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15 août 2025
L’ASSAINISSEMENT, UNE DES GRANDES INNOVATIONS DU FORUM MONDIAL DE L’EAU
La place centrale donnée à l’assainissement fait partie des grandes innovations du Forum mondial de l’eau, a salué mercredi, le Directeur du pôle communication du Secrétariat exécutif dudit forum, Cheikh Tidiane Fall.
Diamniadio, 23 mars (APS) - La place centrale donnée à l’assainissement fait partie des grandes innovations du Forum mondial de l’eau, a salué mercredi, le Directeur du pôle communication du Secrétariat exécutif dudit forum, Cheikh Tidiane Fall.
"Pour la première fois, l’assainissement a une place centrale dans la tenue du Forum parce qu’on résumait l’essentiel des thématiques à l’eau pour l’alimentation, l’eau pour l’agriculture et on oubliait cette partie essentielle qui concerne l’assainissement’’, a-t-il dit.
M. Fall prenait part au stand de l’Office national pour l’assainissement du Sénégal (ONAS) à une cérémonie de remise de prix à des élèves qui ont participé à un concours de dessin sur la préservation des infrastructures d’assainissement et de développement durable.
Il a soutenu que si l’assainissement n’est pas maîtrisé, "les populations vont se trouver dans une détresse et il n’y aura pas de bien-être’’.
C’est pourquoi, a-t-il expliqué, le Forum a été axé sur le thème "Sécurité de l’eau et de l’assainissement". En plus, il y a le village africain où est implanté également un grand chapiteau entièrement dédié à l’assainissement avec des expositions de toute la chaîne de valeurs de l’assainissement financé par la Fondation Bill et Melinda Gates.
"Dans tout ce qui a été fait, l’ONAS a porté la parole de l’assainissement pour que dans ce Forum mondial de l’eau, l’assainissement ait la place qu’il mérite en apportant une contribution déterminante’’, a souligné Cheikh Tidiane Fall.
Le Secrétariat exécutif du Forum a ainsi travaillé avec la direction de l’Assainissement, la seule structure impliquée dans le processus préparatoire.
"Nous sommes tous impliqués dans des processus pour faire changer les choses parce que si on regarde les tendances actuelles vers l’ODD6 en 2030, il y a de quoi s’inquiéter parce que la situation risque d’être pire aussi bien sur la situation de l’eau potable que de l’Assainissement’’, a dit Fall.
Pour que les choses bougent dans le bon sens, a-t –il ajouté, ‘’les acteurs impliqués au plus haut niveau devraient donner de nouvelles impulsions, mais rien ne pourra se faire si tous les segments de la population ne sont pas impliqués notamment les apprenants’’.
Ces apprenants peuvent être porteurs de l’héritage du Forum et du développement durable, a-t-il ajouté.
L’ONAS a organisé un concours de dessin en partenariat avec l’Inspection d’Académie de Dakar. A l’issue d’un processus de sélection, six élèves ont été primés avec un lot de matériels pédagogiques et une enveloppe financière.
SIGNATURE D'ACCORD DE COOPERATION ENTRE L’UCAD ET LE GROUPE CFAO TECHNOLOGY & ENERGY
L’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar et le groupe CFAO Technology & Energy ont signé un accord de coopération pour travailler ensemble dans plusieurs domaines dont la formation, la protection des données et la cybersécurité
Dakar, 23 mars (APS) – L’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar et le groupe CFAO Technology & Energy ont signé un accord de coopération pour travailler ensemble dans plusieurs domaines dont la formation, la protection des données et la cybersécurité, a constaté l’APS, mercredi, à Dakar.
L’accord a été signé par le professeur Ahmadou Aly Mbaye, recteur de l’UCAD, et le directeur général de CFAO Technology & Energy, Alexis Madrange.
Selon M. Madrange, la coopération va porter sur la formation, la recherche, l’accès à la connaissance scientifique, le développement d’infrastructures numériques, la création de dispositifs d’aide à l’insertion professionnelle des diplômés de l’UCAD et l’assistance des étudiants en fin de cycle.
"Le partenariat va couvrir également la recherche [et] les infrastructures. On a besoin d’infrastructures, on a besoin de centres de stockage", a précisé Ahmadou Aly Mbaye.
"C’est donc une coopération multiforme, qui va prendre naissance ici à Dakar, et qui va très vite essaimer au Sénégal, mais également au niveau de tout l’espace Cames (Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur), qui compte 19 pays, et beaucoup d’universités", a souligné le recteur de l’UCAD.
Selon lui, la collaboration de l’université Cheikh-Anta-Diop avec le groupe technologique suscite beaucoup d’espoir chez ses étudiants, ses enseignants et son personnel technique et administratif.
"Le numérique est devenu maintenant un domaine transversal. Il touche à la formation, à la recherche, au service à la communauté, mais également à l’administration de nos institutions", a souligné Ahmadou Aly Mbaye.
L’UCAD gère les bases de données de plus de 90.000 étudiants actuellement inscrits dans ses facultés, écoles et instituts. S’y ajoutent les données de son personnel technique et administratif, et de ses diplômés.
L’université a donc besoin d’un partenaire comme CFAO Technology & Energy, selon son recteur.
"Dans un monde toujours plus automatisé, dématérialisé (…), les menaces cybernétiques sont devenues une réalité implacable pour nos clients", a souligné Alexis Madrange.
"Dans cet écosystème en développement, l’UCAD [a sa] place toute trouvée", a dit le directeur général de Cfao Technology & Energy.
Plus de 280 étudiants de l’université Cheikh-Anta-Diop suivent un cursus spécialisé sur la cybersécurité, avec le soutien de son groupe, a dit M. Madrange, rappelant qu’il coopère avec l’école doctorale de mathématiques et d’informatique de l’UCAD.
VERS LA RATIFICATION DE 17 ACCORDS DE COOPÉRATION ENTRE DAKAR ET ANKARA
La Turquie et le Sénégal ont convenu récemment, à Ankara, d’œuvrer à l’accélération du processus de ratification de pas moins de 17 Accords destinés à renforcer la coopération entre les deux pays.
Dakar, 23 mars (APS) - La Turquie et le Sénégal ont convenu récemment, à Ankara, d’œuvrer à l’accélération du processus de ratification de pas moins de 17 Accords destinés à renforcer la coopération entre les deux pays.
Dans le procès-verbal de la 5e Commission économique mixte Turquie-Sénégal (14-15 mars) dont copie est parvenue à l’APS, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Aïssata Tall Sall, et le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, ont souhaité la ratification prochaine de l’Accord pour éviter la double imposition et prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu.
