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4 septembre 2025
ALIOU CISSÉ A LA PORTE DE SA 4-ÈME ÉLIMINATOIRES DE CAN
Le sélectionneur du Sénégal Aliou Cissé va démarrer ce samedi, contre le Bénin, sa 4-ème phase éliminatoire de Coupe d’Afrique des nations après celles de 2017, 2019 et 2021 avec l’objectif de les terminer sans accroc comme lors des précédents rendez-vous
Dakar, 2 juin (APS) – Le sélectionneur du Sénégal Aliou Cissé va démarrer ce samedi, contre le Bénin, sa 4-ème phase éliminatoire de Coupe d’Afrique des nations, après celles de 2017, 2019 et 2021 avec l’objectif de les terminer sans accroc comme lors des précédents rendez-vous.
Nommé en mai 2015 à la tête des Lions, Cissé a bouclé trois phases éliminatoires de Coupe d’Afrique des nations.
Pour Gabon 2017, il avait réussi un carton plein en gagnant ses six matchs éliminatoires contre le Burundi (2-0 et 2-0), le Niger (2-0 et 2-1) et la Namibie (2-0 et 2-0).
Pour la CAN 2019 qui devait se tenir au Cameroun mais qui a été finalement confiée à l’Egypte, le Sénégal a remporté cinq de ses six matchs. Seul Madagascar avait réussi, lors de la manche aller à domicile, à contraindre le Sénégal au partage des points, 2-2. Les autres adversaires du groupe étaient la Guinée Equatoriale (3-0 et 1-0) et le Soudan (3-0 et 1-0).
Lors de la CAN 2021 au Cameroun, les Lions ont remporté quatre de leurs six matchs. Ils ont été contraints au partage des points par le Congo (0-0) et l’Eswatini (1-1). L’autre adversaire du groupe, la Guinée-Bissau, avait été battue à l’aller (2-0) et au retour (1-0).
La CAN 2023 est programmée en juin prochain en Côte d’Ivoire.
La phase de poules a démarré ce mercredi avec, entre autres résultats, une large victoire (3-0) du Ghana aux dépens de Madagascar.
Pendant son magistère, le sélectionneur national a aussi dirigé le Sénégal pour les éliminatoires de deux phases finales de Coupe du monde pour Russie 2018 et Qatar 2022.
En éliminatoires de la Coupe du monde 2018, le Sénégal partageait le même groupe avec l’Afrique du Sud (2-0 et 2-1), le Burkina Faso (0-0 et 2-2) et le Cap-Vert (2-0 et 2-0).
Pour les éliminatoires de la Coupe du monde Qatar 2022, les adversaires étaient dans un premier temps le Togo (2-0 et 1-1), le Congo (3-1 et 2-0) et la Namibie (4-1 et 3-1). En barrages aller, le Sénégal a perdu (0-1) au Caire avant de gagner à Diamniadio (1-0) et après les tirs au but, 3-1.
ABUJA APPROUVE UN PROJET DE GAZODUC VERS LE MAROC
Le gouvernement nigérian a approuvé un projet de construction d’un gazoduc reliant le Nigeria et le Maroc et qui devrait être l’un des plus longs pipelines offshore du monde, sur environ 7000 km.
Dakar, 2 juin (APS) - Le gouvernement nigérian a approuvé un projet de construction d’un gazoduc reliant le Nigeria et le Maroc et qui devrait être l’un des plus longs pipelines offshore du monde, sur environ 7 000 km.
Ce gazoduc devrait acheminer du gaz vers une douzaine de pays d’Afrique de l’Ouest et le Maroc, et via le Maroc vers l’Espagne et d’autres pays, indique l’agence Chine nouvelle.
Selon le média, le Conseil exécutif fédéral du Nigéria a approuvé mercredi, lors d’une réunion hebdomadaire, une proposition relative à ce projet et présentée par le ministère nigérian des ressources pétrolières.
Il a "ordonné à la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) d’exécuter un protocole d’accord avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour le projet" en question, a déclaré Timipre Sylva, ministre d’État aux ressources pétrolières.
Le projet coordonné par la CEDEAO en était encore au stade de la conception initiale et de l’ingénierie, son coût serait déterminé une fois la conception terminée, a ajouté M. Sylva, cité par Chine nouvelle.
Le média souligne que "le mégaprojet proposé devait être l’un des plus longs pipelines offshore du monde, couvrant environ 7 000 km".
Le Nigeria possède l’une des plus grandes réserves de gaz d’Afrique.
MARIE KHÉMESSE NGOM NDIAYE DÉCLINE UN PAN DE SA STRATÉGIE
La nouvelle ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye, a souligné jeudi, l’importance de miser sur la prévention et d’agir sur les déterminants sociaux, et environnementaux afin d’atteindre les objectifs de santé pour tous.
Dakar, 2 juin (APS) - La nouvelle ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye, a souligné jeudi, l’importance de miser sur la prévention et d’agir sur les déterminants sociaux, et environnementaux afin d’atteindre les objectifs de santé pour tous.
"Nous avons beau acheté des équipements mais si nous n’agissons pas dans la prévention, dans les déterminants sociaux, environnementaux de la santé, on ne pourra pas atteindre les objectifs", a-t-elle indiqué lors de la passation de service avec son prédécesseur, Abdoulaye Diouf Sarr.
Prenant l’exemple de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19, Maire Khémesse Ngom Ndiaye a insisté sur le fait que le pays ne disposait pas toujours des moyens permettant d’assurer une gratuité intégrale de la prise en charge sanitaire, à l’instar des pays davantage développés.
"Il faut que l’action sociale revienne. C’est important d’agir sur les facteurs environnementaux, tels que l’eau, le sol, l’air. Si nous n’agissons pas sur ces éléments quel que soit la personne qui sera à la tête de département, le président à la tête du pays, les objectifs de santé pour tous ne pourraient pas être atteints", a-t-elle expliqué.
L’ancienne directrice de la Santé publique a ainsi souligné la nécessité de continuer le travail, estimant être comptable de l’action de son prédécesseur à la tête du ministère de la Santé.
