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26 juin 2025
LE CNRA MET WALF TV EN DEMEURE D’ARRÊTER SES MANQUEMENTS GRAVES AUX RÈGLES DE L’AUDIOVISUEL
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a déclaré lundi avoir mis en demeure la chaîne privée Walf TV d’arrêter ses "manquements graves" au cahier des charges des médias audiovisuels et de présenter ses excuses à la communauté catholique
Dakar, 28 fév (APS) - Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a déclaré lundi avoir mis en demeure la chaîne privée Walf TV d’arrêter ses "manquements graves" au cahier des charges des médias audiovisuels et de présenter ses excuses à la communauté catholique et aux Sénégalais.
"Le 24 février 2022, à l’occasion de la diffusion de l’émission ’Diné ak Diamono’, Walf TV a failli à sa responsabilité en laissant l’invité monsieur Lamine Sall tenir des propos très dangereux pour la cohésion sociale et le maintien de la vie en société sans le recadrer ou l’interrompre", écrit le CNRA.
Il dit avoir constaté, après avoir visionné l’émission en question, qu’elle contient "des manquements inacceptables à la réglementation" audiovisuelle.
Pour cette raison, "le CNRA (…) met en demeure Walf TV de prendre les mesures appropriées pour mettre un terme définitif à de pareils manquements", lit-on dans la décision adressée par le régulateur à Cheikh Niass, l’administrateur du groupe Wal Fadjri.
Il exige de la chaîne de télévision qu’elle présente "ses excuses à la communauté catholique et aux Sénégalais", lors du prochain numéro de l’émission hebdomadaire "Diné ak Diamono".
"Le non-respect de la présente mise en demeure expose Walf TV aux sanctions prévues par la loi", avertit l’organe de régulation audiovisuelle.
Dans un communiqué, la direction de Wal Fadjri a déploré "les propos irresponsables" tenus par l’un des invités de l’émission.
Ils sont de nature à "disséminer la haine ou à susciter la division", a reconnu le groupe de presse, promettant de faire en sorte qu’"un tel dérapage ne puisse plus se reproduire".
L’assemblée du CNRA estime, pour sa part, que "le communiqué rendu public par le groupe Wal Fadjri (…) n’enlève en rien la faute commise par Walf TV".
Il rappelle que la chaîne de télévision a l’obligation de respecter le cahier des charges qui réglemente l’exploitation de tout service de télévision privée au Sénégal.
Les télévisions assujetties au cahier des charges de la production audiovisuelle au Sénégal doivent s’assurer "instantanément [de] la maîtrise de l’antenne", lors de leurs émissions, et veiller à "ne pas diffuser des propos ou contenus de nature à constituer une menace sur la stabilité nationale et la cohésion sociale".
Elles ont l’obligation, ajoute le CNRA, d’éviter de "provoquer une confrontation entre les religions, les confréries ou les communautés". Et se garder de "diffuser des propos incitant à l’intolérance, à la stigmatisation, à l’exclusion et à la marginalisation".
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
MONSTRUOSITÉ POLITIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans sa politique de massification, Macky Sall n’a que deux stratégies gagnantes : la transhumance coercitive ou les ennuis judiciaires. Mais pour combien de temps encore ?
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 28/02/2022
Si à la veille de présidentielle de 2012, le candidat de Macky 2012 a déclaré à la télévision Walf TV que la transhumance est un cancer de la politique sénégalaise qu’il faut juguler voire éradiquer, une fois élu, il aura tôt fait de se raviser au contact de la realpolitik. Kaffrine aura été l’endroit idoine pour redéfinir positivement le nomadisme politique pourtant flétri dans notre Constitution.
« Ne parlons pas de transhumance qui a une charge très péjorative. Le terme n’est pas acceptable. Mais, il ne faut pas oublier que nous sommes dans une démocratie. La liberté d’aller et venir est garantie par la Constitution. On ne peut pas mettre les gens dans des carcans politiques. Lorsque vous avez une majorité, il faut chercher à la consolider en allant chercher dans le camp adverse, dans l’opposition… Que quelqu’un quitte un parti où il ne se sent plus à l’aise pour rejoindre un autre parti, il n’y a rien de plus normal… Nous n’accueillons pas des responsables politiques de l’opposition à coût de milliards ou avec des postes. Non ! Nous sommes dans une logique politique. Nous cherchons à renforcer notre majorité pour gagner le premier tour. Le mot d’ordre : c’est l’ouverture. Amenez des gens d’où qu’ils viennent avec n’importe quel moyen. Nous allons réduire l’opposition à sa plus simple expression. Ça va continuer », dixit le leader de l’Alliance pour la République (APR), le 16 avril 2015 lors d’une conférence de presse à Kaffrine.
Dans sa politique de massification, Macky Sall n’a que deux stratégies gagnantes : la transhumance coercitive ou les ennuis judiciaires. Les politiciens qui l’ont compris très tôt ont transhumé pour échapper au sabre judiciaire et les rétifs coriaces ont subi les rigueurs de l’enfer carcéral.
PDS : le bâton ou la carotte
Le PDS qui a voulu s’imposer comme la principale force politique de l’opposition, après la chute de son leader en 2012, afin de faire barrage au tout nouveau président élu, a été la première cible de Macky Sall. La mal-gouvernance du magistère de Wade à laquelle Macky Sall a été acteur clé pendant huit ans a été un prétexte pour réactiver la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), mettre aux arrêts le nouveau leader, Karim Wade, déstabiliser le PDS et contraindre certains libéraux à transhumer pour éviter la prison. Les responsables Oumar Sarr, El Hadji Amadou Sall, Aminata Nguirane, Aïda Ndiongue, Toussaint Manga feront la prison pour des raisons purement politiques. Si pour les libéraux susnommés Macky avait choisi le bâton, pour d’autres, il a choisi la carotte. Farba Senghor, Pape Samba Mboup, Serigne Mbacké Niaye, Souleymane Ndéné Ndiaye, Modou Diagne Fada, Aliou Sow et autres transhumants-ralliés ne diront pas le contraire. Aujourd’hui, la bande à Oumar Sarr composée d’Amadou Sall, Babacar Gaye, Bamba Ndiaye, malgré toute la radicalité affichée pendant les premières années de la gouvernance de Macky prend part au festin gouvernemental.