Les deux ministres ont aussi convenu d’accélérer le processus de ratification des Accords de coopération dans les domaines de la Santé et des Sciences médicales, de la foresterie, de la gestion des catastrophes.
Il est attendu, dans ce même élan, la ratification des Accords en matière de sécurité maritime et de coopération militaire, mais également d’un Mémorandum pour l’ouverture d’un centre culturel "Yunus Emre" à Dakar.
Autorités turques et sénégalaises ont, en outre, décidé de signer dans les plus brefs délais, des Accords de coopération ferroviaire, de pêche, d’assistance mutuelle dans le domaine des Douanes et en matière pénale, d’extradition, de transfèrement de condamnés, d’entraide civile et de coopération judiciaire.
Dakar et Ankara entendent poursuivre les échanges, pour favoriser la tenue d’activités promotionnelles telles les foires, des séminaires et forums, promouvoir le partenariat et des visites croisées de délégations commerciales, et encourager la participation des opérateurs économiques et hommes d’affaires à ces évènements.
La partie sénégalaise a exprimé, lors de cette 5e commission économique mixte, le souhait d’établir des axes de coopération en faveur du développement des infrastructures liées au commerce, de l’insertion de ses industries dans les chaînes de valeurs mondiales, à travers des projets communs, afin d’intensifier les échanges commerciaux entre les deux pays.
Satisfait des activités des entreprises turques dans l’économie nationale, le Sénégal a promis de faire parvenir des informations sur les projets d’investissement prioritaires contenus dans le PAP2A qui cherchent des financements et partenaires, pour mieux imprégner le secteur privé turc.
Par ailleurs, les autorités sénégalaises ont également émis le souhait de voir s’implanter une banque turque à Dakar pour booster les financements des projets structurels.
Turcs et Sénégalais ont dit vouloir œuvrer à la promotion de la protection et de la restauration du patrimoine culturel et historique, échanger des informations techniques, des expériences et des experts et soutenir l’organisation de réunions et de programmes de formation.
Ils ont aussi décidé d’encourager la traduction dans les langues officielles des deux pays et la publication des œuvres littéraires classiques et contemporaines de leurs pays. Autorités turques et sénégalaises vont également aider à la promotion de visites de journalistes, d’équipes de reportage, de voyagistes, de leaders d’opinions, etc. afin d’accroître la demande touristique réciproque.
En outre, Aïssata Tall Sall et Süleyman Soylu ont salué l’entrée en vigueur des nombreux Accords de coopération technique, scientifique et économique dans les domaines de l’agriculture, du tourisme, de l’éducation, du sport, de l’énergie et des hydrocarbures, des mines et minéraux, sur les questions de gestion de la diaspora, etc.
LES OEUVRES DE PICASSO EN EXPOSITION AU MUSEE DES CIVILISATIONS A PARTIR DU 1ER AVRIL
Le musée des Civilisations noires abrite du 1er avril au 30 juin prochain l’exposition "Picasso à Dakar, 1972-2022’", sous le haut patronage des présidents Macky Sall et Emmanuel Macron, annonce un communiqué transmis à l’APS.
Dakar, 23 mars (APS) - Le musée des Civilisations noires abrite du 1er avril au 30 juin prochain l’exposition "Picasso à Dakar, 1972-2022’", sous le haut patronage des présidents Macky Sall et Emmanuel Macron, annonce un communiqué transmis à l’APS.
Cette exposition se tient 30 après l’exposition des oeuvres de l’artiste espagnol au Musée dynamique de Dakar.
"Un demi-siècle après la présentation de son travail au Musée dynamique, Picasso revient aujourd’hui à Dakar, au Musée des Civilisations noires, à travers une exposition inédite par son contenu, son ampleur et sa résonance historique : « Picasso à Dakar, 1972-2022 »", souligne le communiqué.
Selon le texte, ce projet "engagé dès 2016 par le Musée national Picasso-Paris (…) est issu de l’engagement fort de l’établissement en faveur de la diffusion large de l’œuvre de Picasso et de relectures sans cesse renouvelées autour de sa réception".
"Il a rapidement reçu l’appui du musée du quai Branly – Jacques Chirac car cette opération de collaboration culturelle internationale répond pleinement à la politique que mène actuellement l’établissement pour favoriser la circulation des œuvres d’art en Afrique", note-t-il.
"Le projet a mûri cinq années durant afin que cette exposition exceptionnelle puisse trouver au Musée des Civilisations noires un écrin parfait", indique la même source.
Elle précise que cette exposition est le résultat d’une "collaboration inédite et exemplaire entre quatre musées, à l’articulation de l’Afrique et de l’Europe, entre Dakar et Paris".
"Avec leurs héritages propres, leurs collections et leurs responsabilités présentes, le musée des Civilisations noires, le musée Théodore Monod d’art africain, le musée national Picasso-Paris et le musée du quai Branly - Jacques Chirac ont souhaité partager un projet où l’histoire de l’art s’écrit en partage autour d’œuvres, de connaissances et d’idées mises en commun. Pablo Picasso fut un des premiers artistes occidentaux à être profondément influencé par l’art africain", explique le communiqué.
Il évoque le "choc fondateur" que provoquèrent chez lui la visite du musée d’ethnographie du Trocadéro, en 1907, ainsi que la découverte de la puissance formelle et spirituelle de la sculpture africaine.
"Depuis lors, relève-t-il, les œuvres du continent africain ont habité, sans discontinuer, les espaces de vie et de travail du créateur."
Selon le communiqué, "l’exposition « Picasso à Dakar, 1972-2022 » revient sur cette rencontre, forte des apports récents de la recherche historique et historiographique. Elle propose un retour fécond sur l’exposition « Picasso » de 1972 au musée Dynamique de Dakar, qui honora l’artiste de son vivant".
De même s’inscrit-elle dans la ligne directe de cette exposition matricielle, "dont elle commémorera le 50e anniversaire".
L’occasion sera ainsi donnée à une trentaine d’œuvres issues des deux institutions parisiennes de dialoguer avec une dizaine d’œuvres issues des collections dakaroises.
L’exposition "mettra en lumière l’attrait de Picasso pour l’art africain tout en célébrant l’ambition culturelle fondatrice du président Léopold Sédar Senghor en matière de développement culturel et muséal panafricain".
Les œuvres choisies seront "présentées chronologiquement mais également sous forme de correspondances formelles, techniques (assemblage), imaginaire (figure anthropo-zoomorphe) ou fonctionnelles (magie, exorcisme)".
Elles devraient permettre de "découvrir l’artiste au regard de ses sources africaines et attesteront du dialogue fructueux entre les collections nationales françaises et sénégalaises".
