UN EX-ÉTUDIANT DU CESTI EXPLORE LA SORCELLERIE DANS SA THÈSE
Selon le Dr F. Eustache Hessou, ce qu’on appelle sorcellerie en Afrique n’est qu’un condensé de sciences que sont l’onirisme, la physique quantique, l’arbologie, la téléportation, l’indicamétrie… noircies par les Blancs pour avilir nos connaissances.
Journaliste, écrivain et acteur culturel, Florent Eustache Hessou revient dans cet entretien sur sa thèse de doctorat soutenue en 2021, à l'Université d'Abomey Calavi (Bénin), qui a fait polémique du fait de la nature du sujet, mais aussi du fait de certaines déclarations de l'auteur. C'est le cas lorsqu’il a affirmé que le sexe de la femme est le siège de la sorcellerie.
Intitulée " Représentations sociales de la sorcellerie 'Aze' chez les fons au Sud du Bénin" selon l’auteur, ce travail s’inscrit dans le cadre de la socio-anthropologie pour le développement. En d’autres termes, l' objectif de cette thèse était d’extirper tout ce que la sorcellerie a de positif et de le mettre au service du développement de l'Afrique. Un défi a priori inatteignable quand on sait l’idée que chaque Africain se fait de cette société secrète : destruction de destins, manducation, maladies, etc.
En tout état de cause, à l’issue de ses investigations, Florent Eustache conclut que la sorcellerie ou du moins ce que les Africains considèrent comme tel et tel qu'ils se la représentent dans leur imaginaire, n’existe pas. Tout ce qui est sibullin ou inexplicable ne doit pas être forcément assimilé à de la sorcellerie pour le Dr Eustache Hessou.
En revanche, si la sorcellerie existait, elle ne serait que science (connaissances) et si elle science, nul doute qu’elle peut être mise au service du développement de l’Afrique.
Cela, d’autant plus que pour Florent Eustache Hessou, admet que la sorcellerie n’est qu’un condensé de savoirs endogènes inaccessibles à tous. Derrière ce que les Africains appellent sorcellerie, d'après le Dr Hessou, se cache l’onirisme, la métempsychose, l’arbologie, l’indicamétrie, etc.
Mieux dans cette entrevue, cet écrivain prolifique estime que ce que les Blancs utilisent pour créer inventer et qu’ils appellent science, en terre africaine, ce sont les mêmes choses qu' on appelle ça péjorativement sorcellerie et les Blancs.
Florent Eustache Hessou relève que ce sont d'ailleurs les Blancs qui ont contribué à avilir ces connaissances ésotériques que détiennent les africains alors que, in fine, la sorcellerie est le socle de la science occidentale. Florent en est si convaincu qu'il a créé une école qui est censé enseigner ses sciences
LE BURKINA TENTE UN DIALOGUE INCERTAIN AVEC DES GROUPES ARMÉS
Des leaders communautaires et des combattants de groupes armés locaux ont entamé des pourparlers à l'issue incertaine au Burkina Faso, avec l'aval de la junte militaire qui a pris le pouvoir dans ce pays confronté à la violence jihadiste depuis 2015
Début avril, la junte qui a renversé le 24 janvier le président élu Roch Marc Christian Kaboré, a annoncé la création de "comités locaux de dialogue" avec des groupes burkinabè n'ayant pas de liens avec Al-Qaïda et l'Etat islamique (EI) qui déstabilisent par la violence le Mali, le Niger et le Burkina depuis plusieurs années.
Au Burkina seul, les violences jihadistes ont fait en sept ans plus de 2.000 morts et contraint au moins 1,8 million de personnes à fuir leurs foyers.
Quant les attaques jihadistes ont débuté, l'ennemi "traversait essentiellement les frontières", note François Zoungrana, commandant de l'Unité spéciale d'intervention de la gendarmerie nationale (USIGN), fer de lance dans la lutte ant-jihadiste.
"Actuellement, l'ennemi est essentiellement composé de citoyens burkinabè" et "est très souvent invisible et confondu à la population", affirme-t-il, ce qui "oblige à repenser la guerre, la façon de mener la guerre".
Les services de renseignement ont dénombré une dizaine de "groupes endogènes" nés au Burkina et n'ayant a priori pas ou plus de liens avec les organisations transnationales que sont Al-Qaïda et l'EI.
Ces groupes sont "une sorte de métastase du phénomène terroriste" qui contrôle "des pans entier du territoire" et obligent "les autorités à explorer d'autres options comme le dialogue, au lieu du tout militaire", note Drissa Traoré, enseignant et analyste politique.
- Sortir de "l'impasse" -
Ce constat, ainsi que la volonté exprimée par certains jeunes combattants de ces groupes de parler à leurs leaders traditionnels, religieux et coutumiers, a conduit à la mise en place des comités de dialogue, selon le ministre burkinabè de la Réconciliation nationale Yéro Boly.
"La raison de ce dialogue c'est qu'on est dans l'impasse" a-t-il souligné récemment, en ajoutant: "Le chemin dans lequel ils se sont engagés est un chemin sans avenir, c’est le constat fait par ces jeunes" combattants.
Ce sont eux qui, "détenant des armes et évoluant au sein de groupes armés contre leurs propres villages (...) ont manifesté le désir de parler"."Le dialogue s’est instauré et suit son cours", a-t-il ajouté.
Selon une source sécuritaire, "il y a déjà eu des contacts entre des combattants de groupes armés et des leaders communautaires dans les zones à fort défi sécuritaire", essentiellement dans le nord et l'est où sont concentrées les attaques.
