir peut-être à une autre forme de développement. Tout cela s’inscrit dans cette perspective-là. Et Kaddu correspond à ça puisque qu’on dit qu’au début de la création, il y a le verbe», a indiqué Patricia Diagne, administratrice de la Fondation Sococim. «Nous sommes restés 4 ans sans tenir de biennale, donc c’est une joie de pouvoir retrouver les artistes dans le cadre de cet évènement. Nous recevons un grand nombre d’artistes originaires du département de Rufisque et qui s’y sont établis, ce qui est une occasion pour la Fondation Sococim de présenter le travail de ces artistes. On est très fiers de ce qu’ils ont montré cette année», a aussi relevé Mme Diagne, enthousiasmée par le retour de la biennale après un repos forcé imposé par la crise sanitaire du Covid-19.
Des sculptures de Balla Niang avec le fer et le bois aux créations sur argile de Khadidiatou Kanté ou encore les objets en fer de Severine Costes, en passant par les tableaux de Ibrahima Cissé Deb’s, Marie Dione, Fatou Mandoye Mbengue, Samba Ndour et Maïmouna Ndoye, c’est toute une palette de créations à visiter le temps de la biennale. Le vernissage a été clôturé par un concert de l’Orchestra Baobab qui a consacré son retour après plusieurs années d’absence dans la vieille cité, terre de plusieurs de ses membres dont Mountaga Kouyaté et son fils, Papino, Alpha Dieng, fils du défunt Ndiouga Dieng, ou encore le saxophoniste, Thierno Kouyaté.
NOUS GAGNERIONS à MIEUX INVESTIR SUR LA FEMME
Abdoulaye Diallo, le Berger de l’île de Ngor, peintre, décline sa vision du thème de cette biennale
C’est au moment où Dakar tremble de peur face à la recrudescence des assassinats visant des femmes que sur l’île de Ngor, son lieu de création, Abdoulaye Diallo, le Berger, a choisi de décliner sa vision du thème de cette biennale : «I Ndaffa #» (Forger). «Taxawaalu» s’est ainsi décliné à travers l’histoire de cette princesse peule, Fatimata Baba Lobo, contée par la styliste Oumou Sy, mais aussi à travers quatre œuvres dédiées à la femme et à la fille. Une façon pour l’artiste d’inviter à mieux investir sur la femme.
Pour cette biennale, vous avez choisi d’organiser un programme spécial «taxawaalu» sur l’île de Ngor. Quel message souhaitiez-vous donner ?
J’étais tellement heureux de voir que le thème de cette biennale est celui qui avait été retenue en 2020, «Forger». J’ai l’habitude de dire que «Forger» est un mot français. I Ndaffa a une autre tonalité, une autre puissance et j’ai souvent voulu inviter les plus jeunes à aller vers le livre du Colonel Mouhamadou Lamine Sarr, qui traite de l’éducation du jeune sérère Niominka pour réellement sentir toute la force de ce mot-là. Naturellement quand on parle de forger, je pense systématiquement à forger les cerveaux. Un cerveau mal meublé ou non meublé pendant qu’on meuble son salon, peut être très dangereux pour une nation. Si nous voulons éviter à notre pays de vivre une certaine pauvreté, une certaine tristesse, il faut apprendre à penser meubler les cerveaux des enfants. Ça, c’était ma première préoccupation. La deuxième, c’était la place de la femme. J’ai dit que nous gagnerions à mieux investir et sur le talent et sur la femme. Parce qu’il s’agisse de problèmes de scolarité, de problème social, en général, tout passe par la mère. Il nous faudrait repenser l’éducation de la mère. Et je ne peux pas comprendre que dans ce monde où l’homme a tendance à tout dominer, pourquoi il ne chercherait pas à entendre et attendre celle à qui on a confié la plus belle des industries au monde, la fabrique de l’humain. Cette fabrique de l’humain se trouve dans le ventre de la femme et je ne peux pas comprendre que dans nos pays, on ne puisse pas continuer à investir sur cette femme qui est au début et à la fin de tout. C’est la raison pour laquelle j’avais décidé de participer à ce off, mais en dédiant mon exposition à la femme et la fille. En faisant quatre œuvres, naturellement La fille, L’épouse, Madame je m’incline et au-delà de ça, poser La question de la décision, que je trouve être la chose la plus angoissante.
On est dans un contexte où des femmes sont assassinées pendant que les politiciens se chamaillent parce qu’ils refusent de respecter la parité. Pensez-vous que nous soyons dans un pays qui respecte les femmes ?
