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14 juillet 2025
PAR MOUSTAPHA SÈNE
LE DERNIER BAROUD DE KADD, L’ARBRE NOURRICIER
"Sur les monticules de roche blanchâtre concassée qui servaient de clôture à ces immensités de terres retournées étaient plantés des tableaux métalliques portant enseignes dont le message est sèchement succinct : « Explosifs : danger ». "
Sur les monticules de roche blanchâtre concassée qui servaient de clôture à ces immensités de terres retournées étaient plantés des tableaux métalliques portant enseignes dont le message est sèchement succinct : « Explosifs : danger ». Le site était déjà colonisé sur de larges étendues par des pousses de « paftan » ; nom local donné à l’espèce végétale dénommée Calotropis procera.
Une plante qui, de l’avis expert d’un biologiste, spécialiste en foresterie rurale « est un indicateur de sol pauvre ou appauvri ». Tout le contraire du « Kadd » qui n’existe désormais plus, dans cette zone de terroir traditionnel qu’à l’état de relique. Hélas ! Ils sont bien esseulés et tristes les rares spécimens de cette essence (kadd, de son nom scientifique de Faidherbia albida ou encore Acacia albida). Reconnaissables à leur feuillage dégarni et à leur cime totalement émondée en période d’hivernage où la mode dans la nature est à l’abondance et la verte luxuriance), ces arbres du terroir ne poussent plus que dans les strictes limites des périmètres du site, non encore happés par les grosses et dévoreuses canines d’acier des engins des exploitations de basalte, de gré et d’attapulgite.
Comme ailleurs sur la frange littorale du pays, dans l’hinterland sénégalais aussi, le phénomène de dégradation de la biodiversité est bien prégnant. C’est le cas sur ces sites (à Ngoudiane Diack et dans la demi-douzaine des villages et autres hameaux dans le département de Thiénaba dans la région de Thiès : Nioniol, Mbayène, Kamba, Diack, ou dans les deux Mbodokhane) où sont installées plusieurs entreprises privées qui exploitent le basalte et les autres roches marneuses et calcaires fournissant la matière première aux cimenteries et au secteur du Btp du pays et d’ailleurs.
La réalité ainsi décrite conforte l’expertise internationale auteure du rapport sur la « Situation des Forêts du monde en 2001 » publié sous l’égide de la Fao pour qui les activités humaines (facteurs anthropiques inconsidérés) « ayant souvent des répercussions négatives sur l’environnement, « la conservation des ressources naturelles et notamment, celle de la diversité biologique, devient une tâche urgente et essentielle ». Ce qu’endurent les communautés des alentours des carrières de cette partie du pays n’est qu’un avatar localisé d’un phénomène global considéré par le biologiste Enherfeld, dans son livre au titre au titre si révélateur (« Guerre, paix et préservation de la diversité biologique ») comme « un assaut mondial contre la biodiversité ». Cela donne aussi tout son sens à l’engagement dans ce combat citoyen dont il est aujourd’hui un des chantres au plan international.
Dans nombre de pays, l’impératif que voilà est d’autant prégnant que les agressions répétées et multiformes sur le milieu naturel ont pris une telle proportion dans leurs manifestations les plus pernicieuses qu’il faille désormais l’envisager en termes de survie. Non pas seulement des seules espèces de la faune et la flore qui n’ont eu de cesse de subir les contrecoups de ces agressions, mais aussi notre avenir collectif à plus ou moins brève échéance. C’est de l’aggiornamento qu’il s’agit, avec tout ce que cette expression peut drainer comme charge au double plan de l’urgence d’une salvatrice action à mener au risque de périr…Ou encore de s’adapter, au plus vite, aux exigences que nous impose un contexte, à nul autre pareil, pour ce qu’il exige comme responsabilité pour chacun de nous. L’urgence que voilà étant rendue encore plus impérieuse par cette kyrielle d’exemples qui donnent, au quotidien, la gravité du problème de ce que la rupture des équilibres écologiques peut engendrer comme conséquences.
Celles dont les moindres sont ces endémiques crises économiques avec toutes les affres de convulsions sociales à elles liées. Mais aussi à toutes leurs stigmates sur une société qui cherche ses marques, entre les interstices d’une pauvreté rampante, une misère morale sans nom, mère de la violence urbaine inédite source de tous ces actes désespérés (ou au-delà du concevable) dont les journaux et les radios nous relatent les occurrences dans leur plus abjecte nudité : crimes de sang et vols à mains armées, agressions violentes sur ascendants, viols en tout genre, concussion, conspirations… Tout cela parce qu’au départ il y a eu une crise qui en engendre et enchâsse d’autres. Une crise de la nature qui devient une crise de la vie et du mal de vivre…
Ici, tout porte à croire, au regard du sort que l’ouverture des carrières a réservé à la biodiversité, que Kadd l’arbre tutélaire a été tout bonnement sacrifié à l’autel de cette vomissure du volcan qui fait la civilisation du béton. Et oublié alors, tout ce que, depuis la nuit des temps, Kadd a apporté aux hommes et à l’équilibre des écosystèmes en tant qu’élément essentiel d’un dispositif agro-sylvo-pastoral.
Avec la jachère et le mode efficace d’assolement triennal qui lui sont associés et qui ont fait la preuve de leur efficacité écologique. Signe, elle-même, d’une alliance qui remonte aux temps immémoriaux entre l’autochtone de ce terroir et Kadd, cet arbre nourricier dans une sorte de « complicité paradoxale » à propos de laquelle le géographe et spécialiste des terroirs seerer du Sénégal, Paul Pélissier disait qu’elle est l’expression « d’une enseigne ethnique » et l’empreinte séculaire d’une organisation sociale.
DÉSESPOIR SUR LE CAMPUS
Le suicide de Matar Diagne a brisé la loi du silence sur la détresse psychologique au sein des universités. Dans un pays où l'on compte un thérapeute pour 475,000 habitants, ce drame révèle l'ampleur d'une crise que les autorités continuent d'ignorer
(SenePlus) - La mort de lève Matar Diagne le voile sur la détresse psychologique des jeunes et l'insuffisance des dispositifs d'accompagnement dans l'enseignement supérieur au Sénégal.
Dans la nuit du 10 au 11 février, Matar Diagne, l'étudiant en master de droit à l'université Gaston-Berger (UGB) de Saint-Louis, a mis fin à ses jours après avoir publié un message d'adieu poignant sur Facebook. « Je ne serai plus vivant quand vous lirez ce message. Je préfère mourir dans la dignité plutôt que de vivre dans le déshonneur », écrivait-il, évoquant à plusieurs reprises son « isolement » et la « souffrance de la maladie ».
Ses derniers mots exhortant à l'écoute – « N'isolez personne, n'ignorez personne (...). Rapprochez-vous des gens qui s'isolent, parlez-leur (...) sans les juger » – ont été massivement partagés et commentés en ligne.
Pour Fatou Fall, présidente de Safe Open Space (SOS), interrogée par Le Monde, « le drame de Matar illustre d'abord le tabou de la santé mentale, surtout celle des hommes ». La militante établit un parallèle avec un cas similaire survenu six ans plus tôt, quand « un Sénégalais anonyme avait annoncé sur Twitter [X, aujourd'hui] son suicide » en espérant que « peut-être [sa mort] aiderait certains pour mieux se comporter avec les gens ».
Les chiffres révélés par Le Monde sont alarmants : selon les dernières données officielles disponibles datant de 2019, le Sénégal ne compte que « 38 psychologues et psychiatres pour 18 millions de Sénégalais », soit « un ratio d'un thérapeute pour 475 000 habitants », alors que l'Organisation mondiale de la santé en préconise 25 fois plus.
