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20 juin 2025
MACKY SALL GRACIE 824 PERSONNES
Le président de la République, Macky Sall, a gracié 824 personnes condamnées pour diverses infractions, a-t-on appris du ministère de la Justice, dimanche, à la veille du 62e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.
Dakar, 3 avr (APS) - Le président de la République, Macky Sall, a gracié 824 personnes condamnées pour diverses infractions, a-t-on appris du ministère de la Justice, dimanche, à la veille du 62e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.
Ces personnes graciées, définitivement condamnées pour des infractions diverses, étaient incarcérées dans les différents établissements pénitentiaires du Sénégal, précise un communiqué.
Les bénéficiaires de cette mesure de clémence sont des délinquants primaires, des détenus présentant des gages de resocialisation ou âgés de plus de soixante-cinq (65) ans, des individus gravement malades et des mineurs, ajoute le ministère de la Justice dans son communiqué.
À SAINT-LOUIS, LES MYTHES SURVIVENT AU TEMPS DE LA MODERNITÉ
Le patrimoine immatériel de la ville tricentenaire, est d’une richesse infinie. Les croyances populaires très enracinées continuent de défier le temps. Elles peuplent les esprits et les espaces malgré les mutations sociales
Le patrimoine immatériel de Saint-Louis, ville tricentenaire, est d’une richesse infinie. Les croyances populaires très enracinées continuent de défier le temps. Elles peuplent les esprits et les espaces malgré les mutations sociales et les aspirations nouvelles, la modernité et la réécriture de l’aventure collective.
Le récit mythologique habite le « peuple » de Ndar, Saint-Louis, ville tricentenaire frappée par sa modernité et ses traditions bien ancrées. Mame Coumba Bang, génie tutélaire des eaux, y circule le jour et la nuit pour surveiller cette vieille cité, ses populations, le fleuve et la mer. A Sor-Daga, l’histoire du baobab-totem multiséculaire, « Gouye-Seddelé », continue d’éveiller la curiosité tout comme le djinn « Reukeul-Mba-Meu-Reuk ». Dans la mémoire collective sont également consignés le cheval se mettant au galop sur une seule patte sur le Pont Faidherbe, les deux mystérieuses barriques…Les récits foisonnent.
Certains habitants de Saint-Louis soutiennent toujours avec véhémence que Mame Coumba Bang est « la fille des eaux », une sirène à la beauté incommensurable ; une divinité du fleuve et de la mer, qui aurait le pouvoir de se métamorphoser en simple ménagère pour aller faire ses courses au marché. Pour d’autres, ce génie tutélaire avait l’habitude de s’asseoir sur un banc au milieu du fleuve, amusant ainsi les esprits les plus jeunes peu attachés à ce mythe. C’est tout le contraire de P. Diabira Gaye, âgée de 83 ans, domiciliée dans le Gandiolais. Ses amies d’enfance accordaient une grande importance aux sacrifices à faire pour bénéficier de la protection de ce génie. « A l’époque, dit-elle, avant de baptiser un enfant, on avait le réflexe de déposer une offrande dans le fleuve, composée d’un bon plat de bouillie de mil accompagnée de lait pasteurisé. A l’aller comme au retour, on n’avait pas le droit de se retourner. Il arrivait aussi que ce génie protecteur de Saint-Louis se fâche si une embarcation heurte ses petit-fils ou si on ne fait pas de sacrifice avant de démarrer des travaux de réhabilitation du pont Faidherbe ». Elle fait allusion aux raz-de-marée récurrents qui se produisent dans la Langue de Barbarie, à la raréfaction des ressources halieutiques, aux nombreux cas de noyade, aux houles dangereuses, qui seraient dus à l’action de ce génie.
Un vieux reporter photographe, El Hadj Adama Sylla, âgé de 88 ans et domicilié à Ndiolofène, est resté profondément marqué par cette légende. Trouvé dans son atelier, il fait savoir que ce génie se manifestait après avoir attendu en vain ses offrandes. L’un de ses petits-fils, feu Seydou Diallo, un menuisier qui vivait à Gokhou-Mbathie, confie-t-il, avait le pouvoir de repêcher, d’une manière très mystique et mystérieuse, les noyés à la demande des sapeurs-pompiers. « Pour repêcher un corps sans vie, il était obligé de formuler des prières accompagnées d’offrandes, avant de jeter sa bague magique dans le fleuve pour repérer l’endroit où il devait plonger. Quelques instants plus tard, il ressortait de l’eau en demandant qu’on lui donne un pagne qui devait lui permettre de recouvrir le corps », se rappelle-t-il, marqué par les prouesses de cette âme disparue. Si l’opération échoue, renchérit un autre octogénaire rencontré à Pikine Bas-Sénégal, Alé Banda Diop, « il demandait aux parents du noyé de sacrifier un coq rouge, avant de faire une autre plongée dans le fleuve pour récupérer le corps sans vie, retenu quelque part au fond de l’eau ».
