LE FORUM MONDIAL DE L’EAU ET LES SUJETS POLITIQUES A LA UNE DE L'APS CE LUNDI
Une partie des quotidiens s’est intéressée au Forum mondial de l’eau prévu à Diamniadio (ouest) à partir de ce lundi, une autre préférant mettre en exergue des sujets politiques, dont les prochaines élections législatives.
Dakar, 21 mars (APS) – Une partie des quotidiens s’est intéressée au Forum mondial de l’eau prévu à Diamniadio (ouest) à partir de ce lundi, une autre préférant mettre en exergue des sujets politiques, dont les prochaines élections législatives.
Près de 5.500 participants sont attendus à la neuvième édition du Forum mondial de l’eau, a indiqué samedi le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam.
‘’Macky Sall inaugure aujourd’hui (…) le Forum mondial de l’eau en présence de nombre de ses pairs (…) Sortira-t-il, de tous les discours qui vont tourner dans les moulins à paroles, des solutions au manque d’eau qui affecte le tiers de la population mondiale ?’’ se demande Le Quotidien.
Vox Populi relaye une tribune de l’ancien député Abdou Sané, enseignant de formation, qui propose de ‘’procéder à une évaluation sans complaisance de certaines formes d’exploitation et d’utilisation de cette précieuse ressource’’.
Le Sénégal ‘’devra (…) s’inspirer de l’expérience de ses hôtes pour trouver des solutions à ses problèmes de gestion d’une ressource pourtant abondante’’, lit-on dans le journal EnQuête.
Le Forum mondial de l’eau est consacré aux ‘’potentialités hydriques’’, aux ‘’problèmes d’accès à l’eau’’ et à l’‘’hydrodiplomatie’’, précise Bés Bi Le Jour.
‘’D’ores et déjà, en matière de gestion modèle des eaux transfrontalières, les participants au Forum mondial de l’eau trouveront, dans la capitale sénégalaise, une réponse très pertinente que le monde entier serait bien inspiré de copier’’, commente Le Soleil.
Il cite, comme de bons exemples de coopération internationale, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG), dont le pays hôte du sommet est membre.
‘’Deux cas d’école remarquables (l’OMVS et l’OMVG), qui démontrent qu’on peut (…) régler des problèmes d’énergie, d’irrigation et de navigation de manière pacifique’’, souligne Le Soleil dans un dossier consacré au sommet.
Le ‘’rebondissement’’ de l’affaire judiciaire entre le député, maire de Ziguinchor (sud), Ousmane Sonko, et Adji Sarr, une jeune dame qui l’accuse de ‘’viols répétés’’, pourrait ‘’faire remonter la tension’’ au Sénégal, selon WalfQuotidien.
Rangé dans les tiroirs après de violentes manifestations à l’origine de la mort d’une dizaine de personnes, le dossier en a été retiré, et M. Sonko, placé sous contrôle judiciaire depuis plus d’un an, pourrait être de nouveau convoqué par le juge d’instruction, ajoute le même journal.
Il parle d’un dossier judiciaire ‘’très politisé’’.
Sud Quotidien s’est surtout intéressé à l’investiture de Khalifa Sall sur la liste de Yewwi Askan Wi (YAW) pour les élections législatives du 31 juillet prochain.
L’inéligibilité de l’ancien maire de Dakar, une conséquence de son passé carcéral, ‘’n’aura aucune conséquence’’ sur la liste de YAW, même en cas d’invalidation de l’investiture de M. Sall, déclare Sud Quotidien, citant des juristes.
‘’L’inéligibilité d’une candidature ne vas pas entraîner l’invalidation de toute la liste sur laquelle le candidat est investi’’, soutient l’un des juristes interrogés.
L’As déclare qu’‘’on s’achemine inéluctablement vers une augmentation du nombre de députés’’ en raison de l’érection de Keur Masser en département.
Cette ‘’idée trouve sa pertinence dans le quotient national retenu pour le partage des sièges’’, ajoute le journal, rappelant que la chambre parlementaire compte actuellement 165 sièges.
Le directeur général de la Société nationale d’électricité du Sénégal, Pape Mademba Bitèye, rassure les consommateurs quant aux conséquences de l’invasion russe en Ukraine sur la production d’énergie électrique de l’entreprise. La Senelec maintient une ‘’vigilance accrue’’ sur ses stocks d’électricité, assure M. Bitèye dans une interview publiée par L’Observateur.
Libération dévoile le ‘’festin à huis clos’’ survenu à la Mutuelle de santé des agents de l’Etat : ‘’retraits en espèces, chèques non identifiés dans les comptes, achats sans bons de commande et de bordereaux de livraison…’’
D’‘’incroyables découvertes’’ ont été faites à la suite d’un audit de gestion de la mutuelle, ajoute Libération.
EAU… DELÀ DU FORUM DE DAKAR
À la veille de la célébration de la journée mondiale de l’eau, Dakar abrite pour six jours, (du lundi 21 au samedi 26 mars), le 9ème Forum mondial de l’eau (Fme).
À la veille de la célébration de la journée mondiale de l’eau, Dakar abrite pour six jours, (du lundi 21 au samedi 26 mars), le 9ème Forum mondial de l’eau (Fme). Depuis plusieurs années, les différents gouvernements se fixent des objectifs pour satisfaire le besoin en eau potable. Malgré les ressources hydriques dont dispose le Sénégal, la majorité est confrontée à un problème d’accessibilité à ce liquide précieux. L’atteinte des objectifs de développement durable demeure un des défis. Et le spectre des conflits liés au partage de l’eau inquiète.
