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13 juillet 2025
Par Vieux SAVANE
LA HONTE !
"Il s’appelle Thiam. Quand tu quittes le Sénégal pour venir en Côte d’Ivoire, tu vas sauter d’abord un pays…le nom de Thiam est de quelle région de la Côte d’Ivoire ?" Ces propos ignobles sont indignes d’une Côte d’Ivoire résiliente
« Il s’appelle Thiam. Quand tu quittes le Sénégal pour venir en Côte d’Ivoire, tu vas sauter d’abord un pays…le nom de Thiam est de quelle région de la Côte d’Ivoire? » Pénible résurgence d’une histoire récente douloureuse tournée autour de cette « identité meurtrière » que symbolise « l’Ivoirité »
Immondes, indignes, insoutenables sont les propos de Célestin Serey Doh, ministre délégué auprès du ministre des Transports chargé des affaires maritimes de Côte d’Ivoire, prononcés le 8 février dernier, à Tacourably, à l’ouest du pays dans la région des Dix-huit Montagnes.
Ces propos ignobles sont indignes d’une Côte d’Ivoire résiliente, qui sort péniblement de longues années de guerre civile et fait la fierté de beaucoup d’Ivoiriens et d’Africains pour son dynamisme économique.
Tidjane Thiam est un digne fils de l’Afrique, un digne fils de Côte d’Ivoire, de Guinée, Du Cameroun, du Ghana, d’Ethiopie, du Congo, etc. Par son cursus, il est une fierté africaine. On ne peut que s’étonner du fait que le président de la République dont le serment en fait le garant de la cohésion nationale ne l’ait pas débarqué illico presto ou suspendu de son poste.
En attendant, un citoyen a saisi le Procureur de la République pour exiger l’ouverture d’une enquête et l’application des sanctions pénales prévues par la loi notamment en son article 227 qui punit d’une peine d’emprisonnement d’1 à 2 ans et d’une amende de 500.000 à 2.000.OOO FCFA », toute personne qui se « rend coupable de racisme, de xénophobie, de tribalisme ou de discrimination ».
Par Mamadou Abdoulaye SOW
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ET SI ON PARLAIT DES LETTRES DE CONFORT ?
La dette cachée nuit à l’économie. Une meilleure législation en matière de divulgation peut contribuer à limiter le préjudice
«La dette cachée nuit à l’économie. Une meilleure législation en matière de divulgation peut contribuer à limiter le préjudice».
Le Gouvernement sortant a-t-il contracté des prêts auprès des banques locales de façon non transparente comme l’avait affirmé l’actuel Gouvernement ? La réponse est sans équivoque si on se réfère au rapport d’audit de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques des gestions 2019 au 31 mars 2024 (pages 37 à 42, § 2.7 du chapitre II). En effet, ledit rapport d’audit révèle l’existence d’une importante dette bancaire contractée hors circuit budgétaire. Le même rapport révèle également l’existence de remboursements d’emprunts en 2023 sur le compte de dépôt n° 3683047 « CAP/Gouvernement » d’un montant de 305 943 167 977 francs CFA (voir le détail par banque au tableau en annexe établi par nos soins). Or, une dette contractée conformément à la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) ne doit pas être remboursée sur un compte de dépôt de fonds particuliers au Trésor, de surcroit sans lien avec la gestion de la dette publique.
La présente contribution revient sur l’utilisation des lettres de confort comme procédé d’emprunt ou d’octroi de garantie de l’Etat, étant précisé d’emblée que plusieurs paragraphes de la première partie des développements qui suivent sont extraits du rapport du FMI n° 19/34 de janvier 2019 sur l’évaluation de la transparence des finances publiques au Sénégal 2. Nous examinerons d’abord la pratique des lettres de confort puis la question des garanties données par lettre du ministre chargé des Finances en marge de toute légalité.
LA PRATIQUE DES LETTRES DE CONFORT
Qu’entend-on par lettres de confort ? Selon le rapport précité du FMI (§ 53), « Les lettres de confort permettent d’effectuer le paiement d’une dépense auprès d’un tiers alors même que cette dépense n’est pas inscrite dans le budget de l’année ou que cette dépense excède le cadre annuel. »
Les lettres de confort visent donc à combler une insuffisance de la programmation budgétaire, pour prendre en charge des dépenses qui n’avaient pas été prévues et qui ne peuvent pas être supportées par la réserve de gestion.
