SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 juin 2025
LE COFOMISS INTERPELLE L'ETAT SUR SES ENGAGEMENTS
Le Bureau exécutif national du Collectif des formateurs du moyen secondaire du Sénégal (Cofomiss) rappelle à l'État la nécessité de signer les décrets d'application qui octroient une indemnité à ce corps du ministère de l'Education nationale.
Le Bureau exécutif national du Collectif des formateurs du moyen secondaire du Sénégal (Cofomiss) rappelle à l'État la nécessité de signer les décrets d'application qui octroient une indemnité à ce corps du ministère de l'Education nationale.
Prévu dans les décrets 2011-625 du 11 mai 2011 portant création et fonctionnement des Crfpe et 2020-795 du 19 mars 2020 fixant les règles d'organisation et de fonctionnement des centres régionaux de formation des personnels de l'éducation (Crfpe), l'indemnité pour les formateurs du ministère de l'Éducation nationale n'a pas été donnée depuis plusieurs années.
"Le formateur du moyen secondaire, faut-il le rappeler, exerce des tâches multiformes, à savoir : la formation continue et l'encadrement pédagogique des enseignants du secteur, le suivi et le contrôle des progressions harmonisées, l'accompagnement de la formation à distance (FAD) des enseignants contractuels du secteur, ainsi que l'inspection desdits enseignants.
En outre, le Formateur du moyen secondaire participe, de bout en bout, au choix et à la validation des sujets du baccalauréat et du Concours général...", explique le Dr Ibra Mboup.
Ces formateurs participent aussi aux examens du baccalauréat comme présidents de jury. Mieux encore, ils dispensent des modules, dans le cadre de la formation permanente des élèves-maîtres au sein des Crfpe.
Or, le Dr Mboup précise que dans certaines académies, des collègues assurent "la formation des chefs d'établissement du moyen secondaire, comme d'ailleurs ce fut du temps des pôles régionaux de formation où des conseillers pédagogiques itinérants avaient assuré, à un moment donné, cette formation des chefs d'établissement. Bref, les formateurs du moyen secondaire avaient satisfait à la commande du ministère consistant, en octobre dernier, à former les 1 500 professeurs du quota spécial afin de leur permettre d´être opérationnels en ce début d’année scolaire".
Il estime, en outre, qu'aucun agent du ministère de l'Éducation nationale n'assume plus que "le formateur du moyen secondaire des responsabilités liées à la bonne marche du département".
Toutefois, dénonce-t-il, "des générations de formateurs passent et partent à la retraite sans percevoir leur indemnité.
MECONTENTE, L'ANSFES DANS LES RUES LE 7 MARS PROCHAIN
De plus en plus victimes de violences administratives, verbales, physiques souvent basées sur le genre, dues à leurs statuts de femmes vulnérables, les sages-femmes sont humiliées et vivent des frustrations dans les postes de santé
De plus en plus victimes de violences administratives, verbales, physiques souvent basées sur le genre, dues à leurs statuts de femmes vulnérables, les sages-femmes sont humiliées et vivent des frustrations dans les postes de santé où certains Médecin-chefs de district (MCD) placent des agents hiérarchiquement inférieurs en grade au-dessus d'elles comme leur supérieur hiérarchique pour les rabaisser davantage.
Pour mettre fin à cette situation l’Association Nationale des Sages-Femmes d’Etat du Sénégal (ANSFES) a tenu une conférence de presse à l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social ce Samedi pour marquer leurs désapprobation. « Chaque année les sages-femmes subissent des dizaines d'agressions le plus souvent restées impunies. Après Aïda agressée à Kolda en 2020, Rokhaya à Sedhiou en 2021, Gnima Sagna a failli y laisser sa vie au poste de santé de Fadial en 2021. Nous venons de subir 2 nouvelles agressions en 2022, à Diana Malari et la dernière dans le village de Bambali sans compter celles qui passent sous silence par peur de perdre son poste » plaide Bigué Bâ Mbodji, présidente de la dite association.
Pour montrer leurs mécontentement tout en respectant leur serment d’assister les femmes, les nouveau-nés, la communauté et pour éviter des mortalités maternelle, ladite association avait décrété des journées « MATERNITE SANS SAGE-FEMME) en restant dans les maternités et autres lieux de travail avec le port de brassards rouges. Ce, étant donné qu'une absence de prise en charge de complications maternelles, fœtales et néo-natales de plus de 2 heures serait dramatique dans tout le pays.