Les mets chauds de Mame Coumba Bang
Il arrivait souvent, a-t-il poursuivi, que le brave Seydou Diallo fasse le tour de la ville, avant l’hivernage, pour collecter les offrandes devant permettre au génie de protéger les populations contre ces noyades. « De temps à autre, il ressortait du fleuve avec un bon plat de riz au poisson, un bol de bouillie de mil accompagnée de lait caillé, pour les offrir aux habitants de la vieille cité. C’était une manière de leur faire comprendre qu’il suffisait juste d’en goûter pour bénéficier de la protection du génie ».
Dans son livre intitulé « Saint-Louis, d’hier à aujourd’hui », Abdoul Hadir Aïdara, ancien Directeur du Crds, a rappelé que la dame Adja Fatma Samb, qui a vécu à la pointe Sud de l’île, avait raconté dans quelles circonstances elle avait aperçu, en 1939, Mame Coumba Bang. Cette vieille dame, indique-t-il, avait à peine 20 ans au moment où elle était jeune cuisinière au service d’un jeune capitaine de génie militaire de l’armée coloniale. « Fatma Samb repassait à l’heure de la sieste, lorsqu’elle vit une femme assise tranquillement sur un pieu au bord du fleuve. Prise de peur, elle alla se confier à sa tante Fatou Ndiaye Amy Yalla, cuisinière et matrone du quartier, qui lui confirma que c’était bel et bien Mame Coumba Bang », relate M. Aïdara. Ce dernier cite dans son livre, Diaw Singuelti Diop, une dame née en 1919, qui affirme que Mame Coumba Bang est la mère d’une grande famille. Ancêtre des esprits du fleuve, elle coifferait tous les génies. L’avait-elle ainsi décrite comme une femme vêtue d’un pagne blanc rayé d’une bande noire, portant une chevelure très abondante qui descend jusqu’aux hanches.
Aïdara soutient qu’un Européen raconte qu’il avait croisé ce génie vers trois heures du matin, en rentrant chez lui. Elle présentait un visage de vieille dame et insistait pour que l’homme la raccompagne chez elle. Cet Européen, qui vivait à Saint-Louis depuis de longues années, affirme qu’il n’avait jamais rencontré une si mystérieuse femme.
« Guy sedële », baobab-totem
Un vieux pêcheur du nom de G. Dame Sène, âgé de 79 ans, originaire de Guet-Ndar et relogé dans le Toubé, entre Ndialakhar et Ndiabène-Toubé, raconte la fameuse histoire de « Guy sedële », le baobab-totem, avec enthousiasme. « A l’époque, narre-t-il, les jeunes circoncis âgés de 18 à 20 ans étaient obligés de se présenter devant cet arbre en suivant un rituel pour conjurer le mauvais sort. Malheureusement, cet arbre géant et sacré s’est effondré en 1986, laissant orpheline toute une communauté ».
En effet, pour combler ce vide culturel, l’Ong « Guy Sedële » qui porte le nom de ce baobab totem, eut le réflexe de raviver cette « flamme » de l’histoire de Saint-Louis. Avec un pragmatisme légendaire et en étroite collaboration avec les autorités administratives et municipales, les services régionaux de l’environnement, des Eaux et Forêts et autres partenaires, cette Ong a pu replanter cet arbre. Une opération de reboisement qui s’est déroulée le 11 mai 2018 dans le faubourg de Sor, en présence de nombreux fils et ressortissants de Saint-Louis et autres nostalgiques qui ont eu à sacrifier à cette tradition devant cet arbre dès leur tendre enfance. L’émotion était indescriptible. Plusieurs intervenants s’étaient succédé au micro pour réitérer leur engagement indéfectible à protéger et sauvegarder ce « patrimoine culturel ». Une belle cérémonie, riche en sons et couleurs, animée avec brio par le célèbre chanteur de Saint-Louis, Abdou Guité Seck et des troupes folkloriques qui nous ont fait revivre le beau temps des « kassak » et autres belles chansons qui étaient savamment conçues pour sublimer les jeunes circoncis.
