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22 juin 2025
par l'éditorialiste de seneplus, Jean-Claude Djéréké
POURQUOI LA FRANCE S’ACHARNE-T-ELLE SUR LE GOUVERNEMENT MALIEN ?
EXCLUSIF SENEPLUS - L’affaire Oberthur au Mali est une clé importante pour ceux qui veulent comprendre le trop grand zèle de Le Drian mais également sa haine et sa colère contre les dignes fils du Mali
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 01/02/2022
Le lundi 24 janvier 2022, le Mali a exigé que le Danemark retire immédiatement son contingent militaire (une centaine de soldats) appelé en renfort par la France dans le cadre de la force Takuba censée lutter contre le terrorisme après l’échec de Barkhane. Les autorités maliennes reprochent aux forces danoises d’être arrivées sur leur territoire sans avoir obtenu leur accord. Tout en saluant les actions du Danemark en faveur du développement socio-économique du Mali, elles ont invité les Danois “à faire attention à certains partenaires qui ont du mal malheureusement à se départir des réflexes coloniaux”.
La réaction du gouvernement français ne se fit pas attendre. Son ministre des Armées, Florence Parly, accusa le gouvernement malien de multiplier les provocations. Quant au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, il dénonça des “mesures irresponsables” et rappela que la “junte militaire” était illégitime mais la France est-elle bien placée pour parler d’illégitimité et d’irresponsabilité ? Ces deux mots ne sonnent-ils pas faux dans sa bouche quand on sait que c’est avec son consentement que Dramane Ouattara viola la Constitution ivoirienne le 6 août 2020 pour briguer un troisième mandat ? La suspension de la Constitution et la dissolution du Parlement tchadien le 20 avril 2021 par le Conseil militaire de transition dirigé par Mahamat Idriss Déby sont-elles des pratiques démocratiques ? Est-il cohérent d’être “la patrie des droits de l’homme” et de soutenir des régimes qui, tout en tripatouillant les constitutions, affament, volent et tuent les populations africaines depuis 20, 30 ou 40 ans ? Quand on s’est autant compromis avec des pouvoirs peu recommandables, quand on a longtemps bafoué le droit et la démocratie en Afrique et qu’on a adoubé des dictateurs, la responsabilité commande que l’on se taise et qu’on fasse profil bas. Au lieu de cela, la France préfère diaboliser et salir le gouvernement malien qu’elle appelle “junte militaire”. Or, dans la langue française, le terme “junte”, qui a une connotation péjorative et antidémocratique, est généralement appliqué à un gouvernement de type dictatorial dirigé directement par l’armée.
Il est clair que Le Drian déteste les autorités militaires maliennes pour des raisons que nous verrons plus loin, qu’il souhaiterait leur retour dans les casernes le plus tôt possible. Quelques Africains embouchent la même trompette que lui, condamnent sans nuance l’irruption des militaires sur la scène politique tout en oubliant que le même Le Drian ne condamna pas les militaires qui prirent le pouvoir après l’assassinat d’Idriss Déby Itno.
Pour ma part, je conseillerais que l’on se pose 4 questions avant de dire qu’un coup de force est une bonne chose ou non : Le président renversé a-t-il été tué ? Comment la majorité de la population a-t-elle accueilli le coup d’État ? Pourquoi le putsch a-t-il eu lieu ? A-t-il fait avancer le pays en termes de consolidation de l’État de droit et d’amélioration des conditions de vie de la population (construction de routes, d’hôpitaux, d’écoles, de châteaux d’eau, création d’emplois pour les jeunes, etc.) ?
Or, que ce soit en Guinée, au Mali ou au Burkina, la vie d’Alpha Condé, d’Ibrahim Boubakar Keïta (IBK) et de Marc-Christian Kaboré a été préservée. Et d’un. De deux, seuls leurs partisans ont regretté la chute des anciens présidents guinéen, malien et burkinabè. Troisièmement, peu de personnes contestent le fait que, si IBK et Kaboré ont été renversés, c’est d’abord en raison de leur incurie. Condé est tombé parce qu’il n’a pas respecté la Constitution guinéenne qui interdit plus de deux mandats. La réaction du président Paul Kagame, est à cet égard fort intéressante et mérite une attention particulière de la part des ceux qui pensent qu’aucun coup d’État n’est bon. Pour le président rwandais, “le retour des militaires sur la scène politique est, dans une certaine mesure, le résultat d’une défaillance dans la gouvernance”. Il poursuit : “ Si, sous un gouvernement civil, la situation se détériore et que les gens meurent, que les problèmes s’accumulent et qu’en plus, les autorités se servent des militaires pour truquer les élections, qui doit-on blâmer lorsque l’armée renverse ce gouvernement ? Je trouve inapproprié de ne critiquer que les militaires et de ne pas blâmer les civils qui les ont utilisés pour se maintenir au pouvoir. J’imagine que c’est à partir de ce genre d’analyse que certains disent qu’il y a des bons et des mauvais coups d’État.”
Il est trop tôt pour juger les fruits des coups d’État guinéen, malien et burkinabè. Pour moi, le gouvernement malien, qui dit avoir neutralisé plus de terroristes en quelques semaines grâce à l’appui militaire de la Russie que Barkhane en 8 ans, a besoin d’être encouragé et non d’être isolé comme tentent de le faire les dirigeants français “en instrumentalisant les organisations sous-régionales” (ce sont les mots du colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement de transition).
Léopold Sédar Senghor attribuait l’émotion au nègre et la raison au Blanc. Le ministre malien des Affaires étrangères lui a donné tort, ce 28 janvier 2022, en faisant preuve de calme, de hauteur de vue et de courtoisie. Là où Le Drian fulminait, menaçait et insultait, Abdoulaye Diop expliquait posément, argumentait avec des faits. Les propos “empreints de mépris” du chef de la diplomatie française montrent tout simplement que Le Drian a perdu son sang-froid et qu’il a le sommeil troublé depuis que la Russie a débarqué au Mali. Mais pourquoi Le Drian est-il si remonté contre les autorités de la transition ? Pourquoi s’acharne-t-il sur elles comme un fauve sur sa proie ? Pourquoi ne décolère-t-il pas contre Assimi Goïta et ses camarades ?
D’après une enquête de l’hebdomadaire “Jeune Afrique” publiée le 25 juin 2021, Le Drian avait insisté en 2014 auprès d’IBK pour que la fabrication des passeports biométriques maliens soit confiée à Oberthur Technologie, une entreprise basée en Bretagne, la région de Le Drian. Ce sera chose faite l’année suivante au détriment de la Canadian Bank Note (CBN) qui avait le marché depuis 2001. Le contrat avec CBN courait jusqu’à la fin de l’année 2014. Non seulement, il n’y eut pas d’appel d’offres pour le renouvellement du marché, mais les passeports délivrés par Oberthur coûtent plus cher que du temps où CBN s’en occupait.
Il se raconte que les autorités de la transition aimeraient voir clair dans cette affaire, que la société bretonne pourrait perdre ce juteux marché et être poursuivie pour corruption. Si des civils proches de la France venaient au pouvoir au Mali en février 2022, cette affaire risquait d’être enterrée.
Les clés de lecture nous permettent de mieux saisir ce qui nous entoure, de mieux percevoir le sens des discours (politiques et religieux), des enjeux de société, des symboles, etc. L’affaire Oberthur au Mali est une clé importante pour ceux qui veulent comprendre le trop grand zèle de Le Drian mais également sa haine et sa colère contre les dignes fils du Mali. Le patron du Quai d’Orsay ne se bat ni pour la démocratie ni pour l’État de droit dans le pays de Modibo Keïta mais pour ses petits intérêts. Si le Mali se débarrasse des terroristes, s’il arrache sa vraie indépendance, il est évident que Le Drian n’aura plus de richesses à y voler.
EXCLUSIF SENEPLUS - La construction étatique sur une base de domination ethno-religieuse a montré ses limites. Cette violence fondatrice ne s’est pas accompagnée d’une construction nationale. Abiy Ahmed a été rattrapé par les contradictions de son pays
D’une superficie de 1,104 millions de km2, peuplé de plus de 110 millions d’habitants, ce qui en fait le second pays le plus peuplé du continent africain, limitrophe de plusieurs pays de l’Afrique de l’Est (Kenya, Soudan, Sud-Soudan, Somalie, Érythrée et Djibouti), l’Éthiopie abrite le Nil Bleu, principale source du Nil, fleuve vital pour l’Égypte et utile pour le Soudan. Elle est située aux abords de la Mer Rouge, l’une des lignes maritimes les plus fréquentées au monde. Elle est proche du Golfe d’Aden, de l’Océan indien et du Golfe arabo-persique, autant d’étendues et de voies maritimes majeures. C’est dire l’importance de ce pays pour l’Afrique de l’Est, l’ensemble du continent africain et le reste du monde.
Pourtant, l’Éthiopie se trouve confrontée à de sanglantes et récurrentes crises politiques dont celle actuelle. Ces graves troubles sont autant de signes d’une impasse : celle de la logique de domination qui préside à l’État éthiopien depuis ses débuts.
Cette situation lourde d’effets pour le pays, menaçant jusqu’à son existence, ne peut plus être ignorée ou approchée du bout des lèvres, si l’on souhaite qu’elle cesse. Sortir de l’impasse implique, de la part des Éthiopiens mais aussi de leurs partenaires extérieurs, un examen lucide de la réalité pour en tirer des leçons pertinentes.
Ces lignes pointent l’impasse de l’État central éthiopien, ainsi que les plus récentes des nombreuses crises liées à elle et quelques leçons que la situation suggère.
Un État fondé et figé sur une logique de suprématie ethnique
En Éthiopie, comme sous d’autres cieux, l’État central[1] n’est pas né de la volonté de tous les Ethiopiens. Il a été imposé par une partie des Ethiopiens, principalement ceux que l’on a coutume d’appeler les Abyssins (Habasha en arabe). Lesquels sont les Amharas et Tigréens, deux ethnies qui ont alterné au pouvoir depuis les débuts de l’État central dans ce pays. Fait significatif, l’Éthiopie a longtemps été connue sous le nom d’Abyssinie.
Plus avant, les Abyssins ont bâti l’État central sur la suprématie de leur religion (christianisme orthodoxe) et de leur langue (tigréen ou amhara). Depuis la domination amhara, particulièrement depuis l’empereur Ménélik II, considéré comme le principal artisan de l’État éthiopien contemporain, cette langue est l’amhara. Elle est issue de la famille des langues sémitiques du groupe chamito-sémitique.