C’est la première fois qu’un tel événement sur l’eau est organisé dans un pays de l’Afrique subsaharienne. La question de l’eau est une préoccupation majeure pour tous les régimes qui se sont succédé au Sénégal qui accueille ce 9ème Forum mondial de l’eau. Au-delà de ce sommet qui réunit des personnalités et organismes du monde entier, le Sénégal, dont l’accès à l’eau reste encore un gros problème, pourrait profiter de ces échanges qui s’ouvrent ce 21 mars et ce, jusqu’au 26.
En termes de potentialité hydrique, le Sénégal est l’un des pays, en Afrique de l’ouest, qui recèle le plus de réserves en eau souterraine et d’eau de la surface. D’après la Société nationale des eaux (Sones), elles sont estimées à 27 milliards de mètres cubes sur le territoire national. Le lac de Guiers, situé en rive gauche du fleuve Sénégal, dans la zone du Delta du fleuve, couvre une superficie d’environ 205 km², pour un volume de 400 millions de mètres cubes.
Il constitue la plus vaste réserve d’eau douce de surface, exploitée principalement à des fins agricoles et de production d’eau potable pour la région de Dakar. Il fournit environ 75% de l’eau consommée dans la capitale. Pour satisfaire la demande en eau potable, la Sones s’est fixée des objectifs à l’horizon 2019-2030. Ainsi, quand la troisième usine de traitement d’eau de Keur Momar Sarr (Kms3) sera fonctionnelle, l’eau coulera des robinets 24 heures/24 et les déficits déserteront les ménages, entreprises et bornes fontaines. Le Kms 3 aura donc injecté 200 000 mètres cubes par jour dans le réseau. En 2020, cet impact positif devait toucher 500 mille personnes et 2 millions, en 2025. Elle avait assuré qu’à partir de 2019, les nappes souterraines seront préservées d’une surexploitation.
Un souffle de sécurisation de l’alimentation en eau potable de Dakar se répandra sur la capitale qui, à elle seule, consomme 70% de la production d’eau. A cela, on peut noter les deux stations de Ngnith et Keur Momar Sarr, également situées dans le périmètre du Lac de Guiers. Ils ont une capacité cumulée de 185.000 mètres cubes par jour pour des besoins de près de 395.000 mètres cubes par jour. Malgré ces objectifs et efforts menés, la demande reste élevée. Kms3 a été inaugurée mais il reste encore des zones dans Dakar, qui passent des nuits sans une goutte d’eau. Ou en tout cas juste pour quelques heures avant de disparaître.
« En route vers l’Odd »
Les Objectifs du millénaire pour le développement (Omd)ont permis de réaliser des progrès considérables dans de nombreux pays en développement en ce qui concerne la fourniture d’eau de qualité, mais les résultats ont été inégaux d’un pays à l’autre. Le Sénégal a atteint et même dépassé la cible des Omd pour l’accès à l’eau potable (cible fixée à 77% pour 2015). En dépit de ces performances, des populations font face à des difficultés énormes en matière d’accès à l’eau potable. « La question de l’eau au Sénégal ne se pose pas en termes de quantité globale mais en termes de disponibilité.
De manière générale, les ressources en eau sont mal reparties, car trop éloignées des grands centres de consommation », a soutenu Cheikh Tidiane Ndour, dans sa thèse de doctorat, sur l’analyse économique de la demande d’eau résidentielle à Dakar. En vertu des objectifs de développement durable, (Odd 2030), le Sénégal vise à atteindre une couverture en eau potable. 100% pour l’accès à des services améliorés, d’ici à 2022. Les spécialistes sont unanimes que l’Afrique ne manque pas d’eau, mais d’infrastructures de distribution et d’assainissement. En Afrique subsaharienne, 70% des habitants ne sont reliés à aucun réseau.
Ce qui veut dire que tous les rejets vont dans la nature, entraînant une pollution immédiate et sur le long terme des milieux naturels. Au Sénégal, les défis à relever restent nombreux et sont principalement liés à la préservation et à la gestion efficace des ressources en eau pour éviter leur surexploitation et leur contamination par diverses sources de pollution. La réduction du nombre de personnes non raccordées à des services d’alimentation en eau potable ou ne disposant pas de services d’assainissement adéquat. En conseil des ministres, le 17 juin, le Président Macky Sall a aussi invité le ministre de l’Eau et de l’assainissement à « finaliser la réalisation des grands projets d’hydraulique urbaine en cours ».
L’hydrodiplomatie pour anticiper les conflits
L’un des enjeux géopolitiques de l’eau est la gestion concertée des bassins hydrologiques internationaux. Le fleuve Sénégal par exemple, est partagé par la Mauritanie, la Guinée, le Mali et le Sénégal. Selon l’hydrologue Emma Haziza, le partage de l’eau est une source régulière de conflit et de trafic également. « Ceux qui auront le pouvoir demain, seront ceux qui auront des réserves d’eau et qui auront les moyens de les défendre pour les conserver », conclue-t-elle. Voilà pourquoi l’on parle depuis quelques années d’hydrodiplomatie. Il s’agit d’un concept inventé par le Libanais Fadi Comair, repris par les Nations Unies, et qui mise sur le partage équitable de l’eau entre pays riverains. Dans un entretien avec Libération en janvier 2017, il précisait qu’il s’agit d’une « politique d’anticipation » des conflits. « C’est un concept qui allie le travail diplomatique avec l’expertise en matière de planification de projets hydrauliques, via la création d’une coopération régionale. Le but est de créer une dynamique de développement économique au niveau du bassin transfrontalier », définissait M. Comair.