Le vieux Sène a même eu l’occasion de faire partie, dès sa tendre enfance, d’un groupe de circoncis qui ont administré des coups de couteau au tronc du baobab, avant d’y inscrire leurs noms. Ces derniers, pour obtenir auprès du génie qui habitait dans ce baobab, une guérison rapide, étaient obligés de coller au tronc de cet arbre géant, une chaussure ou un autre objet, en y enfonçant un gros clou.
« Rekël mba ma rëk », le « nain capricieux »
« Rekël mba ma rëk », c’est le récit mythologique d’un djinn qui apparaissait la nuit sous la forme d’un nain pour sommer les passants de lui donner un coup de poing ou d’en recevoir de sa part. Dans les deux cas, on passe inéluctablement de vie à trépas. Selon les témoignages, les agissements de ce nain « capricieux » étaient imprévisibles. « Ce génie pouvait nous surprendre à n’importe quel moment de la nuit et à n’importe quel endroit de la ville. C’est la raison pour laquelle les noctambules s’arrangeaient pour se déplacer en groupe pour l’empêcher de sortir de son trou », raconte la septuagénaire Mame Astou Massa Diop qui habite à Darou-Sor, Keur Ibra Falang.
Malamine Ndiaye Sarr, 75 ans, enseignant à la retraite, domicilié à Ndiawsir, dans la commune de Gandon et originaire de Diawlingue, dans le faubourg de Sor, se rappelle également de l’histoire du cheval qui galopait sur une seule patte sur le pont, pour rendre fous les passants. Il en est de même des deux fameuses barriques qui se déplaçaient à partir des extrémités d’une rue pour prendre en sandwich les épicuriens de la nuit. « Dans notre jeunesse, on nous demandait aussi d’éviter de circuler à Roxu-jinné, à Diawlingue ».
Selon le vieux Sarr, la ville est marquée par d’autres légendes vivantes qui occupent une place très importante dans son histoire. Elles continuent de faire de Saint-Louis une belle terre où cohabitent mythes et réalités.
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SENEPLUS COMME LIANT DE L'INTELLIGENTSIA SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Destruction de l'environnement, violence contre les femmes et les enfants, langues nationales... Penda Mbow plaide pour l'émergence d'un mouvement intellectuel susceptible d'influencer l'agenda politique sur des questions sociétales
Dans le long combat contre les violences faites aux femmes et aux enfants, la destruction de l'environnement ; ainsi que la promotion des langues nationales, Penda Mbow pense que SenePlus a une part à prendre. Notamment en jouant un rôle de connecteur des différentes tendances intellectuelles du pays et de sa diaspora, de sorte à imposer aux politiques la prise en compte de ces différentes questions sociétales cruciales.
L'historienne et ancienne ministre de la Culture s'en est ouverte, jeudi 31 mars, lors de la rencontre d'échange organisée à Dakar sur le thème "Littérature, Culture et Consensus sociétaux" avec Felwine Sarr, Mohamed Mbougar Sarr, Aboulaye Elime Kane, Elgas et plusieurs autres participants de prestige.
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REVENIR AU PLURALISME DE LA PENSÉE
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est la critique qui fait avancer la société. Ce n'est pas le mimétisme ou l'homogénéisation des consciences. L'intolérance est à combattre - Le fort plaidoyer d'Abdoulaye Bathily pour l'épanouissement de la production intellectuelle
Parmi les intervenants de la rencontre organisée par SenePlus.com, jeudi 31 mars 2022 sur le thème "Littérature, Culture et Consensus sociétaux", figurait Abdoulaye Bathily. L'historien et ancien ministre d'État s'est insurgé, dans son adresse à l'auditoire, contre le règne de la censure qui prévaut au pays de la Téranga depuis quelques années. Un contexte qui, regrette-t-il, contraste avec une certaine époque où le pluralisme avait encore droit de cité au Sénégal, malgré les tendances religieuses diverses.
"N'ayez pas peur ! Continuez, produisez !", a notamment lancé l'universitaire à l'endroit de Mohamed Mbougar Sarr, Elgas, Felwine Sarr et les autres intellectuels dont les oeuvres participent d'un éveil des consciences contre l'obscurantisme.