Au moment du décaissement, l’Etat demande à la banque de payer directement son fournisseur, l’argent ne transitant pas par le Trésor ; l’Etat rembourse directement la banque sur les crédits destinés au projet une fois les crédits mis en place dans les budgets suivants. Dans ce cas , les lettres de confort constituent in fine de véritables opérations d’emprunt pour financer des dépenses qui ne sont pourtant pas retracées comme telles dans le PLF (projet de loi de finances). Les lettres de confort peuvent également être utilisées pour accorder une garantie de l’Etat à un opérateur pour l’obtention d’un financement auprès d’un établissement de crédit »3.
Il existe quatre catégories de lettres de confort : la lettre de couverture budgétaire (ou financière), la lettre de domiciliation bancaire, la lettre de confort stricto sensu et les lettres de garanties. L’encadré 2.1 ci-dessous de la page 37 du rapport du FMI définit leur objet.
2.1. LA PRATIQUE DES LETTRES DE CONFORT
« Les lettres de confort » constituent une appellation générique qui recouvre différents types de situations: • La lettre de couverture budgétaire (ou financière) : il s’agit d’une lettre adressée par le Ministre chargé des finances au Directeur de la direction centrale des marchés publics, dans le cadre de la procédure d’instruction d’un marché pluriannuel soumis au contrôle a priori. La lettre de couverture budgétaire est en réalité un engagement du Ministre à inscrire les crédits qui permettront de financer un projet ; • La lettre de domiciliation bancaire : il s’agit d’une lettre adressée par le Ministre chargé des finances au Directeur général d’une banque, par laquelle il s’engage de manière ferme et irrévocable à domicilier dans un compte ouvert au sein de ladite banque les paiements découlant d’un projet inscrit au Budget. La banque à qui elle est adressée est en général celle qui lui fournit les financements lui permettant d’exécuter le marché dont il est attributaire ; • La lettre de confort stricto sensu : il s’agit d’une lettre adressée par le Ministre chargé des finances au Directeur général d’une banque, par laquelle il sollicite le financement d’une opération déterminée, à rembourser sur des crédits budgétaires à venir (dans le cadre d’une prochaine loi de finances en général) ; • Les lettres de garanties : l’Etat se porte garant pour un opérateur aux fins d’obtention d’un financement auprès d’un établissement de crédit. » Source : services du FMI
Les crédits relatifs aux lettres de confort ne sont pas recensés dans le bulletin statistique trimestriel de la dette publique publié par la Direction de la Dette publique.
D’après le rapport du FMI, « le Sénégal ne répond pas au niveau de pratique élémentaire qui exige que les rapports financiers couvrent la trésorerie, les dépôts et toutes les dettes. Si des données sur les actifs et passifs financiers sont produites, elles sont fragmentées et contiennent des lacunes » (§ 10, page 19). Ainsi, le bulletin statistique trimestriel de la dette publique publié par la Direction de la dette publique ne tient pas compte notamment des crédits relatifs aux lettres de confort.
En outre, le rapport souligne : « Si le budget de l’administration centrale est relativement exhaustif, l’absence d’information relative aux lettres de confort contribue à affaiblir l’unité budgétaire en ne donnant pas une image complète de la dette publique 4 ».
Les montants des lettres de confort auraient dû être recensés dans la rubrique « Autres financements bancaires » de la situation de la dette intérieure
Le FMI a constaté l’absence de mécanismes budgétaires appropriés pour retracer et encadrer ces opérations relatives aux lettres de garanties alors qu’elles ont un impact conséquent pour les finances publiques.
En effet, « Qu’elles permettent de garantir le financement d’une dépense ou d’un projet, ou d’accorder une garantie, les outils budgétaires devraient permettre de retracer les implications des lettres de confort pour le budget »
« Dans le premier cas, les montants des lettres de confort devraient apparaitre dans la partie relative aux emprunts (ex. autres financements bancaires). Également, l’engagement global de l’Etat sur l’intégralité du projet (et non uniquement sur la tranche annuelle de remboursement qui doit apparaitre en loi de finances) doit être retracé dans les documents budgétaires (…) »5.
Enfin, le rapport du FMI (page 51) recommandait, entre autres, de « Renforcer la sincérité budgétaire et refléter de manière exhaustive dans le budget tous les engagements de l’Etat » en :
• « (alignant) le traitement des lettres de confort avec les règles comptables et budgétaires issues de la LOLF et refléter celles-ci au sein de la dette publique (nous mettons en gras et soulignons) ;
• (en appliquant) les dispositions de la LOLF relative aux provisions pour les garanties accordées par l’Etat (y compris celles attribuées via lettres de confort) ».