À Saint-Louis, le suicide de Matar a créé « une onde de choc » à l'université Gaston-Berger, témoigne Al Jabbar Adebo, étudiant cité par le journal français. Le rassemblement organisé trois jours après le drame a laissé un goût amer à certains participants. Un étudiant ayant requis l'anonymat confie que cette réunion présentée comme « une thérapie collective » ressemblait davantage à « une opération communication », un agent administratif s'étant contenté d'inviter les étudiants à « la résilience » et à « se forger un moral de fer ».
« Nous avons besoin de psychologues disponibles sur le campus », plaide Al Jabbar Adebo dans les colonnes du Monde. « On doit faire face à un mal-être grandissant des étudiants, dont l'isolement s'est renforcé du fait de la dégradation de nos conditions de vie, notamment des logements et de la restauration ».
La situation n'est pas meilleure à l'université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar qui, selon Le Monde, « accueille plus de 90 000 des 240 000 étudiants du pays, mais ne compte aucune cellule d'accompagnement psychologique ».
Le reportage du journal met en lumière les conditions de vie difficiles des étudiants : « les chambres exiguës en colocation, les privations de nourriture – les 7 000 francs CFA mensuels en coupons ne permettent pas plus d'un repas par jour au restaurant universitaire –, et la pression sociale alors que le niveau pédagogique ne cesse de se dégrader ».
À cela s'ajoutent des retards considérables dans le versement des bourses, « parfois de 14 mois », précise Le Monde. Un étudiant prénommé Mohamed, membre d'un collectif de tous les masters 2 de l'UCAD, explique au journal : « Les autorités font croire que nous serions des privilégiés, alors qu'avec le système des bourses nous faisons vivre nos familles restées au village et payons nos études ».
Ce même étudiant conclut avec amertume : « Tout concourt à notre déclassement. Le suicide de Matar en est le symptôme ». Et Al Jabbar Adebo de lancer cet appel poignant rapporté : « Combien de Matar faudra-t-il au gouvernement pour réagir et comprendre l'ampleur du feu qui couve au sein de la jeunesse sénégalaise ? »
DÉCÈS DE SOULEYMANE CISSÉ, L’UN DES PLUS GRANDS RÉALISATEURS AFRICAINS
Auteur d’une trentaine de films, il est notamment le père de Sources d’inspiration (1968), Waati (1995) ou encore Baara (1992).
Le cinéma malien et africain est en deuil. Souleymane Cissé est mort ce mercredi 19 février à Bamako. Il avait 84 ans. Ce réalisateur malien, un des plus grands de son pays, mais aussi de l’Afrique, s’est notamment illustré pour avoir été primé deux fois à Cannes.
Il avait en effet reçu le Prix du jury à Cannes en 1987 pour son film Yeelen, puis en 2023, il avait décroché le Carrosse d’Or.
Auteur d’une trentaine de films, Souleymane Cissé est notamment le père de Sources d’inspiration (1968), Waati (1995) ou encore Baara (1992).
C’est donc une immense perte pour le cinéma malien, africain, et mondial. « Papa est décédé aujourd’hui à Bamako. Nous sommes sous le choc. Toute sa vie, il l’a consacrée à son pays, au cinéma et à l’art », a déclaré sa fille Mariam Cissé à l’AFP.
LES AGENTS LICENCIÉS DU MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE ENGAGENT UN BRAS DE FER AVEC L’ÉTAT
Après une rencontre avec Alioune Tine, président de l’ONG Afrikajom Center, ils dénoncent l’intransigeance du ministre Birame Soulèye Diop et annoncent une série d’actions fortes, incluant une marche de protestation.
Le Collectif des Agents en Cessation d’Activité du Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines (CACAMEPM) poursuit son bras de fer avec les autorités. Après une rencontre tenue ce mardi 18 février 2025 avec Alioune Tine, président de l’ONG Afrikajom Center, les agents dénoncent l’intransigeance du ministre Birame Souleye Diop et annoncent une intensification de leur lutte.
La veille, le médiateur Alioune Tine avait été reçu par le ministre et son cabinet pour tenter d’apaiser les tensions. Cependant, aucune avancée concrète n’a été enregistrée. Selon le collectif, le ministre campe sur une position d’austérité en justifiant la rupture des contrats par le droit administratif, alors que, selon eux, cette décision relève du droit du travail. Un « amalgame grave », dénoncent-ils.
Face à l’impasse, le collectif des 44 agents licenciés annonce une série de mesures fortes :
Maintien de leur engagement au sein du Front Syndical pour la Défense du Travail (FSDT), mis en place par la Coalition des Centrales Syndicales du Sénégal (CCSS).
Poursuite du plan d’actions, incluant une marche de protestation et une grève de la faim.
Saisine du Conseil constitutionnel pour contester un projet de décret présidentiel qui, selon eux, viserait à les remplacer par des militants du parti Pastef.
Paralysie du secteur minier, avec l’arrêt des exploitations de carrières, la fermeture des laboratoires d’analyses, la suspension des activités sur les mines artisanales et semi-mécanisées, ainsi qu’une rétention d’informations sur les recherches géologiques.
Le collectif dénonce également le retard des paiements de salaires, plongeant les travailleurs et leurs familles dans la précarité. À travers ces actions, il espère faire fléchir le ministre et obtenir une issue favorable à leur situation.
UN MATCH AMICAL ENTRE LE SÉNÉGAL ET L'ANGLETERRE PRÉVU EN JUIN
Cette rencontre s’inscrit dans la préparation des Lions de la Teranga pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025.
Le Sénégal affronte l’Angleterre le 10 juin prochain au City Ground de Nottingham dans le cadre d’un match amical international, informe un communiqué de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF).
La Fédération Sénégalaise de Football (FSF) a annoncé que l’équipe nationale du Sénégal jouera un match amical contre l’Angleterre le 10 juin 2025 au City Ground de Nottingham.
Cette rencontre s’inscrit dans la préparation des Lions de la Teranga pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025. Avant cela, l’équipe sénégalaise disputera deux matchs de qualification pour la Coupe du Monde 2026 contre le Soudan et le Togo en mars.
Ce duel contre l’Angleterre aura une saveur particulière, car il rappelle leur confrontation en huitièmes de finale du Mondial 2022, où les Three Lions s’étaient imposés 3-0. Ce match amical offrira donc aux hommes de Pape Thiaw l’occasion de prendre leur revanche face aux Anglais.
Ces penseurs marginaux, inspirés par des figures comme Samir Amin, proposent de revitaliser les économies africaines en développant des instruments monétaires alternatifs et en reconnaissant la dimension sociale et politique de la monnaie
Ils rament à contre-courant courant des idées reçues sur le plan économique. critique du système néolibéral, défenseur d'une vision endogène de la monnaie, Ndongo Samba Sylla et Cheikhou Omar Diagne sont deux hétérodoxes qui refusent la pensée unique. Et lors de la présentation de l'essai Penser la monnaie au service du panafricanisme, écrit par l'ex-directeur des Moyens généraux de la présidence de la république, ils ont eu l'occasion de faire valoir un peu plus leur «indiscipline» intellectuelle, surtout sur la question monétaire.
