SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
14 août 2025
UN HÔPITAL DE RÉFÉRENCE SERA ÉRIGÉ DANS LE NOUVEAU DÉPARTEMENT DE KEUR MASSAR
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a annoncé dimanche, à Keur Massar qu’il est envisagé, dans la carte sanitaire, l’érection d’un hôpital de référence, dans ce département, situé dans la banlieue de Dakar.
Keur Massar, 20 mars (APS) – Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a annoncé dimanche, à Keur Massar qu’il est envisagé, dans la carte sanitaire, l’érection d’un hôpital de référence, dans ce département, situé dans la banlieue de Dakar.
‘’Dans la carte sanitaire, il est envisagé d’installer dans le nouveau département (de Keur Massar), à l’instar des 45 autres départements du pays, au moins un hôpital de référence, pour compléter la pyramide sanitaire dans un département qui doit aller de l’hôpital à la Case de santé’’, a-t-il dit.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale s’exprimait, lors de sa visite au Centre de santé de Jaxaay et celui de Keur Massar Nord, dans le nouveau département de Keur Massar.
Il a expliqué cette décision par le souci de ‘’venir répondre aux préoccupations exprimées par les populations, lors de la session d’écoute ‘’Jokko Akh Macky’’, une initiative d’échanges en ligne avec le chef de l’Etat.
Selon lui, cette future infrastructure entre dans une ‘’dynamique départementale globale’’ et inclut Keur Massar Nord, Keur Massar Sud, Yeumbeul Nord, Yeumbeul Sud, Malika, Jaxaay et Parcelles Keur Massar.
‘’C’est devenu une évidence que Keur Massar représente pour le chef de l’Etat, une super priorité’’, a dit le ministre.
‘’C’est pourquoi, a-t-il ajouté, il (Macky Sall) ne ménage aucun effort pour que tous les secteurs du département performent le plus rapidement possible’’.
‘’Dans les politiques du chef de l’Etat, a-t-il poursuivi, la dimension équité territoriale occupe une place essentielle’’.
Selon le ministre, ‘’c’est pourquoi, les initiatives vont se poursuivre dans le nouveau département de Keur Massar, pour par rapport aux Cases de santé, faire en sorte qu’elles soient érigées en Postes de santé avec toutes les normes requises’’.
Il a promis que le Centre de santé de Jaxaay sera également érigé en Centre de santé de référence, en attendant la mise en place de l’hôpital.
Accompagné du ministre de l’Economie et du Plan, (Ahmadou Hott) et du ministre du Commerce et du développement des PME (Aminata Assome Diatta), tous deux responsables politiques dans le département, Abdoulaye Diouf Sarr a visité le Centre de santé de Jaxaay.
Il a aussi remis une ambulance de type 4X4 au Centre de santé de Keur Massar Nord.
Pour sa part, dans son mot de bienvenue, M. Hott a évoqué le plan de développement du nouveau département de Keur Massar qui va intégrer l’ensemble des secteurs, dont celui de la santé pour le ‘’positionner très rapidement parmi les départements les plus modernes’’ avec une population de plus de 681 000 personnes.
‘’Ce département mérite qu’on y investisse énormément’’, a-t-il ajouté.
Par IBRAHIMA THIOUB
EAU ET IMAGINAIRE POLITIQUE EN SÉNÉGAMBIE : UNE PERSPECTIVE HISTORIENNE
Selon l’Oms, plus du tiers des 884 millions d’individus privés d'accès à une source d'eau potable dans le monde vivent en Afrique qui compte près de 55 fleuves internationaux, plus de 150 lacs
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, plus du tiers des 884 millions d’individus privés d'accès à une source d'eau potable dans le monde vivent en Afrique. Ils constituent 35% de la population du continent. Bien sûr que cette moyenne cache d’énormes disparités d’un pays à un autre. Le paradoxe est que le continent regorge de ressources hydriques. Il compte près de 55 fleuves internationaux, plus de 150 lacs.
En dépit de ses vastes zones désertiques et sahéliennes, il compte, avec le Nil, le deuxième plus long fleuve et avec le Congo, le deuxième plus large bassin fluvial du monde. A l’ouest du continent, le Fouta Djallon constitue un véritable château d’eau qui sauve de la désertification de vastes régions arrosées par le Sénégal, la Gambie et le Niger.