Heureusement que l’Organisation pour tamise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), peut aujourd’hui, servir d(‘exemple et de modèle de gestion partagée des ressources du bassin du fleuve Sénégal entre les quatre pays que sont : la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Mieux, en plus de l’eau, l’énergie hydroélectrique, la fibre optique pour les télécoms, font partes des ressources partagées au niveau de ce bassin. Quid du transport qui constitue un projet important de l’OMVS.
UN HÔPITAL DE RÉFÉRENCE SERA ÉRIGÉ DANS LE NOUVEAU DÉPARTEMENT DE KEUR MASSAR
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a annoncé dimanche, à Keur Massar qu’il est envisagé, dans la carte sanitaire, l’érection d’un hôpital de référence, dans ce département, situé dans la banlieue de Dakar.
Keur Massar, 20 mars (APS) – Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a annoncé dimanche, à Keur Massar qu’il est envisagé, dans la carte sanitaire, l’érection d’un hôpital de référence, dans ce département, situé dans la banlieue de Dakar.
‘’Dans la carte sanitaire, il est envisagé d’installer dans le nouveau département (de Keur Massar), à l’instar des 45 autres départements du pays, au moins un hôpital de référence, pour compléter la pyramide sanitaire dans un département qui doit aller de l’hôpital à la Case de santé’’, a-t-il dit.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale s’exprimait, lors de sa visite au Centre de santé de Jaxaay et celui de Keur Massar Nord, dans le nouveau département de Keur Massar.
Il a expliqué cette décision par le souci de ‘’venir répondre aux préoccupations exprimées par les populations, lors de la session d’écoute ‘’Jokko Akh Macky’’, une initiative d’échanges en ligne avec le chef de l’Etat.
Selon lui, cette future infrastructure entre dans une ‘’dynamique départementale globale’’ et inclut Keur Massar Nord, Keur Massar Sud, Yeumbeul Nord, Yeumbeul Sud, Malika, Jaxaay et Parcelles Keur Massar.
‘’C’est devenu une évidence que Keur Massar représente pour le chef de l’Etat, une super priorité’’, a dit le ministre.
‘’C’est pourquoi, a-t-il ajouté, il (Macky Sall) ne ménage aucun effort pour que tous les secteurs du département performent le plus rapidement possible’’.
‘’Dans les politiques du chef de l’Etat, a-t-il poursuivi, la dimension équité territoriale occupe une place essentielle’’.
Selon le ministre, ‘’c’est pourquoi, les initiatives vont se poursuivre dans le nouveau département de Keur Massar, pour par rapport aux Cases de santé, faire en sorte qu’elles soient érigées en Postes de santé avec toutes les normes requises’’.
Il a promis que le Centre de santé de Jaxaay sera également érigé en Centre de santé de référence, en attendant la mise en place de l’hôpital.
Accompagné du ministre de l’Economie et du Plan, (Ahmadou Hott) et du ministre du Commerce et du développement des PME (Aminata Assome Diatta), tous deux responsables politiques dans le département, Abdoulaye Diouf Sarr a visité le Centre de santé de Jaxaay.
Il a aussi remis une ambulance de type 4X4 au Centre de santé de Keur Massar Nord.
Pour sa part, dans son mot de bienvenue, M. Hott a évoqué le plan de développement du nouveau département de Keur Massar qui va intégrer l’ensemble des secteurs, dont celui de la santé pour le ‘’positionner très rapidement parmi les départements les plus modernes’’ avec une population de plus de 681 000 personnes.
‘’Ce département mérite qu’on y investisse énormément’’, a-t-il ajouté.
Par IBRAHIMA THIOUB
EAU ET IMAGINAIRE POLITIQUE EN SÉNÉGAMBIE : UNE PERSPECTIVE HISTORIENNE
Selon l’Oms, plus du tiers des 884 millions d’individus privés d'accès à une source d'eau potable dans le monde vivent en Afrique qui compte près de 55 fleuves internationaux, plus de 150 lacs
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, plus du tiers des 884 millions d’individus privés d'accès à une source d'eau potable dans le monde vivent en Afrique. Ils constituent 35% de la population du continent. Bien sûr que cette moyenne cache d’énormes disparités d’un pays à un autre. Le paradoxe est que le continent regorge de ressources hydriques. Il compte près de 55 fleuves internationaux, plus de 150 lacs.
En dépit de ses vastes zones désertiques et sahéliennes, il compte, avec le Nil, le deuxième plus long fleuve et avec le Congo, le deuxième plus large bassin fluvial du monde. A l’ouest du continent, le Fouta Djallon constitue un véritable château d’eau qui sauve de la désertification de vastes régions arrosées par le Sénégal, la Gambie et le Niger.
Le Zambèze, l’Orange et le Limpopo constituent pour l’Afrique australe un important apport hydrique. A cheval sur l’équateur, l’Afrique bénéficie d’une pluviométrie favorable sur de vastes espaces. Dans les zones désertiques, les populations optimisent l’usage des oasis et oueds perpétuant des traditions séculaires de gestion de l’eau par la mobilité. Aucun doute, l’Afrique est riche de ses ressources hydriques mais toutes les études sur la question montrent que la disponibilité du liquide précieux est loin de garantir son accessibilité. Les populations des villes comme celles des campagnes souffrent de fréquentes pénuries d’eau, avec leurs conséquences dévastatrices dont les pathologies hydriques, d’inondations récurrentes. Les compétitions entre États pour le contrôle des sources d’eau sont à l’origine de conflits parfois meurtriers ou de coopération exemplaire.