«Je vais trahir un secret. C'est Ndongo Samba Sylla qui a proposé le titre de l'ouvrage. Parce que moi, j'avais un autre beaucoup plus violent, très violent. Mais Ndongo m'en a dissuadé. Car pour lui, comme c'est le président de la République qui va préfacer le livre, il se devait d'être plus diplomatique», a révélé lors de cette cérémonie de dédicace Dr Cheikhou Omar Diagne, avec un brin d'humour. Mais, même si pour la première fois peut-être, il a «cédé» à la pression de Ndongo Samba Sylla et pour faire plaisir certainement à son «ami», le chef de l'Etat Bassirou Diomaye, force est de dire que Cheikhou Omar Diagne est un polémiste qui assume ses positions. L'iconoclaste chercheur a bâti sa réputation dans l'espace médiatique et sur le plan intellectuel dans sa propension à remettre en cause «les certitudes» de l'État et de la société sénégalaise dans sa marche historique. Cheikhou Omar Diagne est un dissident. Il ne pense pas comme les autres. Il ne veut pas penser comme les autres. Et surtout sur le plan économique où il a une autre approche. Et c'est sans doute la raison pour laquelle, l'auteur d’Herméneutique du rêve entretient une affinité intellectuelle avec Dr Ndongo Samba Sylla, même si leurs méthodes sont différentes. L'auteur avec Fanny Pigeaud de l'Arme invisible de la Françafrique, une autre histoire du CFA, assume aussi sa subversion épistémique. Il met en perspective comme l'écrivain marocain Driss Ksikes «Les chantiers de l'indiscipline», en privilégiant «une mise à distance vis-à-vis des disciplines et des savoirs constitués, pour réserver une latitude d’esprit critique face à ce qui ne tient pas compte des aspects latéraux inconnus ou imprévisibles des réalités abordées». Ce «pas de côté » pour reprendre Driss, qui permet de voir et de sentir davantage que ce qu’autorisent les disciplines académiques et les normes culturelles et sociales instituées. Ndongo Samba Sylla est un provocateur, un agitateur des consciences. Un marginal. Car peu d'économistes osent comme lui sortir des sentiers battus pour critiquer la pensée économique dominante. Influencé par des devanciers comme Samir Amin, il essaie de proposer une alternative à l'existant qui ne le satisfait pas, visiblement. Et lors de la présentation samedi du livre de Cheikh Omar Diagne, Dr Sylla est resté dans cette dynamique. «Dans cet ouvrage, Cheikh Omar Diagne passe en revue l'histoire de l'institution monétaire. Et il passe en revue les théories économiques sur la monnaie. Il ne fait aucune concession à l'économie orthodoxe néoclassique qui est enseignée dans les universités», fait-il savoir tout en se réjouissant du fait que Cheikh Omar Diagne soit un hétérodoxe comme lui.
«Ce qu'on enseigne à nos étudiants, ce sont des plats empoisonnés qui ne leur permettent pas de comprendre l'économie é»
S'exprimant sur la monnaie, Dr Ndongo Samba Sylla avertit : «Ce qu'on enseigne dans les universités, ce sont des fables sur la monnaie, totalement des fables». À l'en croire, il y a même des banques centrales qui ont écrit pour dénoncer cela. La Banque de l'Angleterre, d'après lui, a publié un rapport. «Et ce rapport dit que tout ce qui est enseigné dans les manuels d'économie est faux. Et ça, c'est des choses que les économistes hétérodoxes connaissent depuis longtemps», renseigne-t-il avant d'ajouter : «Ce qu'on enseigne à nos étudiants en économie, ce sont des plats empoisonnés qui ne leur permettent pas de comprendre L'économie. Parce que nous sommes dans des économies monétaires de production. Et ça a été mis en avance par Karl Marx quand il parle AMA' c'est-à-dire Argent, Marchandise pour faire plus de profit. C'est ça le circuit monétaire. Mais les économistes néoclassiques nous disent que la monnaie est une marchandise, qu'un c'est un voile, que ça ne compte pas».À l'en croire, une approche purement économique n'amène pas très loin. Dans le même ordre d'idées, l'ancien enfant de troupe a rappelé que l'Afrique précoloniale est une Afrique du pluralisme monétaire. «Et c'est le colonialisme qui a dégommé tout ça», se désole l'économiste non sans revenir sur l'analyse de Cheikh Omar Diagne sur les monnaies locales complémentaires.
«La monnaie est un levier puissant pour renforcer les communautes à la base»
Pour l'auteur de Scandale du commerce équitable, écrit en 2013, le monde s'achemine vers le pluralisme monétaire. «Et si nous voulons avoir vraiment la démocratie, l'équité. Si nous voulons faire face aux enjeux climatiques, il faut renforcer les communautés à la base . Et la monnaie constitue un levier puissant pour renforcer cela. Et généralement cette préoccupation n'est pas prise en charge par les économistes qui sont toujours dans une perspective étatiste», prône-t-il non sans signaler en outre que ceux qui disent spécialistes comme les banquiers et les universitaires ne connaissent pas souvent la monnaie. Parce qu'ils ont selon lui une approche très limitée. Abondant aussi dans le même sens, l'auteur du livre a commencé son intervention dans la provocation. «Dans une dynamique de revendication de souveraineté linguistique, je vais m'exprimer en wolof », dit-il d'emblée dans un ton taquin mais qui laisse entrevoir manifestement le caractère intellectuellement subversif de Cheikh Omar Diagne. «La question de la monnaie ne doit pas être simplement discutée en français et dans les amphithéâtres par des intellectuels, universitaires et autres. Mais on doit être capable de la rendre digeste voire triviale», explique l'ex collaborateur du chef de l'Etat Diomaye Faye révélant que la question de la monnaie unique est enseignée dans la Bible.
«Combattre l'inflation, c'est combattre le plein emploi»
S'exprimant sur la situation économique du pays, Dr Diagne souligne qu'il ne fait pas partie de ceux qui croient aux critères de convergence de l’UEMOA. De son avis, il urge de développer une approche de la «dette intelligente». «C'est quoi la bonne dette? Comment s'endetter ? Ce sont les questions essentielles qui doivent être posées sur la dette. Mais les critères de convergence sont une hérésie», s'insurge-t-il. Il estime aussi que l'inflation est un levier économique que tout gouvernement doit utiliser. Car de son avis, combattre l'inflation, c'est presque combattre le plein emploi. «Moi je pense que si on est dans un bon système monétaire, l'inflation ne doit pas poser problème», souligne le chercheur qui tire aussi sur la BCEAO. «La banque centrale n'a aucune utilité. Elle est tout sauf centrale. Elle combat l'inflation. Elle a une mission pauvre. Sa mission est de combattre l'inflation dans un pays en sous-développement», dit-il.
Rappelons aussi que Cheikhou Omar Diagne a battu en brèches certaines propositions du secrétaire du gouvernement Al Aminou Lo sur les mesures à prendre pour redresser le pays. « En écoutant Almine Lo, j’ai visualisé les solutions ratées du FMI en accord avec la Banque centrale dans les années 80. La situation du Sénégal ne nécessite pas de plan d’austérité », trouve-t-il tout en soulignant que l'ex directeur de la BCEAO est sur la mauvaise voie. Il recommande de mettre en place de nouveaux instruments pour redynamiser l’économie, accroître la marge de manœuvre de l’Etat etlibérer par la monnaie, l’économie ignorée au sein des communautés. «Il urge de mettre en cohérence la politique bancaire, fiscale, monétaire et budgétaire», ajoute l'iconoclaste économiste qui comme presque toujours rame à contrecourant de sa chapelle politique.
Braquage armé à Missirah
L’insécurité devient préoccupante. Même les communes rurales ne sont plus épargnées par les bandits. Les populations ne dorment désormais d’un seul œil. Hier, vers 19h, un multiservice à Missirah, dans le département de Tambacounda, a fait l’objet d’une attaque armée. Une dizaine d’assaillants encagoulés, armés de coupe-coupe, ont fait irruption dans le lieu de transfert d’argent, ont tabassé le gérant avant d’emporter 30 millions de francs CFA. D’après la victime, les membres de la bande parlaient wolof et pulaar. La brigade de gendarmerie de Dialacoto a ouvert une enquête sous la direction du procureur de Tamba, Aliou Dia.
