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11 septembre 2025
LE RWANDA N'A BESOIN D'AUCUNE LEÇON SUR LES DROITS HUMAINS
Le Rwanda n'a "besoin d'aucune leçon" de "qui que ce soit" sur les droits humains, a déclaré samedi à Kigali son président Paul Kagame, à l'issue d'un sommet du Commonwealth
Le Rwanda n'a "besoin d'aucune leçon" de "qui que ce soit" sur les droits humains, a déclaré samedi à Kigali son président Paul Kagame, à l'issue d'un sommet du Commonwealth qui s'est déroulé en pleine polémique sur l'accord d'expulsion de migrants du Royaume-Uni vers ce pays d'Afrique de l'Est.
"En ce qui concerne les valeurs, nous n'avons besoin d'aucune leçon de la BBC ou de qui que ce soit", a déclaré M. Kagame dans une allocution qui a duré près de 30 minutes, lors de la conférence de presse de clôture du sommet. "Je veux vous assurer qu'il n'y a personne (...) qui (connaît) les valeurs mieux que nous ici au Rwanda", a-t-il affirmé, alors que son pays est durement critiqué par les ONG en matière de droits humains. M. Kagame a rejeté les accusations sur la détention d'opposants politiques, affirmant que certains de ses détracteurs les plus virulents avaient été libérés de prison par grâce présidentielle. "Il n'y a personne au Rwanda qui soit en prison et qui ne devrait pas y être, parce que nous avons un système judiciaire qui est en fait fonctionnel et juste", a-t-il assuré.
La décision d'organiser ce sommet au Rwanda a été vivement critiquée par les organisations de défense des droits humains, qui ont accusé les dirigeants du Commonwealth de fermer les yeux sur la répression et l'emprisonnement des opposants dans le pays hôte. M. Kagame, qui dirige de facto le pays depuis la fin du génocide en 1994, a déclaré aux journalistes que le Rwanda était fier de son bilan.
En amont du sommet, auquel le prince britannique Charles et une trentaine de dirigeants ont participé, 23 ONG de défense des droits humains ont rappelé dans une lettre ouverte leurs "graves préoccupations" à ce sujet. Elles ont jugé que le Commonwealth abîmait sa crédibilité en tenant son sommet à Kigali, accusant le pouvoir de disparitions forcées, détentions arbitraires, de tortures et d'exécutions extrajudiciaires.
Le sommet s'est aussi tenu en pleine polémique sur l'accord d'expulsion de migrants du Royaume-Uni vers le Rwanda. Ce programme a été condamné par de nombreuses ONG de défense des droits humains et l'ONU. L'Eglise anglicane l'a qualifié d'"immoral". Le prince Charles est également opposé à ce dispositif, qu'il a qualifié en privé de "consternant". Le Premier ministre britannique Boris Johnson avait défendu son plan dès jeudi au Rwanda, en affirmant que "le Rwanda a connu une transformation totale au cours des deux dernières décennies".
NGŪGUĪ WA THIONG'O, ÉCRIVAIN KENYAN DE LANGUE KIKUYU
Auteur africain parmi les plus traduits dans le monde, il reste mal connu dans les pays francophones. «Rêver en temps de guerre», traduit de l'anglais, premier volume de ses mémoires, est le meilleur moyen de le découvrir
Titulaire de nombreux prix internationaux, né en 1938, est considéré comme le plus grand écrivain kényan et est régulièrement cité comme prix Nobel de Littérature potentiel. Son œuvre considérable (romans, nouvelles, essais, théâtre) reflète son engagement politique, payé d’un an de prison dans son pays et d’un long exil aux États-Unis.
Défenseur des langues africaines, il écrit désormais ses romans dans son kikuyu natal et les traduit ensuite lui-même en anglais : un choix qu’il justifie dans Décoloniser l’esprit (La Fabrique, 2011). Auteur africain parmi les plus traduits dans le monde entier, il reste mal connu dans les pays francophones. «Rêver en temps de guerre», traduit de l'anglais (Kenya) par Jean-Pierre Orban et Annaëlle Rochard, premier volume de ses mémoires, est le meilleur moyen de le découvrir.
