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6 septembre 2025
L’ÉCONOMIE EST PRISE EN OTAGE PAR LES POLITIQUES
Économiste chevronné, l’ancien candidat à l’élection présidentielle en Guinée-Bissau entend toujours rappeler qu’il est issu d’une lignée dévouée au mouvement de libération ayant conduit à l’indépendance.
Économiste chevronné, l’ancien candidat à l’élection présidentielle en Guinée-Bissau entend toujours rappeler qu’il est issu d’une lignée dévouée au mouvement de libération ayant conduit à l’indépendance. Après un passage dans l’administration, à la planification stratégique puis aux finances, il fait cap sur Washington, pour la Banque mondiale. Président de Constelor Investment Holdings, Gomes qui siège au conseil d’administration de plusieurs sociétés a choisi Emedia pour s’exprimer sur les questions qui préoccupent son pays, l’Afrique et le monde. Entretien.
M. Paulo Gomes, on vous colle souvent l’étiquette du panafricaniste, à cheval sur les idéaux défendus par Amilcar Cabral. Partagez-vous une telle perception ?
Je suis très passionné par tout l’agenda panafricain. Je suis né en quelque sorte dans cela. D’abord je vous remercie de cette opportunité de pouvoir échanger avec vos lecteurs et autres. Très tôt, dès mon enfance, j’ai eu le privilège d’être dans une école pilote qui a été créée par A. Cabral, Lama et autres. On nous a inculqué cette culture panafricaine très tôt. Donc, ça m’a suivi dans tout mon cursus éducatif et carrière professionnelle. À chaque fois qu’il s’agit d’agréger les africains autour d’une cause, ou d’une entreprise, j’ai tendance à être appelé et je saute immédiatement sur l’opportunité. C’est ce qui me fait courir. Une passion pour l’Afrique, une Afrique intégrée.
Vous faites le tour du monde et qu’est-ce que cette universalité vous a apporté ?
Énormément. C’est beaucoup d’opportunités et beaucoup de chance. Je dis toujours on m’attire par la carrière internationale ou disons par la carrière tout court. Il faut aussi beaucoup de chance. Si vous n’êtes pas chanceux au point de rencontrer la personne qu’il faut, ou d’être à la place qu’il faut à un moment donné, vous n’aurez pas toute cette bande passante que je dirais d’opportunités. (…) Il faut garder la tête froide et être assez humble dans ses rencontres et aussi de privilégier l’esprit d’équipe dans le cadre d’une carrière. Ça m’a rapporté énormément et j’essaye de le partager avec les plus jeunes aujourd’hui.
Les sanctions financières et économiques contre le Mali viennent d’être levées. Quelle réflexion vous inspire cette décision prise par la CEDEAO vis-à-vis du Mali ?
Je pense que c’est utile. Il faut toujours privilégier le dialogue parce que c’est le meilleur tunnel pour la prise de décision. Je pense que ne pas avoir le Mali qui est l’épicentre du grand empire panafricain occidental est une chose qui va peser négativement sur tous les autres pays. C’était un aspect important et je dis aussi que les questions politiques ont pris le dessus sur la CEDEAO. Le fort de la CEDEAO c’était sa capacité de pousser l’agenda économique d’intégration. C’était un exemple pour tous les autres. Malheureusement l’agenda politique est en train de ronger toute l’énergie que cette institution avait. Vous savez que la crise économique que nous vivons au niveau mondial fait que nous n’avons ni les outils, ni les institutions pour pouvoir gérer cette crise mondiale. C’est donc l’opportunité de regarder la CEDEAO dans le sens d’avoir de nouveaux outils et un nouveau cadre institutionnel qui permettent de ne pas phagocyter totalement l’aspect économique en quelque sorte. Ce qui va permettre de résoudre les grands problèmes.
Quand vous parlez de nouveaux cadres institutionnels, faut-il entendre une réforme de la CEDEAO ?
Je n’ai pas pu réfléchir à tous les outils mais ce qui est sûr, que ce soit les institutions de Breton Wood ou même les Nations unies, le nouveau cycle d’instabilité et d’incertitude nous poussent à devoir avoir de nouveaux instruments et de nouvelles institutions parfois à l’intérieur des institutions existantes, mais nous sommes obligés d’y aller. S’agit-il d’inventer l’avenir comme le disait Sankara ? Il s’agit en quelque sorte de le faire puisque le monde a beaucoup changé, la technologie a beaucoup accéléré et tout ce qui est économie de la vie est en train de défier de plus en plus la santé et l’éducation. Donc, il s’agit de prendre du recul. Nous ne prenons pas assez de recul parce que nous sommes dans une dynamique de réunions constantes qui sont fixées à des calendriers précis. On ne prend pas le temps de faire un pas en arrière pour réfléchir à faire les choses autrement. Il faudra qu’on ait cette attitude parce que des crises il y en aura.
Comment parvenir à mettre la CEDEAO à l’abri des agendas des contingences politiques ?
Parfois vous pouvez le faire en créant des spots d’innovation à l’intérieur d’une organisation pour pouvoir protéger un nombre de personnes et d’individus et peut-être même de dirigeants pour qu’ils puissent être dans une dynamique de réflexion qu’ils ne soient pas complètement happés par l’actualité ou les crises. Il s’agit pour la CEDEAO maintenant d’apprendre à gérer des crises. Nous devons créer des instruments à l’intérieur puisque nous savons qu’il y aura des crises sanitaires, politiques, etc. Donc, il faut avoir des instruments nouveaux de gestion des crises. Et ça sera la force d’un continent qui a plus d’un milliard de personnes et qui est très résilient. La crise de Covid nous a montré que nous avons une capacité de pouvoir gérer des crises. Mais il faut que nous puissions reprendre cet état d’esprit et cette organisation au sein de la plupart de nos organisations. Donc, une réforme indispensable y compris aussi dans nos propres pays.
Vous parlez de gestion de crises, avant même, il y a prévention, il y a également la résolution. Comment arriver à une station beaucoup plus stable ?
Pour parler de façon imagée, ce sont des ingrédients qui nous sont spécifiques qui ne sont pas toujours utilisés. Cabral disait que notre lutte armée est un acte culturel. Beaucoup de gens n’arrivaient pas à comprendre pourquoi, il disait ça alors que nous étions dans le maquis en utilisant des armes pour pouvoir combattre pour notre libération. Je crois qu’il nous manque cette partie de l’équation culturelle à introduire dans notre recherche de solutions. Nous sommes trop économicistes, peut-être, un peu trop basés sur le système institutionnel que nous avons appris ou importé du système colonial. Tant que nous n’arrivons pas à mettre ces aspects culturels et l’état d’esprit qui nous sont propres en tant qu’Africains, nous aurons du mal à trouver des solutions. Nous voulons rattraper les autres qui nous ont donné ce cadre institutionnel alors que nous n’avons pas besoin de les rattraper. Nous avons ce problème, mais nous ne voulons pas le reconnaître.
La CEDEAO, c’est aussi la monnaie unique, l’Eco, en perspective. Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour y arriver ?
C’est toute la question des priorités. Est-ce que c’est vraiment la monnaie qui est la plus grande priorité ? Ou est-ce qu’il s’agit du mouvement des biens et des personnes ? Est-ce que c’est l’adaptation des politiques publiques pour notre environnement ? Est-ce que si nous avons une monnaie propre on aurait pu faire ce que les autres pays ont fait à la sortie du Covid-19 ? C’est-à-dire, de pouvoir utilisé l’équivalent de 20% de leur PIB en imprimant leur propre monnaie. C’est ce qui s’est passé au Japon, aux États-Unis. Ils ont carrément fait la photocopie de leur monnaie pour relancer leur économie.
