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26 juin 2025
«PLUS QUESTION D’ÊTRE DANS UNE UNION QUI A BESOIN DE NOUS EN CAS D’ÉLECTIONS ET NOUS ZAPPE EN CAS DE NOMINATIONS»
La Convergence Patriotique pour la justice et l’Equité (Cpje/Nay leer) est montée au créneau, par la voix de son secrétaire général, Dr Abdoulaye Diouf, pour remettre les pendules à l’heure.
La page des élections locales étant maintenant tournée, les chapelles politiques commencent à mettre le cap sur les élections législatives du 31 juillet 2022. En tout cas, la Convergence Patriotique pour la Justice et l’Equité (CPJE/Nay leer) a lancé une mise en garde à la coalition Benno Bokk Yaakaar dont elle est membre. Selon son secrétaire général, Abdoulaye Diouf, il n’est plus question d’être dans une union qui a besoin d’eux en cas d’élections, et les zappe en cas de nominations.
Les élections législatives du 31 juillet prochain commencent à aiguiser l’appétit dans les chapelles politiques. Membre de la coalition Benno Bokk Yaakaar, la Convergence Patriotique pour la justice et l’Equité (Cpje/Nay leer) est montée au créneau, par la voix de son secrétaire général, Dr Abdoulaye Diouf, pour remettre les pendules à l’heure. «Il n’est plus question d’être dans une union qui a besoin de nous en cas d’élections et nous zappe en cas de nominations», a-t-il avertit en soulignant que cette démarche relève d’un manque d’égards et de considération de la majorité à l’égard d’un parti qui pourtant, « malgré cet ostracisme et ce manque d’intérêts, continue d’apporter son soutien au chef de l’Etat, président de la coalition, au grand dam de ses militants et militantes qui sont totalement dépités, car ne pouvant pas trouver d’explication à une telle situation».
Lors du référendum de 2016, rappelle Dr Diouf, la Cpje a déployé tous les moyens nécessaires, avec le soutien du député Demba Diop dit Diop Sy, pour sillonner la quasi-totalité des régions afin que le Président Macky Sall puisse avoir une large majorité de «oui». A l’en croire, cet objectif du parti qui avait justifié la mise en mouvement des «ambassadeurs du oui» a été atteint. Il explique qu’une nouvelle dynamique politique a été mise en œuvre par le parti pour la réélection du Président Macky Sall avec la mise en place des «Garants du premier tour». Ce qui montre, selon lui, que la Cpje a tout fait pour mériter de figurer dans un attelage gouvernemental et d’avoir des postes de directions, de conseillers et chargés de missions d’autant qu’elle dispose de ressources humaines qualifiées et représentatives, avec la présence dans ses rangs de docteurs, d’universitaires, d’entrepreneurs, etc. «La Cpje a contribué à faire réélire le Président au premier tour, mais depuis lors, rien n’est fait nous concernant, sinon en lieu et place, le Président a préféré nommer des gens provenant d’autres partis moins représentatifs. Qu’est-ce qui explique que la Cpje soit laissée en rade et à la limite snobée par le Président, alors qu’elle était 8ème sur 47 partis en lice lors des Législatives de 2017 et sans aucune forme de coalition, sans compter la prouesse réalisée lors de ces dernières élections territoriales avec 12 maires et plus de 712 conseillers ? Nous ne saurions continuer à être les parents pauvres d’une union qui a besoin de nous en cas d’élections et qui, en cas de nominations, nous zappe sans aucune raison, bien que la Cpje soit devenue une force incontournable dans ce pays. Nous avertissons le Président pour lui dire qu’on ne peut plus accepter cette situation, car le parti a des hommes et des femmes bien formés pour pouvoir servir loyalement le pays».
Fort de ces constats, Dr Abdoulaye Diouf indique que le député Diop Sy, président d’honneur du parti, a toujours été conciliant et mesuré pour ne pas gêner le Président Macky Sall. En atteste, ditil, ce qui s’est passé à Tivaouane où on lui a refusé la tête de liste Bby. Pour lui, le moment est venu de prêter une attention particulière à une telle situation et sur la nécessité d’y remédier. Dans le cas contraire, le parti se réserve le droit de prendre en main son propre avenir et surtout à travers la création d’un nouveau pôle. «Nous tenons à dire qu’il est temps qu’on soit rétribué en fonction de notre représentativité et le cas contraire, nous en tirerons toutes les conséquences car la politique, c’est des postes de responsabilité au-delà du don de soi», clame Dr Abdoulaye Diouf.
SANCTIONS DE LA CEDEAO : LES CHAUFFEURS MALIENS DEBALLENT LEURS MISERES
A Kidira, les conducteurs de gros porteurs maliens ne savent plus à quel saint se vouer. Bloqués à la frontière terrestre entre le Mali et le Sénégal pendant des semaines, ces chauffeurs tirent le diable par la queue.
Les sanctions de la Cedeao contre le Mali continuent d’impacter négativement les transporteurs, notamment les conducteurs de poids lourds. De nombreux chauffeurs sont bloqués à la frontière, à Kidira, vivant dans des conditions de précarité. Ils dorment à la belle étoile et n’ont plus de la nourriture. Malgré tout, ils soutiennent la junte. «Quoiqu’il advienne, même s’il faudra encore rester des mois ici, nous sommes derrière la junte et prêts à mourir pour soutenir les responsables», ont dit des chauffeurs rencontrés à Kidira.
A Kidira, les conducteurs de gros porteurs maliens ne savent plus à quel saint se vouer. Bloqués à la frontière terrestre entre le Mali et le Sénégal pendant des semaines, ces chauffeurs tirent le diable par la queue. Cela, à cause des sanctions infligées par les responsables de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au Mali. Aller et venir d’un bord à l’autre leur est quasi impossible, surtout en véhicule. Trouvés auprès de leurs camions dont les moteurs n’ont pas vrombi depuis l’annonce de la mesure, ces chauffeurs de poids lourds, drapés dans des tenues couvertes de poussière, dégagent des signes de fatigue. Pour manger, leurs apprentis sont obligés de vendre du thé sur le long de la route et par moments, ils tendent les sébiles pour espérer quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Leurs conditions de vie sont extrêmement difficiles au niveau de la frontière.