Certes, la construction suprématiste de l’État éthiopien peut rappeler d’autres contextes sociopolitiques. En Europe, elle peut, par exemple, rappeler les origines de l’État en Espagne. Ici, c’est ‘’l’alliance des Royaumes de Castille et d’Aragon’’ qui ‘’marque le début de la construction de l’État espagnol, basé sur la suprématie d’une langue (le castillan), d’une conception religieuse (le christianisme catholique romain) et d’une appartenance au monde « occidental »’’ (Marin Gonzales, 2005)[2]. Mais l’Espagne n’en est pas restée là, comme en témoignent la redistribution par décentralisation du pouvoir d’État et le sentiment d’appartenance nationale qui s’y donne à voir. Même si le particularisme catalan y reste vivace.
En Éthiopie, c’est par des conquêtes militaires de territoires et de peuples, menées de 1879 à 1900 avec des armes européennes, que l’empereur Ménélik II ou Negusse Negest (Roi des Rois) a imposé son pouvoir et donné au pays son actuelle carte humaine[3] et géographique. Il aurait probablement poussé ses frontières plus loin s’il ne s’était pas heurté aux visées coloniales européennes sur la région. Les Britanniques s’intéressaient au Soudan, au Kenya et au Nord-ouest de la future Somalie, les Italiens à l’Érythrée comme au Nord-est et au Sud somaliens, les Français à Djibouti.
Son successeur, l’empereur Hailé Sélassié 1er, lui aussi Amhara, a continué la construction étatique sur les mêmes bases suprématistes. Il a renforcé la domination des Amharas et de leur langue sur l’État. De même, en 1962, il a poussé les frontières impériales vers la Mer Rouge en annexant l’Érythrée par l’abrogation unilatérale de la fédération éthio-érythréenne en place depuis 1952. Plus tôt, il a interdit les partis politiques érythréens en 1954 et imposé la langue amhara à la population locale en 1955.
En 1974, face à un Hailé Sélassié vieillissant dont l’image est mise à mal par l’ampleur de la famine de 1973-74, et sur fond de rancœurs accumulées chez la majorité dominée, s’est développée une dynamique révolutionnaire progressiste. Mais un groupe de militaires emmenés par le colonel Mengistu Hailé Mariam a récupéré la révolution. Son DERG (Comité national militaire en langue amhara), a destitué le monarque en septembre 1974 et pris le pouvoir. Un an plus tard, en août 1975, la mort en détention de l’empereur déchu était annoncée.
En dépit de la rhétorique marxiste-léniniste et antiféodale du DERG[4], et quoique le colonel Mengistu Hailé Mariam soit un Non-amhara issu de l’ethnie wolayta (sud du pays), les Amharas ont continué de dominer l’État éthiopien.
Ce contrôle continu de l’État par une ethnie a induit une contestation, à base également ethnique, chez d’autres Ethiopiens.
À hégémonie ethnique, réactions ethniques
Les frustrations et rancœurs des Non-Amharas se sont souvent traduites par des réactions ethniques de résistance armée. Ainsi, en 1975, est né le Front populaire de libération du Tigré (TPLF en anglais) à partir de l’Organisation nationale du Tigré (ONT), une structure politique fondée en 1970. Un front oromo a aussi vu le jour en ces années 1970 sous la dénomination de Front de libération de l’Oromia (Oromo Liberation Front, OLF en anglais). Le Front de libération des Somalis de l’ouest (WSLF en anglais), actif depuis les années 1960, est également monté en puissance. Ce, en plus de la lutte indépendantiste érythréenne menée par le Front de libération de l’Érythrée (FLE) depuis les années 1960 et poursuivie par le Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE) à partir des années 1970.
Le TPLF a rejoint au maquis le FPLE. Ensemble, les deux mouvements armés, dirigés respectivement par Meles Zenawi et Issayas Afeworki, ont défait l’armée régulière éthiopienne en mai 1991 et renversé le régime du colonel Mengistu Hailé Mariam[5]. Le TPLF a pris le pouvoir à Addis-Abeba à la tête d’une coalition dénommée Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF en anglais). Une coalition comprenant le TPLF et trois autres organisations à base ethnique : Organisation démocratique du peuple Oromo (ODPO), Mouvement démocratique national Amhara (MDNA) et Mouvement démocratique des peuples du sud de l’Éthiopie (MDPSE). Le FPLE, lui, a pris le contrôle de l’Érythrée qu’il a conduite à l’indépendance en 1993. L’OLF s’est allié à l’EPRDF de 1991 à 1992 puis a repris sa lutte armée contre le pouvoir central.
Afin de déconstruire la domination amhara, le TPLF a instauré un fédéralisme multi-ethnique. Neuf régions fédérées à base ethnique ont été ainsi créées : Tigré, Amhara, Oromo, Somali, Peuples-Nations-Nationalités du Sud, Afar, Gambela, Benishangul-Gumuz et Harrar. Addis-Abeba, la capitale, et la ville de Dire-Dawa, en pays somali, ont été déclarées cités autonomes. Mais ce fédéralisme s’est largement révélé de façade car les Tigréens ont dominé à leur tour l’État et le pays. Cette domination s’est poursuive après le décès en août 2012 du Premier ministre Meles Zenawi, homme fort de l’Éthiopie depuis 1991. A son poste, le TPLF a simplement placé un Premier ministre non-tigréen de façade, Hailé Mariam Dessalegn. Ce Wolayta comme le colonel Mengistu Hailé Mariam, était issu du parti MDPSE, membre de l’EPRDF.
Sous le régime TPLF, l’élite tigréenne a accaparé le pouvoir et mis en place ce qu’elle a appelé un État développemental. Elle a capté, notamment à travers de grands projets d’infrastructures, principalement financés par la Chine, les ressources du pays. Elle a favorisé son ethnie et sa région. Régulièrement, le régime était accusé d’injustices, de répression abusive et de violations des droits humains.
Les mêmes facteurs produisant les mêmes effets, la domination tigréenne a rencontré la contestation, surtout à partir de 2015. Cette fois dans la rue. Une frange importante de la jeunesse oromo, les Oromos étant l’ethnie la plus nombreuse du pays, a été le principal artisan de la contestation. Animés en partie depuis l’extérieur, notamment par l’activiste Jawar Mohammed, exilé aux États-Unis d’Amérique, et son Oromia media network (OMN), ces jeunes ont pris le nom de Qeerroo. Leur soulèvement, rallié par d’autres communautés, a entraîné la chute du pouvoir TPLF en 2018. D’où l’avènement d’un Premier ministre oromo, Abiy Ahmed Ali.
Un Premier ministre Prix Nobel rattrapé par les contradictions de son pays
Le Premier ministre Hailé Mariam Dessalegn a démissionné le 15 février 2018. L’EPRDF l’a alors remplacé par Abiy Ahmed Ali[6], un quadragénaire de père oromo et de mère amhara. Le soutien des Oromos et des Amharas a été déterminant pour sa désignation.
Rapidement, Abiy Ahmed a multiplié les gestes pour apaiser une rue et une opposition plutôt dubitatives sur ses intentions et sa marge de manœuvre. Il a libéré les détenus d’opinion, rétabli Internet et la liberté d’expression, amnistié les exilés politiques et autres mouvements armés d’opposition. Il a aussi restauré la paix avec l’Érythrée voisine, une paix devenue introuvable depuis la guerre meurtrière ayant opposé les deux pays de 1998 à 2000. Il a encore mis fin aux ingérences d’Addis-Abeba en Somalie. Ses mesures d’apaisement et son discours d’ouverture démocratique ont soulagé la majorité des Éthiopiens et séduit les tenants du pluralisme politique dans le monde. D’où son Prix Nobel de la Paix 2019.
Mais Abiy Ahmed a été vite rattrapé par les contradictions de son pays. Il s’est retrouvé entre les tenants plus ou moins discrets d’un État central fort aux mains des Amharas, le pro-fédéralisme des Oromos et autres Ethiopiens non-amharas et un TPLF criant à la chasse aux sorcières. Des différends frontaliers inter-ethniques, suscités ou ravivés par le découpage régional qu’avait opéré le régime TPLF, et des inimitiés jusque-là plus ou moins contenues, ont également entraîné de sanglantes violences entre plusieurs régions et communautés.
Pour rassurer les uns et les autres, le Premier ministre a donné à voir un exercice d’équilibriste qui n’a pas produit les effets escomptés. Il a transformé l’EPRDF en parti politique sous l’appellation de Parti de la prospérité (PP). Mais cela n’a pas rassuré les tenants du fédéralisme qui y ont vu une étape vers la restauration du système à parti unique et de l’État central amhara. A l’inverse, il a reconnu deux nouvelles régions fédérées, portant à 11 le nombre des États régionaux : la région Sidama en juin 2020 et, en novembre 2021, la région du Sud-ouest de l’Éthiopie. Non plus, cette concession ne pouvait plaire aux adversaires du fédéralisme ethnique. Au plan démocratique, certains réflexes répressifs n’ont pas disparu et l’organisation des élections générales initialement prévues pour août 2020 lui a attiré des critiques.
Cette posture politique a aliéné au Premier ministre une frange influente du leadership et de la communauté oromos. Elle l’a jugé pro-amhara. Parmi les figures de cette frange, son ami politique Lemma Megersa et l’influent Jawar Mohammed, rentré de son exil américain. Coïncidence ou pas, le 30 juin 2020, ont été arrêtés Jawar Mohammed, devenu l’un des principaux dirigeants du parti d’opposition Congrès fédéraliste oromo (OFC en anglais), et une autre figure de l’OFC, Bekele Gerba. Ils ont été arrêtés le même jour que le leader amhara Eskinder Nega, fondateur du parti d’opposition Balderas. Ces arrestations et d’autres se sont produites au lendemain de l’assassinat par balles, le 29 juin 2020 donc, à Addis-Abeba, d’un chanteur oromo engagé, Hachalu Hundessa. Lemma Megersa, lui, s’est vu limogé en août 2020 du poste de ministre de la Défense qu’il occupait depuis avril 2019.
En ce même été 2020, jugeant probablement que le Premier n’est plus en état de grâce, le TPLF a radicalisé son opposition à sa politique. En juin 2020, il a rejeté le report d’une année des élections générales, décidé par Abiy Ahmed au motif de la pandémie Covid-19. Il a aussi rejeté la prolongation concomitante d’un an, par le Parlement fédéral, du mandat du Premier ministre. Puis, le 9 septembre 2020, les dirigeants tigréens ont organisé, dans leur région, les élections locales et législatives prévues, défiant ainsi le pouvoir central. Leur parti a très largement gagné les deux scrutins. Ce succès électoral a dopé le TPLF dans son bras de fer avec le gouvernement fédéral d’Abiy Ahmed Ali. Jusqu’à ce que guerre civile s’ensuive.