PAR Ali Hojeij
DIPLOMATIE, QUAND LA FRANCE NE FAIT PLUS RÊVER
Mais l’action culturelle de la France est fragilisée. Son imaginaire est daté. La vision de nos diplomates est parfois strabique ou dépassée. La souveraineté de nos partenaires n’est pas toujours respectée
Jeune Afrique |
Ali Hojeij |
Publication 03/04/2022
La démocratie libérale recule dans le monde, et le retour par l’Est du tragique en Europe escamote le débat démocratique français. Il a aussi pour regrettable effet de limiter la confrontation d’idées que le scrutin présidentiel a pourtant vocation à favoriser.
Dans un monde où l’ordre international est bousculé et où l’hégémonie occidentale semble dépassée, l’avenir de notre diplomatie française aurait mérité un vrai débat.
Et ce, d’autant plus qu’une réforme dite de l’encadrement supérieur de la haute fonction publique conduira à la suppression, dans l’Hexagone, dès janvier 2023, de deux corps diplomatiques, au profit d’un corps interministériel unique, celui des administrateurs d’État : en ambassade, à l’exception notable de nos ambassadeurs, il n’y aura donc plus de diplomates de métier. Pour le meilleur ou pour le pire.
Changer de ton
Comment, dans ces circonstances, s’organisera l’action extérieure française dans les prochaines années ? C’est une discussion majeure que nous n’aurons pas. Son importance est pourtant avérée, en particulier pour les Français de l’étranger, dont parfois 80 % s’abstiennent de participer aux scrutins électoraux.
Je pense notamment au continent africain, qui fait beaucoup parler de lui pendant la campagne, parfois avec condescendance, souvent sous le prisme de l’actualité migratoire ou militaire, et alors même que tous les candidats s’accordent par ailleurs à reconnaître qu’Europe et Afrique ont destin lié.
Lors du vote, à l’Assemblée générale des Nations unies, condamnant l’invasion russe en Ukraine, des pays du continent tels que l’Afrique du Sud, le Sénégal et l’Algérie se sont abstenus, comme d’ailleurs la Chine et l’Inde, quand le Maroc et l’Éthiopie n’ont tout simplement pas pris part au scrutin. Et puis il y a les pays que l’on préfère ne pas lister, mais qui ont voté la résolution à contrecœur, cédant à une pression qui provenait parfois de la France.
Nous devons adapter notre action extérieure aux nouveaux défis de l’époque, en commençant par changer de ton avec nos partenaires. Entre le premier suffrage universel en France, le 11 août 1792, et le premier vote des femmes, le 19 avril 1945, il s’est passé plus de cent cinquante ans : à qui souhaitons-nous donner des leçons ?
Changer de ton, c’est aussi cesser les discours grandiloquents. La ritournelle des poncifs humanistes à laquelle on a été habitué pendant les derniers quinquennats peut rendre un discours agréable. Elle ne constitue pas pour autant une modalité efficace de notre action politico-diplomatique.
Face au ressentiment antifrançais d’une part, qui croît en Afrique pour des raisons qui ne sauraient tenir qu’aux seules entreprises de manipulation de nos rivaux, et d’autre part aux importants efforts qui sont fournis sur le continent par de puissants adversaires de la démocratie libérale, notamment la Chine, la Russie et la Turquie, quels moyens la France souhaite-t-elle se donner pour accomplir son destin de puissance d’équilibre ?
Artiste chanteur, Sidy Samba a beaucoup aimé la musique andalouse. Depuis des années, il fait un savant mélange avec la musique espagnole et sénégalaise.
A cheval entre l'Espagne et le Sénégal, Sidy Samb est établi depuis une trentaine d'année au pays de Miguel de Cervantes. Lors de la cérémonie d'inauguration de l'Institut Cervantes de Dakar, le 13 décembre dernier, il était l'un des artistes invités.
Artistes éclectique, Sidy Samb mêle les sonorités africaines à celles espagnoles. Revivez sa prestation lors de cette cérémonie d'inauguration en présence de la reine Letizia Ortiz, de l'ambassadrice d'Espagne et des autorités sénégalaises.
Regardez
par l'éditorialiste de seneplus, Jean-Claude Djéréké
LES AFRICAINS DOIVENT-ILS CONTINUER À CHEMINER AVEC DES GENS QUI LES MÉPRISENT ?