En effet, d’après la présidente, cela n’a servi à rien c’est pourquoi « nous projetons de passer à la vitesse supérieure en commençant par une marche pacifique nationale de protestation le 07 mars 2022, des sit-in dans les formations sanitaires, une journée de Maternité sans sages-femmes de manière effective et toute autre forme de protestation légale pour notre survie », informe la présidente de l’Association Nationale des Sages-Femmes d’Etat du Sénégal.
Cependant, elle interpelle leur ministère de tutelle, les autorités sanitaires et administratives et le Président de la République pour un règlement définitif de tous ces problèmes dont les Sages-Femmes font face depuis des années.
LES PRINCES DE LA MUSIQUE EN LIGNE AU SÉNÉGAL
La plateforme streaming audio la plus connue au monde, Spotify, qui s’est installée depuis un an au Sénégal, a fait un classement des artistes les plus écoutés sur internet et des chansons qui y cartonnent
La technologie avance à grand pas et affecte tous les secteurs de notre vie. Un des secteurs d’activité dans lequel elle a posé beaucoup de torts (piratage, facilité d’échange des sons, etc.) est l’industrie musicale. Mais, de plus en plus, les acteurs apprennent à saisir les opportunités qu’offrent les innovations technologiques. Une entreprise qui en offre est la plateforme d'abonnement de streaming audio, Spotify. Présent au Sénégal depuis un an (février 2021), le site d’accès à la musique et aux podcasts le plus connu au monde a fait une échographie du paysage musical sénégalais sur sa plateforme. Occasion de révéler les artistes en vogue, les sons les plus écoutés et les villes les plus branchées côté musique.
Vivant avec son temps, Dip Doundou Guiss est l’artiste le plus écouté sur Spotify au Sénégal. Une belle prouesse pour le rappeur de 29 ans qui, peu à peu, impose son style face à dictature du Mbalakh dans l’horizon musical sénégalais. Atout numéro un du Hip Hop sénégalais, celui qui est assimilé au ‘’Messi’’ du rap a su réconcilier l’ancien et la nouvelle génération dans son univers musical. Doué d’un flow hors pair, auteur de textes puissants, divers, choquants, emballants, ingénieux, Dominique Preira à l’état civil est ce qui se rapproche le plus d’un artiste complet.
Loin de se suffire d’un talent naturel indéniable, l’artiste soigne son image à travers des clips provocants. Il utilise les réseaux sociaux à son avantage et s’est créée une communauté acquise à sa cause. Être originaire du populeux quartier de Grand-Yoff a certainement aidé. Mais Dip est surtout un artiste auquel s’identifie la jeunesse sénégalaise et de grandes marques internationales l'ont bien compris en faisant de lui leur égérie.
Dip, l’artiste le plus écouté au Sénégal
Il faut dire que les Sénégalais sont en train de s’approprier la plateforme et les artistes y lancent leurs activités. En un an, 3 156 chansons y ont été ajoutés par les créateurs sénégalais. Les internautes sénégalais ont créé 110 600 playlists générées par les utilisateurs.
Si l’auteur de ‘’Lou Bandit di nirol’’ règne sur le mouvement Hip Hop, Wally Ballago Seck est bien l’artiste en vogue dans le genre musical le plus prisé au Sénégal. Le famararen est le chanteur Mbalakh le plus écouté et le deuxième artiste sur Spotify. Ses jeunes rivaux sur la bande passante le regardent de loin dans le streaming.
Adepte des lives et des soirées chaudes de la capitale sénégalaise, le fils de Thione Seck a subi, comme de nombreux artistes, les conséquences de la pandémie de coronavirus sur le monde du spectacle. Le numérique a été une solution, même s’il ne remplace pas les échanges réels avec le public. Mais son succès sur la plateforme de musique en ligne s’explique aussi par la diversification de son offre musicale. L’artiste s’essaie dans l’afrobeat, la pop, la techno également. Des genres qui touchent une plus grande communauté d'adeptes de technologies nouvelles.