Signe apparent du début de pourparlers, des combattants ont levé leur blocus instauré depuis février sur Djibo, chef-lieu de la province du Soum, dans le nord, permettant à l'armée de convoyer le 20 avril vers la ville une centaine de camions de vivres et de marchandises diverses, selon des habitants.
Le dialogue doit préparer un retour des combattants dans leurs localités pour y reprendre des activités comme l'élevage.
"Combien sont ces jeunes qui désirent déposer les armes ? Parlent-ils en leur nom ou celui des groupes armés ?", s'interroge cependant Drissa Traoré, pour qui ils représentent une "faible minorité au regard de la dizaine de groupes jihadistes actifs sur le sol burkinabè".
- Non à "l'impunité" -
Selon lui, "il est quasi certain que ce dialogue ne concerne pas les deux grandes organisations que sont l'État islamique et Al-Qaïda, mais plutôt des petits groupuscules".
Il estime qu'il convient de "faire la part entre les combattants des groupes armés, les bandits de grands chemins, les contrebandiers et les leaders terroristes", car "on ne négocie pas avec tout le monde, notamment ceux qui ont les mains tachées de sang, au risque de dresser le lit d'une impunité qui va davantage affecter la cohésion sociale et déboucher sur d'autres crises".
"Les populations veulent le retour de la paix et pouvoir rejoindre leurs localités qu'elles ont dû fuir.Mais tous se demandent comment cohabiter avec des gens qui ont tué vos parents, vous dépouillant ensuite de tout", renchérit Moussa Diallo, membre de la coordination des jeunes du Sahel.
Selon Yéro Boly, il n'est pas question pour l'Etat de "dialoguer directement avec des chefs terroristes encore moins de négocier", en notant que parallèlement au dialogue, l'armée "continue son travail" par opérations militaires anti-jihadistes.
Moussa Diallo se rappelle qu'il y a déjà eu par le passé "des dialogues informels menés par les communautés locales" qui n'ont abouti qu'à "une brève accalmie", car "certains engagements" n'ont pas été tenus."Pour finir, ces personnes reprennent les armes et deviennent encore plus violentes".
"Il faudra aussi que les autorités pensent aux jeunes des localités qui n'ont pas rejoint les groupes armés, sinon ce sera une sorte d'injustice", ajoute-t-il avant de s'interroger: "Qui sait si ces jeunes qui seront délaissés au profit des anciens combattants, ne vont pas à leur tour prendre des armes ?"
GUINÉE : RÉACTIONS OUTRÉES APRÈS UNE SORTIE DU GOUVERNEMENT CONTRE LA CEDEAO
Deux responsables politiques guinéens ont reproché mercredi au gouvernement mis en place par la junte une violente sortie contre la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest en plein bras de fer entre leur pays et cette organisation régionale
Fin mars, la Cédéao avait sommé Conakry de lui présenter "au plus tard le 25 avril" un calendrier de transition "acceptable" en vue de la restitution du pouvoir aux civils après le putsch militaire de septembre 2021, sous peine de nouvelles sanctions économiques. Mais le colonel Mamady Doumbouy, l'homme qui a déposé l'ancien président Alpha Condé avant de se proclamer chef de l'Etat, fait peu de cas de cet ultimatum, a indiqué dans un entretien accordé lundi à la radio Fim FM, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo. "On n'a pas transmis un document [sur le calendrier de la transition à la Cédéao] et nous étions clairs là-dessus depuis le début que le gouvernement guinéen n'agit pas sous des contraintes ou sous le diktat de qui que ce soit", a déclaré M. Goual. "Rien n'est exclu", a-t-il répondu à une question sur l'éventualité que la Guinée se retire de la Cédéao. La Cédéao "doit faire sa propre autocritique", a-t-il ajouté accusant l'organisation ouest-africaine d'avoir été "distante par rapport aux cris des populations guinéennes" lors de la répression meurtrière de la contestation ayant marqué les dernières années de pouvoir de M. Condé.
En réaction à ces propos, Saikou Barry, responsable de l'Union des forces républicaines (UFR), parti membre du G58, une coalition d'opposition du temps de la présidence de M. Condé, a estimé que "ce serait dangereux que la Guinée soit victime" de sanctions supplémentaires de la Cédéao risquant de mettre à mal l'économie nationale. "Les Guinéens n'accepteront pas qu'une junte nous retire d'une institution sous-régionale", a déclaré M. Barry à l'AFP, reprochant aux nouvelles autorités leurs "caprices" et leur "ton orgueilleux". "Aujourd'hui, les amateurs politiques se mettent à dire du n'importe quoi" et la sortie du porte-parole du gouvernement sur la Cédéao est "vraiment irresponsable", a réagi pour sa part auprès de l'AFP un responsable du RPG, le parti de M. Condé tenant à rester anonyme comte tenu de "la situation politique nationale".
Mardi, la justice guinéenne a maintenu en détention le dernier Premier ministre du président Condé, Ibrahima Kassory Fofana, et de deux autres anciens ministres, tous trois poursuivis pour "détournement", a indiqué un de leurs avocats, Sidiki Bérété, après le rejet d'une requête demandant leur mise en liberté provisoire.
Par Mamadou Ndiaye
PASSIONS FRANCAISES
En France, Macron, président sortant, gagne mais ne triomphe pas. Il est élu sans gloire à la présidentielle de dimanche 24 avril. Marine Le Pen, son adversaire au second tour, perd et s’extasie avec panache ! Le président réélu devance avec 58,54 %
En France, Macron, président sortant, gagne mais ne triomphe pas. Il est élu sans gloire à la présidentielle de dimanche 24 avril. Marine Le Pen, son adversaire au second tour, perd et s’extasie avec panache ! Le président réélu devance avec 58,54 % des voix l’héroïne de la droite extrême qui a obtenu 41,46 % des suffrages.