"L’exposition se tiendra par ailleurs simultanément à l’édition de la biennale Dak’Art 2022, point d’orgue biennal de la vie artistique dakaroise avec laquelle elle ambitionne de favoriser des résonances et notamment à la galerie d’art contemporain du Manège de l’Institut français de Dakar."
Elle est soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal, le ministère français de la Culture, des équipes de l’ambassade de France au Sénégal et de l’Institut français de Dakar.
par Malick Sy
AFFAIRE SONKO-ADJI SARR, RÉEMBARQUEMENT VERS LA TERREUR ?
Entre Macky et Ousmane, l’affrontement n’a plus rien de politique. Leur combat est devenu personnel. Le venin de la haine s’est insidieusement infiltré dans ce qui n’aurait dû être qu’une simple adversité politique
Rarement un dossier politico-judiciaire sénégalais n’avait à ce point cristallisé les opinions publiques nationales et internationales. Un an après le déclenchement de l’affaire de viol présumé impliquant l’opposant Ousmane Sonko, trois mois avant de cruciales élections législatives et deux ans avant le prochain scrutin présidentiel, la courbe de l’encéphalogramme politique national connait depuis quelques jours, de brusques variations. Tout est parti d’une série de déclarations des deux protagonistes de l’affaire. La présumée victime qui pointe les lenteurs de la justice et l’accusé qui lui, met en cause non seulement l’impartialité de la justice sénégalaise, mais la défie de ne plus respecter les règles de son contrôle judiciaire. Suffisant pour mettre en ébullition le syndicat de la magistrature qui par la voix de son président, lui a adressé une sérieuse mise en garde, dénonçant ces « citoyens qui se sont arrogés le droit de vouer aux gémonies le respect dû à la justice ».
L’archange Ousmane
Jusqu’au 3 février 2021, sa trajectoire était toute tracée. Mais ça, c’était quelques années avant Adji. Depuis, c’est l’histoire d’un homme dont l'armure de parangon de vertu s’est nuitamment craquelée entre les mains d’une jeune masseuse dans un obscur salon de détente. Ousmane Sonko qui avait fait de sa virginité morale, le moteur de son engagement public est poursuivi par cette femme qui l’accuse justement de lui avoir pris la sienne.
Sa convocation avortée chez le juge en mars 2021, avait provoqué les émeutes les plus graves, les plus destructrices et les plus meurtrières de l’histoire récente du Sénégal. Sans précédent ni équivalent. Officiellement une quatorzaine de morts, des centaines de blessés, des milliards de dégâts.
Depuis, l’homme qui s’était autoproclamé archange de la morale avec ses promesses presque messianiques d'infuser la vertu dans une république souillée par le vice avant que ses séances de relaxation immersive ne viennent écorner son image, ne cesse de durcir son discours. Sous sa posture de procureur au réquisitoire de feu, servie par une rhétorique outrancière et guerrière, les appels à la rue et les allusions à l’insurrection populaire ne sont jamais loin. Comme un tonnerre, ses menaces grondent à chaque prise de parole.
Macky Sall-Ousmane Sonko, le classico de la politique sénégalaise
Tribun explosif, sauveur autoproclamé de la République, Ousmane Sonko a érigé la conflictualité permanente en variable d’ajustement politique dans son opposition à Macky Sall avec lequel, il a enclenché un « mortal combat » . Entre le président de la République et le président du Pastef, la relation est assassine. Le duel féroce. Sans merci. Une sale guerre. Sans trêve ni cessez-le-feu. Un conflit nucléaire politique qui s’est exacerbée avec l’affaire Adji Sarr et dans lequel, personne ne veut montrer de signe de faiblesse.
Entre Macky et Ousmane, il faut dire que l’affrontement n’a plus rien de politique. Leur combat est devenu personnel. Sur l’échelle des tensions politiques sénégalaises, jamais deux hommes ne sont allés aussi loin dans leur détestation réciproque. Le venin de la haine s’est insidieusement infiltré dans ce qui n’aurait dû être qu’une simple adversité politique. Et dans ce face-à-face chacun essaie d’avoir l’autre au bout de son fusil. Empêtré dans une sombre histoire de viol dont il accuse le palais d’avoir été le commanditaire, Ousmane Sonko s’est mué en opposant éruptif. Entre discours d’intimidation, incantantions menacantes, sa stratégie de l’affrontement permanent avec le pouvoir de Macky Sall l’a placé au centre de gravité de l’opposition sénégalaise.
La stratégie de la terreur
Ses allusions récurrentes aux émeutes de mars 2021, son discours de plus en plus populiste, ses appels au devoir de résistance, sa rhétorique cathartique pour galvaniser ses troupes poussent à croire qu’il a inscrit la rue comme composante essentielle de sa stratégie de conquête de l’appareil d’État qui, plus qu’un objectif, est devenu une cible dont il veut s’emparer.
Parce que son parti est perçu comme la caisse de résonnance de la désespérance de franges de plus en plus nombreuses de la jeunesse sénégalaise, Ousmane s’est pris comme un messie comme le dépositaire testamentaire d’une vérité morale réveléé qui ferait de lui, le commandeur de l’ordre politique et institutionnel national. Comme si le destin du Sénégal était entre ses mains.
Sa défiance permanente contre les institutions de la République ou à tout le moins contre ceux qui les incarnent, son propre aveuglement dû à sa guerre sans merci contre Macky Sall, son meilleur ennemi qu’il se plaît à pourfendre avec souvent beaucoup de mépris, et dont il rêve de faire sa victime, l’ont dérivé vers une oppostion politique de plus en plus radicale. Au point où si la radicalité politique était une secte, Ousmane Sonko en serait indiscutablement le gourou sénégalais. Le dépositaire permanent. Une posture qui infecte et fige le paysage politique national depuis plusieurs années.
Pour se lancer à l’assaut du pouvoir, le leader du Pastef a construit sa stratégie, sur trois piliers principaux : la dénonciation permanente de la dépravation systémique de la gouvernance de Macky Sall, la mise en scène de sa radicalisation face au régime et l’exaltation égocentrique d’une pureté éthique dont il pensait être avant « l’affaire Adji Sarr », l’incarnation la plus prometteuse, avant que les néons d’un obscur salon de massage ne lui explosent en pleine figure.