«Nous sommes très fatigués. Depuis plus d’un mois, nous ne travaillons plus. Et notre seule et unique source de revenus provient de notre activité. Malheureusement, tout est à l’arrêt», déplore Dramane Traoré, porte-parole du collectif des chauffeurs, rencontré à l’entrée de la commune de Kidira, où on voit de longues files de véhicules maliens, gros porteurs.
Malgré tout, ces chauffeurs maliens restent en phase avec la junte. «Nous soutenons nos dirigeants et sommes en phase avec leur décision, quoiqu’il arrive. Que la Cedeao fasse tout ce dont elle voudra, cela ne nous fera pas fléchir. Quoiqu’il puisse arriver, même si nous devrions rester ici pour plusieurs mois encore, nous sommes prêts et réitérons notre soutien aux responsables de la junte militaire qui ont l’onction des populations maliennes. Certes c’est dur ici à Kidira, mais, on saura tout supporter pour dire aux autorités de la Cedeao que leur décision est impopulaire et inhumaine», a déclaré M. Traoré, la mine toute grise.
Sensibles à la situation dans laquelle vivent ces acteurs du transport routier, les autorités municipales mettent la main à la poche pour leur venir en aide. «Pendant quelques jours, les autorités municipales nous ont offert de la nourriture. Elles nous envoient des repas. Elles n’ont pas été insensibles à notre situation. Elles ont fait ce qu’elles ont pu. Nous leur en sommes très reconnaissants. Seulement, il est temps de rouvrir les frontières dans le plus grand intérêt des populations et même des Etats», plaide le chauffeur malien.
Dramane Traoré poursuit : «C’est vrai que nous souffrons actuellement ici à Kidira. Et c’est tout à fait normal. Quand on ne travaille plus, c’est forcément des sources de revenus qui tarissent. Mais, pour autant aussi, les Etats frontaliers avec le Mali comme le Sénégal et les autres, ont un réel manque à gagner lié à cette fermeture. L’essentiel de nos cargaisons transitaient par le Sénégal. C’est une importante manne financière qui s’envole aussi.» D’où son appel à la levée de la mesure qui ne profite à personne.
Momar Sourang, coordonnateur du Collectif des professionnels des transports du Sénégal (Cpts), affilié au Groupement économique du Sénégal (Ges), lors d’une conférence de presse organisée à Dakar par le Ges, avait lancé un appel à la Cedeao. «Les autorités de la Cedeao doivent comprendre que cette décision politique ne doit pas venir parachever le travail du Covid-19. Déjà, on est à terre, si on y ajoute le blocus, les transporteurs vont mettre la clé sous le paillasson. Nos autorités étatiques n’ont qu’à se retrouver et discuter afin de trouver une solution à cette situation qui risque faire perdre au Sénégal le fret malien», avait-il suggéré.
Pour permettre aux autorités étatiques de savoir la réalité des impacts des sanctions de la Cedeao contre le Mali, le Groupement économique du Sénégal avait décidé d’élaborer un mémorandum. Les bases de collaboration entre les différents acteurs du secteur privé pour aller vers ce projet avaient été jetées.
«C’EST LE PRÉSIDENT KHALIFA SALL QUI A GAGNÉ DAKAR»
Retrouvailles socialistes, victoire de Yewwi à Dakar : L’allégeance de Cheikh Khalifa – Cheikh Seck, maire de Ndindy, a analysé la situation politique du pays
Dans le cadre du magal de Kazu rajab, le Parti socialiste a envoyé hier une délégation à Touba. Cheikh Seck, Abdoulaye Wilane et consorts ont rendu visite aux différentes personnalités religieuses de la ville sainte. Chef de la délégation, Cheikh Seck, maire de Ndindy, a analysé la situation politique du pays. Dans cet entretien, le député, joint par téléphone dans la soirée, parle de possibles retrouvailles de la famille socialiste. A l’heure où les Libéraux semblent se rapprocher.
Quelle est la situation du Parti socialiste au sortir des élections locales du 23 janvier ?
D’abord, le magal du Kaju rajab a été toujours un évènement important pour le Parti socialiste. Serigne Fallou était un grand ami du Ps depuis le Président Léopold Sédar Sen¬ghor. Nous avons été reçus par Serigne Mourtalla. Nous som¬mes ensuite allés voir Serigne Abdou Fattah, le porte-parole de la famille, qui a beaucoup soutenu par le passé le Ps. Bref, nous avons échangé de bonnes paroles et prié pour le Sénégal, pour notre Secrétaire générale et pour nous-mêmes. Nous avons rencontré Serigne Abo qui a discuté au téléphone avec notre Secrétaire générale Ami¬nata Mbengue Ndiaye. La journée a été très belle. Nous sommes partis à Ndindy pour voir Serigne Abdou Karim Mbacké. Pour votre question, le Parti socialiste se porte bien. Nos instances se réunissent. Lors des dernières élections locales, nous avons gagné beaucoup de communes. Au-jourd’¬hui, nous avons 3 départements, une cinquantaine de communes. Je pense que c’est assez représentatif. Partout où nous n’avons pas mis des listes, nous sommes allés avec la coalition qui a gagné. Par exemple à Tocky Gare, nous sommes deuxième adjoint au maire. Je peux vous citer beaucoup de cas similaires.
Que répondez-vous à ceux qui affirment que le Ps est sorti très affaibli des élections locales ?
Je suis désolé. Le Ps a gagné beaucoup de communes, de départements. Le parti est membre de beaucoup de con¬seils municipaux dans le cadre d’une coalition, soit avec la Société civile, soit avec d’autres partis de la mouvance présidentielle. Parallèlement, nos cousins qui se réclament de l’autre Parti socialiste ont beaucoup gagné.