Le Zambèze, l’Orange et le Limpopo constituent pour l’Afrique australe un important apport hydrique. A cheval sur l’équateur, l’Afrique bénéficie d’une pluviométrie favorable sur de vastes espaces. Dans les zones désertiques, les populations optimisent l’usage des oasis et oueds perpétuant des traditions séculaires de gestion de l’eau par la mobilité. Aucun doute, l’Afrique est riche de ses ressources hydriques mais toutes les études sur la question montrent que la disponibilité du liquide précieux est loin de garantir son accessibilité. Les populations des villes comme celles des campagnes souffrent de fréquentes pénuries d’eau, avec leurs conséquences dévastatrices dont les pathologies hydriques, d’inondations récurrentes. Les compétitions entre États pour le contrôle des sources d’eau sont à l’origine de conflits parfois meurtriers ou de coopération exemplaire.
Les rixes ayant pour enjeu l’accès à l’eau sont récurrentes entre communautés d’éleveurs et d’agriculteurs. Dans beaucoup de régions du continent, il est encore fréquent de voir la tête des femmes servir, comme au Néolithique, de moyen de transport de l’eau sur de trop longues distances, après une exhaure tout aussi harassante. Face aux difficultés et suivant les recommandations des institutions financières internationales, les pouvoirs publics ont procédé à la privatisation des entreprises de production et de distribution. Un peu partout, cette solution, qui a transformé cette denrée vitale en une simple marchandise, a montré de sérieuses limites quant à son efficacité.
Les changements climatiques participent certes des catastrophes récurrentes que sont les inondations. On devra toutefois reconnaître qu’ils ne sont pas seuls en cause. La croissance démographique urbaine, l’impéritie des pouvoirs publics dans la mise en œuvre des politiques d’aménagement et d’occupation du sol, dans les zones urbaines en particulier, le captage frauduleux des ressources destinées aux infrastructures d’évacuation et de traitement des eaux de ruissellement ont fini de transformer les banlieues urbaines des zones amphibies. Cette actualité faite de difficultés récurrentes dans l’accès à l’eau contraste avec la référence fréquente à cet élément vital dans les mythes de fondation des États, dans les épopées dynastiques et dans le rituel politique, social et religieux des sociétés africaines.
Dans les sociétés sénégambiennes, la métaphore de l’eau se rencontre fréquemment dans les récits retraçant les origines des pouvoirs politiques comme dans les mémoires dynastiques. Elle rend compte symboliquement des fonctions nourricières attribuées à l’Etat qui y trouve l’essentiel des éléments de sa légitimité. La prospérité, l’abondance et la sécurité assurées aux populations nouent un pacte d’allégeance à l’autorité sanctifiée par les religions du terroir avec leurs dieux et génies aquatiques. Les catastrophes écologiques y sont souvent annonciatrices de dissidence politique et de remise en cause légitimes du pouvoir politique.
La tradition orale soninke en offre un exemple assez parlant avec le mythe restituant la fondation et la dislocation de l’empire du Wagadou plus connu sous le nom de Ghana. Dinga, le fondateur de l’empire a conduit une longue migration à la recherche d’une terre d’accueil. Venant de la Perse, il rejoint le NordOuest de Tombouctou, après avoir traversé l’Afrique du Nord, séjourné dans le Tagant et l’Adrar.
Arrivé à Kumbi, la future capitale de l’empire, les migrants décidèrent de rester en cette terre fertile et riche en or. Ils lièrent pacte avec le génie des lieux, le Wagadou Bida, un serpent vivant dans un puits. Le pacte stipulait qu’en contrepartie de la prospérité et de l’abondance assurées, la communauté devait chaque année sacrifier au génie l’une de ses plus belles filles. Sous l’empire de ce pacte, le Ghana a vécu dans une prospérité ininterrompue avec ses mines d’or et l’abondance de ses récoltes. Une année, rapporte le mythe, Mamadou Sakho, le fiancé de la jeune fille offerte, s’opposa au sacrifice et trancha la tête du génie. La violation du pacte ainsi perpétrée entraina une série de calamités : une sécheresse de sept années et un épuisement des mines d’or qui ont fait la prospérité de l’empire.
A la suite de cette catastrophe écologique renseigne le mythe, l’empire s’est disloqué et la communauté s’est dispersée à la recherche de terres plus clémentes. Le long déclin du Ghana inaugure alors des vagues migratoires qui ont conduit divers groupes de Soninké dans les pays du Sahel, le long des cours d’eau du Sénégal et du Niger. On ne s’étonnera pas de voir la structure du mythe qui rend compte du sort du Ghana se transmettre aux sociétés soudano-sahéliennes qui s’en servent de façon innovante pour rendre compte des dimensions multiples de leurs expériences du pouvoir politique et de l’organisation sociale et religieuse spécifique à leur terroir. Il est repris en pays wolof dans le récit de la fondation des États du Waalo et du Jolof dont le créateur est Njajaan Njaay né du mariage d’une princesse du Fouta Toro, dans la moyenne vallée du Sénégal, et d’Aboubacar Ben Oumar, un berbère partisan du mouvement religieux des Almoravides.