L’agenda qui s’ouvre contient une série d’actes solennels que le président réélu va devoir poser : démission du gouvernement actuel, entrée en fonction de Macron II, nomination d’un nouveau Premier ministre (ou maintien de l’actuel) et préparation des élections législatives. Sans forcer le parallélisme, le Sénégal évolue en sens inverse. Tout est assujetti au dénouement des législatives de juillet prochain. En attendant, le pays se languit d’une mauvaise conjoncture.
Nul besoin donc d’expertise électorale pour voir dans ce qui est advenu en France un chamboulement démocratique. Presque un basculement ou alors un renversement de perspective qui, il faut le dire, mettra du temps à dessiner les nouveaux contours d’un échiquier politique en dislocation. En moins de cinq ans, la droite républicaine s’est effondrée et la gauche, toutes sensibilités confondues, s’est émiettée.
Un contexte mouvant a ainsi secrété une campagne présidentielle à la fois mouvante et clivante avant d’opposer pour le second tour deux visions d’une France divisée et assaillie de doutes. Des fragilités la secouent. Que de divisions ! Que de familles politiques ! Que d’affinités et de haine ! Que de traquenards ! Que de stratagèmes, de ruses et d’habiletés ! Une telle complexité de l’espace politique français reflète la décomposition avancée d’un système qui a montré ses limites.
A la manœuvre, Macron a voulu surfer sur cette vague pour séduire des forces que tout oppose mais guidées par l’ardente volonté de survie quitte à provoquer de fatales ruptures avec leurs socles d’origines. La force d’attraction du pouvoir ou de ses dorures entraîne un vaste mouvement ponctué de démissions, d’abandons, de renoncements ou de conversions. Direction : l’Elysée, haut lieu de pouvoir de ce qui est appelé là-bas la Macronie.
Seulement voilà : le prestigieux locataire sait qu’après les délices viennent les amertumes. Il est certes vainqueur de la présidentielle de 2022. Son score a toutefois fléchit avec deux millions d’électeurs de moins qu’en 2017. L’abstention a fait son effet en pointant à 28 % du corps électoral français. Mais c’est surtout Marine Le Pen qui tire avantage des dispersions de voix. Selon elle sa défaite est une victoire. Comprenne qui pourra…
En revanche ce dernier scrutin est révélateur d’une renversante crispation identitaire à l’origine d’un vote fractionné. Comment comprendre que les villes font le choix de Macron et les villes rurales optent pour Marine Le Pen ? Macron voulait faire d’elle son seul challenger en écartant tous les autres réduits à n’être que des figurants. Il y est parvenu.
A quel prix ? A l’arrivée, le calcul a été vicié et le résultat surprend grand monde dont le principal instigateur, Emmanuel Macron en l’occurrence qui, en se retrouvant face à l’égérie de l’extrême-droite, favorise un phénomène de rejet dont il est l’unique bénéficiaire au tour final. Macron lui-même fait l’objet de rejet notamment dans les banlieues, les zones industrielles paupérisées et, plus encore prononcé, dans les archipels : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, la Réunion, Mayotte et la Nouvelle Calédonie.
Fait inédit, les voix de ces insulaires sont allées massivement à Marine Le Pen qui rêve de transformer l’essai aux législatives auxquelles elle se prépare avec l’ambition d’envoyer plus de députés à l’Assemblée nationale française.
Le vote des ultramarins se veut un choix « assumé » et « sans complexe », sorte de colère sourde qui se prolonge depuis le déclenchement des gilets jaunes, deux ans plus tôt en France continentale. Peu importe les nuances et les différences, pour les Français d’Outre-mer, l’unité de base face au chaos social s’est illustrée dans ce refus d’accorder les faveurs à Emmanuel Macron.
D’ailleurs ils l’accusent d’être insensible à leur sort dans ces zones confrontées à l’expansion chinoise et sujettes aux convoitises géopolitiques des puissances régionales en raison justement des richesses minières et halieutiques.
Le scrutin dans les DOM-TOM nous parle à nous Africains, puisque les suffrages des Français résidant en Afrique sont allés plus à Zemmour, Marine Le Pen et Mélenchon qu’à Macron. Non seulement les idées extrêmes (refus de l’immigration, préférence nationale, Corrèze et non Zambèze) progressent nettement mais les voix s’accroissent d’élections en élections au profit de l’extrême droite devenue fréquentable et audible. L’exaspération des Français prend une tournure plus évidente. Ils ne s’en cachent guère.
Ils expriment ouvertement leurs positions discriminatoires. Pour peu, l’extrême-droite va s’imposer si rien ne vient la contrarier en terme d’offre politique crédible. De partout Marine Le Pen reçoit des messages dont le plus urgent est la prise en charge compétente des problèmes du pays. Elle obtient un meilleur score à la Guadeloupe là où pour Macron c’est le désamour complet.
Le Pen plébiscitée Outre-Mer ! Inimaginable, il y a peu, l’amélioration de son image et son discours compatible favorisent son recentrage en laissant à Zemmour le soin d’agiter le chiffon rouge. Stratégie d’autant plus payante qu’elle accentue le discrédit de l’Etat central dont les représentants sont souvent chahutés sur ces bouts de terres lointains. C’est à croire que le barrage de l’extrême-droite a mieux favorisé ce courant qui s’apprête à mener campagne sous sa propre bannière en direction des législatives de juillet prochain.