Une impasse étatique qui se rappelle par une nouvelle guerre civile
L’actuelle guerre civile entre le TPLF et le gouvernement central éthiopien a éclaté le 4 novembre 2020 au Tigré[7], au Nord du pays. En quelques semaines, le TPLF a été défait et sa région conquise par les troupes fédérales éthiopiennes, appuyées par la police spéciale de la région amhara et des milices issues de cette même ethnie. Des unités de l’armée érythréenne ont également participé au conflit contre le TPLF au motif que cette organisation menaçait l’intégrité territoriale de leur pays. Des tirs de missiles du TPLF contre le territoire érythréen, y compris la capitale Asmara, ont notamment été mis en avant. Le TPLF, lui, a dénoncé une invasion érythréenne.
Huit mois plus tard, à partir de fin juin 2021, le rapport de forces militaire s’est renversé. Profitant d’un mouvement de retrait de leur part, ordonné par le Prix Nobel de la Paix 2019 Abiy Ahmed, soumis entre autres à la pression internationale, le TPLF a massivement attaqué les soldats fédéraux. Il leur a infligé de lourdes pertes et fait des milliers de prisonniers. Il a poursuivi son avantage militaire jusqu’à 200 km de la capitale fédérale, Addis-Abeba. Il a même fait jonction avec l’Armée oromo de libération (OLA en anglais). L’OLA est un mouvement armé d’opposition qui recrute dans l’ethnie oromo mais il est moins puissant que le TPLF auquel il s’est allié en août 2021. Aux yeux du gouvernement fédéral, c’est un soutien actif de l’Occident, notamment américain, qui aurait permis au TPLF de se relever et d’avancer. Il s’agirait, selon lui, d’un soutien direct mais aussi indirect à travers le Soudan et l’Égypte, en tensions avec Addis-Abeba sur le remplissage du Grand Barrage éthiopien.
Pour autant, les Tigréens et leurs alliés oromo n’ont pas pu prendre Addis-Abeba et le pouvoir. Les forces gouvernementales ont résisté, usant beaucoup de leur supériorité aérienne[8]. Puis, elles sont passées à la contre-offensive grâce notamment à des drones de combat livrés à l’aviation éthiopienne par des puissances non-occidentales. Lesquelles seraient la Turquie, la Russie, la Chine et l’Iran. En tout cas, le Premier ministre Abiy Ahmed a signé des accords comportant un volet militaire avec les Russes et les Turcs, tandis que la Chine, investisseur majeur en Éthiopie, se sentirait menacée par un éventuel retour, sous bénédiction occidentale, du TPLF au pouvoir. Les soldats fédéraux ont ainsi repris les positions perdues en régions amhara et afare, mais ils ont reçu pour ordre de ne pas pousser leur avantage jusqu’à la reprise du Tigré. Si la situation militaire a peu bougé depuis lors, les armes ne se sont pas encore tout à fait tues.
Reste que ces victoires et contre-victoires militaires n’apportent pas de solution au problème politique éthiopien. Le fait même que des positions soient prises par un camp, reprises par l’autre, mais restent toujours menacées, rappelle l’inanité de l’option militaire. Rappel ? Dans la longue histoire étatique éthiopienne, l’on ne compte plus les affrontements militaro-politiques gagnés par l’un ou l’autre belligérant sans que cela ne produise une solution au problème de fond. L’on ne compte plus le nombre de fois où un camp militairement vaincu a fini par se relever contre le vainqueur. L’on ne compte plus les cris de victoires qui ont fusé vers le ciel, tôt ou tard suivis de cris de victoires adverses. Dit autrement, une nouvelle guerre civile n’est pas le chemin d’une paix durable des cœurs et des esprits en Éthiopie. Bien au contraire, la destruction par le conflit de ce qui a été construit ou reconstruit au Tigré durant les 27 ans de pouvoir TPLF, les dommages considérables infligés par ce dernier aux régions amhara et afare, les milliers de morts et de blessés, les millions de civils déplacés et les centaines de milliers en danger de famine, bref ces terribles conséquences aggravent le ressentiment et la haine de part et d’autre.
On le voit, vouloir une solution militaire à un problème éminemment politique, mène à une désastreuse impasse dont l’actuelle guerre civile n’est qu’une nouvelle illustration. Pourtant, cette longue et lourde impasse n’est pas une fatalité : le pays peut en sortir si les leçons qu’elle donne à tirer sont retenues.
Leçons de l’impasse politique
Tirer des leçons de l’impasse étatique éthiopienne revient, pour les Éthiopiens, à l’interroger afin de trouver des réponses pertinentes aux violences politiques récurrentes. L’impasse interpelle aussi les partenaires extérieurs du pays.
Ce que l’impasse enseigne aux Éthiopiens
À la lumière de l’histoire étatique au long cours de leur pays, brièvement évoquée plus haut pour la période contemporaine qui a débuté avec le règne de Ménélik II, il est une évidence qui s’impose aux Ethiopiens. C’est l’impasse de l’État central tel qu’il a été conçu sur les hauts plateaux abyssins et imposé au reste de ce qui est devenu l’Éthiopie. La construction étatique sur une base de domination ethno-religieuse, a largement montré ses limites, pour ne pas dire son échec. Au lieu d’un sentiment d’appartenance à un ensemble supra-communautaire par et pour tous, cet État a produit et entretenu chez les Ethiopiens non-abyssins un profond sentiment de domination et d’injustice. Il n’a même pas réussi pas à fédérer les Abyssins car Tigréens et Amharas ont agi entre eux selon la même logique de dominants à dominés. Les Amharas n’ont pas partagé le pouvoir central avec les Tigréens. Les Tigréens n’ont pas mieux agi à leur égard de 1991 à 2018, pour ne citer que cette période.
C’est que, pour s’installer à demeure, la violence fondatrice de l’État autour d’une ethnie et de sa religion, une violence aux facettes multiples à l’encontre des autres, s’est nourrie d’un sentiment dont le vainqueur s’est laissé pénétrer : celui que sa victoire du moment sur les autres valide à jamais une supériorité sienne. Son complexe de supériorité apparaît à ce point ancré que l’on peut faire l’hypothèse qu’il s’est profondément convaincu qu’il ne peut y avoir d’État éthiopien que dominé par lui. Bien des Amharas donnent à voir le sentiment qu’ils incarnent, par leur amharité même, l’État éthiopien, ce qui ferait de leur groupe ethnique le maître et le ciment naturels du pays. L’élite politique tigréenne, séparatiste durant sa période de maquis des années 1970-1980, précisément par rejet de la domination amhara, a, une fois au pouvoir à Addis-Abeba, revêtu ce costume de maître-ciment naturel du pays. Ce, malgré le fédéralisme politique qu’elle a octroyé sur le papier. Comme si les Tigréens se sont toujours vécus comme les véritables maîtres naturels d’une Éthiopie à reprendre aux mains des Amharas.
Dès lors, la première leçon à tirer de cette impasse politique autour de l’État éthiopien est l’urgence pour les Amharas et Tigréens de se défaire de leur mentalité dominatrice. L’échec logique de la logique suprématiste ethnique leur fait obligation d’accepter l’évidence que l’Éthiopie est pour tous les Ethiopiens et que l’État éthiopien prévaut entre tous. Les Ethiopiens sont des citoyens égaux en droits et en devoirs. Ils sont égaux devant l’État et la loi.
La seconde leçon à tirer de l’impasse, par les Abyssins comme par les autres Éthiopiens, est que la violence n’est pertinente ni pour la conquête du pouvoir ni pour son exercice. La victoire par la violence, et pas seulement en politique, est une victoire sans véritable lendemain car elle sème les gaines de la violence d’après. La politique n’est pas la guerre mais une affaire d’idées responsables, de compétition pacifique pour le pouvoir et d’exercice du pouvoir au service de tous.
La troisième leçon à tirer est la nécessité impérieuse d’un consensus national autour de l’indispensable reconstruction de l’État éthiopien, ce qui implique un débat national fondateur. Il s’agit de reconstruire l’État sur une base inclusive et démocratique. Seul, un tel État permet l’égalité des chances, un sentiment d’appartenance nationale et un vivre-ensemble apaisé. Sans inclusion nationale, et cela vaut pour tous les pays, l’idée même d’État se vide de son sens car l’on retombe dans la logique du plus fort dont le sang qui ne cesse de couler en Éthiopie rappelle les limites.
Apprendre de cette impasse vaut aussi pour les partenaires de l’Éthiopie.
Ce que l’impasse donne à retenir aux partenaires extérieurs
L’Éthiopie est un pays qui compte un réseau dense de relations bilatérales et multilatérales. Ainsi, après avoir accueilli le siège de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) dès la naissance de celle-ci en mai 1963, elle abrite l’Union africaine (UA) qui a succédé à l’OUA en juillet 2002. Les puissances mondiales la regardent comme un acteur majeur de l’Afrique de l’Est et du continent africain. Plusieurs d’entre elles la traitent comme leur partenaire privilégié ou stratégique. Mais peu l’aident à une stabilité politique apaisée. Pourtant, sans apaisement politique endogène, sans institutions étatiques co-construites et partagées chez le partenaire, il peut difficilement y avoir un partenariat pérenne. Un partenariat ne se bâtit pas sur un feu qui couve et des convulsions qui suivent. A moins que, précisément, le feu qui couve et la fragilité qu’il induit pour le pays ne soient privilégiés par lesdits partenaires. La stratégie de la précarité voire du chaos ? Il ne faudrait pas alors parler de partenariat.
La leçon pour les partenaires extérieurs de l’Éthiopie est qu’il faut en finir avec la politique de soutien à la loi du plus fort dans ce pays. C’est une politique de facilité, à courte vue et contre-productive dans la durée. Elle sape à terme les intérêts mêmes que poursuivent les partenaires qui la pratiquent. Entre autres, une telle politique envoie un message négatif fort au plus grand nombre des Éthiopiens dominés, à savoir que ces acteurs extérieurs n’ont que faire de leurs souffrances. Or, la perception populaire de ses actes dans un pays où l’on a des intérêts n’est pas un facteur négligeable.
La situation actuelle offre aux partenaires de l’Éthiopie, quels qu’ils soient, une occasion de bien faire pour elle et pour eux-mêmes. Une occasion de gagnant-gagnant.