En résumé, rappelons que l’article 133 du décret n° 2020978 du 23 avril 2020 portant Règlement général surla Comptabilité publique (RGCP) dispose :« Aucune dette de l’Etat ne peut être contractée sous forme de souscription de rente perpétuelle, d’emprunt à court, moyen et long termes, ou sous forme d’engagements payables à terme ou par annuités, aucune opération de conversion de la dette publique ne peut être opérée, qu’en vertu de la loi de finances »
« Les conditions et modalités d’émission des emprunts de l’Etat sont fixées par décret pris sur le rapport du Ministre chargé des Finances. » (article 134 RGCP). L’article 135 du RGCP précise que les créances résultant d’un emprunt de l’Etat donnent lieu soit à la remise d’un titre au souscripteur ou bénéficiaire soit à une inscription au crédit d’un compte courant de titres dans les conditions fixées par décret pris sur proposition du ministre chargé des Finances
L’OCTROI DE GARANTIES PAR CONVENTION OU LETTRE DU MINISTRE CHARGÉ DES FINANCES EST UNE VIOLATION DE LA LOLF
Par définition, une garantie est un « accord en vertu duquel le garant s’engage à verser la totalité ou une partie du montant dû au titre d’un instrument d’emprunt en cas de défaut de paiement de l’emprunteur 6 ».
Quant à l’emprunt garanti, il se définit comme un « emprunt bénéficiant d’un engagement contractuel d’un tiers de répondre de la défaillance du débiteur 7». On peut dire que les garanties accordées par l’Etat sont en quelque sorte à la frontière de la dette publique. A préciser que le Gouvernement sortant avait décidé en 2020 que « les passifs conditionnels liés aux garanties ou aux contrats de partenariat public-privé intégreront le champ de la dette pour une meilleure appréciation du risque de surendettement » (cf. exposé général des motifs de la loi n° 2019-17du 20 décembre 2019 portant loi de finances de l’année 2020).
Par ailleurs, dans le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2023-2025 (page 102), il est rappelé : « L’émission de garanties constitue une source de risque budgétaire, en cas d’appel pour le remboursement des prêts adossés aux garanties» (…). « Également, le recours croissant aux PPP, attendu dans le cadre de la mise en œuvre des prochains programmes d’investissements du PAP2A, devrait accroitre les garanties y afférentes et induire une plus grande exposition budgétaire ».
Le régime des garanties et avals donnés par l’Etat est régi par les articles 42 et 44 de la LOLF de 2020.
1°/ L’autorisation de l’Assemblée nationale est un préalable à l’octroi par l’Etat de sa garantie ou de son aval
Dans sa seconde partie, la loi de finances de l’année autorise l’octroi des garanties et avals accordés par l’Etat (article 44 LOLF).
2°/ La loi de finances de l’année fixe la variation nette de l’encours des garanties et avals (article 44 LOLF)
3°/Les garanties et les avals sont donnés par décret (article 42 LOLF)
Le même article précise : « Les conditions d’octroi des garanties doivent respecter les dispositions du Règlement portant cadre de référence de la politique d’endettement public et de gestion de la dette publique dans les Etats membres de l’UEMOA ».
A rappeler que le DPBEP de 2022-2024 (page 69) avait retenu que « concernant les garanties, l’émission des lettres de confort et de garanties pourrait se faire par la prise d’un décret, pour permettre une meilleure transparence des garanties de l’Etat … »
En passant, nous avons remarqué que le Gouvernement sortant, comme celui en place, a accordé par décrets des garanties souveraines dans le cadre du contrat de fourniture de service de stockage et d’achat d’électricité. Nous nous étonnons que les rapports de présentation de ces décrets de garanties soient signés par le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération. Au surplus, on s’interroge sur le texte qui autorise ce dernier à administrer directement une partie de la dette garantie (Cf Tableau n° 3.1 du § 2.6 de la page 36 du rapport d’audit de la Cour des comptes) alors qu’il revient au ministre chargé des Finances de gérer les comptes de garanties et d’avals
4°/ Les engagements de l’Etat résultant des garanties financières accordées par l’Etat doivent être retracés dans les comptes de garanties et d’avals de la comptabilité générale de l’Etat
Lorsqu’une garantie accordée par décret est appelée, elle est enregistrée dans un compte spécial du Trésor. Le montant des garanties accordées par lettres de confort aurait dû être provisionné dans le compte spécial du Trésor retraçant les avals et garanties.
Rappelons qu’en application de l’article 42 de la LOLF, « la dotation portant sur les crédits destinés à couvrir les défauts de remboursement ou appels en garantie intervenus sur les comptes d’avals et de garanties (…) est provisionnée au minimum à hauteur de dix pour cent (10%) des échéances annuelles dues par les bénéficiaires des garanties et avals de l’Etat. Or, « le montant provisionné en loi de finances est un montant forfaitaire qui est très en-dessous de la provision nécessaire pour couvrir toutes les garanties existantes, y compris les lettres de confort 8».