Arrêt des combats de lutte
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a décidé hier d’arrêter jusqu’à nouvel ordre la couverture sécuritaire des combats de lutte au Sénégal. Cette décision fait suite aux graves incidents survenus après le choc des titans entre Franc et Ama Baldé du dimanche dernier à l’arène nationale, organisé par Baye Ndiaye, patron de la structure Albourakh Events. Selon les responsables de la police, de nombreux amateurs ayant leurs tickets ont été empêchés d’accéder au stade en raison de l’atteinte de la jauge maximale». Et après le combat, «des actes de barbarie, la destruction de biens publics et privés, ainsi que des agressions et la mort d’une personne dans la banlieue ont été enregistrés. Pour la division communication et des relations, ces incidents sont la conséquence d’un énième manquement du CNG. La police reproche également à l’équipe de Malick Ngom «le non-respect des horaires des combats et de la jauge de spectateurs et des itinéraires des supporters pour éviter les affrontements». Avec cette décision, le comité devra se montrer plus ferme à l’avenir pour se faire entendre.
Le Technopole était envahi par des insectes appelés Chironomes
Le Technopole n’était pas envahi par des moustiques mais plutôt par des insectes appelés Chironomes. En fait, les populations riveraines et usagers des artères autour du Technopole avaient alerté le 3 février de l’invasion d’insectes assimilés à des moustiques. Ainsi pour avoir une idée nette de ces envahisseurs, l’Université Cheikh Anta Diop, dans le cadre du service à la société, avait dépêché en urgence sur les lieux une équipe de spécialistes des insectes, constituée de chercheurs du Laboratoire d’écologie vectorielle et parasitaire (LEVP/BA/FST/UCAD) et du Laboratoire des invertébrés terrestres de l’IFAN (UCAD), appuyé par des collègues du pôle de zoologie médicale de l’Institut Pasteur de Dakar, afin de mener une investigation pour identifier les insectes à l’origine de ces nuées et sur d’éventuels risques d’exposition des populations à des maladies vectorielles. D’après le communiqué de l’Ucad, les résultats de cette investigation ponctuelle effectuée par les spécialistes ont permis de conclure que les insectes en cause sont des chironomes et non des moustiques. Les chironomes sont un autre groupe d’insectes, très souvent confondus avec les moustiques, mais qui à la différence de ces derniers ne piquent pas et par conséquent ne transmettent pas de maladies vectorielles, à l’état actuel des connaissances.
Les résultats de l’autopsie de Babacar Diagne
On en sait un peu plus sur les circonstances du décès de Babacar Diagne, le jeune agressé à Guédiawaye lors du combat de Franc contre Ama Baldé. Les résultats de l’autopsie confirment qu’il a été violenté par les agresseurs. Le médecin légiste de l’hôpital Idrissa Pouye parle d’une «contusion thoracique avec plaie de la pointe du ventricule droit». Nos radars renseignent que la police de Golf Sud a ouvert une enquête. On nous apprend que la moto et le téléphone portable du défunt ont été récupérés.
Médinatoul Mounawara promet de venger Babacar Diagne
Les habitants du quartier Médinatoul Mounawara de Djiddah Thiaroye Kaw où se trouve le domicile familial de Babacar Diagne haussent le ton contre les agressions après chaque combat de lutte. Car les malfrats envahissent leur quartier pour semer la terreur. Ils promettent l’enfer aux agresseurs en attendant que les autorités prennent à bras-le-corps la question de l’insécurité lors des combats de lutte.
Trafic de chanvre en association
Livreur de son état, P. A. Sall et son ami M. Sow menuisier ébéniste vont devoir chercher des arguments solides pour convaincre le juge de leur innocence. Arrêtés pour détention et trafic de chanvre indien en association, les mis en cause ont eu la malchance de tomber sur une patrouille des hommes du Commissaire Abdou Sarr. Ces derniers ont trouvé par devers P. A. Sall et son ami Sow six cornets de chanvre indien. Ils sont conduits à la police des Parcelles assainies et placés en garde à vue avant leur défèrement au parquet.
Un élève de 10 ans porté disparu aux Maristes
C’est la panique aux Maristes près de l’école japonaise. Pour cause, la disparition de l’enfant Pape Ibrahima Faye âgé de 10 ans. Il allait à école dénommée «la Source». Les parents de l’enfant inquiets appellent au secours pour retrouver le potache.
Tentative de vol
Plus malchanceux que M. Ng. Diouf, tu meurs ! Le quidam qui tentait d’ouvrir le capot d’un véhicule aux abords de la cité Mixta dans un parking a été surpris par un vigile qui surveille les lieux. Il est interpellé par le vigile et conduit à la police des Parcelles assainies où il a reconnu les faits. Ce qui va motiver sa garde à vue et son défèrement au parquet pour tentative de vol.
Le maçon trahi par les caméras de surveillance
M. Camara âgé de 28 ans est vraiment mal barré. Après s’être introduit dans une maison pour voler une pompe à eau, Camara ne s’imaginait pas que le propriétaire de la maison l'apercevrait sur un écran grâce aux caméras de surveillance. Il est interpellé et remis aux limiers des Parcelles assainies en patrouille dans le secteur. Il est placé en garde à vue avant son défèrement au parquet pour tentative de vol.
Réhabilitation du château «La folie du Baron Roger»
Le secrétaire d’Etat à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, Bakary Sarr, était à Richard-Toll. Il a visité plusieurs sites historiques dont le château de la « Folie du Baron Roger », en état de déliquescence inquiétant. Le château, un patrimoine historique, est visité par des milliers de touristes venus de divers horizons. La Folie du Baron Roger est un édifice logé entre les quartiers de Gaya et RichardToll Escale, au milieu d’une petite forêt classée à moins de cent mètres de la route nationale numéro 2. Il est construit par Jean-François Roger, ancien Gouverneur du Sénégal (1822- 1827). M. Sarr promet de trouver des moyens pour réhabiliter et valoriser le site pour qu’il puisse servir la communauté et les historiens. Des agents de la Direction du patrimoine de Saint-Louis et le Préfet du département de Dagana, Ibrahima Ismaïla Ndiaye, ont pris part à la visite qui a livré plusieurs secrets et rappels historiques. D’après Bakary Sarr, il faudra une politique de territorialisation de la culture, faire en sorte que la municipalité trouve des moyens pour sauvegarder ce site. Pour le secrétaire d’État, la réhabilitation du site pourra contribuer à la création d’emplois chez les jeunes et les femmes avec la relance des activités touristiques. Ce vestige colonial a été construit il y a plus de 200 ans.
L’affaire Ahmed Ndiaye mise en délibéré au mardi 25 février
Le tribunal des flagrants délits de Ziguinchor a mis en délibéré, au mardi 25 février 2025, l’affaire opposant la famille du Premier ministre Ousmane Sonko au nommé Ahmed Ndiaye contre lequel le procureur de la République a requis un an de prison dont trois mois ferme, a constaté l’Aps. Ahmed Ndiaye a comparu, ce mardi, pour des faits d’agression, d’intrusion dans un domicile privé et d’injures publiques à l’endroit de la famille du chef du gouvernement. Après les plaidoiries, le procureur de la République, Abdou Khadre Diop, a requis un an de prison dont trois mois ferme à l’encontre du prévenu. Pour connaître son sort, ce dernier devra attendre le 25 février 2025, date retenue par le tribunal pour rendre son verdict. Le directeur des buildings de l’entreprise Ecotra a reconnu avoir tenu des propos « désobligeants » envers la famille d’Ousmane Sonko, expliquant son acte par un coup du destin. Mis en face des deux frères du Premier ministre, Ahmed Ndiaye a déclaré les connaître depuis longtemps et n’avoir aucune haine à leur encontre. A l’entame de son propos, il a nié s’être présenté sur les lieux avec une arme.