Le roi du Mbalax vient en troisième position des artistes les plus écoutés sur Spotify. Malgré le poids de l’âge, Youssou Ndour reste la valeur sûre de la musique sénégalaise. Transcendant les époques, son public reste diversifié, fidèle et intergénérationnel. Peu importe les audiences et les supports, l’artiste multi récompensé est tout le temps parmi les mieux placés. Ce partage entre la jeunesse et l’expérience se poursuit avec les deux autres places. En effet, le rappeur Samba Peuzzi et l’artiste de Mbalax Omar Pene complètent le top 5 des musiciens les plus en vue sur la plateforme en ligne.
Akon, premier sur la scène internationale
Avec 406 millions d'utilisateurs actifs par mois et 180 millions d'abonnés Premium, Spotify détient une présence dans 184 marchés dans le monde entier, 3,6 millions de titres de podcasts et plus de 72 millions de pistes. Ce qui donne une capacité d’écoute et d’expansion dans le monde extraordinaire. Et sur le plan international, Akon reste l’artiste sénégalais le plus écouté. La culture américaine y est pour beaucoup pour ce chanteur, producteur, homme d'affaires.
La scène internationale est également dominée par la vielle garde, car le rappeur est suivi dans ce classement par Youssou N'Dour et Baaba Maal. Le mythique groupe Orchestra Baobab vient en quatrième place, et Osirus Jack est le cinquième. Lui, par contre, est né en 1995, à Dakar, et est un rappeur sénégalais d’origine camerounaise. Membre du collectif 667, son dernier album "Nouvel Ère" est sorti ce 22 février 2022.
D’ailleurs, le Mbalax, style musical le plus populaire au Sénégal, est en train de gagner du terrain sur la scène internationale. Sur Spotify, il est suivi par le Hip Hop Galsen, le Mande Pop, le Guinean Pop, et le Griot sur le classement des genres les plus appréciés. Et leur popularité est en hausse en France, avec aussi le Mbalax qui gagne du terrain en Italie où le meilleur artiste local, Dip Doundou Guiss, est le plus populaire.
‘’Xool Ma Ci Bët’’ et Jeeba cartonnent sur internet
Au niveau des tubes, les productions de Jeeba cartonnent. Son featuring avec Iss 814, ‘’Xool Ma Ci Bët’’ caracole en tête des chansons les écoutés sur la plateforme de musique en ligne. En 8 mois, le son a déjà atteint 10,2 millions de vues sur Youtube. Et les internautes Sénégalais ne se lassent pas de la voix suave du jeune Thiéssois. Car, son autre tube, ‘’Guuy’’, sorti il y a un an, occupe encore la deuxième place. Sur Youtube, cette chanson cumule plus de 17,3 millions de vues.
Les autres places sont trustées par les chansons des artistes les plus écoutés. ‘’Natural Love’’ de Wally B. Seck se place en troisième position, ‘’Oulalalah’’ de Samba Peuzzi est à la quatrième, alors que ‘’Musiba’’ de Dip Doundou Guiss complète le Top 5.
A côté de ces valeurs sûres, Spotify révèle que son lancement au Sénégal a permis à d'autres artistes moins connus de se frayer un chemin sur le streaming.Taal Bi est un exemple d’un artiste émergent, de même que Rijade et Zaga.
Un fait intéressant reste que Touba, ville où les prestations musicales sont proscrites, est la quatrième ville d’où les sénégalais écoutent de la musique sur Spotify. Elle est devancée par Dakar, Thiès, et Guédiawaye. Suit enfin Saint-Louis.
CES MAUX QUI GANGRÈNENT LES COLLECTIVITÉS LOCALES
En plus de l’absentéisme, les collectivités territoriales risquent de souffrir des adjoints pléthoriques qui ne doivent parfois leur présence dans les bureaux municipaux qu’au jeu des alliances
Pour plus d’inclusion, Barthélemy Dias avait souhaité confier un poste d’adjoint au ministre Seydou Guèye, membre de la majorité présidentielle et conseiller municipal à la ville de Dakar. Ce dernier a gentiment décliné, invoquant un mot d’ordre de ses camarades. A Rufisque, le ministre d’Etat Ismaila Madior Fall a préféré tout bonnement ne pas assister au festival de Yewwi Askan Wi et de ses alliés qui se sont accaparé tous les 12 postes d’adjoints qui constituent le bureau municipal. A Guédiawaye, c’est plutôt le ‘’Mortal Kombat’’ dans la mise en place du bureau municipal. Le dénominateur commun, c’est que les personnalités fortes de la majorité présidentielle brillent, volontairement ou non, par leur absence un peu partout dans les villes.