Vous êtes partisan de l’Eco ?
Je suis partisan de tout ce qui touche l’intégration. C’est là où je prends mon énergie et ma passion qui me permettent, parfois de faire face aux frustrations que je pourrais avoir dans mon propre pays. Mais il faut se poser la question de savoir si la monnaie est la plus grande priorité dans cet exercice qui nous mènera vers l’intégration. Cette monnaie au niveau de l’Afrique de l’Ouest, si le Nigeria ne sera pas en première ligne, elle ne se fera pas. Ou si elle se fait, ça sera à plusieurs vitesses. Et là, je ne sais pas si nous aurons les mêmes résultats.
Avez-vous l’impression que le Nigeria n’est pas très chaud vis-à-vis de l’Eco ?
Il faudra voir. Le seul défi est que le Nigeria est un grand pays. J’ai travaillé avec eux pour monter Africa Finance Corporation qui est aujourd’hui une grande institution au niveau de l’Afrique qui a un bilan de 19 milliards de dollars et pour lequel le premier pays membre après le Nigeria, c’est la Guinée-Bissau. Cette institution a un rôle important dans le financement des infrastructures nigérianes. Encore une fois, je crois que le Nigeria, il faudra le scanner en fonction de ses réalités. Ils vont maintenant aux élections, tous ce que vous mettez sur la table, les pouvoirs publics ou les acteurs publics du Nigeria, dans les prochains mois, ils ne regarderont pas, ils ne s’y intéresseront pas. Donc, il y a le contexte. Il y a le calibrage des priorités, à mon avis, pour ce qui est de la monnaie, il faudrait que le Nigeria soit totalement impliqué. Peut-être qu’il est impliqué, je n’ai pas tous les éléments. Mais il faudrait qu’il soit engagé à fond pour la réussite de la monnaie.
À côté du Nigeria, on semble soupçonner le Sénégal et la Côte d’Ivoire de ralentir le processus. Est-ce que vous avez cette impression ?
Je n’ai pas les éléments pour apprécier cela. Je connais peut-être mieux l’environnement sénégalais que celui ivoirien, sur le point de vue de l’état d’esprit des acteurs politiques. Est-ce que les Ivoiriens voudraient le ralentir parce qu’ils ont un positionnement fort au niveau du CFA ? Le Sénégal quel serait son intérêt ? Vous savez, je crois fortement que les deux pays comprennent qu’il y a une urgence. Et qu’il n’y aura jamais de Sénégal fort et de Côte d’Ivoire forte sans le reste de l’Afrique de l’Ouest. Donc, ça ne pourrait être qu’un élément temporaire de puissance. Elle sera vraiment solide et soutenable que si les autres pays adhèrent.
L’Eco doit-elle être aujourd’hui une grande priorité pour la CEDEAO ?
Je me pose encore la question de savoir si ça devrait être la priorité.
Pourtant en écoutant des panafricanistes et même des activistes, ils disent que tout notre problème c’est la monnaie. Vous n’avez pas cette perception ?
Les activistes et les réseaux ont tendance à payer tout le monde dans le même débat. Et parfois le plus facile. Mais est-ce que l’on se pose parfois la question de savoir pourquoi on a autant d’instabilités politiques dans nos pays ? Et quelles sont les raisons ? Est-ce que, c’est le fait du cycle électoral qui fait que les gens sont tendus ? Est-ce que, c’est le fait d’un système qui nous permettrait de mieux partager le pouvoir ? Les questions qui permettraient de mieux résoudre les différences qui peuvent être liées à des nations ou des États où les populations pensent encore à la loyauté éthique plus forte que celle à l’État.
On va fermer la thématique institution sous régionale. La CEDEAO, il y a quand même le Président Mballo de la Guinée-Bissau qui est maintenant Président en exercice de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Qu’est-ce que la Présidence de la Guinée-Bissau peut apporter à la CEDEAO et peut-on penser aussi que c’est le retour de votre pays sur la scène internationale ?
J’ai pu féliciter le président et la ministre des Affaires étrangères pour ça, parce que c’est bien, mais comme dit Cabral « l’indépendance, pourquoi faire ? » Mais tout dépendra de ce que nous allons en faire, mais je lui souhaite bonne chance, pour ce mandat qui dure un an, mais je pense que la Guinée-Bissau a pas mal de choses à proposer dans ce processus. Comme par exemple sur cet équilibrage des réformes, puisque nous rentrons dans une période longue de crises successives.
Vous allez y aider ?
Je pense que suis toujours utile pour mon pays, mais il s’agit de savoir exactement comment on vous le demande et comment vous pouvez être utile.
Quelle évaluation faites-vous de l’exploitation commune du pétrole entre la Guinée-Bissau et le Sénégal, à travers l’agence de gestion et de coopération ?
Pour vous dire la vérité, je n’ai pas les informations sur ce dossier qui suscite beaucoup de passions dans mon pays.
Comme récemment cet accord signé en octobre à Dakar qui consacre 30% pour la Guinée- Bissau, 70% pour le Sénégal, ça été rejeté par le parlement de la Bissau-Guinée ?
C’est gênant de voir que ça entraîne tellement de passion. Parce que nous avons des choses, un potentiel qui peuvent nous permettre d’avancer plus vite. Je ne crois pas que c’est le pétrole qui va changer structurellement la Guinée-Bissau. Nous avons une zone économique exclusive énorme avec beaucoup de ressources halieutiques. Nous avons des terres qui sont exceptionnelles dues à la nature du microclimat. Donc, c’est l’agriculture, la pêche et certainement les ressources humaines. Parce que, nous avons une diaspora énorme. Je pense que ça appartient à nos dirigeants de se concentrer sur ce qui est plus important, mais, je n’ai pas les éléments. Je ne sais pas maintenant ce qui se passe, mais encore une fois, c’est un débat que je ne suis pas parce que, je ne pense pas que c’est la priorité pour notre pays maintenant.
«LES SMARTPHONES SONT RESPONSABLES DE PLUSIEURS PATHOLOGIES CHEZ L’ENFANT»
Saliou Diouf coordonnateur du projet 1 000 premiers jours de la vie, sensibilise sur la situation de la santé et du bien-être de l’enfant
Sensibiliser sur la situation de la santé et du bien-être de l’enfant au cours des 1 000 premiers jours de la vie, tel est le but du projet initié par l’institut social de pédiatrie de l’Ucad. Selon le coordonnateur du projet, Pr Saliou Diouf, les Smartphones sont les causes de beaucoup de pathologies chez les enfants comme les convulsions.
Les parents sont avertis sur l’utilisation abusive des Smartphones et de la télévision. Ils sont responsables de plusieurs pathologies ; c’est du moins ce qu’a annoncé Pr Saliou Diouf coordonnateur du projet 1 000 premiers jours de la vie de l’enfant. D’abord, il définit les 1 000 premiers jours comme la période qui va de la conception à la fin de la 2e année de vie. Selon lui, aujourd’hui, il est reconnu que c’est la période la plus importante durant toute notre vie. «Le concept est né à partir du constat que les maladies chroniques sont en train d’exploser et beaucoup de données scientifiques ont montré que la racine de ces maladies chroniques se situe au niveau des 1 000 premiers jours», révèle-t-il.