En conclusion, on se pose la question suivante : en avril 2024, « des passations de service détaillées (ont-elles) été organisées loyalement et (ont-elles) permis entre les deux gouvernements, entrant et sortant, de consigner explicitement les dossiers d’une relève voulue précisément transparentes sur les aspects du travail gouvernemental dans les différents ministères 9».
1 Rhoda Weeks-Brown , Source IMF BLOG, 2 avril 2024
2 Suite à une requête du Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan de l’époque (M. Amadou Ba,) formulée au cours des assemblées annuelles du FMI en 2017, une mission du département des finances publiques du FMI s’était rendue à Dakar du 5 au 17 avril 2018 afin de mener une évaluation de la transparence des finances publiques du Sénégal.
3 Sénégal. Evaluation de la transparence des finances publiques, Rapport du FMI n° 19/34, janvier 2019, p.36. Nous mettons en gras et soulignons.
4Ibidem, § 53, pp.35-36. Nous soulignons.
5 Ibidem, § 54, pp. 36-37.
6 Cf. REGLEMENTN°09/2007/CM/UEMOA portant cadre de réference de la politique d’endettement public et de gestion de la dette publique dans les Etats membres de l’UEMOA 7 Ibidem.
8 Rapport du FMI n° 19/34, p. 37. Nous soulignons.
9 Mamadou Lamine Loum, “Le Sénégal au 1er avril 2001, p.233.
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MATINALE IRADIO AVEC ALASSANE SAMBA DIOP DU 18 FEVRIER 2025
L'armée ougandaise a déclaré mardi avoir envoyé des troupes dans la ville de Bunia, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), un déploiement justifié par des "massacres de la population par des milices".
Ce déploiement survient alors que le groupe armé antigouvernemental M23, allié à des troupes rwandaises, s'est emparé dimanche de la ville de Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, après une progression éclair dans l'est de la RDC qui les a vus prendre fin janvier Goma, grande ville et nœud économique du Nord-Kivu.
Bunia, non loin du lac Albert et de l'Ouganda, est régulièrement le théâtre d'attaques de groupes armés, notamment du M23 et des Forces démocratiques alliées (AFD), à l'origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans.
"Oui, nous avons déployé nos troupes à Bunia", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la défense ougandaise, Felix Kulayigye. "Il y a eu des massacres commis par des milices et nous avons convenu avec nos homologues congolais de mener des opérations conjointes pour sauver des vies", a-t-il poursuivi.
Samedi, le chef des forces armées ougandaises Muhoozi Kainerugaba avait donné 24 heures "à toutes les forces de Bunia pour rendre leurs armes". "S'ils ne le font pas, nous (...) les attaquerons", avait aussi averti sur X le fils du président Yoweri Museveni, réputé pour ses publications incendiaires.
L'armée ougandaise (UPDF) avait annoncé fin janvier qu'elle allait "renforcer ses défenses" dans l'est de la RDC contre les groupes armés, sans détailler combien d'hommes y seraient envoyés. Selon des sources militaires, des milliers de soldats ougandais sont déployés en Ituri.
Les ADF ont tué des milliers de civils et multiplient des pillages et meurtres malgré le déploiement de l'UPDF aux côtés des forces armées congolaises (FARDC) dans le cadre d'une opération appelée "Shujaa", lancée fin 2021.
Le déploiement à Bunia fait partie de cette opération et n'accroît pas les effectifs ougandais en RDC, selon Felix Kulayigye. L'Ouganda a été accusé par des experts de travailler aussi contre les intérêts de la RDC en soutenant le M23, lui permettant d'utiliser le territoire ougandais comme voie d'approvisionnement – des accusations que le pays a fermement rejetées.
Des analystes craignent que l'escalade dans l’est de la RDC ne conduise à une répétition de la situation de 1998, lorsque l’Ouganda et le Rwanda soutenaient des groupes rebelles dans la région. Cela a déclenché ce que l’on a appelé la deuxième guerre du Congo, qui a duré jusqu’en 2003, impliquant de nombreux pays africains et entraînant des millions de morts dus à la violence, aux maladies et à la famine.
UNE SOCIÉTÉ QUI JUGE PLUS QU'ELLE N'ÉCOUTE
Le psychologue Ngor Dieng analyse les enjeux et les responsabilités de la famille, de l’université et de la société dans la prise en charge du bien-être mental.