La même tactique pour déstabiliser le PDS est utilisée par le chef de Bennoo Bokk Yaakaar pour venir à bout de l’allié socialiste. Le bâton a été utilisé pour neutraliser Khalifa Sall et ses lieutenants, qui dès le début de l’alternance de 2012, ont manifesté des velléités de sécession vis-à-vis de Tanor et compagnie. Ainsi en 2013, la machine politico-judiciaire de l’État a été aussi mise en branle pour neutraliser voire éliminer politiquement le maire de Dakar qui, à l’instar de Karim Wade, serait un obstacle pour la réélection de Macky en 2019.
Khalifa Sall : le sabre judiciaire
Pour déstabiliser Khalifa Sall sourd aux sirènes du pouvoir, l’État a commencé par la mise en place de l’Acte III de la Décentralisation qui dépouilla le maire de Dakar de l’essentiel de ses pouvoirs et prérogatives. S’ensuivirent la mise à l’arrêt du pavage des rues de la capitale, le dessaisissement de la gestion des ordures au profit de l’UCG contrôlée directement par le ministère de la Gouvernance locale, du Développement et de l'Aménagement du Territoire, le blocage d’un emprunt obligataire de 20 milliards approuvé pourtant par le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crepmf), le blocage des travaux d’embellissement de la Place de l’Indépendance. Mais le point d’orgue sera atteint quand, à la suite d’une mission d’inspection à la mairie de Dakar, Khalifa sera accusé, jugé et condamné à cinq de réclusion pour « escroquerie sur des deniers publics » avant d’être gracié. Certains maires élus en 2014 (dont certains ont été battus lors des locales de 2022) sous la bannière de Taxawu Senegal qu’il dirige ont tourné casaque pour rejoindre, à leur corps défendant, le pouvoir. On peut en citer Bamba Fall, Banda Diop, Ousmane Ndoye, Moussa Sy, Pape Seck, Aliou Ndoye et Jean-Baptiste Diouf qui n’ont pas été des parangons de bonne gouvernance.
Si Macky a utilisé la manière forte pour mettre à carreaux les dissidents khalifistes du PS, il a usé de l’arme alimentaire pour domestiquer voire phagocyter Tanor et les siens. Des ministères, des postes de députés, de direction et d’agence et un Haut conseil auront suffi pour inciter le défunt leader socialiste à aller à Canossa. Dans le même registre de soumission à Macky Sall, 82 secrétaires généraux (sur 138) de coordination du Parti socialiste réunis le 21 octobre 2017 avaient donné leur imprimatur au bureau politique pour acter l’exclusion de Khalifa Sall, d’Aïssata Tall Sall, de Bamba Fall, de Barthélemy Dias et de tous leurs autres compagnons appelés dissidents.
Moustapha Niasse, quant à lui, avait exprimé tôt son soutien à Macky Sall à la présidentielle de 2019 depuis 2013. Ce soutien décidé unilatéralement et prématurément avait précipité le départ de Malick Gakou et d’autres responsables jeunes progressistes. Aujourd’hui l’AFP n’existe que de nom dans la mesure où l’essentiel de ses militants préfère le combat d’opposition à la soumission.
La gauche communiste anesthésiée
Dans les combats qui ont mené aux alternances de 2000 et de 2012, la gauche historique incarnée par le PIT, la LD et AJ y a joué un rôle prépondérant. On se souvient du pôle de gauche qui a été le catalyseur de la victoire de Wade en 2000. Cette même gauche a été un artisan dans la victoire de 2012. Mais aujourd’hui cette gauche a perdu sa dignité. Elle a renoncé à la lutte des classes pour la lutte des places. L’ambition de promouvoir la masse populaire a cédé la place à l’instinct de survie individuelle. Jouissant des voluptés du pouvoir, Amath Dansokho, Ibrahima Sène, Moussa Sarr, Nicolas Ndiaye, Momar Samb, Ousmane Badiane, Aminata Touré, Mahmout Saleh et d’autres pontes de la gauche léniniste, trotskyste ou maoïste ont rangé les armes de la critique dans le fourreau des passe-droits et autres avantages pécuniaires. Ibrahima Sène, PCA de la Miferso est devenu et le thuriféraire et l’avocat numéro 1 de Macky dans les réseaux sociaux. Ce même Macky Sall qu’il avait accusé en 2012 d’être le candidat des loges maçonniques et des LGBT. La gauche incendiaire anesthésiée, ramollie, survit aujourd’hui grâce à la perfusion alimentaire de sa Majesté.
Rewmi : les jouissances du « mourok-sow »
Rewmi, le dernier parti qui a quitté l’opposition pour aller goûter aux jouissances du « mbourok-sow », subit les conséquences désastreuses de son alliance avec l’APR. Les élections locales ont montré à suffisance que le parti d’Idrissa Seck a perdu dans le salmigondis moisi du « mbourok-sow ». La preuve, les 129 724 électeurs qui avaient massivement voté lors de la présidentielle de 2019 pour Idrissa Seck ont refusé de se rendre aux urnes lors des locales. Seuls 29 électeurs ont voté pour la coalition « mbourok-sow » contre 103 bulletins blancs.
Aujourd’hui, le PDS est à nouveau dans le viseur du président Macky Sall. Mais la stratégie présidentielle change. Il ne s’agit plus d’agiter le bâton judiciaire comme en 2013 mais la carotte pour apaiser la faim occasionnée par dix rudes années de traversée du désert de l’opposition. Le nouveau stade de Diameniadio baptisé Abdoulaye Wade est un tapis rouge déroulé au PDS pour rejoindre la coalition présidentielle. L’objectif visé est de neutraliser le restant du PDS et de captiver ses 440 000 voix obtenues lors des locales.
La récente sortie de Doudou Wade (Grand Jury de la RFM du 27 février 2022) qui divise le parti libéral et l’intervention du porte-parole adjoint de l’APR Abdou Mbow (édition du 28 février 2022 de la mi-journée de la RFM) laissent présager un rapprochement entre le PDS et l’APR. Le gouvernement en vue où certains apparatchiks libéraux ne cracheraient sur un maroquin ou strapontin risque de rapetisser davantage le périmètre électoral du PDS fortement réduit depuis 2012.