Qui est l’autre Ps ?
Ce sont ceux qui se réclament du président Khalifa Sall en l’occurence Barthélemy Dias et consorts. Aujourd’hui si vous prenez Dakar, ce n’est pas Sonko qui a gagné. C’est Kha¬lifa Sall qui a gagné, pas Sonko. Sans Sonko, Khalifa Sall avait gagné Dakar. Avec Sonko, Kha¬lifa a encore gagné à Dakar. Il ne faudrait pas que Sonko comp¬tabilise à son profit la victoire de Dakar. Tout compte fait, nous sommes tous des So¬cialistes.
Justement, on parle des retrouvailles de la famille libérale. Et les Socialistes dans tout ça ?
Nous suivons ce débat des retrouvailles de la famille libérale. Nous en prenons acte. De toute façon, nous réitérons notre ancrage dans Benno bokk yaakaar. Macky Sall a respecté les termes de référence de notre partenariat et nous aussi, les avons toujours respectés. Le Ps ne prend pas des décisions d’un coup de tête. Le parti va se réunir, consultera la base et adoptera la position qui sera celle de la majorité.
Quid des retrouvailles de la famille socialiste ?
Nous y réfléchissons. Il est prématuré d’en parler mais tout compte fait, en politique, on ne dit jamais fontaine, je ne boirai jamais ton eau.
Donc des retrouvailles avec Khalifa Sall et Cie ne sont pas exclues ?
Je dis qu’en politique, on ne dit jamais fontaine, je ne boirai jamais ton eau.
Après sa visite à Touba dimanche, Ousmane Sonko a dit que le département de Mbacké est désormais sous le contrôle de Yewwi askan wi. Partagez-vous cet avis au vu des résultats des élections locales dans le département ?
Je suis désolé parce que Serigne Fallou Mbacké est du Pds mais n’a pas été investi par ce parti. Donc, il est parti avec Yewwi askan wi. Il a dressé une liste sur laquelle il y a d’autres partis y compris le Pds. Il y a dans sa liste des Libéraux, des Socialistes, des Progressistes et beaucoup d’autres partis. Yewwi askan wi était simplement un label. Au contraire, c’est Sonko qui sort affaibli des Locales. Quand on analyse les résultats des élections passées, il a perdu du terrain.
Il a gagné la mairie de Ziguinchor…
Ziguinchor est grand par le nom mais c’est une petite commune de par la taille de sa population. Bignona est trois fois plus grand que Ziguinchor. Ousmane Sonko a un discours séparatiste et «ethniciste» si je peux dire. Partout où il a gagné, ce sont ses parents. Il tient un mauvais discours.
Par Hamidou ANNE
PENSER EN TEMPS DE FURIE
L’officine néofasciste Jamra et ses alliés, dans leur entreprise de lutte contre les principes de la démocratie et l’exercice des libertés publiques, rappellent les ligues extrémistes qui s’organisaient contre la République dans l’Europe des années 30
Le rassemblement du collectif And Samm Jikko Yi à la place de la Nation et le soutien d’une partie de l’espace public manifesté à Vladimir Poutine dont les chars ont envahi l’Ukraine renvoient à la même triste réalité : la manifestation sous nos yeux de la haine de la démocratie. Nous assistons à ce que le défunt philosophe Pierre Hassner appelait «la revanche des passions».
L’officine néofasciste Jamra et ses alliés, dans leur entreprise de lutte contre les principes de la démocratie et l’exercice des libertés publiques, me rappellent les ligues extrémistes qui s’organisaient contre la république dans l’Europe des années 30. Leur dessein inavoué est l’installation d’un régime de terreur islamiste réfractaire à toute opinion contraire à leurs idées rances. Ils reçoivent le soutien d’hommes politiques irresponsables, souvent des parlementaires et des maires dont l’agenda, en plus d’être nourri par l’aigreur et la haine crypto-personnelle, est la défiance vis-à-vis des institutions républicaines.
L’homosexualité n’est que prétexte pour les bigots d’And Samm Jikko Yi, ce qui les intéresse au fond est la remise en cause de la laïcité républicaine pour implanter la charia. Ils opèrent par l’imposition de la tyrannie à travers la peur, la manipulation et la désinformation.
De manière logique, ces intégristes ont reçu une oreille attentive auprès d’une partie de la classe politique, notamment de politiciens qui ne reculent devant aucune outrance pour arriver au pouvoir, au risque de tolérer la chute de ceux qui l’exercent aujourd’hui par quelque manière non démocratique. Nous sommes face à des putschistes en puissance. L’alliance entre extrémistes religieux et extrémistes politiques est normale, ils partagent la même aversion pour le débat démocratique. Leur offensive coordonnée au sein du Parlement, auprès des médias et dans la rue m’attriste et m’inquiète. Par opportunisme, des maires et des députés se mettent, tels des mercenaires, à la solde d’idées rétrogrades qui promeuvent le chaos.
Ils ont en commun la haine de la démocratie, de la république et du fonctionnement normal d’institutions certes imparfaites, mais qui sont notre rempart face aux menaces intérieures et extérieures.
Le Sénégal vit ce que toutes les autres parties du monde expérimentent : une haine de la démocratie qui s’exprime tous les jours de manière plus bruyante et plus sotte. La démocratie vit des jours difficiles. Les effets pervers de la mondialisation dans l’économie et au plan culturel sur des millions de gens sont utilisés pour inciter à la remise en cause d’un système de valeurs qui est le meilleur garant face à la tentation à l’absolutisme. La démocratie est la cible de deux menaces majeures. L’une, issue de la gauche, s’en prend au système représentatif, récuse les normes, exige davantage de délibération afin d’ériger un rapport direct entre les élus et les citoyens. Ceci n’est pas la démocratie, mais le désordre. L’autre versant de la défiance démocratique est la critique formulée par la droite, qui véhicule une tentation à l’autoritarisme, un fantasme du leader charismatique qui écrase tout, les citoyens et les institutions, au nom de l’efficacité, qui primerait sur la sacralité de la liberté. On serait, le cas échéant, sous la dictature. Il est courant de voir célébré dans notre pays les «modèles» russe et chinois par ceux-là qui éructent tous les jours dans les médias et dans les rues sur une prétendue dictature au Sénégal.