Les rixes ayant pour enjeu l’accès à l’eau sont récurrentes entre communautés d’éleveurs et d’agriculteurs. Dans beaucoup de régions du continent, il est encore fréquent de voir la tête des femmes servir, comme au Néolithique, de moyen de transport de l’eau sur de trop longues distances, après une exhaure tout aussi harassante. Face aux difficultés et suivant les recommandations des institutions financières internationales, les pouvoirs publics ont procédé à la privatisation des entreprises de production et de distribution. Un peu partout, cette solution, qui a transformé cette denrée vitale en une simple marchandise, a montré de sérieuses limites quant à son efficacité.
Les changements climatiques participent certes des catastrophes récurrentes que sont les inondations. On devra toutefois reconnaître qu’ils ne sont pas seuls en cause. La croissance démographique urbaine, l’impéritie des pouvoirs publics dans la mise en œuvre des politiques d’aménagement et d’occupation du sol, dans les zones urbaines en particulier, le captage frauduleux des ressources destinées aux infrastructures d’évacuation et de traitement des eaux de ruissellement ont fini de transformer les banlieues urbaines des zones amphibies. Cette actualité faite de difficultés récurrentes dans l’accès à l’eau contraste avec la référence fréquente à cet élément vital dans les mythes de fondation des États, dans les épopées dynastiques et dans le rituel politique, social et religieux des sociétés africaines.
Dans les sociétés sénégambiennes, la métaphore de l’eau se rencontre fréquemment dans les récits retraçant les origines des pouvoirs politiques comme dans les mémoires dynastiques. Elle rend compte symboliquement des fonctions nourricières attribuées à l’Etat qui y trouve l’essentiel des éléments de sa légitimité. La prospérité, l’abondance et la sécurité assurées aux populations nouent un pacte d’allégeance à l’autorité sanctifiée par les religions du terroir avec leurs dieux et génies aquatiques. Les catastrophes écologiques y sont souvent annonciatrices de dissidence politique et de remise en cause légitimes du pouvoir politique.
La tradition orale soninke en offre un exemple assez parlant avec le mythe restituant la fondation et la dislocation de l’empire du Wagadou plus connu sous le nom de Ghana. Dinga, le fondateur de l’empire a conduit une longue migration à la recherche d’une terre d’accueil. Venant de la Perse, il rejoint le NordOuest de Tombouctou, après avoir traversé l’Afrique du Nord, séjourné dans le Tagant et l’Adrar.
Arrivé à Kumbi, la future capitale de l’empire, les migrants décidèrent de rester en cette terre fertile et riche en or. Ils lièrent pacte avec le génie des lieux, le Wagadou Bida, un serpent vivant dans un puits. Le pacte stipulait qu’en contrepartie de la prospérité et de l’abondance assurées, la communauté devait chaque année sacrifier au génie l’une de ses plus belles filles. Sous l’empire de ce pacte, le Ghana a vécu dans une prospérité ininterrompue avec ses mines d’or et l’abondance de ses récoltes. Une année, rapporte le mythe, Mamadou Sakho, le fiancé de la jeune fille offerte, s’opposa au sacrifice et trancha la tête du génie. La violation du pacte ainsi perpétrée entraina une série de calamités : une sécheresse de sept années et un épuisement des mines d’or qui ont fait la prospérité de l’empire.
A la suite de cette catastrophe écologique renseigne le mythe, l’empire s’est disloqué et la communauté s’est dispersée à la recherche de terres plus clémentes. Le long déclin du Ghana inaugure alors des vagues migratoires qui ont conduit divers groupes de Soninké dans les pays du Sahel, le long des cours d’eau du Sénégal et du Niger. On ne s’étonnera pas de voir la structure du mythe qui rend compte du sort du Ghana se transmettre aux sociétés soudano-sahéliennes qui s’en servent de façon innovante pour rendre compte des dimensions multiples de leurs expériences du pouvoir politique et de l’organisation sociale et religieuse spécifique à leur terroir. Il est repris en pays wolof dans le récit de la fondation des États du Waalo et du Jolof dont le créateur est Njajaan Njaay né du mariage d’une princesse du Fouta Toro, dans la moyenne vallée du Sénégal, et d’Aboubacar Ben Oumar, un berbère partisan du mouvement religieux des Almoravides.
Mécontent du remariage de sa mère avec Barka Bô, un captif de son père, Njaajaan disparait dans les eaux du fleuve. Donné pour mort, il réapparaît au Waalo, à l’embouchure de la vallée. Le mythe rapporte qu’il résolut les disputes entre les femmes de pêcheurs en établissant des règles de partage du poisson. Les devins consultés lui attribuent un destin exceptionnel ce qui décide les gens du Waalo à en faire leur souverain. Avec ce mythe fondateur de la langue et de l’État wolof, on renoue avec la tension entre religion du terroir, porteuse de prospérité et d’abondance nourricière avec sa symbolique de l’eau, et l’islam porteur d’un savoir et d’une expertise en mesure d’instituer le pouvoir étatique dans sa dimension de puissance apte à conduire l’expansion territoriale du pouvoir institué.
Même s’il apporte justice et sécurité, Njaajaan n’est pas en mesure d’éliminer le complément nécessaire à la légitimité de son pouvoir, les maîtres de l’eau et du sol qui ont assuré, jusqu’à son avènement, les fonctions d’intercesseur auprès des génies de la production de la vie : la terre et l’eau. Jusque dans ses rites, le modèle étatique institué par le héros du Waalo et du Jolof se diffuse dans le pays wolof tout en conservant son rapport essentiel à l’eau, instrument de sa sacralité. « Certaines traditions de ce pays viennent également de lui, … Il s’agit du bain de Xulixuli.