Si Macky avait déclaré qu’il allait réduire l’opposition à sa plus simple expression, il faut souligner que ce postulat s’applique plus aussi à ses alliés ou ralliés. Notamment la LD, le PIT, le PS, l’AFP et le Rewmi.
Quant aux opposants radicaux Yewistes, à défaut de les avoir comme alliés ou de démanteler leur coalition, Macky envisage de maintenir sous pression judiciaire ses leaders les plus charismatiques : Ousmane Sonko avec l’affaire Adji Sarr, Barthélémy Dias avec l’affaire Ndiaga Diouf et Khalifa Sall toujours privé illégalement de ses droits civils et politiques.
C’est dire donc que le président de la République emploie avec efficacité la tactique du « diviser pour régner » ou la contrainte judiciaire. En procédant ainsi, le leader de la coalition yakariste est parvenu à affaiblir ses alliés, ses ralliés et certains encore-adversaires et à réduire leur capacité d’entente et de cohésion. Le but d’une telle stratégie mackyavélique du président est de continuer à régner en tout absolutisme dans le jeu politique et de préparer sereinement les modalités de son départ en 2024.
Ainsi la monstruosité de Macky se manifeste à travers sa capacité à maîtriser le jeu politique et à le rythmer à sa guise. Mais pour combien de temps encore ?
Les rumeurs vont bon train s’agissant de la cession des activités africaines du groupe en matière de transport et de logistique. Confrontée à la concurrence internationale, la multinationale accumule par ailleurs les déboires judiciaires
Le Monde Diplomatique |
Fanny Pigeaud |
Publication 28/02/2022
Le groupe Bolloré ne commente pas les rumeurs de presse concernant ses activités de transport et de logistique. » C’est par ce communiqué laconique d’une seule phrase, publié le 15 octobre 2021, que le service de presse du géant français répond aux bruits selon lesquels il serait « prêt à vendre » sa branche logistique sur le continent africain. Selon Le Monde (1), la banque d’affaires Morgan Stanley aurait même été chargée « de sonder discrètement l’intérêt des acquéreurs potentiels, notamment les grands noms du transport maritime », dont l’armateur français Compagnie maritime d’affrètement - Compagnie générale maritime (CMA-CGM) et le danois Maersk, « qui étudieraient le dossier ».
Un tel retournement aurait de quoi surprendre, car la holding a construit en Afrique un véritable empire, grâce au rachat de diverses entreprises depuis le milieu des années 1980. Présente dans quarante-deux ports, sa filiale Bolloré Africa Logistics agit comme agent de ligne maritime et manutentionnaire ; elle est concessionnaire de seize terminaux à conteneurs — la plupart dans les pays francophones. Elle gère également trois concessions ferroviaires et assure de la logistique et du transit avec des opérations de dédouanement et de transport de marchandises. Elle emploie plus de vingt mille personnes, soit un quart des effectifs du groupe dans le monde. Elle a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros, tandis que celui de Bolloré SE, la maison mère, atteignait 24,11 milliards d’euros. Si l’on ajoute les activités de communication, le groupe réalise 11 % de son chiffre d’affaires en Afrique, où il a bâti une partie de sa fortune. Selon une étude d’Exane BNP Paribas, en 2012, ce continent représentait près de 80 % de ses profits (2).
Effet d’aubaine ? En raison de la reprise de l’activité économique consécutive à l’essoufflement de la pandémie de Covid-19 et de l’explosion des prix du fret, les entreprises de transport maritime, qui voient leurs bénéfices s’envoler, cherchent à réinvestir. CMA-CGM négocie ainsi l’acquisition du troisième plus grand terminal des ports de Los Angeles tandis que Maersk vient de racheter l’allemand Senator International, spécialisé dans le fret aérien. En ce qui concerne Bolloré, Morgan Stanley, CMA-CGM et Maersk n’ont pas voulu confirmer ou infirmer les informations parues dans la presse. En revanche, M. Philippe Labonne, directeur général adjoint de Bolloré Transport et Logistics et directeur général de Bolloré Ports, a démenti tout projet de départ lors d’un déplacement au Cameroun, affirmant même vouloir continuer à investir dans la région. Il a rappelé que la multinationale a lancé la construction d’un second terminal à conteneurs à Abidjan. « Nous sommes en Afrique pour la durée », a-t-il lancé le 20 octobre 2021. L’information n’a, semble-t-il, pas dépassé les frontières du Cameroun, mis à part une nouvelle brève dans le mensuel financier panafricain Financial Afrik (3).
Reconnaissance de culpabilité
Pourtant, les déboires accumulés en Afrique pourraient inciter le groupe à revoir ses priorités stratégiques. En premier lieu, les procédures judiciaires se multiplient contre lui. La plus importante pourrait déboucher sur un procès en France contre l’ancien président-directeur général du groupe Vincent Bolloré, le directeur général Gilles Alix et le responsable du pôle international de Havas Jean-Philippe Dorent. En 2013, le tribunal de Paris a ouvert une information judiciaire pour « corruption d’agent public étranger, abus de confiance et complicité d’abus de confiance ». Les juges soupçonnaient le groupe Bolloré d’avoir sous-facturé des prestations de conseil et de communication à M. Alpha Condé, qui briguait alors la présidence de la Guinée, et à M. Faure Gnassingbé, alors candidat à sa réélection au Togo, contre l’obtention de la gestion des ports de Conakry et de Lomé. L’enquête s’était conclue par un « plaider-coupable » négocié avec le parquet national financier (PNF) : M. Bolloré et ses deux collaborateurs, d’une part, et le groupe en tant que personne morale, d’autre part, avaient accepté de reconnaître leur culpabilité dans le dossier togolais — le volet guinéen avait été écarté pour prescription. En échange, il était convenu que les trois hommes s’acquitteraient d’une amende de 375 000 euros chacun, tandis que l’entreprise s’engagerait à verser douze millions d’euros au Trésor public. Cet arrangement devait être validé par le tribunal judiciaire de Paris lors d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), le 26 février 2021. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu : la juge Isabelle Prévost-Desprez, qui présidait l’audience, a — certes — validé la convention judiciaire d’intérêt public visant Bolloré SE et sa maison mère, la Financière de l’Odet SE, mais elle a rejeté l’accord passé avec M. Bolloré et ses collaborateurs, bien que le milliardaire ait, comme convenu, reconnu devant elle sa culpabilité pour les faits de « corruption » et de « complicité d’abus de confiance », tout comme M. Alix l’a fait pour ceux de « corruption » et d’« abus de confiance » et M. Dorent pour ceux de « complicité d’abus de confiance ». Ces faits doivent faire l’objet d’un procès public en raison de leur gravité, selon la juge qui estime que les peines déterminées par le PNF sont « inadaptées au regard des circonstances de l’infraction et de la personnalité de leur auteur ». Suite normale de la procédure, le dossier a été transmis à un nouveau juge d’instruction. Un éventuel délit de corruption serait passible de cinq ans de prison.