Dans notre pays, un parlementaire, un coordonnateur d’un organe de la Société civile censé promouvoir la bonne gouvernance, et de nombreux journalistes sur les plateaux des talk-shows du vendredi soir, saluent l’invasion d’un pays souverain. Leur argument ? Cette haine puérile de l’Occident, plus particulièrement de la France (on y revient toujours !) qui est devenue une obsession et empêche de penser autour d’un socle de principes et de valeurs. Au contraire, c’est l’ère de la posture. Ce sont les mêmes qui célèbrent des putschistes dans la sous-région, mais dénigrent constamment les institutions de notre pays. Ils se disent patriotes, mais ne reculent devant aucun argument de comptoir pour cracher leur morgue antidémocratique et distiller leur fantasme de la dictature et de la guerre. Il faut n’avoir vécu un seul jour sous la dictature ou n’avoir jamais eu le sentiment que chaque souffle de vie est un sursis arraché aux balles et aux bombes pour vanter ces deux horreurs.
C’est parce que j’ai vu l’Irak, la Syrie, la Libye hier, que je vois la Palestine et l’Ukraine aujourd’hui, que je suis conscient qu’en matière de paix, de démocratie et de liberté rien n’est figé et tout est à construire chaque jour ; que je suis triste et inquiet d’observer des responsables publics franchir toutes les limites de la morale et de la décence et saluer des coups d’Etat et des invasions militaires de pays souverains. Demain, dans la même situation, ces gens se rangeront du côté de nos ennemis.
«LE MEILLEUR BAROMÈTRE, C’EST D’ATTENDRE LES LÉGISLATIVES POUR DÉSIGNER UN CHEF DE L’OPPOSITION»
Ibou Sane se prononce sur la polémique autour du chef de l’opposition
La sortie musclée de Doudou Wade, candidat malheureux de la coalition Wallu Sénégal à la ville de Dakar, a remis sur la table le débat sur le statut du chef de l’opposition. Mais de l’avis du professeur de sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, Ibou Sané, il est encore trop tôt pour désigner un chef de l’opposition. Il estime que le meilleur baromètre, ce sont les résultats des prochaines élections Législatives.
La logique voudrait qu’au sortir de la dernière élection présidentielle de 2019, Idrissa Seck, qui est arrivé deuxième avec 20,5% derrière le candidat de la la coalition Benno Bokk Yaakar (Macky Sall) qui a obtenu 58,27%, soit le chef de l’opposition. Mais avec le ralliement du leader de Rewmi à la mouvance présidentielle, ce titre revient à celui qui arrive troisième derrière lui.Vu sous cet angle, le titre du chef de l’opposition revient à Ousmane Sonko qui a obtenu 15,67%du suffrage. Mais selon le professeur Ibou Sané, ce seul critère ne suffit pas pour désigner un chef de l’opposition. La bonne formule, à ses yeux, c’est d’attendre les élections législatives. «Il faut tous les faire partir aux Législatives pour déterminer la force au niveau de l’Assemblée. Parce qu’au Sénégal, le régime parlementaire est très important», souligne le professeur de sciences politiques à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis. En attendant, il partage la position de Doudou Wade qui trouve que le Pastef ne peut pas se réclamer comme première force de l’opposition à côté du Parti Démocratique Sénégalais. (Pds).
Analysant les résultats des Législatives de 2017, Ibou Sané affirme : « Quand on regarde les dernières législatives, on s’aperçoit que le Pds a eu au moins des députés et un groupe parlementaire. Alors que le leader du Pastef a été élu à partir du plus fort reste». Rien que cette lecture, ditil, suffit pour ne pas donner ce statut au leader du Pastef. En matière de démocratie, explique l’enseignant de Sciences politiques, la représentation parlementaire nationale est très importante, puisqu’elle constitue le lieu où se discutent les lois et règlements. «Et au regard de ces aspects effectivement, le Pds est la première force de l’opposition», poursuit l’analyste politique qui soutient que même si le Rewmi qui est arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle a rallié le pouvoir, cédant donc sa place au Pastef, il n’en demeure pas moins que le Pds est le parti le mieux implanté au Sénégal. «Il est encore plus implanté que tous les partis politiques à part le Parti Socialiste (Ps)». Toutefois, il reconnait que le Pds est en train de réclamer un titre qu’il a visiblement perdu. D’où le manque de pertinence de réclamer un statut de chef de l’opposition à cinq mois des élections législatives. Par conséquent, il recommande d’attendre les élections législatives pour y voir plus clair et désigner un chef de l’opposition.
«N’EUT ETE LES AUTRES FORCES POLITIQUES QUI SONT VENUES S’AGREGER AUTOUR DU PASTEF ET DE TAXAWU DAKAR, ON N’AURAIT PAS EU CES RESULTATS AUX LOCALES»
Analysant en outre la montée en puissance du Pastef surtout au sortir des dernières élections locales, le Pr Ibou Sané parle d’une victoire de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw). «Il faut faire attention, parce que le Pastef n’est pas parti seul aux Locales. Il est parti avec Yaw. S’il était parti seul, il serait facile d’avoir une visibilité de son champ d’action. Et c’est pareil pour Barthélémy Dias, parce que n’eût été les autres forces politiques qui sont venues s’agréger autour du Pastef et de Taxawu Dakar, on n’aurait pas eu ces résultats», indique Monsieur Sané. Pour plus de visibilité, Ibou Sané estime que chaque parti politique devrait concourir seul au suffrage universel pour qu’on voie la force de chacun d’entre eux. Cependant, se désole-t-il, au Sénégal on crée des coalitions pour embrigader certains mouvements. Par ailleurs, il rappelle que pour le Pastef, c’est une bonne partie de la jeunesse qui est derrière. «Jusqu’à quand ? Ça, on l’ignore, alors que le PDS est toujours là avec un ancrage territorial très solide», relève le Pr Ibou Sané.