Mécontent du remariage de sa mère avec Barka Bô, un captif de son père, Njaajaan disparait dans les eaux du fleuve. Donné pour mort, il réapparaît au Waalo, à l’embouchure de la vallée. Le mythe rapporte qu’il résolut les disputes entre les femmes de pêcheurs en établissant des règles de partage du poisson. Les devins consultés lui attribuent un destin exceptionnel ce qui décide les gens du Waalo à en faire leur souverain. Avec ce mythe fondateur de la langue et de l’État wolof, on renoue avec la tension entre religion du terroir, porteuse de prospérité et d’abondance nourricière avec sa symbolique de l’eau, et l’islam porteur d’un savoir et d’une expertise en mesure d’instituer le pouvoir étatique dans sa dimension de puissance apte à conduire l’expansion territoriale du pouvoir institué.
Même s’il apporte justice et sécurité, Njaajaan n’est pas en mesure d’éliminer le complément nécessaire à la légitimité de son pouvoir, les maîtres de l’eau et du sol qui ont assuré, jusqu’à son avènement, les fonctions d’intercesseur auprès des génies de la production de la vie : la terre et l’eau. Jusque dans ses rites, le modèle étatique institué par le héros du Waalo et du Jolof se diffuse dans le pays wolof tout en conservant son rapport essentiel à l’eau, instrument de sa sacralité. « Certaines traditions de ce pays viennent également de lui, … Il s’agit du bain de Xulixuli.
Comme Ndiadiane est sorti du fleuve, à son départ du Waalo, on emporta l’eau du fleuve, on aménagea un marigot qu’on mélangeait au bain royal à chaque fois qu’on intronisait quelqu’un », selon les traditions du Jolof rappoirtées par Lilyan Kesteloot et Bassirou Dieng. Au Wagadou, le héros fondateur de l’État est doté de la puissance et de l’expertise à conduire son peuple à travers une longue migration. Il lui manque la capacité à remplir la fonction nourricière qu’il comble par un pacte scellé avec le Wagadou Bida, le génie de l’eau. Avant l’émergence de l’Etat dont rend compte le mythe de Ndiadiane, les communautés paysannes des pays wolof se sont dotées des institutions lamanales, maître des eaux et du sol, qu’elles ont chargées des fonctions nourricières et légistes. Il leur a manqué la puissance du chasseur qu’elles ont trouvée chez le héros fondateur issu d’un séjour prolongé dans les eaux du fleuve.
L’équilibre entre ces deux fonctions, la nourricière et la guerrière, est garant de la stabilité voire de l’existence de la société elle-même.
La fonction nourricière se retrouve largement répandue ailleurs en Afrique. Le roi Jukun au Nigeria contrôle la pluie et le vent, son homologue Lovedou en Afrique australe est « la reine de la pluie » alors que le Lwembe des Nyakuysa de la Tanzanie détient le « pouvoir de faire tomber la pluie, la nourriture, le lait et les enfants ». Le vieux Ogotemmêli, informateur Dogon de Marcel Griaule, nous rappelle que « la force vitale de la terre est l’eau. Dieu a pétri la terre avec de l’eau. De même, il fait le sang avec de l’eau. Même dans la pierre il y a cette force, car l’humidité est dans tout. La parole organisatrice du monde est elle issue de l’eau qui en est la source ».
L’ouverture de l’Atlantique à partir du XVe siècle connecte l’Europe, l’Afrique et l’Amérique et clôt le modèle politique fondé sur cette logique nourricière de l’État qui jusque-là reconnaissait une grande autonomie aux terroirs. Initiative des États ouest-européens, ce nouveau cycle historique développe sur les côtes africaines une économie d’extraction basée sur la traite de captifs arrachés aux communautés paysannes par les élites des États autochtones. Il instaure un divorce durable entre ces États adossés à une économie de pillage d’une part et les populations paysannes désarmées et exclues du pouvoir d’autre part.
L’État sénégambien abdique durablement sa fonction nourricière pour se reconvertir en une machine de pillage productrice d’une prégnante culture de prédation. A partir de ce moment, ses élites accordent plus d’importance, dans la lutte pour le pouvoir et ses mécanismes de reproduction, aux ressources extérieures destructrices des hommes et de l’environnement : armes à feu, fer, boissons alcoolisées, etc. Les rites en rapport avec les génies d’eau sont certes formellement conservés dans le cérémonial des Etats dynastiques mais l’exercice réel du pouvoir n’a plus rien à voir avec le sens naguère accordé à la symbolique de l’eau. Le politique abdique sa fonction nourricière et légiste pour se réduire en une machine au service de la fonction prédatrice.