"Il faut continuer le travail. Je suis comptable de ce que le ministre Abdoulaye Diouf Sarr et tous les anciens ministres de la Santé ont fait. J’ai, depuis le 2 avril dernier, passé 30 ans dans le système de santé. Je me disais que je n’avais plus rien à prouver, mais tout ce que j’ai pu accomplir, l’a été en équipe", a-t-elle fait valoir.
LA COVID-19 AU CŒUR D'UN COLLOQUE INTERNATIONAL A L'UCAD
Un colloque international de deux jours visant à questionner la recherche en anthropologie sur la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 s’est ouvert jeudi à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar
Dakar 2 juin (APS) - Un colloque international de deux jours visant à questionner la recherche en anthropologie sur la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 s’est ouvert jeudi à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, a constaté l’APS.
Le colloque organisé par l’antenne de l’Association d’anthropologie médicale et de santé (AMADES) du Sénégal a pour thème : ’’Covid-19 en Afrique : une épidémie sous le radar ? ".
Intervenant à l’ouverture du colloque, Abdou Salam Fall, sociologue et directeur du Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales (LARTES) de l’IFAN-UCAD, a affirmé que la Covid-19 avait révélé des entraves à l’expression de la culture scientifique.
Abdou Salam Fall a évoqué la "nécessité de favoriser le développement de la culture du risque qui consisterait à mettre à la disposition des citoyens des données probantes et chiffrées leur permettant d’opérer des choix de vie, de consommation, de loisirs et de fréquentations en prévisibilité des risques".
"De ce fait, a-t-il dit, les citoyens auront les moyens d’anticiper les risques en initiant des stratégies assurantielles et des choix responsables."
Il a indiqué qu’il convenait pour les sciences sociales de se donner les moyens de promouvoir la diffusion des données probantes, la régulation des pratiques sociales et la prévention des risques qui proviennent de différentes sources d’une société globalisée et en prisme à un déséquilibre de son écosystème.
Selon lui, le Covid-19 nous invite, ou nous oblige à l’observer comme un fait total en usant de plusieurs loupes, pour capter ses nombreux versants, ses effets et impacts prouvant s’il en est besoin ses dimensions holistiques.
"Vous avez dit radars, allons-y avec les radars des sciences, de toutes les sciences ’’, a-t-il lancé à l’endroit des participants à l’ouverture du Colloque.
La cérémonie d’ouverture de cet événement a été marquée par la présence du doyen de la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie (FMPO) de l’UCAD, le professeur Bara Ndiaye ainsi que de plusieurs universitaires et chercheurs de la sous-région et des institutions.
Alice Desclaux du Réseau d’anthropologie des épidémies émergentes (RAEE), des membres de l’AMADES, dont le docteur Albert Gautier Ndione, ont pris part au Colloque.
"Ces participants vont partager les réflexions, les résultats des recherches anthropologiques, les expériences et les défis liés au Covid-19 dans le contexte Ouest-Africain’’, a expliqué la coordinatrice de l’événement, Rose André Faye, socio-anthropologue à l’UCAD.
Ces participants vont également se pencher sur la manière dont la Covid-19 vient renouveler les objets et les méthodes de la discipline.
"Des séances plénières, des panels, trois tables rondes et quatre sessions de communication se tiendront lors de l’évènement", a de son côté ajouté Khoudia Sow, médecin anthropologue au Centre régional de recherche et de formation à la prise en charge clinique de Fann (CRCF).
Pour cette première journée, les échanges vont tourner sur les résultats de la recherche en anthropologie et les enjeux théoriques, méthodologiques et éthiques soulevés par la pandémie de Covid-19 pour les sciences sociales.
Les échanges de la seconde journée qui vont se tenir au Centre national de lutte contre le Sida (CNLS), réuniront des chercheurs, des représentants de la société civile, du gouvernement, des partenaires techniques et financiers, impliqués dans la réponse au Covid-19.
VIDEO
LA BIENNALE DE DAKAR, CREUSET À TALENTS
Retour sur l'édition 2022 de ce grand rendez-vous de l'art africain marqué par une floraison d'initiatives culturelles
Retour sur l'édition 2022 de ce grand rendez-vous de l'art africain marqué par une floraison d'initiatives culturelles.
Par Seybani SOUGOU
LA JURISPRUDENCE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL QUI ANNULE L'INVALIDATION DE LA LISTE DE YAW
La décision d’Antoine Diom déclarant la liste nationale de YAW irrecevable (titulaires) est une grossière manœuvre de diversion vouée à l’échec, et une pirouette visant à déclarer à posteriori incomplète, une liste complète au moment du dépôt
Le Ministre Antoine DIOM a pris le 30 mai 2022, un arrêté déclarant que la liste des titulaires de YEWWI ASKAN WI au scrutin proportionnel n’est pas recevable, au motif principal qu’elle serait incomplète, au regard des dispositions de l’alinéa 1 de l’’article L.178 du code électoral. Dans sa décision n°1/E/2001 du 23 mars 2001, dite jurisprudence ALE LO (cf Considérant n°5) le Conseil Constitutionnel a souligné de manière claire et nette « que le caractère complet ou incomplet des listes devait toujours être apprécié au moment du dépôt ».
Considérant n°5 de la décision n°1/E/2001
« Considérant que le caractère complet ou incomplet des listes de candidature doit être apprécié à la date de leur dépôt, qu’il apparait par ailleurs que la liste départementale de Tivaouane était complète à la date du 15 mars 2001, date limite de dépôt des candidatures, qu’ainsi que c’est à tort que la décision attaquée a déclaré la liste départementale du parti socialiste irrecevable au motif que ALE LO figurait également sur la liste nationale de la coalition WADE, comme si ce fait était de nature à emporter la caducité de sa première candidature » Le Conseil Constitutionnel est précis « la temporalité, le moment pour déterminer si une liste de candidature est complète, ou incomplète, c’est la date de dépôt ». La double présence d’un candidat sur 2 listes, n’a aucune incidence sur la régularité desdites listes. Et comme pour le marteler, le Conseil Constitutionnel a précisé que c’est à tort que la décision du Ministre a déclaré la liste départementale du part socialiste irrecevable, du fait de la double présence d’ALE LO sur 2 listes, balayant d’un revers de main, l’appréciation du ministre en ces termes « Comme si ce fait (double présence d’ALE LO sur les listes du PS et du PDS) était de nature à emporter la caducité de sa première candidature ». Une abondante jurisprudence conforte la date de dépôt comme seule et unique temporalité permettant d’apprécier si une liste de candidature est complète ou incomplète.
