SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
22 juin 2025
CRISE SCOLAIRE, LA FEF INTERPELLE L'ETAT
La Fédération de l’enseignement et de la formation (FEF) invite l’Etat à ’’faire valoir sa responsabilité’’ et exhorte les acteurs du système éducatif à plus ’’de retenue’’ pour ’’sauver l’école sénégalaise du chaos’’.
Dakar, 1 er fév (APS) - La Fédération de l’enseignement et de la formation (FEF) invite l’Etat à ’’faire valoir sa responsabilité’’ et exhorte les acteurs du système éducatif à plus ’’de retenue’’ pour ’’sauver l’école sénégalaise du chaos’’.
Dans un communiqué reçu à l’APS, la FEF qui regroupe le privé catholique, l’Union nationale des écoles privées laiques, le Collectif national des écoles franco-arabes autorisées, interpelle l’Etat à ’’faire valoir sa responsabilité de protection des citoyens et de leurs biens et exhorte tous les acteurs à plus de retenue pour sauver l’école du chaos’’.
Ces organisations notent que depuis quelques jours, ’’les élèves grévistes arrivent à déloger leurs camarades des établissements privés sur l’ensemble du territoire national’’.
Selon la FEF, ’’le niveau de violence a commencé à causer des dommages et préjudices inestimables avec des bus saccagés et plus gravement des élèves blessés’’.
’’Depuis quelques jours, l’école sénégalaise traverse une crise qui affecte tout le système éducatif y compris le sous secteur de l’enseignement privé’’, déplorent ses responsables.
Le SAEMS et le CUSEMS, deux syndicats d’enseignants des cycles moyen et secondaire, sont en grève parce que l’Etat tarde à appliquer des accords qu’il a signés avec eux, selon leurs délégués
Le G7, une coalition regroupant des syndicats d’enseignants, d’inspecteurs et de maîtres contractuels, a mis en garde lundi le gouvernement et l’opinion publique contre ‘’les conséquences désastreuses’’ que pourrait engendrer la non-application des accords signés en 2014 avec les enseignants.
Lors d’un point de presse tenu à Dakar, Alcantara Sarr, son porte-parole, a fait état de ‘’quelques manquements relevés dans la mise en œuvre et les résultats attendus’’ des accords conclus avec le gouvernement.
DEUX COACHS, UN MÊME DEFI
L’entraineur des Etalons du Burkina Faso, Kamou Malo, a déclaré mardi avoir fait sien le combat de son homologue sénégalais, Aliou Cissé, pour davantage de visibilité des sélectionneurs africains.
Yaoundé, 1-er fév (APS) –L’entraineur des Etalons du Burkina Faso, Kamou Malo, a déclaré mardi avoir fait sien le combat de son homologue sénégalais, Aliou Cissé, pour davantage de visibilité des sélectionneurs africains.
’’Le combat d’Aliou Cissé, c’est le même combat que je mène pour plus de visibilité des coachs africains. Il ne faut pas le cacher’’, a-t-il notamment déclaré en conférence de presse.
Le Burkina Faso affronte mercredi à partir de 19 heures au stade Ahmadou Ahidjo le Sénégal pour la première demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations.
Sur les 24 nations qui ont disputé la CAN camerounaise, 16 ont été dirigées par des entraîneurs locaux.
En demi-finale, deux techniciens locaux vont s’affronter, Aliou Cissé et Kamou Malo.
Le Sénéaglais va disputer sa deuxième demi-finale d’affilée à la tête de la sélection sénégalaise. Il est à la tête des Lions depuis 2015.
Kamou Malo a rendu hommage à Aliou Cissé, soulignant que c’est son ’’devancier’’ en tant que technicien à la tête d’une sélection africaine
Il a rappelé qu’à une époque récente, chaque pays allait chercher son ’’sorcier’’ (entraineur étranger).
’’Nous aussi, nous avons faim. Pour que nous puissions arriver à nos objectifs, il va falloir que nos dirigeants fassent désormais confiance aux entraîneurs africains’’, a-t-il insisté.
TIRS PRÈS DU PALAIS PRÉSIDENTIEL À BISSAU
Des tirs d'armes automatiques se sont fait entendre en début d'après midi autour du palais du gouvernement, en plein Conseil des ministres extraordinaire. La séance a été interrompue
Des tirs nourris ont retenti mardi après-midi dans le secteur du palais du gouvernement à Bissau, capitale de la Guinée-Bissau, dans ce que l'organisation des Etats ouest-africains a qualifié de nouvelle tentative de putsch dans la région.
"La Cédéao condamne cette tentative de coup d'Etat et tient les militaires responsables de l'intégrité physique du président Umaro Sissoco Embalo et des membres de son gouvernement", a déclaré la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
La Guinée-Bissau pourrait ainsi être le théâtre d'un cinquième coup d'Etat dans la région en moins de deux ans.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé dans un communiqué "l'arrêt immédiat" des combats à Bissau et "le plein respect des institutions démocratiques du pays".
Une grande confusion régnait en fin d'après-midi dans la capitale de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest à l'histoire politique troublée, et le sort du président Embalo était inconnu.