Pr Diouf d’ajouter que c’est une période cruciale en termes d’opportunités pour un bon développement physique de l’enfant, un développement comportemental cognitif et intellectuel mais aussi pour que l’enfant, futur adolescent et adulte, soit en très bonne santé. «Il y a aussi les facteurs néfastes comme la mauvaise nutrition qui est un gros problème chez les nourrissons, notamment à l’étape de la diversification alimentaire où les besoins nutritionnels de beaucoup d’enfants sénégalais ne sont pas satisfaits, et 80% d’entre eux n’ont pas une bonne alimentation», souligne-t-il.
A l’en croire, durant cette période, le cerveau est en train de se développer de façon extraordinaire. «Il faut que les parents stimulent leurs enfants, parlent et jouent avec eux. Il faut que l’on ait plus de crèches pour que les enfants s’ouvrent à d’autres personnes. On sait que la 1ère figure d’attachement, c’est d’abord la mère, mais le père doit jouer un rôle important. Dans beaucoup de pays, le congé des mères a été augmenté mais aussi, il y a cette notion de congé du père qui est en train d’être introduite dans beaucoup de pays», dit-il.
En outre, il révèle que le téléphone, la télévision abusive à cet âge n’est pas très indiqué parce qu’on sait qu’il y a de plus en plus des pathologies qui sont en train d’apparaître avec l’utilisation abusive de ces Smartphones. «Ils deviennent irritables, ils ne dorment pas bien et il y a même des convulsions qui sont liés plus ou moins à cette utilisation abusive. L’utilisation abusive du portable chez un enfant de moins de 2 ans est une catastrophe», affirme-t-il.
A cet âge, il a besoin de la famille, «aujourd’hui, l’éducation des enfants est devenue nucléaire ; les parents vont au travail et la femme de ménage s’occupe de ses tâches ; donc l’enfant est mis devant la télévision ou on lui donne un téléphone. Les parents, au retour, doivent passer un minimum de temps avec les enfants», prône-t-il.
Par ailleurs, il déclare qu’une femme enceinte qui se dispute avec son mari développe des substances qui stressent et qui impactent sur le cerveau de l’enfant. «Les facteurs qui entravent le développement comportemental, émotionnel et cognitif de l’enfant estle manque d’amour, d’attention.»
LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ MET EN PLACE UN PLAN DE DÉVELOPPEMENT DE PRÈS DE 50 MILLIARDS
Le ministère de la Santé a constaté beaucoup d’insuffisances pour mettre en place un plan national de développement des ressources humaines de la santé et de l’action sociale
Dans le souci de contribuer à un système de santé résilient, le ministère de la Santé a investi sur les ressources humaines qualifiées pour un budget de plus de 48 milliards de FCFA, en mettant en place un plan national de développement des ressources humaines de la santé et de l’action sociale 2020-2028, qui a été validé hier.
Le ministère de la Santé a constaté beaucoup d’insuffisances pour mettre en place un plan national de développement des ressources humaines de la santé et de l’action sociale. Ainsi, il s’est doté de ce plan dont l’une des ambitions est de contribuer à la mobilisation des ressources pour alimenter un budget estimé à 48 794 996 654 de francs CFA. Selon le secrétaire général du ministère de la Santé, Alassane Mbengue, c’est un document stratégique et un cadre d’évolution en vue d’améliorer les ressources humaines dans le domaine de la santé.
A l’en croire, il y a beaucoup d’insuffisances qui ont été notées, notamment le manque de ressources humaines, le déficit de qualification de certains agents et une inégale répartition des effectifs sur le territoire national. «Il faut compter sur ses propres ressources mais il faut aller vers les partenaires et les convaincre de la nécessité de financer ce plan en plus des collectivités territoriales et du secteur privé», dit-il.
Poursuivant son propos, il indique que le plan a posé, sur le secteur, un regard-diagnostic qui a mis en relief des questions pouvant impacter négativement le système de santé et de protection sociale, et compromettre sa contribution au développement économique et social du pays. «Ces questions sont relatives, entre autres, au déséquilibre dans la répartition du personnel de santé et de l’action sociale sur le territoire national, au déficit en personnel dans certaines spécialités, aux écarts par rapport aux normes professionnelles définies par le ministère et aux ratios de comparaison édictés par l’OMS, et enfin à l’absence d’un plan de production, d’acquisition et de développement continu des ressources humaines». A cet effet, il souligne qu’il y a actuellement quelque 21 000 agents répartis sur l’ensemble du territoire national.
Pour sa part Dame Camara, du service des ressources humaines du ministère de la Santé, soutient qu’il y a plusieurs défis et il faut corriger les déséquilibres et la mise en œuvre d’une stratégie de fidélisation des ressources humaines dans les zones dites difficiles. «Il faut définir les voies et moyens pertinents pour acquérir, gérer, développer et promouvoir des ressources humaines de qualité et en quantité suffisante, à l’horizon 2028, afin de contribuer à l’atteinte de la couverture sanitaire universelle en assurant la disponibilité des ressources humaines qualifiées et motivées, conformément aux besoins des structures sanitaires et sociales».
LE NEW DEAL DE DAKAR
Les chefs d'état africains, se sont engagés à rendre opérationnels, et de façon urgente et optimale, les projets qui permettront de relever les défis de développement du continent dans le cadre de l'IDA
Les chefs d'état africains, dans une déclaration conjointe lue par le ministre des Finances Abdoulaye Daouda Diallo, se sont engagés à rendre opérationnels, et de façon urgente et optimale, les projets qui permettront de relever les défis de développement du continent dans le cadre de l'IDA.
La déclaration d'Abidjan du 15 juillet 2021 établissait 3 priorités pour l'Afrique : ''l'amélioration du capital humain, la création d’emplois et la relance économique. ''Lors de la dernière réunion de reconstitution de l’IDA20, organisée virtuellement par le Japon, du 14 au 15 décembre 2021, une coalition mondiale de partenaires de développement avait convenu d’un ensemble de financements historiques de 93 milliards de dollars pour aider les pays à faible revenu à répondre à la crise du COVID-19 et à construire un avenir plus vert, plus résilient et inclusif'', ont fait savoir les chefs d'Etats dans leur déclaration présentée par le ministre des Finances avant d'ajouter : ''Cet appel à l’action exprime notre engagement en faveur d’une relance forte et d’une transformation durable et inclusive de nos économies, en partenariat avec l’IDA.’’
L'argentier de l'Etat a fait savoir que les dirigeants se sont engagés aussi à accélérer la transformation économique de l’Afrique pour atténuer les chocs futurs. Ainsi que, d'après lui, de prendre l’engagement de réussir le défi de la reprise post-Covid-19 et de modifier leur trajectoire de développement. ''Nous réaffirmons que ces actions sont des prérequis indispensables au développement de nos économies’’, renchérissent le président Macky Sall et Cie non sans annoncer aussi des actions volontaristes, notamment dans les domaines de la bonne gouvernance, de la sécurité et de la paix.
En outre, ils s'engagent avec les ressources de l'IDA 20 à investir dans les domaines prioritaires de développement pour surmonter les défis structurels. Ils ont promis aussi d'améliorer la productivité agricole par l'innovation dans les chaînes de valeur alimentaire et de développer une agriculture adaptée au changement climatique afin de réduire la dépendance de l'Afrique à l'égard des importations de produits alimentaires.
Dans la foulée, ils réaffirment leur volonté de mettre en œuvre la Zlecaf et de mettre un accent fort sur le commerce intra-africain. ''En éliminant les goulots d'étranglement et en favorisant les investissements transfrontaliers dans les infrastructures de transport et d'énergie'', rassurent les chefs d'Etat africains dans leur déclaration.