L’autorité du Laman, gestionnaire des terres et détenteur des pouvoirs cosmiques, est réduite à sa plus simple expression et ses détenteurs satellisés par les tenants du pouvoir dans une logique clientéliste. Le groupe social des ceddo qui s’est constitué dans le sillage du développement de la traite atlantique reste l’incarnation même de la culture de prédation. D’origine servile, ces groupes armés des États dynastiques du Nord de la Sénégambie assurent la reproduction des régimes politiques par les razzias exercées sur les communautés paysannes pour ravitailler en captifs les marchés de la traite atlantique.
L’épopée qui lui est consacrée constitue un éloge à la violence et à la brutalité des luttes armées pour le contrôle du pouvoir mais surtout pour le pillage des communautés paysannes exclues du pouvoir. A titre d’exemple citons ce que cette épopée présente comme le jeu favori d’un jeune prince du Kajoor en marche vers la conquête du pouvoir : « Maadiodio Déguène Kodou s’installa dans la capitale Nguiguis, entretenant un vautour-génie prénommé Njëbb. Quand il planait sur les cases, il l’interprétait : il a encore envie de chair humaine. Qu’on me réunisse le peuple. Il fixait pendant longtemps quelqu’un dans l’assemblée avant de l’abattre d’un coup de fusil. Jetez-le en pâture à Njëbb, ajoutait-il. Le rapace ouvrait la poitrine de la victime pour se repaître de ses entrailles ».
On est loin de l’État nourricier incarné dans l’imaginaire de l’eau. Le pouvoir colonial qui met aisément un terme à ces pouvoirs autochtones tyranniques et pervertis n’inverse pas la relation oppressive aux communautés paysannes désormais soumises au travail forcé, à l’indigénat et à la violence des débris de l’aristocratie vaincue et recyclée dans le « commandement indigène » de l’administration coloniale. Loin de renouer avec les génies des eaux nourricières, sa politique conduit à des cycles de sécheresses, de disettes, de famines récurrentes et de migrations. Toutes les sources le confirment, aux confins des régions sahélo-sahariennes de l’Afrique, les peuples de la Sénégambie entretiennent un rapport particulier à l’eau, dans leur vie quotidienne comme dans leur imaginaire collectif. Les mémoires populaires de la région, confrontées au passage du pouvoir nourricier à l’État prédateur, ont réussi à conserver la métaphore aquatique comme un puissant marqueur historique.
Sous différentes formes, cours d’eau (fleuves et rivières), eaux stagnantes (lacs, marres, étangs, puits, canaris), le liquide précieux abrite les génies et esprits amphibies dont la saga rend compte des processus historiques les plus complexes enveloppés dans le langage mythique ou la littérature épique, les contes et proverbes. Le foisonnement des génies d’eau dans les récits sur le passé y est frappant : Maam Jare à Dakar, Maam Kumba Lamb à Rufisque, Maam Kumba Mbang à Saint-Louis et à Bar-Mboose à Kaolack en sont les exemples les plus connus. Le souvenir de la symbolique de l’eau dans l’imaginaire politique a survécu à l’ordre colonial et s’exprime dans l’espace culturel de façon parfois inattendue.
Ainsi cette évocation assez parlante dans le poème-biographie du fondateur de la confrérie sénégalaise des Mourides intitulé « Guedj gui » ou l’Océan : « C’est dans l’océan qu’il a cherché Dieu jusqu’à le découvrir eau. Il a puisé à ses lumières, s’abreuvant de son Seigneur ». « Le cheikh de Touba, tel un fleuve abreuve le monde et celui qui y plonge réapparaît avec une connaissance profonde du divin ». Revenons à notre point de départ le pays soninké, le Ngalam ou pays de l’or, l’une des victimes les plus emblématiques de cette longue histoire des pactes rompus avec les génies d’eau. L’État millénaire construit par les descendants de Dinga sur le haut fleuve Sénégal a été marginalisé à partir du XVIIIe siècle avec son intégration à l’économie de traite atlantique. La colonisation en a fait une source de main d’œuvre en direction d’espaces mieux « valorisés ».