A QUI PROFITENT LES RETROUVAILLES DE LA FAMILLE LIBÉRALE ?
Agitée depuis quelques jours, la question des retrouvailles de la famille libérale est sur toutes les lèvres
Agitée depuis quelques jours, la question des retrouvailles de la famille libérale est sur toutes les lèvres. Pour Bakary Domingo Mané, journaliste et analyste politique, c’est Macky Sall qui tient les clés et va en tirer profit le plus.
Dans l’attente de la nomination du prochain Premier ministre et à quelques mois des prochaines élections législatives, la question des retrouvailles de la famille libérale est revenue au-devant de la scène, avec la dernière sortie de Doudou Wade caressant dans le sens du poil Macky Sall qui a baptisé le nouveau stade du Sénégal au nom de Abdoulaye Wade.
Ainsi, beaucoup d’observateurs de la scène politique commencent à s’interroger sur l’avenir du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) et de la coalition Wallu Sénégal. Mais, il faut souligner que des voix commencent à s’élever dans les rangs de la formation politique de Wade pour mettre du sable dans le couscous.
A la veille de l’inauguration du stade de Diamniadio, Toussaint Manga avait déjà montré son scepticisme quant à la sincérité de Macky Sall en lançant : «Je suis très content que le nouveau stade du Sénégal porte le nom du Président Abdoulaye Wade. Il le mérite et mérite plus. Mais, honnêtement, après tant d’années d’humiliations de toutes sortes, je me garde de croire à la sincérité de l’acte. Je constate une tentative de rattrapage, après avoir compris que le peuple sénégalais aspire au changement. Allons à l’essentiel, au lieu de tourner autour du pot. Le Président Macky Sall sait parfaitement ce que nous voulons. On ne nous endormira point, car on n’a pas la mémoire courte ».
Interrogé sur le sujet après la sortie de Doudou Wade, le secrétaire général national adjoint du Pds, Dr. Cheikh Dieng, a craché sur un futur compagnonnage avec le patron de l’Alliance pour la République (APR). «Les retrouvailles sont exclues entre le Pds, l’Apr, le Bby et le Président Macky. Car Me Wade voulait la réunification depuis 2013, mais Macky Sall a torpillé cette initiative. Donc on ne peut pas venir en 2022 pour vouloir tout forcer. Le Pds reste dans l’opposition et a un seul objectif, contrôler l’Assemblée nationale, imposer une cohabitation au Président Macky Sall», a-t-il insisté.
Cependant, le journaliste et analyste politique, Bakary Domingo Mané semble très pessimiste par rapport à la réconciliation entre Macky Sall et ses anciens frères de parti. «J’ai envie de dire bis-repetita. On se souvient tous de Massalikoul Jinane, quand le khalife général des mourides a réussi à faire rencontrer les deux hommes. Tout de suite, les gens avaient pensé que c’était fini, c’était plié, d’autant que le lendemain ou le surlendemain, Abdoulaye Wade est allé au Palais voir le Président Macky Sall. Et les gens sont partis de là pour dire que c’est acté et les retrouvailles sont maintenant une chose acquise. Après, plus rien ne s’est passé. Le Pds a continué son chemin, l’Apr aussi a continué son chemin jusqu’à ce que Macky Sall baptise le stade du Sénégal au nom de Wade. Et tout de suite, les gens parlent de retrouvailles encore. Pour moi, le Pds a été toujours l’initiateur ou l’instigateur des retrouvailles», explique Bakary Domingo Mané.
Selon lui, en 2013, le père de Karim Wade avait pris en charge ce projet pour que la famille libérale se retrouve, mais à l’époque, Macky Sall n’en voulait pas. «Car, il n’avait pas de bons rapports avec Idrissa Seck et Karim Wade, d’après ce qui se disait». C’est Macky Sall qui tient les clés Poursuivant, Bakary Domingo Mané déclare : «Je veux vraiment être pessimiste, parce que ces retrouvailles ne peuvent être réalité que si et seulement si Macky Sall tire profit de cela. En tout cas, tant que Macky Sall, après ses calculs, n’arrive pas à la conclusion que quand il y a retrouvailles, c’est lui en premier qui va tirer les dividendes, il ne va jamais se lancer. Aujourd’hui, le Pds a besoin de ces retrouvailles pour régler le cas de Karim Wade et ça Macky Sall le sait. Aujourd’hui, tout se concentre entre les mains de Macky Sall. C’est lui qui a les clés en mains. Aujourd’hui, si le Pds agite la question de la retrouvaille, c’est quelque part pour régler un problème politique, celui de Karim Wade», indique le journaliste.
Par Pierre Sané
MOURIR POUR BAMAKO MAIS PAS POUR KIEV?
L’Ukraine, l’Ukraine ? On est d’accord, c’est tragique. Tout peuple agressé dans son territoire mérite notre sympathie. Surtout s’il est lâché par les « puissances » européennes voisines. Mais de grâce la guerre en Ukraine ça ne nous regarde pas
L’Ukraine, l’Ukraine ? On est d’accord c’est tragique. Tout peuple agressé dans son territoire mérite notre sympathie. Surtout s’il est lâché par les « puissances » européennes voisines. Mais de grâce la guerre en Ukraine ça ne nous regarde pas.
L’Afrique doit rester neutre et impartiale. Nous avons suffisamment donné au cours des 2 dernières guerres mondiales et avons été remerciés comme chacun sait par une ingratitude crasse et assumée de la part de la France. La loi d’airain du colonialisme perdure à ce jour. Qu’il y ait de nouvelles guerres tribales en Europe quoi de neuf?