Rappelons que l’Association internationale de développement(IDA) est l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète. Créée en 1960, l’IDA vise à réduire la pauvreté en accordant des prêts (appelés «crédits») et des dons destinés à des programmes de nature à stimuler la croissance économique, à réduire les inégalités et à améliorer les conditions de vie. L’action de l’IDA complète celle de la branche de prêt initiale de la Banque mondiale, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD).
L’IDA soutient une gamme d’activités de développement qui ouvrent la voie à l’égalité, à la croissance économique, à la création d’emplois, à des revenus plus élevés et à de meilleures conditions de vie. L’IDA figure parmi les principaux bailleurs de fonds des 74 pays les plus pauvres de la planète et représente la plus importante source de contributions des donateurs destinées aux services sociaux de base dans ces pays.
L’IDA prête des fonds à des conditions concessionnelles. Cela signifie que les crédits de l’IDA portent un intérêt très faible ou nul et que les remboursements sont étalés sur 30 à 40 ans. Plus de la moitié des pays IDA reçoivent la totalité ou la moitié de leurs ressources IDA sous forme de dons, qui n’entraînent aucun remboursement. Ces subventions ciblent les pays à faible revenu les plus exposés au surendettement.
Macky Sall va rénover la grande mosquée de Ziguinchor
La grande mosquée de Ziguinchor va faire peau neuve, très bientôt. L’édifice sera entièrement réfectionné par le Président Macky Sall qui a décidé de financer les travaux sur fonds propres. Dans ce sens, il a donné des instructions fermes au ministre de l’Intérieur pour que les Ziguinchorois puissent disposer d’une grande mosquée avec toutes les commodités requises à l’instar des villes religieuses de ce pays. Pour rappel, après Pikine et Guédiawaye, le Président Macky Sall a procédé récemment à l’inauguration de la mosquée Blanchot, située au cœur du Plateau. Sa rénovation a coûté plus de 1,177 milliard F CFA.
Sonko reçu par le Président Ùmaro Sissocco Embalo
En marge du sommet des chefs d'États pour la mise en œuvre du programme de l'Association internationale de Développement (IDA-20), le Président de la Guinée Bissau, Ùmaro Sissocco Embalo, a reçu le leader de Pastef et maire de Ziguinchor. Ousmane Sonko lui-même a fait l’annonce informant avoir répondu à l’invitation du Président Ùmaro Sissocco Embalo, président de la République de Guinée Bissau et Président en exercice de la CEDEAO. A l’en croire, ils ont eu des échanges très profonds et ont partagé leurs préoccupations sur les situations politiques intérieures de la Guinée, du Sénégal et des grands chantiers de la CEDEAO. Sonko se réjouit de cette discussion franche et directe et remercie le Président Embalo pour ses égards.
Coupure d’électricité en plein sommet…
Alors que le Directeur général des opérations de la Banque mondiale était en train de parler d’énergie, une coupure d'électricité s'est produite. Une pilule qui passe mal pour le Président Macky Sall qui a piqué une colère noire. « Cette coupure est un signe de contre-performance. Ce n'est pas acceptable par rapport à notre volonté d'émergence. En Afrique, on n’a pas l'esprit de la sanction. Je trouve que cet incident doit être sanctionné», s'insurge-t-il avec véhémence devant ses homologues. Aux dernières nouvelles, l’As a appris que des sanctions sont tombées avec un remue-ménage au niveau du top management de Senelec. On parle de limogeage de cinq directeurs techniques dont celui de la production et de la distribution.
S. J. Keita tombe à Thiaroye
Après avoir commis un parricide dans son pays, S. J. Keïta de nationalité gambienne s’était réfugié au Sénégal. Pensant avoir échappé aux forces de l’ordre de la Gambie, le mis en cause menait tranquillement ses activités au Sénégal. Il ignorait qu’il était recherché activement par la justice gambienne. En effet, les autorités judiciaires du pays du président Adama Barrow ont saisi la police internationale (interpol) qui a très vite localisé S. J. Keïta au Sénégal. Dans un premier temps, il a été arrêté par la gendarmerie. Ensuite, il a été mis à la disposition du commissariat de Thiaroye qui a transmis le dossier à la division des investigations criminelles (Dic). Nos sources renseignent d’ailleurs que des limiers gambiens, à leur tête O. B. S. D., étaient à Dakar pour procéder à l’extradition de S.J. Keita âgé de 27 ans. Pour rappel, ce dernier a tué son père du nom de F. K.
Cheikh Oumar Diagne en route pour une Lp
Tout indique que Cheikh Oumar Diagne n’est pas loin du bout du tunnel. Après 90 jours de détention, il a été auditionné hier dans le fond du dossier par le juge d’instruction du 8e cabinet, Mamadou Seck. Aussitôt, les avocats de la défense à savoir Me Babacar Ndiaye, Me Patrick Kabou et Me Cheikh Khoureysi Ba ont déposé une demande de mise en liberté que le juge Mamadou Seck a aussitôt transmise au procureur. Pour rappel, Cheikh Oumar Diagne est poursuivi pour menaces, injures publiques, diffamation et insultes via un système informatique. C’est une plainte de MeDjibril War qui lui a valu ce séjour carcéral. Mais les partisans de M. Diagne estiment qu’il est envoyé en prison non pour les délits susdits, mais pour le combat qu'il mène contre les lobbies lgbt.
Le député Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly auditionné dans le fond
Restons au palais de justice de Dakar pour dire que le dossier du député Cheikh Abdou Mbacké Bara Doly est bouclé par le juge du premier cabinet. Le député libéral a été entendu dans le fond par le doyen des juges d’instruction. D’après Libération on line qui cite Me Abdy Nar Ndiaye, face au juge d’instruction, « le député a considéré que si ses propos ont porté atteinte au président de la République, il fait amende honorable et présente ses excuses auprès du chef de l’Etat mais aussi auprès des populations sénégalaises». Les avocats du parlementaire ont immédiatement déposé une demande de mise en liberté provisoire que le juge a transmise au parquet. Cheikh Abdou Mbacké Bara Doly est poursuivi pour offense au chef de l’Etat, diffusion de fausses nouvelles et diffamation. Il a tenu des propos jugés insultants à l’endroit du chef de l’Etat lors du meeting de la coalition yewwi askan wi, le 8 juin à Dakar. Le député originaire de Touba est placé sous mandat de dépôt, le 10 juin.
120 milliards pour les ressources naturelles et les bourses familiales
La Banque mondiale vient de renflouer encore les caisses de l’Etat du Sénégal pour le financement de programmes. En marge du sommet ida-20 hier, le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo et le directeur des opérations de la Banque Mondiale au Sénégal, Nathan Belete, ont signé deux accords de financement. Le premier est relatif au projet de gestion des ressources naturelles au Sénégal d’un montant de 100 millions de dollars. Le second porte sur le projet d'appui à la protection sociale adaptative, communément appelé bourses de sécurité familiale d'un montant également de 100 millions de dollars. En tout, le financement des deux projets s’élève à plus de 120 milliards de FCFA.
Ouf de soulagement du Directeur général du PAD
La levée des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est un ouf de soulagement pour le Port autonome de Dakar. Dans une note parvenue hier à «L’As», Aboubacry Sédik Bèye estime que la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Mali est une bonne chose pour le Port. Il remercie les autorités de la CEDEAO qui ont bien voulu enlever ce goulot d’étranglement du commerce sous régional et régional. D’après la même source, l’embargo sur le Mali a été pendant plusieurs mois un handicap pour le Port de Dakar. Les autorités portuaires souhaitent dans le futur que tous les pays et les acteurs fassent en sorte que les échanges ne connaissent aucun handicap, aucun frein parce que nous avons des économies aux potentialités tellement énormes mais fragiles.