Le déclin séculaire du Ngalam a alors démarré un nouveau cycle de dispersion des Soninké. Cette fois, la violation du pacte est le fait des pouvoirs coloniaux, leurs alliés autochtones et postcoloniaux qui ont ruiné les conditions de possibilité d’une reproduction interne de la société. La mise en valeur du bassin du fleuve Sénégal n’a pas inversé cette logique d’exclusion et de mise en marge des communautés paysannes de la vallée, naguère pays de l’abondance où se sont forgées la majorité des cultures des terroirs constitutifs de la Sénégambie historique. Avec la même ténacité séculaire, les enfants de la vallée continuent « le long voyage des gens du fleuve », emportant certainement avec eux, dans les usines et les foyers de travailleurs immigrés en Europe, les mythes d’eau toujours utiles pour faire sens, dans un monde de plus en plus déserté, au Nord comme au Sud, par la fonction nourricière de la puissance publique.
IBRAHIMA THIOUB
HISTORIEN UCAD DE DAKAR
Par Félix NZALE
TENDRE LA BONNE OREILLE
Abstraction faite de l'affaire Sonko-Adji Sarr, ce n’est pas un crime de questionner l’éthique de certains représentant de la loi, tout comme on le ferait pour des journalistes, des enseignants, des médecins…
Au carrefour du contentieux Ousmane Sonko vs Adji Sarr, la justice. La masseuse, par médias interposés, a encore secoué dame justice, l’invitant à vider au plus vite cette affaire de viol présumé. Elle estime que c’est la seule manière pour elle de recouvrer sa « liberté » mise entre parenthèses.
Le président du Pastef n’en est pas moins d’accord, rappelant aussi sa «liberté» confisquée. Le hic, selon Ousmane Sonko, c’est que, dit-il, il n’a pas foi en certaines personnes, en l’occurrence le juge chargé de l’instruction du dossier. Ce dernier serait, d’après l’actuel maire de Ziguinchor, membre d’une organisation de pensée chargée de sa liquidation politique.
Du coup, Sonko replace la justice au cœur d’un débat socio-politique qui enfle grave. Ce débat, des magistrats n’en veulent pas. Ils estiment que la rhétorique qui s’en est emparé est de nature à jeter l’anathème et à fragiliser l’institution judiciaire. Or, poursuivent-ils par la voix du président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), si le système judiciaire s’affaisse, c’est toute notre démocratie qui s’écroule. Ce qui est vrai. Pourtant, abstraction faite de cette affaire de mœurs qui n’est qu’une parenthèse dans la marche de la justice, ce n’est pas un « crime » de questionner l’éthique de certains représentant de la loi, tout comme on le ferait pour des journalistes, des enseignants, des médecins…
L’institution judiciaire n’a pas d’existence in abstracto. Elle est éminemment sociale, dirigée par des hommes et des femmes qui ne sont pas non plus des êtres désincarnés. C’est-à-dire qu’ils peuvent être dans le parti-pris ou dans une subjectivité tendancieuse. Ce qu’il y a, c’est qu’il faudrait pouvoir accepter la possibilité d’une situation non finie.
Autrement dit, voir le mal dans la chose (la critique), et non la chose en tant que mal. Cela dit, la critique du fonctionnement de la justice est une initiative venue de l’intérieur. La voix de plusieurs magistrats s’est fait entendre en premier pour mettre en évidence son caractère problématique.
Les justiciables, au nom de qui la justice est rendue, commettent-ils un « crime » lorsqu’ils joignent leurs voix à celles de ces magistrats pour émettre des objections déontologiques au sujet de certains dossiers ? Commettent-ils un « crime » lorsque, sous ce rapport, ils en appellent à une inquiétude éthique et à l’équité ? Commettent*-ils un « crime » lorsqu’ils attirent l’attention sur les intérêts personnels et l’obsession de l’ambition de certains ?
Clairement non, à mon avis. Que l’on soit magistrat, journaliste, médecin, enseignant, membre des forces de l’ordre ou de n’importe quel corps professionnel, on doit pouvoir tendre la bonne oreille pour entendre les voix de ceux dont nous sommes au service. C’est un acte de grandeur qui permet d’être encore plus grand par l’exercice de l’introspection et de la remise en question de soi. Parce que, finalement, il est plus fondamentalement ici question de responsabilité. D’une responsabilité qui n’est pas une question, mais une réponse. Se porter garant, s’engager en conscience. Pour l’autre, et devant la Loi, c’est-à-dire la communauté des Autres.
GÉNÉRATION FOOT S’OFFRE LE JARAAF ET RESTE LEADER
L’équipe de Génération Foot a amorcé avec succès le virage qui mène au titre en remportant (1-2) le duel qui l’a opposé ce dimanche au Jaraaf ( 5e ; 20 points) pour le compte de la 14e journée de Ligue 1.