Le suicide présumé d’un étudiant à l’UGB, accompagné d’une lettre bouleversante, remet sur la table la question de la santé mentale et du mal-être profond qui touchent une partie de la jeunesse sénégalaise. Dans une société où l’accompagnement psychologique reste marginalisé, quelles leçons tirer de ce drame ? Le psychologue conseillé Ngor Dieng analyse les enjeux et les responsabilités de la famille, de l’université et de la société dans la prise en charge du bien-être mental.
Que vous a inspiré, en tant que psychologue-conseiller, la lettre de l'étudiant qui se serait suicidé à l'UGB, la semaine dernière ?
Cette lettre, si elle est authentique, est une sorte de confession renversante, bouleversante ; un récit de vie glaçant, symptomatique de toute la souffrance physique et mentale de son auteur, mais surtout du désespoir extrême qui a marqué ses derniers instants de vie sur terre.
C’est une lettre-confession qui semble laisser apparaitre en filigrane les causes profondes de son suicide. Sa lettre a le mérite d’interpeller nos consciences, d’inviter les vivants que nous sommes à faire une introspection sur nos comportements et attitudes de tous les jours vis-à-vis de nous-mêmes, de notre entourage immédiat et des autres. Elle met à nu notre capacité à accorder de l’attention, voire de l’importance à autrui, de lui prêter une oreille attentive, d’être tout simplement bienveillant autour de nous et avec nos semblables. Cette lettre pose une réflexion profonde sur le sens de la vie, sur l’espoir qui doit aussi la sous-tendre.
Enfin, pour moi, cette lettre pose la problématique générale de la santé mentale, un sujet jusque-là tabou dans notre société qui a tendance à mettre l’accent plus sur le paraître, l’apparence que sur le véritable bien-être mental, dans un contexte de pressions sociales sur les familles et surtout sur les jeunes.
On a tendance à considérer que l’accompagnement psychologique, c’est plus pour les autres. Pensez-vous que notre société prend suffisamment en charge cette problématique ?
Nous vivons dans une société qui n’a pas toujours la culture d’aller voir le psychologue en cas de difficultés, même si c’est une tendance qui commence à se renverser aujourd’hui. Pour preuve, beaucoup de Sénégalais préfèrent se confier à un “voyant” avec ses cauris plutôt que de solliciter l’expertise d’un psychologue, d’un thérapeute ou d’un coach. On associe souvent consultation psychologique à folie telle qu’on la connaît, de manière populaire, dans notre société.
Mais ce n’est pas toujours le cas. Souffrir mentalement ne veut pas toujours dire perdre carrément la tête et traverser les rues en haillons. Notre société est une société qui exerce une pression sur les gens que tout le monde n’est pas prêt à supporter. C’est une société où le stress, l’anxiété, la déprime, la dépression, bref la détresse psychologique sont monnaie courante. Elle laisse peu de bouffées d’oxygène à ses différentes composantes.
Ces segments traditionnels d’assistance sociale et mentale, que sont la famille traditionnelle, l’arbre à palabres, les groupes de pairs, la case de l’homme, les rites traditionnels, les sagesses ancestrales, se sont effrités, laissant la place aux déballages de la vie privée et des secrets de famille et de couples dans les médias et réseaux sociaux et/ou à la solitude et à l’isolement total, au rejet et à la stigmatisation de l’autre, à la vindicte populaire. Notre société actuelle met plus l’accent sur la course aux richesses que sur l’exploration des chantiers de l’humain. Elle est plus dans le jugement, la stigmatisation, la marginalisation, l’isolement, la mauvaise foi, l’hypocrisie que dans l’intercompréhension, la bienveillance et le soutien psychosocial.
Pouvez-vous revenir sur l’importance de cette prise en charge psychologique et qui en a besoin ?
La prise en charge psychologique ou psychosociale est fondamentale dans une société. La vie, n’étant pas un exercice facile, est faite de hauts et de bas. L’individu étant aussi solide qu’il est fragile a, par moments, besoin d’accompagnement psychosocial pour traverser des périodes difficiles qui peuvent lui arriver dans sa vie.
Le besoin de parler et d’être écouté est naturel, mais faudrait-il que l’écoute soit une écoute active pour comprendre et pas pour juger, pour soutenir et pas pour faire des secrets partagés une arme. Souvent, on peut ignorer le cri d'un appel au secours, rester sourd à une voix intérieure qui nous parle. L’accompagnement psychologique est un besoin pressant dans notre société où la communication interhumaine est aujourd’hui plus virtuelle que réelle avec les Tic et Internet.