Les dirigeants africains doivent se ressaisir. Le temps est venu d’accorder plus d’attention et d’engagement aux priorités du continent. Partout où pèsent des menaces, réelles ou supposées, surgit la lucidité de quelques dirigeants pour dominer les épreuves. Avec courage. Le virage vert qui s’amorce à l’échelle du monde se justifie par les urgences climatiques qui n’épargnent aucune région. Pas même l’Afrique…
LE RETRAIT DES ENFANTS DES RUES BIENTOT RELANCE
L’opération de retrait des enfants de la rue va reprendre de manière plus intense et plus structurée après la fête de Korité ou Aïd-el-fitr, qui marque la fin du ramadan
Dakar, 26 avr (APS) - L’opération de retrait des enfants de la rue va reprendre de manière plus intense et plus structurée après la fête de Korité ou Aïd-el-fitr, qui marque la fin du ramadan, a appris l’APS de source officielle, mardi.
Cette reprise annoncée est l’expression de la volonté du gouvernement du Sénégal et elle "sera mise en œuvre par le ministère avec tous les acteurs impliqués dans le processus", a précisé le directeur de cabinet du ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants.
Ciré Lô en fait l’annonce en marge de l’ouverture du premier Forum de dialogue entre utilisateurs et producteurs de données statistiques sensibles au genre.
Il a signalé que le gouverneur de la région de Dakar, Al Hassan Sall, a déjà reçu comme instruction de convoquer au lendemain de la Korité, la réunion préparatoire de la reprise des opérations de retrait des enfants de la rue.
Celles-ci visent précisément à "retirer les enfants de la rue en insécurité, des enfants en menace et exposés à des risques (…)", a-t-il expliqué. Ce sont, selon lui, des enfants qui "n’ont pas leur place dans la rue mais qui doivent dérouler normalement leur enfance au sein de leur famille et auprès de leurs parents".
"Le retrait avait bien commencé et était mis en œuvre avec l’ensemble des acteurs impliqués, mais on a pensé qu’il fallait observer un moment d’arrêt pour procéder à une évaluation du programme en analysant les avancées et identifier les défis et les points sur lesquels il faut améliorer la démarche", a-t-il expliqué.
Il a souligné que le processus d’évaluation a été conduit à son terme avec une analyse des enjeux qui permet de reprendre l’opération de retrait démarrée il y a deux ans, puis suspendue depuis par le gouvernement.
En mars dernier, la directrice-adjointe de la promotion des droits et de la protection des enfants, Aby Sané Djima, annonçait que quelque 7000 enfants ont été retirés des rues depuis le lancement du Programme national de retrait et de réinsertion socio-économique des enfants en situation de rue.
Selon elle, 133 parmi les 420 enfants retirés des rues entre janvier et février 2021, provenaient des pays voisins, en majorité de la Guinée Bissau.
Le 1er juillet 2016, le président Macky Sall annonçait avoir "ordonné le retrait d’urgence des enfants des rues".
Selon le directeur de la promotion des droits et de la protection des enfants, Niokhobaye Diouf, cette première opération (juin 2016 à juin 2017) avait permis de retirer quelque 1585 dont plus 600 Sénégalais. Une deuxième opération, conduite en février 2018 (6 mois), a permis de retirer 339 enfant-talibés.
Le gouvernement sénégalais avait mis en branle, en mai 2020, un plan d’urgence pour la protection des enfants contre la Covid-19, grâce auquel 2 045 enfants âgés de 4 à 17 ans ont été retirés de la rue dont 205 ressortissants des pays de la sous-région et 390 en situation difficile dans les régions de Dakar et Diourbel.
L’opération a permis de faire retourner 1 219 enfants dans leur famille.
DES NOUVELLES DU PETROLE DE SANGOMAR?
Au moment où le cout et la disponibilité des produits pétroliers et gaziers sont actuellement fortement impactés par le conflit Russo ukrainien, où en est le Sénégal avec ses gisements en exploitation ?
Au moment où le cout et la disponibilité des produits pétroliers et gaziers sont actuellement fortement impactés par le conflit Russo ukrainien, où en est le Sénégal avec ses gisements en exploitation ? À Sangomar, Woodside a donné quelques infos sur le déroulement du projet. Pour le moment, les choses semblent se dérouler comme prévues. Du moins, côté timing.
«Au Sénégal, la phase 1 de développement du champ Sangomar est maintenant achevée à plus de 50 % et reste sur la bonne voie pour le premier pétrole ciblé en 2023», renseigne Woodside dans son premier rapport trimestriel de l’année, publié ce mardi.
La compagnie pétrolière informe que la fabrication des équipements sous-marins progresse et le deuxième navire de forage, l'Ocean BlackHawk, devrait commencer ses activités à la mi 2022 début 2023.
L’opérateur de Sangomar renseigne aussi que le calendrier de la campagne d'installation sous-marine a été révisé et devrait débuter au troisième trimestre 2022.
Aussi, les activités de conversion du FPSO (Navire d’extraction et de stockage du pétrole) se sont poursuivies malgré les défis causés par COVID-19, dit-elle, assurant que le deuxième et dernier périmètre d'activité de la cale sèche est terminé.
Quant au programme de forage de développement, il «progresse comme prévu et le deuxième navire de forage, l'Ocean BlackHawk, respecte le calendrier prévu pour commencer le forage à la mi-2022», dit Woodside.