GOUVERNEMENT ET SYNDICATS D’ENSEIGNANTS, UN COMITÉ DE SUIVI DE L’ACCORD DU 26 FÉVRIER MIS EN PLACE
Un comité multilatéral chargé du suivi de l’accord signé samedi 26 février par le gouvernement et cinq syndicats d’enseignants a été créé à la demande d’organisations syndicales et de la société civile, a appris l’APS lundi de l’une des parties.
Dakar, 28 fév (APS) – Un comité multilatéral chargé du suivi de l’accord signé samedi 26 février par le gouvernement et cinq syndicats d’enseignants a été créé à la demande d’organisations syndicales et de la société civile, a appris l’APS lundi de l’une des parties.
Le comité est constitué de représentants du gouvernement, des syndicats d’enseignants, de la société civile, de la présidence de la République et du Haut Conseil du dialogue social, selon Alcantara Sarr, le secrétaire général du Syndicat des inspecteurs et inspectrices de l’enseignement du Sénégal (SIENS).
Son rôle est de "verrouiller et de sécuriser ce que nous avons réussi à produire au terme de longues négociations", a expliqué le leader du SIENS.
Il prenait part à un point de presse des cinq syndicats signataires de l’accord conclu après plusieurs semaines de grève des enseignants.
Ces derniers protestaient contre le non-respect d’engagements pris avec eux par le gouvernement en 2018.
Après de longues négociations, le gouvernement a signé un nouvel accord, samedi 26 février, avec l’Union démocratique des enseignantes et enseignants du Sénégal, le Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique, le Syndicat national des enseignants en langue arabe du Sénégal et le Syndicat des enseignants libres du Sénégal et le SIENS.
"Nous avons le souci de sécuriser cet accord et d’aller vers sa mise en œuvre, qui engage toutes les parties, pour aller vers une période de stabilité durable", a dit Alcantara Sarr.
"Cette fois-ci, en raison de la nature des problèmes soulevés, nous avons décidé, au-delà de l’accord, de poursuivre le travail de négociation", a ajouté M. Sarr.
Il estime que "cette crise a été assez spéciale, avec beaucoup de manipulations, beaucoup d’intoxication, via les réseaux sociaux".
Le "malaise" engendré par les conditions de travail et les "iniquités" du système de rémunération des fonctionnaires constituaient le "fondement" de la grève des enseignants, a rappelé Alcantara Sarr.
Cette fois-ci, les parents d’élèves, les élèves et les militants de la société civile ont activement pris part aux négociations à l’origine de l’accord censé mettre fin à la longue grève des enseignants, selon M. Sarr.
Le Syndicat autonome des enseignants du moyen-secondaire et le Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen-secondaire n’ont pas signé l’accord. Leurs délégués "ont pris acte des propositions faites par le gouvernement" et ont décidé de se donner le temps de les étudier avec leurs militants.
Les syndicats réclamaient une "amélioration" de la rémunération des enseignants et la correction des "iniquités" de traitement entre eux et certains fonctionnaires.
LA RUSSIE EXCLUE DU MONDIAL DE FOOT
Le Fifa et l’UEFA ont décidé de suspendre la sélection nationale russe des prochaines compétitions internationales dont la coupe du monde prévue au Qatar. L’équipe féminine est aussi privée d’Euro, cet été
Le Parisien |
Julien Lesage et David Opoczynski |
Publication 28/02/2022
Après avoir longtemps évacué la question et botté en touche, la Fifa a décidé de sévir. Selon des informations du New-York Times et de FranceInfo, que nous sommes en mesure de confirmer, la Fédération internationale de football a décidé lundi, conjointement avec son homologue européenne l’UEFA, d’exclure la Russie du prochain Mondial au Qatar.
Une information rendue publique via un communiqué publié par les deux instances à 18h30. « Suite aux décisions initiales adoptées par le Conseil de la FIFA et le Comité Exécutif de l’UEFA, qui prévoyaient l’adoption de mesures supplémentaires, la FIFA et l’UEFA ont décidé aujourd’hui ensemble que toutes les équipes russes, qu’il s’agisse d’équipes nationales représentatives ou d’équipes de clubs, seront suspendues de toute participation aux compétitions de la FIFA et de l’UEFA jusqu’à nouvel ordre ».
La Fifa a travaillé avec la Confédération européenne (UEFA) pour acter dès lundi cette décision, qui exclurait la Russie du Mondial 2022, prévu du 21 novembre au 18 décembre,« à moins que la situation ne s’améliore », expliquait un peu plus tôt une source à l’AFP. Une décision qui correspond à ce que réclament de nombreuses Fédérations en représailles à l’attaque russe.