EXCLUSIF SENEPLUS - “L’heure de nous-mêmes a sonné” (Césaire) mais c'est étape après étape que nous devons aller à l'autonomie. La question qui se pose à nous est la suivante : Sur qui pouvons-nous nous appuyer pour mieux défendre nos intérêts ?
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 02/04/2022
Il y a quelques jours, Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, demandait que l’Europe arrête d'aider les 27 pays africains qui se sont abstenus ou ont voté contre la résolution présentée à l’ONU le 2 mars pour condamner la Russie. Pour l’ancienne ministre allemande de la Défense, si l’Afrique n’est pas avec l’Europe, c’est qu’elle est contre elle.
La fameuse aide au développement de l'Afrique est plus un mythe qu'une réalité. Les Africains continuent de l'attendre comme Estragon attendait Godot dans la pièce de théâtre de Samuel Beckett. Je ne parlerai donc pas de quelque chose qui n'a jamais existé. Je voudrais plutôt m’intéresser à la réaction des Africains qui ont lu cette déclaration surréaliste. La plupart d’entre eux ont dit que l’Europe était devenue un État totalitaire aux ordres des États-Unis. Le verbe “devenir” ne me semble pas exact car l’Europe a toujours été totalitaire, antidémocratique, arrogante et condescendante dans son rapport à l’Afrique. Pour s’en convaincre, il suffit de se référer à l'article 3 de la charte de l’impérialisme qui affirme ceci : “Tout pouvoir dans les pays du tiers-monde émane de nous, qui l’exerçons par la pression sur les dirigeants qui ne sont que nos marionnettes. Aucun organe du tiers-monde ne peut s’en attribuer l’exercice.” L’article 7 ajoute : “Tout pouvoir qui oppose la moindre résistance à nos injonctions perd par le fait même sa légalité, sa légitimité et sa crédibilité. Il doit disparaître.” Le meilleur se trouve sans doute dans l’article 12 selon lequel “les peuples du tiers-monde n’ont pas d’opinion ni de droit, ils subissent notre loi et notre droit”.
De bonne foi, nos ancêtres ont suivi ces gens-là. Nous, leurs descendants, avons été à leur école pour “apprendre l’art de vaincre sans avoir raison et celui de lier le bois au bois” (La grande Royale dans ‘L’Aventure ambiguë’ de Cheikh Hamidou Kane), avons abandonné nos religions pour adopter les leurs, avons combattu et perdu la vie pour eux parce que nous croyions que nous étions des frères et des égaux mais le temps nous a montré qu’eux voyaient les choses autrement, que, à leurs yeux, nous n’étions que de la chair à canon, des pourvoyeurs de matières premières et des peuples corvéables et exploitables à merci. Le massacre des “tirailleurs” africains au camp de Thiaroye le 1er décembre 1944, la répression des mouvements anticolonialistes, la déportation ou l’assassinat des résistants africains, la mort de Khadafi, etc., malgré le fait que nous fûmes à leurs côtés lorsqu’Adolf Hitler les malmenait et les humiliait, tous ces faits ont conduit Fanon à publier en 1961 ‘Les Damnés de la Terre’ dont voici un extrait : “Il nous faut quitter nos rêves, abandonner nos vieilles croyances et nos amitiés d’avant la vie. Ne perdons pas de temps en stériles litanies ou en mimétismes nauséabonds. Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde. Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue aventure spirituelle elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité.”
Certains ont pensé que Fanon exagérait, qu’il avait succombé à la tentation d’un racisme à rebours, qu'il était un prophète de malheur et un militant excessif. Les derniers propos de la présidente de la Commission européenne ne lui donnent-ils pas raison ? Mais l’Europe, qui, hier, ignora Fanon, fera-t-elle attention à son message aujourd’hui ? J’en doute fort car les peuples totalitaires et impérialistes font rarement leur mea culpa, se remettent difficilement en cause. On ne voit chez eux “qu’entêtement dans l’erreur, persévérance dans le mensonge, absurde prétention de ne s’être jamais trompé, bref une incapacité sénile à se déprendre de soi-même pour se hausser au niveau de l’événement et toutes les ruses puériles d’un orgueil sacerdotal aux abois” (cf. Aimé Césaire, ‘Lettre à Maurice Thorez’, 24 octobre 1956). Le poète martiniquais avait démissionné du Parti communiste français (PCF) parce qu’il ne tolérait pas le silence de ce parti sur les crimes de Staline après les révélations de Khrouchtchev. Or un peuple qui refuse de reconnaître ses crimes et de s’en détourner est condamné à perdre son influence. Michel Onfray parle même de décadence : “ Je nomme décadence ce qui advient après la pleine puissance et qui conduit vers la fin de cette même puissance." (cf. ‘Décadence. De Jésus à Ben Laden, vie et mort de l’Occident’, Paris, Flammarion, 2017)
Onfray, qui est un homme cultivé, avait probablement lu le texte de la conférence d’Alexandre Soljenitsyne (1918-2018) sur “Le déclin du courage” à Havard en 1978, conférence au cours de laquelle le philosophe-écrivain russe faisait la mise en garde suivante : “Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. Le système occidental va vers son état ultime d’épuisement spirituel : le juridisme sans âme, l’humanisme rationaliste, l’abolition de la vie intérieure… Toutes vos élites ont perdu le sens des valeurs supérieures.”