Moi, je respecte la femme. C’est peut-être parce que j’ai été éduqué pour respecter la femme. Je respecte la femme parce que je dois énormément à ma mère. Je n’oublierai jamais que mon père voulait que je devienne imam. C’est ma mère, analphabète, qui, sans oser élever la voix devant mon père, avait décidé d’accompagner son fils pour qu’il puisse faire des études. Et c’est ainsi que j’ai pu faire mon entrée en sixième et mon bac avec une année d’avance, et faire des études supérieures pour devenir ce que je suis devenu, un peintre. Je vis entouré de femmes, j’aime mon épouse, je suis monogame, c’est ma patronne et j’ai trois filles et un garçon. C’est comme si ma vie était ponctuée par la présence des femmes et je ne peux pas ne pas en parler. J’ai l’habitude de dire, n’eut été le péché originel, le problème de l’humanité ne se serait pas posé. Adam et Eve ne seraient pas sortis du paradis. C’est un indicateur très fort parce que nous devons cette humanité à Eve. Je dis aussi, c’est le Créateur qui a choisi. Il aurait pu choisir le ventre de l’homme, du chat, etc. Il a choisi volontairement le ventre de la femme pour cheminer avec elle pendant 9 mois, créer ce qu’il considère être ce qu’il aime le plus, ce qu’il a de plus cher au monde, l’humain. Cette industrie qui se trouve dans le ventre de la femme, est une industrie qui est tout le temps productrice de revenus et de dividendes. Si on ne le juge que par rapport au résultat, pourquoi ne pas réfléchir par rapport à cela : donner à la femme la place qu’elle mérite et cesser de passer sa vie à vouloir coûte que coûte en faire un objet, une victime de ceci ou cela.
Dans la représentation de Oumou Sy aujourd’hui, il est surtout question de figures de femmes fortes de notre histoire. Mais on a l’impression qu’il y a eu une césure quant à la représentation de cette femme…
C’est parce que tout simplement, on nous a tellement mis dans la tête que la femme est faible, qu’on a tous fini par croire que la femme ne peut qu’être faible. Je le dis tout bas, quel que soit le roi de ce monde, le président le plus puissant, je ne suis pas sûr que les grandes décisions de ce monde ne se prennent pas le soir, quand il est seul avec son épouse.
ARIELLE AUGRY EXPOSE SES «EVEILLEES»
Des personnages qui ont marqué l’histoire de l’humanité, les femmes ont leur place. Ces dernières, souvent sous évaluées, sont «exposées» au Musée de la femme Henriette Bathily
Un monde où l’on peut être soi-même existe. Un monde où l’on choisit sa mission au lieu de la subir. Arielle Augry a choisi, pour la cause féminine, de le documenter. Des femmes se sont affranchies, de différentes manières, des dictats et ont marqué leur époque. C’est en somme ce que la Ngoroise d’origine Française veut faire voir. Elle expose 52 mosaïques de femmes qui ont marqué l’histoire au Musée Henriette Bathily jusqu’au 30 juin sur ce thème, dans le cadre du programme off de la biennale.
Des personnages qui ont marqué l’histoire de l’humanité, les femmes ont leur place. Ces dernières, souvent sous évaluées, sont «exposées» au Musée de la femme Henriette Bathily. Signé Arielle Augry, Les Eveillées sont à la Place du souvenir jusqu’au 30 juin. «A l’âge de 10 ans, j’ai voulu être nonne. A l’âge de 32 ans, j’ai décidé de ne pas être maman. A 38 ans, j’ai décidé que mon travail n’était pas de m’occuper d’une famille. Mon travail, c’est l’éveil.» Ce retour sur soi de l’artiste sonne comme une alerte pour les visiteurs. Les 52 mosaïques étalées sur le musée, formant un cercle, donnent à voir un éventail de personnalités, pour la plupart féminines.
De Nina Simon en passant par une parfaite inconnue, Arielle invite le visiteur à sa définition de l’humanité. Sur la technique, la Ngoroise s’appuie sur les objets du quotidien. Du carrelage merveilleusement assemblé aux mégots de cigarettes encerclant un portrait, en passant par la reprise du logo de la boisson Gazelle, l’artiste représente ses personnages, résume sa vie et son combat avec les objets qui l’entourent.
Sa lecture singulière voudrait, par exemple, considérer plus le premier acte politique de Nina Simon à 12 ans que l’ensemble de sa carrière dans un texte illustratif. «C’est une expression beaucoup plus personnelle. Je ne souhaite plus travailler pour les autres. Je propose. Je dis. La personne qu’on est, ce sont forcément des rencontres, ce sont aussi toutes les personnes qui nous alimentent par leurs combats, leurs arts. Tout de suite, il m’est venu 15 hommes. Je me suis demandé pourquoi je n’ai pas de femmes ? Je me suis rendu compte que ma vie était jalonnée de rencontres philosophiques, artistiques, de combats, de féminisme, d’environnement. C’est de là que j’ai choisi mon sujet», a-t-elle expliqué mercredi passé, lors du vernissage. Avant d’ajouter ceci : «Les Eveillées, c’est la personne que je suis en multi facettes. Je veux dépasser le racisme, le sexisme. Notre particularité dans le monde.