Ce qui peut se comprendre aisément, selon Amadou Sène Niang, expert en décentralisation. ‘’Parce qu’ils ne veulent pas être comptables de l’équipe municipale en place. Et c’est une position qu’il faut respecter. D’ailleurs, c’est même une bonne chose pour l’expression démocratique au niveau local. Il faut quand même des minorités fortes qui puissent jouer le rôle d’opposition’’.
Si la posture des dinosaures de Benno Bokk Yaakaar de ne pas être membre de bureau semble compréhensible, le choix de certaines personnalités passe moins aux yeux de certains observateurs. Par exemple, à Rufisque, après avoir aidé la liste victorieuse Yewwi Askan Wi à conforter sa majorité, les têtes de file de Guem Sa Bopp, de Taxaw Sa Gox et du Parti du progrès et de la citoyenneté (le maire de Rufisque-Ouest Alioune Mar, le PCA de la Sogip et le député Seydou Diouf) ont envoyé de petits calibres, parfois aux compétences douteuses pour les représenter dans le bureau. Pendant que certains invoquent des calendriers chargés, d’autres parlent simplement de ‘’manque de courage’’. ‘’Demain, s’il y a échec, ils vont s’en laver les mains. S’il y a réussite, ils vont capitaliser. C’est ce qui explique un tel choix’’, fulmine un conseiller.
Ce dernier d’ajouter : ‘’En toute logique, je pense qu’ils auraient pu aller eux-mêmes siéger dans le bureau. C’était plus courageux, à mon avis, que d’envoyer des seconds couteaux.’’
Au-delà de l’absence des bureaux, il y a plus grave. C’est la désertion même des conseils municipaux par les personnalités. Comme si le mandat que leur ont donné leurs électeurs n’avait pas de valeur. ‘’Je pense que si c’est le développement de la collectivité qui les intéresse, ils allaient s’impliquer davantage. On peut comprendre que certains ne partageant pas la même vision que celle de la liste majoritaire, qu’ils ne veuillent pas être dans les bureaux, mais pour la présence au sein du conseil municipal, c’est quand même une obligation. Ne serait-ce que pour honorer ceux qui ont porté leurs choix sur leur personne. Aussi, cette présence est importante en ce qu’elle dissuade, relève le niveau du débat…’’, analyse Amadou Sène Niang.
Ce que dit la loi des absences
En ce qui concerne les absences au conseil municipal, la loi est pourtant sans équivoque. L’expert en décentralisation explique : ‘’Si un conseiller s’absente pendant trois sessions successives, il peut être appelé à démissionner, après avoir été entendu à huis clos. Mais comme cela arrange le maire qui ne voit pas de concurrents, de fortes têtes en réunion, généralement, il ne fait rien.’’
Conséquence, dans beaucoup de collectivités, le maire est l’alpha et l’oméga. Avec quelques hommes de main qui ne lui servent que de faire-valoir. ‘’C’est vrai que cela ne promeut pas la contradiction, la production intellectuelle, la démocratie au niveau local. Moi, je pense qu’il faut que les gens apprennent à assumer l’engagement politique’’. Et d’ajouter : ‘’Je salue d’ailleurs la déclaration du ministre Abdoulaye Sow sur l’importance d’avoir une minorité qui fait son travail. La majorité n’est rien, s’il n’y a pas une minorité, surtout une minorité de qualité qui contribue au débat et qui effectue sa mission de contrôle. C’est très important.’’
Par ailleurs, la question du nombre d’adjoints pose également problème dans beaucoup de collectivités territoriales. A Dakar, pour 100 conseillers au niveau de la ville, le décret fixe le nombre de conseillers à 18. A Pikine, pour 100 conseillers c’est 14 adjoints, 14 pour Guédiawaye, 12 pour les 80 conseillers de Rufisque, pour ne donner que ces exemples. Egalement membre de l’ancienne équipe municipale, l’expert Amadou Sène Niang déclare : ‘’Déjà, il faudra régler la question du budget pour la prise en charge de leur rémunération. Au niveau de Rufisque, par exemple, au moment de faire le budget actuel, il n’y avait que cinq adjoints. Là, on se retrouve avec sept de plus. Il faudra ajuster le bureau, car cela a un coût. C’est 12 fois le salaire d’un conseiller. Je pense que c’est beaucoup. De plus, je dois souligner que même avec les 5 adjoints, on avait des difficultés à leur trouver des bureaux’’.