Comme Ndiadiane est sorti du fleuve, à son départ du Waalo, on emporta l’eau du fleuve, on aménagea un marigot qu’on mélangeait au bain royal à chaque fois qu’on intronisait quelqu’un », selon les traditions du Jolof rappoirtées par Lilyan Kesteloot et Bassirou Dieng. Au Wagadou, le héros fondateur de l’État est doté de la puissance et de l’expertise à conduire son peuple à travers une longue migration. Il lui manque la capacité à remplir la fonction nourricière qu’il comble par un pacte scellé avec le Wagadou Bida, le génie de l’eau. Avant l’émergence de l’Etat dont rend compte le mythe de Ndiadiane, les communautés paysannes des pays wolof se sont dotées des institutions lamanales, maître des eaux et du sol, qu’elles ont chargées des fonctions nourricières et légistes. Il leur a manqué la puissance du chasseur qu’elles ont trouvée chez le héros fondateur issu d’un séjour prolongé dans les eaux du fleuve.
L’équilibre entre ces deux fonctions, la nourricière et la guerrière, est garant de la stabilité voire de l’existence de la société elle-même.
La fonction nourricière se retrouve largement répandue ailleurs en Afrique. Le roi Jukun au Nigeria contrôle la pluie et le vent, son homologue Lovedou en Afrique australe est « la reine de la pluie » alors que le Lwembe des Nyakuysa de la Tanzanie détient le « pouvoir de faire tomber la pluie, la nourriture, le lait et les enfants ». Le vieux Ogotemmêli, informateur Dogon de Marcel Griaule, nous rappelle que « la force vitale de la terre est l’eau. Dieu a pétri la terre avec de l’eau. De même, il fait le sang avec de l’eau. Même dans la pierre il y a cette force, car l’humidité est dans tout. La parole organisatrice du monde est elle issue de l’eau qui en est la source ».
L’ouverture de l’Atlantique à partir du XVe siècle connecte l’Europe, l’Afrique et l’Amérique et clôt le modèle politique fondé sur cette logique nourricière de l’État qui jusque-là reconnaissait une grande autonomie aux terroirs. Initiative des États ouest-européens, ce nouveau cycle historique développe sur les côtes africaines une économie d’extraction basée sur la traite de captifs arrachés aux communautés paysannes par les élites des États autochtones. Il instaure un divorce durable entre ces États adossés à une économie de pillage d’une part et les populations paysannes désarmées et exclues du pouvoir d’autre part.
L’État sénégambien abdique durablement sa fonction nourricière pour se reconvertir en une machine de pillage productrice d’une prégnante culture de prédation. A partir de ce moment, ses élites accordent plus d’importance, dans la lutte pour le pouvoir et ses mécanismes de reproduction, aux ressources extérieures destructrices des hommes et de l’environnement : armes à feu, fer, boissons alcoolisées, etc. Les rites en rapport avec les génies d’eau sont certes formellement conservés dans le cérémonial des Etats dynastiques mais l’exercice réel du pouvoir n’a plus rien à voir avec le sens naguère accordé à la symbolique de l’eau. Le politique abdique sa fonction nourricière et légiste pour se réduire en une machine au service de la fonction prédatrice.
L’autorité du Laman, gestionnaire des terres et détenteur des pouvoirs cosmiques, est réduite à sa plus simple expression et ses détenteurs satellisés par les tenants du pouvoir dans une logique clientéliste. Le groupe social des ceddo qui s’est constitué dans le sillage du développement de la traite atlantique reste l’incarnation même de la culture de prédation. D’origine servile, ces groupes armés des États dynastiques du Nord de la Sénégambie assurent la reproduction des régimes politiques par les razzias exercées sur les communautés paysannes pour ravitailler en captifs les marchés de la traite atlantique.
L’épopée qui lui est consacrée constitue un éloge à la violence et à la brutalité des luttes armées pour le contrôle du pouvoir mais surtout pour le pillage des communautés paysannes exclues du pouvoir. A titre d’exemple citons ce que cette épopée présente comme le jeu favori d’un jeune prince du Kajoor en marche vers la conquête du pouvoir : « Maadiodio Déguène Kodou s’installa dans la capitale Nguiguis, entretenant un vautour-génie prénommé Njëbb. Quand il planait sur les cases, il l’interprétait : il a encore envie de chair humaine. Qu’on me réunisse le peuple. Il fixait pendant longtemps quelqu’un dans l’assemblée avant de l’abattre d’un coup de fusil. Jetez-le en pâture à Njëbb, ajoutait-il. Le rapace ouvrait la poitrine de la victime pour se repaître de ses entrailles ».
On est loin de l’État nourricier incarné dans l’imaginaire de l’eau. Le pouvoir colonial qui met aisément un terme à ces pouvoirs autochtones tyranniques et pervertis n’inverse pas la relation oppressive aux communautés paysannes désormais soumises au travail forcé, à l’indigénat et à la violence des débris de l’aristocratie vaincue et recyclée dans le « commandement indigène » de l’administration coloniale. Loin de renouer avec les génies des eaux nourricières, sa politique conduit à des cycles de sécheresses, de disettes, de famines récurrentes et de migrations. Toutes les sources le confirment, aux confins des régions sahélo-sahariennes de l’Afrique, les peuples de la Sénégambie entretiennent un rapport particulier à l’eau, dans leur vie quotidienne comme dans leur imaginaire collectif. Les mémoires populaires de la région, confrontées au passage du pouvoir nourricier à l’État prédateur, ont réussi à conserver la métaphore aquatique comme un puissant marqueur historique.