L’agression et la guerre sont consubstantielles de l’histoire européenne: Genocides, crimes contre l’humanité, esclavagisme industriel, colonialisme ,invasions et interventions, bombardements nucléaires, occupations militaires … ils ont tout inventé. Comme le dit si bien Aimé Césaire quand il impute à l’Europe « le plus haut tas de cadavres de l’histoire de l’humanité ». Ceci dit nous devons être déterminés à refuser que cette guerre ne soit exportée chez nous encore une fois. Ce n’est pas notre problème. Il est vrai que nous avons des accords de coopération non divulgués à ce jour et qui statueraient que nous devrions fournir des troupes à la France dans ses aventures guerrières. Il faut tout simplement les dénoncer. Comme vient de le faire le Mali. Plus jamais devons-nous servir de chair à canon ou de terrains de jeux à des armées étrangères et encore moins servir de supplétifs diplomatiques. Nos armées ne doivent être mobilisées que pour défendre l’intégrité territoriale de l’Afrique et nos diplomates équipés pour faire respecter notre neutralité.
En attendant voici comment les puissances européennes agissent en fonction des circonstances : Au Mali les puissances européennes moyennes se bousculent pour s’assurer une présence guerrière au Sahel. Ou plutôt acter une occupation rampante que les populations rejettent.
Face à Moscou les mêmes puissances se succèdent derrière les micros pour confirmer que l’Europe n’enverra pas de soldats en Ukraine, qui d’ailleurs répètent-ils à l’envie « ne fait pas partie de l’OTAN ». Ces Européens qui abandonnent « en plein vol » (2) un pays voisin et un peuple de frères de sang, ces mêmes européens survolent l’océan et le Sahara pour venir nous « protéger » des bandes « terroristes » ?
Qu’on m’explique !
Au Mali la « la puissance » française bande ses muscles et fait savoir aux autorités qu’elle ne quittera le pays qu’en son temps et en son heure. À Moscou Emmanuel Macron est tenu à distance comme un vulgaire Covidé.
À Bamako les Chefs militaires français ont accès aux autorités du pays « sans délais ». À Moscou on fait la queue patiemment devant chez Vladimir Poutine.
À Bamako on menace et on vocifère dans les médias. À Moscou on supplie et on fait des promesses.
À Bamako, on s’insurge des pistes de négociations explorées par le gouvernement de transition. Avec Moscou on privilégie le dialogue même après le lancement du conflit.
À Bamako on agite les droits de l’homme la démocratie les élections, chez Poutine ce sont des sujets qui fâchent donc silence radio.
Dites-moi en toute logique Barkhane et Takuba ne devraient-ils pas être ré déployés en… Ukraine ? Des soldats européens prêts à mourir pour Bamako mais pas pour Kiev? Hmm!
Mais comme dit Macron : « L’Afrique ? Je l’aime ». Les Ukrainiens doivent être rouges de jalousie ! Le terme de puissance n’est pas seulement un élément de langage ! C’est une démonstration sur le terrain. Quand on est puissant on l’est partout…, mais quand on l’est seulement dans la ZNF (1). Ou illusion plutôt ?
1.Zone de nuisance française
2.J’emprunte cette expression au 1er ministre malien dans son discours à l’ONU
PROJET GNL GRAND TORTUE AHMEYIM, LES TRAVAUX ACHEVÉS À 70% EN FIN 2021
Kosmos Energy renseigne que pour la construction du brise-lames est achevée, de même, le navire de pose de canalisations a terminé ses essais nautiques en vue de la campagne d’installation en mer au deuxième trimestre 2022
Les travaux d’installation des infrastructures du projet de Gaz naturel liquéfié (GNL) dite Grand Tortue Ahmeyim (GTA) ont "progressé régulièrement en 2021" et sont désormais achevés "à environ 70 % à la fin de l’année" écoulée, a-t-on appris lundi de la compagnie américaine Kosmos Energy, partie prenante du projet.
Kosmos, qui détient des parts dans GTA a annoncé le même jour ses résultats financiers et opérationnels pour le quatrième trimestre 2021. La compagnie américaine précise que concernant l’unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO), les huit modules de processus ont été soulevés sur le pont et l’achèvement mécanique des sous-systèmes de processus est en cours.
Kosmos Energy renseigne que pour la construction du brise-lames est achevée, de même, le navire de pose de canalisations a terminé ses essais nautiques en vue de la campagne d’installation en mer au deuxième trimestre 2022. Concernant l’exploitation du GNL, elle signale que les quatre compresseurs de fluides frigorigènes mixtes ont été levés à bord et les opérations d’installation du support de tuyaux ont commencé.
Le projet Grande Tortue Ahmeyim (GTA) est basé sur le développement de deux champs de gaz offshore à savoir Tortue et Ahmeyim, à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie. En janvier 2016, Kosmos Energy annonçait "une découverte importante de gaz", dont le forage est situé à 2,7 kilomètres de profondeur. Les réserves sont estimées à 1 400 milliards de m³ de gaz, ce qui fait du projet GTA l’un des plus importants en cours de réalisation en Afrique Pour sa mise en œuvre, les gouvernements mauritanien et sénégalais ont signé, en février 2018, un accord pour développer ce champ gazier transfrontalier.
Il comprend le champ dit Tortue, découvert pour la première fois dans le bloc C-8 au large de la Mauritanie en 2015 et dont les parts sont détenues par BP (62%), Kosmos Energy (28%), et SMHPM (10%).
Le champ d’Ahmeyim, situé au large du Sénégal dans le bloc Saint-Louis Offshore Profond, est détenu par BP (60 %), Kosmos Energy (30 %) et la compagnie pétrolière nationale sénégalaise, Petrosen (10 %).
La phase 1 du développement a débuté en 2019 suite à une décision finale d’investissement signée entre les gouvernements mauritanien et sénégalais ainsi que BP et Kosmos Energy. Les premiers mètres cubes de gaz sont attendus en 2023.