« Fais de ton mieux », dit la mère à l‘enfant. Se remémorant le petit garçon qu’il a été, l’immense écrivain Ngũgĩ wa Thiong’o raconte comment, de son enfance à son adolescence, l’Histoire pénètre dans la cour familiale au Kenya, l’atteint et le change. La Seconde Guerre mondiale traverse sa vie, son pays se soulève contre le pouvoir colonial, la rébellion mau mau monte au cœur de sa région, les leaders – tels Jomo Kenyatta – naissent, ses frères sont divisés entre résistants et collaborateurs. Ce qui sauvera l’enfant de la tourmente, ce sont les veillées traditionnelles, les livres et l’école qui l’aidera à réaliser ses rêves. On pleure, on se révolte, on vibre au plus près des situations dramatiques et parfois cocasses. Et à partir d’un récit par petites touches, se révèle le terreau qui va nourrir l’œuvre du merveilleux conteur qu’est l’auteur." (Présentation des éditions Vents d'Ailleurs).
De la Direction de la Pharmacie et du médicament, au statut du Statut du pharmacien, de l'Industrie pharmaceutique, à la question des Laboratoires pharmaceutiques, tous ces sujets sont passés au crible Amtath Niang, le président de l’Ordre des pharmaciens
La pharmacie est un secteur hautement stratégique pour un pays puisqu'il a une mission de santé publique et que la santé passe avant tout autre chose.
Dans cet entretien, Amath Niang, le président de l'Ordre des pharmaciens, présente son organisation et les différents défis que pose à elle, non sans évoquer des solutions possibles qui devraient commencer par l'application de la loi.
De la Direction de la Pharmacie et du médicament, au statut du Statut du pharmacien, de l'Industrie pharmaceutique, à la question des Laboratoires pharmaceutiques, tous ces sujets sont passés au crible par notre invité (Première partie).
L'AFRIQUE NE SOUHAITE PLUS UN TÊTE-À-TÊTE AVEC LA FRANCE
Pourquoi et comment la France a-t-elle perdu son influence en Afrique ? Éléments de réponse avec Frédéric Lejeal, récent auteur d’un essai sur le sujet
Le Point Afrique |
Viviane Forson |
Publication 25/06/2022
La synthèse que nous livre Frédéric Lejeal* dans son dernier essai Le Déclin franco-africain, l'impossible rupture avec le pacte colonial** invite véritablement à braquer le regard sur la réalité des liens entre la France à l'Afrique. Pour ce faire, l'auteur a choisi de plonger dans le passé pour mieux tirer les fils d'une histoire sur laquelle les nombreux témoignages recueillis sont autant de pistes de réflexion. Alors que le président Emmanuel Macron, qui cherche les voies et moyens de refonder les relations franco-africaines, entame son second mandat, Frédéric Lejeal s'est confié au Point Afrique sur le regard qu'il pose sur ses constats.
Le Point Afrique : Quelles réflexions et constats vous ont menés à l'écriture de ce livre et surtout pourquoi maintenant ?
Frédéric Lejeal : Cet ouvrage est, en premier lieu, le fruit de trente ans d'observation de la relation franco-africaine depuis le second mandat de François Mitterrand. D'abord en tant qu'étudiant, au début des années 90, à Paris, aux côtés de professeurs comme l'historien Elikia M'Bokolo. Ensuite comme journaliste au sein de plusieurs rédactions, puis à la tête de La Lettre du Continent, publication confidentielle tournée vers l'axe franco-africain. Durant toutes ces années, j'ai assisté à la lente décomposition de la relation bilatérale du fait d'un délitement progressif des institutions, des ministères dédiés, de l'expertise technique ou, plus globalement, d'une perte d'appétence des acteurs publics comme privés.
Je pourrais multiplier les exemples. L'appareil décisionnaire français continue par ailleurs de se caractériser par un désintérêt pour l'Afrique, qui reste systématiquement appréhendée à travers les prismes sécuritaires et migratoires, alors qu'on ne cesse d'en faire la planche de salut de la croissance économique.
Ce déclin s'explique également par nombre de décisions ou de discours qui, de la dévaluation du franc CFA en 1994 à l'intervention de la France lors de la crise post-électorale ivoirienne en 2011 en passant par les propos de Nicolas Sarkozy à Dakar, en 2007, ou le rôle de la France dans la chute de Mouammar Kadhafi, leader apprécié du continent, ont braqué les opinions publiques et choqué la conscience collective africaine. En quelques années, nous sommes passés d'une entente cordiale à de l'incompréhension, puis de la défiance à un désamour.