Partenariat entre le PAD et le Port de Tanger Med Engineering
Restons au Port autonome de Dakar (PAD) qui a signé hier à Dakar un accord-cadre de partenariat avec le Port de Tanger Med Engineering. La cérémonie s’est déroulée en marge d’une visite au Sénégal du staff du Port de Tanger Med conduit par son directeur général Monsieur Nasser Tlassellal. Dans le cadre de ce partenariat, les deux parties s’engagent à un échange d’expériences et de connaissances en matière de conseil et d’accompagnement dans la planification, le développement, l’aménagement et la construction des infrastructures portuaires et des plateformes logistiques. Les deux ports vont également échanger leurs expériences et leurs connaissances en matière de gouvernance et d’organisation des installations portuaires et logistiques, de gestion et d’exploitation portuaires. Les deux parties s’engagent également au développement des activités visant l’aménagement des installations industrialo-portuaires, le commerce maritime et portuaire et les lignes maritimes. Le Port de Tanger Med est un complexe industrialo-portuaire logistique situé sur le Détroit de Gibraltar. Il a une capacité de traitement jusqu’à 9 millions de conteneurs, 7 millions de passagers et un trafic de 700 000 camions.
LA FAMILLE D'OMAR BLONDIN DIOP DEMANDE LA RÉOUVERTURE DE SON DOSSIER
C’est avec beaucoup d’intérêt que le public du Théâtre national Daniel Sorano a suivi la grande première du film Omar Blondin Diop, un révolté, écrit et réalisé par Djeydi Djigo, producteur et réalisateur sénégalais
Le 11 mai 1973, Omar Blondin Diop, jeune philosophe sénégalais, opposant au régime du président Léopold Sédar Senghor, était retrouvé mort en détention sur l’île de Gorée. La version officielle du suicide a été largement contestée par de nombreuses voix, dénonçant un assassinat. Quarante-neuf ans après, le documentaire écrit et réalisé par Djeydi Djigo qui revient sur l’affaire, a été projeté ce mercredi au Théâtre national Daniel Sorano. Occasion pour la famille de demander une réouverture du dossier.
C’est avec beaucoup d’intérêt que le public du Théâtre national Daniel Sorano a suivi la grande première du film Omar Blondin Diop, un révolté, écrit et réalisé par Djeydi Djigo, producteur et réalisateur sénégalais. Il régnait une ambiance lourde mercredi soir à la salle de Daniel Sorano. Les cinéphiles ont été bien servis en émotion à travers ce long métrage qui retrace la mort et l’idéologie que défendait Omar Blondin Diop. Il met aussi en lumière différentes pistes possibles pour éclairer ce drame. Une heure avant la projection, une longue file s’était déjà formée sur le trottoir, aux abords du Théâtre Daniel Sorano. Il faut présenter son carton d’invitation pour entrer dans la salle. La projection a débuté par un hommage appuyé en la mémoire du juge Moustapha Touré, le premier Doyen des juges d’instruction de l’histoire de la magistrature. C’est lui qui a instruit le dossier de Omar Diop. Et le film s’est achevé sous une salve d’applaudissements, à 20h 02 minutes précises. Fruit de 4 années de re-cherche, le film Omar Blondin Diop un révolté est essentiellement composé d’images d’archives et de vidéos récupérées de l’Institut national de l’audiovisuel de la France (Ina). A 31 ans, Djeydi Djigo dresse un portrait passionnant de Omar Blondin Diop dont la fougue et les idées continuent d’impressionner les jeunes sénégalais. Aujourd’hui, quarante-neuf ans après sa mort violente dans la geôle de l’île de Gorée à Dakar, Djeydi Djigo signe un film d’une grande intelligence esthétique, qui enquête sur la vie et les circonstances tragiques de la mort de ce jeune révolutionnaire des années Senghor.
Ce film visiblement bien apprécié, a plongé les spectateurs dans cette période durant laquelle, selon Ousmane Diop Blondin, membre de la famille de Omar, «le pays vivait sous le régime du parti unique avec une presse, une radio, une télévision publique sous contrôle». Une autre raison consécutive de ce qui précède, dit-il, «c’est que l’affaire Omar Blondin Diop peut être probablement considérée comme l’un des facteurs qui ont accéléré l’ouverture démocratique et l’avancée des libertés publiques au Sénégal». Dans ce long et inlassable travail de l’histoire à la recherche de la vérité des faits, «un homme aura joué un rôle discret mais souvent méconnu». Il s’agit du juge Moustapha Touré, indique le frère de Omar, Ousmane Diop Blondin. Alors, d’après son réalisateur, par devoir de mémoire et par devoir historique, on devait connaître la vérité sur ce drame. «L’objectif de ce documentaire, ce n’est plus de découvrir Omar, mais la réouverture du procès pour que la vérité soit rétablie», a expliqué Djeydi Djigo juste après la projection. Il existe assez d’éléments dans le documentaire qui prouvent que la thèse officielle est fausse et que finalement, la vérité doit être sue de tous, dit-il. Et ce documentaire plaide pour une ouverture du procès afin que la vérité soit rétablie, indique le réalisateur. Dans Omar Blondin Diop, un révolté, les témoignages historiques pourraient changer les choses. Ce film, selon son réalisateur, peut être perçu comme un médium pour que ce procès soit rouvert. Et signant ce documentaire engagé, cet essai filmique autour d’une comète politique, Djeydi Djigo entend bousculer l’histoire officielle. Il fait acte de courage. «Il existe assez d’éléments dans le documentaire, qui prouvent que la thèse officielle est une fausse thèse. Et le juge Touré l’a bien dit dans le film et tous les témoignages vont dans ce sens-là. J’espère qu’il y aura une réouverture du procès», a-t-il laissé entendre. A la fin de la projection, le public était partagé entre joie, tristesse et espoir.
Il y a 49 ans, était assassiné Oumar Blondin Diop…
Omar Blondin Diop est une étoile filante dont la trajectoire s’est s’arrêtée dans la geôle de Gorée, le 11 mai 1973. Les incohérences de la version officielle de l’Etat embrasent le pays. La population, en réaction, exprime sa colère. Le pays est au bord du chaos. Toute une Nation réclame la vérité. Mais qui était Omar ? Opposant à la politique «pro-occidentale» et «antipopulaire» du pouvoir de Léopold Sédar Senghor, Omar Blondin Diop est mort dans sa cellule, à la Prison centrale de Gorée où il avait été détenu depuis sa condamnation, à trois ans de réclusion, pour «atteinte à la sûreté de l’Etat», par un Tribunal spécial le 23 mars 1972. Sa photo trône aujourd’hui dans la salle du Musée historique de l’île de Gorée, qui fut à l’époque le Fort d’Estrées et servait de prison civile pour les détenus politiques. Omar Blondin Diop avait 26 ans lorsque l’administration pénitentiaire sénégalaise annonça son suicide par pendaison dans la nuit du 10 au 11 mai 1973. En 2013, un de ses frères cadet, le docteur Dialo Diop, a saisi la Justice sénégalaise pour une demande de réouverture du dossier, afin de faire la lumière sur ce drame. Toujours rien. Hélas ! Pour Ousmane Diop Blondin, la famille mène des investigations supplémentaires. Et il y a déjà, dit-il, des éléments qu’ils peuvent mettre à l’actif de la démarche pour la réouverture du procès. D’après Ousmane Diop Blondin, aujourd’hui, si on veut que la Justice sénégalaise soit crédible aux yeux de tout le monde, il ne faut pas laisser le dossier inachevé dans les couloirs et dans les tiroirs de la Justice. «Il faut qu’on accepte d’aller jusqu’au bout de la recherche de la vérité et pas s’arrêter au milieu de la rivière. Et là, on est au milieu de la rivière», a-t-il expliqué en marge de l’évènement.