Ainsi, dans certaines collectivités locales comme Dakar, c’est presque un adjoint pour cinq conseillers. On lit sur le site de la ville de Dakar, que l’ancienne équipe comptait en son sein 5 adjoints au lieu de 18. ‘’Cela contribue même à banaliser la fonction d’adjoint au maire. On aurait pu fixer un seuil pour les adjoints, parce qu’il y en a beaucoup. C’est comme le nombre de conseillers dans les communes. Je pense qu’on peut les diminuer. Au Canada, par exemple, on n’a que 7 conseillers par commune. Vous imaginez ce que peut être la valeur d’un conseiller dans de telles circonstances !’’, analyse Sène Niang.
Interpellé sur les profils des adjoints et des maires qui, parfois, laissent à désirer, il explique : ‘’Au Sénégal, il faut reconnaitre qu’il n’y a pas une approche par compétence. La compétence, c’est le savoir, le savoir-faire et le savoir-être, dans une situation professionnelle donnée, pour régler une question ou des questions données. En l’espèce, il s’agit des rôles et responsabilités de l’élu. Le diplôme étant une présomption de compétences, certains pays l’exigent pour les maires. Au Niger, c’est le BFEM. Pour la capitale Niamey, c’est le baccalauréat. Ici au Sénégal, pour être maire ou adjoint, il faut savoir lire et écrire. Pas plus.’’
En l’absence d’approche par compétence, c’est souvent le copinage, le népotisme et la politique politicienne qui règnent en maitres.
AU CAMEROUN, ON EST À LA FIN DU RÈGNE DE PAUL BIYA
Chanteur engagé, Blick Bassy porte un regard hautement singulier sur la situation politique de son pays d’origine, autant que sur les relations entre la France et l’Afrique
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 27/02/2022
Dans son dernier album paru en 2019, il évoquait, de sa voix douce et rauque, la figure tutélaire de Ruben Um Nyobè, leader indépendantiste camerounais assassiné par l’armée française, le 13 septembre 1985. Trois ans après cet opus unanimement salué par la critique, Blick Bassy travaille à l’enregistrement d’une nouveauté à paraître au début de l’année 2023.
Avant cela, l’artiste-musicien créateur du label OtanticA sera au musée du Quai Branly, en juin prochain, pour un spectacle de danse – en marge de l’exposition La route des chefferies bamiléké –, dans lequel cet anticonformiste accorde une place majeure aux artistes féminines. Un geste militant de plus pour celui qui a choisi de chanter en bassa pour sensibiliser à la préservation des langues africaines.
Jamais en retard d’un combat, le guitariste-arrangeur a entrepris de produire de jeunes talents issus du continent. Blick Bassy a également créé la plateforme Wanda-Full pour leur permettre de se repérer dans l’industrie du disque : présenter leur travail, trouver des financements, percevoir leurs droits d’auteur… Un geste de partage pour celui qui s’est notamment fait connaître du grand public occidental après le choix de sa chanson « Kiki » par la marque Apple pour promouvoir la sortie de l’iPhone 6, et qui dit son aversion pour toutes les formes de discrimination.
Jeune Afrique : Vous résidez dans un petit village de 200 habitants près de Saint-Émilion, dans le sud-ouest de la France. Que vous inspire la campagne présidentielle hexagonale ?
Blick Bassy : Nous vivons dans des sociétés où le capitalisme se nourrit de la bêtise humaine. Ceux qui détiennent le pouvoir et souhaitent le conserver se sentent obligés d’attiser la haine des uns envers les autres, et ils trouvent des pions pour cela. Ces derniers se laissent manipuler, convaincus que leurs éventuels déboires viennent forcément de l’autre.
À leurs yeux, le problème n’est ni le capitalisme ni ceux qui dirigent le pays, mais le bouc émissaire qu’on leur a désigné. Quand j’observe le climat qui prévaut en France, j’ai l’impression qu’on pourrait assez vite glisser vers les pires et les plus regrettables atrocités qu’ait connues le pays. À trop tirer sur la corde, on finira par allumer des guerres entre communautés d’une même nation.