Sous différentes formes, cours d’eau (fleuves et rivières), eaux stagnantes (lacs, marres, étangs, puits, canaris), le liquide précieux abrite les génies et esprits amphibies dont la saga rend compte des processus historiques les plus complexes enveloppés dans le langage mythique ou la littérature épique, les contes et proverbes. Le foisonnement des génies d’eau dans les récits sur le passé y est frappant : Maam Jare à Dakar, Maam Kumba Lamb à Rufisque, Maam Kumba Mbang à Saint-Louis et à Bar-Mboose à Kaolack en sont les exemples les plus connus. Le souvenir de la symbolique de l’eau dans l’imaginaire politique a survécu à l’ordre colonial et s’exprime dans l’espace culturel de façon parfois inattendue.
Ainsi cette évocation assez parlante dans le poème-biographie du fondateur de la confrérie sénégalaise des Mourides intitulé « Guedj gui » ou l’Océan : « C’est dans l’océan qu’il a cherché Dieu jusqu’à le découvrir eau. Il a puisé à ses lumières, s’abreuvant de son Seigneur ». « Le cheikh de Touba, tel un fleuve abreuve le monde et celui qui y plonge réapparaît avec une connaissance profonde du divin ». Revenons à notre point de départ le pays soninké, le Ngalam ou pays de l’or, l’une des victimes les plus emblématiques de cette longue histoire des pactes rompus avec les génies d’eau. L’État millénaire construit par les descendants de Dinga sur le haut fleuve Sénégal a été marginalisé à partir du XVIIIe siècle avec son intégration à l’économie de traite atlantique. La colonisation en a fait une source de main d’œuvre en direction d’espaces mieux « valorisés ».
Le déclin séculaire du Ngalam a alors démarré un nouveau cycle de dispersion des Soninké. Cette fois, la violation du pacte est le fait des pouvoirs coloniaux, leurs alliés autochtones et postcoloniaux qui ont ruiné les conditions de possibilité d’une reproduction interne de la société. La mise en valeur du bassin du fleuve Sénégal n’a pas inversé cette logique d’exclusion et de mise en marge des communautés paysannes de la vallée, naguère pays de l’abondance où se sont forgées la majorité des cultures des terroirs constitutifs de la Sénégambie historique. Avec la même ténacité séculaire, les enfants de la vallée continuent « le long voyage des gens du fleuve », emportant certainement avec eux, dans les usines et les foyers de travailleurs immigrés en Europe, les mythes d’eau toujours utiles pour faire sens, dans un monde de plus en plus déserté, au Nord comme au Sud, par la fonction nourricière de la puissance publique.
IBRAHIMA THIOUB
HISTORIEN UCAD DE DAKAR
Par Félix NZALE
TENDRE LA BONNE OREILLE
Abstraction faite de l'affaire Sonko-Adji Sarr, ce n’est pas un crime de questionner l’éthique de certains représentant de la loi, tout comme on le ferait pour des journalistes, des enseignants, des médecins…
Au carrefour du contentieux Ousmane Sonko vs Adji Sarr, la justice. La masseuse, par médias interposés, a encore secoué dame justice, l’invitant à vider au plus vite cette affaire de viol présumé. Elle estime que c’est la seule manière pour elle de recouvrer sa « liberté » mise entre parenthèses.
Le président du Pastef n’en est pas moins d’accord, rappelant aussi sa «liberté» confisquée. Le hic, selon Ousmane Sonko, c’est que, dit-il, il n’a pas foi en certaines personnes, en l’occurrence le juge chargé de l’instruction du dossier. Ce dernier serait, d’après l’actuel maire de Ziguinchor, membre d’une organisation de pensée chargée de sa liquidation politique.
Du coup, Sonko replace la justice au cœur d’un débat socio-politique qui enfle grave. Ce débat, des magistrats n’en veulent pas. Ils estiment que la rhétorique qui s’en est emparé est de nature à jeter l’anathème et à fragiliser l’institution judiciaire. Or, poursuivent-ils par la voix du président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), si le système judiciaire s’affaisse, c’est toute notre démocratie qui s’écroule. Ce qui est vrai. Pourtant, abstraction faite de cette affaire de mœurs qui n’est qu’une parenthèse dans la marche de la justice, ce n’est pas un « crime » de questionner l’éthique de certains représentant de la loi, tout comme on le ferait pour des journalistes, des enseignants, des médecins…
L’institution judiciaire n’a pas d’existence in abstracto. Elle est éminemment sociale, dirigée par des hommes et des femmes qui ne sont pas non plus des êtres désincarnés. C’est-à-dire qu’ils peuvent être dans le parti-pris ou dans une subjectivité tendancieuse. Ce qu’il y a, c’est qu’il faudrait pouvoir accepter la possibilité d’une situation non finie.
Autrement dit, voir le mal dans la chose (la critique), et non la chose en tant que mal. Cela dit, la critique du fonctionnement de la justice est une initiative venue de l’intérieur. La voix de plusieurs magistrats s’est fait entendre en premier pour mettre en évidence son caractère problématique.
Les justiciables, au nom de qui la justice est rendue, commettent-ils un « crime » lorsqu’ils joignent leurs voix à celles de ces magistrats pour émettre des objections déontologiques au sujet de certains dossiers ? Commettent-ils un « crime » lorsque, sous ce rapport, ils en appellent à une inquiétude éthique et à l’équité ? Commettent*-ils un « crime » lorsqu’ils attirent l’attention sur les intérêts personnels et l’obsession de l’ambition de certains ?