Le sens de la mesure face à l’histoire
Alors complot ou pas complot ? C’est la question que tout le Sénégal se pose. Si chaque citoyen sénégalais s’interroge sur les tenants de cette ténébreuse histoire, c’est justement parce les considérations pénales et morales s’entrechoquent et s’entremêlent avec les questions politiques et éthiques. Mais la seule constante dans cette affaire est qu’il n’y a nul besoin d’un rapport d’autopsie pour diagnostiquer que si celui qui s’est toujours présenté comme « le père la morale » de la politique sénégalaise n’avait pas abusivement, clandestinement et nuitamment braver le couvre-feu en usant à des fins strictement personnelles des privilèges de député que le peuple du Sénégal lui a octroyés, il n’y aurait pas d’affaire « Sweat Beauty ». Alors vouloir embarquer ses bataillons d’indéfectibles fidèles dans une instrumentalisation politique et judiciaire de ses propres déviances au risque de déstabiliser la République relève de l’irresponsabilité. Alors qu’être « patriote » ne signifie pas être irresponsable.
Il y a des discours qui trahissent et d’autres qui font entrer dans l’histoire. Ces mots qui claquent et marquent les esprits. Alors oui, Ousmane Sonko doit assumer et lever et le couvercle pour que la vérité jaillisse enfin. Il le doit à son parti. Il le doit à ces milliers de jeunes qui continuent malgré tout de croire en lui. Il le doit aux 14 jeunes qui ont perdu la vie dans cette histoire. Il nous le doit. Il le doit au Sénégal. C’est le sens élevé de la responsabilité face à l’histoire et aux circonstances qui consacre la grandeur.
Mais que l’on ne s’y méprenne pas. Je ne suis pas dans la posture d’une promotion anti-Sonko. Je lai défendu en son temps dans une tribune intitulée « Alerte à la vendetta contre Ousmane Sonko ». Mais il doit pouvoir défendre son honneur sans avoir besoin de verser dans la brutalité, la menace et la fragilisation des institutions de la République. Lorsqu’on a pour ambition de diriger le Sénégal, on doit savoir faire preuve de pondération, en se gardant d’arracher les barrières entre l’extrême radicalité et le sens de la mesure face à l’histoire.
Éviter la fragilisation des institutions
Quand le leader du Pastef apparaît face caméra, pour vociférer publiquement avec un zeste de délectation contre la justice du Sénégal en déclamant de ne plus respecter les termes de son contrôle judiciaire, la séquence n’est franchement pas glorieuse pour un ancien et futur probable candidat à la présidence de la République. Par ses outrances langagières et ses vitupérations complotistes à l’emporte-pièce contre les institutions de la République, Ousmane Sonko est en train de saccager de manière métronomique sa stature de républicain présidentiable. Il y a urgence pour lui d’effacer l’historique de bientôt deux années de navigation périlleuse sur les moteurs de recherche du suffrage des Sénégalais. Il n’a aucun intérêt à fragiliser les institutions de la République. Même s’il y a indiscutablement à dire et à redire sur le fonctionnement de certaines d’entre elles.
Et à ce sujet, Ousmane Sonko n’a pas absolument tort. La justice sénégalaise souvent accusée de faire preuve de bienveillance suspecte à l’égard des proches ou amis du président et d’acharnement sur ses adversaires, doit corriger cette perception au niveau d’une opinion prompte à fantasmer sur cette justice qu’elle pense aux ordres du palais. Inutile de revenir sur l’impossible innoncence de Karim Wade et de Khalifa Sall face au marteau-piqueur-démolisseur judiciaire.
Seulement voilà, le leader du Pastef gagnerait à se sortir de sa vision binaire du combat politique. « Moi » contre un « système » dont Ousmane Sonko est convaincu qu’il complote pour sa perte et cherchant à le décrédibiliser par tous les moyens. En faisant de la dénonciation des institutions sénégalaises en tête desquelles le chef de l’État, le cœur du réacteur de son projet politique, le « Patriote en chef » s’est fourvoyé dans le piège d’une surenchère dont le but ultime est de trainer Macky Sall vers le couloir de la mort politique. Parce qu’il a peu de chance de sortir vainqueur de son opération commando politique, Ousmane « l’insurrectionnel » doit aujourd’hui s’effacer au profit de Sonko « le républicain ». Pour le bien du Pastef, pour la stabilité de la République et pour l’avenir du Sénégal.
Boubacar Camara et le pilote Macky Sall
Dans une tribune récente intitulée « Nomination d’un Premier ministre : les balades du ciel avec le pilote préféré », Boubacar Camara Camara, ancien Directeur de campagne d’Ousmane Sonko parlant du président Macky Sall, le suspecte « …entre ciel et terre, de concocter des mises en scènes pour discréditer les opposants qui refusent de négocier une capitulation » et d’avertir que « que tous les vols peuvent être annulés surtout en cette période tension internationale ».
Oublie t-il qu’un « avion entre ciel et terre », signifie qu’il est en plein vol. Peu importe ce que l’on peut penser du commandant de bord, mais lui et lui seul a la responsabilité du vol. Peu importe son pilotage, Mais ce sera à Macky Sall et rien qu’à lui, qu’incombe la lourde charge de faire atterrir les 16 millions de Sénégalais à bord. Alors aidons-le à se poser en douceur. Parce que c’est à l’atterrissage que tout se joue. Que tout se perd.
DIX CHOSES À SAVOIR SUR SALIF SADIO
Chef intransigeant d’une rébellion en perte de vitesse, il est revenu sur le devant de la scène suite à la capture de militaires sénégalais
Pour un peu, le Sénégal en aurait oublié ce conflit de basse intensité qui constitue sa seule expérience d’une guerre sur son territoire depuis l’indépendance. Le 24 janvier, un accrochage survient dans la zone frontalière entre la Gambie et le Sénégal. Deux soldats sénégalais appartenant à la Mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest en Gambie (Micega) sont tués dans les combats, tandis que sept autres sont capturés avant d’être libérés plusieurs jours plus tard devant les journalistes.
À l’origine de cet incident, la branche du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) dirigée par le chef de guerre Salif Sadio, qui revendique l’autonomie de cette région méridionale que les autorités sénégalaises sont régulièrement accusées de délaisser.
2. Irréductible
Salif Sadio cumule les fonctions politiques et militaires à la tête de sa faction du MFDC depuis sa rupture avec l’abbé Diamacoune – le chef charismatique du mouvement indépendantiste, décédé en 2007 – et avec Mamadou Nkrumah Sané (son fondateur). Lequel déclarait à Jeune Afrique, en 2011 : « Wade perdra à cause de nous en 2012 tout comme Diouf a perdu à cause de nous en 2000 ».