Etudiants de l’Université Gaston Berger
La coordination des étudiants de Saint-Louis (CESL) décrète aujourd’hui une «Journée noire» en mémoire à des étudiants martyrs, en l’occurrence, Alpha Yoro Tounkara et Prospère Clédor Senghor. A cet effet, il y aura cessation des activités pédagogiques, administratives et une journée sans tickets. Les étudiants de l’Université Gaston Berger prévoient une marche pacifique et un point de presse
La gendarmerie se renforce avec des drones
La Gendarmerie nationale sénégalaise franchit un nouveau cap dans sa modernisation grâce à l’appui de l’Union européenne. Elle a réceptionné hier des drones tactiques au quartier Samba Diéry Diallo de Colobane, renforçant ses capacités de surveillance et de lutte contre les menaces transnationales. La cérémonie a été coprésidée par le général de division Martin Faye, Haut-commandant de la Gendarmerie nationale et Jean-Marc Pisani, Ambassadeur de l’Union européenne. Ainsi la Légion de Gendarmerie de l’Air et des Transports Aériens (LGATA) est dotée de deux systèmes de drones STRIX 425, des appareils de pointe conçus pour la surveillance en temps réel. Ces équipements de haute technologie permettent un suivi plus efficace des zones fluviomaritimes et frontalières, constituant ainsi un atout majeur dans la lutte contre l’émigration irrégulière et la criminalité transnationale. Grâce à leurs capacités avancées d’acquisition et de transmission de données, renseigne la note de la Gendarmerie, ces drones optimisent la couverture opérationnelle des forces de la Gendarmerie avec une réelle amélioration de la réactivité des unités déployées sur le terrain. Le général de division Martin Faye a remercié l’Union Européenne en magnifiant cette initiative qui illustre l’engagement de la Gendarmerie nationale à se doter de moyens modernes pour relever les défis sécuritaires actuels.
LE JAZZ AFRICAIN A L’HONNEUR
Mettre en avant les instrumentistes et valoriser le jazz africain : c’est l’un des objectifs de la 6ème édition du Dakar music expo (Dmx) qui se tiendra du 20 au 23 février 2025 à Dakar.
Mettre en avant les instrumentistes et valoriser le jazz africain : c’est l’un des objectifs de la 6ème édition du Dakar music expo (Dmx) qui se tiendra du 20 au 23 février 2025 à Dakar. Placé sous le thème : «L’essor du jazz africain entre racines et innovation», l’événement amène des directeurs de festival pour apprendre, découvrir et donner l’opportunité aux jeunes artistes d’exporter la musique sénégalaise et africaine à l’international..
Le salon professionnel de la musique de Dakar, le Dakar music expo (Dmx), démarre ce jeudi. Un rendez-vous professionnel de la musique africaine et internationale à l’initiative de Doudou Sarr qui a convié producteurs, chanteurs, managers, distributeurs et directeurs de festival, entre autres, pour apprendre, découvrir et donner l’opportunité aux jeunes artistes d’exporter la musique sénégalaise et africaine à l’international. Showcases, concerts, ateliers seront au cœur de cette édition qui met en lumière le jazz africain sous le thème : «L’essor du jazz africain entre racines et innovation.»
Promoteur du Dmx et expert de l’industrie musicale africaine, Doudou Sarr insiste sur l’importance d’un tel événement. «Le Dakar music expo (Dmx) est un événement structurant pour l’industrie ou l’écosystème musical. Il permet aux acteurs de la filière de se rencontrer : producteurs, chanteurs, agents, distributeurs, directeurs de festival. Et comme on parle de musique, la finalité, c’est de montrer de la musique. Et c’est ce qu’on fait à travers le Dmx», a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse organisée hier à l’Institut français. A l’en croire, le Dmx joue également un rôle important dans l’exportation de la musique africaine. «Le Dmx se passe tous les ans au mois de février et on invite des délégués internationaux, des directeurs de festival, des programmateurs, des tourneurs. L’idée derrière ça, c’est de pouvoir accompagner certains de nos artistes pour exporter la musique sénégalaise et la musique africaine», précise Doudou Sarr.
Et pour cette édition, le jazz sera au centre des discussions, et pour plusieurs raisons. D’abord, un hommage aux instrumentistes, souvent éclipsés par les chanteurs. «Jazz parce qu’on veut mettre en exergue les instrumentistes. C’est aussi une manière de rendre hommage à Jimmy Mbaye, une icône de la musique sénégalaise qui nous a quittés récemment. Jimmy jouait de la guitare. Et sa guitare complétait la voix de Youssou. Et là, j’ai voulu honorer nos joueurs d’instruments, d’où le jazz», confie Doudou Sarr. Ensuite, il s’agit de redonner au jazz africain une place sur la scène internationale. «En Europe, à part l’Afrique du Sud et l’Afrique centrale, on ne parle pas beaucoup de jazz africain. Pourtant, on a de très grands musiciens de jazz au Sénégal et enAfrique francophone», regrette-t-il. Selon Doudou Sarr, cette volonté d’internationalisation du jazz africain trouve un écho à Bremen, en Allemagne, où se tient le plus grand marché jazz au monde, Jazzahead, comme le fameux titre de Miles Davis, Miles Ahead. «On a aussi réussi à Bremen, une ville en Allemagne, où se trouve le plus grand marché jazz au monde, à avoir une place et un stand pour tous les artistes qui font du jazz en Afrique. Le salon s’appelle Jazzahead, comme le fameux titre de Miles Davis, Miles Ahead. Et le directeur de ce salon fait partie des membres de la délégation qui arrive cette année. Donc, on a une délégation très riche de 60 personnes», a annoncé Doudou Sarr, manager international de Youssou Ndour.
«Le jazz peut changer le monde»
Hugues Kieffer, directeur du Marseille Jazz des cinq continents, souligne l’évidence de sa présence à Dakar. «L’Afrique est au premier plan puisque c’est dans les rythmes africains que le jazz a pu naître aussi, même si l’Afrique ne le sait pas toujours», fait-il savoir, tout en soulignant l’importance du dialogue entre les acteurs africains et européens du jazz. «Le jazz peut changer le monde. Et il est fondé sur deux choses : l’expression de soi et la capacité à jouer collectif. Cette double injonction, d’être libre et d’être attentif à l’autre, c’est le jazz. Et cette attitude, c’est une des attitudes qu’il faut pour rassembler les peuples en harmonie», explique-t-il. De son côté, Jules Guèye, trompettiste et professeur de musique, a pointé du doigt le manque de visibilité du jazz au Sénégal.
Formé au Conservatoire national des arts et métiers de Dakar, Jules Guèye estime que si le jazz africain regorge de talents, sa visibilité reste un défi. «Porter un choix sur le jazz, ce n’est pas du tout évident parce que nous avons une musique à dominante axée sur la danse. Et le jazz, c’est beaucoup plus l’écoute et la réflexion. C’est un genre discret, souvent relégué dans l’ombre, alors que nous avons d’excellents musiciens comme Habib Faye, Cheikh Tidiane Tall ou Hervé Samb, et de grandes formations de jazz comme le Xalam 2», a-t-il regretté, avant de conclure : «Le Dmx, c’est un marché pour les artistes, pour présenter leur travail, et c’est hyper important pour leur visibilité.»