Clairement non, à mon avis. Que l’on soit magistrat, journaliste, médecin, enseignant, membre des forces de l’ordre ou de n’importe quel corps professionnel, on doit pouvoir tendre la bonne oreille pour entendre les voix de ceux dont nous sommes au service. C’est un acte de grandeur qui permet d’être encore plus grand par l’exercice de l’introspection et de la remise en question de soi. Parce que, finalement, il est plus fondamentalement ici question de responsabilité. D’une responsabilité qui n’est pas une question, mais une réponse. Se porter garant, s’engager en conscience. Pour l’autre, et devant la Loi, c’est-à-dire la communauté des Autres.
GÉNÉRATION FOOT S’OFFRE LE JARAAF ET RESTE LEADER
L’équipe de Génération Foot a amorcé avec succès le virage qui mène au titre en remportant (1-2) le duel qui l’a opposé ce dimanche au Jaraaf ( 5e ; 20 points) pour le compte de la 14e journée de Ligue 1.
Génération foot a réussi une bonne opération en remportant hier, dimanche 20 mars, le duel qui l’a opposé au Jaraaf pour le compte de la 14e journée de Ligue 1. Ce précieux succès à l’extérieur permet aux Grenats de garder, au terme de cette phase retour, les commandes. Mais aussi de maintenir encore le mano-à-mano avec son dauphin du Casa Sport qui totalise le même nombre de points ( 26 points).
L’équipe de Génération Foot a amorcé avec succès le virage qui mène au titre en remportant (1-2) le duel qui l’a opposé ce dimanche au Jaraaf ( 5e ; 20 points) pour le compte de la 14e journée de Ligue 1. Dans ce match choc, les Grenats ont pourtant été surpris d’entrée par le but matinal de Bouly Junior Sambou. Mais ils réussissent à renverser les «Vert Blanc» sur leur pelouse avec deux réalisations d’Akhilou Ly ( 11e ) et un autre de Malick Mbaye (21e min).
En rééditant leur victoire obtenue à l’aller sur leur adversaire du jour, les Académiciens se maintiennent à la première place du championnat. Avec 26 points. Le Casa Sport ( 2e , 26 points) reste sur les talons du leader et lui oppose un manoà-mano au classement après le succès obtenu ( 0-1) en déplacement contre l’équipe de Dakar Sacré-cœur ( 11e , 14 points).
Le Guédiawaye FC (22 points) et l’As Pikine (21 points) occupent respectivement la 3e et la 4e place en attendant leur confrontation prévue le 23 mars prochain dans le tout nouveau stade Abdoulaye Wade de Diamniadio. En déplacement, la Linguère de Saint- Louis (9e ; 16 points) a décroché un précieux succès devant Mbour Petite côte qu’il a dominé sur la marque de (0-2).
Dans le ventre mou du classement, Teungueth FC devrait encore attendre une autre journée pour relever la tête après une journée infructueuse vécue sur sa propre pelouse de Ngalandou Diouf. Les champions en titre ont été battus sur la plus petite marque (0-1) par l’As Douanes (10e ; 16 points). Les Rufisquois marquent du coup le pas et restent à la 9e place (16 points). Ils sont à deux points du CNEPS excellence, première équipe non relégable ( 12e ; 14 points). Les Thièssois ont encore perdu (0- 1) sur leur pelouse du stade Maniang Soumaré, devant l’Union sportive goréenne ( 7e , 19 points). Au bas du tableau, le Ndiambour (14e , 9 points) qui recevait exceptionnellement au stade Mawade Wade de Saint Louis, ferme toujours la marche du championnat après cette nouvelle défaite (0-1) essuyée dimanche devant le Diambars (8e , 18 points).
LE COLONEL BABACAR DIOUF PRÉCONISE LA STRATÉGIE RUSSE CONTRE LA CRISE CASAMANÇAISE
Officier de l’armée de l’air sénégalaise à la retraite, Babacar Diouf prend position sur l’offensive que l’armée sénégalaise mène depuis quelques temps contre les positions des éléments du Mfdc dirigé par le chef rebelle, Salif Sadio
Selon le Colonel de l’armée de l’air à la retraite, Babacar DIOUF, la stratégie Russe est valable dans la gestion du conflit Casamançais. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 20 mars, l’ancien aide de camp du président Abdou Diouf a, en effet, indiqué au sujet des raisons qui font perdurer cette crise qui a fait plus de trente ans et des milliers de victimes que « tant que le conflit casamançais nourrira plus de gens qu’il n’en tue, il va perdurer. »
Officier de l’armée de l’air sénégalaise à la retraite, le Colonel Babacar DIOUF prend position sur l’offensive que l’armée sénégalaise mène depuis quelques temps contre les positions des éléments du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) dirigé par le chef rebelle, Salif Sadio.
Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 20 mars, l’ancien aide de camp du président Abdou Diouf a préconisé la stratégie Russe consistant à poursuivre les négociations avec le Mfdc ouvertes sous l’égide de la communauté de Sant’Egidio, tout en continuant le déploiement de forces armées sur le terrain dans le cadre de la gestion de ce conflit. « On a ouvert la négociation d’un côté. En attendant que celle-ci soit acceptée, je pense que la stratégie Russe est valable. Autrement dit, vous menez de concert la négociation et le déploiement de forces armées sur le terrain. Et vous essayez l’information aussi pour sensibiliser les populations », a t-il suggéré.
Avant de préciser : « il n’y a que la paix des braves qui est possible en Casamance. Une solution où chacun trouvera son compte mais où l’intérêt général et le premier élément de cet intérêt général est l’intégrité du territoire national sénégalais». En effet, selon lui, « tant que le conflit casamançais nourrira plus de gens qu’il n’en tue, il va perdurer. »
Poursuivant, l’officier supérieur de l’armée de l’air qui répondait à une interpellation de notre confrère Baye Oumar Guèye sur les raisons qui font perdurer ce conflit malgré les efforts consentis par les différents régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat sénégalais pour ramener la paix dans cette partie sud du pays, n’a pas manqué de déplorer le soutien dont le Mfdc a pu bénéficier sur le plan local et des pays limitrophes.