DAKAR EN PASSE DE PERDRE LE TRAFIC MALIEN
À cause de l’embargo imposé au Mali par la Cedeao et l’Uemoa en janvier, le Port autonome de Dakar commence à perdre des parts de marché. Une grosse catastrophe en perspective pour le Sénégal
En début de semaine dernière, 57 camions maliens transportant du coton ont mis le cap sur le port de Nouakchott en Mauritanie. A cause de l’embargo imposé par la Cedeao et l’Uemoa en janvier, le Port autonome de Dakar commence à perdre des parts de marché sur le trafic malien. A terme, il pourrait perdre totalement le trafic malien qui constitue l’essentiel de son activité. Une grosse catastrophe en perspective pour le Sénégal.
Les images de la télévision malienne montrant en boucle ce vendredi 25 février le départ des camions maliens transportant le coton du pays vers le port de Nouakchott sonnent comme un triomphe chez nos voisins. Triomphe d’avoir pu réussir à contourner le blocus imposé par la Cedeao et l’Uemoa en janvier pour sanctionner la décision de la junte militaire de jouer les prolongations en effectuant une transition de cinq ans. Ce vendredi 25 février, l’opérationnalisation du corridor Bamako-Nouakchott est devenu, pour la première fois dans l’histoire, une réalité. Le premier convoi de 53 camions, soit 1600 tonnes de coton fibre, s’est ébranlé pour le port de Nouakchott. A Bamako, l’ouverture de ce corridor, diton, a été rendu possible grâce à un partenariat entre le Mali et des pays partenaires comme la Guinée Conakry, la Mauritanie et l’Algérie. En temps normal, un tel évènement devait être ordinaire puisque c’est un simple partenariat commercial. Mais Bamako a cherché à en faire un spectacle médiatique, une sorte de doigt d’honneur aux dirigeants de la Cedeao et de l’Uemoa. A grand renfort médiatique, le départ des 53 camions a mobilisé des ministres maliens aux côtés des dirigeants de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT) et des opérateurs privés locaux. « Avec la situation en cours dans notre pays, nous avons pu démarcher des pays comme la Guinée Conakry, la Mauritanie, l’Algérie qui ont des ports. Cet embargo ne doit pas avoir les impacts souhaités sur notre quotidien, parce que nous pouvons amener nos marchandises hors du pays, à travers d’autres pays voisins » a annoncé fièrement, sur les ondes de la RTM, ce vendredi 25 février le ministre du Développement rural, Modibo Keïta.
A l’en croire, les sanctions infligées aux Maliens par les pays de la CEDEAO doivent servir de leçon aux uns et aux autres. « Même si ces sanctions sont levées, je pense qu’il faudra continuer à exporter les marchandises à travers ces mêmes voies. Si ça ne tenait qu’à moi seul, tous les cotons du Mali doivent désormais continuer à passer par les ports de la Mauritanie, de la Guinée Conakry et de l’Algérie » a déclaré Modibo Keïta selon qui l’initiative est venue des responsables de la CMDT. Ce sont eux qui ont suggéré cette voie au Gouvernement. « Ce système permettra aux Maliens d’avoir une autre solution aux problèmes liés au transport du coton. Auparavant, certains de nos camions pouvaient faire un mois dans ces pays fermés (Ndlr, Sénégal et Côte d’Ivoire), sans être déchargés. Cette initiative mettra un terme à cela » a ajouté le ministre malien du Développement rural. Le lancement des travaux d’évacuation des fibres de coton s’est fait en présence de Nanko Dembélé, le directeur de la CMDT. Le Mali a produit l’année dernière plus de 740.000 tonnes de coton. « Cela faisait près d’un mois que les responsables de la CMDT travaillaient sur ce projet, parce que les cotons étaient bloqués à l’intérieur du pays, depuis l’embargo de la CEDEAO et de l’UEMOA sur le Mali », a expliqué le directeur de la CMDT à la RTM.
Menaces sur le port de Dakar.
Au niveau de la direction du Port autonome de Dakar, cette ouverture d’un corridor Bamako-Nouakchott inquiète terriblement. Les collaborateurs du Dg Aboubacar Sedikh Bèye suivent attentivement l’évolution de la situation en souhaitant surtout que les autorités supérieures de notre pays puissent prendre les mesures urgentes pour rouvrir le corridor Dakar-Bamako. On apprend d’ailleurs que la direction générale du Port autonome de Dakar s’en est déjà ouverte aux plus hautes autorités, notamment au président de la République et aux ministres de tutelle, histoire de les sensibiliser sur les conséquences désastreuses qui découleraient d’une rupture du Mali avec le Port autonome de Dakar. Ce pays voisin reste en effet le premier partenaire commercial du Sénégal qui y exporte des marchandises pour une valeur de plus de 250 milliards de frs par année. Le Mali est donc le principal client du Port autonome de Dakar avec un transit quotidien assuré par plusieurs centaines de camions (on parle plus de 400 camions par jour). En 2020, le transit malien a représenté plus de 2.750.000 tonnes. Il est en hausse constante puisque, rien qu’en 2019, il a connu une progression de 200.898 tonnes selon le Tam-Tam du Docker (le journal du Port de Dakar). Le même document indique que « l’augmentation en 2020 du tonnage en Transit Mali import de clinker (+119%), de pommes de terre (+58%), des oignons (+32%), du blé (+47%), de l’urée (+27%) et des produits pharmaceutiques (+20%) a largement contribué au résultat enregistré ».