Dans sa Décision n° 2019 – E du 20 janvier 2019 (jurisprudence GAKOU) – Considérant n°14, le Conseil Constitutionnel a précisé que GAKOU a dépassé le nombre de parrainages autorisés par la loi lors du dépôt, soit 62 820 électeurs. Au niveau de la temporalité, la seule date de référence qui fait foi, c’est la date de dépôt. Autrement dit, une liste de candidature complète au moment du dépôt ne plus être déclarée irrecevable à posteriori, au motif que la liste serait incomplète (l’irrecevabilité doit porter sur d’autres motifs). En conséquence, la décision du ministre visant l’alinéa 1 de l’’article L.178 du code électoral pour déclarer la liste de YEWWI irrecevable parce qu’incomplète est frappée de nullité absolue et ne saurait en aucun prospérer devant le Conseil Constitutionnel. En second lieu, la décision du ministre vise l’alinéa 2 de l’article 179 du code électoral : Alinéa 2 de l’article 179 du code électoral
« Le remplacement de candidats inéligibles, sans préjudice de l’ordre d’investiture, et la substitution de pièces périmées ou comportant des erreurs matérielles sont, le cas échéant immédiatement notifiés au mandataire de la liste concernée. Celui-ci dispose de trois jours, à compter de la date de notification, pour y remédier, sous peine de rejet de la candidature concernée ». Cet article concerne spécifiquement le cas de candidats inéligibles. Le dernier paragraphe est extrêmement clair et fait uniquement référence au rejet de la candidature concernée, en cas de non remplacement du candidat inéligible, dans les délais prescrits.
A aucun moment, il n’est question de rejet d’une quelconque liste. C’est d’autant plus vrai que l’Article LO.182 est très explicite en la matière. « Après le délai de cinq jours prévus à l’alinéa premier de l’article L179 et ce, jusqu’à la date de prise de l’arrêté publiant les déclarations reçues, s’il apparait qu’une déclaration de candidature a été déposée en faveur d’une personne inéligible, le Ministre chargé des élections doit saisir le Conseil constitutionnel qui statue dans les trois jours de la saisine sur la recevabilité de ladite candidature ».
Le dernier paragraphe est d’une clarté biblique : en cas d’inéligibilité, et sur saisine du ministre, le Conseil Constitutionnel statue uniquement sur la recevabilité de la candidature et jamais sur la recevabilité de la liste. Ni la double inscription sur une liste en qualité de titulaire et suppléant, ni l’inéligibilité d’un candidat (qui doit être notifiée au mandataire) ne peuvent entrainer l’irrecevabilité d’une liste de candidature au motif qu’elle serait incomplète.
L’Alinéa 2 de l’article 179 du code électoral et l’Article LO.182 visent uniquement la recevabilité de la candidature concernée. L’impact est strictement limité à la candidature du candidat, mais ne porte jamais sur la liste.
Dans ses décisions n° 4/E, 5/E et 6 E du 15 avril 2018, le Conseil Constitutionnel saisi sur l’inéligibilité de 2 candidats du Rassemblement national démocratique, 2 candidats du Parti de l’indépendance et du travail et 17 candidats du Mouvement Républicain sénégalais a déclaré les 21 candidatures irrecevables. Les listes de candidature des partis concernés n’ont jamais été déclarées irrecevables. Et pour cause : le Conseil Constitutionnel se prononce exclusivement sur la recevabilité de la candidature.
Conclusion :
La décision d’Antoine DIOM tendant à déclarer la liste nationale de YEWWI ASKAN WI irrecevable (titulaires) est une grossière manœuvre de diversion vouée à l’échec, et une pirouette visant à déclarer à posteriori incomplète, une liste complète au moment du dépôt.
Le Conseil Constitutionnel annulera la décision d’Antoine DIOM déclarant la liste nationale de Yewwi (titulaires) irrecevable car elle ne repose sur aucun fondement juridique. Dans sa décision n°1/E/2022 du 21 mai 2021, le Conseil Constitutionnel a déclaré irrecevable, les recours de YEWWI et de la coalition GUEM SA BOPP, au motif que selon les dispositions de l’article LO.184 de la loi n°2021-35 du 23 juillet 2021 « seuls les actes du Ministre chargé des élections pris en application des articles L179, L180 et LO.183, peuvent être contestés par les mandataires ».
Cette décision signifie tout simplement que le Conseil Constitutionnel n’a pas statué sur les requêtes des 2 coalitions précitées du fait que leurs recours ne visaient pas expressément un acte pris par le ministre, en application des articles précités. Vu que le Ministre chargé des élections a arrêté le 30 mai 2022, les listes reçues, conformément à l’article L.183 du code électoral, le mandataire de Yewwi pourra introduire une requête tendant à faire déclarer irrecevable la liste de la coalition Benno pour d’une part, « dépassement d’un nombre de parrains supérieur au maximum légal requis » ; et d’autre part, « violation du principe de parité au niveau de sa liste nationale ».
La liste nationale de la coalition BENNO est frappée d’une Double irrecevabilité, insusceptible de régularisation. Le ridicule ne tue plus lorsque BENNO découpe sa liste en 2 (une liste de titulaires et une liste de suppléants). Afin que nul n’en ignore, il y a 1 seule liste composée de titulaires et de suppléants.