Génération foot a réussi une bonne opération en remportant hier, dimanche 20 mars, le duel qui l’a opposé au Jaraaf pour le compte de la 14e journée de Ligue 1. Ce précieux succès à l’extérieur permet aux Grenats de garder, au terme de cette phase retour, les commandes. Mais aussi de maintenir encore le mano-à-mano avec son dauphin du Casa Sport qui totalise le même nombre de points ( 26 points).
L’équipe de Génération Foot a amorcé avec succès le virage qui mène au titre en remportant (1-2) le duel qui l’a opposé ce dimanche au Jaraaf ( 5e ; 20 points) pour le compte de la 14e journée de Ligue 1. Dans ce match choc, les Grenats ont pourtant été surpris d’entrée par le but matinal de Bouly Junior Sambou. Mais ils réussissent à renverser les «Vert Blanc» sur leur pelouse avec deux réalisations d’Akhilou Ly ( 11e ) et un autre de Malick Mbaye (21e min).
En rééditant leur victoire obtenue à l’aller sur leur adversaire du jour, les Académiciens se maintiennent à la première place du championnat. Avec 26 points. Le Casa Sport ( 2e , 26 points) reste sur les talons du leader et lui oppose un manoà-mano au classement après le succès obtenu ( 0-1) en déplacement contre l’équipe de Dakar Sacré-cœur ( 11e , 14 points).
Le Guédiawaye FC (22 points) et l’As Pikine (21 points) occupent respectivement la 3e et la 4e place en attendant leur confrontation prévue le 23 mars prochain dans le tout nouveau stade Abdoulaye Wade de Diamniadio. En déplacement, la Linguère de Saint- Louis (9e ; 16 points) a décroché un précieux succès devant Mbour Petite côte qu’il a dominé sur la marque de (0-2).
Dans le ventre mou du classement, Teungueth FC devrait encore attendre une autre journée pour relever la tête après une journée infructueuse vécue sur sa propre pelouse de Ngalandou Diouf. Les champions en titre ont été battus sur la plus petite marque (0-1) par l’As Douanes (10e ; 16 points). Les Rufisquois marquent du coup le pas et restent à la 9e place (16 points). Ils sont à deux points du CNEPS excellence, première équipe non relégable ( 12e ; 14 points). Les Thièssois ont encore perdu (0- 1) sur leur pelouse du stade Maniang Soumaré, devant l’Union sportive goréenne ( 7e , 19 points). Au bas du tableau, le Ndiambour (14e , 9 points) qui recevait exceptionnellement au stade Mawade Wade de Saint Louis, ferme toujours la marche du championnat après cette nouvelle défaite (0-1) essuyée dimanche devant le Diambars (8e , 18 points).
LE COLONEL BABACAR DIOUF PRÉCONISE LA STRATÉGIE RUSSE CONTRE LA CRISE CASAMANÇAISE
Officier de l’armée de l’air sénégalaise à la retraite, Babacar Diouf prend position sur l’offensive que l’armée sénégalaise mène depuis quelques temps contre les positions des éléments du Mfdc dirigé par le chef rebelle, Salif Sadio
Selon le Colonel de l’armée de l’air à la retraite, Babacar DIOUF, la stratégie Russe est valable dans la gestion du conflit Casamançais. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 20 mars, l’ancien aide de camp du président Abdou Diouf a, en effet, indiqué au sujet des raisons qui font perdurer cette crise qui a fait plus de trente ans et des milliers de victimes que « tant que le conflit casamançais nourrira plus de gens qu’il n’en tue, il va perdurer. »
Officier de l’armée de l’air sénégalaise à la retraite, le Colonel Babacar DIOUF prend position sur l’offensive que l’armée sénégalaise mène depuis quelques temps contre les positions des éléments du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) dirigé par le chef rebelle, Salif Sadio.
Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 20 mars, l’ancien aide de camp du président Abdou Diouf a préconisé la stratégie Russe consistant à poursuivre les négociations avec le Mfdc ouvertes sous l’égide de la communauté de Sant’Egidio, tout en continuant le déploiement de forces armées sur le terrain dans le cadre de la gestion de ce conflit. « On a ouvert la négociation d’un côté. En attendant que celle-ci soit acceptée, je pense que la stratégie Russe est valable. Autrement dit, vous menez de concert la négociation et le déploiement de forces armées sur le terrain. Et vous essayez l’information aussi pour sensibiliser les populations », a t-il suggéré.