C’est d’autant plus important que la vulnérabilité de la famille est devenue une réalité dans ce contexte de vitesse et de modernité accélérée, et que les instances d’écoute et de partage sincères se sont considérablement réduites, voire quasi inexistantes maintenant et l’attention tournée vers des faits divers et le buzz.
Qu’en est-il de l’accessibilité des spécialistes, sur les plans géographique et financier, mais aussi en nombre ?
Il faut d’abord noter, comme je l’ai dit plus haut, que notre société n’a pas la culture de la consultation chez le psychologue. À cela s’ajoute, ensuite, le fait que les psychologues ne sont pas assez nombreux au Sénégal, surtout en ce qui concerne certaines spécialités. À côté de ces considérations, il y a l’aspect financier de la consultation et du suivi psychologique dont le coût n’est pas toujours à la bourse de tout le monde. La consultation chez le psychologue est aussi associée, dans notre imaginaire collectif, à la folie, à l’internement à Fann, à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye ou à Dalal Xel et, par conséquent, parfois mal vue dans notre société.
Mais c’est un créneau qui doit être davantage exploré au profit d’une population confrontée aux dures réalités de la vie, aux problèmes de santé mentale et de bien-être mental et affectif. Et pourtant, l’un des enseignements majeurs qu’on devrait tirer de la crise de la Covid-19, c’est la nécessité pour nos pays de renforcer ou repenser leurs systèmes de santé en y intégrant la dimension psychologique ou psychosociologique et en valorisant davantage les “métiers de la relation d’aide”.
Quid du rôle de l’université et de la famille ? Quel rôle devrait être les leurs pour éviter ce genre de drame ?
La famille avant, la famille maintenant et la famille après ! Le premier pilier de l’être humain, c’est la cellule familiale. Dans le cadre familial, on doit renforcer la confiance en soi de nos enfants en adoptant une parentalité bienveillante, en les respectant et en les écoutant exprimer leurs émotions positives comme négatives, poser leurs questions et faire leur questionnement. La famille doit être le premier réconfort de la personne. Elle doit être soucieuse de chacun de ses membres et pour cela, il faudrait qu’elle accorde plus de temps, mais aussi d’attention à ces derniers. La communication au sein de la cellule familiale est fondamentale. C’est un élément essentiel de socialisation et d’intériorisation des valeurs. Elle permet d’exprimer ses émotions et d’extérioriser ses sentiments et/ou ressentiments.
Quant à l’université sénégalaise, elle n’est que le réceptacle des réalités de la société sénégalaise. Elle doit plus tenir compte de la dimension psychosociale dans les enseignements-apprentissages. La réussite dans les études n’a pas pour préalable que l’aspect pédagogique. Elle tient compte, en particulier, de l’aspect psychosocial, c’est-à-dire des dispositions mentales et des réalités sociales dans lesquelles baignent les apprenants et leurs enseignants.
C’est pourquoi il est nécessaire de réfléchir sur la création de services dédiés à la prise en charge psychosociale des étudiants dans chaque université publique avec un personnel qualifié, c’est-à-dire un psychologue, un assistant social, bref un spécialiste de la relation d’aide et de l’accompagnement au bien-être. Ces services vont jouer le rôle d’alerte et de veille, pour anticiper et éviter ce genre d'événement dans l’espace scolaire et universitaire. Et c’est bien possible au Sénégal avec la volonté politique et l’appui des autorités étatiques.
CHEIKH DOUDOU MBAYE APPELLE À UN CHANGEMENT DE CAP POUR LE SÉNÉGAL
Dans une contribution intitulée Buu Noox Tuuro, il interpelle le gouvernement sur l’urgence de restaurer la cohésion nationale, de rationaliser les dépenses publiques et de relancer les grands chantiers économiques.
Le Sénégal traverse une période de turbulences politiques, économiques et administratives qui préoccupent de nombreux observateurs. Parmi eux, Cheikh Doudou Mbaye, Sénégalais installé à Bruxelles et acteur du secteur de la santé, interpelle directement le président Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement sur la nécessité d’un changement de cap. Dans une contribution intitulée Buu Noox Tuuro, il dresse un constat sévère des neuf premiers mois du régime et propose des pistes pour une gouvernance plus efficace.
Selon Cheikh Doudou Mbaye, le Sénégal est dans une impasse. Il estime que le pays a atteint un niveau de division inédit et qu’il est urgent de restaurer la cohésion nationale. Pour lui, la solution réside dans un dialogue inclusif avec toutes les forces politiques et les compétences disponibles, y compris celles qui ne partagent pas la même vision que le duo Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko.