Par Alassane K. KITANE
NOUS AVONS LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL QUE NOUS MÉRITONS, RESPECTONS-LE
On peut ne pas être d’accord avec le Conseil constitutionnel, mais il faut à tout prix éviter de le discréditer et de le fragiliser
On peut ne pas être d’accord avec le Conseil constitutionnel, mais il faut à tout prix éviter de le discréditer et de le fragiliser. Le droit n’est pas une science exacte (y a-t-il d’ailleurs une science exacte ?) : tout est question de considérants, de prémisses et d’inférences.
Evidemment que le droit a sa cohérence, sa rigueur intellectuelle comme toutes les sciences, mais l’application de la science déborde parfois le champ de la science. Il faut circonscrire toutes les conséquences à la fois logiques et morales de l’application de la science. Ce principe n’est pas seulement valable pour les sciences expérimentales, il l’est davantage pour les sciences humaines.
Les sages du CC ne sont pas des sages pour rien : tant que le droit peut être dit sans fausser le jeu démocratique et porter préjudice à la république, le bon sens recommande de prendre la décision la plus à même de se conformer et à la science et à la morale !
Le problème est que les hommes politiques veulent souvent faire endosser leurs turpitudes aux juridictions alors que la société leur a trouvé des sphères et mécanismes pour vider leurs contentieux purement politiques. On ne doit jamais oublier qu’en fin de compte, les gouvernants, les politiques, les juges et l’administration ne sont que des commis du peuple.
Toutes les fois qu’il y a des apories préjudiciables à ce peuple, c’est à la sagesse de ce peuple qu’il faut faire appel pour trancher. Le conseil constitutionnel sénégalais est quand même expérimenté et professionnel : personne n’a presque jamais réussi à leur opposer des arguments purement scientifiques et suffisamment probants pour invalider leurs décisions. Le droit est subtil, on n’a pas besoin d’être juriste pour le savoir.
En 2012 les politiciens ont fait de la surenchère contre la candidature de Wade pour se faire élire, mais en 2014 ils ont pratiquement tous reconnu que légalement ce dernier avait le droit de postuler ! Il a fallu moins de trois minutes à un des juges (voir documentaire publié par la TFM pour battre en brèche toutes les arguties politico-juridiques : https://www.youtube.com/watch?v=Kov0Ys 0 R M 5 E & a b _ c h a n n e l = T F M % 2 8 T % C3%A9l%C3%A9FutursMedias%29). Dieu nous a gratifié de juges qui ont jusqu’ici mis leur honorabilité au-dessus de tous les avantages et menaces.
Sous ce rapport, il faut dire à ceux qui prétendent le CC a cédé à la pression et aux menaces qu’ils sont du même acabit que les auteurs de ces menaces. Ces sages ne sont pas des surhommes, mais ils sont généralement plus dignes de confiance et de respect que la plupart des politiciens. Ne les jetons donc pas en pâture à la justice de la vindicte populaire.
Le fait même que le vote soit possible au sein du CC pour prendre des décisions montre que le droit n’est pas une science exacte. Nous avons un rapport pourri avec le pouvoir, avec les institutions, avec la république.
Nous évaluons les institutions en fonction de notre posture au lieu d’articuler nos comportements en fonction de ces institutions. « Ce genre de disposition aurait pu être rédigé autrement » dit le professeur Babacar Gueye (9mn 13), un des rédacteurs de la Constitution de Wade ! On peut interpréter un texte de plusieurs manières renchérit son collègue Pape Demba Sy (10mn13).
A-t-on besoin de rappeler que nous n’avons pas de cour, mais plutôt de Conseil constitutionnel. Si la théorie est défectueuse, pourquoi devrait-on s’étonner devoir la pratique souffrir de malaise ? Comparez l’argumentaire axiomatique et presque lumineux du prof Isac Yankhba Ndiaye aux accusations fantaisistes qu’une certaine presse avait véhiculées contre les cinq sages !
Le problème n’est pas le Conseil constitutionnel, mais nos comportements : nous sommes tricheurs, calculateurs, manipulateurs. C’est difficile de nous régir par des lois car notre ingéniosité en matière de tricherie et de félonie est une malformation culturelle.
Par Oumar FALL,
DE LA PROBLÉMATIQUE DE LA RÉMUNÉRATION AU SÉNÉGAL
« Donnez à l’employé son salaire avant que sa sueur ne sèche ! ». Le Prophète Mohammad PSL. « Toute peine mérite salaire » Evangile de Saint Luc. « Tout salaire mérite travail » Yvon GATTAZ (chef d’entreprise).
« Donnez à l’employé son salaire avant que sa sueur ne sèche ! ». Le Prophète Mohammad PSL. « Toute peine mérite salaire » Evangile de Saint Luc. « Tout salaire mérite travail » Yvon GATTAZ (chef d’entreprise). En contrepartie de la contribution à l’exercice de missions de service public pour satisfaire l’intérêt général, les agents fonctionnaires de l’Etat perçoivent un traitement ou une solde. Quant aux agents non fonctionnaires de l’Etat qui s’investissent aussi pour le compte du service public ainsi que les travailleurs du privé qui participent à la production, à la vente de biens et à la fourniture de services, ils perçoivent un salaire.
Au-delà de l’usage de ces deux vocables renvoyant tous à la notion de rémunération, la différence entre les finalités de ces secteurs justifie aussi : d’une part, que les traitements des agents fonctionnaires de l’Etat et les salaires des agents fonctionnaires de l’Etat soient fixés intégralement de manière unilatérale par la loi et les règlements ; d’autre part, que les salaires minimaux du secteur privé soient déterminés d’un commun accord entre les organisations syndicales de travailleurs et d’employeurs de la même branche d’activité. Toutefois, arguant de la cherté du coût de la vie ou excipant de disparités dans le traitement entre les différents corps de la fonction publique, les syndicats regroupant les agents de l’Etat ont réussi au fil du temps à développer un rapport de forces qui a fait perdre à l’Etat employeur l’initiative exclusive de la revalorisation généralisée des rémunérations dans le secteur public.