L’Éthiopie est un géant africain à la fois par sa population, sa superficie, son importance géopolitique et son potentiel économique. C’est aussi un pays qui retient l’attention par l’ancienneté de son État central et la préservation de son indépendance face à la colonisation. Mais c’est un géant dont l’État est fragile car peu national. L’État éthiopien en tant qu’institution centrale a été bâti et repose sur une logique de domination ethno-religieuse. C’est un État créé et imposé par une partie des Éthiopiens, principalement les Amharas et Tigréens, au reste de la population. Il a été imposé par la force des armes et ses frontières actuelles sont nées d’une campagne de conquêtes militaires menée par l’empereur amhara Menelik II de 1879 à 1900. Cette violence fondatrice ne s’est pas accompagnée d’une construction nationale. L’Éthiopie n’a pas connu, comme sous d’autres cieux, un développement économique intégrateur. Elle n’a pas connu une inclusion sociopolitique poussée, favorisée par un récit national rassembleur, un creuset éducatif à l’avenant et des intérêts partagés au-delà des solidarités communautaires. L’État est largement resté un instrument par lequel les Amharas et Tigréens ont, à tour de rôle, légitimé et exercé leur domination ethno-religieuse sur les autres Éthiopiens.
Comme prévisible, cette logique de domination a suscité des réactions violentes au fil du temps. Pour ne retenir que la période récente, l’Éthiopie est régulièrement secouée de violences sociopolitiques depuis les années 1970. Le pouvoir central a ainsi changé de main par la force trois fois : Coup d’État militaire du colonel Mengistu Hailé Mariam en 1974, renversement de son régime par le mouvement armé TPLF en 1991, renversement du TPLF par un soulèvement populaire en 2018. La guerre civile actuelle entre le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed Ali et le TPLF est une lutte armée pour le pouvoir. L’élite tigréenne qui a dirigé l’Éthiopie d’une main de fer de 1991 à 2018, accepte d’autant moins son éviction du pouvoir qu’elle considère le Premier ministre Abiy Ahmed Ali, de père oromo mais de mère amhara et marié à une amhara, comme l’homme des Amharas. C’est un sentiment que partagent d’autres Éthiopiens d’origine oromo, somalie, gambela, afare, etc. La prépondérance de l’élite amhara autour du Premier ministre, notamment dans la conduite de la guerre contre le TPLF, le discours suprématiste amhara que l’on repère ici et là, ainsi que l’intention prêtée à Abiy Ahmed Ali de restaurer l’État unitaire fort dont les promoteurs se repèrent principalement chez les Amharas, sont parmi les éléments mis en avant par le TPLF et les autres critiques du Prix Nobel de la Paix 2019.
Il y a aujourd’hui en Éthiopie une aspiration partagée à autre chose que l’État fondé sur la suprématie de telle ou telle ethnie et leur religion. C’est une aspiration partagée par la grande majorité des Éthiopiens. Les Non-Amharas et Non-Tigréens, soit au moins 75% des Éthiopiens, sont lassés de l’État central peu national. D’où leur soutien au fédéralisme ethnique actuel qui les rassure, même si celui-ci reste peu opérationnel en raison du poids de fait du pouvoir central. Le nombre important des ethnies candidates au statut de région fédérée est éloquent à cet égard. Parmi elles, les Sidamas et les communautés du Sud-ouest éthiopien sont parvenus à leurs fins depuis 2020.
L’avenir apaisé de l’Éthiopie réside dans la réponse à la demande forte et majoritaire dans le pays d’un État pour tous, un État qui rassure, inclut et apaise. Quelle forme lui donner : fédérale, confédérale, autre ? Quelle articulation entre fait ethnique et État pour tous, entre appartenance à sa communauté et adhésion à la Nation à co-construire ? Aux Éthiopiens d’en décider.
Plus que jamais, le pays est à la croisée des chemins. Si la vieille logique de domination ethnique persiste, elle sonnera le glas du géant éthiopien. Si, en revanche, la raison et la lucidité guident les uns et les autres, l’Éthiopie sera sauvée, à la fois pour les Éthiopiens, l’Afrique et le reste du monde.
D. Yohannes-Yusuf est analyste de la Corne de l’Afrique
[1]Avec l’État abyssin, de nombreux autres États, à base communautaire ou religieuse, parfois appelés principautés ou royaumes, ont coexisté. Plusieurs étaient musulmans dont le célébré royaume d’Adal qui a largement conquis l’Abyssine au XVIème siècle. Pour le repousser, le roi des rois abyssin Lebne Denguel a appelé les Portugais à l’aide. Les victoires militaires de Menelik II ont mis fin à ces États.
[3] L’Éthiopie compte plus de 80 ethnies et ses deux principales religions sont le christianisme et l’islam.
[4]Le DERG a bénéficié d’un soutien multiforme (politique, militaire, diplomatique, etc.) de la Russie et de son Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Sans l’aide militaire soviétique, le régime n’aurait pas tenu longtemps face aux guérilleros tigréens et érythréens. Non plus, il n’aurait pas pu repousser l’armée somalienne lors de la guerre dite de l’Ogaden de juillet 1997 à mars 1978. Les troupes somaliennes ont enfoncé les lignes de défense éthiopiennes, conquis l’Ogaden et commencé à progresser vers les Hauts Plateaux.
[5]Avec la perestroïka engagée par le président Mikhaïl Gorbatchev en URSS, suivie de la chute du bloc communiste, le soutien soviétique au DERG s’est essoufflé puis arrêté, tandis que ses adversaires armés tels que le TPLF ont bénéficié de la bénédiction occidentale, États-Unis d’Amérique en tête.
[6]Cet ancien combattant de l’ODPO, ancien colonel de l’armée éthiopienne et ancien ministre fédéral, était député fédéral et vice-président de la région fédérée oromo au moment de sa nomination aux fonctions de Premier ministre. Son ami politique Lemma Megersa, président de l’ODPO et de la région oromo, était pressenti pour la primature mais il n’était pas député fédéral, une condition constitutionnelle à remplir. Il s’est donc effacé en faveur d’Abiy Ahmed Ali. Lequel était élu président de l’ODPO le 22 février 2018, chef de l’EPRDF le 27 mars 2018 et Premier ministre le 2 avril 2018. Sans doute son profil pluriel l’a-t-il aussi servi : père oromo, mère amhara, épouse amhara, parcours de maquisard et de militaire, popularité en région oromo et une certaine expérience politique. De même, sa conversion au protestantisme pentecôtiste a dû plaire à l’administration américaine du président Donald Trump, car, comme souvent, Washington était à la manœuvre face à la crise politique éthiopienne.
[7]Le Tigré est limitrophe de la région fédérée amhara sur son flanc sud et de celle afare sur son flanc est. Vers l’extérieur, le Tigré est contigu à l’Érythrée au Nord et au Soudan à l’Ouest. Si le Soudan, aligné sur l’Égypte et en différend avec Addis-Abeba au sujet du remplissage du Grand Barrage éthiopien, est plutôt favorable au TPLF, ce n’est pas le cas de l’Érythrée qui le considère comme un frère ennemi. En effet, si le TPLF de Meles Zenawi et le FPLE d’Issayas Afeworki se sont dans le passé alliés contre le régime de Mengistu Hailé Mariam et que les deux hommes sont de la même ethnie tigréenne, le leader érythréen n’a pas pardonné pour autant aux dirigeants tigréens leur guerre de 1998-2000 contre son pays et leur appui à ses opposants.
[8]Certains dirigeants du TPLF ont laissé entendre que les États-Unis d’Amérique leur ont conseillé de ne pas prendre la capitale pour éviter sa destruction dans le sang.
par Babacar Thiam
À QUAND LA RÉDUCTION DE L’ANALPHABÉTISME ?
Pour garantir une masse critique de citoyens capables de participer au développement, l’État doit investir davantage dans l’alphabétisation pour mettre le pays sur la rampe de l’émergence
Depuis 2010, le gouvernement a initié le PNEBJA, programme d’alphabétisation des jeunes et des adultes, articulé aux TIC. L’engagement a été réel au niveau des opérateurs dans la mesure où la durée a été allongée sur une période de deux ans avec des sous projets de 10 classes.
Pour les opérateurs, la durée du programme répondait à une préoccupation soulevée pendant des années afin que des résultats probants soient obtenus.
Avec l’avènement du plan takkal, le pouvoir dans sa recherche effrénée de ressources pour faire face à ces coupures intempestives d’électricité mit fin à ce programme après 14 mois d’une manière unilatérale.
Ce coup de grâce se prolongea d’année en année et le programme suit une chute progressive
Mais le paroxysme arriva en 2021 avec ce quota dérisoire d’un sous projet par IEF. Ainsi, la région de Kaolack a eu 20 classes soit 150x20 = 3 000 apprenants par un nombre peu significatif par rapport au nombre de la région qui n’a eu que deux classes spécifiques.
Par contre Matam et Fatick ont 31 classes et 26 classes et nous nous interrogeons sur la pertinence et les critères de répartition de ces classes spécifiques.
Ces classes spécifiques ne subissent aucun suivi sur le plan de l’encadrement car les personnes à qui sont affectées ces dernières ne sont pas des opérateurs.
À notre humble avis, les quotas des régions doivent être prioritaires par rapport à ces classes qui répondent à une connotation particulière.
L’alphabétisation est un enjeu majeur pour contribuer au développement durable. Si on se réfère à l’IDH et à l’axe 2 du PSE sur le capital humain.
L’État doit accorder à l’alphabétisation une place importante dans toutes les politiques de développement à l’image de la question de l’environnement.
Pour garantir une masse critique de citoyens capables de participer au développement, l’État doit investir davantage dans l’alphabétisation pour mettre le pays sur la rampe de l’émergence. Au cas contraire, nous resterons à la traine et nous allons être absent du rendez-vous du donner et du recevoir, comme disait le poète.
Le taux d’analphabétisme ne sera jamais réduit avec ces quotas et ce budget qui s’amoindrit chaque année.
Notre conviction est, pour paraphraser l’autre, alphabétiser ou périr.
Babacar Thiam est opérateur en alphabétisation.
PAR Nitt ñaay
LE VENT SE LÈVE ÑACAAR
Dorénavant le légendaire vivre-ensemble du pays, à l’instar de sa démocratie, est à la peine. Les incantations ne sauraient le garder du péril. Pas plus que l’anathème
Que le grain qui secoue nos vergues et embrume la vue trouve la vigie en alerte.