Il m'est apparu, en second lieu, urgent d'écrire ce livre au terme du mandat d'Emmanuel Macron, président des plus paradoxaux. Paradoxal car, très jeune, lorsqu'il arrive au pouvoir, c'est avec une velléité de réinscrire cette relation dans un nouvel espace-temps, avant de se confronter, comme tous ses prédécesseurs, aux durs pépins de la réalité, qui l'ont obligé à conserver tous les stigmates de ce que je nomme le « pacte colonial ». La déception des populations et des élites africaines, qui entrevoyaient un changement de paradigme après d'innombrables tentatives avortées depuis François Mitterrand, n'en a été que plus forte. Emmanuel Macron fut le plus jeune président français, mais le plus conservateur dans son approche avec « les pays du champ ». D'où des réactions d'hostilité en chaîne dans la zone d'influence francophone. Je ne me souviens pas d'un tel ressentiment, y compris dans des pays comme le Tchad ou le Sénégal, où celui-ci était imperceptible. J'ai voulu en décrypter les raisons.
Si l'on observe sur le temps long la capacité de la relation franco-africaine à évoluer pour s'adapter aux transformations historiques, géopolitiques, économiques et dans le même temps l'abondante littérature sur le thème du déclinisme, est-ce qu'il n'y a pas lieu, finalement, de se méfier des effets d'optique ?
J'estime, au contraire, que la relation franco-africaine n'a pas du tout évolué dans ses fondements et son mode opératoire, et c'est précisément ce qui précipite son déclin dans cette partie du monde. Certes, elle s'est adaptée aux évolutions géopolitiques du continent. Les problématiques ne sont bien évidemment plus celles des années 1960, voire 1990. Mais elle n'a saisi aucune des mutations profondes qu'ont connues les sociétés africaines au cours des trois dernières décennies. Elle est restée obnubilée par la stabilité de son pré carré au prix d'un soutien aveugle à des pays clientélistes fidèles et francophiles, mais aussi et surtout autocratiques et, partant de là, rejetés localement. On pense aux régimes gabonais, togolais, ivoirien, tchadien ou encore camerounais. Lorsque Paris exfiltre Blaise Compaoré en octobre 2014, cela participe de la même posture. Ces ingérences permanentes, ces prises de position privent les populations de la capacité d'écrire leur propre histoire. Pire, cette relation est demeurée verticale au moment où les sociétés civiles ont émergé avec un mode d'expression directe contournant les canaux usuels d'opposition politique. Or, ces nouvelles formes d'expression fabriquent du politique. On l'a vu au Sénégal avec la tentative de 3e mandat de Wade torpillée par le mouvement « Y en a marre », au Tchad ou encore au Burkina Faso. Les ignorer, c'est ignorer ce qui se joue sur ce continent.
Lorsque je parle d'impossible rupture du pacte colonial, c'est pour mieux évoquer la sédentarité de cette politique. Qu'est-ce que ce pacte ? Qu'est-ce qui le définit ? Il s'agit de l'ensemble des dispositifs – militaires, politiques, économiques et culturels – installés par la France au lendemain des indépendances en vue de préserver ses intérêts. Ils sont constitutifs d'un néocolonialisme rampant. Militairement, il s'agit par exemple du maintien de bases prépositionnées. À ce jour, la France est la seule ancienne puissance coloniale européenne à quadriller encore toute l'Afrique grâce à ces dispositifs, de Dakar à Djibouti en passant par Abidjan ou Libreville. 62 ans après les indépendances, des soldats de cet ex-colonisateur se trouvent ainsi physiquement présents dans des pays souverains. C'est aussi improbable qu'étonnant lorsque l'on sait que ces bases n'ont qu'une fonction utilitariste, mais également une charge symbolique extrêmement forte auprès de la jeunesse. Ce sont également les accords de coopération militaire passés avec les pays, dont beaucoup servent à appuyer des régimes peu en prise avec la bonne gouvernance. Économiquement, la France subsiste à travers le franc CFA, dont la réforme annoncée en 2019 a accouché d'une réformette.
Culturellement, enfin, Paris continue d'utiliser un instrument comme la Francophonie pour satisfaire ses desseins politiques. La nomination de Louise Mushikiwabo à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en 2018, est exemplaire sur ce point. Toutes ces orientations mêlées au passif de la France en Afrique font que ce pays est perçu, à tort ou à raison, comme un facteur d'ingérence permanent, de soutien aux autocraties. Emmanuel Macron, sous de faux airs de modernité, a poursuivi cette voie. Je ne dis pas qu'il faille rompre diplomatiquement avec des pays peu regardants sur les libertés ou qu'il faille faire de la politique en consultant quotidiennement le rapport d'Amnesty International. Pour autant, nul ne force le chef de l'État français à faire du zèle comme le fait de se précipiter aux obsèques d'Idriss Déby Itno, en avril 2021, pour, de fait, apporter sa caution morale à la junte militaire qui s'est emparée du pouvoir à la suite de ce décès. Ce type d'attitude est absolument catastrophique dans le message qu'elle est supposée adresser aux populations. Ce qui fait défaut à la France, c'est son manque de retenue et de mise à distance salutaire avec certains régimes.