Les grades des fonctionnaires sont composés d’échelons fixés de manière unilatérale par voie réglementaire ; chaque échelon correspondant à un indice. Cet indice multiplié par le point indiciaire permet de déterminer le traitement ou solde indiciaire. Présentement, à la faveur de la revalorisation sans précédent dans le sens d’une meilleure équité des rémunérations au profit des personnels de l’enseignement, de la santé, des forces de défense et de sécurité et des autres agents publics non constitués en syndicats qui a pris effet à compter du 1er mai 2022, le point indiciaire a une valeur égale à 56,43 FCFA au Sénégal.
Au traitement indiciaire, s’ajoutent notamment : d’une part, à tous les agents de l’Etat, l’indemnité de résidence, le complément spécial de solde, les suppléments pour charge de famille ; d’autre part, selon le corps auquel appartient l’agent ou la fonction qu’il occupe, des indemnités liées au corps, justifiées par des sujétions, des responsabilités ou des fonctions occupées ainsi que des primes.
Dans le secteur privé, la plupart des branches d’activité sont régies par des conventions collectives sectorielles. Des conventions collectives à propos desquelles « Le Président de la République souligne, en particulier, l’urgence de finaliser, d’une part, l’actualisation des conventions collectives et, d’autre part, la conclusion des conventions dans les secteurs émergents et/ou dépourvus de cadre de pilotage consensuel des relations professionnelles » Conseil des Ministres du 4 mai 2022. En effet, les parties prenantes à la négociation collective au niveau de la plupart branches d’activités n’ont jusqu’ici pas usé pleinement de leurs prérogatives pour procéder régulièrement à la réactualisation des cadres conventionnels de relations professionnelles existants ou à la conclusion dans les secteurs qui n’en disposent pas.
A chaque convention collective est adossée une annexe de classification des emplois. Ces emplois correspondent à des catégories professionnelles dont chacune renvoie à un salaire mensuel basé sur une rémunération horaire dont le montant est déterminé d’un commun accord entre les partenaires sociaux travailleurs et employeurs à la suite de négociations. Les barèmes de salaire catégoriels font l’objet de revalorisations régulières en fonction de l’évolution du coût de la vie. La dernière revalorisation des salaires dans le secteur privé date du 30 décembre 2020.
Au Sénégal, la pratique consiste à procéder à une augmentation généralisée des salaires du secteur privé avec des taux uniformes qui s’appliquent à tous les secteurs d’activité et qui ne peuvent varier qu’en fonction des catégories. Une pratique qui, nonobstant la modicité des salaires catégoriels fixés certes tempérée par la négociation entre les parties pouvant ouvrir droit à un sursalaire au profit des employés, présente des limites.
En effet, par cette pratique, on peut : soit, causer un défaut de compétitivité dans certaines branches d’activités du fait de la fixation généralisée des salaires minima avec des taux uniformes sans tenir compte de leurs niveaux de productivité ; soit léser des travailleurs des branches d’activité les plus prospères qui peuvent supporter des augmentations de salaire plus conséquentes.
Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et le salaire minimum agricole garanti (SMAG) ne servent pas donc pas de bases pour la fixation des salaires au Sénégal car les salaires minimaux catégoriels les plus bas garantissent des montants qui leur sont supérieurs.
Le SMIG, équivalant à 303, 808 francs CFA depuis le 1er décembre 2019, permet de déterminer le montant de l’indemnité de panier qui est attribuée au travailleur qui effectue au moins six heures de nuit ou dix heures ininterrompues ou encore trois heures en plus de l’horaire normal fixé à huit heures par jour et pour le calcul de la valeur de remboursement du logement fourni par l’employeur.
Cette indemnité de panier est égale à trois (3) fois le SMIG ; les heures de nuit étant situées entre 22 heures et 5 heures. Depuis la deuxième Conférence sociale qui a porté sur le thème « La réforme des retraites au Sénégal », le SMIG sert aussi d’étalon à la fixation de la pension minimale servie aux retraités par l’Institution de Prévoyance des Retraites du Sénégal (IPRES). Quant au SMAG, il sert entre autres à calculer la valeur de remboursement de la ration alimentaire fournie par l’employeur.
De toute évidence, des traitements équitables et des salaires décents demeureront des attentes des travailleuses et des travailleurs du monde. Toutefois, il est clair que le travail ainsi que les salaires ne peuvent être décents dans un pays si son économie est incapable de générer suffisamment d’emplois pour toutes les personnes en âge de travailler. Car, même si les droits au travail sont garantis avec notamment une administration du travail dotée de tous les moyens, les personnes en âge de travailler seront contraintes d’accepter n’importe quelle rémunération en contrepartie de n’importe quel travail. Par ailleurs, dans nos pays caractérisés par une prépondérance de l’économie informelle, il est aussi impératif de développer des stratégies d’extension de la protection sociale adaptées à chaque famille d’acteurs de l’économie informelle.
Enfin, la promotion d’un dialogue social de qualité entre les mandants tripartites est nécessaire pour permettre la création massive d’emplois par les employeurs, le respect par ces derniers des droits des travailleurs et l’adhésion des acteurs de l’économie informelle aux politiques devant aboutir à la formalisation de leurs unités, seule garante de leur accès durable à la protection sociale. Il s’agit là du sens et de la portée du concept de « travail décent »
Ce concept introduit et développé par l’Organisation internationale du Travail (OIT), qui tient du 27 mai au 11 juin 2022 sa 110ème Conférence internationale du Travail (CIT), a abouti à la création de l’Agenda pour le travail décent et à ses quatre piliers indissociables : la création d’emplois et de moyens de subsistance durables ; la garantie des droits au travail ; l’extension de la protection sociale ; la promotion du dialogue social.