Depuis son arrivée à la tête du Port de Dakar, le directeur général Aboubacar Sédikh Bèye a multiplié les initiatives pour faire sauter les goulots d’étranglement sur le corridor Dakar-Bamako. Il a mis en place une Cellule de Développement de l’Hinterland dirigée par Mamadou Laye Seck dont la mission est uniquement la mise en place d’un nouveau mode d’exploitation, de reconquête et de fidélisation des acteurs des corridors. D’ailleurs, un fait inédit s’est produit dans l’histoire du corridor Dakar-Bamako. Du 22 au 26 septembre 2021, le Dg du Pad Aboubacar Sédikh Bèye en compagnie de ses collaborateurs, des représentants de Cap/Sénégal (Communauté des acteurs portuaires du Sénégal), des Entrepôts du Mali au Sénégal, du président de l’Union nationale des transporteurs du Sénégal et du Directeur général de Tvs (Terminal vraquier du Séné gal) a parcouru les 1265km séparant Dakar et Bamako. L’objectif principal de la mission « était d’évaluer par une démarche participative l’état général de fonctionnement du corridor Dakar-Kayes-Bama ko.
Ainsi, la mission a pu mesurer à la fois les enjeux du trafic malien et l’impact sur l’économie des deux pays et la compétitivité du Pad en particulier ». C’est ce trafic vital pour lui que le Port autonome de Dakar risque de perdre définitivement, hélas, si l’embargo de la Cedeao et de l’Uemoa se poursuit. Il convient d’ailleurs de se demander s’il n’est pas trop tard pour récupérer le trafic malien…
«C’EST UNE GROSSE ERREUR QUE LE MINISTRE DE LA CULTURE GÈRE LES FONDS DU CINÉMA»
Président des cinéastes du Sénégal, le réalisateur Moussa TOURÉ ne digère pas que les fonds alloués par l’Etat au secteur du 7e art soient gérés par le ministre de la Culture, et non par les acteurs du milieu
Président des cinéastes du Sénégal, le réalisateur Moussa TOURÉ ne digère pas que les fonds alloués par l’Etat au secteur du 7e art soient gérés par le ministre de la Culture, et non par les acteurs du milieu. Dans cet entretien qu’il a accordé à «L’As», il fait le diagnostic de la crise qui affecte le secteur cinématographique en pointant le manque de salles de diffusion de films.
En tant que président des cinéastes, quel est l’état des lieux que vous faites du cinéma sénégalais ?
Aujourd’hui, nous avons un cinéma de festival. Un cinéma, c’est une industrie ; ce qui n’est pas encore le cas. Et à côté, nous avons des séries qui marchent très fort, parce qu’il y a un public et des diffuseurs. C’est cela l’état des lieux. On a de l’argent puisqu’il y a un fonds de deux milliards FCFA alloué par l’Etat. Mais ces 2 milliards FCFA ne sont pas gérés pas les cinéastes, mais plutôt par des politiques. C’est une grosse erreur que les textes du Fonds de Promotion de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (Fopica) permettent au ministre de la Culture lui-même de gérer cet argent. Il fallait mettre en place un comité de gestion dans lequel siégeraient les acteurs du secteur pour décider de ce qu’il faut faire.
Vous étiez monté au créneau pour dire que le cinéma sénégalais a été pris en otage pendant 12 années. Qu’est-ce qui vous fonde à soutenir une telle thèse ?
Oui, le cinéma était pris en otage. Comme on était inactifs, on n’avait plus de bureau. L’association des Cinéastes Sénégalais Associés (Cineseas) n’existait plus. Il y avait des querelles entre ses membres et les bureaucrates ont profité de ce vide pour tout prendre en main. Et quand ils ont repris ça, ils ont pris quelques cinéastes comme garants. C’est à ces cinéastes que je fais allusion quand je parle d’otage. Ce sont eux qui disaient ce qu’il fallait faire et comment faire les choses, avec le bureau du cinéma. C’est comme cela qu’on a été pris en otage pendant 12 ans. Et pendant ce temps, pour l’ensemble des cinéastes, c’étaitle statu quo. Mais pour ce groupe-là, non. Mais malheureusement, ces films n’ont pas abouti. En dehors de quelques films comme celui d’Alain Gomis, «Félicité» (2017), et de Mati Diop, «Atlantique» (2019), les autres films sont toujours là. Ils n’ont pas abouti.
A votre avis, comment s’explique la crise qui perdure au sein du cinéma ?
Cela s’explique par le fait qu’on n’a pas d’endroit où montrer nos films. On ne peut pas parler de cinéma sans salle. Or, on n’a pas de salles de cinéma depuis très longtemps. Donc, on a un cinéma inexistant. Quand on dépense de l’argent pour des films, il faut qu’ils soient vus. Si un film n’est pas vu, il n’y a plus de cinéma. Et cette crise remonte à très longtemps. Donc il faut mettre en place des salles. On nous parle du complexe Sembene, mais ce n’est pas cela. Il y a une structure dénommée «Pathé» qui veut faire des salles, mais celles-ci ne sont pas sénégalaises. En fait, elles vont diffuser des films français. Il faut réaliser des salles de cinéma en plein air dans les quartiers, dans les régions. On peut en faire 14 en une semaine, surtout que l’argent du Fopica est là. Le cinéma sans diffusion, ce n’est plus un cinéma. C’est la raison pour laquelle les gens font des séries. Bonnes ou mauvaises, elles seront suivies. Il faut juste faire des salles. On a de la matière. En plus, il y a des films qu’on n’a jamais vus.
On constate souvent que de nombreux films des cinéastes sénégalais ne sont souvent pas vus dans leur pays. A quel niveau se situe le problème ?
C’est le système ! Mais les films sénégalais étaient vus. Moi par exemple, mes films « Toubab Bi » (1991), « TGV » (1997) ont été suivis. Pareil pour « La pirogue » (2012) qui a été diffusé en plein air. Le film a même fait le tour du Sénégal en plein air. Donc le problème, c’est qu’on n’a pas d’endroit où montrer nos films.
Les séries connaissent un énorme succès, mais vous estimez que nos valeurs sont souvent bafouées. C’est dans quel sens ?
Ce sont des événements. Les acteurs sont habillés comme des reines. Des gens font des films pour choquer. Or le cinéma, c’est un engagement.
A quoi se résume le cinéma, d’après vous ?
C’est faire des films pour mourir. Tant qu’on ne sait pas qu’on fait des films qu’on va laisser ici, on ne fait pas du cinéma.