La décadence de l’Occident prouve que “l’histoire du monde n’est pas finie” et qu’il nous faut croire avec la Guadeloupéenne Maryse Condé que viendra un jour “où les hommes se rappelleront qu’ils sont des frères et seront plus tolérants. Ils n’auront plus peur les uns des autres, de celui-ci à cause de sa religion ou de celui-là à cause de la couleur de sa peau, de cet autre à cause de son parler” (cf. ‘Le Nouvel Obs’ du 9 juin 2017).
La présence de la Russie en Centrafrique et au Mali ne rassure pas certains Africains qui font remarquer à juste titre d'ailleurs qu’il ne s’agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul, que l’Afrique doit tracer sa propre voie. Personnellement, je ne demande pas aux Africains de faire allégeance à Poutine pour la simple raison que ce dernier n’a jamais souhaité pareille chose. Ça, c’est le premier point. Le second point, c’est que les Russes n’ont colonisé aucun pays en Afrique. Au contraire, ils ont aidé certains mouvements de libération dans leur lutte contre la colonisation. Il s’agit, entre autres, du FRELIMO (Mozambique), du MPLA (Angola), du FLN (Algérie), de la SWAPO (Namibie), de l’ANC (Afrique du Sud), du PAIGC (Guinée-Bissau). Troisièmement, la Russie possède plus de ressources naturelles que les pays européens et, donc, sera moins gourmande en Afrique. Le quatrième point, c’est que la Russie est militairement supérieure à plusieurs pays européens comme elle l'a démontré en Syrie en 2015. Enfin, le respect de la parole donnée et la fidélité ne sont pas des mots creux avec les Russes. Ces derniers n’ont ni la réputation, ni l’habitude d’abandonner leurs alliés "en plein vol". Il est clair que l’Occident aurait eu la peau de Bashar Al-Assad (Syrie) et de Nicolas Maduro (Venezuela) si Vladimir Poutine n’avait pas été là. Se mettre sous la coupe de la Russie et lui demander de nous aider à devenir militairement forts et à nous affranchir progressivement de l’Europe prédatrice et criminelle sont deux choses différentes. Ceux qui critiquent la coopération avec la Russie ne disent pas comment il faudrait faire pour que la France ne puisse plus s’ingérer dans nos affaires. Ils estiment que la Russie ne devrait pas envahir l’Ukraine mais savent-ils que c’est de ce pays que partaient les armes pour attaquer la Syrie, la Libye et le Mali si l’on en croit Charles Gave, entrepreneur et fondateur de l’Institut des libertés ? Trouvent-ils normal que la France, après avoir interdit les médias russes sur son sol, s'offusque de la suspension de RFI et de France 24 par le gouvernement malien pour diffusion d’informations visant à discréditer les autorités de la transition et à monter la population contre elles ?
Certes, “l’heure de nous-mêmes a sonné” (Césaire) mais c'est étape après étape que nous devons aller à l'autonomie. La question qui se pose à nous aujourd'hui est la suivante : Sur qui pouvons-nous nous appuyer pour mieux défendre nos intérêts ? Autrement dit, qui est en mesure de nous aider à progresser tout en respectant notre vision du monde et notre manière d’être ?