Par Momar Dieng
LE GENOCIDE DE 1994 AU RWANDA EST AU COEUR DES EVENEMENTS ACTUELS EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
L’évolution des relations entre la République démocratique du Congo et le Rwanda a eu un point de chute : la prise de Goma par les rebelles du M23. Une situation nouvelle susceptible de causer de véritables bouleversements... Entretien avec B.Boris Diop
À voir ce qu'il se passe aujourd'hui entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, avec la prise de Goma par les forces du M23, on a envie de dire qu'il y a encore un drame pour l'Afrique. Est-ce votre perception ?
Je dirais plutôt que c'est un drame de plus à un moment où de la Syrie à l'Ukraine en passant par Gaza, le Yémen et le Sud-Soudan, le feu est partout. Quant à la prise de Goma par le M23, c'est une nouvelle page de l'histoire récente de l'Est du Congo et chacun essaie d'en déterminer les causes profondes. C'est ainsi qu'on parle beaucoup ces jours-ci du découpage colonial des frontières et en particulier de la Conférence de Berlin entre 1884 et 1885 où le Rwanda a été amputé de plusieurs parties de son territoire au profit de l'Ouganda, de la Tanzanie et de l'actuelle République Démocratique du Congo.
L'Afrique a été découpée comme on l'aurait fait d'un zoo gigantesque, la mentalité raciste des élites européennes de l'époque les empêchant tout simplement de comprendre qu'ils avaient affaire à de véritables êtres humains.
Il y a eu d'autres ajustements territoriaux entre pays européens après la Première guerre mondiale mais pour l'essentiel c'est de Berlin qu'il faut parler. L'Afrique a été découpée comme on l'aurait fait d'un zoo gigantesque, la mentalité raciste des élites européennes de l'époque les empêchant tout simplement de comprendre qu'ils avaient affaire à de véritables êtres humains. Il faut bien dire, quitte à se faire accuser de convoquer les fantômes du passé, que le continent africain souffre aujourd'hui encore, notamment dans l'Est du Congo, de cet aveuglement impérialiste.
Doit-on comprendre que pour vous le Rwanda peut légitimement revendiquer certaines parties du territoire actuel de la RDC ?
Absolument pas. En trois décennies d'affrontements d'une intensité variable, je n'ai jamais entendu le Rwanda revendiquer les territoires dont il a été privé à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième. Kagamé est beaucoup trop rationnel pour caresser une telle idée et par ailleurs dans cette affaire il s'agit surtout d'appeler au dialogue au lieu de jeter de l'huile sur le feu comme le font certains. Mais au-delà de cet héritage colonial, il faut souligner que ce qui se passe au Congo est aussi une conséquence directe du génocide de 1994. En effet lorsque les génocidaires ont été vaincus, l'Opération Turquoise les a aidés à se replier en RDC où ils ont créé les Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). L'important ici est de rappeler que ces gens sont les auteurs de toutes les atrocités commises au Rwanda et que leurs exploits ont été très précisément documentés par des livres, des films et des dizaines de rapports.
Pourtant beaucoup d'experts, tout en admettant que les FDLR se sont effectivement repliés en territoire congolais, reprochent au Rwanda d'exagérer cette menace pour justifier son appui direct au M23.
Les avis sont partagés. Pour certains de ces experts, les FDLR ont vu leurs effectifs faiblir au fil du temps alors que pour d'autres elles sont plus fortes que jamais après s'être fondues dans une vaste coalition anti-Rwanda et gagné en expérience en se battant aux côtés de l'armée régulière congolaise. Elles ont pu souvent compter sur l'appui du groupe armé Nyatura, composé de Hutu congolais et acquis à l'idéologie génocidaire. Cela étant dit, dans l'imaginaire des Rwandais qui savent dans leur chair ce que signifie le mot génocide, un seul FDLR c'est un génocidaire de trop.
Dans l'imaginaire des Rwandais qui savent dans leur chair ce que signifie le mot génocide, un seul FDLR, c'est un génocidaire de trop.
Nous ne parlons donc pas ici d'une menace normale d'un groupe armé normal. Il existe une certaine tendance à juger des événements actuels en faisant comme si le génocide n'a jamais eu lieu et je pense que cela condamne à raisonner dans le vide. Le génocide est la chair vive de ce qui se passe dans l'Est du Congo car en interrogeant l'histoire on décèle d'inquiétantes similitudes entre la discrimination contre les Tutsi après la prétendue Révolution sociale Hutu dans le Rwanda des années cinquante et le véritable apartheid dont sont victimes les rwandophones du Congo, une discrimination nourrie par des discours de haine nauséeux et marqué par des tueries à petite échelle mais au faciès, en attendant le nettoyage ethnique généralisé.
Vous pressentez le pire ?
Non. Je ne dis pas qu'un nouveau génocide anti-Tutsi est une fatalité mais le simple fait qu'il soit une possibilité devrait nous alerter. Je suis récemment tombé sur un document d'archive datant de 1965 et déjà en ce temps-là il n'était pas permis aux Congolais rwandophones de prendre part à des élections. Plus près de nous, ils ont été purement et simplement interdits de participation à la "Conférence nationale souveraine" du Zaïre puisqu'étant considérés comme des étrangers dans le seul pays où ils avaient jamais vécu. Et ces dernières années, quand la tension est montée entre le Rwanda et la RDC, il y a eu en plus des violences habituelles des scènes publiques de cannibalisme. Il suffit de se mettre un instant à la place des Rwandais qui voient ou entendent de telles horreurs depuis Kigali, Kibuye ou Butare pour comprendre leur effroi. Connaissant bien leur histoire récente, ils prennent tout cela très au sérieux, ils ont toutes les raisons de se dire que c'est reparti contre les leurs dans un pays voisin et qu'on ne les y reprendra plus.
Cela suffirait-il à justifier l'existence du M23 ?
Les choses ne peuvent pas être aussi simples mais il est certain que beaucoup de jeunes combattants du M23 se considèrent en état de légitime défense. Et la plupart de ceux qui les critiquent actuellement ont détourné le regard quand on tuait les Tutsi en 1994.
Le fait est qu'après en avoir été chassé en 2012 et 2013, le M23 est de retour dans cette partie du territoire congolais qu'il occupe aujourd'hui. On accuse directement le Rwanda d'être le parrain du M23. Est-ce que pour vous c'est quelque chose d'avéré ?
Même s'il est bien difficile d'être affirmatif en étant aussi loin du théâtre des opérations, la présence militaire du Rwanda au Congo ne fait à mes yeux aucun doute. Du reste, Kigali lui-même ne la dément que très mollement. Après tout, le Rwanda a depuis la fin du génocide une tradition d'intervention directe au Congo, c'est au vu et au su de tous que le général James Kabarebe a chassé Mobutu de son palais pour y installer le père Kabila. Cela étant dit, il ne faut pas non plus l'exagérer au point de laisser croire que le M23 n'existe pas pour de vrai, qu'il sert simplement de paravent à l'armée rwandaise. Rien n'est plus faux.
Voulez-vous dire, en pointant ainsi l'aspect géopolitique, que le Rwanda est dans une logique de guerre préventive contre d'éventuelles attaques à partir du territoire congolais ?
Face aux menaces répétées de Thisekedi d’attaquer le Rwanda, ce pays a mis en place un système de défense aérien. Il s'agit aussi pour lui d'empêcher d'éventuelles infiltrations des FDLR prêtes à tout pour le déstabiliser. Je pense que l'intérêt stratégique du Rwanda, c'est la pacification de sa frontière avec le Congo, il ne peut vivre en permanence en état d'alerte. Et à un moment donné d'ailleurs, on a pu penser que Kagame et Thisekedi étaient en train de se rapprocher d'une sorte de modus vivendi, tant leur relation personnelle semblait cordiale.