Salif Sadio se considère désormais comme le seul chef légitime du MFDC, même si son rival, César Atoute Badiate, continue de régner sur le front Sud de la rébellion. « Dans son maquis, la discipline est totale, indique une source qui l’a rencontré à plusieurs reprises. Il est un chef incontesté et jamais l’armée sénégalaise n’est parvenue à l’écraser. »
« Même si, officiellement, le MFDC réunit toutes les composantes du pays, l’ethnie diola en constitue le socle », commente un bon connaisseur du dossier. « Il est secret, soupçonneux, voire paranoïaque, très difficile à approcher », ajoute un expert du conflit casamançais, qui n’est jamais parvenu lui-même à le rencontrer.
Salif Sadio cultive la légende d’un « pur », d’un incorruptible, alimentée par son image de pieux musulman. Mais il serait aussi capable d’une brutalité extrême afin de se maintenir au pouvoir dans son organisation, quitte à se débarrasser sommairement des rivaux et contradicteurs.
3. Trafics
Pour financer sa rébellion, quatre décennies après sa naissance, Salif Sadio en est réduit aux trafics. Outre le cannabis, dont la culture est propice sur les terres de la verte Casamance, le MFDC est soupçonné de « se sucrer » au passage sur le trafic de bois de rose, une espèce prisée qui fait l’objet d’un trafic juteux vers la Chine.
Le 24 janvier, c’est d’ailleurs ce trafic prohibé qui a été à l’origine de l’accrochage meurtrier entre un groupe de soldats sénégalais de la Micega et les rebelles du MFDC, à la frontière sénégalo-gambienne. Les militaires entendaient en effet contrôler des camions chargés de ce bois précieux, coupé en Casamance avant d’être exporté par containers entiers depuis le port de Banjul.
4. Conflit sans fin
Depuis le début des années 1980, un seul mot d’ordre : l’indépendance de la Casamance, sinon rien. Quarante ans après le début du conflit, auquel trois présidents sénégalais successifs ont été confrontés (Abdou Diouf, Abdoulaye Wade puis Macky Sall), la Casamance vit entre la guerre et la paix, dans le cadre d’un conflit de basse intensité qui est revenu sur le devant de la scène à la suite du récent accrochage meurtrier.
« Il campe sur ses positions et a du mal à parvenir à un compromis, alors même que depuis 2012 c’est lui qui est demandeur de négociations avec Dakar, témoigne un bon connaisseur du dossier. Lorsqu’un compromis est sur la table, il en soupèse tous les termes méticuleusement. » « Macky Sall a affiché très vite sa volonté de régler pacifiquement la crise et il y a eu un round d’observation rapidement après son élection », observe un ministre de l’époque.
5. Médiations
« Moi, César Atoute Badiate, préfère la paix en Casamance plus que quiconque. Le 3 janvier 2012, nous nous sommes entendus avec le collectif des cadres de la Casamance [sur le fait] que ce conflit doit être impérativement réglé par Sant’Egidio car les religieux sont plus crédibles et moins corrompus », déclarait il y a dix ans le rival de Salif Sadio.
Un point d’accord entre les deux branches du MFDC qui explique pourquoi le père Angelo Romano, médiateur de longue date de la communauté Sant’Egidio dans le conflit, a obtenu récemment la libération des militaires sénégalais capturés par le MFDC. Autre médiateur récurrent dans le conflit, le Casamançais Robert Sagna, qui fut ministre pendant tout le règne d’Abdou Diouf.
ASSIMI GOÏTA CONVIÉ AU PROCHAIN SOMMET DE LA CEDEAO
La Communauté des Etats ouest-africains organise vendredi au Ghana un sommet extraordinaire sur la situation politique au Mali et a invité le chef de la junte malienne à y participer
La Communauté des Etats ouest-africains Cédéao organise vendredi au Ghana un sommet extraordinaire sur la situation politique au Mali et a invité le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, à participer, indique un document de l'organisation régionale consulté mercredi par l'AFP.
Ce sommet aura lieu moins d'une semaine après que le médiateur de la Cédéao dans la crise malienne est reparti du Mali sans être parvenu à un accord avec la junte sur un calendrier de retour des civils à la tête de ce pays plongé depuis 10 ans dans une profonde crise sécuritaire et politique. La Cédéao conditionne une levée progressive des lourdes sanctions économiques et diplomatiques qu'elle a infligées au Mali le 9 janvier à la présentation par les autorités d'un calendrier "acceptable" pour la tenue d'élections qui ramèneraient les civils au pouvoir.
La Cédéao a à ce jour demandé l'organisation d'élections dans un délai de 12 à 16 mois. Au cours de la visite du médiateur Goodluck Jonathan il y a quelques jours, le gouvernement installé par les militaires a lui-même reconnu que le colonel Goïta avait ramené les prétentions initiales de quatre ans (à partir de janvier 2022) à deux ans. Mais au cours des discussions, "le seul délai qui a été présenté par le médiateur est une durée de douze mois", a dit le gouvernement malien.
La Cédéao organisera vendredi à partir de 14H00 GMT "un sommet extraordinaire sur la situation politique en République du Mali", indique un document adressé par la Commission de l'organisation ouest-africaine aux Affaires étrangères maliennes.
Le colonel Goïta, qui a pris le pouvoir par la force avec d'autres colonels en août 2020 et s'est fait investir président à la suite d'un second putsch en mai 2021, "est invité à prendre part aux travaux dudit sommet", dit le document. Aucune information n'a été fournie par les autorités maliennes quant à la participation ou non du colonel Goïta au sommet.
Par Mamadou Youry SALL
TALAATAY NDEER, AVANT TOUT UNE VICTOIRE CONTRE LA COLONISATION FRANÇAISE
Il est toujours intéressant d’investir l’histoire pour le renforcement de la fierté nationale et l’armement moral de la jeunesse, surtout en ces moments de défaut de repères et d’agression identitaire
Depuis quelques années, le Sénégal célèbre la Journée internationale des femmes en convoquant son histoire avec beaucoup de fierté. Instituée à l’origine pour revendiquer d’abord un droit de vote avant de s’étendre à d’autres droits socioéconomiques, cette journée n’en constitue pas moins un moment privilégié pour rendre hommage aux illustres héroïnes du pays.