Longtemps, l'Afrique subsaharienne n'était dans l'agenda diplomatique de l'Espagne qui s'activait du côté de l'Amérique Latine et du Maghreb. Mais depuis quelque temps, le Royaume a reconsidéré son choix. L'Instituto Cervantes de Dakar est ainsi né
Le Royaume d'Espagne est dans une nouvelle dynamique en ce qui concerne la diplomatie en Afrique subsaharienne. Et c’est avec la Culture qu’elle veut marquer sa présence dans la région à travers son centre culturel, Instituto Cervantes. Inauguré le 13 décembre 2021, en grandes pompes par la reine Letizia Ortiz en personne, le tout premier centre culturel espagnol de toute l’Afrique subsaharienne installé à Dakar, a officiellement démarré ses activités à son siège dans le quartier de Fann.
Au menu de ses activités, conférences, des expos, des cours d’espagnol et surtout l’appui aux professeurs d’espagnol, entre autres de dérouleront dans cette institution. La coopération culturelle sera au cœur de ses missions en plus de la promotion de la langue espagnole qui offre des opportunités dans un contexte de la mondialisation.
Dans cet entretien, Nestor Nongo Nsala, le directeur de l’Instituto Cervantes, explique les enjeux et le rôle de cette institution dans le dispositif de la coopération espagnole en Afrique en général et au Sénégal en particulier. Natif de la République démocratique du Congo et devenu espagnol à part entière explique aussi que l’Espagne n’est pas dans une démarche d’imposer sa langue et sa culture mais dans une dynamique de coopérer
AUGUSTIN SENGHOR VISE LES DEMI-FINALES DU MONDIAL AVEC LE SÉNÉGAL
Lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2022, vendredi 1er avril, les champions d’Afrique ont hérité du groupe A avec le Qatar, pays organisateur, les Pays-Bas et l’Équateur. Une poule ouverte selon le président de la Fédération sénégalaise de foot
Lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2022, ce vendredi 1er avril, les champions d’Afrique sénégalais ont hérité du groupe A avec le Qatar, pays organisateur, les Pays-Bas et l’Équateur. Une poule « ouverte » selon le président de la Fédération sénégalaise de football, Augustin Senghor, qui espère que le Sénégal se hissera « pour la première fois en demi-finale ».
RFI : Le Sénégal placé dans le groupe A avec le Qatar, les Pays-Bas et l’Équateur. Comment qualifieriez-vous cette poule?
Augustin Senghor : C’est vraiment le groupe le plus hétéroclite : une sélection européenne, une sud-américaine et une de la confédération asiatique. Ce sera très ouvert, équilibré et intéressant. Ce sont des footballs variés.
Les Pays-Bas, c’est une grande sélection d’Europe qui brille moins que par le passé mais qu’il faut respecter pour ce qu’elle représente. Le pays hôte, ce n’est jamais facile même si c’est le Qatar. Enfin, l’Équateur, c’est le football sud-américain typique, difficile à jouer, accrocheur. Tout cela nous offre un cocktail détonnant. Mais nous étions prêts à affronter tout le monde, donc peu importe les adversaires, l’essentiel c’est de nous qualifier pour le deuxième tour.
Dans quel état d’esprit irez-vous au Qatar en novembre ?
L’Afrique a envie de montrer ce qu’elle vaut à la face du monde. On espère être cette locomotive du foot africain et nous hisser pour la première fois en demi-finale.
LA SCIENCE? TROP SÉRIEUSE POUR ÊTRE AUX SEULES MAINS DES HOMMES
Si les filles sont sous-représentées dans les séries scientifiques ce n’est pas faute de potentialités. Il faut questionner l’environnement peu favorable à la gent féminine. Mais STL va pousser, appuyer et contribuer au changement
Ingénieure de formation, Aïssatou Gning a conscience des potentialités que possèdent les jeunes filles dans les matières scientifiques. Malheureusement ces potentialités sont inhibées par l'environnement qui ne favorise pas leur éclosion. C'est pour inverser cette tendance et permettre le plein épanouissement des jeunes filles en sciences qu'Aïssatou Gning s'est engagée comme mentor à Shine to lead/jiggen Jang Tekki afin d'accompagner les jeunes filles dont l'association fait la promotion depuis bientôt cinq années avec des résultats très satisfaisants.
Dans cette entretien avec AfricaGlobe, Mme Gning dit son enthousiasme à assurer ce devoir envers les plus jeunes filles dans leur parcours afin de leur permettre d'exprimer leur potentialités, mais ausi contribuer à la mixité dans les foramtions où les femmes demeurent minoritaires..