L’opérateur de Sangomar dit aussi avoir reçu la confirmation du gouvernement du Sénégal sur l'une extension de la période d'exploration de deux ans pour la zone PSC couvrant SNE Nord-Spica.
par Malick Sy
SONKO-ADJI SARR, LA DALLE DE L'AÉROPORT DE ZIGUINCHOR ET LES COMPLOTISTES
EXCLUSIF SENEPLUS - La propagation de l’explication complotiste de la fermeture de l’aéroport de Ziguinchor, vertigineusement relayée sur les réseaux sociaux relève d’une grossière tentative de manipulation
Tout commence par une plainte déposée par une « jeune masseuse » qui accuse un opposant politique sénégalais de l’avoir violée et menacée de mort dans un salon de massage. C’est le début de l’affaire « Adji Sarr- Ousmane Sonko », la saga politico-judiciaire la plus retentissante depuis les indépendances et qui passionne les Sénégalais depuis plus d’un an.
Même si nous ne sommes pas en présence du premier scandale sexuel au Sénégal, jamais avant Ousmane Sonko, un homme politique de tout premier plan et d’une telle envergure, n’avait été accusé de viol avec menaces de mort. Qui plus est, lorsque l’histoire éclate le 2 mai 2021, le leader du Pastef est à l’apogée de son capital d’attraction politique. Sa convocation avortée chez le juge et sa brève arrestation déclencheront les émeutes les plus violentes et le plus meurtrières de ces dernières décennies au Sénégal.
Affaire Sonko-Adji Sarr : un psychodrame national
Que s’est-il passé entre Adji et Ousmane en cette soirée de février 2021 dans le huis clos d’une chambre de massage du salon « Sweet Beauté » ? La question suscite mille et une conjectures, toutes révélatrices des lignes de fracture entre ceux qui crient au déni de justice et ceux qui déclarent leur désir de justice. Entre les deux camps se jouent une impitoyable bataille d’opinion autour de l’affaire « Sonko Adji Sarr » qui plus qu’une « simple » affaire privée est devenue un psychodrame national. Dans la rue, dans les maisons, dans les bureaux, dans la presse ou sur les réseaux sociaux, l’affaire tient en haleine tout le pays. La moindre rumeur y afférent est amplifiée et propagée à une vitesse vertigineuse.
Chaque Sénégalais tient son propre scénario aidé en cela par la puissance du numérique qui a définitivement libéré la bêtise publique. Chacun peut raconter tout et n’importe quoi. Le mensonge est légitimité, banalisé au point de devenir une opinion comme une autre. Comme si l’affaire « Ousmane Sonko-Adji Sarr » avait irréversiblement fait basculer le Sénégal dans l’engrenage de l’absurdité.
Tout est prétexte à faire essaimer l’idée très inflammable d’une conspiration visant à faire « disparaître » politiquement ou physiquement celui qui est devenu le principal personnage de l’opposition sénégalaise. Alors que seuls Dieu, Ousmane et Adji savent ce qu’il s’est réellement passé dans cette « maudite » chambre de massage qui nous a quand même occasionnée plus d’une dizaines de morts.
La dalle de l’aérogare et les théories complotistes
Aux lignes de fracture politique, l’affaire Sonko Adji Sarr est venue greffer des lignes de rupture sociale, le tout dans un contexte politique sénégalais tendu, sur fond d'élection présidentielle qui se profile à l’horizon. Du coup, le moindre événement socio-politico-économico judiciaire est exploité. Une situation qui a généré un climat de soupçons sans précédent, dans lequel sont en train de s’engouffrer, sans retenue aucune, de puissantes vagues complotistes.
La fermeture pour travaux de l’aéroport de Ziguinchor en est la plus récente et la plus parfaite illustration. Retour sur un cas d’école complotiste qui en quelques heures a déclenché toutes sortes d’absurdités sur la toile.
Tout est parti de l’effondrement accidentel d’un pan du plafond de la salle d’enregistrement de l’aéroport de Ziguinchor. Aussitôt alertée, la direction générale de l’AIBD, en étroite collaboration avec tous les services compétents de l’aviation civile, décide alors de fermer l’aéroport. Une décision qui fut plus que difficile à prendre d’autant que l’aéroport de Ziguinchor occupe une position stratégique dans la connectivité aérienne du Sud du Sénégal. Mais à l’AIBD, dont la mission première est de faire de chaque aéroport sénégalais, un espace de sécurité pour tous les usagers, on ne badine pas avec les impératifs et normes sécuritaires.
Mais que n’allait-on pas entendre avec la fermeture de l’aéroport de Ziguinchor. Il aura suffi quelques heures pour que certains proches du leader du Pastef s’emparent de l’affaire et crient au complot ourdi par les autorités sénégalaises pour pousser Ousmane Sonko, par ailleurs maire de la ville et usager fréquent de l’aéroport, à prendre la route. Une énorme absurdité qui va rapidement embraser le net au point d’être relayée par certains médias.
Cette histoire ferait presque sourire si elle n’avait impliqué le premier personnage de l’opposition sénégalaise. Avec en filigrane, des arrières pensées programmées visant à installer un sentiment de péril démocratique dans un pays où les services de l’État sont capables d’aller jusqu’à ordonner la fermeture d'une plateforme aéroportuaire aussi stratégique que Ziguinchor juste pour « emmerder » un citoyen. Nous ne sommes pas en présence d'outrances ponctuelles ou de délires personnels, mais d’une symbolique des dérapages notés sur l’internet sénégalais et qui peuvent potentiellement se transformer en de puissants vecteurs de déstabilisation.