Oumar FALL
Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale,
Secrétaire exécutif du Haut Conseil du Dialogue social
Email : oumarfall8@yahoo.fr
DRAMES DANS LES HÔPITAUX, LA NÉCESSITÉ DE L'OPTIMISATION QUALITATIVE
L’implantation durable d’une culture de qualité et de gestion des risques au sein des établissements est nécessaire pour faire progresser les pratiques et garantir la sécurité des patients. Il s’agit de se saisir d’un contexte dramatique pour un sursaut
Les multiples tragédies qui secouent les structures de santé sénégalaises ont remis sur le devant de la scène la question des évolutions urgentes nécessaires pour sauver le système de santé. Des acteurs locaux et de la diaspora invitent les décideurs à s’emparer des vrais sujets relatifs à la situation de l’hôpital : pertes de chances ; ruptures de prises en charge ; mécontentements des personnels ; difficultés persistantes d’accès aux soins…
Cette tribune constitue une démarche apolitique, sans complaisance et sincère qui vise à poser les bases d’un débat structurant sur la refondation du système de santé, en particulier de l’hôpital public. C’est notre responsabilité collective de participer à la reconstruction de cette œuvre pour les générations présentes et à venir.
Cet appel qui réunit trente (30) signataires a été initié et coordonné par messieurs Momar Fyae (Inspecteur de santé publique en France), Khadim Ngom (Cardiologue en France) et Massamba Diouf (Professeur des universités et spécialiste en santé publique au Sénégal).
Des drames répétitifs qui contraignent l’hôpital sénégalais d’agir en toute urgence pour mettre fin à ce contexte d’insécurité persistant !
Nous nous sommes réveillés le 26 mai 2022 dans la stupeur et la consternation avec cette terrible nouvelle abasourdissante : «Au Sénégal, onze bébés meurent dans un incendie à l’hôpital de Tivaouane».
Parmi ces onze jeunes victimes, se trouvait le bébé M.R.G. âgé à peine de vingt-quatre (24) jours et né prématurément, car sa maman, trente-trois (33) ans, sans antécédent médical et sans aucune comorbidité, est malheureusement décédée pendant la césarienne (alors qu’elle présentait une pré-éclampsie).
Quatre nouveau-nés avaient quant à eux, déjà péri le 25 avril 2021 dans un incendie à Linguère…
Ces faits dramatiques ne sont pas sans rappeler l’affaire «Madame A.S.», une femme enceinte morte après avoir attendu en vain une césarienne ; ce drame demeure encore dans les esprits.
Par ailleurs, à Kaolack, on apprenait qu’un nourrisson déclaré mort le 08 mai dernier par une infirmière, puis déposé à la morgue, avait été retrouvé vivant par son père quelques minutes après, pour finalement décéder plus tard dans la journée.
La récurrence et la fréquence de ces situations sont bien le reflet d’un système de santé perfectible ayant pour conséquence une réelle perte de chance pour l’usager sénégalais.
Devrions-nous toutefois nous résigner face à la mort et aux conséquences somatiques et psychologiques induites par cette insécurité persistante ?
S’il est établi que l’hôpital fait face à des problèmes multifactoriels enkystés depuis de nombreuses années, et qui l’expose malheureusement trop souvent à des risques susceptibles d’affecter la santé et la sécurité des patients, force est de reconnaître que cela n’empêche en rien notre pays de s’engager sérieusement dans une autre voie.
Cet engagement n’est pas un vœu pieux qui doit être évoqué au rythme des tragédies nationales. Cela demande une vision politique forte et une action coordonnée notamment au moyen d’une réorientation sur une politique effective de démarche qualité et de gestion globalisée des risques. Il s’agit là d’un enjeu majeur de santé publique qui requiert de mettre ensemble tous les mécanismes, ressources et compétences permettant la mise en place d’une offre adaptée aux besoins des populations.
Des mesures d’urgence à prendre à la hauteur des enjeux !
Des mesures doivent être prises immédiatement ! Le Président de la République l’a bien spécifié dans son discours de Tivaouane : «Il convient d’auditer de toute urgence les services de néonatologie».
Cependant, cette mesure doit, dans les plus brefs délais, être étendue à l’ensemble de la sphère médico-technico-économico-administrative de nos hôpitaux publics. Cette procédure d’audit a tout à gagner si elle s’accompagne d’une prise de conscience collective que l’hôpital et le matériel qui l’équipe sont un bien commun qui doit bénéficier de toutes nos attentions en matière de maintenance et de maintien en état opérationnel. Ce qui est l’essence même du principe d’assurance qualité ; lequel contribue à la sécurité des patients, des soignants et de leurs visiteurs.
À ce titre, la Diaspora à un rôle essentiel à jouer. En venant, par exemple, participer à cette procédure d’audit transversale de l’écosystème hospitalier à travers des missions ponctuelles, c’est tout le système hospitalier sénégalais qui pourrait bénéficier d’un transfert de culture et de compétence en matière d’assurance qualité qui relève du quotidien et de l’évidence dans la majorité des pays où nos professionnels de santé exercent aujourd’hui.
Concernant la sécurité des personnes et des biens à l’hôpital, il y a urgence à mettre en place une nouvelle architecture organisationnelle incluant de nouveaux référentiels et contrôles effectifs et ce, en accord avec les spécificités du système de santé sénégalais.
Cela doit passer par une mise à jour de la législation liée à la sécurité des Établissements Recevant du Public (ERP), en y incluant notamment un volet spécifique «Sanitaire». Ces normes et référentiels établis devront s’accompagner d’un dispositif de contrôle périodique et aléatoire par des services ad hoc compétents. Ainsi, le principe d’une visite systématique obligatoire de contrôle de la conformité avant chaque ouverture de service et/ou de structures devra être formalisé sur la base d’un dossier de présentation suivi d’une visite physique effective sur site.
Aucune tolérance ne pourra être admise en cas de manquements graves à ces référentiels. Ce qui aboutira dans les faits à ce qu’aucune ouverture ne puisse être autorisée sans une levée des observations engageant la responsabilité des services contrôleurs de l’État. Parallèlement, des fermetures administratives ainsi que des sanctions pénales pourront également être prononcées à l’encontre des personnes morales et/ou physiques qui dérogeraient à ces principes de gestion. La mise en danger de la vie d’autrui avec intention ou non, accompagnée de facteurs aggravants ou non, sera ainsi prévue et punie par la loi.