Avant de préciser : « il n’y a que la paix des braves qui est possible en Casamance. Une solution où chacun trouvera son compte mais où l’intérêt général et le premier élément de cet intérêt général est l’intégrité du territoire national sénégalais». En effet, selon lui, « tant que le conflit casamançais nourrira plus de gens qu’il n’en tue, il va perdurer. »
Poursuivant, l’officier supérieur de l’armée de l’air qui répondait à une interpellation de notre confrère Baye Oumar Guèye sur les raisons qui font perdurer ce conflit malgré les efforts consentis par les différents régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat sénégalais pour ramener la paix dans cette partie sud du pays, n’a pas manqué de déplorer le soutien dont le Mfdc a pu bénéficier sur le plan local et des pays limitrophes.
Par ailleurs, s’exprimant sur les opérations en cours de l’armée sénégalaise dans le nord du département de Bignona (région de Ziguinchor), l’ancien aide de camp du président Abdou Diouf de préciser que le « Sénégal a le droit et le devoir » d’envoyer son armée traquer des gens qui ont attaqué ses soldats en Gambie, qui prétendent avoir le monopole de la violence dans une portion du territoire. « Que des soldats sénégalais soient attaqués en Gambie par des gens qui ne sont pas en Gambie mais s’ils ne sont pas en Gambie, c’est qu’ils sont en territoire sénégalais. Si ces gens prétendent avoir le monopole de la violence dans une portion du territoire, le Sénégal a le droit et le devoir de leur envoyer son armée parce que l’Etat, c’est l’organisation qui a revendiqué avec succès le monopole de la violence légitime. Le Sénégal a tous les droits dans ce cadre ».
UNE DÉCISION POLITIQUE SANS CONSÉQUENCE
Les professeurs en droit public à la Faculté de droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Mamadou Aliou Diallo et Mouhamadou Ngouda Mboup se prononcent sur l’investiture annoncée de Khalifa Ababacar Sall tête de liste de la coalition Yaw
L’investiture annoncée de l’ancien député-maire révoqué de Dakar comme tête de liste de la coalition Yewwi Askan Wi n’aura aucun impact négatif sur la liste de cette coalition, en cas d’invalidation. L’avis est des professeurs en droit public à la Faculté de droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Mamadou Aliou Diallo et Mouhamadou Ngouda Mboup. Interpellés par Sud quotidien sur les conséquences que pourrait entrainer une telle «investiture» décision, les deux spécialistes du droit public estiment que cette décision des leaders de Yewwi obéit plutôt à une logique politique.
En effet, lors d’une conférence de presse des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, le nouveau député-maire de la commune de Ziguinchor non moins leader de Pastef Ousmane Sonko avait indiqué que la candidature de Khalifa Ababacar Sall aux prochaines législatives est une « condition non-négociable ». Pour rappel, Khalifa Ababacar Sall a été condamné en 2017 dans le cadre de l’affaire dite de la caisse d’avance de la ville de Dakar à 5 ans de prison pour escroquerie sur les deniers publics. Une peine assortie d’une amende de 5 millions FCfa. Khalifa Sall avait été libéré à la faveur d’une grâce présidentielle en septembre 2019. Lors de la dernière présidentielle de 2019, son dossier de candidature a été recalé par le Conseil constitutionnel au motif qu’il a perdu son droit de vote « en vertu des articles 27 et 31 du Code électoral ». Aujourd’hui, trois ans après la présidentielle de 2019, la coalition Yewwi Askan Wi dont l’ex-maire de Dakar est co-fondateur avec le leader de Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko, et le marabout politicien Serigne Moustapha Sy, responsable moral du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), revient à la charge. Cependant, en voulant forcer la candidature de l’ancien maire de Dakar, la coalition Yewwi Askan n’est-elle pas en train de créer les conditions d’un rejet prochain de sa liste avec l’invalidation de la candidature de l’ex-maire révoqué de Dakar ?
Interpellé sur la question, le professeur Mamadou Aliou Diallo, maître de conférence en droit public à la Faculté de droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), et son collègue Mouhamadou Ngouda Mboup, également enseignant-chercheur en droit public à la Faculté de droit de l’Ucad, ont été formels. Du point de vue du droit, ils ont tenu à préciser que ce choix n’aura «aucune conséquence sur la liste » de Yewwi Askan Wi et cela, même en cas d’invalidation du dossier de candidature de l’ex-maire de Dakar. « L’inéligibilité d’une candidature ne va pas entraîner l’invalidation de toute la liste sur laquelle le candidat est investi. Après le dépôt des listes, si l’inéligibilité est constatée, elle ne va pas concerner que les personnes qui sont victimes de la sanction qui les rend inéligibles», a renseigné le professeur Mamadou Aliou Diallo. Avant d’ajouter : « Je ne crois pas qu’on puisse aller jusqu’à sanctionner toute la liste. Ce serait à mon avis excessif, nonobstant que je n’ai pas de texte fondamental sur lequel je peux me fonder pour dire exactement que c’est ça, la solution mais d’un point de vue de la logique du droit, on ne peut pas sanctionner toute la liste ».