A cette fin, la place des femmes dans le combat politique est mise en évidence, l’histoire investie pour magnifier leurs faits et gestes. Ce qui ne va pas souvent sans exagération ou même sans falsification. Etant donné que cette journée nous rappelle chaque année Talaatay Ndeer et les braves femmes qui s’y étaient suicidées, sans qu’on ne sache les tenants et aboutissants de cet évènement tragique, il y a lieu de s’interroger sérieusement sur cet acte ultime et son contexte. Pourquoi le Waalo avait-il été attaqué en ce mois de mars 1820 et par qui ? Que représente la prise de sa capitale, Ndeer, dans l’histoire politique du pays ? Quelles sont ses conséquences ?
a) Le contexte de l’attaque contre le Waalo en février-mars 1820
Rappelons que la France n’a repris effectivement la colonie du Sénégal (Saint-Louis) des mains des Anglais qu’en janvier 1817. Et le traité de paix lui imposait de respecter la suppression de la traite des Noirs. Ce qui entraînait de facto la ruine de ses établissements en Afrique et aux Antilles. Ainsi, était-elle obligée de «transporter le travail là où se trouvaient les ouvriers et non l’inverse», comme on le disait. Dès lors, pour sauver sa colonie, la France sous la Restauration, avait décidé de s’établir sur le continent pour transformer ses comptoirs commerciaux en exploitations agricoles. C’était la mission principale du Commandant Schmaltz, débarqué à Saint-Louis le 13 mars 1819, avec une ferme volonté, un budget et un plan bien ficelé pour la réaliser. Il avait d’abord envisagé l’occupation et l’exploitation des terres de l’île à Morfil. Mais, l’organisation politique du Fouta et l’hostilité manifeste de ses Almaamis, visà-vis de Saint-Louis, lui firent changer d’avis et opter pour le Waalo qui est plus p r o - che de Saint-Louis.
Contrairement aux dirigeants du Fouta, les dignitaires du Waalo, à leur tête le Brak Amar Fatim Mborso, avaient accepté de négocier avec le Gouverneur Schmaltz pour trouver, au bout de quelques jours, un accord qu’ils signent à Ndiaw, le 4 ou 8 mai 1819. Celui-ci stipule dans son article deux : «En conséquence de l’article ci-dessus et pour son exécution, le Roi Amar Boye, les chefs ci-dessus dénommés et tous les autres s’obligent et promettent de céder, remettre et transporter à S.M. le Roi de France en toute propriété et pour toujours, les îles et toutes autres portions de terre ferme du Royaume de Waalo qui paraîtront convenables au Commandant du Sénégal, pour la formation de tous établissements de culture qu’il jugera à propos d’entreprendre dès à présent et par la suite ; les dites concessions faites en retour de redevances ou coutumes annuelles qui seront déterminées ci-après. Et en considération du désir qu’ils ont d’augmenter la propriété de leur pays pour sa mise en valeur et le commerce, et des secours qu’ils trouveront dans une alliance avec le gouvernement français.»
Il va sans dire que cet accord ne pouvait pas être sans révolter les patriotes du Fouta, du Waalo et même de Saint-Louis. A commencer par le patriarche du Dimat, Elimane Boubacar Kane, que le Commandant Schmaltz avait cherché à punir pour pouvoir dérouler son programme. En effet, le chef de Dimat, qui a toujours considéré le Waalo comme une dépendance de sa province, qui avait du mal à accepter qu’il soit tributaire de l’Almaamiya sous Abdoul Qaadir Kane, ne pouvait pas laisser la France le contrôler. Ainsi, profitant de l’échec de la rencontre qui devait réunir les dirigeants du Fouta et le Commandant Schmaltz sur la question, Elimane Boubacar forma la plus importante coalition politique sans précédent pour chasser les Mousrikiin (polythéistes) qui veulent assiéger le Dar El Islam avec des camps miliaires au Karta et au Waalo. Il réussit à mobiliser le Dimat, le Kajor, le Trarza, le Brakna, le Fouta sous Almaami Birane Wone, une partie du Waalo hostile au traité, des commerçants de Saint-Louis, sous la bannière anticoloniale et pour punir les dirigeants du Waalo signataires du traité de cession territoriale. Le royaume, diminué par la première attaque surprise de l’armée de Amar Ould Moukhtar, le Roi du Trarza, à Thiagaar, et par la blessure du Brak évacué à Saint-Louis, fut à la merci de la coalition qui y entra sans difficulté en février ou mars 1820. Beaucoup de pertes en vies humaines et de nombreux villages détruits, y compris la capitale Ndeer. Yoro Boly Diaw affirme : «Beaucoup de guerriers en furent tués. A la honte de tomber aux mains des Maures et Toucouleurs, un grand nombre des femmes de la LinguèreAwo, Fatim Yamar, préférèrent se brûler vives dans une grande case, sur la proposition de l’une d’elles, Mbarka, favorite de la princesse.»
Le déguisement de ces femmes en hommes à la poursuite des envahisseurs avant d’être démasquées, semble être une exagération. Car ce fait ne figure nulle part dans cette source, ni dans la Notice sur le Oualo du Capitaine Azan écrit en 1863, ni dans la Chorionique du Waalo sénégalais en 1961, de Amadou Wade, qui aurait été sous la tutelle de Yero Boly Diaw.
A ce propos, convient-il aussi de noter la confusion Talaatay Nder. La journée qui est restée jusqu’ici dans la mémoire des Waalo-Waalo, que chantait Adja Mbana Diop en toute tristesse, a eu lieu en novembre 1734, lorsque Më Mbodj Kumba Khedj tua son rival, le Brak Yerim Ndate Buubu, égorgea sa tante, la Linguère Ko Ndama qui venait de lui servir à manger. Et lui-même fut tué juste après son intronisation. Le Talaatay Nder serait plutôt attribué à cette journée de tuerie qu’au suicide collectif de la Linguère Fatim Yamar et ses compagnons.
Par ailleurs, il importe, dans cette entreprise de recherche de femmes patriotes résistantes, de signaler le courage de celles de Diowol dans le Nguenar qui tenaient tête, à côté de leurs maris, au redoutable conquérant Koly Tenguella Bâ. Capitaine Steff nous révèle dans son manuscrit intitulé Histoire du Fouta-Toro daté de 1913 : «Réunissant leurs guerriers, ils attendirent les évènements, résolus à se battre jusqu’à leur mort plutôt que de se rendre à ce nouveau chef. Leurs femmes portaient d’avance les vêtements de deuil; préférant voir leurs maris morts plutôt que vaincus.
(…)Les Nguenars étaient vaincus mais n’avaient pas reculé. Les femmes qui encourageaient les guerriers de leurs chants, prenaient la place de leurs maris et, armées de lances, combattaient vigoureusement l’ennemi.»
b) L’importance de la prise de la capitale, Ndeer, dans l’histoire politique du pays
La prise de Ndeer est avant tout une victoire contre la colonisation territoriale. Elle a bloqué les velléités métropolitaines de recréer les Antilles au Fouta. Les déclarations de Schmaltz permettent de mesurer les conséquences politico-économiques de l’assaut du Waalo par la coalition anticoloniale, jamais il n’a pardonné à Elimane Boubacar d’avoir monté cette coalition anti-française. Il le traitait de tous les noms et l’avait accusé d’être un agent de l’Angleterre. Voyant des ennemis partout, la France était obligée d’abandonner son plan de colonisation agricole et changer de stratégie. Ainsi, les cultures de rente et les infrastructures qui étaient prévues dans la vallée furent transférées ailleurs. La canne à sucre, le coton et l’arachide n’ont pas été semés au Fouta. Les projets de chemin de fer et le port furent délocalisés.