À qui pensez-vous quand vous parlez de « ceux qui détiennent le pouvoir et souhaitent le conserver », sachant qu’Éric Zemmour – qui délivre les discours les plus haineux – ne le détient pas, le pouvoir ?
Zemmour est une création de Bolloré, puissant homme d’affaires propriétaire d’entreprises de médias – même si les chaînes de service public ont, elles aussi, contribué à façonner son image. Près de 90 % de l’audiovisuel français répète en boucle les pensées de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour. Conséquence : certains sondages indiquent que 61 % des Français se disent inquiets du grand remplacement. Évidemment, si les chaînes de télévision se mettaient à seriner à longueur de journée que le chat est un animal dangereux, en six mois, la majorité de ceux qui en ont s’en débarrasserait.
Hitler avait le soutien de la population quand il a décidé d’éliminer les juifs. Au regard des discours haineux régulièrement véhiculés par les polémistes, il est normal que le racisme et l’islamophobie se banalisent. Les termes antiraciste, droit-de-l’hommiste ou wokiste sont devenus des insultes. C’est effrayant.
Selon vous, le pouvoir actuel et les partis traditionnels, eux aussi, se nourrissent de ces discours…
Ils y ont intérêt. Pour remporter les élections, ils agitent un chiffon rouge et se posent en seuls remparts contre les « méchants » qui arrivent. Par pure tactique politicienne, ils laissent infuser la haine.
L’élection présidentielle malienne devait se tenir ce 27 février 2022. Assimi GoÏta a finalement décidé de la repousser, déclenchant un bras-de-fer avec la Cedeao et Paris. Retour en dix dates sur dix-huit mois de transition
Ce dimanche 27 février aurait dû marquer le premier tour de l’élection présidentielle, comme cela était convenu entre Bamako et ses partenaires internationaux au lendemain de la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en août 2020.
Après un deuxième renversement de régime, le calendrier a changé et les relations diplomatiques entre le Mali, la France et la Cedeao n’ont cessé de se dégrader, débouchant sur des décisions importantes. Retour en dix dates sur un an et demi de transition.
• 18 août 2020 : coup d’État contre Ibrahim Boubacar Keïta
Depuis des mois, la rue malienne est en effervescence, notamment sous l’impulsion du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Mais ce mardi 18 août 2020, le péril vient de Kati, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale. Après sept ans au pouvoir, IBK est renversé par les militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Le colonel Assimi Goïta, commandant des forces spéciales, prend la tête de la junte.
Dans la foulée, le Mali est suspendu des instances de la Cedeao. Mais à l’issue de concertations nationales, les putschistes donnent des gages. Dès le mois de septembre, ils prometteront de rendre le pouvoir aux civils – Assimi Goïta assurera peu après organiser des élections sous dix-huit mois.
Bah N’Daw, un général à la retraite sera nommé président et Moctar Ouane, ancien conseiller diplomatique des présidents Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré, devient Premier ministre.
• 15 et 16 février 2021 : à N’Djamena, Emmanuel Macron salue le bilan des nouvelles autorités
Un peu plus d’un an après le sommet de Pau, qui a redéfini les priorités opérationnelles de Barkhane, Emmanuel Macron rencontre les dirigeants des pays du G5 Sahel lors du sommet de N’Djamena, au Tchad. Le président français, qui avait reçu Bah N’Daw à Paris, salue « une fenêtre d’opportunité » et « la relance de la mise en oeuvre des accords d’Alger.
« En quelques mois, je dois bien dire que ces autorités de transition ont donné plus de gages que les autorités précédentes en 3 ans », ajoute Emmanuel Macron.
• 24 mai 2021 : nouveau coup d’État pour « rectifier la transition »
Neuf mois à peine après le premier putsch, Bah N’Daw et Moctar Ouane sont renversés par les colonels. Un nouveau coup d’État provoqué par un remaniement annoncé par le président, sans l’aval d’Assimi Goïta qui évincent les colonels Sadio Camara du ministère de la Défense et Modibo Koné de celui de la Sécurité, deux proches du vice-président.
Assimi Goïta, jusque là vice-président, prend la tête du Mali. Le 7 juin, il prête serment devant un parterre de militaires, de diplomates, de membres du Conseil national de transition.