À quel moment le thème de la sécurité s'est-il imposé comme seule grille de lecture pour la politique africaine de la France ?
Ce thème forme l'ossature de cette relation à tel point que la majorité des responsables traitant de l'Afrique à Paris viennent du ministère de l'Armée ou du renseignement. C'est le cas actuellement du conseiller Afrique d'Emmanuel Macron, Franck Paris, ou de Christophe Bigot, patron de l'Afrique au Quai d'Orsay, ou de son prédécesseur Rémi Maréchaux, actuel ambassadeur de France en Ethiopie. Ce facteur tient à l'histoire de cette relation. Depuis les premières explorations jusqu'aux opérations extérieures (opex) telles Barkhane – la plus récente – en passant par la conquête coloniale, la France n'a finalement jamais cessé de faire la guerre en Afrique, d'où une prépondérance du facteur militaire. Ce dernier sert la grandeur de l'Hexagone. Il alimente son rayonnement international. Grâce à l'Afrique, la France est « la plus grande des puissances moyennes », comme il est coutume de dire. Sans ce continent, elle se bornerait à ses frontières, sans aura mondiale. Ce facteur ne cesse d'alimenter un sentiment de puissance. Il entend parallèlement préserver les anciens pays conquis d'influences autres que tricolores. Durant la guerre froide, ce militarisme s'est ainsi efforcé d'empêcher les deux grandes puissances – États-Unis et URSS – d'exporter leur conflictualité dans le pré carré francophone. De nombreuses opex ont été montées pour sauver des chefs d'États-amis proches du camp occidental comme celui de Gnassingbé Eyadema en 1986 ou pour défendre des pays de visées socialisantes. C'est le cas de l'opération Épervier au Tchad contre la Libye.
Depuis la fin de la guerre froide, ces interventions revêtent un aspect faussement humanitariste, comme au Rwanda, mais pour un objectif identique : sauvegarder les intérêts de la sphère francophone. Cette ligne de conduite est constante et quasi obsessionnelle. On compte pas moins de 70 interventions militaires de la France en Afrique depuis les années 1960, ce qui est pour pathogène. La France tente aujourd'hui de sauvegarder militairement ce qu'elle ne peut plus faire diplomatiquement ou économiquement faute de moyens. Le facteur militaire sert de paravent à une influence en déshérence. Pendant qu'elle multiplie les interventions à fonds perdu, ses concurrents font du business, lui taillent des croupières ou organisent de vastes sommets économiques.
Est-ce que les récentes tensions entre certains États africains et la France ne sont pas seulement conjoncturelles ? Pour le cas de l'Afrique francophone, des pays comme le Mali, la Guinée ou la Côte d'Ivoire ont plusieurs fois exprimé des velléités de sortie de la tutelle française…
Le ressentiment anti-français a toujours existé, mais il prend une proportion inédite. Il semble innerver toutes les couches des sociétés, du paysan au fonctionnaire en passant par les étudiants et les élites, qui se détournent de plus en plus de Paris à la faveur d'affaires politico-médiatiques comme celle des « biens mal acquis » ou de débats jugés stigmatisants. Les débats sur l'immigration par exemple semblent toujours exclusivement pointer et cibler les Africains. Paris aurait dû voir dans les sifflements essuyés par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy aux obsèques d'Omar Bongo, en 2009, les signes inquiétants de cette dégradation. Certes ces pays ne sont pas sortis du système, mais ils prennent sérieusement leurs distances, comme l'illustre le Gabon. Ce pays phare de la Françafrique ne regarde plus du tout vers Paris. Son président est anglophile. Il possède une résidence à Londres. Il a fait entrer le Gabon au sein du Commonwealth. Pour mon livre, je me suis entretenu avec plus de 80 responsables et influenceurs africains. J'ai été stupéfait par leur vision unanime extrêmement critique et sévère sur cette relation alors même qu'ils ne sont pas sous influence.