À terme, l’implantation durable d’une culture de qualité et de gestion des risques au sein des établissements est nécessaire aux fins de faire progresser les pratiques et de garantir la sécurité des patients. Cela passe par la mise en œuvre d’un dispositif opérationnel adapté de recueil, d’analyse et de suivi des incidents importants ou des évènements indésirables graves permettant de protéger la santé et la sécurité des personnes prises en charge.
Tous les signaux sanitaires émanant des usagers devront être recueillis grâce à la mise en place de points focaux disponibles et faire systématiquement l’objet d’un traitement et d’une réponse aux déclarants.
Tous les établissements devront être soumis à une obligation de signalement aux autorités des événements indésirables graves notamment ceux associés aux soins. La culture du signalement doit être une valeur et une norme partagée au sein de l’établissement.
La création d’une haute autorité ad hoc permettra de recevoir ces déclarations, de les analyser et de réaliser un rapport annuel assorti de mesures visant à améliorer la sécurité du patient.
La mise en œuvre d’un tel dispositif facilitera l’identification et le ciblage des établissements les plus à risques et permettra un meilleur calibrage des actions à conduire (inspection, audit, évaluation, certification etc.).
La question du pilotage du système demeure centrale !
En effet, ces mesures et réformes nécessitent un pilotage effectif par les décideurs publics tout en favorisant l’émergence d’approches globales, transversales et intégratives.
Cet ambitieux plan de réformes de la santé devra ainsi s’appuyer sur des transformations systémiques impactant le système de l’offre de soins, de son financement, de sa gouvernance, mais également de son système qualité.
En matière d’offre de soins, le Sénégal est aujourd’hui en capacité de pouvoir se projeter pour offrir une nouvelle vision en ce qui concerne le maillage des offreurs de santé (au niveau de toute la pyramide sanitaire).
La question sous-jacente du financement devra être abordée avec l’ensemble des parties et partenaires, pour envisager des scénarii viables et équilibrés de mise en œuvre effective de ce nouveau système, tant attendu et surtout tant souhaité par nos compatriotes sénégalais.
Cette évolution exige une gouvernance et un leadership qui doivent renvoyer à un engagement fort des autorités concernant le recrutement de top-managers aux niveaux central et territorial.
La sélection de ces profils nécessitera des appels à candidatures en dehors de tout clientélisme politique ou partisan.
Ce nouveau système devra s’appuyer sur des nouveaux modes de gestion basés sur la confiance des acteurs, sur la considération mais également sur les compétences disponibles sur place et celles capitalisées par la Diaspora. La réflexion sur ce dernier point devra associer les acteurs du monde de l’éducation et de la formation pour accompagner ce plan ambitieux stratégique qui intégrera les derniers référentiels en matière de qualité et de gestion des risques.
Les assises de la santé, une impérieuse nécessité pour sauver et réformer le système de santé !
Dans cette perspective, le Sénégal doit s’appuyer sur une vision globale, une planification stratégique et une coordination effective qui admettent et comprennent la logique et la complexité des enjeux de santé (dans toutes ses dimensions) au sein de ses territoires. Cela exige d’impliquer et de réunir au premier chef les professionnels de santé (aux niveaux local et de la Diaspora) pour définir collégialement des stratégies et mettre en œuvre des actions et projets, susceptibles de relever à long terme et dans le cadre d’une approche davantage équilibrée, les défis sanitaires posés. C’est en travaillant étroitement avec sa Diaspora que le Sénégal pourra s’émanciper et s’engager dans une révolution sanitaire qui lui permettra de disposer d’un système de santé plus équitable et plus participatif. Le ministère est destinataire de nombreux rapports et synthèses provenant de diverses sources censées lui apporter une vision plus large des questions de santé et propice aux innovations. Toutefois, les logiques et les temporalités propres à ces différentes sources concourant à la production de données et d’informations réputées fiables et à jour, à même d’éclairer les prises de décisions, aboutissent à des distorsions parfois handicapantes voire contre-productives.
Les assises de la santé (impliquant les acteurs locaux et diasporiques) – si elles regroupent les ressources et les profils adéquats – répondront à des objectifs multiples :
– apporter aux décideurs sénégalais l’opportunité de garder la maitrise du pilotage des situations qui se présentent en ayant à tout instant la possibilité de bénéficier, sans délai, d’une vision et d’une analyse holistiques de premier ordre ;
– recenser, établir sur la base d’un guide opérationnel, les initiatives innovantes existantes dans les pays les plus avancés et préparer les conditions de capitalisation et de réplicabilité sur notre pays ;
– renforcer les ressources humaines du pays dans le domaine de la santé en faisant participer les professionnels de la santé issus de la diaspora sénégalaise et préparer, pour ceux qui sont candidats au retour au Sénégal, les conditions favorables à leur installation ;
– proposer des solutions originales, innovantes et opérationnelles qui se traduiront par des textes et des réalisations de terrain. Dans ce cadre, la création d’une école des hautes études en qualité et sécurité sanitaire prendrait toute sa place pour former les administratifs, les soignants et leurs prestataires à la culture de l’assurance qualité et de la sécurité des soins.
La traduction ainsi de ces objectifs requerra une gouvernance structurée, laquelle devra promouvoir une large concertation multisectorielle, incluant toutes les franges de la population sénégalaise et une coordination à visée effective avec la mise en place de commissions et sous-commissions thématiques (offre ; pilotage-gouvernance ; financement ; qualité etc.).
Il s’agit bien pour notre cher pays le Sénégal de se saisir d’un contexte dramatique pour un sursaut, inviter au changement de comportement et se mettre en ordre de marche pour sortir de cette résignation, qui peut et ne doit en rien nous inciter à considérer ces situations comme une fatalité… sans espoir, et ainsi d’y faire face collectivement.