Pour Kagame la meilleure réponse au génocide c'est de s'efforcer de résoudre les problèmes de santé et d'éducation de son peuple, entre autres défis de société.
Rien n'a jamais laissé supposer une quelconque tentation expansionniste de la part du Rwanda comme je vous l'ai dit il y a un instant. De toute façon à notre époque celle-ci montrerait très vite ses limites. Quand on observe bien ce qui se passe dans ce pays on se rend bien compte que pour Kagame la meilleure réponse au génocide c'est de s'efforcer de résoudre les problèmes de santé et d'éducation de son peuple, entre autres défis de société.
Mais le Rwanda peut ne pas vouloir un affrontement armé direct et soutenir une guerre par procuration.
Je vois bien ce que vous voulez dire mais si l'influence du Rwanda sur le M23 est indéniable il ne faut pas non plus, encore une fois, en faire une montagne. Qu'on les aime ou pas, les rebelles du M23 sont des citoyens qui exigent précisément la reconnaissance de leur nationalité congolaise mais aussi que leur seule identité ne soit plus passible de la peine de mort. En fin de compte l'appui de Kigali au M23 ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt, le vrai problème c'est la présence des FDLR au Congo et leurs efforts pour banaliser l'idéologie génocidaire dans l'ensemble de ce pays, pas seulement dans sa partie orientale.
La prise de Goma, la capitale du Sud-Kivu, est-ce pour vous le début de quelque chose dans cette région des Grands Lacs ?
Il est tout d'abord étonnant que Goma soit tombée si vite, en quelques heures à peine, presque sans combat. Même en supposant que toute l'armée rwandaise ait été engagée dans cette bataille cela resterait incompréhensible puisqu'en face vous aviez une douzaine d'autre armées dont les plus en vue étaient celles d'Afrique du Sud et du Burundi, sans parler des fameux mercenaires blancs... Quant à la chute de Goma elle-même, elle pourrait constituer à terme un tournant politique majeur. Certains vont jusqu'à évoquer désormais la possibilité d'un partage du pouvoir consacrant la victoire du M23. Mais au-delà d'éventuels arrangements tactiques, il est probable qu'à Kinshasa le ton se fera de moins en moins guerrier.
Qu'entendez-vous par là ?
Je fais allusion au fait qu'on a eu ces derniers temps l'impression que Thisekedi s'imaginait, avec une certaine candeur, pouvoir se débarrasser du M23 en écrasant militairement le Rwanda. Pour mettre toutes les chances de son côté il a recruté des centaines de mercenaires européens, mis à contribution nombre de groupes armés dont les génocidaires assumés des FDLR et convaincu d'autres pays africains de se joindre à sa soi-disant Mère des Batailles. Tout cela a dû coûter extrêmement cher, en pure perte. Même si Goma venait aujourd'hui à lui être restituée, le pouvoir central de Kinshasa a sans doute bien compris que la confrontation militaire avec Kigali est une affaire bien plus compliquée qu'elle n'en a l'air. Et au plan politique interne, Thisekedi est plus que jamais sous le feu des critiques, on lui impute la responsabilité de la défaite et cela fait vaciller son pouvoir.
Ce qui frappe dans ce conflit, c'est l'isolement dans lequel semble être Thisekedi. Presque personne parmi les autres leaders politiques ne l'a soutenu publiquement.
C'est de bonne guerre, il est tombé dans son propre piège et ses rivaux le laissent se débrouiller tout seul. Il était réellement persuadé de pouvoir tirer profit d'une victoire facile sur le Rwanda et on l'a entendu multiplier les menaces, déclarer sur un ton théâtral qu'il n'hésiterait pas à "demander aux deux chambres réunies l'autorisation de déclarer officiellement la guerre au Rwanda" etc.
Ma conviction est qu'il y aura un avant et un après Goma 2025.
Et il semblait même flirter avec l'hypothèse d'une sorte de guerre zéro mort à partir du ciel. Quand on y pense bien, c'aurait été de toute façon complètement fou d'un point de vue géopolitique. Ça n'a pas marché non plus. Il y a eu autour de lui un semblant d'union sacrée cimentée par un ressentiment tenace et quasi irrationnel à l'égard du Rwanda. Au rythme où évolue la situation, il ne restera bientôt plus rien de ce front de la haine. Ma conviction est qu'il y aura un avant et un après Goma 2025.
Peut-on envisager une solution fédérale pour la République démocratique du Congo, vu l'étendue de ce pays ? Cela serait-il souhaitable aussi bien pour le Congo que pour l'Afrique ?
Sauf erreur, le seul pays où on a osé remettre en question les frontières héritées de l'époque coloniale, c'est le Soudan et la partition n'a pu se faire qu'avec la bénédiction de l'administration Obama. Le Congo n'est pas le Soudan, car tout en étant un colosse aux jambes d'argile où tout peut vite déraper, il reste le pays de Lumumba qui représente tant dans l'imaginaire des luttes de libération nationale. Malgré toutes les précautions qu'il faudrait sans doute prendre, la taille du Congo donne du sens à la tentation fédérale mais personne ne peut savoir mieux que les Congolais eux-mêmes quelle formule leur convient.
Ce grand pays qu'est la RD du Congo a besoin d'un dirigeant de la trempe de Nyerere (Julius Nyerere, premier président de la Tanzanie, NDLR) ou Mandela.
On doit toutefois souligner, sans vouloir les offenser, que c'est à cause de la faiblesse de l'Etat central que tant de groupes armés y sévissent pour le rendre ingouvernable afin de mieux le piller en toute impunité. Les femmes et les hommes de bonne volonté ne manquent pas au Congo et c'est cela que l'on doit leur dire en toute honnêteté et en toute amitié pour qu'ils se décident à un nécessaire examen de conscience. Ce grand pays - et pas seulement par la taille a besoin d'un dirigeant de la trempe de Nyerere ou Mandela. Il suffit d'écouter son actuel président pour bien voir qu'il n'est pas à la hauteur des enjeux historiques de l'heure. Ce n'est pas en réveillant les démons de la haine qu'on peut se donner une chance de refermer la funeste page ouverte en janvier 1961 par l'assassinat de Patrice Lumumba.
On parle beaucoup des ressources naturelles qui seraient à l'origine des violences perpétrées dans l'Est du Congo par des centaines de groupes armés. Qu'avez-vous à dire là-dessus ?
Les groupes armés au Congo n'ont cessé de se multiplier et il y en aurait près de 200 à l'heure actuelle. La chose intéressante, c'est qu'on a fini par croire qu'il n'y en a qu'un, le M23. Je crois que l'un des aspects les plus fascinants de notre époque, c'est que plus les outils d'information s'affinent moins nous sommes en mesure d'accéder à la connaissance des faits réels. On ne sait presque jamais à quoi s'en tenir et depuis que l'intelligence artificielle s'en est mêlée nous ne pouvons même plus nous fier à nos yeux et à nos oreilles. C'est sans doute ce qui fait dire à certains que nous sommes à l'ère de la post-vérité...
Comment cela se traduit-il dans le cas qui nous occupe ?
Je veux dire par là que ce qui se passe au Congo paraît si compliqué pour les gens qu'ils ont tendance à le simplifier à outrance pour espérer s'y retrouver. Ça donne à peu près ceci : un pays qui ne demande qu'à vivre en paix voit sa partie orientale agressée par un voisin retors et belliqueux s'appuyant sur un mouvement rebelle dans le seul but de piller ses richesses minières. L'avantage d'un tel récit c'est qu'il marque avec netteté la frontière entre les Bons et les Méchants. Je caricature à dessein mais ce tableau n'est pas si éloigné que cela de la réalité.