« Il ne sert à rien de vouloir foncer dans le mur en klaxonnant. Consultez toute la classe politique, discutez de la situation et prenez leurs avis et conseils », martèle-t-il, regrettant certaines décisions hâtives du gouvernement, notamment la publication d’un pré-rapport non certifié qui, selon lui, a fermé des portes diplomatiques et économiques au pays.
L’un des points majeurs de sa critique concerne la gestion des finances publiques. Il appelle à une réduction drastique des dépenses de l’État, notamment à travers la diminution de la taille du gouvernement et des cabinets ministériels, la réduction des cortèges officiels et des voyages à l’étranger, la baisse du budget de l’Assemblée nationale, de la Présidence et de la Primature, une réduction des salaires des hauts fonctionnaires, y compris celui du président, de 50 %, ainsi que la suppression des agences et directions jugées inutiles, comme l’ASP, l’ANPEJ, le FHS ou encore l’Asepex.
« Pourquoi y avoir nommé d’autres responsables au lieu de suspendre leurs dépenses en attendant leur dissolution ? », s’interroge-t-il, estimant que ces nominations contradictoires alimentent la frustration.
Au-delà des coupes budgétaires, Cheikh Doudou Mbaye plaide pour une réforme en profondeur de l’administration et une meilleure cohérence dans la gestion des institutions. Il propose notamment de fusionner plusieurs agences et structures étatiques pour éviter les doublons et améliorer l’efficacité. Parmi les regroupements suggérés figurent la fusion de l’Ageroute et des Autoroutes du Sénégal, celle de CDC Habitat, SN HLM et SICAP, ou encore celle du FONSIS, FONGIP et APIX sous une Haute Autorité des Investissements. Dans le même élan, il recommande de séparer la Direction des Impôts de celle des Domaines, source de nombreux conflits et de blocages économiques.
L’arrêt des grands chantiers de l’État est une autre source d’inquiétude pour Cheikh Doudou Mbaye. Il alerte sur l’impact de cette décision sur le secteur du BTP, avec une chute de 25 % de la consommation de ciment et la perte de près de 10 000 emplois. Selon lui, cette situation est directement imputable aux choix du Premier ministre Ousmane Sonko, qu’il accuse d’avoir précipité une crise en suspendant brutalement les projets en cours. De même, le blocage des titres fonciers affecte le secteur privé, car ces documents servent souvent de garantie pour les prêts bancaires permettant aux entrepreneurs de financer leurs activités.
Au-delà des critiques, Cheikh Doudou Mbaye insiste sur la nécessité de recréer un climat de sérénité pour relancer le pays. Il appelle au dialogue, au pragmatisme et à l’unité : « Vous avez voulu bien faire, mais nous avons eu dix mois de politique, de tâtonnements et de désordre institutionnel. Il est temps de rassembler les Sénégalais, car chaque main, chaque intelligence et chaque conseil vous seront utiles. »
Pour lui, la refondation de l’État ne doit pas être un simple slogan, mais une mission concrète menée avec audace et détermination. « Unis pour bâtir », vous aviez promis, il est temps de passer aux actes. »
LA POLICE SUSPEND JUSQU’À NOUVEL ORDRE SA COUVERTURE SÉCURITAIRE DES COMBATS
Cette décision fait suite aux nombreux débordements et manquements constatés lors du combat entre Franc et Ama Baldé, mettant en cause le Comité national de Gestion de la Lutte et les autres acteurs du secteur.
La Division Communication et des Relations Publiques de la Police nationale a annoncé, mardi, l’arrêt, jusqu’à nouvel ordre, de la couverture sécuritaire des combats de lutte au Sénégal. Cette décision fait suite aux graves incidents survenus lors du combat entre Franc et Ama Baldé, tenu le dimanche 16 dernier à l’Arène nationale.
Selon le communiqué de la police, ce jour-là, de nombreux amateurs, malgré l’achat de leurs billets, ont été empêchés d’accéder au stade en raison de l’atteinte de la jauge maximale. Face à ce risque de débordement, les forces de l’ordre ont procédé à la fermeture des portes.
Cependant, cette mesure n’a pas empêché un déchaînement de violences après le combat, entraînant des actes de vandalisme, la destruction de biens publics et privés, ainsi que des agressions. Le drame a culminé avec l’agression mortelle d’un jeune dans la banlieue dakaroise.
Selon le communiqué de la police, ces incidents sont la conséquence de l’« énième manquement » du Comité national de Gestion de la Lutte (CNG) et des autres acteurs impliqués. La police leur reproche notamment le non-respect des consignes relatives aux horaires des combats, à la jauge de spectateurs et aux itinéraires des supporters pour éviter les affrontements.