Contrairement à la junte malienne, le Conseil militaire que dirige Mahamat Idriss Déby Itno est pour l’instant largement épargné par les critiques de la communauté internationale
Jeune Afrique |
François Soudan |
Publication 27/02/2022
Contrairement à la junte malienne, le Conseil militaire que dirige Mahamat Idriss Déby Itno est pour l’instant largement épargné par les critiques de la communauté internationale. À cela plusieurs raisons, dont le « pré-dialogue inclusif » entre le pouvoir et les groupes politico-militaires tchadiens qui doit s’ouvrir au Qatar dans les jours à venir.
À mi-chemin de la première séquence d’une transition de 18 mois (renouvelable une fois) et à moins de deux mois du premier anniversaire de l’accession de Mahamat Idriss Déby Itno au pouvoir, c’est une conférence cruciale qui devrait s’ouvrir à Doha, au Qatar. Présenté à N’Djamena comme un « pré-dialogue inclusif » et placé sous la houlette de l’ancien président Goukouni Oueddei, ce rassemblement de près de 300 participants issus de la diaspora, dont 59 groupes politico-militaires venus de Libye, du Soudan, de la Centrafrique, du Sénégal et de divers pays européens, rappelle à qui l’aurait oublié que, depuis l’indépendance, l’opposition est au Tchad avant tout une question armée. De sa réussite ou de son échec dépendra donc largement le destin du Dialogue national tant attendu par les Tchadiens et désormais prévu pour le 10 mai prochain.
Circonstances différentes
Voulue par le président du Conseil militaire de transition (PCMT), l’initiative est audacieuse et inédite puisqu’elle vise à inclure, dans ce qui est présenté comme une réplique de la conférence nationale souveraine de 1993, la totalité des chefs rebelles en exil, dont des figures historiques comme Mahamat Nouri, Abakar Tollimi ou Timan Erdimi, mais aussi Mahamat Mahdi Ali, dont le groupe armé est à l’origine de l’offensive d’avril 2021 au cours de laquelle le maréchal Idriss Déby Itno a trouvé la mort. Objectif : déboucher sur un accord de paix avant un grand dialogue considéré par beaucoup comme une opportunité historique de refondation de l’État tchadien et qui devrait être suivi par l’adoption d’une nouvelle Constitution, puis par la tenue d’élections générales.
GUERRE EN UKRAINE : POURQUOI LES RÉACTIONS AFRICAINES SONT SI PEU NOMBREUSES ?
Les réactions en Afrique sont peu nombreuses suite à l'invasion russe de l'Ukraine. Comment l’expliquer ? Emmanuel Dreyfus, chercheur sur les relations Russie-Afrique à l’Irsem revient sur ces interrogations
Les réactions en Afrique sont peu nombreuses suite à l'invasion russe de l'Ukraine. Comment l’expliquer, comment l’interpréter ? Emmanuel Dreyfus, chercheur sur les relations Russie-Afrique à l’Irsem, l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire revient sur ces interrogations.
RFI : Comment interpréter le peu de réactions en Afrique suite à l'invasion russe en Ukraine ?
Emmanuel Dreyfus : Je l'interprète avant tout par le fait que les événements tragiques qui se déroulent sur le territoire ukrainien ne constituent pas nécessairement une priorité de politique étrangère pour les pays du continent africain. Et je pense que c'est avant tout selon ce prisme que l'on peut comprendre l'absence relative de réactions par rapport à cette actualité.
L’Union soviétique a accompagné un certain nombre de pays africains après les indépendances. Aujourd’hui il y a aussi des alliances fortes, économiques ou militaires, sur le contient, avec Moscou. Est-ce qu’il y a aussi une forme de reconnaissance, ou de prudence de la part de ces pays africains ?
Confrontée à des turbulences politiques et à une crise sanitaire, l’UA peine à faire entendre sa voix. Il est temps qu’elle fasse sa mue et qu’elle devienne « une machine politique », comme l’a été son ancêtre l’OUA
Jeune Afrique |
Yann Gwet |
Publication 26/02/2022
Pour ceux qui croyaient encore dans les vertus de l’Union africaine (UA), l’année écoulée aura été révélatrice de l’impuissance de cette organisation chargée, selon ses propres termes, de travailler à l’avènement « d’une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale ».