« Je penche pour une exclusion de la Russie du prochain Mondial, a ainsi déclaré Noël Le Graët, président de la Fédération française, dans nos colonnes dimanche. C’est mon premier élan. Habituellement, j’estime que le sport est là pour réconcilier les peuples et apaiser les tensions. Mais là, cela va beaucoup trop loin. Et le monde du sport, et en particulier du football, ne peut pas rester neutre. Je ne m’opposerai certainement pas à une exclusion de la Russie. »
LA FIFA EN DISCUSSIONS AVANCÉES POUR EXCLURE LA RUSSIE DU MONDIAL
La Fifa travaille avec ll'UEFA pour acter dès lundi cette décision. Les Russes doivent jouer un match de barrage le 24 mars contre la Pologne, mais les Polonais ont répété à plusieurs reprises qu'ils refuseraient de le disputer, même sur terrain neutre
La Fédération internationale de football (Fifa) est en "discussions avancées" pour suspendre la sélection nationale russe des compétitions internationales dont le Mondial, en réaction à l'invasion russe en Ukraine, a appris l'AFP lundi de source ayant connaissance des discussions.
La Fifa travaille avec la Confédération européenne (UEFA) pour acter dès lundi cette décision, qui exclurait du Mondial-2022 (21 novembre-18 décembre) la Russie, "à moins que la situation ne s'améliore", explique-t-on de même source.
Les Russes doivent jouer un match de barrage le 24 mars contre la Pologne, mais les Polonais ont répété à plusieurs reprises qu'ils refuseraient de le disputer, même sur terrain neutre.
Hôte du Mondial-2018, événement planétaire, la Russie se retrouverait isolée sportivement par cette décision, surtout si l'UEFA venait à confirmer cette suspension à l'échelle continentale, ce qu'elle était sur le point de faire lundi selon une information de l'agence allemande SID, filiale de l'AFP.
Cela aurait pour conséquence d'exclure l'équipe féminine de Russie de l'Euro en juillet en Angleterre, où elle doit défier les Pays-Bas, la Suède et la Suisse lors de la phase de groupes.
La décision de l'UEFA concernerait aussi le Spartak Moscou, engagé en 8e de finale de Ligue Europa, contre le RB Leipzig.
La Fifa suivrait ainsi la position du Comité international olympique (CIO), qui a a recommandé lundi aux Fédérations internationales de "ne pas inviter" les athlètes et équipes russes et bélarusses dans les compétitions sportives internationales.
Dimanche, la Fifa avait déjà prononcé une première salve de sanctions, imposant à la Russie d'évoluer sous le nom de "Fédération russe de football", bannissant le drapeau et l'hymne russes de ses épreuves et demandant aux Russes de jouer leurs matches à domicile sur terrain neutre.
DANS L'ABRI DES SANS DOMICILE FIXE
Dans les grandes villes du Sénégal, des personnes prennent possession des places publiques. Sans-abri, ils y dorment et y font tous leurs besoins naturels. Certains travaillent pour survivre au moment où d’autres mendient ou volent
Dans son pull-over bleu, Amadou Ly se trouve au «mbarou oudé» (atelier des cordonniers), un lieu situé au milieu du marché central de Thiès. De teint clair, le trentenaire est en train de s’installer pour la nuit. Armé d’un «merr gadou» (petit matelas), il l’étale sur le perron avant de le couvrir d’un de ses deux draps. L’autre, il s’en sert pour se protéger contre le froid. Couché, il pose sa tête sur ses chaussures en guise de coussin. Sans domicile fixe, sans-abri, grand exclu, mendiant, nomade, marginal, personne sans chez-soi... Les appellations ne manquent pas pour qualifier Amadou et les dizaines de personnes qui élisent domicile dans ce marché de Thiès, une fois la nuit tombée. Ce phénomène prend de l'ampleur dans la capitale du rail.
Mardi 22 février, l’horloge affiche 23h. Le marché central se vide de ses commerçants et clients, les sans-abris commencent à envahir les lieux. Ils sont de plus en plus nombreux à squatter les lieux pour trouver un endroit où dormir. Privés de chaleur familiale, ils sont des étrangers venus de la sous-région ou de jeunes gens expulsés de leurs familles ou encore d'autres qui ont perdu tout espoir dans cette vie. Certains aussi y seraient par choix. Surpris au niveau de son dortoir, Amadou Ly se lève brusquement. Sur son matelas, il a l’air effrayé. Le visage pâle, le jeune apostrophe l’intrus : «Vous aussi vous cherchez un endroit où dormir ? » « Non », souffle-t-on. Originaire de la Guinée Conakry, Amadou relate d’un ton triste son vécu à Thiès. «Je suis guinéen d’origine. Je suis venu au Sénégal en 2020 et j’ai effectué mon premier séjour à Dakar où j’ai été victime d’une agression. Là-bas, je dormais sous le pont de Cambérène avant que des agresseurs ne viennent me violenter et emporter tout l’argent que j’avais mobilisé à travers le lavage de véhicules», raconte-t-il. Loin de ce danger, Amadou décide de rallier Thiès où il mène presque la même vie. Le jour, le Guinéen fait le tour du marché pour laver des voitures afin de trouver de quoi acheter de la nourriture et la nuit, il attend que le marché se vide de ses occupants pour aller s’aménager un dortoir. A Thiès, Amadou n’a pas encore vécu une agression, mais son cas à Dakar ne cesse de le traumatiser. «Je n’ai pas de parents ici. Je n’ai que ce lieu pour dormir. Je n’ai jamais l’esprit tranquille et quand j’entends un bruit, je sursaute pour peur d’être agressé. Je ne dors jamais profondément», s’attriste le jeune Ly.