Au rivage ñacaar. Vers ton risque. Affermis leste ton gréement. Le béret du capitaine est à ta portée. Perlant au front d’une foule fraternelle, tes semblables, la sueur de ta révolte viendra dissiper le trouble actuel et ajouter aux tonalités d’origine de son héritage - éternel camaïeu des horizons révolutionnaires - leur nuance du moment.
Le vent se lève
Et voilà que ça commence ! Un canevas, maintes fois éprouvé, tisse à frais nouveaux sa trame incendiaire. Mortelle.
A nouveau, « Seynabou Africa », beauté colossale pour le moment sans défense, découvre ses talons fragiles aux traits de Dame oppression. Dissensions fratricides. Misère et concussion. Dans la tourmente qui compromet l’espérance, le commentaire volubile (mien compris), distrait du danger.
L’éternel retour du même, de farces en drames, enceint l’horizon de nos possibles. Alors dans le péril ne te fie qu’aux timoniers accomplis. A la valeur consommée. Leur legs en viatique.
Le vent se lève.
Seynabou Africa est pourvue. Le monde le sait. Ici en partie réside son drame. Car, en guise de protection, la dame ne dispose pour l’heure que d’une tutelle vassale. Pleutre et sans ambition. Hélas ! L’indigence de certains de ses enfants est sans bornes qui mènent sa demeure à la ruine. Depuis « l’omni-niant crachat ». Une incapacité chronique à lui assurer la pleine souveraineté sur ses biens. Contre la convoitise d’autrui et au bénéfice du plus grand nombre de ses enfants. Par richesses, outre les seules commodités naturelles que la Providence et/ou les prodigalités hasardeuses de la géologie ont disposées en son giron, entendre également les trésors inestimables de son ingénierie humaine. Accumulés dans la grande diversité de ses cultures et cultes. De ses peuples et nations. De ses langues et savoirs. De ses Arts. En un paradoxe atroce son heur est son malheur. L’œil torve du capital, avec la complicité coupable d’une petite part de ses « fils » organise la prédation des biens de la dame. Souvent, trop souvent, nos heureuses identités ont été l’instrument de cette faiblesse. Encore et toujours la main rugueuse et retorse de puissants intérêts dresse les enfants de Madame contre leurs frères. Le procédé est éculé, ersatz à peine crypté du bon vieux « diviser pour mieux régner ». On en rirait n’eût été le drame. Pour des besoins de concision je vous fais grâce des exemples que l’histoire fournit à foison.
En le premier tourbillon nous tanguons.
Le vent se lève
Le Sénégal est pourvu. Depuis peu. Le monde le sait. On réputait le pays, en formules aussi péremptoires que creuses, « vitrine » et « modèle » de la démocratie en Afrique. D’aucuns estiment usurpé ce titre ronflant et, à l’aune de la crise que nous traversons, une supercherie mise à nu qu’un rimmel désormais craquelé peinera à dissimuler. Les insuffisances sont par trop criantes. Certes. Mais en la matière la circonspection serait sagesse. Car demeure malgré tout un cheminement lent et tortueux vers un régime de souveraineté politique par le peuple. Des institutions pérennes, l’expression libre, plurielle et contradictoire des idées, le choix par le peuple de ses mandataires puis - tout de même ! - des transitions politiques. Houleuses certes. Disputées et chaotiques on le concède. Cependant bien réelles. Malgré la dangereuse tentative de Wade, père spirituel de Macky d’en infléchir le cours. Du parti unique de fait sous Senghor au multipartisme limité puis à la pléthore d’affiliations partisanes du moment, le pays aura appris à introniser le choix et la voix du peuple à travers une compétition plurielle. La condition n’est pas suffisante pour une démocratie adulte et efficiente. Les manquements sont évidents. Toutefois depuis son indépendance, le pays a pris un chemin, s’est engagé dans un processus fragile, réversible et à parfaire de démocratisation. Encore bancal mais réel. Pour son bonheur. Et pour son malheur. En un paradoxe saisissant là encore. La prévarication des équipes politiques à la tête de l’état et leur gestion calamiteuse (parfois criminelle) du pays les obligent à déployer, au terme échu de leur mandat, des trésors de machiavélisme afin de se soustraire à la sanction légitime et inévitable des urnes. Car le changement - acquis démocratique oblige - n’est plus sous nos cieux une chimère. C’est là une possibilité que l’on redoute. Son avènement pourrait amener à rendre des comptes. Leur volonté de se perpétuer au-delà du raisonnable/légal transforme alors le scrutin non plus en débat d’idées, sur des programmes et projets pour le meilleur de nos enfants mais en référendum pour ou contre le sortant. Dans ces circonstances, afin de parer au plus pressé et bouter dehors les désavoués du moment, nous déléguons notre souveraineté au mieux placé. Qui auparavant aura promis. Beaucoup. Mais vous savez tous ce que l’on dit des promesses dans l’arène politique et ceux que cela engage. Diouf vs Wade. Wade vs Macky. Macky vs…? Ad libitum.
En sa funeste orbite la houle à nouveau nous aspire.
Le vent se lève ñacaar et voilà comment ça recommence !
Des esprits de composition trop amène avaient accueilli la victoire – fort heureuse - du tyranneau contre son vieux père spirituel comme un symbole et le signal. Ils avaient voulu t’en faire accroire. La rupture était advenue. Rien qu’une dangereuse inflexion qu’il nous aura fallu corriger. Nous reprenions tranquillement notre longue marche vers un « mieux-gouverner ». Trajectoire redressée. Notre pays n’irait plus à rebours. Le fâcheux fauteur de retard - ndiombor pour ne pas le nommer - avait, son heure venue, mésusé de son pouvoir. Mal lu les signes. Amorcé une marche arrière en tordant le sens de l’histoire. A rebrousse-poil des urgences du moment. Le contretemps fit hoqueter la nation et tanguer l’état. Amnistie, aux raisons nébuleuses, d’un criminel d’état, népotisme, saccage de l’enseignement, fourniture en électricité aléatoire (les incessantes coupures confinant à la farce), instrumentalisation de la justice, personnalisation du pouvoir, lois ad hoc pour se maintenir à la tête de l’état, enrichissement illicite, déprédation du foncier, faux grands travaux et maigre bitumisation en trompe-l’œil. Responsabilité criminelle dans le naufrage du bateau le Joola. Liste non exhaustive. Jusqu’à ce projet, ubuesque, de léguer le pouvoir au fils. Ce dernier épisode, désastreux, avait été baptisée par le pays « dévolution monarchique ». La langue du peuple en révolte est goulue.
Nous nous étions alors rebiffés. Dit non. Crié. De toutes nos forces. Y laissâmes des martyrs. Le prix à payer. Ce combat permit au fils adoptif, héritier symbolique, de supplanter le fils de sang et nous, nous passions aux bras de Sylla. Macky vint.
Les esprits de bonne composition, disions-nous, se laissèrent conter fleurette par ce dernier, comme auparavant avec Wade qui venait de défaire le croulant pouvoir socialiste. A coups de promesses ronflantes et même, en début de mandat, d’intentions affichées plus que louables. Intransigeance dans la défense et le respect de l’ordre républicain, souci des petites gens, chasse à l’enrichissement illicite. Les lendemains furent néanmoins désenchantés pour ceux qui avaient accordé leur confiance. Le clan Sall/Faye prit la place encore chaude de Karim/Sindiely. La justice devint, on le sait, un outil de chantage facilitant le ralliement et/ou l’élimination des adversaires politiques. La confiscation du pouvoir prit de nouveaux atours. De la dévolution monarchique on passa à l’autocratie référendaire. Le coup de force se fit plus sophistiqué et technocratique que sous Wade. Le temps de nous apercevoir de la manœuvre nous voilà avec une nouvelle constitution laissant ouverte et pendante la question d’un éventuel troisième mandat malgré la disposition constitutionnelle qui n’en autorise que deux. Le tour de prestidigitation, pathétique et retors, résidait - les experts l’ont largement disséqué depuis -, dans le flou entretenu à dessein quant à la prise en compte, dans le décompte final, du mandat au cours duquel aura été initiée la réforme.
« Boul forcer !» Par ces termes, la gouaille populaire avait raillé et défié le vieux Wade empêtré dans ses piteuses circonvolutions visant à perpétuer ses mandats contre l’assentiment du peuple et en dehors de toute légitimité juridique. « Boul forcer Macky. Na nooy ! » Encore les mots du peuple en colère.
Triste retour du même.
Ñacaar défais l’étreinte d’airain, qui aujourd’hui déjà, enserre ton cou. Elargis l’horizon.
Mais cette fois mbaar naan bou la takha naan pootitt !
Car le danger est d’une nature inédite mon frère. Dorénavant ta maison une proie alléchante. Un bon parti à la dot consistante. Couru. Jadis arachides, phosphate, marché d’une dizaine de millions d’âmes, ressources halieutiques et autre influence géopolitique garnissaient le trousseau de la dame. Il s’est enrichi des énergies fossiles, appelées à se raréfier et, pour l’heure, vitales au cœur de l’économie capitaliste carbonée. Substantiel. Tu ne peux plus te permettre quelque relâchement dans le choix des impétrants à qui déléguer ta souveraineté.
Dorénavant les groupes armés qui contestent radicalement, violemment, l’empire du capital sur nos vies ainsi que les déséquilibres oppressifs néo-coloniaux qu’il engendre, sont sous pavois religieux et, brandissant leur idéologie mortifère, plébiscitent un ordre théologique qui ne libère d’un joug que pour mieux aliéner l’humain. L’assujettir à la férocité de ses pulsions les plus obscures et rétrogrades. Tes ressources nouvelles sont parmi les moyens de leur stratégie. Et ils sont à ta porte. L’empire d’un côté et ses sombres challengers au sombre dessein de l’autre. Un mal nouveau contre d’anciens maux. Réécoute Ousmane Sow.