La propagation de l’explication complotiste de la fermeture de l’aéroport de Ziguinchor, vertigineusement relayée sur les réseaux sociaux et par une partie de la presse relève, d’une grossière tentative de manipulation et d’une campagne de désinformation organisée. D’autant qu’avant Ziguinchor, les aéroports de Saint-Louis, de Kolda ont été fermés à la circulation aérienne sans que cela n'excite outre mesure, l’ardeur des théoriciens complotistes.
Les réseaux sociaux, le poison lent de la société
Mais au-delà d’être une grotesque mais surtout dangereuse manipulation que de vouloir transformer l’effondrement accidentel d’un pan d’une dalle en un vaste complot contre un opposant, cet incident démontre une tendance plus qu’inquiétante de l’obsession complotiste qui commence à prendre des proportions démesurées au Sénégal depuis le dossier « Ousmane Sonko-Adji Sarr ».
Cette affaire politico-judiciaire hors norme à l’échelle sénégalaise est en train non seulement d’exacerber toutes les inclinations complotistes, mais surtout d’inaugurer un nouveau banditisme numérique avec des caméras jusque dans le sanctuaire du bureau d’un juge d’instruction. C’est dire si les réseaux sociaux sont en train de se transformer en un poison lent dont les effets pourraient être dévastateurs pour la stabilité de notre société.
Aujourd’hui, ceux qui sont le plus en vue sont ces personnes à succès qui ont fait de la bêtise assumée, leur fond de commerce. Lorsque le duo Pawlish et Ouzin Keita font plus d’un million de vues sur certaines plateformes numériques, c’est dire à quel point l’esprit de discernement est en train de s’effondrer dans notre pays.
Le Sénégal est en train depuis quelques temps, de franchir chaque jour, un pallier de plus dans la diffusion à une échelle industrielle de vidéos, d’audios et de propos prétendument fuités. Aujourd’hui quiconque peut depuis n’importe quel endroit de la planète, faire son « live » et être suivi par des milliers d’internautes. De véritables chaînes de télé sans filtres ni règles auxquelles, il est aujourd’hui difficile d’échapper. Ce qui peut sérieusement mettre en danger le fonctionnement de nos institutions. Et si on n’y prend garde, c’est tout notre système démocratique qui pourrait arriver à en vaciller.
Il y a urgence à légiférer
L’ancien président américain Barack Obama a appelé il y a quelques jours, « à soumettre les réseaux sociaux à des contrôles » en soulignant « que l'une des causes majeures de l’affaiblissement des démocraties tient au profond changement dans nos façons de communiquer et de nous informer ».
Presque concomitamment à cette déclaration, l’Union Européenne vient de poser un acte politique fort en mettant en place une nouvelle législation « pour mieux lutter contre les dérives de l’internet comme les discours de haine, les campagnes de désinformation ou la vente de produits contrefaits ».
Alors depuis qu’il en parle, il est plus que jamais urgent pour le président de la République, de prendre des mesures fortes contre la publication et la propagation en toute impunité de fausses informations qui sapent l’unité nationale, déstabilisent nos institutions et menacent la sécurité nationale. Toutes choses qui participent d’une fragilisation continuée de notre démocratie.
Les événements meurtriers de mars 2021 avec leurs cortèges de destruction et cette immense balafre sur le visage du Sénégal sont hélas là pour nous le rappeler.
Au même titre que la propagation de théories conspirationnistes des partisans de Donald Trump sur la fraude électorale lors de la dernière élection présidentielle a montré combien les manipulations médiatiques peuvent faire vaciller une démocratie américaine que nous croyions tous « naturelle ».
Malick Sy est journaliste, conseiller en Communication
Par Meïssa Diakhaté
AVONS-NOUS BESOIN DE SAISIR LA COUR CONSTITUTIONNELLE ?
L’amendement est une prérogative reconnue au parlementaire de proposer une modification à un projet de loi initialement présenté. En cela, il doit être pleinement respecté pour assurer aux débats parlementaires tout leur caractère démocratique.
Les récents prolongements de l’adoption, en plénière, par l’Assemblée nationale du projet de loi n° 04/2022 sont l’illustration parfaite d’une « arme parlementaire » tendant à transposer, à bon droit, le débat parlementaire de l’Hémicycle vers le Temple de Thémis. C’est certes un bon exutoire démocratique, mais il serait tout aussi intéressant de documenter la démarche pour éviter que la saisine soit finalement une simple ruse. Et que le Conseil constitutionnel ne soit pas, en dernier ressort, voué aux gémonies, parce que toujours livré, en définitive, au jugement d’une certaine opinion publique savamment embrouillée.
C’est pourquoi, il s’impose, en l’occurrence, d’exposer les implications juridiques et politiques de la mise en cause, devant le recours au Conseil constitutionnel, du projet de loi en question.
I/ Les irrecevabilités opposables au droit d’amendement parlementaire
L’amendement est une prérogative reconnue au Parlementaire de proposer une modification à un projet de loi initialement présenté. En cela, il doit être pleinement respecté pour assurer aux débats parlementaires tout leur caractère démocratique. A chaque étape de la procédure législative, il est libre d’exercice, sous réserve des limitations formellement posées par la Constitution elle-même, littéralement reprises par le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale (RIAN).
Mais pour que nul n’en ignore au Sénégal, l’amendement obéit à un régime dont les contours sont lisiblement fixés par la Constitution du 22 janvier 2001, modifiée et la loi organique n° 2002-20 du 15 mai 2002 portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, modifiée. En effet, un projet ou proposition d’amendement est soumis à des conditions de recevabilité, lesquelles sont, à bon droit, soit d’ordre législatif soit d’ordre financier.