«J’ai été emprisonné pour avoir volé du fer que j’ai revendu pour me nourrir»
A deux pas d’Amadou, s’est installé un autre sans-abri. Dans son moustiquaire pliable, cet homme est déjà entre les bras de Morphée. Il ronfle bruyamment. Et semble à son aise. A côté de lui, deux autres hommes sont couchés côte à côte. Ils discutent et essaient de trouver le sommeil en surfant sur le net. On les croirait dans leur domicile. Fodé Konté et Ousmane Dia dorment sans gêne au marché central de Thiès. Fodé affirme qu’il est obligé d’y passer la nuit parce que son revenu ne lui permet pas de louer une chambre. «Je dors ici parce que je n’ai pas assez d’argent pour louer une chambre. La location est chère. Il faut au moins un budget de 100 000 FCFA pour payer la caution. Alors qu’avec mon job de «bujumaan», je ne peux pas mobiliser cette somme. Je n’ai aucun ancrage à Thiès», pleurniche-t-il. Originaire de la Gambie, le jeune homme, âgé de 21 ans, se sert du peu d’argent qu’il gagne pour survivre. Venu au Sénégal à la recherche d’une vie meilleure, il vit un calvaire. «J’ai même été emprisonné parce que j’avais volé du fer que j’avais revendu pour m’acheter de la nourriture. Je pense parfois à rentrer au pays, mais j’ai honte d’y retourner les mains vides. Je pense que personne ne choisit de dormir dans un marché et de s’exposer à de multiples dangers», dit Fodé. Quant à son camarade, Ousmane Dia, il dort à la belle étoile par choix. De petite taille, il apprend qu’il est de Thiès où ses parents vivent au quartier Léona. «Mes parents sont à Thiès. J’ai une famille ici mais je préfère dormir avec ces gens-là dans le marché. Je retourne rarement à la maison. Mes parents ne s’inquiètent pas de mon absence. Que je dorme à la maison ou ailleurs, ça leur est égal. J’ai l’impression qu’ils ont voulu m’abandonner. Je vis comme un sans-abri. Je fais le ménage pour certains commerçants afin de subvenir à mes besoins. Pour me laver, je vais dans les douches des mosquées. Il m’arrive de rester des jours sans prendre un bain. Je suis maintenant habitué à cette vie. Je n’ai plus envie de rentrer à la maison», lance Ousmane, le sourire en coin.
«Ma famille m’a expulsé»
A la place de France, c’est le même décor où presque. Ici, un vent frais balaie l’atmosphère. Le lieu est vidé de son monde. Seuls les lumières et les vrombissements des moteurs des véhicules assurent l’ambiance. Dans les coins un peu sombres de la place, on voit des gens couchés à même le sol. Dans un coin de l’agora, s’allonge un homme sur des cartons. Il était sur le point de s’endormir, mais il sera dérangé par le bruit des pas d’un visiteur. «Qui est-ce ?», lance-t-il, l’air peureux, avant de reprendre son souffle. Se reprenant, l’homme consent à se confier à l’inconnu, mais il refuse de décliner son identité. «Je me nomme Ibrahima…non c’est Badou», lance-t-il, tout en taisant son nom de famille. L’air ivre, l’homme pue l’alcool. La voix tremblante, il poursuit : «Je ne suis ni fou ni malade. J’ai une famille à Thiès, mais je me sens mieux ici. Mes parents ne m’aiment pas. Ils me violentent tous les jours. Ils ne veulent pas que je consomme de l’alcool, alors que cette boisson est ma vie. Je ne peux pas vivre en paix avec ma famille. C’est pourquoi je dors dans la rue, loin de leurs yeux.» Pour survivre, cet homme mendie.
De l’autre côté de la place, en face de la Mairie de la Ville, d’autres personnes dorment sur les bancs publics. Ils ronflent à côté de Bacary Diop près du mur où s’échappe une odeur d’urine. Il fume de la cigarette avant d’aller rejoindre son banc. Comme s’il s’attendait à une visite, il accueille à bras ouverts. Dans son pull-over assorti d’un pantalon jean, l’homme se confie sans réserve. Bacary Diop apprend qu’il habite à Thiès, que ses parents l’ont expulsé parce qu’il fume du chanvre indien. «Ma famille se trouve à Thiès. J’ai beaucoup de parents ici. Je ne suis pas un étranger. On m’a expulsé de la maison parce que je fume du chanvre indien. Je pense parfois à rentrer à la maison, mais j’ai peur d’être rejeté. J’ai tout perdu. Ma famille, mes amis, tout le monde m’a tourné le dos», regrette le sieur Diop qui dit s’habituer à cette vie dans les rues.
L'AFRIQUE À LA RESCOUSSE DE SES RESSORTISSANTS EN UKRAINE
De nombreux pays africains, dont le Nigeria et l'Afrique du Sud, tentent d'aider leurs ressortissants à fuir l'invasion russe en Ukraine, sur fond d'accusations croissantes de racisme à l'encontre d'Africains à la frontière ukrainienne
Comme des centaines de milliers de personnes, de nombreux Africains - pour la plupart étudiants - tentent de fuir l'Ukraine pour rejoindre les pays voisins, notamment la Pologne.
Mais les accusations de comportements racistes se multiplient et le gouvernement nigérian a exhorté lundi les autorités douanières en Ukraine et dans les pays voisins à traiter "avec dignité" ses citoyens.
"Il y a eu des informations regrettables (selon lesquelles) la police ukrainienne et le personnel de sécurité refusent de laisser les Nigérians monter dans les bus et les trains" pour la Pologne, a déclaré le porte-parole de la présidence nigériane Garba Shehu.
"Dans une vidéo qui circule largement sur les réseaux sociaux, une mère nigériane avec son jeune bébé a été filmée en train d'être forcée physiquement de céder son siège à une autre personne", a-t-il poursuivi dans un communiqué.
M. Shehu a déclaré que selon d'autres informations, des fonctionnaires polonais ont refusé l'entrée en Pologne à des citoyens nigérians en provenance d'Ukraine.
"Il est primordial que chacun soit traité avec dignité et sans faveur", a-t-il insisté.
Un groupe de Sud-Africains, majoritairement des étudiants, restent coincés à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne, a affirmé sur Twitter le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères, Clayson Monyela.
L'ambassadeur d'Afrique du Sud était sur place pour tenter de les aider à franchir la frontière, a ajouté M. Monyela, qui a déclaré dimanche que les Africains y étaient victimes de "mauvais traitements".
- Ukrainiens d'abord -
Des accusations de racisme ont été rejetées notamment par l'ambassadrice de Pologne au Nigeria, Joanna Tarnawska.
"Tout le monde reçoit un traitement égal.Je peux vous assurer que, selon les informations dont je dispose, certains ressortissants nigérians ont déjà franchi la frontière avec la Pologne", a-t-elle déclaré à des médias locaux.
Selon Mme Tarnawska, les documents d'identité invalides sont acceptés pour franchir la frontière et les restrictions liées au Covid-19 ont été levées.Les Nigérians disposent d'un délai de 15 jours pour ensuite quitter le pays, a-t-elle ajouté.