Enfin, il est toujours intéressant d’investir l’histoire pour le renforcement de la fierté nationale et l’armement moral de la jeunesse, surtout en ces moments de défaut de repères et d’agression identitaire. Mais, il importe que les universitaires ne le fassent pas comme des griots ou des religieux à qui on ne confie pas forcément la mission de transmission du savoir documenté ou sourcé.
Par Cheikh NDIAYE
CONSOMMATION DE L’EAU EN AFRIQUE : UN OBJECTIF/ QUALITE TOUJOURS FUYANT ! QUELLE SOLUTION?
Changeons de paradigme et de méthodes si nous voulons maîtriser la sécurité sanitaire de l’eau pour la paix
De nos jours, la gouvernance est souvent une gouvernance de crises cycliques (crises par les pénuries de ressources naturelles, crises par les pollutions, crises par les risques technologiques, naturels et politiques, crises par l’inefficacité de l’allocation et le partage des ressources, crises par l’imperfection des marchés, etc.).
Comme tel, et compte tenu de la criticité aiguë du capital naturel ʺeauʺ, la gouvernance de l’eau aussi est, pour l’essentiel, une gouvernance de crises comme de nombreux secteurs.
Depuis longtemps, la sécurité sanitaire de l’eau constitue un objectif programmatique ma¬jeur. Mais, force est de constater que sa maîtrise n’est pas encore effective – nulle part d’ailleurs en Afrique.
Les facteurs bloquants sont nombreux. Toutefois, il semblerait que notre manière de nous y prendre en constitue le principal.
En effet, depuis longtemps, nous avons commis la faute historique de confondre l’objectif/qualité à la potabilisation, donc à la réalisation de la potabilité de l’eau. C’est une erreur !
En réalité, l’objectif/qualité de l’eau est un processus dynamique, un process. Tandis que la potabilité est un état.
Ce processus va de la source de l’eau brute à la bouche du consommateur. La potabilité physicochimique de l’eau n’en est qu’un maillon individualisé.
Ce processus a comme but : la santé (évitement de la maladie liée à l’eau). Ce but ne peut être atteint que lorsque tous les maillons du processus (chaîne de l’eau de boisson) sont maîtrisés et contrôlés- laquelle maîtrise préserve la potabilité depuis la production jusqu’à la consommation.
Or, jusqu’à présent, nous ne contrôlons qu’un seul de ces maillons : la potabilisation de l’eau (site de production). Tout le reste du processus nous échappe.
Nous savons produire la potabilité de l’eau par des procédés physicochimiques de potabilisation. Mais, nous sommes incapables de la conserver jusqu’à destination (la boisson). Après la potabilisation, nous livrons l’ʺintégritéʺ de la potabilité aux aléas du circuit de distribution situés à l’aval.
De la potabilisation à la boisson, l’intégrité de la potabilité de l’eau peut bien s’altérer. Voilà pourquoi l’objectif/qualité programmatique de l’eau serait toujours fuyant. Aucun investissement, aussi onéreux qui soit, aucun programme, aucun plan, n’a pu stopper cette fuite logique de l’objectif/qualité de l’eau.
Il faut sortir de cette impasse en changeant de paradigme !
Dans ce cas, il faudrait cesser de voir la potabilité comme l’unique déterminant qui vaille pour atteindre l’objectif/qualité de l’eau et plutôt appréhender l’objectif/qualité comme un processus matérialisé par le cycle de vie de l’eau.
Avec ce nouveau paradigme, nous serions amenés à traiter et contrôler tous les maillons de la chaîne de l’eau et delà accéder à l’objectif/qualité de l’eau tant recherchée.
Ces maillons seraient entre autres, la potabilisation (potabilité), l’infrastructure de transport et de distribution de l’eau, les pratiques locaux d’usage, la psychologie du consommateur, la règlementation, l’existence de sources d’eau non conventionnelles, douteuses, etc. – chaque maillon correspondant à un aspect du processus ayant un impact avéré ou potentiel sur la qualité de l’eau donc sur la potabilité. C’est l’unique manière de conserver l’ʺintégritéʺ de la potabilité post-potabilisation jusqu’à l’usager.
Pour étayer ces propos, voyons l’exemple de la psychologie du consommateur ! Dans ce nouveau paradigme, la psychologie du consommateur serait un aspect du cycle de vie de l’eau. Voyons son impact !
Nous savons tous que si la finalité de la potabilité est la garantie d’une nutrition hydrique saine, son expression est l’assurance qu’elle suscite de boire une eau donnée. Pour le sens commun, potabilité est synonyme de «peut être bu», d’ «acceptabilité» à la boisson.
Mais pourquoi une eau peut-elle être bue ?
A cette question, il y a plusieurs réponses qui transcendent la potabilité en tant que telle. D’où l’intérêt d’en débattre pour montrer la plasticité interprétative de la potabilité, une notion pourtant scientifiquement établie.
Quel paradoxe !
Partons du postulat suivant : La potabilité est un concept absolu par définition (au laboratoire) mais relatif par expérience (à la maison) !
Par définition, la potabilité signifie l’état d’une eau qu’on peut boire sans danger.
D’après celle-ci, deux assertions rationnelles sont déductibles – Assertion 1 : la potabilité est un argument suffisant pour boire l’eau – Assertion 2 : la non-potabilité est un argument suffisant pour ne pas boire l’eau.
Logiquement ces deux affirmations établissent une synonymie entre «potabilité» et «acceptation» de boire l’eau. Elles sont d’ordre rationnel.
Toutefois, la réalité du terrain nous fait découvrir deux autres assertions – Assertion 3 : la potabilité n’est pas un argument suffisant pour boire l’eau -Assertion 4 : la non-potabilité n’est pas un argument suffisant pour ne pas boire l’eau. Elles sont d’ordre irrationnel.
Ainsi, la définition et le vécu de la potabilité par les utilisateurs montrent une antinomie des assertions opposables deux à deux de la façon suivante : Assertion 1 opposable à Assertion 3 – Assertion 2 opposable à Assertion 4.