Ils sont nombreux les fonctionnaires à s’engager dans les rangs de l’opposition, pour faire face au régime. Souvent, c’est au risque de leur carrière. Docteur Abibou Diagne et Mamadou Lamine Dianté parlent des peines de ces fonctionnaires ‘’rebelles’’
Engagement politique rime-t-il avec le statut d’agent public, dévoué à une mission de service public ? Au Sénégal, ils sont nombreux les agents à se mouiller politiquement. Tant qu’ils sont dans le parti au pouvoir, il n’y a pas de problème. Mais quand il s’agit d’un engagement en faveur de l’opposition, ça se paie cash. Président du parti ADV (Alliance des verts), Abibou Diagne ne dira pas le contraire : ‘’Permettez-moi d’abord de relever que cela ne me gêne nullement. Le ministre a la prérogative de choisir les membres de son cabinet. En le faisant, il peut soit mettre en avant l’approche compétence, soit l’approche partisane.
C’est dommage que, malgré toute sa trajectoire, au Sénégal, en 2022, qu’on puisse permettre une catégorie de citoyens de militer comme ils veulent et qu’on veuille l’interdire à d’autres. Pour nous, à l’Alliance des verts, nous pensons que le seul critère qui vaille dans le choix des agents de l’État, ça doit être la compétence. Malheureusement, les choses sont encore ce qu’elles sont. On accepte et on promet de les changer, si les Sénégalais nous font confiance.’’
Médecin vétérinaire de formation, affecté au ministère de la Pêche depuis 1995, Dr Abibou Diagne a fait presque toute sa carrière professionnelle dans ce département. Ancien chef de service au Centre d’étude et d’expérimentation pour la pêche artisanale, chef de la Division surveillance des pêches maritimes de 2004 à 2009, ancien chef du Service régional de la pêche à Matam, il a également occupé le prestigieux poste de directeur national des Ressources aquacoles. En 2020, sous Aminata Mbengue Ndiaye, il a été choisi comme conseiller technique n°1, sur la base de son parcours et de son curriculum vitae. Il était déjà le chef d’une formation politique écologique qu’il venait lui-même de porter sur les fonts baptismaux.
Mais la tutelle ne semble pas avoir digéré le fait de le voir jouer les premiers rôles dans la coalition Wallu et, par ricochet, Yewwi Askan Wi. ‘’Je pense quand même que c’est un peu injustifié. Parce que mon engagement politique est antérieur à ma nomination. Et puis, durant tout le temps, je continuais mes activités politiques. Cela n’a jamais déteint sur mes obligations professionnelles. Peut-être c’est mon adhésion à la grande coalition Wallu qui n’est pas à leur goût. Ou bien c’est juste parce qu’ils sont affolés. Quand on est affolé, on est perdu ; on n’a plus le sens de l’orientation. C’est ce qui leur arrive, il me semble’’, regrette M. Diagne.
Pour le désormais ancien conseiller technique, c’est d’autant plus navrant, même s’il leur concède la prérogative, que dans le propre département, il n’y a pas mal de responsables qui vaquent tranquillement à leurs occupations. ‘’Il faut que les gens sachent que tout le monde ne peut pas être dans le camp du pouvoir. Sinon, ce serait un régime fasciste. Maintenant, s’il y a des interférences entre nos activités et nos obligations professionnelles, dans ce cas, l’agent peut être sanctionné. En ce qui me concerne, on ne peut me reprocher aucune faute professionnelle. Mais comme je l’ai dit, c’est le ministre qui nomme pour les postes de son cabinet’’, répète le spécialiste.
Dans d’autres corps, l’autorité a nettement moins de marge de manœuvre. C’est le cas des enseignants. Ancien secrétaire général du Saems, Mamadou Lamine Dianté précise : ‘’Les enseignants sont membres de la Fonction publique, mais ils ont beaucoup plus de liberté par rapport à ceux qui sont dans l’Administration pure et dure. La seule chose qu’ils (les dirigeants) peuvent faire, c’est par exemple nous empêcher d’accéder à certains postes. Mais ils ont moins de marge de manœuvre.’’ Quid alors de l’engagement syndical et du militantisme ? Est-ce compatible ? L’enseignant leader politique rétorque : ‘’La critique sur ce point est parfois légitime. Mais souvent peut aussi être dévoyée. Déjà, dans certains syndicats, le problème est réglé. Si vous êtes responsables de syndicat, vous ne pouvez pas être membre d’un parti ou d’un bureau politique. C’était le cas dans notre syndicat. On interdit au secrétaire général d’être membre d’un bureau politique. Dans la pratique, on est allé plus loin. Le secrétaire général ne devait même pas être membre d’un parti. Maintenant, d’autres ne l’interdisent pas. Mais, dans tous les cas, notre activité politique ne doit pas influer sur la lutte syndicale. Toutefois, il est clair que gérer les deux peut être source de confusion.’’