Le premier cas de figure s’applique s’il apparaît, au cours de la procédure législative, qu’un amendement n’est pas du domaine de la loi. Dans ce cas précis, le Premier ministre et les autres membres du Gouvernement peuvent opposer l’irrecevabilité. En cas de désaccord, le Conseil constitutionnel, à la demande du Président de la République, de l’Assemblée nationale ou du Premier Ministre, statue dans les huit (08) jours (article 83 de la Constitution et 60 alinéa et 7 du RIAN).
Le second cas de figure prévoit que les amendements, formulés par les députés, à l’image des propositions, ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique, à moins que ces propositions ou amendements ne soient assortis de propositions de recettes compensatrices (articles 82 alinéa 2 de la Constitution et 60 alinéa 6 du RIAN). C’est là une disposition constitutionnelle visant à encadrer les initiatives dépensières de l’Assemblée nationale. Elle forme, en permanence, ce que l’Arrêt n° 06/CC/MC du 28 juillet 2020 de la Cour constitutionnelle du Niger qualifie d’ « objectif constitutionnel de bon usage des ressources publiques » s’imposant au législateur.
A l’analyse, il est donné de constater, dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel sénégalais, que les restrictions au droit d’initiative parlementaire – tel que la proposition d’amendement -sont généralement l’objet d’une interprétation stricte. Elle préconise que ce droit constitutionnel puisse s’exercer sans limite dans le domaine législatif défini, mais dans le « respect des restrictions imposées par les articles 77, 82 et 83 de la Constitution » (Décision n° 84/2001-Affaires n° 3/C/2001 et 4/C/2001 – Affaires n° 3 et 4/C/2001 du 11 décembre 2001 relative à la loi n° 09-2001 du 21 novembre 2001 instituant, à titre transitoire, des délégations spéciales). Ce sont là, les seules digues qui, en principe, se dressent à l’encontre du droit d’amendement consacré au profit du parlementaire. Par voie de conséquence, un recours contre l’amendement parlementaire ne saurait être opérant que dans ces deux situations qualifiées respectivement d’irrecevabilité législative et d’irrecevabilité financière.
Dès lors, même si l’on se met dans la posture légitime d’exercer un droit constitutionnellement garanti, il peut sembler néanmoins hasardeux ou du moins aléatoire de solliciter le Conseil constitutionnel pour contester une proposition d’amendement sur le fondement de l’égalité des partis politiques devant le suffrage des citoyens.
II/ L’illusion démocratique du scrutin proportionnel sur « la liste nationale »
L’appréciation critique du système électoral sénégalais s’impose au sujet du scrutin proportionnel adossé à une liste nationale.
Sans doute, les vicissitudes électorales ont amené à penser qu’un Parlementaire multicolore est l’expression d’une respiration démocratique. L’on sait que cette panacée politique s’inscrivait dans un processus démocratique. Mais en réalité, il s’est tout simplement agi de barioler la représentation nationale, donnant l’illusion d’un démonopolisation de la représentation parlementaire.
La conséquence est politiquement expressive : la compétition vers le plus fort reste pour figurer au Parlement. Et il en résulte une conséquence pour la structuration du débat parlementaire : une faible minorité face à une forte majorité, entraînant une crispation permanente du dialogue politique institutionnalisé. D’ailleurs, le consensus électoral est, de manière générale, toujours négocié dans des instances ad hoc, entre des partis politiques autrement coalisés ou étiquetés (la mouvance présidentielle ou majorité, l’opposition, les non-alignés, les indépendants, etc., bref l’imagination est féconde).
En tout état de cause, force est de reconnaître que des arguments donnent de relativiser les vertus démocratiques jusque-là prêtée au scrutin proportionnel sur la liste nationale ainsi amalgamé à l’article L. 150 alinéa premier du projet de loi : « Les députés à l’Assemblée nationale sont élus à raison de 112 députés dont quatre-vingt-dix-sept (97) pour l’intérieur du pays et quinze (15) députés pour l’extérieur au scrutin majoritaire à un tour dans le ressort du département et « cinquante-trois (53) députés au scrutin proportionnel sur la liste nationale ».
Pourtant, il convient de se rendre à l’évidence que la référence au scrutin proportionnel sur la liste nationale comme garant de l’égalité des partis politiques en matière de représentation n’est pas souhaitable. Ainsi, il pourrait être difficilement compréhensible de vouloir faire prospérer tout moyen tiré de la violation d’un quelconque principe fondamental, surtout lorsqu’il tend à faire annuler l’amendement consacrant le rétrécissement du scrutin proportionnel à l’effet d’éviter l’augmentation du nombre de députés à l’Assemblée nationale. A l’appui, les arguments peuvent être de trois ordres au moins.
En premier lieu, la question qu’il conviendrait d’agiter aujourd’hui est sans conteste celle de la nécessaire rationalisation de la vie politique : l’importante question qui devrait bien entendue être envisagée en dehors de toute velléité d’atteinte à la liberté politique. Aux yeux de certains, la représentation proportionnelle paraît être le système le plus favorable à la représentation de la diversité des opinions. La présence aux organes de l’Etat des diverses tendances politiques est ainsi assurée par un système de translation. Cela favorise une représentation certes mosaïque mais plus fidèle aux choix diversement exprimés par les électeurs. L’équité de la représentation l’emporte nécessairement sur l’efficacité parlementaire. Assurément, la liste proportionnelle est une sorte de prime réservée au parti politique qui, détenant les rênes du pouvoir, est censé être le mieux implémenté sur le territoire national. Elle nourrit l’illusion de mieux satisfaire aux exigences de la démocratie et est, pour cette raison, contestable. Au fond, « c’est une croyance populaire, mais fausse, de penser qu’un Parlement élu à la proportionnelle est celui qui reflète, de façon plus ou moins exacte, les aspirations du Peuple » (Karl Popper).
En deuxième lieu, le paysage politique sénégalais s’est foncièrement transformé. La compétition électorale est de plus en plus animée par des partis politiques sous la bannière de coalitions. Ce qui préfigure la constitution de blocs politiques solides aspirant à une représentation significative plutôt que simplement chevillée autour d’intérêts contingents.
En troisième lieu, la perspective comparée nous donne des raisons d’humilité. D’autres expériences parlementaires, sans scrutin proportionnel sur la liste nationale, prospèrent en Afrique de l’ouest francophone. C’est alors à juste raison que ce mode de scrutin n’est pas en vogue dans certains Etats. A titre illustratif, on s’en limite, brièvement, à l’évocation des exemples malien, béninois et ivoirien.
Au Mali, le législateur malien confie aux candidats qui arrivent en tête, sans tenir compte des suffrages recueillis par leurs concurrents, le soin de représenter l’ensemble d’une circonscription. Mais, pour être élu au premier tour, il faut recueillir un nombre de voix égal au moins à la majorité absolue. Il s’agit d’un scrutin majoritaire à deux tours. Nul n’est élu au premier tour du scrutin s’il n’a pas réuni la majorité absolue des suffrages exprimés.
Au Bénin, le territoire national est partitionné en 24 circonscriptions électorales et seules les listes ayant recueilli au moins 10% des suffrages valablement exprimés ou plan national, sont éligibles à l’attribution des sièges. Il est procédé, au profit des listes éligibles, à une première attribution 85 sièges selon le système du quotient électoral : le nombre de suffrages valablement exprimés est divisé par le nombre de sièges à pourvoir pour obtenir le quotient électoral de la circonscription électorale. Le nombre de voix obtenues par chaque liste est divisé par ce quotient électoral et le résultat donne le nombre de sièges à attribuer à la liste. Les sièges restants sont attribués selon la règle de la plus forte moyenne. Sans préjudice de l’élection des femmes à la première attribution, une seconde attribution est faite à raison d’un siège exclusivement réservé aux femmes par circonscription électorale. Ce siège est attribué à la liste ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages valablement exprimés dont la circonscription électorale parmi les listes éligibles de la circonscription, au profit de la candidate présentée à ce titre.
Toutes choses qui sont propres à déconstruire l’illusion que le scrutin proportionnel sur la liste nationale est absolument un standard démocratique.
Enfin en côte d’Ivoire, l’élection des députés à l’Assemblée nationale a lieu, dans chaque circonscription électorale, au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à un tour. Les députés sont élus au scrutin de liste majoritaire bloquée à un tour, sans vote préférentiel ni panachage.
Au vu de ce qui précède, la réduction du nombre de députés proportionnellement élus sur une liste nationale ne devrait, de quelque manière que ce soit, inspirer un recours fondé sur l’atteinte à la démocratie, la rupture d’égalité entre les partis politiques ou la dénaturation de la représentation nationale. L’office des sept (07) sages de la rue Saint-Jean XXIII nous dira !
SANCTIONS CONTRE LE MALI, IL URGE DE TROUVER UN COMPROMIS
La 31e session extraordinaire du comité interparlementaire de l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA) s’est ouverte ce mardi à Dakar, du 25 au 29 avril
La 31e session extraordinaire du comité interparlementaire de l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA) s’est ouverte ce mardi à Dakar, du 25 au 29 avril, sur le thème : « Priorités sectorielles du département de l’entreprise, des mines, de l’Économie numérique (DEMEN) présentées aux parlementaires de l’Union ». Ce, en présence de plusieurs délégations venues de tous les pays membres de l’union, à l’exception du Mali à cause des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre la junte au pouvoir.
Le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, empêché, a été représenté par le 2e vice-président, Cheikh Tidiane Gadio, pour le lancement des travaux au King Fahd Palace (ex-Méridien). Interpellé sur le blocus malien, le parlementaire ne s’est pas débiné. L’ancien chef de la diplomatie sénégalaise a préconisé le dialogue pour que le blocus soit levé. Toutefois, « nous sommes tous unanimes y compris nos frères et sœurs du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée, les changements anticonstitutionnels ne sont pas la meilleure voie pour régler nos problèmes, a-t-il souligné.
C’est arrivé, nos institutions ont fait fonctionner leurs textes et mis des sanctions par rapport au Mali, par exemple ». En l’état, a-t-il poursuivi : « il nous faut rapidement lever les sanctions, intensifier les discussions pour une sortie de crise parce que ces sanctions qui frappent le Mali, nous font mal et font mal au Mali et nous bouleversent tous. Nous savons que le Mali est dans une situation extrêmement difficile avec la guerre contre le terrorisme, et tous les problèmes que rencontre ce grand pays africain. Tout ce que nous souhaitons, c’est qu’une solution soit rapidement trouvée dans le respect de nos Institutions mais aussi en tenant compte des difficultés et des souffrances du peuple malien. Tous les pays de l’UEMOA et de la CEDEAO souffrent avec le peuple malien. Il faut que nous cherchions et trouvions un compromis pour sortir de cette crise ».
La question s’est invitée jusque devant la Kaaba. En marge de sa visite d’amitié et de travail en Arabie Saoudite, Macky Sall a effectué la Oumra (petit pèlerinage) à la Mecque. C’est alors que le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine (UA) a été interpellé par une pèlerine malienne. « Il faut lever l’embargo sur le Mali. On a faim, on a soif », a-t-elle plaidé.