Prenant la parole à son tour sur cette question, Mouhamadou Ngouda Mboup abondera dans le même sens en faisant remarquer que les candidatures sont individuelles même si elles sont présentées sur une même liste. « La liste présente les candidatures mais individuellement. La preuve, chaque type de dossier est indépendant d’un autre. Mon casier judiciaire est indépendant d’un autre même si on est sur une même liste» a-t-il ajouté.
Poursuivant son propos, il soulignera que la décision d’investir Khalifa Ababacar Sall tête de liste de Yewwi Askan Wi s’inscrit plus dans une logique politique. « Concernant les élections législatives, c’est le ministère de l’Intérieur qui est chargé de recevoir et de contrôler les dossiers de candidature. Et quand le ministère va rejeter une candidature, vous voyez le tollé que cela va faire après. Cela pourrait même, être considéré comme une décision à la fois juridique et politique. A mon avis, c’est l’intérêt de cette décision d’investir Khalifa Ababacar Sall. Les opposants ont posé un acte politique fort », explique encore le professeur Mouhamadou Ngouda Mboup.
LE FLOU PERSISTE SUR LA DATE DES ÉLECTIONS MALIENNES
Le médiateur ouest-africain, l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, a quitté Bamako après une visite de deux jours sans obtenir de la junte une date des élections pour un retour au pouvoir des civils
Le médiateur ouest-africain pour le Mali, l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, a quitté Bamako après une visite de deux jours sans obtenir de la junte une date des élections pour un retour au pouvoir des civils, a-t-on appris auprès de sa délégation et d'une source proche de la junte malienne.
La junte s'est cependant déclarée "favorable à une transition d'une durée largement inférieure à quatre ans", a indiqué à l'AFP une source malienne proche des négociations avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), sans préciser de délai.
La dernière proposition faite par la junte à la Cédéao, lors du dernier sommet de l'organisation consacré à la question début février à Accra, était une transition de quatre ans. L'organisation régionale avait lourdement sanctionné en janvier la junte du colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d'Etat en août 2020 et intronisé président "de la transition" à la suite d'un second putsch, en mai 2021. Ces sanctions - fermeture des frontières avec les pays de la Cédéao, embargo sur les échanges commerciaux et transactions financières notamment - punissent le projet des militaires de continuer à gouverner pendant plusieurs années, et leur engagement non tenu d'organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené des civils à la tête du pays.
Un comité technique de la Cédéao avait proposé l'organisation de scrutins dans un délai de 12 ou 16 mois, avec l'aide d'une Autorité indépendante de gestion des élections (Aige), selon un document que l'AFP avait consulté. "Nous sommes à la fin de la mission à Bamako. Si c'est pour dire que nous sommes tombés d'accord sur une date pour la fin de la transition, je réponds tout de suite non", a déclaré dimanche à l'AFP un membre de la délégation de M. Jonathan, qui était arrivé vendredi à Bamako. "Je sais qu'il n'y a effectivement pas (eu), à l'issue de ces discussions, d'accord sur une date" des élections, a dit à l'AFP la source malienne proche des négociations.
Le médiateur ouest-africain avait appelé à une transition démocratique dans "les plus brefs délais", au lendemain de l'approbation d'un plan permettant à la junte militaire de rester au pouvoir pendant cinq ans. L'organe législatif au Mali, contrôlé par les militaires depuis le coup d'Etat d'août 2020, avait entériné le 21 février une période de transition pouvant aller jusqu'à cinq ans avant la tenue d'élections.
Une coalition de partis maliens, le Cadre d'échanges, a déploré qu'"aucune action concrète n'a été entreprise (par la junte) dans le sens de l'organisation des élections pour un retour à l'ordre constitutionnel", dans une déclaration transmise dimanche à l'AFP. Le Cadre réunit une dizaine de partis et regroupements de partis, dont le Rassemblement pour le Mali de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par les colonels le 18 août 2020. Il accuse la junte d'avoir "privilégié les menaces, les intimidations, les bras de fer, le mépris et les affrontements avec tous ceux qui ont une voix proposante ou discordante". Le Cadre "exige la mise en place, à compter du 25 mars 2022, d'une nouvelle transition avec la mise en place d'un nouveau Conseil national de transition (organe législatif) et d'un nouveau gouvernement (...) conduit par un Premier ministre non partisan".
Le Mali, pays pauvre et enclavé au coeur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d'Etat militaires en août 2020 et en mai 2021. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis le déclenchement en 2012 d'insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord.