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14 juillet 2025
YOUSSOU NDOUR EN DEUIL
El Hadj Elimane Ndour, père de l’artiste chanteur Youssou Ndour, est décédé mercredi à l’âge de 98 ans, a appris l’APS du Groupe Futurs médias dont le musicien de renommée est le propriétaire.
El Hadj Elimane Ndour, père de l’artiste chanteur Youssou Ndour, est décédé mercredi à l’âge de 98 ans, a appris l’APS du Groupe Futurs médias dont le musicien de renommée est le propriétaire.
La cérémonie de levée du corps est prévue ce jeudi à 11 heures à l’hôpital Principal de Dakar.
Elle sera suivie de l’inhumation le même jour, à Poufoune, son village d’origine dans la commune de Khombole dans le département de Thiès.
LA FRANCE A LA POURSUITE DU MARCHE SENEGALAIS
Les entreprises françaises souhaitent continuer d’investir au Sénégal, a déclaré mercredi, Marc Legouy, conseiller économique à l’ambassade de France à Dakar.
Les entreprises françaises souhaitent continuer d’investir au Sénégal, a déclaré mercredi, Marc Legouy, conseiller économique à l’ambassade de France à Dakar.
‘’Le message que nous souhaitons faire passer à travers cette mission, c’est que les entreprises françaises souhaitent continuer d’investir au Sénégal, avec cette logique de co-investissement et de co-partenariat’’, a-t-il dit.
M. Legouy s’exprimait à l’issue d’une rencontre entre une délégation du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) et des responsables de l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (APIX).
Selon lui, la délégation du MEDEF a beaucoup apprécié l’accueil et la qualité des interlocuteurs publics sénégalais mais aussi les opportunités.
»Les entreprises françaises sont déjà très présentes au Sénégal et elles souhaitent y rester’’, a-t-il réitéré.
Il a indiqué les patrons de certaines des 26 entreprises composant la délégation étudient ‘’l’idée d’investir au Sénégal […]’’
Le conseiller économique de l’ambassade de France à Dakar est revenu sur ses rapports avec l’APIX.
‘’Quand nous avons une entreprise qui a un projet d’investissement, un projet de partenariat, un projet industriel au Sénégal de transformation de valeur ajoutée, nous allons voir nos amis de l’APIX pour travailler ensemble et donc faire que ce projet soit un succès et abouti’’, a-t-il expliqué.
Il s’est beaucoup réjoui de la réussite de la visite de la délégation ponctuée par des rencontres avec le ministre du Commerce et d’Industrie et ses collègues de l’économie et l’agriculture’’.
‘’Ce matin, il y a eu le forum d’affaires où votre directeur général était l’invité principal. Nous sommes, cet après-midi, à l’APIX. Nous avons pu voir également cet après-midi, le ministre de l’énergie’’, a-t-il salué.
LES PERSPECTIVES DU DIALOGUE SOCIAL A LA UNE DE LA PRESSE
Les parutions de ce jeudi traitent des promesses de dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux
Les promesses de dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux font le menu de plusieurs quotidiens parvenus jeudi à l’APS, dont Le Soleil.
Il annonce que le 27 février est la date retenue pour un « premier tour de table » entre les deux parties, le Premier ministre, Ousmane Sonko, considérant que « ce sera le point de départ d’un dialogue inclusif, franc et patriotique » avec les syndicats, les organisations d’employeurs et de la société civile.
Les différentes institutions de la République et les dirigeants d’entreprises vont également prendre part aux discussions, de même que des organismes nationaux, des associations et des amicales, indique Le Soleil.
« Diomaye appelle au dialogue », affiche à ce sujet Le Quotidien, évoquant une « situation économique morose ». Le président de la République, ajoute-t-il, a demandé au Premier ministre de tenir des concertations avec tous les acteurs sociaux.
« Malgré la publication du rapport très alarmant de la Cour des comptes sur la situation économique et financière, les pouvoirs publics ont des difficultés à convaincre l’opinion d’accepter les sacrifices éventuels qui seraient attendus », fait observer Le Quotidien.
« La crise de confiance s’installe »
De nombreux salariés « ne sont pas disposés à accepter des ponctions sur leurs salaires », en plus « des remous » signalés dans le secteur du travail. « Cela semble être la base de l’appel du chef de l’Etat à des concertations avec le gouvernement », selon Le Quotidien.
Le quotidien Enquête note que les syndicats « exigent un partage équitable de l’effort, face aux réformes d’austérité annoncées ». Il y a aussi que l’absence de concertation « renforce les tensions », pointe le même journal, qui titre à propos : « La crise de confiance s’installe ».
« Depuis son arrivée au pouvoir il y a un an, le gouvernement sénégalais est confronté à une grogne persistante. Grèves, revendications syndicales et critiques sur les réformes économiques et sociales mettent en lumière les difficultés de sa communication politique », analyse Enquête.
L’info rapporte que le président de la République a instruit le Premier ministre « d’engager les concertations et de trouver les ‘consensus adaptés' ». Dans cette perspective, le rendez-vous du 27 février prochain entre le gouvernement et les partenaires sociaux s’annonce comme une « rencontre cruciale », estime le quotidien Libération.
En attendant, Bassirou Diomaye Faye « appelle à ‘l’application de mesures conjoncturelles et structurelles urgentes' », signale Libération. « L’Etat sonne la charge », affiche Sud Quotidien, pour dire que le président de la République et son Premier ministre ont annoncé, en Conseil des ministres, « plusieurs mesures pour rationaliser les dépenses publiques, suite aux conclusions du rapport de la Cour des comptes ».
Des « mesures conservatoires et correctives » annoncées
Intitulé « Audit du rapport sur la situation des finances publiques – Gestions de 2019 au 31 mars 2024 », ce rapport a confirmé les prévisions alarmantes du Premier ministre, Ousmane Sonko, qui faisait état d’un déficit public plus important que celui rendu public, concernant la période 2019-2023. La Cour des comptes y relève également une marge de manœuvre financière quasi inexistante pour l’État du Sénégal et des dettes colossales à rembourser.
L’As annonce justement qu’en Conseil des ministre, « le chef de l’Etat et ses équipes ont évoqué les enseignements et les analyses issus de l’audit des finances publiques réalisé par la Cour des comptes ».
« Pour corriger les anomalies constatées […], Bassirou Diomaye Faye a appelé ses hommes à appliquer des mesures conjoncturelles et structurelles urgentes pour renforcer la résilience et la crédibilité du système économique, budgétaire, financier et comptable sénégalais », écrit L’As.
Walfquotidien s’intéresse à la plénière de l’Assemblée nationale devant être consacrée à des questions d’actualité, vendredi. « Sonko refait les comptes », peut-on lire à la une du journal. Il affirme que les députés Pastef (pouvoir) « offrent au Premier ministre Ousmane Sonko une tribune pour qu’il annonce des ‘mesures conservatoires et correctives’ contre les personnes incriminées par le rapport ».
Pour le reste, les quotidiens annoncent la mort d’El Hadj Elimane Ndour, père de la star sénégalaise Youssou Ndour, à 98 ans. « Un sage s’en va », titre L’Observateur, quotidien du Groupe Futurs médias (GFM) dont Youssou Ndour est le propriétaire.
Le quotidien Tribune titre le plus simplement possible : « Youssou Ndour a perdu son père Elimane Ndour ».
LA TRAJECTOIRE D’UN MONUMENT DU CINEMA AFRICAIN
Le cinéaste malien Souleymane Cissé, décédé mercredi à l’âge de 84 ans à Bamako a été jusqu’à sa mort un monument du cinéma africain auréolé de prix, totalisant plus de 50 ans de carrière et ayant fait rayonner le 7e art du continent partout dans le monde
Le cinéaste malien, Souleymane Cissé, décédé mercredi à l’âge de 84 ans à Bamako, a été jusqu’à sa mort un monument du cinéma africain auréolé de prix, totalisant plus de 50 ans de carrière et ayant fait rayonner le 7e art du continent partout dans le monde.
Il devait présider à partir de samedi prochain le jury long métrage fiction de la 29ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), au Burkina Faso.
Né à Bamako le 21 avril 1940, Souleymane Cissé qui fait son entrée dans le cinéma en 1970 a réalisé de nombreux films? dont ‘’Baara’’ (Le travail) en 1978 Etalon d’or de Yennenga au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) l’année suivante, suivi de ‘’Finyé’’ (Le vent) en 1982 qui sera aussi distingué en 1983 d’un Etalon d’or du Yennenga, faisant de lui le premier réalisateur à être lauréat de cette récompense deux fois. Ce film sera aussi récompensé d’un Tanit d’or aux journées cinématographiques de Carthage, en Tunisie (1982).
‘’Baara’’ relate l’histoire d’un jeune ingénieur, révolté par l’attitude de son PDG, qui décide d’organiser une réunion avec les ouvriers pour faire valoir leurs droits. Son patron le fait aussitôt enlever puis assassiner. ‘’Finyé’’, quant à lui, est une chronique sur la révolte des étudiants maliens face au pouvoir militaire. Ce dernier film sera aussi sélectionné au festival international de Cannes en France en 1982.
Mais c’est ‘’Yeelen’’ (La lumière), son film initiatique sur le douloureux chemin que prend l’enfant pour devenir adulte tourné entre 1984 et 1987, qui obtiendra le prix spécial du jury au festival de Cannes, en 1987. Il devient alors premier cinéaste africain à décrocher une telle distinction à Cannes.
Souleymane Cissé tourne ‘’Waati’’ (Le Temps, 1995), qui retrace l’histoire de Nandi, une enfant noire d’Afrique du Sud au moment de l’Apartheid, qui fuit son pays pour partir en Côte d’Ivoire, au Mali et en Namibie, avant de revenir dans son pays d’origine après la fin du régime. Il réalise ensuite ‘’ Min yé’’ qui aborde le thème de la polygamie. Ce film, dans lequel jouent Sokona Gakou, animatrice à Africable, et Assane Kouyaté, est présenté au Festival de Cannes 2009.
Dans sa riche filmographie, Cissé qui a reçu en 2023 en France la Carosse d’or en ‘’reconnaissance de sa brillante carrière’’ lors de la 76e édition du festival de Cannes. Le trophée avait fait l’objet d’un vol à Bamako l’année dernière, mais il a été finalement retrouvé quelques jours après une grande campagne menée par les autorités maliennes.
Formé à l’école de cinéma VGIK de Moscou comme Sembene Ousmane
Fondateur depuis 1997 de l’Union des créateurs et entrepreneurs du cinéma et de l’audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest (UCECAO) qu’il a présidé, Souleymane Cissé a pris goût au cinéma à Dakar où il a passé son enfance alors que son père y travaillait dans le cadre des colonies de l’Afrique occidentale française (AOF).
Après des études de philosophie, il ira se former entre 1963 à 1969 de l’école de cinéma VGIK de Moscou, où il obtient son diplôme de réalisateur là où des années auparavant le cinéaste sénégalais Sembene Ousmane était passé.
En 2012, Souleymane Cissé va présenter aux JCC un film hommage à celui que l’on appelait ‘’l’Aîné des anciens’’ intitulé »O ! Sembene ». Ce documentaire personnel permet à Cissé de faire son deuil après la disparition de Sembène Ousmane le 9 juin 2007. ‘’Lorsque j’ai été informé du décès, je me suis rendu à Dakar et j’ai commencé à filmer sans savoir quoi capter’’, avait-il dit lors de cette projection à Tunis. Son lien avec Dakar était ‘’très profond’’ et le cinéaste malien ne manquait pas de l’évoquer à chaque sortie.
Porte-flambeau d’un cinéma engagé
Souleymane Cissé est considéré comme le porte-flambeau d’un cinéma engagé, a estimé le journaliste critique Baba Diop qui cite la plus grande œuvre du réalisateur malien comme étant ‘’Yeelen’’ (La lumière).
‘’+Yeelen+ est sa plus grande œuvre qui a ébloui le public africain et mondial parce qu’il ouvre une nouvelle écriture cinématographique vers la science-fiction alliée à la tradition qui était très chère à Souleymane Cissé’’, a analysé Baba Diop qui précise que tout le monde a été unanime sur ce film.
Selon lui, le réalisateur malien disparu ce mercredi a eu, à travers ses films, ‘’un engagement social pour la classe ouvrière, les minorités et se battait contre l’injustice’’. ‘’C’était un réalisateur qui avait une connaissance aigue de sa société et de ses cultures qu’il a toujours revendiquées’’, a dit le critique rendant hommage à Souleymane Cissé.
Pour l’enseignant Maguèye Kassé, par ailleurs critique de cinéma, ‘’l’Afrique a perdu un cinéaste dont l’esthétique est particulière’’. ‘’Dans ses films décomplexés, il a mérite de mettre le doigt sur un certain nombre de travers de la société. Il fait partie de ceux qui avaient à cœur de participer à la transformation sociale’’, a déclaré le professeur Kassé analysant chacun des films de Souleymane Cissé. Il ajoute que Cissé faisait partie des »cinéastes prometteurs » qui se sont engagé sans partie pris idéologique après la génération de Sembene Ousmane.
Souleymane Cissé a été élevé par le président de la République Amadou Toumani Touré, au rang de Commandeur de l’Ordre national du Mali, le 1er janvier 2006. Il est également élevé au grade de Commandeur des Arts et Lettres de la République Française.
En 2022, sa fille Fatou Cissé lui consacre un documentaire portrait « Hommage d’une fille à son père : Souleymane Cissé » dont la première mondiale a lieu au festival de Cannes la même année.
L’ETAT SONNE LA CHARGE
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, ont annoncé en Conseil des ministres hier, mercredi 19 avril 2025, plusieurs mesures pour rationaliser les dépenses publiques, suites aux conclusions du rapport
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, ont annoncé en Conseil des ministres hier, mercredi 19 avril 2025, plusieurs mesures pour rationaliser les dépenses publiques, suites aux conclusions du rapport de la Cour des comptes.
En Conseil des ministres d’hier, mercredi 19 février 2025, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a relevé́ qu’au-delà̀ de l’amélioration de la gouvernance budgétaire et financière des deniers publics, le Gouvernement entend mettre en œuvre les mesures correctives requises à court terme, portant sur la rationalisation des dépensés publiques et la réduction du train de vie de l’Etat. Il a souligné́ que, conformément aux orientations du président de la République, il tiendra la première rencontre entre le Gouvernement et les partenaires sociaux, le jeudi 27 février 2025, en vue d’assurer la mobilisation de l’ensemble des forces vives de la Nation dans l’œuvre de redressement économique et financier du pays. Cette rencontre, dit-il, «constituera le point de départ d’un dialogue inclusif, franc et patriotique et réunira autour du gouvernement, les syndicats, les organisations d’employeurs et de la société́ civile, les Institutions de la République, les dirigeants d’entreprises, des organismes nationaux, des associations et des amicales», informe le communiqué du Conseil des ministres.
Dans sa communication, le Premier ministre a fait part au Conseil de son passage àl’Assemblée nationale, le vendredi 21 février 2025, au titre des questions d’actualité́ au gouvernement, en vue notamment d’échanger avec les députés sur les enseignements àtirer des «constatations graves et des recommandations» ressortant du Rapport définitif de la Cour des comptes sur «l’audit du Rapport sur la situation des finances publiques, Gestions de 2019 au 31 mars 2024», notamment les mesures conservatoires et correctives. Le Premier ministre a relevé́ les indications contenues dans le Rapport, relatives à la suite que la Cour des comptes envisage de donner aux faits présumés «constitutifs de fautes de gestion, de fait ou d’infractions à caractère pénal».
MISE EN ŒUVRE DES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT D’AUDIT DE LA COUR DES COMPTES, DANS LES MEILLEURS DÉLAIS
Diomaye Faye demande à Sonko un chronogramme et un programme spécial de maîtrise des dépenses publiques.
Toujours sur le Rapport de la Cour des comptes, le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, a appelé́ ̀a «l’application de mesures conjoncturelles et structurelles urgentes pour renforcer la résilience et la crédibilité́ de notre système économique, budgétaire, financier et comptable», informe le communiqué du Conseil des ministres d’hier, mercredi 19 février 2025. Il a demandé́ au Premier ministre de lui «proposer un chronogramme de mise en œuvre de toutes les recommandations du rapport d’audit de la Cour des comptes et de lui faire parvenir, dans les meilleurs délais, un programme spécial de maitrise des dépenses publiques, en tenant compte des impératifs économiques et sociaux, à court et moyen termes, dictés par le déploiement de la vision «Sénégal 2050».
Le président de la République a souligné́l’importance d’une bonne maîtrise des programmes budgétaires, des plans de financement et de trésorerie de l’Etat pour les trois prochaines années, des dépenses fiscales et de la dette publique. Sur ce dernier point, il a demandé́ au ministre des Finances et du Budget et au ministre chargéde l’Économie de proposer, sous la coordination du Premier ministre, une nouvelle règlementation sur les conditions et modalités d’émission des emprunts de l’Etat ainsi qu’un nouveau cadre organisationnel de pilotage et de gestion de la dette publique. Le Premier ministre veillera également ̀a la préparation rapide par le ministre des Finances et du Budget d’un projet de loi rectificative des finances, en perspective du débat d’orientation budgétaire.
URGENCE «D’ASSEOIR L’INTÉGRITÉ DE L’INFORMATION FINANCIÈRE EN TERMES DE FIABILITÉ , D’EXHAUSTIVITÉ , D’EXACTITUDE ET DE SINCÉRITÉ »
Par ailleurs, le Chef de l’Etat a indiqué́ au Premier ministre, au ministre des Finances et du Budget et au ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, «l’urgence : d’asseoir l’intégrité́ de l’information financière en termes de fiabilité́, d’exhaustivité́, d’exactitude et de sincérité́». Il s’agit d’accélérer la digitalisation et l’interopérabilité́ des systèmes d’informations économiques, financières et comptables de l’Etat, de renforcer la supervision du processus de cadrage macroéconomique et d’améliorer la planification triennale consensuelle des investissements publics financés sur ressources externes et internes et des partenariats public-privé.
Il a indiqué́ que la situation de vérité́ assumée est l’occasion d’engager une transformation objective et en profondeur des administrations économiques, financières et comptables de l’Etat et de leurs interrelations avec les partenaires et le système financier. Il en appelle ̀a un véritable changement de paradigme dans la gouvernance administrative, économique, financière et comptable de l’Etat.
UNE RENCONTRE AVEC LES SYNDICATS ET LE SECTEUR PRIVÉ SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE DU PAYS
En outre, le Chef de l’Etat a demandé́ au Premier ministre d’engager des concertations avec toutes les forces vives de la Nation, les centrales syndicales, le secteur privé national et le patronat notamment, afin de partager avec précisions les conséquences de la situation décrite et de trouver les consensus adaptés à la mise en œuvre soutenable du nouvel agenda de transformation de la gestion des finances publiques, dans la solidarité́ et la protection sociale des couches vulnérables. Conformément aux directives du Chef de l’Etat, il a instruit le ministre des Finances et du Budget de prendre les dispositions appropriées en vue de la mise en œuvre diligente des mesures correctives requises, sans délais, aux fins de rendre opérationnelles lesdites recommandations. Dans ce cadre, il conviendra d’accorder une attention particulière à l’intégrité́ et ̀a la transparence des processus décisionnels et des relations fonctionnelles au sein des régies financières.
LE CIMETIÈRE MILITAIRE DE THIAROYE ÉLEVÉ AU RANG DE «CIMETIÈRE NATIONAL» ET LA DATE DU 1ER DÉCEMBRE «JOURNÉE DES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS», PAR DÉCRET
Enfin, le Premier ministre a rendu compte au Conseil de la poursuite des travaux du Comité́ de commémoration en décembre 2024 du 80ème anniversaire du «Massacre des Tirailleurs Sénégalais à Thiaroye». Àcet égard, il a rappelé́ que le président de la République a, par décret en date du 13 janvier 2025, élevé́ le cimetière militaire de Thiaroye en cimetière national et instituéla date du 1er décembre «Journée des tirailleurs sénégalais».
ÉRECTION MÉMORIAL THIAROYE 44 ET INTRODUCTION, DANS LES CURRICULA, DE L’ENSEIGNEMENT DE CETTE HISTOIRE…
Le Premier ministre a également indiqué la prise en charge par les ministères concernés des quatre (04) autres mesures prises par le Chef de l’Etat pour cristalliser dans la mémoire collective ce tragique évènement. Il s’agit du mémorial Thiaroye 44, du centre de documentation, de la désignation de rues et places publiques au nom des victimes de cet évènement et de l’introduction, dans les curricula, de l’enseignement de cette histoire. S’agissant de la manifestation de toute la vérité́sur le nombre de victimes, le Premier Ministre a informé́ le Conseil que les compléments d’informations requis sont toujours attendus. Devant cette contrainte, des fouilles archéologiques seront entreprises.
Par Abdoulaye THIAM
LES ÉLEPHANTS, UNE SELECTION EXEMPLAIRE
L’image avait le tour du monde. Didier Drogba, capitaine emblématique des Éléphants de la Côte d’Ivoire avait réuni l’ensemble de ses coéquipiers, implorant Laurent Gbagbo, alors président et Alassane Dramane Ouattara à une réconciliation nationale
L ’image avait le tour du monde. Didier Drogba, capitaine emblématique des Éléphants de la Côte d’Ivoire avait réuni l’ensemble de ses coéquipiers, les genoux à terre, implorant les autorités ivoiriennes, particulièrement Laurent Gbagbo, alors président de la République et Alassane Dramane Ouattara, chef de l’opposition à une réconciliation nationale. C’était le 8 octobre 2005. Les Éléphants venaient de composter leur ticket pour la coupe du monde 2006 en Allemagne, devant le Cameroun de Samuel Eto’o Fils dans un duel à distance qui avait tenu en haleine toute l’Afrique, voire le monde entier.
Un appel qui va malheureusement tomber dans l'oreille d’un sourd, puisque quelques années après, le pays va sombrer dans une crise politico-militaire entre le Nord et le Sud. Entre catholiques et musulmans sous le concept de l’ivoirité, qui aurait apparu en 1945 à Dakar, avec des étudiants ivoiriens avant de disparaitre pour ne réapparaitre qu'en 1994 avec l’ancien président Henri Konan-Bédié.
Ce qui va pousser Didier Drogba a monté à nouveau au créneau, pour lancer un nouvel appel au calme. «Nous sommes particulièrement affectés par les événements qui marquent la Côte d'Ivoire aujourd'hui et en appelons à la raison pour que cesse toute violence. Nous souhaitons faire cet appel solennel à l'apaisement dans notre pays pour éviter de nouvelles vies sacrifiées», écrit le capitaine emblématique, double ballon d’or de la CAF, dans un communiqué.
Alors que le pays était divisé en deux, les joueurs de football, eux, continuent à être exemplaires de par leur attitude sur le terrain et en dehors, avec des messages de paix, en refusant tout partie pris. Elle est restée une sélection digne, patriotique, melting-pot avec les meilleurs footballeurs ivoiriens du moment, de toutes les ethnies, de toutes les origines, du Nord, au Sud, d’Est en Ouest. Sans occulter les binationaux. Musulmans et catholiques se côtoyaient. Ils ont su former une dream-team qui aurait dû régner sur le continent de 2006 à 2015, sous l’influence d’une star internationale. Natif d’Abidjan, Drogba sera formé en France. Le Mans, puis l’En avant Guingamp, il va ensuite déposer ses baluchons à l’Olympique de Marseille, avec cette finale mémorable en coupe de l’UEFA. Il touchera le graal avec Chelsea en remportant la Ligue des champions en 2012.
En dehors de Didier Drogba, on se souviendra de Yaya Touré, recordman du ballon d’or africain (2011, 2012, 2013 et 2014). Mais surtout, d’un certain Kopa… Barry. Et oui, un Barry ivoirien qui a offert aux Éléphants leur deuxième étoile. Mais aussi, un Seko Fofana né en France. Sans être contraint à renoncer à la nationalité française, il a su porter haut les couleurs ivoiriennes jusqu’à la victoire finale devant les Super Eagles du Nigeria. Ce 10 février 2024, c’était toute une Côte d’Ivoire qui était fière de ses enfants. Cette Côte d’Ivoire ou se côtoie toutes les nationalités africaines. Cette Côte d’Ivoire est blanche, elle est arabe, elle est noire. C’est ce qui fait son charme et sa puissance symbolisée par les Éléphants. Ce serait pathétique que des hommes politiques mus par des intérêts bassement personnels, réveillent à nouveau les démons de la xénophobie, du sectarisme confessionnel, voire de la discrimination pour sombrer le très beau pays dans le chaos alors qu’il a pris son envol vers l’émergence.
LA COTE D’IVOIRE, LOCOMOTIVE DE L'UEMOA
La Côte d'Ivoire s'affirme comme le moteur économique de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), contribuant à près de 40 % du produit intérieur brut (PIB) de la zone
La Côte d'Ivoire s'affirme comme le moteur économique de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), contribuant à près de 40 % du produit intérieur brut (PIB) de la zone. Ce poids économique s'explique par la diversification de son économie, une gouvernance économique stable et des politiques d’investissement ambitieuses. Toutefois, les démons de la division telle l’ivoirité risquent de freiner la vitesse de cette locomotive.
La Côte d’Ivoire est à l’UEMOA, ce que l’Allemagne est à l’Union européenne. C’est-à-dire une véritable locomotive.
Grâce à une économie dynamique et résiliente, le pays joue un rôle clé dans la stabilité et la croissance de la sous-région. Depuis la fin de la crise postélectorale de 2011, la Côte d’Ivoire a engagé d’importantes réformes structurelles qui ont permis de moderniser ses infrastructures, d’attirer des investissements étrangers et de renforcer son tissu industriel. Aujourd’hui, elle se positionne comme l’un des pays les plus attractifs d’Afrique pour les affaires et les échanges commerciaux. Avec un secteur agricole florissant, la Côte d'Ivoire demeure un pilier de l’économie ouest-africaine. Le pays est non seulement le premier producteur mondial de cacao, mais aussi un acteur majeur dans la production de café, d’hévéa, d’huile de palme, de coton et d’anacarde. L’agriculture emploie près de 60 % de la population et génère une part significative des recettes d’exportation. Toutefois, au-delà de la production brute, le défi majeur pour le pays reste la transformation locale des matières premières. Des efforts sont en cours pour encourager la transformation du cacao, de la noix de cajou et du coton, afin d’augmenter la valeur ajoutée et de créer plus d’emplois industriels. Le développement de zones agro-industrielles et l’implantation d’usines de transformation sont des étapes clés pour renforcer l’économie nationale et réduire la dépendance aux exportations de matières premières brutes.
UNE INDUSTRIALISATION EN PLEINE CROISSANCE
L’industrialisation de la Côte d’Ivoire est un levier stratégique de son développement. Le gouvernement ivoirien a mis en place plusieurs initiatives pour stimuler le secteur manufacturier, notamment à travers la création de zones industrielles modernes, comme celle de Yopougon ou de Grand-Bassam. L’industrie ivoirienne repose principalement sur l’agro-industrie, la transformation des ressources minières et pétrolières, ainsi que la fabrication de produits manufacturés destinés aux marchés locaux et régionaux. L’essor de la cimenterie, de la sidérurgie et de l’industrie chimique témoigne de la diversification progressive du secteur industriel.
Par ailleurs, le pays bénéficie d’un secteur énergétique performant, avec une production électrique suffisante pour couvrir ses besoins et exporter vers ses voisins. Grâce aux investissements dans les énergies renouvelables et l’expansion du réseau électrique, la Côte d’Ivoire vise à consolider sa position de hub énergétique en Afrique de l’Ouest.
UN CENTRE FINANCIER ET LOGISTIQUE INCONTOURNABLE
À cela s’ajoute son rôle de hub commercial et financier stratégique. Abidjan, véritable poumon économique du pays, est considéré comme la capitale financière de l'Afrique de l’Ouest francophone. Elle abrite, entre autres, des sièges d’institutions sous-régionales telles que la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), qui joue un rôle clé dans le financement des entreprises de la zone UEMOA, et la Banque africaine de développement (BAD), institution majeure pour le développement économique du continent. Bien que Dakar abrite le siège de la BCEAO, le gouverneur de cette institution sera toujours ivoirien. Le port autonome d'Abidjan, l’un des plus importants du continent africain, est un atout majeur pour le commerce international. Son extension récente et la construction d’un deuxième terminal à conteneurs renforcent sa capacité à accueillir un volume croissant de marchandises. De plus, les infrastructures routières et ferroviaires reliant Abidjan aux pays voisins facilitent les échanges et positionnent la Côte d’Ivoire comme un carrefour commercial stratégique.
UNE CROISSANCE FORTE, MAIS DES DEFIS A RELEVER
Avec une croissance annuelle estimée à 7 %, la Côte d'Ivoire influe positivement sur l’ensemble des États membres de l’UEMOA. Grâce aux réformes économiques, aux investissements en infrastructures et à la modernisation de l’administration, elle stimule l'intégration économique régionale et favorise un climat des affaires propice aux investissements.
Cependant, malgré cette dynamique, des défis importants subsistent. La diversification de l’économie est essentielle pour réduire la dépendance aux matières premières et accroître la résilience face aux fluctuations des prix sur les marchés internationaux. De plus, le chômage des jeunes reste une préoccupation majeure. Avec une population en forte croissance, le pays doit intensifier ses efforts pour créer des emplois durables, notamment dans l’industrie et les services. L’amélioration du climat des affaires, la digitalisation de l’économie et le renforcement du secteur de l’éducation et de la formation professionnelle sont autant de leviers pour consolider cette trajectoire ascendante. La lutte contre la corruption et le renforcement de la gouvernance économique sont également des axes prioritaires pour garantir une croissance inclusive et durable.
MANIPULATIONS
L'ivoirité, concept mal compris et souvent attribué à tort au président Bédié, trouve ses origines dans une vision universaliste portée par Senghor. Sa transformation en outil politique dans les années 1990 a trahi l'intention de ses créateurs
Qu’est-ce qu’un Ivoirien ? Comme l’on dit qu’est-ce qu’un homme ; qu’est-ce qu’une femme ? La réponse, on la devine vise à pouvoir identifier, donc à différencier. S’inscrivant dans une mobilité, une histoire en train de se faire, l’être humain est difficile à enfermer dans une détermination. Il est une ouverture des possibles et donc l’expression d’un parcours qui en prenant fin avec la mort arrive ainsi à « transformer la vie en destin ».
C’est cela toute la beauté et la singularité de notre humanité. Alors qu’est-ce que le concept d’Ivoirité. A l’origine, nous dit Thiémélé Ransès Boa, Maître de conférences de philosophie, Université de Cocody. Abidjan, il représentait « l’ensemble des valeurs que l’Ivoirien apportait à la construction à l’africanité » (In les Etats-nations face à l’Intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Le cas de la Côte d’Ivoire. Editions Karthala. Paris 2009).
Il s’agissait donc selon Thiémélé Ransès Boa, « de créer une personnalité ivoirienne contribuant de façon authentique à l’enrichissement de l’Afrique et du monde ». Mais très rapidement, sous l’impulsion des manipulations politiciennes, il n’a plus été question d’une restriction de la perspective pour la poser comme « le fondement d’une conscience nationale » (ibid). Ce qui bien sûr, « crée un micro nationalisme opposé à la construction de la conscience panafricaine ». Initialement proposé comme un cadre culturel et fédérateur, il est devenu un concept qui divise plus qu’il ne rassemble. Pour Ramsès Boa, « il y a une injustice intellectuelle qui devra être réparée à l’égard des fondateurs réels du concept, (Niangoran Porquet et Pierre Niava) et aussi à l’égard du lieu (la sphère culturelle) et de l’époque (1974) de la création du concept ».
Au début était Senghor
Ivoirité, le concept surgit dans les années 1970. Il sera prononcé pour la première fois en Côte d’Ivoire par la bouche de Léopold Sédar Sénghor, Président du Sénégal, au cours d’une leçon inaugurale prononcée en décembre 1971 dans le cadre de sa première visite officielle en Côte d’Ivoire. « Comme une participation au banquet de l’Universel, Senghor, ardent théoricien et défenseur de la Négritude avait mis en parallèle à la Francité, la Sénégalité, l’Ivoirité et l’Arabité » (In Mémorandum du Front Populaire Ivoirien présenté à la Table Ronde de Linas Marcoussis qui s’est tenue du 15 au 24 janvier 2003). Et il apparait pour la première fois sous une plume ivoirienne par Pierre Niava au « sujet de l’œuvre et du projet d’un jeune intellectuel, Niangoran Porquet ».
Pour Senghor, il s’agissait bien sûr de rencontre, de métissage, de vivre-ensemble. En un mot de l’Universel. La date de naissance du concept d’ivoirité n’est donc pas imputable au président Henri Konan Bédié. Du reste pour Niava, il s’agissait de la part ivoirienne à la construction culturelle de l’unité africaine. Il s’agissait surtout de ne pas venir les mains vides, mais bien pleines, à la rencontre de la Négritude de Senghor, du mouvement High Life ghanaéen, de la Renaissance culturelle impulsée à travers le flamboyant et mythique Bembeya Jazz de Guinée de Sékou Touré
Et cela n’avait pas soulevé des vagues, car le contexte de l’époque était si l’on ose dire, à des identités bienveillantes, à savoir l’expression d’une spécificité constitutive de la construction d’une universalité qui se nourrit des spécificités bien différentes en cela de celle qui se pose comme la référence impériale. En fait, et dans la compréhension de l’époque, il était question de favoriser « l’identité culturelle comme facteur de développement ».
Démagogie mortifère
Niangoran Porquet, théoricien de l’Ivoirité culturelle meurt en 1995, année où fleurit une nouvelle problématique de l’ivoirité. Ainsi le président et candidat Henri Konan Bédié écrivait-il en 1995 : « Ce que nous poursuivons, c’est bien évidemment l’affirmation de notre personnalité culturelle, l’épanouissement de l’homme ivoirien dans ce qui fait sa spécificité, ce que l’on peut appeler son ivoirité ». ibid Dans son ouvrage « Les chemins de ma vie » publié en 1999, il indiquait que « l’ivoirité concerne en premier les peuples enracinés en Côte d’Ivoire mais aussi ceux qui y vivent en partageant nos valeurs ». Boa souligne que la « version politique de l’ivoirité a eu lieu dans un contexte particulièrement idéologique, voire démagogique » et qui s’est donné notamment à travers les débats relatifs aux élections de 1995, puis ceux liés à l’entrée de Alassane Dramane Ouattara en politique où il a été en effet question de ses origines, de sa nationalité.
DÉLIT DE PATRONYME
À neuf mois de l'élection présidentielle ivoirienne, le spectre de l'ivoirité ressurgit avec la remise en question de l'identité de Tidjane Thiam, ravivant les blessures d'un passé récent et tumultueux
Longtemps perçue comme une terre d’accueil en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire a vu son rapport à l’étranger évoluer sous l’influence de la politique de l’ivoirité, initiée en 1994 sous le régime du président Henri Konan Bédié. Ce concept, présenté comme une valorisation culturelle de l’identité ivoirienne, s’est progressivement mué en outil d’exclusion, alimentant la fracture sociale et politique du pays. Employé par Senghor en 1971 lors d’une conférence prononcée à Abidjan (Voir article Vieux Savané)), le terme « ivoirité » est utilisé pour la première fois au début des années 1980, sous la plume de l'écrivain Niangoran Porquet. Puis, il a été développé par un groupe d'intellectuels, dont le philosophe Niamkey Koffi et l'écrivain Jean-Marie Adiaffi, comme un concept culturel visant à promouvoir les valeurs et les traditions ivoiriennes. Cependant, au milieu des années 1990, sous la présidence d'Henri Konan Bédié, l’« ivoirité » a évolué pour désigner les caractéristiques supposées intrinsèques d'un Ivoirien de souche, établissant une distinction avec les populations immigrées. Cette redéfinition a conduit à des débats sur la nationalité et l'appartenance, exacerbant les tensions entre les différentes communautés du pays.
Jadis intégrés et acteurs-clés du développement économique, les étrangers, en particulier ceux issus de l’Afrique de l’Ouest, ont vu leur légitimité remise en question. À cela s’ajoute la montée d’un sentiment de dépossession chez les populations, notamment dans le secteur agricole, où les immigrés ont pris une place prédominante.
Symbole de cette défiance, la question de la nationalité d’Alassane Ouattara, figure majeure de la politique ivoirienne, a cristallisé les tensions. Accusé d’être Burkinabé, son exclusion de la scène politique par le concept de l’ivoirité a accentué la polarisation du pays, menant à une crise politique majeure au début des années 2000. Le concept d'« ivoirité » refait surface en Côte d'Ivoire, touchant aujourd'hui Tidjane Thiam. En décembre 2023, M. Thiam avait remporté devant Philippe Yacé, la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci – opposition), en vue de l’élection présidentielle qui doit avoir lieu en octobre 2025. Pour rappel, ce parti avait été fondé par Houphouët Boigny en 1946.
Depuis quelques jours, M. Thiam fait face à des interrogations concernant son identité et son appartenance nationale, reflétant les persistances des divisions internes liées à l'« ivoirité ». Dans une sortie à Tacourably (région ouest), le ministre délégué chargé des Affaires maritimes, membre actif du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix, au pouvoir) a déclaré : « Il s’appelle Thiam. Quand tu quittes le Sénégal pour venir en Côte d’Ivoire, tu vas sauter d’abord un pays. Il ne peut pas mentir que lui et nous, on a même frontière. C’est faux. Son papa est Sénégalais, sa maman est Sénégalaise. Tout simplement parce qu’il a été adopté par Félix Houphouët-Boigny. Quelqu’un dont la maman est sénégalaise, dont le papa est sénégalais, parce qu’il a grandi chez Houphouët, on dit, c'est notre frère. Or Alassane [Ouattara], même qui a sa maman qui est d’Odienné, on dit, il n’est pas ivoirien. Donnez-moi de quelle région appartient le nom Thiam… ».
Le temps des manœuvres
Ces propos ont-ils été un prétexte pour quatre membres du même parti que Thiam de demander sa destitution de la présidence du PDCI ? Un huissier s’est présenté dans les locaux de M. Thiam, avec une assignation « à comparaitre et se trouver présent le jeudi 27 février 2025 à 8 heures 00 minutes du matin, jour et heures suivants, s’il y a lieu ; à l’audience et par devant Madame la Présidente du Tribunal de Première instance d’Abidjan ou le juge délégué en ses fonctions, statuant en matière de référé ordinaire ». Les faits évoqués dans la convocation de l’huissier font état des conditions de l’élection de M. Thiam à la tête du Pdci : « a été porté à la tête du Parti es-qualité Président non sans avoir suscité quelques oppositions internes à l’époque ».
Ces « oppositions internes se référaient à un article des statuts, et relatif « aux critères de candidature au poste de Président du Parti, qui stipule très clairement que : « le candidat la Présidence du PDCI/RDA doit avoir été membre du Bureau politique pendant au moins dix (10 ans). Puis, « les demandeurs ont eu à faire des concessions afin que le congrès puisse être formellement tenu ». Mais il semble que ce qui a fait agir « l’opposition interne » soit le fait « que pire, en date à Abidjan, le vendredi 7 février 2025, grande sera la surprise des [requérants d'apprendre sur les réseaux sociaux de l'entame, par le président Thiam de sa procédure dite de renonciation à sa nationalité française ». Ce à quoi l’avocat du PDCI a répondu : « Mon avis par rapport aux deux griefs, il y a eu un comité électoral qui a tranché sur les dossiers et qui a validé comme ayant fait 10 ans de bureau politique et venir le contester, après, c'est complètement irrégulier. (…). Maintenant concernant cette histoire de nationalité, mais de quoi ils parlent ? Tidjane Thiam avait les 2 nationalités. S'il avait les deux nationalités, c'est qu'il avait la nationalité ivoirienne. Pour être président du PDCI-RDA, il faut être ivoirien. Pour être candidat à la présidentielle, il faut avoir exclusivement la nationalité ivoirienne, c'est tout. Tant dans la forme que dans le fond, ce dossier n'est pas pertinent. Que les militants soient rassurés. Qu'ils continuent de travailler sur le terrain. C'est de cela qu'on veut les détourner.»
Vives réactions apres des propos sur la nationalité. Un bras de fer judiciaire en vue ?
Les déclarations du ministre ivoiriens des transports maritimes sur la nationalité ont provoqué une levée de boucliers, à neuf mois de la présidentielle. Le sujet reste sensible dans un pays où il a souvent été instrumentalisé politiquement.