Par ailleurs, s’exprimant sur les opérations en cours de l’armée sénégalaise dans le nord du département de Bignona (région de Ziguinchor), l’ancien aide de camp du président Abdou Diouf de préciser que le « Sénégal a le droit et le devoir » d’envoyer son armée traquer des gens qui ont attaqué ses soldats en Gambie, qui prétendent avoir le monopole de la violence dans une portion du territoire. « Que des soldats sénégalais soient attaqués en Gambie par des gens qui ne sont pas en Gambie mais s’ils ne sont pas en Gambie, c’est qu’ils sont en territoire sénégalais. Si ces gens prétendent avoir le monopole de la violence dans une portion du territoire, le Sénégal a le droit et le devoir de leur envoyer son armée parce que l’Etat, c’est l’organisation qui a revendiqué avec succès le monopole de la violence légitime. Le Sénégal a tous les droits dans ce cadre ».
UNE DÉCISION POLITIQUE SANS CONSÉQUENCE
Les professeurs en droit public à la Faculté de droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Mamadou Aliou Diallo et Mouhamadou Ngouda Mboup se prononcent sur l’investiture annoncée de Khalifa Ababacar Sall tête de liste de la coalition Yaw
L’investiture annoncée de l’ancien député-maire révoqué de Dakar comme tête de liste de la coalition Yewwi Askan Wi n’aura aucun impact négatif sur la liste de cette coalition, en cas d’invalidation. L’avis est des professeurs en droit public à la Faculté de droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Mamadou Aliou Diallo et Mouhamadou Ngouda Mboup. Interpellés par Sud quotidien sur les conséquences que pourrait entrainer une telle «investiture» décision, les deux spécialistes du droit public estiment que cette décision des leaders de Yewwi obéit plutôt à une logique politique.
En effet, lors d’une conférence de presse des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, le nouveau député-maire de la commune de Ziguinchor non moins leader de Pastef Ousmane Sonko avait indiqué que la candidature de Khalifa Ababacar Sall aux prochaines législatives est une « condition non-négociable ». Pour rappel, Khalifa Ababacar Sall a été condamné en 2017 dans le cadre de l’affaire dite de la caisse d’avance de la ville de Dakar à 5 ans de prison pour escroquerie sur les deniers publics. Une peine assortie d’une amende de 5 millions FCfa. Khalifa Sall avait été libéré à la faveur d’une grâce présidentielle en septembre 2019. Lors de la dernière présidentielle de 2019, son dossier de candidature a été recalé par le Conseil constitutionnel au motif qu’il a perdu son droit de vote « en vertu des articles 27 et 31 du Code électoral ». Aujourd’hui, trois ans après la présidentielle de 2019, la coalition Yewwi Askan Wi dont l’ex-maire de Dakar est co-fondateur avec le leader de Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko, et le marabout politicien Serigne Moustapha Sy, responsable moral du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), revient à la charge. Cependant, en voulant forcer la candidature de l’ancien maire de Dakar, la coalition Yewwi Askan n’est-elle pas en train de créer les conditions d’un rejet prochain de sa liste avec l’invalidation de la candidature de l’ex-maire révoqué de Dakar ?
Interpellé sur la question, le professeur Mamadou Aliou Diallo, maître de conférence en droit public à la Faculté de droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), et son collègue Mouhamadou Ngouda Mboup, également enseignant-chercheur en droit public à la Faculté de droit de l’Ucad, ont été formels. Du point de vue du droit, ils ont tenu à préciser que ce choix n’aura «aucune conséquence sur la liste » de Yewwi Askan Wi et cela, même en cas d’invalidation du dossier de candidature de l’ex-maire de Dakar. « L’inéligibilité d’une candidature ne va pas entraîner l’invalidation de toute la liste sur laquelle le candidat est investi. Après le dépôt des listes, si l’inéligibilité est constatée, elle ne va pas concerner que les personnes qui sont victimes de la sanction qui les rend inéligibles», a renseigné le professeur Mamadou Aliou Diallo. Avant d’ajouter : « Je ne crois pas qu’on puisse aller jusqu’à sanctionner toute la liste. Ce serait à mon avis excessif, nonobstant que je n’ai pas de texte fondamental sur lequel je peux me fonder pour dire exactement que c’est ça, la solution mais d’un point de vue de la logique du droit, on ne peut pas sanctionner toute la liste ».
Prenant la parole à son tour sur cette question, Mouhamadou Ngouda Mboup abondera dans le même sens en faisant remarquer que les candidatures sont individuelles même si elles sont présentées sur une même liste. « La liste présente les candidatures mais individuellement. La preuve, chaque type de dossier est indépendant d’un autre. Mon casier judiciaire est indépendant d’un autre même si on est sur une même liste» a-t-il ajouté.
Poursuivant son propos, il soulignera que la décision d’investir Khalifa Ababacar Sall tête de liste de Yewwi Askan Wi s’inscrit plus dans une logique politique. « Concernant les élections législatives, c’est le ministère de l’Intérieur qui est chargé de recevoir et de contrôler les dossiers de candidature. Et quand le ministère va rejeter une candidature, vous voyez le tollé que cela va faire après. Cela pourrait même, être considéré comme une décision à la fois juridique et politique. A mon avis, c’est l’intérêt de cette décision d’investir Khalifa Ababacar Sall. Les opposants ont posé un acte politique fort », explique encore le professeur Mouhamadou Ngouda Mboup.