Dorénavant le légendaire vivre-ensemble du pays, à l’instar de sa démocratie, est à la peine. Les incantations ne sauraient le garder du péril. Pas plus que l’anathème. Règne toutefois un irénisme de mauvais aloi qui en chœur proclame, définitif, qu’ici s’expriment et se donnent à lire nos seules affiliations républicaines et citoyennes. Uniquement ! Rien d’autre ! Circulez ! Il n’y a rien qui fasse débat. Sauf pour esprit chafouin. Le Sénégal, pays de téranga, de tolérance, du cousinage à plaisanterie et autres poncifs serait sourd aux mobilisations et sentiments communautaires infra. Malheur aux intrépides, inquiets de certaines dérives factieuses et/ou sécessionnistes. Le premier à briser le consensus affrontera son haro. Ce brouhaha couvre la teneur du message dont, pourtant, nous devrions nous enquérir. Fût-il porté par un plumitif en livrée de factotum, briquant l’image publique du palais ! Et tu n’es pas dupe ñacaar. Disqualifier le messager ne rend pas moins tangible la réalité. Le doigt qui pointe la lune, l’œil qui darde un regard malavisé sur le doigt ou quelque chose d’approchant. Que l’on jette un coup d’œil, même furtif, aux cartes ; celle des résultats de l’élection présidentielle de 2019 et celle des victimes du soulèvement populaire de mars 2021. Leur partition est parlante. Wade, déjà, avait placé sa gouvernance, au mépris de l’ordre républicain, sous pavillon confrérique. Macky, le disciple, a déplacé le curseur vers son « titre foncier ». Glissement tactique de l’influence d’une tarikha à l’influence ethnico-territoriale. Les augures – je veux nommer l’inquiétude sincère pas ces plumes outrancières et partisanes des saltigué à la petite semaine – les augures qui tentent de nous avertir du danger n’ont pas inventé la polémique ila fouta ila touba. Pas plus que la démission d’un juge pour des raisons troubles liées à la communauté d’origine de son épouse. Je vous laisse là encore le soin de compléter les exemples. N’ayons plus peur ni des mots ni de la réalité. Inventons-nous. Sénégalais. Républicains. Réinventons-nous. Qu’enfin cessent les mantras stériles !
…Dans une délibération sans tabous. La « tête oh la tête large et froide », « l’esprit libre, le cœur [plus] large [encore] ».
Par ailleurs, conscients du rôle d’épouvantails des fous de dieu, ces idiots utiles du statu quo international, nous demeurons néanmoins résolus à bouleverser l’ordre inique du monde. Si ces sombres illuminés sont les alliés objectifs du système d’oppression, ils ne sont cependant pas une simple vue de l’esprit. Te voilà averti ñacaar ! Vigilant et déterminé à ne pas laisser ces « lubies » frelatées d’un autre âge mettre en péril ton mode de vie et compromettre tes combats légitimes. Ni oppression coloniale ni raidissements identitaires et/ou religieux. A égale distance de la propagande alarmiste d’un état aux abois et de ces menées sibyllines qui de nos sentiments d’appartenance voudraient faire retranchement séditieux et/ou fascisant. Là se dessine la voie de la sagesse. Sinueuse crête.
Sur tes gardes ñacaar car alternatives de guingois délivrent lendemains ruineux !
Par chance - l’adage le soutient - où croit le péril croit le remède. Ou quelque chose d’approchant.
Qu’ils partent donc tous ! Pas uniquement le tyranneau. Tous. Que les appareils prennent leurs responsabilités et les fassent tous partir !
Nous tous ñacaar, toi, moi, allakhaam, le nez dans notre besogne et les urgences du quotidien, sommes souvent, vis à vis d’un passé pas si lointain, d’une clémence excessive et quelque peu oublieuse. Mais alors les « clercs » ? À qui la conscience collective confie la consignation des annales, - et la hauteur de vue et la rigueur de l’analyse et la fermeté dans l’énoncé des principes -, que ces clercs aient si aisément abdiqué leur posture critique, voilà plus que troublant. Tenir notre mémoire sur le qui-vive. Voilà qui leur revenait. Nous rappeler que le spectre de l’attelage Wade/Karim/Sindiely hante la triade Macky/Mansour/Aliou Sall. Nous remettre en mémoire que les turpitudes avérées de notre justice – même ses forfaitures - ne disculpent en rien Khalifa Sall des pratiques nébuleuses dont on l’accuse. Pratiques qu’il reconnait lui-même - les anciens maires de Dakar à sa rescousse – et dont on ne veut plus. La diligence fort opportune (et suspecte) avec laquelle Dame justice l’aura mis sous écrou ne change rien à ce fait.
Gare ñaccaar ! L’on compte sur nos mémoires avachies pour usurper ta lutte et muer la sellette d’hier en piédestal du jour. Karim et Khalifa en innocentes victimes, potentiels sauveurs, absous de leurs forfaits d’hier par la clameur du moment. Nous n’oublions pas. L’illusion resquilleuse qui, à la faveur de ta révolte, voudrait du loup faire agneau ne dupera point ta vigilance. Macky, Idy, Karim, Khalifa, Niasse, Dias…Consorts…Qu’ils partent
Car ta lutte est pour la fin du commerce interlope et coupable de la justice avec les pouvoirs d’ici-bas. Ta lutte est demande de justice. Elle n’est point le procès en canonisation des fautifs d’hier.
Et que par suite cesse le référendum pour ou contre le sortant. Enfin l’ère de l’adhésion. Pas aux hommes. Aux idées et programmes. Au PAI et à son héritage, au legs de Cheikh Anta, au socialisme africain et ses épigones. Même au libéralisme wadiste - fors karim - si, pour mon désespoir, tel est ton souhait ñacaar. Mais alors pourquoi pas un libéralisme du cru ? Patriotique, non inféodé et qui saurait se montrer à la hauteur des enjeux et industrialiser le pays. Faisons des prochaines échéances électorales non plus une sanction mais le plébiscite d’un mouvement. D’idées neuves. Par et pour un « collège » conscient de ses intérêts confiés à une équipe qui y veillera.
Le tyranneau doit partir. Que s’avancent les impétrants.
Ici, se rappellent à nous les bonnes manières militantes qui, à l’usage il y a peu encore, voulaient que toute parole surgie dans l’arène publique, s’identifiât. Précisément située.
Voici donc mon lieu : panafricaine, socialiste, révolutionnaire. Ahlou Sankara. La maison qui sait encore nommer. N’a nullement renoncé à l’idée d’émancipation. Un vilain « gros mot » désormais, banni ou pour le moins édulcoré car l’air du temps est aux antiennes néolibérales.
Nous voilà donc au clair ñacaar.
Et nous disions…Pour les anciens de l’ancien monde la cause est entendue. Qu’ils partent ! Tous. Place au nouveau. Ni démiurge ni faiseur de miracle. Juste un homme étincelle qui embrase l’horizon et assainit les pratiques. L’imagination et ta sueur, ñacaar, feront le reste. Un homme semence qui, des fondations vermoulues, fera litière à des élans nouveaux. Le cœur des fils de la dame fera le reste. Les heures âpres du présent en lisier d’un avenir gros de brillantes promesses
Es-tu, toi l’impétrant, cet homme ferñent ? cet homme semence ? Meeñent ? De quoi es-tu précisément le nom Ousmane ?
La mémoire non oblitérée prévient du ressac stérile et sans fin.
Le tyranneau doit partir. Avec lui le trouble landernau. Cependant…Que l’impétrant tombe le masque ! Nous souhaitons libérer l’avenir des boucles qui enferrent puis enferment. Les veilleurs, toute vigilance en berne, semblent délivrer à l’homme un étonnant blanc-seing. A l’aune des enseignements du capitaine, le trouble face à ses actes et positions demeure toutefois entier.
Le député qui, suite à l’émoi légitime provoqué par le meurtre d’enfants, flatte nos plus mauvais instincts en réclamant le rétablissement de la peine de mort ; l’homme qui souhaite fusiller d’anciens présidents qui sont encore de la famille nationale, du pays et de sa chair ; l’homme qui dit et se dédit (Wakh wakheet à répétition ; preuves des 94 milliards que nous attendons toujours, « j’irai répondre devant la justice finalement non ») ; l’homme polygame, qui, bravant un couvre-feu (déjà ! Avant la station suprême!), donc s’affranchit sans vergogne des règles et interdits applicables au commun des mortels, s’en va, ses deux femmes voilées au foyer, livrer son corps ou son dos selon les versions aux mains ou au corps d’une jeune fille de l’âge de sa fille met à mal l’idée que l’on se fait de sa probité et entache sa réputation de doutes fondés. D’une irresponsabilité incontestable en tout état de cause.
Par ailleurs, le « système », vilipendé à longueur d’interventions médiatiques par l’impétrant, recouvre dans sa bouche un territoire si laxe et étroit qu’il ne comprend plus que, de manière très opportune, ses adversaires du moment. Wade mentor du tyranneau n’en serait pas. Ahmed Khalifa Niasse n’en est plus (après dédit. Encore un !). Et Khalifa Sall (un grand ponte de l’un de ces appareils pourtant tant décriés par l’impétrant) est devenu un compagnon respectable. Plus du système. Complaisance et accointance avec l’ancien le plus prédateur qui dessinent des convictions à géométrie variable.
Le tyranneau doit partir et, avec lui, veilles-y ñacaar, sa myriade d’aberrantes incongruités d’un temps révolu et qui nous « font perdre le temps ». Mais que l’impétrant soit transparent. Certaines de ses nébuleuses gesticulations interpellent. Prenez cet appel - énigmatique et profondément troublant – lancé au MFDC à poser les armes durant le soulèvement de Mars.
De quelle autorité (diable !) se drape le candidat à la présidence de la république qu’il est, pour exhorter un mouvement indépendantiste - menant guerre contre cet état qu’il prétend vouloir gouverner un jour - à poser les armes lors d’une conférence de presse où il est uniquement question de ses déboires judiciaires du moment. En vertu de quoi le MFDC pourrait céder à la tentation des armes dans le contexte/sous le prétexte de sa seule mise en accusation ? Ladite accusation fût-elle fantasmagorique ou étayée. Par suite quelle puissance la seule parole de l’impétrant pourrait exercer sur ledit mouvement dans un tel contexte si éloigné du propre agenda politique de l’organisation en question ? Sauf à y lire la manipulation de ressorts inavouables. Si jeune et déjà si vieux !?
Le tyranneau doit partir. Sans verser le sang de nos fils. Mais que l’impétrant nous affranchisse. Concernant l’accusation de viol - glauque et sordide affaire quoi qu’il advienne dorénavant – tout commentaire, hors spéculations hasardeuses et/ou parti pris sans vergogne, devra se montrer pusillanime. Il est cependant avéré, sans présumer du fond, que le massage de confort des salons n’est ni un soin ni une thérapie. Ce serait faire injure aux laborieuses et exigeantes années d’études supérieures des kinésithérapeutes ou à notre intelligence (voire les deux) que de s’ingénier à assimiler l’un aux autres. Les « caresses » d’Adji Sarr et ses collègues ne sont d’aucune aide contre un mal de dos, sérieuse affection qui pourrait donner du fil à retordre aux plus aguerris des kinésithérapeutes ! Dans le brouhaha propice à toutes les manipulations les premières évidences sont sujettes à caution. Le profit de la confusion. Toute guerre fait de la vérité sa première victime.