«Quel gâchis que Omar ne soit plus là !»
Ce film est un sérieux et méthodique travail d’investigation qui a duré des années, avec peu de moyens. Mais il met en lumière différentes pistes possible, a révélé le frère de Omar. Depuis 1973, l’instruction est inachevée et ce n’est pas possible. «Quel gâchis que cet homme ne soit plus là ! Ce n’est pas parce que c’est mon frère que je dis ça. Mais c’est parce qu’ils sont nombreux dans les pays africains, des gens qui sont fauchés dans leur jeunesse comme Sankara. Omar était un homme de valeur», témoigne-t-il. Enfin, l’assistance aura appris de la projection du documentaire de Djeydi Djigo, que la vie est un combat. Et les idées servent à se battre. «Omar a perdu mais il n’a pas perdu devant l’histoire. Il a perdu devant un pouvoir d’une certaine époque. Et son combat reste juste aujourd’hui. Même s’il y a décalage de contexte, les grosses tendances de l’humanité n’ont pas changé. On est entrain toujours de jouer à la loi du plus fort et l’Afrique reste toujours dans la position du plus faible», déplore sur un ton émouvant Diop Blondin.
«LE TAUX DE GROSSESSE PAR FECONDATION AU SENEGAL IN-VITRO EST DE L’ORDRE DE 30%»
Mame Diarra Ndiaye, professeure agrégée en gynécologie obstétrique
Vous avez parlé dans votre présentation de l’infertilité, est-ce que c’est un sérieux problème au Sénégal ?
Oui c’est un problème au Sénégal du fait de sa fréquence. 15% des couples ont des soucis pour concevoir du fait du coût de la prise en charge. C’est une prise en charge qui coûte cher. Mais également, il y a aussi un vécu social lié à cette question. Des études ont été réalisées et ont montré la souffrance mentale dans laquelle résident ces couples qui sont infertiles. Il y a une très forte demande au Sénégal. Ce sont 15% des couples qui nous consultent en gynécologie pour infertilité. C’est aussi une réalité parce qu’il y a un impact psycho-social. Du fait de manque de concertation, il y a un impact psycho-social très négatif dans la vie des femmes ainsi que celle des hommes. L’autre problème, c’est le coût de la prise en charge qui est excessif pour le moment.
Quelles sont les causes de cette infertilité ?
Les causes réelles peuvent être féminines. Quand c’est féminin, il s’agit de cause ovarienne. Soit L’ovaire travaille trop ou l’ovaire est faible en quantité d’œufs qu’on appelle les follicules, ça peut être aussi une cause liée aux trompes. Les trompes ce sont deux petits bras qui ramènent l’œuf jusqu’à la cavité utérine. Quand c’est fermé, l’œuf n’arrive pas à la cavité utérine. Ça peut être aussi des problèmes de l’utérus. Des tumeurs qui empêchent la nidation de l’œuf. Quand c’est une infertilité masculine, il y a beaucoup de causes qui sont trouvées. Il y a les varicocèles, des dilatations d’ovaires, mais également des problèmes génétiques. Parfois on ne retrouve pas de causes.
Quelles sont les solutions ?
Plusieurs solutions sont disponibles. Tout dépend du premier bilan que l’on fait. Le couple vient se faire consulter et on fait un premier bilan. Et c’est ce premier bilan qui nous permet de savoir qu’elle est la solution la mieux adaptée pour la personne. Ça peut être une opération, ou une stimulation simple ou on aide l’ovaire à développer des œufs. Où ça peut-être une prise en charge, une fécondation in-vitro.
Vous avez aussi évoqué, dans votre présentation, la mise en place d’un centre de traitement. Où en est-on réellement ?
Depuis quelques années, il y a eu la construction du centre de fécondation in-vitro. Le premier centre public au Sénégal qui est en train d’être érigé à l’hôpital Dalaal Jamm qui ouvrira bientôt ses portes pour le grand bonheur des couples.
Est-ce que le Sénégal a déjà enregistré des résultats satisfaisants dans ce domaine ?
Beaucoup de résultats ont été faits, malheureusement c’est inconnu. Ça se fait en partenariat avec des biologistes, qui sont des spécialistes de la fécondation in-vitro. Ima¬ginez-vous que le taux de grossesse que l’on a ici au Sénégal par fécondation in-vitro est de l’ordre de 30 % et que quand vous regardez les résultats de bio-médicine en France, nous sommes exactement au même niveau de compétence en termes de résultats.
RÉVOLUTION EN MARCHE
L’endoscopie est en train de faire ses premiers pas au Sénégal.
La Société sénégalaise d’endoscopie a organisé ses premières journées scientifiques. L’objectif recherché, c’est de voir comment développer la pratique de l’endoscopie en Afrique subsaharienne. Une chirurgie qui s’effectue sans faire de grandes ouvertures et qui ne présente pas de douleurs et de complications post-opératoires.
L’endoscopie est en train de faire ses premiers pas au Sénégal. Cette nouvelle façon d’opérer sur le plan chirurgical se pratique maintenant sous nos cieux. La révolution est en marche. «On opère les patients sans faire de grandes ouvertures comme jadis avec la laparotomie qui ouvre tout le ventre et l’expose à l’air libre», explique professeur Maguette Mbaye, gynécologue-obstétricien.
Enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Maguette Mbaye explique le procédé : «Il s’agit d’opérer avec une caméra à travers de petits orifices à travers lesquels on introduit des pinces et des trocarts et qui nous permettent sur un moniteur (un écran géant), de voir toute la cavité abdominale et de faire toutes les possibilités opératoires qui s’offrent à nous à travers cette voie.»
Pour lui, «c’est une voie qui a plusieurs avantages du fait de l’esthétisme, du fait de la réduction de la douleur post- opératoire, des complications post-opératoires infectieuses, mais également le séjour hospitalier qui est réduit et soulage nos structures hospitalières». «Il s’agit d’une chirurgie plus élégante, plus élaborée et plus avantageuse», ajoute-t-il.
Pour faire profiter cette nouvelle chirurgie au pays et à l’Afrique subsaharienne, la Société sénégalaise d’endoscopie en gynécologie a organisé mardi et mercredi, ses premières journées scientifiques sous le thème : «Endoscopie gynécologue en Afrique subsaharienne, quelles stratégies pour son développement ?»
Ce fut une occasion pour les différents membres de la Société sénégalaise d’endoscopie en gynécologie, d’aborder les différents moyens de développement de cette science et la stratégie qui leur permettrait de développer l’endoscopie, en particulier gynécologue, en Afrique subsaharienne. C’est un pari loin d’être gagné et il faudra plusieurs années pour démocratiser l’accès à cette chirurgie. Pourquoi ? «L‘Afrique souffre encore d’un manque de moyens matériels, financiers et d’un manque de praticiens capables de faire cette technique opératoire aux multiples avantages», tempère Pr Maguette Mbaye. Que faire pour changer la situation ?
Evidemment, cela passe par la formation. Chaque année, un endoscopiste, un technicien de bloc opératoire, un anesthésiste-réanimateur sont formés grâce au soutien financier de la Principauté de Monaco qui accompagne la Société sénégalaise d’endoscopie dans sa démarche. Dans le même sens, un diplôme interuniversitaire est aussi ouvert dans ce domaine. «Lequel, poursuit le gynécologue-obstétricien, va permettre aux membres de la société de retour de formation à Monaco, de pouvoir entendre et former d’autres, si bien que chaque année nous formons 8 à 9 endoscopistes pour cette technique nouvelle.»
Il faut combler très rapidement ce manque de praticiens, qui s’explique par le manque de moyens financiers. Pendant ces journées, des activités de formation, de l’enseignement, du développement des activités de recherche, du développement des stratégies visant à améliorer l’obtention matérielle, à faire la propagande de la mobilisation de la ressource pour avoir du matériel, ont été organisées pendant les deux premiers jours de ce symposium.
Pour cette première édition, les membres de la Société sénégalaise d’endoscopie ont choisi comme parrains, Jean-Charles Moreau et Bruno Veninrenshel. D’après l’enseignant-chercheur, Jean-Charles Moreau, défini comme le maître de cette science, a voulu que la technique d’endoscopie se développe. C’est ainsi qu’il a fait des choix de mettre en place une équipe pour les différentes branches de la chirurgie gynécologique. En attendant de généraliser l’accès à la formation, les gynécologues comptent sur le soutien de leurs partenaires étrangers comme la Principauté de Monaco, l‘hôpital Princesse Grâce de Monaco, qui les appuient pour constituer des équipes au Sénégal.
Par Serigne Saliou DIAGNE
LE VERBE IRRESPONSABLE DE LA DIVISION
Le maire de Ziguinchor a évoqué une stigmatisation à l’égard de nos compatriotes de la Casamance. Le propos en plus d’être irresponsable, tendancieux et surtout germe de division, en dit beaucoup sur la logique discursive qui anime nos hommes politiques
Le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, a profité d’une cérémonie de présentation de condoléances à des familles de victimes des manifestations interdites du 17 juin 2022 à Bignona pour théoriser que «Macky Sall a un problème avec la Casamance et les Casamançais». Le premier magistrat de Ziguinchor a évoqué une stigmatisation à l’égard de nos compatriotes de cette région et de son groupe ethnique d’appartenance. Le propos en plus d’être irresponsable, tendancieux et surtout germe de division, en dit beaucoup sur la logique discursive qui anime nos personnalités politiques. On cherche par le verbe à convaincre, délégitimer les rivaux et se légitimer en prenant la parole tout en se fichant royalement des dommages d’une sortie irresponsable. Ce n’est pas son premier coup de glotte assassin sur de supposés sentiments peu nourris du président de la République à l’égard de la Casamance, donc on n’est guère surpris. Si par contre, le projet du maire de Ziguinchor était par son discours, de mettre à mal la Casamance et le premier Sénégalais, il s’est davantage présenté comme un piètre politique et un militant du chaos malgré toute la logique de défense abjecte mise en place par les éternels nihilistes, peinant à voir au-delà de l’adversité politique, le gouffre moral et l’anti-républicanisme sans limite dans lesquels ils s’enlisent. A l’exception du Forum du justiciable, la Société civile sénégalaise se targuant d’être la militante active de l’unité nationale et de l’inclusion républicaine, est bien aphone !
La parole d’un maire est tant représentation qu’incarnation. Sa voix dans l’espace public est la représentation de communautés et de terroirs, son verbe est doté d’une légitimité conférée par des suffrages exprimés toute la durée de son mandat d’élu local. S’il peut se permettre de parler et d’avoir une voix audible et une parole en surplomb, c’est parce qu’il est mandaté par des gens pour faire de tel, en leur nom. C’est dans une telle logique de sacralité de la parole politique que l’irresponsable sortie du député Aliou Dembourou Sow de l’Apr, avec des relents ethnicistes, avait été condamnée de vive voix dans tout le Sénégal pour la menace représentée à notre vivre-ensemble. On se rappelle encore de la verve de nos bons censeurs de la Société civile sur ce dossier ! La parole d’un élu ne doit pas être vendangée, travestie ou détournée en usant de mécanismes de division ou en convoquant toutes les trames de l’ethnicisme, du communautarisme et du régionalisme dans une République unie dans la diversité. On ne peut pas pardonner à Ousmane Sonko son propos irresponsable, séditieux et moteur de haine. Il peut penser qu’il fait mal à un adversaire qui a atteint le stade d’ennemi politique, mais il heurte tout un pays dans ce qu’il a de plus cher : son unité. Peut-être que par sa déclaration, sa logique de fabrication d’un ennemi arrive à maturation.
Ce projet d’une fabrication d’ennemi afin de pouvoir le tuer avec pleine conscience est à déconstruire sous toutes ses coutures. Le chercheur Pierre Conesa a pu démonter tous les mécanismes par lesquels la création d’un ennemi sur mesure est faite pour justifier toute l’hostilité et l’adversité à l’égard de ce dernier. L’ennemi est la denrée la plus courue en politique aujourd’hui, on vit par lui. Le schéma entrepris à travers le discours du maire de Ziguinchor épouse les contours de la fabrication d’un ennemi qui répond «à un besoin social». Il y a une nécessité de dresser une altérité qu’il faut «noircir et rendre menaçante» pour que l’usage de la violence et tous les excès face à lui soient légitimes, en cas de confrontation. Quoi de mieux que de convoquer l’ethnicisme et le régionalisme dans ce sordide procédé ! Il faut mettre à dos toute une région et ses populations face à une personnalité politique. Les éléments sont bien disponibles, il faut les mettre en place et laisser la mécanique opérer. L’ennemi a un nom, c’est le Président Macky Sall. Le théâtre est la région de Casamance, éprouvée pendant plusieurs décennies par un conflit qui a fini d’exaspérer et de saigner le Sénégal dans toutes ses couches. La hantise de la persécution et de l’ostracisme est dans tous les esprits, réveiller les peurs enfouies des masses fera mouche et renforcera le sentiment d’hostilité. Les populations de Casamance, par un discours fallacieux, sont appelées à se voir comme les victimes de cet «ennemi intime». La voix légitime, en l’occurrence le maire de Ziguinchor, a fini de se dresser comme rempart face à son ennemi tout créé avec la complicité de nous tous. Bonjour les dégâts !
Sénèque s’interrogeait sur les progrès des «gens à l’âme méchante, dont les erreurs vont toujours en croissant» qu’il ne distinguait guère des enfants à l’exception de leurs attributs physiques. Le progrès de ces âmes au Sénégal se lit comme la formation d’une graisse tendre faite d’insolence, d’irresponsabilité et d’irrévérence dont ils ne cessent de s’enduire et de jeter à toutes les figures pourvu que leur projet ultime se réalise. Ils brillent fort un moment, mais leur lustre finira par les perdre. La «garderie d’adultes» qu’est la scène publique sénégalaise, pour reprendre le mot du journaliste Ibou Fall, a encore de longs jours devant elle si on se permet de jouer avec des cordes aussi sensibles pour du gain politique. Il n’y a plus de doute à se faire, le damné de Satan s’est bel et bien libéré des enfers, il se pavane dans Salem et crie tout haut, dopé par les acclamations de sa suite de sorcières et la passivité de toute une élite politique, intellectuelle, économique et religieuse. Pauvre Sénégal !