Certains Nigérians qui ont réussi à franchir la frontière ont décrit leurs voyages dans l'obscurité jusqu'aux frontières bondées où des fonctionnaires donnaient la priorité aux femmes et enfants ukrainiens.
Parmi eux, Stéphanie Agekameh, étudiante en médecine désormais en Pologne, a affirmé que les responsables du poste frontière de Medyka s'occupaient d'abord des Ukrainiens.
"Un des officiers est venu et nous a dit que c'est plus dur pour nous, les étrangers, parce qu'ils doivent contacter notre gouvernement dans différents pays", a-t-elle expliqué par SMS.
S'exprimant depuis Korczowa en Pologne, Agantem Moshe, étudiant nigérian en sciences de gestion, a déclaré que la police ukrainienne avait poussé les Africains hors du chemin pour laisser la place aux femmes et aux enfants.
"Du côté polonais (de la frontière), ça s'est passé en douceur, ils étaient professionnels.En Ukraine, ils nous ont laissés dehors dans le froid", a-t-il expliqué.
- Soulagement -
Depuis le début de l'offensive russe, plus de 500.000 Ukrainiens ont gagné des pays frontaliers, dont la moitié ont rejoint la Pologne, selon l'ONU.
Pour l'heure, plus de 260 Nigérians ont été accueillis par les ambassades, éparpillés entre la Roumanie, la Hongrie et la Pologne. Près de 200 autres sont attendus lundi, d'après le ministère nigérian des Affaires étrangères.
"Nous assurons aux Nigérians que toutes les ressources sont mobilisées et que des dispositions sont mises en place pour évacuer efficacement nos citoyens en toute sécurité et dignité", a-t-il indiqué.
Le gouvernement ghanéen a quant à lui déclaré qu'il rencontrerait les parents des étudiants bloqués en Ukraine et a envoyé des fonctionnaires de l'ambassade aux postes frontaliers pour les aider.
La Côte d'Ivoire, qui compte environ 500 ressortissants en Ukraine d'après les médias locaux, a également indiqué prendre des dispositions pour leur évacuation.
D'après le ministère kényan des Affaires étrangères, 201 Kenyans sont en Ukraine, majoritairement des étudiants.Celui-ci a indiqué la semaine dernière qu'ils étaient tous sains et saufs même si certains restaient bloqués à la frontière polonaise en raison de restrictions de visa.
Lukmon Busari, comptable nigérian, est soulagé que son fils, étudiant en médecine, ait pu traverser la frontière après avoir attendu une nuit.
"Les autorités polonaises ont fait un travail merveilleux.Il est parti jeudi, est arrivé à la frontière jeudi soir, et est entré en Pologne vendredi", a-t-il expliqué.
"Nous sommes en train de voir comment nous pouvons obtenir un vol pour qu'il revienne au Nigeria".
FESTIVAL DE MBOUMBA, LES POPULATIONS BOYCOTTENT LE FORUM SUR LA GESTION DE L’EAU
La sixième édition du Festival à Sahel ouvert (Faso), organisée comme à l’accoutumée à Mboumba, a été marquée par la tenue d’un important forum.
L’édition 2022 du Festival de Mbouma, commune située dans le département de Podor, a vécu ce week-end. L’une des activités phares de cet évènement a été sans nul doute le forum consacré à la gestion de l’eau, qui a vu la participation du chanteur Baaba Maal. Toutefois, cette rencontre a été boycottée par les populations.
La sixième édition du Festival à Sahel ouvert (Faso), organisée comme à l’accoutumée à Mboumba, a été marquée par la tenue d’un important forum. En effet, les organisateurs ont initié ce programme consacré à la question de la gestion de l’eau. Une rencontre à laquelle ont participé de nombreuses personnalités venues de divers horizons. «Dans ce monde où la question de l’eau est devenue un enjeu vital, par endroits source de conflit, il me semble important d’offrir en exemple l’harmonie parfaite qui a existé pendant des millénaires pour la gestion de l’eau autour du fleuve Sénégal. Ce forum, qui a réuni des experts de l’Omvs et de la Saed et des organisations agricoles de la zone, devrait constituer un cadre pour une prise en compte des réalités locales (fleuve, foncier, emploi des jeunes)», a indiqué Baaba Maal.
Selon l’artiste, les conclusions issues des panels seront «versées, en guise de contribution, aux travaux du neuvième Forum mondial de l’eau, prévu à Dakar du 21 au 26 mars». Evoquant les conflits liés à la gestion de l’eau dans certaines parties du monde (le Nil, Israël), Baba Maal a plaidé, au nom de l’Association «Voix du fleuve, voix de la paix», pour une harmonie parfaite entre les différentes communautés de la zone (pêcheurs, éleveurs, agriculteurs).
Coordonnateur des projets industriels du Plan Sénégal Emergent (Pse), Abdoulaye Ly est revenu sur les opportunités d’investissement qu’offre le fleuve Sénégal avant d’inviter les habitants de la zone à plus d’efficacité. Il a aussi préconisé le marketing territorial, l’intercommunalité et la mobilisation des ressources et l’utilisation des compétences de la diaspora, avant de souligner la nécessité de définir des «réserves foncières pour abriter des activités industrielles».
Malgré son importance, cette rencontre, tenue dans le domicile du maire Sadel Ndiaye et non sur le site habituel, a été boycottée par les jeunes. Ces derniers estiment que les retombées économiques de ce festival ne sont pas ressenties par les populations de la commune. «Depuis 12 ans, le seul acte constaté dans la commune est la pose de la première pierre d’un centre de formation culturel dont les travaux n’ont toujours pas démarré», s’offusquent-ils avant de dénoncer leur «non-implication» dans l’évènement.
A noter qu’en dehors de Baaba Maal, Samba Peuzzi, le groupe Daara J (Sénégal), Noura Mint Seymali (Mauritanie), Sékou Kouyaté (Guinée), Sona Jobarteh (Gambie), Daby Touré (Mauritanie) ont pris part au Faso.