Quand on s'en tient aux faits, la RDC est malheureusement le terrain des jeux les plus malsains du monde entier et il est difficile de comprendre pourquoi on singularise le Rwanda.
Ce qui est frappant ici ce sont les silences et les vertigineux trous de mémoire. D'abord quand on s'en tient aux faits, la RDC est malheureusement le terrain des jeux les plus malsains du monde entier et il est difficile de comprendre pourquoi on singularise le Rwanda. Lors de ce qu'on a appelé la Grande Guerre africaine du Congo, le Zimbabwe, l'Ouganda, le Malawi, l'Angola pour ne citer qu'eux ont participé à sa mise en coupe réglée. Et aujourd'hui l'Afrique du Sud y est surtout retournée pour sécuriser les exploitations minières de ses ressortissants au Katanga et dans une moindre mesure dans le Kivu.
Une fable occulte brosse le portrait de jeunes gens remuant sous le chaud soleil les entrailles de la terre afin d'en extraire illégalement pour le compte du M23 - et donc du Rwanda - le coltan et d'autres minerais précieux.
Je n'ai pas parlé des grandes compagnies minières chinoises ou occidentales ou encore de tous ces aventuriers qui "travaillent" directement avec des généraux ou des ministres influents. Dans son manichéisme, la fable occulte tout cela et nous brosse le portrait de jeunes gens remuant sous le chaud soleil les entrailles de la terre afin d'en extraire illégalement pour le compte du M23 - et donc du Rwanda - le coltan et d'autres minerais précieux. On les imagine tellement occupés à cette besogne qu'on se demande à quel moment ils mènent leur guerre de libération.
Pour vous l'accusation de voler les ressources minières du Congo ne reposerait donc que sur ces clichés ?
Oui, et ces clichés finissent par abrutir l'opinion. À force de les entendre on en vient inconsciemment à les prendre pour argent comptant. Et la question supposée clouer le bec aux rares sceptiques leur est toujours posée sur un ton narquois et triomphal : "comment expliquez-vous que le Rwanda, qui ne produit pas de coltan, en soit exportateur ?" Ça marche à tous les coups parce que peu de gens savent que le Rwanda est un des principaux producteurs de coltan au monde. Il en est même le deuxième, après la RDC, mais devant le Brésil, le Nigeria et... la Chine ! Le Rwanda qui a aussi de l'or et de l'étain et où on a découvert il y a un mois d'importants gisements de pétrole du côté de la frontière avec le Burundi est loin d'être ce désert absolu évoqué par ceux qui veulent en donner l'image d'un pays ne réussissant à survivre que grâce aux ressources du Congo voisin.
Si la plupart de ceux qui critiquent le Rwanda et Kagame le font en toute sincérité, les mercenaires du clic sont une minorité agissante et très efficace.
"Le Rwanda, pays exportateur de minerais sans en être producteur", c'est une de ces phrases entendues sur les réseaux sociaux de la bouche d'influenceurs chargés de l'enfoncer dans le crâne de citoyens d'autant plus faciles à mystifier qu'au fond ils ont d'autres chats à fouetter. On ne peut qu'appeler à la vigilance car si la plupart de ceux qui critiquent le Rwanda et Kagame le font en toute sincérité, les mercenaires du clic sont une minorité agissante et très efficace. Ce serait bien qu'un grand travail d'enquête journalistique focalise le débat sur les enjeux miniers dans l'Est du Congo, cela permettra de savoir qui exploite ces ressources et avec quelles complicités dans l'appareil politique et militaire congolais. (A SUIVRE...)
SONKO SUR LE MAUVAIS PIPELINE
Le Premier ministre accuse l'ancien régime d'avoir prévu d'exporter tout le gaz, laissant le pays dépendant des importations d'hydrocarbures. Cette justification d'une nouvelle politique gazière, contredit pourtant les plans établis sous Macky
Le Premier ministre du Sénégal a indiqué hier que l’ancien régime avait pris l’option de «liquéfier presque tout ce gaz là et de l’exporter, en nous laissant dans une situation à continuer à importer des hydrocarbures pour alimenter nos centrales». Une option que son régime ne va pas suivre. Néanmoins, les données sur la politique énergétique du temps de Macky Sall ne donnent pas raison à Ousmane Sonko.
Le Sénégal, sous Macky Sall, avait l’ambition de «liquéfier presque tout ce gaz-là et de l’exporter, nous laissant dans une situation à continuer à importer des hydrocarbures pour alimenter nos centrales». C’est ce que le Premier ministre a affirmé hier devant un parterre de diplomates, lors de la cérémonie d’ouverture de la 4ème édition du Forum de la Pme. Ousmane Sonko, voulant vendre son nouveau plan concernant l’utilisation du gaz issu de Gta, a déclaré «initier très tôt, avec nos partenaires, des discussions pour pouvoir capter le maximum du gaz à travers un pipeline à construire et alimenter le marché national dans le cadre du gaz to Power», tout en fustigeant «l’option trouvée» après le départ de Macky Sall. Faut-il le rappeler, le Sénégal avait très tôt pris la décision d’utiliser le gaz pour réduire de manière drastique sa dépendance au pétrole. C’est dans ce cadre que la Senelec avait entamé un changement de ses équipements en vue de basculer sur le gaz. Cela entre dans le cadre de la stratégie du gaz to power. Mais ce n’était pas le seul point du plan de l’ancien régime.
Pour éviter de vivre le même scénario que le Nigeria qui vend ses hydrocarbures et achète les produits finis, le Sénégal avait décidé de satisfaire d’abord son marché intérieur, avant d’envisager une exportation. C’est dans cette logique que Petrosen a été mandatée par l’Etat pour construire une usine d’urée. Qui est essentiellement composée de phosphates et de gaz. Le site devant accueillir l’usine a été déjà identifié. Il s’agit de Ndayem. Et c’est l’ingénieur Fary Ndao qui pilote le projet. Le Sénégal avait même décidé de s’attaquer au marché local de consommation du gaz domestique. L’objectif étant de mieux gérer le marché en permettant à Petrosen de commercialiser le gaz butane. Un prototype avait même déjà été présenté. L’objectif n’est pas de concurrencer les multinationales présentes sur le territoire, mais de consolider le marché pour éviter toute rupture de stock. Même le pipeline dont parle le Premier ministre était un projet de l’ancien régime. L’objectif est de fournir en gaz les industries du Sénégal, tout en ayant un lien avec le gazoduc qui doit être construit entre le Maroc et le Nigeria. A terme, ce gazoduc doit permettre au Sénégal de vendre le reste de son gaz sans problème à l’Europe. C’est dans ce cadre que le Chancelier Olaf Scholz avait été reçu par Macky Sall aux premières heures du boycott du gaz russe.
Le Premier ministre semble également avoir oublié que la centrale à charbon de Sendou devait déjà commencer sa mutation afin de pouvoir se convertir en usine à gaz, pour produire de l’énergie propre, dans le cadre du «Mix énergétique» mis en place par le régime de Macky Sall. On se demande comment le Premier ministre a pu faire l’impasse sur toutes ces informations. Sans doute qu’il a été mal informé. Ce qui ne serait pas étonnant, si l’on tient compte de la réponse du ministre de l’Industrie et du commerce, qui était ministre-conseiller de l’ancien régime. «Notre décision est claire : Nous avons opté pour le gas to industry pour en faire de l’urée», dit-il.
«Tout cela était prévu par l’ancien régime», lui a rétorqué le journaliste. A quoi Serigne Diop réagit : «Non. Non. L’autre c’est le gas to power et le 3ème c’est le gas to industry», a-t-il déclaré avec une gêne perceptible quand il reformule la question du journaliste en ces termes : «Vous voulez parler de l’exploitation du gaz.»