Face à cette situation, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a pris la décision radicale de suspendre la couverture sécuritaire des combats de lutte sur toute l’étendue du territoire national.
LA CRISE CONGOLAISE VUE PAR BOUBACAR BORIS DIOP
De la Conférence de Berlin au génocide des Tutsi, en passant par les discriminations contre les Congolais rwandophones, l'intellectuel sénégalais remonte le fil d'un conflit aux racines profondes
(SenePlus) - Dans un entretien accordé au journaliste Momar Dieng d'Impact.sn, l'écrivain et intellectuel sénégalais Boubacar Boris Diop, décrypte les enjeux complexes du conflit qui secoue l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), offrant une perspective historique et géopolitique rarement mise en lumière.
La prise récente de Goma par le M23 s'inscrit, selon l'analyste, dans une longue histoire de tensions régionales dont les racines remontent à la fin du XIXe siècle. La Conférence de Berlin (1884-1885) constitue un point de départ crucial, ayant redessiné arbitrairement les frontières africaines. "L'Afrique a été découpée comme on l'aurait fait d'un zoo gigantesque", souligne l'écrivain, pointant du doigt la mentalité raciste des élites européennes de l'époque qui a conduit à ces décisions aux conséquences durables.
Le Rwanda, amputé alors de plusieurs territoires au profit de l'Ouganda, de la Tanzanie et de l'actuelle RDC, ne cherche pourtant pas à reconquérir ces terres, précise Boubacar Boris Diop. Il décrit le président Kagame comme "beaucoup trop rationnel pour caresser une telle idée", soulignant que les enjeux actuels sont ailleurs.
L'héritage du génocide de 1994 constitue, selon l'intellectuel, une clé de compréhension essentielle du conflit. La présence en RDC des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), composées d'anciens génocidaires ayant fui grâce à l'Opération Turquoise, représente une menace existentielle pour le Rwanda. "Dans l'imaginaire des Rwandais qui savent dans leur chair ce que signifie le mot génocide, un seul FDLR c'est un génocidaire de trop", explique-t-il avec force.
La situation des Congolais rwandophones constitue un autre aspect critique du conflit. L'écrivain révèle qu'en 1965 déjà, ces populations étaient privées du droit de vote, et plus récemment exclues de la "Conférence nationale souveraine" du Zaïre. Cette discrimination systématique, couplée à des violences ethniques, fait écho aux événements qui ont précédé le génocide rwandais, créant une inquiétude légitime à Kigali.
Concernant le soutien présumé du Rwanda au M23, Boubacar Boris Diop adopte une position nuancée. S'il reconnaît une présence militaire rwandaise en RDC, il refuse de réduire le M23 à un simple instrument de Kigali. "Les rebelles du M23 sont des citoyens qui exigent précisément la reconnaissance de leur nationalité congolaise", affirme-t-il, ajoutant que "beaucoup de jeunes combattants du M23 se considèrent en état de légitime défense".
La chute rapide de Goma pourrait marquer un tournant décisif dans la région. L'auteur de "Murambi" souligne l'échec de la stratégie du président Tshisekedi, qui aurait misé sur une victoire militaire rapide contre le Rwanda en s'appuyant sur des mercenaires étrangers et diverses forces armées. "Ma conviction est qu'il y aura un avant et un après Goma 2025", prédit-il.
L'intellectuel s'attaque également aux idées reçues concernant les ressources minières de la région. Contrairement aux allégations répandues, le Rwanda est le deuxième producteur mondial de coltan, après la RDC mais devant le Brésil, le Nigeria et la Chine. Il appelle à un travail d'enquête journalistique approfondi pour identifier les véritables acteurs de l'exploitation minière dans l'Est du Congo.
Quant à l'avenir de la RDC, Boubacar Boris Diop évoque la possibilité d'une solution fédérale, tout en soulignant que cette décision appartient aux Congolais eux-mêmes. Il insiste sur la nécessité d'un leadership fort, comparable à celui de figures historiques comme Nyerere ou Mandela, pour surmonter les défis actuels. "Ce n'est pas en réveillant les démons de la haine qu'on peut se donner une chance de refermer la funeste page ouverte en janvier 1961 par l'assassinat de Patrice Lumumba", conclut-il.
L'intellectuel appelle à une approche plus nuancée et moins manichéenne du conflit, soulignant que la RDC est "le terrain des jeux les plus malsains du monde entier" où interviennent de nombreux acteurs internationaux, bien au-delà du seul Rwanda.