DEVOIR DE MÉMOIRE ET TOURNANT D’UNE VIE
Intellectuels, universitaires, hommes de lettres et de culture ont échangé sur l’œuvre du journaliste écrivain Boubacar Boris Diop, notamment « Murambi, le livre des ossements » (Ed. Flore Zoa 2022), lauréat du prix de littérature Neustadt International
L’œuvre «Murambi, le livre des ossements» (Ed. Flore Zoa 2022) de Boubacar Boris Diop a fait l’objet d’une table ronde à laquelle ont participé des intellectuels, universitaires et hommes de lettres et de culture. Ces derniers ont discuté de la question du devoir de mémoire du génocide rwandais et du déclic que ces événements ont suscité dans l’œuvre du journaliste écrivain, lauréat du Neustadt International.
Intellectuels, universitaires, hommes de lettres et de culture ont échangé sur l’œuvre du journaliste écrivain Boubacar Boris Diop, notamment « Murambi, le livre des ossements » (Ed. Flore Zoa 2022), lauréat du prix de littérature Neustadt International. Cet ouvrage, issu du projet ‘’devoir de mémoire du génocide rwandais’’, a été revisité de fond en comble lors de la célébration de son auteur. Cérémonie à laquelle ont pris part des personnalités comme le Pr Penda Mbow, Dr Abdoulaye Diallo de la maison d’édition «L’Harmattan Sénégal» et l’ancien ministre de la Culture, Makhali Gassama. Faisant une étude comparative des livres publiés par journaliste écrivain Boubacar Boris Diop, Dr Serigne Sèye (professeur de littérature africaine) déclare : «L’auteur a essentiellement adopté deux principes : la simplicité et la précision… dans « le Cavalier et son ombre » et « Murambi, le vivre des Ossements » qui sont deux romans traitant la question du génocide. La quête du juste récit dans ces deux œuvres est faite avec le terme «Eux». Il a fait un récit épuré et une narration de la réalité la plus dépouillée » possible du génocide de 1994. Entre ces deux œuvres, l’auteur a changé son approche, pour dire de façon juste l’horreur dans ses ouvrages-mémoires. La construction d’un récit dans l’œuvre de Boubacar Boris Diop est l’aspect le plus marquant dans les écrits du penseur».
MURAMBI, UN DECLIC DANS L’ŒUVRE DE BOUBACAR BORIS DIOP L’AUTEUR
Professeur de lettres Classiques, Fatimata Diallo Bâ a relevé le changement de paradigme dans la construction du récit chez l’auteur de «Murambi». «Les canaux habituels de la narration furent insuffisants pour traduire cette acre réalité. L’histoire et la mémoire font partie du monde. Ce, même si le romancier n’est pas un historien. Il le fait à travers un récit où l’imaginaire fait vibrer la vérité. La littérature contribue ainsi à l’avancement et/ou à la marche du monde», explique Pr Diallo Ba.
D’ailleurs, depuis son sacre de 2001, le livre des ossements continue toujours d’être célébré. Aux yeux de Fatimata Diallo Ba, cet ouvrage a constitué une nette rupture avec les écrits antérieurs de l’auteur. Pour sa part, Ibrahima Wane, qui enseigne la littérature Africaine à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), décèle deux niveaux de recherche du langage, notamment «l’annonciation et la dénonciation» dans Murambi qui constitue, selon lui, le tournant dans l’écriture de l’auteur. «Il a impulsé une quête du langage qui a permis à l’écrivain de faire la redécouverte d’une langue qui n’est ni de ses personnages, ni du public. Mais un écrit qui se détache des pâles copies, des ouvrages des auteurs africains. Mais c’est plutôt une réflexion sur : comment dire ? A qui ? Le cadre romanesque est un stade qui permet de prendre de la distance par rapport aux faits et au récit», souligne Monsieur Wane qui ajoute que les niches de résistance sont dans les œuvres artistiques et culturelles qui coupent le pont avec la colonisation. «L’auteur s’est rendu compte qu’on ne peut pas s’exprimer mieux que dans son propre langage ; c’est ce qui l’a amené à écrire par la suite trois livres en wolof. Effectivement, on ne peut pas raconter son peuple dans une autre langue. Et une langue est un choix pour sortir de la parenthèse coloniale.»
Dans son intervention, Boubacar Boris Diop a d’emblée souligné l’émotion que ces moments d’échanges lui ont procurée. «Cela ouvre les possibilités de se pencher sur la source du génocide rwandais. Nous avons écrit 09 romans-mémoires du génocide, une histoire singulière dans l’histoire du continent qui, 30 ans après les faits, ne livrent pas ses causes profondes. Depuis cette phase obscure, une fracture historique s’est dès lors déclinée suite à ces horreurs. C’est la première fois que les faits préexistent par rapport au récit ; tout ce qui est raconté sur le prêtre dans le récit est vrai, même s’il est un peu romancé. Le grand exécutant a été arrêté à Thiès. Les auteurs s’étaient réfugiés dans des pays francophones dont le Tchad. Murambi, c’est plus un compte-rendu journalistique qu’un roman. Le Rwanda a changé ma façon de penser. Il a accéléré le pas sur mon écriture en langue maternelle. La haine de l’autre est en réalité la haine de soi», raconte l’auteur qui n’a pas manqué de signaler que le prix Neustadt International lui était inconnu avant son sacre.
CARACTÉRISTIQUES DE L’ŒUVRE
La simplicité du style et l’esthétique caractérisent «Murambi». L’auteur, tout en restant le plus fidèle possible, tel un miroir, relate le génocide et frappe les consciences avec un langage et un style percutants. «C’est ce qui marque le renouvellement de l’écriture du «livre des ossements » avec la sobriété et la concision. A côté de cela, il y a un engagement politique dans la dénonciation de «la responsabilité de la France dans ce carnage». Professeur de littérature à l’Ucad, Mamadou Bâ relève que l’hypotypose qui est un excès du réel devient le style dans l’ouvrage (…). « Le récit nous amène de manière intime dans les engrenages des faits. Il est une arme d’extermination des faux arguments et démontre la puissance de résistance dans le récit. Ecrire, c’est tenir mémoire. Murambi nous apprend à comprendre et endurer notre histoire contemporaine. Le récit repart, reconstruit, recoud une cicatrice et est antidote du génocide…», explique l’enseignant Mamadou Ba.