Cette tribune est signée par :
Professeur Mbayang Ndiaye, ancienne Coordinatrice de la Cellule Télésanté du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Spécialiste en Santé publique et en Santé digitale – Sénégal ;
Professeur Massamba Diouf, Professeur des Universités, spécialiste en Santé publique – Sénégal ;
Professeur Lamine Ndiaye, Professeur des Universités, Anthropologue ;
Docteur Khadim Ngom, Cardiologue – France ;
Momar Faye, Inspecteur de Santé publique, Président fondateur du Cercle Santé pour l’Afrique – France ;
Docteur Maguette Ba, Chirurgien cardiaque – France ;
Docteur Thiendella Diagne, Gynécologue obstétricien – USA ;
Professeur Anna Thiam, Cardiologue – Burkina Faso ;
Professeur Moustapha Dramé, Professeur des universités, épidémiologiste, économiste de la Santé – France ;
Docteur Massamba Faye, Généraliste – Sénégal ;
Docteur Kanny Toure Kaïré, Médecin de Santé publique, économiste de la Santé – France ;
Professeure Fatimata Ly, Professeure des universités, dermatologue – Sénégal ;
Karim Amri, Directeur d’hôpital, expert international en gestion hospitalière et système de Santé – France ;
Docteur Adama Ba Faye, Réanimateur médical – France ;
Docteur Jan-Cédric Hansen, Vice-Président du Global Health Security Alliance, Professeur invité de l’Université Léopold Sédar Senghor en Égypte, spécialiste en médecine de catastrophe – France ;
Professeur Sidy Ka, Cancérologue – Sénégal ;
Docteure Angèle Flora Mendy, Sociologue, Takemi Fellow in International Health Harvard – USA ;
Docteur Edouard Sène, Psychiatre – France ;
Docteur Papa El Hadji Thiam, Pharmacien – France ;
Professeur Mbaye Thioub, Professeur des universités, Neurochirurgien – Sénégal ;
Ibrahima Traoré, Financier spécialiste des secteurs de la Santé, du médico-social et de la solidarité internationale – France.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
BANQUE : LES SÉNÉGALAIS NI PROPHÈTES NI CHARBONNIERS
Quand les hommes d’affaires sénégalais se voient souffler leurs fleurons bancaires par des hommes d’affaires burkinabè et qu’ils ne sont même pas capables de monter un établissement bancaire digne de ce nom, il y a matière à désespérer
Après Coris Bank de l’homme d’affaires Idrissa Nassa, qui a réussi le tour de force de parvenir en quelques années seulement à figurer dans le Top 5 des établissements bancaires dans la zone de l’Uemoa — en devançant même les géants marocains qui trustent le secteur comme Attijari-Wafa et la Bank Of Africa —, c’est au tour d’un autre opérateur venu du pays des hommes intègres de créer la surprise.
En s’invitant au banquet des plus grandes banques de ce côté occidental du continent. Du moins dans la partie francophone de l’Afrique de l’Ouest. Sans tambour ni trompette, donc, M. Simon Tiemtoré, patron du groupe Vista Bank, vient de racheter les filiales burkinabé et guinéenne (Conakry) de la Banque nationale de Paris (BNP-Paribas).
Et tandis que les magnats ivoirien et sénégalais Koné Dossongui (propriétaire d’Atlantic Financial Groupe) et Pathé Dione (assurances SUNU) s’apprêtaient à mettre la main sur la pépite que représente la BICIS (Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal) voilà que surgit, dans la position du troisième larron, le banquier burkinabè pour rafler la mise à leur nez et à leur barbe. Et de trois, donc, pour M. Simon Tiemtoré ! Quant à son compatriote Idrissa Nassa en plus de faire partie du Top 5 régional, et l’appétit venant en mangeant, il veut à présent racheter l’établissement Orabank !
Pour dire que les banquiers burkinabè semblent avoir mangé du lion ces temps-ci. Ils ne sont pas les seuls à être dans l’offensive dans l’espace Uemoa puisque la NSIA ivoirienne — qui appartient à un assureur, M. Jean-Kacou Diagou…tiens comme notre compatriote Pathé Dione ! — étend elle aussi ses tentacules dans l’espace sous-régional. Sur les traces de la compagnie d’assurances éponyme. Il n’est jusqu’aux établissements bancaires d’Afrique centrale à venir brouter sur nos terres, à l’image de la BGFI gabonaise. Et si on trouve même une banque mauritanienne qui s’est établie chez nous, les Sénégalais, eux, sont dramatiquement absents de ce jeu de poker régional.
Tout simplement parce que nous n’avons pas de champions nationaux dans ce domaine, à plus forte raison qui pourraient ambitionner de jouer les premiers rôles dans la zone Uemoa. La seule banque à capitaux nationaux dont nous disposons, la BNDE, est un petit poucet au plan local. Quant à la banque Outarde de M. Abdoulaye Baba Diao Itoc, elle est sur un segment de niches. Oh, il y a bien la Bridge Bank de notre compatriote Yérim Sow mais elle peut difficilement soutenir la concurrence avec les poids lourds Burkinabé du secteur, ne parlons pas des géants nigérians et marocains.
La faiblesse du capital national explique notre quasi absence de l’espace bancaire sous-régional où le flambeau sénégalais, en dehors de Yérim Sow, n’est porté que par Pathé Dione encore qu’avec des capitaux majoritairement étrangers. Encore une fois, cette absence reflète tout simplement la faiblesse du capital national, le Sénégal étant plus un pays de fonctionnaires que d’entrepreneurs et les entreprises étrangères y tenant le haut du pavé, les hommes d’affaires locaux étant réduits à ramasser des miettes. On n’est ni charbonniers, c’est-à-dire maîtres chez nous, ni prophètes, ce que l’on ne peut être en son pays. Quand les hommes d’affaires sénégalais se voient souffler leurs fleurons bancaires par des hommes d’affaires burkinabè et qu’ils ne sont même pas capables de monter un établissement bancaire digne de ce nom, c’est qu’il y a à désespérer assurément. Désespérer ? Certainement pas car l’espoir est permis avec la Farba Bank !
Le griot du président de la République gardant des milliards de francs chez lui au point de s’en faire voler un, on peut donc se consoler d’avoir des établissements bancaires méconnus. Et qui pourraient faire bouger les choses dans la sous-région. Vista Bank, Coris, Bank, NSIA Bank et autres établissements, tenez-vous bien car la Farba Bank arrive ! Et, croyez-moi, ce n’est pas pour jouer les seconds rôles…