Il est tout aussi avéré que la fréquentation d’un salon de massage ne contrevient à aucune loi du pays ni même ne heurte certaine libéralité d’esprit de nos temps. L’existence de tels lieux courrouce les tenants d’une moraline rigoriste et rétrograde. Camelots compassés d’une spiritualité au rabais. Pharisiens patentés, Contempteurs bornés de toutes libertés, dogmatiques souvent hypocrites (jurisprudence Fatima Nejjar/ Moulay Omar Benhammad), toujours obtus, moralisateurs immoraux, intolérants par essence, violents par nature. Je viens de nommer entre autres Karim Xrum Xax et And Samm Jikko Yi…Tous désormais fidèles soutiens et compagnons de lutte de…l’impétrant ! Sonko Lui-même. Qui, entouré de ses femmes voilées, s’est évertué à distiller à bas bruit une image rendant possible et évident ce compagnonnage (avec le rigorisme religieux). Rien qui permette de dénouer, soyons honnêtes, le nœud gordien de l’imbroglio politico-judiciaire qui secoua le pays en Mars. Toutefois, jaugé à l’aune de la cohérence ainsi que de l’adéquation, de la concordance entre actes et convictions affichées, l’écart est ici si criant qu’il soulève, pour quiconque s’enquiert du vrai, de quoi, sinon se forger une religion, du moins épaissir légitimement ses réserves.
Une tortuosité aux antipodes de l’héritage du capitaine dont le courage – confinant à la témérité - n’épargnait personne. Ni les formes de féodalité présentes dans nos cultures. Ni l’emprise extérieure. La France. Cible acquise de nos jours après que des décennies de combat acharné de militants et organisations progressistes, prêchant longtemps dans le désert, aient fini par inscrire au débat public les affres de la Françafrique…
La dénonciation des formes d’oppression (toutes, sans exception) ne sauraient ménager au militant en lutte, par devers lui, un havre où il lui serait loisible d’infliger, à son aise, des entorses à ses propres crédo et revendication d’émancipation et d’égalité. Egalité ! La volonté de s’affranchir de l’orbite postcoloniale (autrement dit l’émancipation du monde noir de la domination occidentale) qui éluderait la question de l’émancipation des femmes se condamne à ne demeurer qu’une hypocrite mascarade. Sous ce rapport et à échelle individuelle l’impétrant n’est-il pas pour ses multiples femmes un Macky/maquis et une Françafrique domestiques sous un seul chef ?
Des femmes encore. Le capitaine avait saisi dans sa prose limpide et courageuse leur drame au sein de nos sociétés. Souffrez que je convoque sa parole, tonnant d’outre-tombe sous nos cieux enténébrés par les temps qui courent : « De fait, à travers les âges et partout où triomphait le patriarcat, il y a eu un parallélisme étroit entre l’exploitation des classes et la domination des femmes. Certes avec des périodes d’éclaircies où des femmes, prêtresses ou guerrières, ont crevé la voute oppressive. Mais l’essentiel, tant au niveau de la pratique quotidienne que dans la répression intellectuelle et morale, a survécu et s’est consolidé. Détrônée par la propriété privée, expulsée d’elle-même, ravalée au rang de nourrice et de servante, rendue inessentielle par les philosophies — Aristote, Pythagore et autres — et les religions les plus installées, dévalorisée par les mythes, la femme partageait le sort de l’esclave qui dans la société esclavagiste n’était qu’une bête de somme à face humaine. »
Et nous trouvions le propos juste. Et nous trouvions le propos éclairé. Emancipateur !
Le tyranneau doit partir. Mais alors à quelle sorte de révolution appellent Karim Krum Xax et And Samm Jikko Yi ? Tombe le masque Ousmane au lieu de la chemise. Éclaire notre lanterne.
J’ai nommé ma maison : Ahlou Sankara. Je suis du capitaine. Donc des femmes. De tous les « rien » qui sont tout. Évidemment aux côtés d’Adji Sarr jusqu’à preuve de sa culpabilité. Mais surtout surtout ñacaar, à égale distance de Elhadj Diouf et de Dame Mbodj, pauvretés du débat incarnées, je me veux du côté de Famara Sarr. Frère d’Adji. Il est, Famara, de ce peuple que je révère. Digne, honorable, élégant et classieux face au tombereau d’opprobre qui vient souiller son nom et sa chair. Le lynchage médiatique et les manipulations politiques avaient fini par nous faire croire qu’Adji Sarr était une hétaïre sans feu ni lieu. Sans foi ni loi. Depuis le pouvoir discrétionnaire de nos claviers. Par écrans interposés. De tweets en posts, d’interviews en tribunes nous décrétâmes en meute vindicative, assoifée de sang, nos oukases assassins. Cette mise à mort symbolique, sans jugement, singeait dans son extrême et injuste violence, l’arbitraire du prince que pourtant nous nous évertuions à combattre dans la rue. Inique, brutal, cynique. Tel Macky. Cet acharnement lâche, sans mesure ni nuance, d’une foule de citoyens « étripant » une des leurs, une jeune orpheline pauvre et sans ressources. Postures en miroir. Sève identique. L’on ne peut déplorer chez autrui ce que l’on perpétue soi-même. C’était là une autre ligne de crête. Tenir à distance l’instrumentalisation par les politiques à la fois de l’arène judiciaire et du légitime soulèvement populaire. Qui appelait la lucidité des justes. Écoute Famara ñacaar.
Dans ce marasme, la famille politique du capitaine, naguère foyer de tous les opprimés, tous les laissés-pour-compte, les damnés de la terre disait-on, de participer, urbi et orbi, à ce lynchage d’une femme sans grade face à un puissant. L’impétrant luttant contre un tyranneau. L’herbe sous le pied de deux éléphants ou quelque chose d’approchant. Voici encore les héritiers présomptifs du capitaine, autruches aux yeux ensablés, tout à leur combat contre le tyranneau qui en oublient de questionner les turpitudes de l’impétrant. Le combat en question est à leur honneur, l’oubli par contre une malheureuse faute politique qui trahit leur mission et que l’histoire pourrait bien leur objecter un jour prochain. Thomas Sankara, de son temps, embouchant de son souffle majestueux et généreux le porte-voix étouffé des sans-voix, essuyait les larmes de l’Homme qui pleure. De la femme qui pleure. Réécoutons-le
« II y a d’abord des maris qui vouent leurs épouses à la chasteté pour décharger sur la prostituée leur turpitude et leurs désirs de stupre. Cela leur permet d’accorder un respect apparent à leurs épouses tout en révélant leur vraie nature dans le giron de la fille dite de joie. Ainsi sur le plan moral, on fait de la prostitution le symétrique du mariage. On semble s’en accommoder, dans les rites et coutumes, les religions et les morales. C’est ce que les pères de l’Eglise exprimaient en disant « qu’il faut des égouts pour garantir la salubrité des palais. » »
Le vent se lève ñacaar
par Kadi Sall-Beye
SANCTIONS CONTRE LE MALI, MON CŒUR SAIGNE
Sachez présidents de la CEDEAO, vos sanctions contre mon beau et grand pays, auront un effet boomerang. Sachez également que vous avez devant vous un peuple résiliant, digne, debout, soutenu par des africains dans un élan de solidarité
Devoir d’expression d’une patriote pour les grandes causes justes
Oh Mali, pays souverain, ma chère patrie, terre d’Afrique ! Je remercie Dieu, Allah SWT, le Tout Puissant, de me faire naître sur cette terre bénie où j’ai eu mon tout premier souffle.
Oh grand empire du Mali, pays avec une culture si riche, mais aussi pays riche en ressources naturelles. Nous avons notre or, depuis les temps immémoriaux de l’ empereur Kankou Moussa, considéré comme l’homme le plus riche de tous les temps. Pendant son pèlerinage à la Mecque au XIV siècle, il voyagea avec des tonnes d’or entraînant la chute du cours de ce métal. Nous avons aussi le coton, le riz, le cheptel et tant d’autres.
Mon cœur saigne, avec les sanctions de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) infligées sur le vaillant peuple du Mali depuis le 9 janvier 2022.
Mon cœur saigne par patriotisme, mes chers compatriotes du Mali, citoyens d’Afrique et du monde qui soutiennent notre cause, car le Mali pays sans littoral fait déjà face à une crise multidimensionnelle de paix, de sécurité, de gouvernance, parmi tant d’autres.
Mon cœur saigne, ainsi que toutes les fibres de mon corps en entendant les noms des chefs d’états de la CEDEAO, et l’UEMOA qui ont imposé des sanctions drastiques, oh combien cruelles et injustes pour faire souffrir la population malienne.
Mon cœur saigne, car cette souffrance n’impactera pas que des hommes, des femmes, des vieillards, des jeunes, des nouveaux nés, mais cette souffrance atteindra même des embryons qui se nourrissent des réserves nutritives émanant de leurs mères.
Mon cœur saigne, avec cet embargo des chefs d’états africains qui agissent sous emprise impérialiste pour faire souffrir nos dignes et vaillants peuples en vue de freiner notre développement.
Mon cœur saigne, mais sachez présidents de la CEDEAO, vos sanctions contre mon beau et grand pays le Mali, auront un effet boomerang. Sachez également que vous avez devant vous des guerriers, un peuple résiliant, digne, debout, soutenu par des africains dans un élan de solidarité panafricaine et au-delà des contrées africaines. Le Mali agira en conséquence avec ses partenaires, toutes les bonnes volontés et toutes les personnes éprises de justice et d'humanité pour contrer ce pitoyable embargo.
Mon cœur saigne, mais le Mali sortira grandi de cet embargo aux relents d’abus de pouvoir. La réplique sera si forte qu’elle sera inscrite à jamais dans la mémoire collective et en lettres d’or dans les livres d’histoire et de géopolitique pour la postérité.
Mon cœur saigne, mais mon si cher pays, ma si grande nation, ma chère patrie, le Mali des grands empires ne tombera pas sous les coups scélérats.
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TENSION AVEC BAMAKO, PARIS EN RAJOUTE UNE COUCHE
Le régime de Bamako "porte en germe une perte de souveraineté" du Mali, selon le Premier ministre français Jean Castex, dénonçant "une junte qui ne cesse de multiplier à la fois les provocations et l'isolement du pays lui-même"
La junte malienne n'a pour seuls "partenaires" que les mercenaires du groupe russe Wagner, a estimé mardi le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, ajoutant que la lutte antijihadiste se poursuivrait au Sahel avec les "autres pays" de la région.