Selon le président du Mouvement pour la citoyenneté engagé/And Nawle, il faut que les syndicats puissent mettre en place un système qui fasse que même si quelqu’un est membre d’un parti, cela n’ait pas d’impact, puisque les décisions émanent de l’intérieur et non du dehors.
Au-delà, estime Dr Abdibou Diagne, il faudrait surtout mettre l’accent sur l’approche compétence dans le recrutement des responsables de l’Administration. ‘’Avoir un engagement politique, dit-il, n’est pas contradictoire avec des postes de responsabilité… Je pense que dans une République digne de ce nom, chacun doit être jugé en fonction de ses compétences, de ses performances. Si on faisait des appels à candidature pour certains postes de responsabilités, cela pourrait aider à changer beaucoup de choses. Nous pourrions ainsi avoir des directeurs nationaux qui n’ont pas peur, parce qu’ils sont suivis et évalués conformément à un cahier des charges. Et peu importe qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition. C’est cela la République. C’est ça la raison d’être de notre engagement’’.
par l'éditorialiste de seneplus, Jean-Claude Djéréké
LA DENT DE PATRICE LUMUMBA
EXCLUSIF SENEPLUS - Les pays qui ont trempé dans le lâche assassinat de Lumumba doivent être jugés en Afrique. C’est le minimum qui puisse être exigé par un peuple qui souhaite se faire respecter. Trop de blessures injustement infligées à l’Afrique
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 25/06/2022
À peine les Belges ont-ils rendu une dent couronnée d’or de Patrice Lumumba, que certains Nègres, superficiels et émotifs, se sont mis à se réjouir et à remercier le bourreau. Il ne manque plus que les danses endiablées pour que la boucle de l’inconscience soit bouclée.
En effet, dans les jours ou semaines à venir, les éternels complexés danseront ici et là, puisque la danse est dans le sang de l’Africain, pour exprimer leur reconnaissance à cette Belgique qui a bien voulu restituter la dent de Lumumba. Or, en pareille circonstance, pour des personnes qui ont le sens de la dignité et de l’honneur, il ne s’agit, ni de gratitude ni de réjouissances, mais de gravité et de colère car Lumumba n’est pas mort de maladie. Il a subi d’atroces souffrances, a été torturé, humilié et animalisé. Son corps a été découpé en morceaux, puis dissous dans de l’acide sulfurique. En plus du silence que commande un tel événement, il faut se poser quelques questions : Qu'est-ce qui prouve que cette dent appartient à l’ancien Premier ministre du Congo ? A-t-on procédé à un test ADN ? Pourquoi le leader congolais fut-il assassiné ?
Lumumba fut éliminé parce que, dans son discours prononcé devant Gustave Baudoin, le roi des Belges, le 30 juin 1960, il avait déclaré que son pays traiterait désormais d’égal à égal avec l’ancienne puissance colonisatrice et que les Congolais étaient fiers d’avoir mené la lutte contre le colonialisme qui les méprisait, les bastonnait, les exploitait, les chosifiait et crachait sur eux, parce qu’il voulait “montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté et faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière”, parce que sa proximité avec Moscou et Pékin dérangeait les pays occidentaux.
À supposer que ce soit vraiment la dent de Lumumba, pourquoi la Belgique a-t-elle attendu 61 ans pour la restituer ? Faire tuer quelqu'un parce qu'il a dit ce qu’il pensait, parce qu’il refusait d'être un traître à la patrie, parce qu'il voulait défendre les intérêts de son peuple, et faire semblant de regretter ce crime six décennies après, n'est-ce pas un peu trop facile ? Quand on sait que le Blanc ne fait jamais rien pour rien, on peut se demander si les Belges ne poursuivent pas un objectif précis en restituant la dent de Lumumba. La France et l’Europe en général n’ont plus bonne presse en Afrique. Un peu partout, on assiste à une rébellion de la jeunesse africaine contre l’homme blanc. De Dakar à N’Djamena en passant par Bamako et Ouagadougou, les peuples africains demandent la fin du franc CFA, le départ des bases militaires étrangères et la non-immixtion de l’Europe dans les affaires africaines. Dans ce contexte, on peut bien imaginer que les Européens veulent se servir de la restitution de la dent de Lumumba et du retour des œuvres d’art africains pour se “réconcilier” avec les Africains. On peut croire que, en posant un tel geste, ils espèrent faire baisser la tension entre l’Afrique et l’Europe. Mais suffira-t-il de rendre la dent de Lumumba pour que les Africains ne gardent plus une dent contre l’Occident ? Rien n’est moins sûr. Car il y a un lourd contentieux entre les deux continents. Trop de blessures ont été injustement infligées à l’Afrique. Il est illusoire de penser que ce sont des gestes symboliques qui pourront guérir ces blessures.