Riche en crises en tout genre, l’année 2021 aura prolongé une année 2020 à peine moins turbulente. Tchad, Mali, Guinée, Soudan, Éthiopie, vaccins contre le Covid-19… À chaque fois, l’UA, selon ses détracteurs, « joue petit bras » quand elle ne se montre pas hésitante, absente, inaudible, confuse. La cause est entendue : elle a, selon l’expression consacrée, « un problème de crédibilité ».
Est-ce vraiment le cas ? On a souvent le réflexe de comparer l’UA à sa consœur européenne, que l’on entend et voit beaucoup. À tel point que l’omnipotence supposée d’une Union européenne perçue comme empiétant sur les prérogatives des États – et donc sur la souveraineté des peuples européens – alimente depuis des décennies un euroscepticisme dont l’équivalent est inimaginable de ce côté-ci de la Méditerranée, où l’Union africaine semble s’enorgueillir de sa déférence à l’endroit des États et de leurs représentants – qu’ils soient légitimes ou non.
Désaccords, rivalités…
Mais notre institution panafricaine a une histoire particulière. Son ancêtre, l’Organisation de l’unité africaine (OUA), est né dans le contexte des indépendances, à une époque où des peuples africains, soudés par l’épreuve de l’oppression, aspiraient à la liberté, à l’indépendance et à une solidarité qui avait permis d’accélérer le cours de l’Histoire. Cette Histoire, justement, dictait alors les objectifs de l’OUA : panafricanisme, socialisme, unité. Celle-ci devait simplement surfer sur la vague.
Près de six décennies plus tard, le monde a bien changé. Les pères de l’OUA ont disparu, et avec eux leur souffle révolutionnaire. Les pays du continent sont techniquement indépendants. Bousculé par de nouveaux acteurs qui ont en commun avec l’Afrique l’expérience de l’humiliation, de l’asservissement et de l’avilissement, ainsi qu’un profond désir de revanche, l’Occident impérialiste parle aujourd’hui le langage de la coopération, de l’aide, d’un destin partagé.
Hier, nos leaders étaient des socialistes zélés. Aujourd’hui, convertis à la religion du marché, ils communient devant une zone de libre-échange continentale que le président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de la treizième session extraordinaire de la Conférence, a dit accueillir comme un « enfant longtemps attendu ».
Sept ans après Cacophonie, Ken Bugul, de son vrai nom Mariètou Mbaye Bileoma, signe en ce début d'année un nouveau roman, Le Trio bleu, paru aux éditions Présence africaine. Sous une plume plus que jamais aiguisée qui mêle réalité poignante, lyrisme poétique et univers fantasmagorique, la célèbre écrivaine sénégalaise s'attaque au sujet brûlant de la migration et « des systèmes pervers ».
L'exil et le rêve du retour
Dans chacun de ses romans, il existe toujours une partie d'elle. Et ce questionnement permanent qui la hante : rester, partir, pourquoi et pour où ? Dans ce nouveau roman, la quête incessante du lieu surgit de nouveau. Cette fois-ci, c'est sous l'angle de la migration forcée que l'écrivaine choisit de l'aborder. Ken Bugul mêle ici sa voix à celle de Goora, un jeune trentenaire, un « jolof-jolof » qui a quitté sous la contrainte sa province sénégalaise natale, le « Jolof », pour la France, « Réewma » (« le pays », en wolof). Une migration imposée et un déracinement douloureux qu'il a malheureusement du mal à supporter. Ainsi, durant toute la durée de son exil à Réewma, il place toutes ses espérances dans un seul et même objectif, celui de rentrer chez lui au Jolof et d'épouser Jojoo, « la plus jolie fille du monde ».
Un rêve qu'il aime à partager avec ses deux amis : François l'Auvergnat et Suleiman, un jeune réfugié politique syrien. Mais à son retour, rien ne se passe comme prévu. Des trahisons familiales et des déceptions l'attendent. Après un périple douloureux et des années d'inadéquation et de déracinement en Occident, Goora se trouve de nouveau confronté aux « langues déliées » et au « système pervers » qu'il avait préalablement fui. Sous ses yeux se déroule, en effet, le spectacle d'un pays qu'il ne reconnaît plus, en perte de valeurs, abruti par le capitalisme et l'argent. Une fois encore déraciné, Goora, l'immigré, est aussi un étranger chez lui.