On note donc que le concept de la potabilité est absolu par définition mais relatif par expérience car toutes ces assertions se vérifient dans la pratique de tous les jours chez les utilisateurs.
L’aspect absolu est matérialisé par la qualité normative de l’eau laquelle enferme la potabilité dans une caractérisation exclusivement scientifique. Or, ceci ne correspond pas à la pratique des populations – les consommateurs, n’étant pas armés pour apprécier scientifiquement l’eau, adoptent, parce que doués d’imaginaire affective, une approche mentale et sensorielle de l’eau plutôt qu’une approche scientifique.
L’acte de boire (ou non) une eau n’est donc pas gouverné uniquement par la potabilité. Il obéit aussi à des déterminants psychosociologiques motivant dans certains cas, l’acceptation ou l’inacceptation de boire une eau donnée.
Ainsi, on constate que les populations pratiquent trois types d’ac-ceptation de boire l’eau : l’acceptation scientifique de boire une eau. C’est sans danger ; l’acceptation mentale de boire une eau. C’est avec (ou) sans danger ; l’acceptation sensorielle de boire une eau. C’est avec (ou) sans danger.
L’acceptation scientifique se fonde sur des paramètres standards scientifiques. C’est la potabilité à proprement parler (potabilité chimique et potabilité microbiologique, toutes deux renvoyant à des grandeurs mesurables et observables ou non).
Par contre l’acceptation mentale et sensorielle est basée sur des attitudes respectivement empirique et intuitive du consommateur.
En effet, pendant que l’attitude empirique s’appuie sur des éléments culturels et psychologiques, non mesurables et non observables, celle intuitive s’adosse à des caractéristiques organoleptiques observables (couleur, goût, odeur).
Ces trois modes d’acceptation de boire l’eau coexistent au Sénégal avec une prépondérance nette des variantes mentale et sensorielle – l’acceptation sensorielle étant la plus répandue. Cela explique la contestation des populations relativement à l’aspect de l’eau dans certains quartiers.
Au vu de tout cela, nous découvrons que le mental du consommateur constitue un maillon du cycle de vie de l’eau générateur de mobiles irrationnels susceptibles de motiver l’acte de boire (ou non) l’eau – aux conséquences sécuritaires significatives.
La même analyse pourrait porter sur un autre maillon (aspect) du cycle de vie de l’eau pour identifier d’autres impacts potentiels de nature à altérer l’ʺintégritéʺ de la potabilité de l’eau.
Nous n’avons pas un problème de potabilité de l’eau produite. L’eau produite est bien potable. Nous avons plutôt un problème de conservation de la potabilité jusqu’à destination. Et ça, seule l’analyse du cycle de vie de l’eau le permettrait.
Ailleurs, au-delà du changement de paradigme, il est impératif de brancher tout le monde au réseau d’eau potable afin que cessent les pratiques déviantes de consommation d’eau. Faute de trouver de l’eau potable, les populations peuvent toujours recourir à des sources d’eau dangereuses. Ce qui hypothèque l’objectif/qualité qui n’est rien d’autre que la santé des usagers.
Changeons de paradigme et de méthodes si nous voulons maîtriser la sécurité sanitaire de l’eau pour la paix. Les dépenses de santé qui pèsent déjà lourdement sur nos maigres budgets s’en retrouveraient davantage réduites et la qualité de la population, nécessaire à la productivité économique, optimisée !
Cheikh NDIAYE
Ancien maire de Lambaye
LA VILLE DE DAKAR EST CO-ORGANISATRICE ET NON UNE INVITÉE DU FORUM DE L'EAU
Soham El Wardini donne raison à Barthélemy Dias et rappelle que la mairie était au cœur du processus menant aux rencontres de Dakar
Soham El Wardini précise que la Ville de Dakar est co-organisatrice du Forum mondial de l’eau. L’ancienne maire de Dakar donne raison à Barthélemy Dias et rappelle que la mairie était au cœur du processus menant aux rencontres de Dakar.
Soham El Wardini dit, en tant que maire de Dakar, avoir été «au cœur du processus» de l’organisation de la 9ème édition du Forum mondial de l’eau.
Par conséquent, l’édile de la capitale entre 2018 et 2022 estime que Barthélemy Dias a raison de pester contre l’Etat. «La Ville de Dakar est co-organisatrice et non une invitée. Le maire a raison. J’ai piloté le projet et il y a eu des problèmes qu’on a réussi à gérer et à régler avec le Secrétariat exécutif. La Ville devait s’occuper du forum avec les élus locaux. Il y a de l’animation culturelle mais dans tous les ateliers, la Ville devait être présente. C’est la Ville qui est allée plaider le dossier du Forum de Dakar à Brasilia», a déclaré Mme War¬dini hier au Cices, en marge du Forum alternatif mondial de l’eau (Fame).
Mme Wardini, présente à Diamniadio lundi, a relevé qu’aucun maire n’avait pris la parole. «Ce n’était que des chefs d’Etat», souligne-t-elle. Alors, Barthélemy Dias a-t-il raison de parler de forums des territoires et non de chefs d’Etat ? Mme Wardini tranche : «Ce sont des forums de territoires mais les Etats qui organisent aussi. Il faut aller ensemble pour réussir cela. Les mairies sont des démembrements de l’Etat. Si la mairie organise, c’est comme si l’Etat le faisait. Ensemble, on doit pouvoir trouver des solutions.» Malgré ces «problèmes et incompréhensions», elle serait partie à Diamniadio, si elle était maire de Dakar, aux côtés du Président Macky Sall. Par ailleurs, Soham El Wardini reconnaît qu’il y a des problèmes d’eau à Dakar.
Madiop Diop, maire de Grand-Yoff, relève que la gestion de l’eau dans la capitale est marquée par «l’inaccessibilité et le déficit dans la distribution, inondations et ses corollaires de dégâts et de souffrances, un réseau d’assainissement inexistant ou inachevé». Toutefois, l’Etat devrait aller vers la gratuité dans la fourniture du liquide précieux, plaide le prédécesseur de Barthélemy Dias à la Ville de Dakar. «Ça va être compliqué, difficile. Ce n’est pas pour maintenant mais il faut travailler à ce qu’on arrive à la gratuité de l’eau. (…)
Il faut beaucoup réfléchir et se pencher sur le problème de l’eau», dit Soham El Wardini. Dans ce sillage, le maire de Grand-Yoff a rappelé que le premier bassin de rétention des eaux pluviales de la région de Dakar se trouve dans sa commune. Ainsi, il réaffirme son engagement, aux côtés de l’Etat et des partenaires, à «lutter contre le stress hydrique et pour une gestion rationnelle, durable et équitable de l’eau dans toute sa complexité».