"L'isolement du Mali est tel aujourd'hui qu'il a comme seuls partenaires les mercenaires de Wagner", a lancé le ministre français des Affaires étrangères, sous un feu de questions à l'Assemblée nationale quant à un possible retrait militaire français du Mali. Le régime de Bamako "porte en germe une perte de souveraineté" du Mali, a renchéri le Premier ministre français Jean Castex, dénonçant "une junte qui ne cesse de multiplier à la fois les provocations et l'isolement du pays lui-même".
Les autorités maliennes ont décidé lundi d'expulser l'ambassadeur de France, ouvrant une crise ouverte avec Paris, dont l'armée est engagée depuis 2013 contre les jihadistes dans ce pays. "Ce n'est pas un événement dû à l'illégitimité d'un gouvernement de coup d'Etat qui va nous faire enrayer notre lutte contre le terrorisme", a asséné M. Le Drian, réitérant ses propos sur le caractère "illégitime" de la junte à l'origine, selon Bamako, de l'expulsion de l'ambassadeur. "Le combat contre le terrorisme se poursuivra au Sahel, avec l'accord des autres pays de la région et en soutien des pays du golfe de Guinée", également menacés par le jihadisme, a-t-il ajouté, ouvrant un peu plus la porte à un retrait de la force française antijihadiste Barkhane du Mali.
Face à une junte hostile, qui menace aussi de dénoncer les accords de coopération militaire bilatéraux, la France s'est donné deux semaines pour envisager son avenir au Mali avec ses partenaires européens du groupement de forces spéciales Takuba.
Le député français Jean Lassalle, candidat déclaré à la présidentielle (mouvement "Résistons"), a qualifié l'expulsion de l'ambassadeur de "camouflet diplomatique". "Il en va de notre crédibilité sur la scène internationale", a-t-il lancé. "Malgré le courage de nos soldats au Sahel, l'armée française a échoué", a affirmé pour sa part l'élu communiste Jean-Paul Lecoq en appelant à un retrait des Français. "Les coups d'Etat semblent moins contestés que la présence française" au Mali, a-t-il ajouté. "On dirait le porte-parole de la junte", lui a répondu, cinglant, Jean-Yves Le Drian, qui supervisa l'intervention militaire au Mali en 2013 lorsqu'il était ministre de la Défense.
SOUDAN, DES AVOCATS RECLAMENT LA LIBERATION DES DETENUS POLITIQUES
Des dizaines d'avocats soudanais ont organisé, mardi, un rassemblement de protestation au sud de la capitale, Khartoum, pour condamner les arrestations massives de certains de leurs collègues et exiger la libération de tous les "détenus politiques"
Des dizaines d'avocats soudanais ont organisé, mardi, un rassemblement de protestation au sud de la capitale, Khartoum, pour condamner les arrestations massives de certains de leurs collègues et exiger la libération de tous les "détenus politiques" depuis le 25 octobre.
Organisé par l'Union des avocats de la ceinture sud, les protestataires se sont rassemblés devant le siège du ministère public et dénoncé "les meurtres des manifestants pacifiques et l'arrestation de civils'', revendiquant le retour au régime civil dans le pays", a rapporté le correspondant de l'Agence Anadolu.
En colère, les manifestants ont brandi des banderoles sur lesquelles ils ont écrit: ''Les avocats sont les protecteurs du peuple'', ''La révolution est un soulèvement populaire'', ''Le pouvoir au peuple'' et ''À bas le régime militaire''.
Les forces politiques pointent du doigt les autorités de sécurité d'avoir arrêté arbitrairement des avocats et des activistes politiques lors des manifestations.
Cependant, le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan, a appelé lundi à l'ouverture d'une enquête sur les dernièrs événements.
Depuis le 25 octobre dernier, le Soudan était le théâtre de protestations, motivées par les mesures "exceptionnelles" prises par le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhan, qui avait imposé notamment l'état d'urgence et la dissolution du Conseil de souveraineté et le Conseil des ministres de transition. Les forces politiques considèrent ces dispositions comme "un coup d'État militaire".
À plus d'une occasion, al-Burhan a démenti l’organisation d’un coup d'État militaire et a déclaré que ces mesures visaient à "rectifier le cours de la phase de transition", et s'est engagé à remettre le pouvoir à un gouvernement de transition.
*Traduit de l'arabe par Hajer Cherni
SANDAGA, UN MARCHE POUR DEUX
Les choses se corsent entre Barthélémy Dias et Alioune Ndoye, respectivement maire de la ville de Dakar et de Dakar Plateau. Les commerçants appellent au dialogue. Sandaga
Leral |
Fara Michel Dièye |
Publication 01/02/2022
Les choses se corsent entre Barthélémy Dias et Alioune Ndoye, respectivement maire de la ville de Dakar et de Dakar Plateau. Les commerçants appellent au dialogue.
Bataille autour de la gestion du Marché Sandaga: Les commerçants invitent les deux parties au dialogue
Entre le nouveau maire de Dakar, Barthélémy Dias et Alioune Ndoye, maire de Dakar plateau, c’est la guerre des mots pour la gestion du marché Sandaga. Si M. Ndoye estime que Dias-fils n'aura pas une once du marché, Barthélémy ne l'entend pas de cette oreille. Pour les commerçants, il faut savoir raison garder et tendre vers le dialogue. Sous le magistère de Soham Wardini, le débat a fait rage entre le elle et Alioune Ndoye qui brandissait le droit.
« Je ne ferai rien qui risquerait de passer outre le droit. Nous maîtrisons ce que nous disons. Le marché Sandaga fait partie de la commune de Dakar Plateau. Donc, le débat est clos », avait-il laissé entendre.
Soham emportée par les Locales, l'inquiétude demeure chez les commerçants qui vont assister à un autre bras de fer. Selon des commerçants interpellés sur la question, il faut que les deux parties puissent dialoguer.
« Chacun revendique la paternité du marché, mais il faut aussi penser aux intérêts des commerçants. Nous sommes bien concernés par cette histoire », indique Zico Mbaye, installé à Galerie Peytavin. Pour lui, c’est la justice qui est habilitée à trancher cette affaire.
« Je dirai qu'il faut trouver un consensus autour de la question. Que la ville de Dakar sache là où commence son autorité, de même que l'autre partie. Le commerçant ne sera pas avantagé s'il y a des tiraillements de ce genre », ajoute-t-il. A la rue de Thiong, d’aucuns appellent à l'union des cœurs. De l'avis de Mamadou Mbengue, il faut décanter la situation.
« C’est Alioune Ndoye qui avait remporté ce projet si je ne m'abuse. Il avait amené sa maquette pour commencer à travailler. Les deux institutions sont inséparables », renchérit notre interlocuteur.
Pathé Mbaye dit la même chose, notant que le marché ne doit pas faire l’objet de querelles entre les deux maires. « S'ils sont animés par le fait que Sandaga doit rayonner, ils sont obligés de travailler main dans la main. Travailler en symbiose est la seule solution », assure-t-il.
SENEGAL-BURKINA FASO, L'ARBITRE ETHIOPIEN BAMLAK TESSEMA AU SIFFLET
L’arbitre éthiopien Bamlak Tessema sera au sifflet de la première demi-finale qui opposera demain mercredi, 2 fevrier, le Sénégal au BUrkina Faso.
L’arbitre éthiopien Bamlak Tessema sera au sifflet de la première demi-finale qui opposera demain mercredi, 2 fevrier, le Sénégal au BUrkina Faso. Le stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé abritera le duel entre Lions et Étalons pour l’un des tickets pour la finale prévue dimanche prochain, 6 février.
L’arbitre éthiopien, qui était au sifflet lors de la rencontre Sénégal vs Guinée, en phase de poules (B) de cette même 33ème édition de la CAN , avait officié pour la demi-finale des Lions du Sénégal, lors de la précédente édition (Égypte 2019), face à la Tunisie.
Vainqueur, la bande à Sadio Mané avait décroché son visa pour la finale perdue 0-1 contre l’Algérie sans Kalidou Koulibaly suspendu pour cumul de cartons jaunes.
L'OMVS, PRIX NOBEL DE LA PAIX 2022
L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) a été nominée cette année pour le prix Nobel de la Paix 2022, a annoncé mardi sa cellule de communication, dans un communiqué parvenu à l’APS.
Dakar, 1er fév (APS) - L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) a été nominée cette année pour le prix Nobel de la Paix 2022, a annoncé mardi sa cellule de communication, dans un communiqué parvenu à l’APS.
Le texte explique que "de prestigieuses institutions" et une "éminente personnalité ont décidé de proposer la candidature" de cette organisation sous régionale regroupant la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
Elles estiment qu’elle a "démontré depuis 50 ans, qu’un cours d’eau peut être à la fois vecteur de paix régionale, levier de progrès économique et ferment d’une culture commune, mettant en œuvre des principes de gouvernance et des programmes d’action garantissant une utilisation durable et partagée de l’eau entre ses quatre pays riverains".
La candidature de l’OMVS a été proposée par Erik Orsenna, économiste, écrivain, professeur et membre de l’Académie française, ainsi que par des institutions commme le Geneva Water Hub, un centre de l’université de Genève qui promeut un plaidoyer politique pour l’utilisation de l’eau comme instrument de paix et de coopération.
Le Réseau international des organismes de bassins (RIOB), dont le principal objectif est de promouvoir des relations permanentes entre les organismes intéressés par la gestion globale des ressources eau, soutient aussi cette nomination.
"Ils ont estimé qu’à l’heure où les conflits liés à l’eau vont se multiplier sous les effets du changement climatique et de la pression démographique, l’OMVS peut inspirer d’autres bassins fluviaux pour promouvoir la solidarité entre territoires amont et aval autour de la gestion de la ressource en eau en tant que bien commun", souligne le communiqué.
Ainsi, "récompenser l’OMVS enverrait un message politique fort : affirmer que l’eau est au cœur des futurs enjeux géopolitiques ; diffuser et pérenniser un modèle de gouvernance transfrontalière exemplaire à partir d’un continent malheureusement marqué par l’instabilité politique et les conséquences déjà perceptibles du changement climatique", estiment-ils.
Ils signalent que "cette nomination est une nouvelle distinction qui arrive au moment où la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal célèbrent le cinquantenaire de la création de l’OMVS, 50 ans de gestion exemplaire du fleuve".
L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal a été créée en 1972 par le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, rejoints en 2006 par la Guinée. Elle a été mise en place dans le but de gérer le bassin versant du fleuve Sénégal.