Au-delà de sa famille et de son pays, Lumumba appartient à toute l'Afrique. Cette Afrique, qui n'a pas fini de le pleurer, devrait dire non à de petits arrangements entre le gouvernement belge et la famille de Lumumba. Elle ne devrait pas non plus accepter les plates excuses d'une Europe qui n'a pas encore démontré par des actes qu'elle a dit adieu au crime, à la barbarie et au racisme.
Les pays qui ont trempé dans le lâche assassinat de Lumumba doivent être jugés en Afrique. C’est le minimum qui puisse être exigé par un peuple qui souhaite se faire respecter.
Y en a marre des excuses hypocrites et des larmes de crocodile.
À l'occasion de la fête de la musique 2022, le chanteur sénégalais s'est produit à l'Elysée devant le couple présidentiel Emmanuel Macron et sa Femme Brigitte Macron
À l'occasion de la fête de la musique 2022, le chanteur sénégalais s'est produit à l'Elysée devant le couple présidentiel Emmanuel Macron et sa Femme Brigitte Macron.
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DAK'ART 2022, LES BONNES NOTES D'UN EXPERT
Quelle évaluation faire du Dak’Art 2022 ? Comment s’organise un projet d’expo et quel rôle joue un commissaire ? Certains peuples sont-ils plus ou moins sensible à l’art ? Réponses du commissaire d’expo Idrissa Diallo
La 14è édition de l’art africain contemporain de Dakar a vécu. Mais les souvenirs de la créativité et l’engouement particulier des visiteurs resteront.
Au dernier jour de cette grand-messe de l’art africain, nous avons eu l'occasion de rencontrer un commissaire d’expo très au fait des questions ayant trait à l’art et à la culture et qui nous a eccordé un entretien. Il s’agit d’Idrissa Diallo que nous avons rencontré à la Maison de la culture Douta Seck où a eu lieu l'expo du projet Black Rock dans le cadre du Dak'art 2022.
Avec Avec Idrissa Diallo, nous avons explorer ce que ce sont les prérogatives d'un commissaire d’expo, comment travaille-t-il et quels sont les profils possibles cette activité artistique. Sur un autre plan, Idrissa Diallo jette un regard sur cette édition du Dak'art après un report dû à la pandémie.
Pour lui il a un engouement particulier pour cette édition de la Biennale et il y a eu beaucoup d'oeuvre. Pralant de la sensibilité à l'art, ce connaisseur estime que cela n"a rien à avoir avec nos oriigine.
Toutefois, une éducation à l'art y aiderait beuacouop.
Suivre l'entretien dans cette vidéo.
LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE SAISIT SUR LE CAS DES DÉPUTÉS ACTUELLEMENT EN PRISON
Trois députés sont en prison. Il s’agit de Déthié Fall, Mame Diarra Fam arrêtés lors de la manifestation de Yewwi askan wi (Yaw), le 17 juin dernier, mais aussi Cheikh Abdou Mbacké écroué pour offense au chef de l’Etat
Trois députés sont en prison. Il s’agit de Déthié Fall, Mame Diarra Fam arrêtés lors de la manifestation de Yewwi askan wi (Yaw), le 17 juin dernier, mais aussi Cheikh Abdou Mbacké écroué pour offense au chef de l’Etat. Six (6) parlementaires ont adressé au président de l’Assemblée nationale des demandes visant à faire arrêter les poursuites contre leurs collègues, selon un communiqué. Théodore Cherif Monteil, Marième Soda Ndiaye, Marie Saw Ndiaye, Toussaint Manga, Oulimata Guiro et Aïssatou Mbodji disent avoir saisi Moustapha Niasse « conformément aux articles 51 et 52 de la Loi organique portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale ».