Blaise Lasm, cadre du PPA-CI, (Parti des Peuples Africains) a vivement réagi sur Facebook, dénonçant des propos qu’il juge xénophobes. « Comment doivent se sentir Adama Bictogo ou Adama Tounkara quand un ministre de leur parti brocarde le président du PDCI parce que son patronyme Thiam n’existe pas en Côte d’Ivoire ? », s’est-il interrogé, estimant que ces déclarations traduisent une fébrilité du camp présidentiel
Le Dr Osman Chérif, secrétaire national de la J-PDCI (section Jeunes du PDCI/RDA a saisi le procureur de la République pour « propos xénophobes et incitation à la haine identitaire ». Dans sa plainte, il invoque les articles 227, 229 et 231 du Code pénal, qui sanctionnent le racisme et la diffusion d’informations discriminatoires. Il réclame une enquête pour préserver « l’unité nationale et la quiétude sociale »
Les interprétations de cette affaire varient selon l’orientation des journaux ivoiriens. « Le Nouveau Réveil », proche du PDCI-RDA, titre : « La justice à nouveau saisie pour annuler le congrès qui a élu Thiam »
À l’inverse, « Dernière Heure Monde » parle d’une « cabale contre Tidjane Thiam », dénonçant une tentative de l’écarter de la course à la présidentielle de 2025. « Le Bélier Intrépide » accuse ouvertement le pouvoir en place d’être à la manœuvre pour semer la confusion au sein du parti d’opposition.
Du côté du pouvoir et des journaux qui lui sont favorables, la thèse est que ces remous proviennent de la lutte de succession après le décès de l’ancien leader Henri Konan Bédié. Le journal « Le Jour Plus » dramatise : « C’est gâté au PDCI-RDA » et affirme que « Les héritiers de Bédié veulent brûler la maison ».
De son côté, titre « L’Essor » évoque une possible destitution de Tidjane Thiam, ajoutant à la confusion. « L’Héritage », quant à lui, évoque des « ennemis tapis dans l’ombre » cherchant à affaiblir le PDCI-RDA.
Alors que la bataille médiatique fait rage, l’issue judiciaire de cette plainte pourrait être déterminante pour l’avenir de Tidjane Thiam, l’ancien patron du Crédit Suisse, premier ivoirien à entrer à Polytechnique et ses ambitions présidentielles.
Dans de nombreuses sociétés, les politiciens, en quête de popularité et de pouvoir, exploitent les peurs et les frustrations des citoyens en désignant les boucs émissaires. Souvent, ce sont les étrangers ou certaines minorités qui sont accusées de tous les maux : chômage, insécurité, crise économique. Ce stratagème, aussi vieux que la politique elle-même, a un objectif simple : détourner l'attention des vrais problèmes et se positionner comme les seuls sauveurs. Le développement rapide d’un double langage — rappel de l’unité en façade, doublé d’appels plus ou moins cryptés à l’affrontement et à l’exclusion en arrière fond — renforce le caractère inquiétant de n’importe quelle atmosphère. Ce qui n’est pas sans évoquer des situations similaires où facteurs ethniques et éléments religieux viennent se combiner pour entretenir et développer la haine réciproque.
Pourtant, cette manipulation ne profite qu'à ceux qui l'utilisent. En opposant les citoyens entre eux, en dressant un mur entre « nous » et « eux », ces discours sapent les fondements de la cohésion sociale. Une société divisée est une société affaiblie, incapable de faire face aux véritables défis.
Par Vieux SAVANE
A-T-IL OUBLIÉ QU’IL S’APPELLE OUATTARA
Célestin SereyDoh, triste ministre délégué auprès du ministre chargé des Affaires maritimes de Côte d’Ivoire, a-t-il oublié que son patron s’appelle Ouattara et qu’il a été victime dans un passé récent d’une marginalisation
Célestin Serey Doh, triste ministre délégué auprès du ministre chargé des Affaires maritimes de Côte d’Ivoire, a-t-il oublié que son patron s’appelle Ouattara et qu’il a été victime dans un passé récent d’une marginalisation qui cherchait à l’enfermer dans l’univers infamant de l’allochtonie ?
D’une telle personne, d’un âge certain, en train de boucler son deuxième mandat, on aurait attendu de le voir faire montre de hauteur et graver son nom dans le marbre. Parce que même les rois meurent, emportés par l’inéluctabilité de la finitude humaine, il importe de saisir que notre éternité se dévoile à travers notre œuvre. Penser à la mort, cette expulsion brutale et soudaine de la scène du monde, nous oblige à anticiper et à penser à notre héritage. A l’image de ce testament à l’endroit de notre famille pour que point elle ne se déchire et aide notre âme à pouvoir s’installer dans l’extase et la félicité du repos éternel.
Non point comme Hitler, Idi Ami Dada Bokassa et tutti quanti, mais plutôt comme Sankara, Lumumba , et tant d’autres héros africains dont les noms qui tonnent dans l’imaginaire de beaucoup d’africains se posent comme un éclairci qui aide à ne pas désespérer du continent. Parce qu’ils ont eu à dérouler une ambition véritable pour leur pays, pour l’Afrique.
Du président Alassane Dramane Ouattara, il est donc attendu qu’il pense à la génération qui vient et qu’il passe le témoin. La Côte d’Ivoire est trop importante pour se faire l’otage du syndrome de l’hubris et des courtisans pétrifiés par leurs intérêts bassement égoïstes.
Poids lourd dans la sous-région, la Côte d’Ivoire impressionne par sa grande résilience. Sortie d’une période difficile qui l’a vue s’enliser avec une violence inouïe dans des troubles post-électoraux, elle force le respect par le travail de reconstitution accompli. Faut-il donc courir le risque de voir tout cela s’effondrer, se fracasser et la replonger dans des scènes d’apocalypse indignes d’elle. Gageons que l’Ivoirité retrouve son sens originel, celui de la « Sénégalité », de la « Francité », de l’ « Arabité » dont parlait Senghor dans sa leçon inaugurale prononcée en 1971 à l’Université de Cocody, en apportant son génie, comme une contribution au banquet de l’Universel qui lui était si cher. A l’image du chocolat, de l’atiéké ivoirien, bien loin de toutes les manipulations qui se structurent finalement autour d’une désastreuse conception du pouvoir, celle de la captation prédatrice au profit de soi, des siens et de la ronde des courtisans. Au détriment de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique et du Monde. Parce que nous sommes tous Ivoiriens, le désastre annoncé qui toque aux portes de la Terre d’Eburnie n’est pas pour rassurer.