Par Abdoul Aly KANE
LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES INTERNATIONALES, LES ETATS AFRICAINS ET L’AFRIQUE
Le directeur de Département Afrique du FMI a entrepris une tournée sur le continent à l’effet de s’enquérir sur le terrain de l’état des économies africaines touchées par les chocs exogènes du Covid et de la guerre en Ukraine
Le directeur de Département Afrique du FMI a entrepris une tournée sur le continent à l’effet de s’enquérir sur le terrain de l’état des économies africaines touchées par les chocs exogènes du Covid et de la guerre en Ukraine.
Au terme de cette tournée, M. Selassié a tiré des conclusions et formulé des recommandations sur lesquelles nous souhaiterions nous attarder quelque peu, en nous adossant bien entendu au rôle que ce partenaire joue depuis près d’un demi-siècle auprès de nos gouvernants en matière de conseils de politiques publiques et de financement des besoins à court terme de notre économie. « Le FMI n’a jamais été aussi engagée pour l’Afrique » a-t-il soutenu d’emblée.
Au regard de la situation actuelle, nous pensons qu’il aurait été mieux indiqué de parler de l’aide du FMI aux Etats africains pris individuellement, plutôt qu’à une Afrique dont nous appelons de tous nos vœux l’intégration économique de ses composantes. L’aide aux Etats a souvent abouti à une sorte de sédimentation de la dette.
Hélas, malgré les importants concours financiers du FMI et de la Banque mondiale durant près d’un siècle, les bilans des Etats africains sont en deçà des attentes, pour ne pas dire peu reluisants, en termes de développement économique.
Faute de pertinence dans les emplois des ressources empruntées, et du fait de l’exigüité des marchés intérieurs, les Etats bénéficiaires finissent généralement par demander des annulations de dette pour réenclencher un nouveau cycle. Cela a été le cas après l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés). C’est le cas actuellement après le COVID.
L’aide ou l’investissement en faveur du continent en tant que tel, ne devrait être évoqué que lorsqu’il s’agit de programmes communs d’infrastructures de désenclavement, de promotion du marché régional, de création de monnaie, d’éducation, de formation ou de politique de santé.
L’une des principales causes de l’inefficience des prescriptions des institutions de Bretton Woods tient, selon nous, à l’absence de viabilité économique de la majorité des Etats africains dont les produits arrivent sur un marché mondial où les prix leur sont imposés, parce que formés en dehors d’eux.
L’échange inégal amplifié par le peu d’envergure de nos Etats, donc de nos productions respectives, a été décrié par tous, de Léopold Senghor (détérioration des termes de l’échange) aux tenants de la théorie de la dépendance (Samir Amin, Ander Gunder Frank etc..).
Toutes les organisations africaines créées depuis près de 50 ans pour unifier le continent, en particulier sur le plan économique, se sont avérées inefficaces faute de volonté politique des chefs d’Etat, aidés en cela par un certain désintérêt des populations.
Jaloux de leurs prérogatives et sidérés par l’étendue de leurs pouvoirs s’apparentant à ceux des rois d’avant, les chefs d’Etat post indépendance ont vite fait de ranger dans les tiroirs les rêves de leurs prédécesseurs tels que Kwamé Nkrumah du Ghana, Namdi Azikiwe du Nigeria, Jomo Kenyatta du Kenya etc.
Nous devons à la vérité de dire que les pères du NEPAD à savoir Abdel Aziz Bouteflika, Thabo Mbéki, Hosni Moubarack, Olusegun Obasanjo et Abdoulaye Wade se sont lancés dans la direction de l’intégration économique. Cependant, malgré les promesses faites à ces dirigeants lors du sommet du G8 de Gleneagles en 2008 et la création de structures dédiées comme le PIDA avec l’implication des banques africaines de développement (BAD) dans l’exécution, les choses sont restées en l’état.
L’idéal aurait été que des structures comme la CEDEAO ou l’UA, accompagnées par les banques de développement africaines (BCEAO, BAD) et vigoureusement soutenues par les bailleurs de fonds, puissent initier et réaliser des projets d’infrastructures de désenclavement financées avec la garantie des Etats riverains.
A notre connaissance, parmi les projets d’infrastructures de désenclavement identifiés par le NEPAD, seul le projet de développement de l’autoroute du « corridor Abidjan – Lagos » est en voie de réalisation.
Longue de 1 028 kilomètres et devant relier les capitales de cinq États d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigéria), elle a pour objet de «promouvoir le commerce transfrontalier, d’intégrer les économies au sein de l’espace CEDEAO, de réduire les coûts de transport, de stimuler le commerce interrégional et de renforcer l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Last but not least, cette infrastructure routière doit contribuer à accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf)».
En définitive, contrairement aux dires du représentant du FMI, les Etats africains ne sauraient être « l’Afrique », faute d’homogénéité de l’espace, de libre circulation des biens et des personnes, d’infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, ferroviaires, reliant les uns aux autres.
Vers un nécessaire désenclavement infrastructurel du continent
Toutefois, il semblerait que l’idée du nécessaire désenclavement infrastructurel de l’Afrique continue à faire son chemin. « Avec les partenaires du G7, nous visons à mobiliser 600 milliards de dollars, d’ici 2027, pour des investissements mondiaux dans les infrastructures », vient de déclarer la Maison Blanche pendant le sommet du mois de juin du G7 à Elmau. D’aucuns ont commenté cette annonce en ces termes : « C’est pour répondre aux projets portés par la Chine en Afrique, et à l’intérêt accru de la Russie pour le continent ».
En effet, faute de fluidité dans le transport africain, quelle efficacité attendre de la Zlecaf si les marchandises restent encore en souffrance, en proie à la qualité des routes et aux tracasseries administratives aux frontières ?
Si le Mali a absorbé 20 % des exportations du Sénégal en 2021, c’est bien parce qu’il est relié à notre pays par la route et le chemin de fer ; par conséquent, investir dans l’amélioration de l’état de la route et du chemin de fer vers ce pays est autrement plus profitable en termes de croissance et d’emplois que la réalisation d’infrastructures de transport à portée locale.
C’est la libération du marché africain de ses entraves en matière de circulation de biens qui permettra d’enclencher un processus d’accumulation primitive et « densifier » à terme le tissu économique africain.
Pour conclure, citons quelques conclusions d’un rapport intitulé « Des infrastructures de qualité pour l’Afrique du 21ème siècle », élaboré à la demande de Nana Akufo-Addo, président du Ghana, par l’OCDE, le Centre Africain pour la Transformation Économique (ACET) et l’AUDA-NEPAD : « En 2050, l’Afrique comptera 2.5 milliards d’habitants, soit près de deux fois plus qu’aujourd’hui. Face à ce bouleversement, le continent doit de toute urgence accélérer la construction d’infrastructures (routes, ponts, réseaux d’énergie, ouvrages hydrauliques, réseaux numériques, etc.) tout en veillant à leur qualité », selon un nouveau rapport publié par le Centre de développement de l’OCDE et en partenariat avec, Agence de Développement de l’Union Africaine.
Les modèles économiques habituels de réalisation de projets n’ont pas réussi à fournir les services d’infrastructures que requiert la dynamique de la croissance démographique et de l’urbanisation à l’œuvre en Afrique. Trente voire quarante années peuvent s’écouler entre la conception et l’achèvement d’un projet élémentaire, au terme desquelles les infrastructures mises en place ne correspondent plus aux besoins de la population et de l’économie.
Cela suppose de remédier aux lacunes des deux principales approches des partenaires financiers et techniques des pays africains : celle qui vise à aider à renforcer le cadre institutionnel parallèlement à la construction de l’infrastructure, et celle qui a pour objet de développer les infrastructures rapidement, la mise en place des institutions étant considérée comme une question locale et évolutive » (fin de citation).