Selon eux, Mame Diarra Fam et Déthié Fall ont été arrêtés « illégalement » et les délits qui leurs sont reprochés sont « infondés ». De même, ils soulignent que dans l’affaire Cheikh Abdou Mbacké, la justice a « outrepassé ses pouvoirs en arrêtant un député sous le régime du flagrant délit, pour ensuite vouloir le poursuivre pour d’autres motifs dans le cadre d’une instruction judiciaire, sans l’autorisation de l’assemblée nationale ».
Les signataires de la lettre invite le président de l’Assemblée à « prendre toutes les mesures idoines que lui confèrent la loi en mettant en place une commission ad hoc tel que stipulé par l’alinéa 1 de l’article 52 du Règlement intérieur de l’Assemblée afin de faire suspendre toutes les poursuites et aussi de faire lever les détentions conformément à l’alinéa 5 de l’article 51 de notre Règlement intérieur ». Et cela « dans le souci de protéger l’Institution parlementaire ». Ils appellent, par ailleurs, le Gouvernement à « respecter les libertés individuelles et à garantir à tous les citoyens sénégalais leur droit de manifester et d’exprimer leur opinion conformément à la Constitution ».
PROCES D'AIDARA, LA DÉFENSE PARLE DU RENVOI ET PLAIDE NON COUPABLE
Présents ce vendredi au tribunal de Pikine-Guédiawaye, le maire Ahmed Aïdara et Cie devront prendre leur mal en patience. En effet, leur procès a été renvoyé jusqu’au lundi prochain par le maître des poursuites.
Présents ce vendredi au tribunal de Pikine-Guédiawaye, le maire Ahmed Aïdara et Cie devront prendre leur mal en patience. En effet, leur procès a été renvoyé jusqu’au lundi prochain par le maître des poursuites. Ce dernier a invoqué des raisons administratives pour solliciter le renvoi. Le tribunal a finalement accédé à sa demande. Cependant, les avocats étaient prêts pour que cette affaire soit jugée. « Le procès a été renvoyé par le tribunal à la demande du procureur de la République. Nous les avocats, nous ne souhaitons pas que cette affaire soit renvoyée. Parce qu’en droit cette affaire est à même d’être jugée aujourd’hui.
Maintenant, nous respectons la décision du tribunal qui a décidé de renvoyer à la demande du parquet à lundi prochain. A cette date, l’affaire ne sera plus renvoyée elle sera retenue », a dit Me Dieng, un des avocats du maire de Guédiawaye. Toutefois, les robes noires estiment que le motif du renvoi invoqué par le procureur de la République ne semble pas correspondre aux canaux du droit pénal. « Parce qu’il a demandé le renvoi pour des raisons administratives. Nous lui avons opposé des arguments de texte à savoir l’article 380 et 381 du code de procédure pénale pour s’opposer au renvoi de cette audience. Mais, nous allons tous être là le lundi pour que le droit soit dit et bien. Et si le droit est dit et bien dit, je suis à peu près certain que ce jour-là, le maire de la ville de Guédiawaye retrouvera ses administrés. C’est tout le mal que nous souhaitons à Ahmed Aïdara et Cie », a dit la robe noire.
Par ailleurs, l’avocat a soutenu qu’ils sont sereins eux les avocats. « Ce procès nous le voulons serein et nous voulons un débat juridique clair pour démontrer à la face de tous les sénégalais que le maire encore moins les gens qui sont avec lui n’ont commis des infractions prohibées ici au Sénégal », a-t-il aussi dit. Parlant du maire de Guédiawaye, il a affirmé qu’il a le moral. « Je le connaissais bien avant qu’il embrasse sa carrière dans les médias. Il a toujours été serein et c’est un homme pieux qui est à cheval sur des principes. C’est un républicain. Il a gagné la commune sur la base d’élections libres et disputées.
Donc, cette personne ne fera rien qui puisse de mon point de vue porter atteinte aux principes gouvernant l’Etat de droit. Nous pensons jusqu’à preuve du contraire que le Sénégal est un Etat de droit. Si on s’en tient à cela, il doit être libéré de ces charges par la justice de notre pays », a-t-il déclaré. Avant de conclure : « nous avons lu le dossier et nous sommes allés plusieurs fois à la prison de Sébikotane rencontrer Ahmed Aïdara. Je suis sûr qu’il n’a pas commis le chef d’infraction visé par le parquet. Donc, nous allons plaider pour le renvoi des fins de la poursuite. Je pense que le ministère public sera à nos côtés pour requérir à décharge ».