Des échanges de tirs nourris ont retenti longuement en début d'après-midi dans l'enceinte du palais du gouvernement, où le président et le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam étaient présumés se trouver pour un conseil des ministres extrordinaire.
Les alentours étaient en proie à des mouvements d'habitants fuyant les lieux.Les marchés se sont vidés et les banques ont fermé leurs portes.
La situation était plus incertaine plus tard dans la journée, des hommes lourdement armés encerclant le complexe, à la périphérie de la ville non loin de l'aéroport.Ils tenaient la population et les journalistes à distance.Un correspondant de l'AFP a rapporté qu'un homme en arme l'avait sommé de s'éloigner en le mettant en joue.
Une Française de 36 ans vivant en Guinée-Bissau, jointe au téléphone par l'AFP, a raconté être allée chercher en toute hâte ses deux enfants dans une école proche du palais du gouvernement après avoir été informée inopinément de la fermeture de toutes les écoles.Son mari, travaillant dans une banque, a reçu lui aussi la consigne de rentrer chez lui.
Au moment où elle passait devant le palais, elle a vu des soldats en armes y entrer."Ils ont fait sortir le personnel féminin.C'était la grosse panique", a relaté Kadeejah Diop, 36 ans."Pour le moment, on est cloîtrés, on n'a aucune information", a-t-elle ajouté après être rentrée chez elle avec ses enfants.
- Putschs et corruption -
La Guinée-Bissau, petit pays d'environ deux millions d'habitants frontalier du Sénégal et de la Guinée, est abonnée aux coups de force politique.Depuis son indépendance du Portugal en 1974 après une longue guerre de libération, elle a connu quatre putschs (le dernier en 2012), une kyrielle de tentatives de coup d'Etat et une valse des gouvernements.
Depuis 2014, elle s'est engagée vers un retour à l'ordre constitutionnel, ce qui ne l'a pas préservée de turbulences à répétition, mais sans violence.
Le pays pâtit d'une corruption endémique.Il passe aussi pour une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l'Amérique latine et l'Europe.Les forces armées jouent un rôle prééminent.
Depuis début 2020, Umaro Sissoco Embalo, un ancien général, est le chef de l'Etat, à la suite d'une présidentielle au résultat toujours contesté par le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), formation dominante depuis l'indépendance.
M. Embalo, 49 ans, avait forcé son destin en février 2020 en mettant l'écharpe de président et en s'installant au palais présidentiel, malgré la persistance de la contestation.
Aucune nouvelle n'a été donnée publiquement par M. Embalo mardi après-midi.
Les évènements de mardi, à la cause toujours inconnue, évoquent immanquablement les putschs en série qui agitent l'Afrique de l'Ouest depuis 2020: au Mali en août de cette année-là et à nouveau en mai 2021, en Guinée en septembre 2021 et au Burkina Faso en janvier de cette année.
La situation dans ces différents pays devait être discutée cette semaine lors d'un sommet de la Cédéao.
PARIS SE DONNE QUINZE JOURS POUR TRANCHER SUR L'AVENIR DE SA PRÉSENCE AU MALI
Face à une junte hostile qui vient d'expulser son ambassadeur, la France s'est donné deux semaines pour envisager son avenir au Mali, après neuf ans de lutte antijihadiste à laquelle elle avait fini par réussir à associer des partenaires européens
Face à une junte hostile qui vient d'expulser son ambassadeur, la France s'est donné deux semaines pour envisager son avenir au Mali, après neuf ans de lutte antijihadiste à laquelle elle avait fini par réussir à associer des partenaires européens.
Les pays partenaires du groupement européen de forces spéciales Takuba, créé en 2020 à l'initiative de la France pour partager le fardeau, vont travailler "d'ici la mi-février" pour "prévoir une adaptation" de leur dispositif au Mali au regard de l'"isolement progressif" de ce pays, a annoncé mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
"La situation ne peut pas rester en l'état. D'ici la mi-février, on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l'évolution de notre présence sur place" et "pour prévoir une adaptation", a-t-il déclaré sur Franceinfo au lendemain de l'annonce de l'expulsion de l'ambassadeur de France, en réaction aux récentes déclarations jugées "hostiles" de responsables français.
Cette décision fait culminer les tensions entre Bamako et l'ancienne puissance coloniale, qui compte encore plus de 4.000 militaires au Sahel, dont plus de la moitié au Mali, malgré un allègement du dispositif entamé l'été dernier, compensé par l'arrivée de renforts européens.
Interrogé pour savoir si les troupes françaises allaient se retirer du Mali, le porte-parole du gouvernement a fait remarquer que Paris avait "progressivement réduit la voilure et on va continuer à le faire".
De fait, les discussions entre Européens vont déjà bon train en coulisses depuis la récente décision de la junte d'exiger le retrait d'un contingent de force spéciales danoises, venu grossir les rangs de la force Takuba, qui regroupe 800 militaires au Mali.
"Les pays prendront dans les 14 prochains jours une décision sur ce à quoi devrait ressembler le futur de la lutte contre le terrorisme au Sahel", avait déclaré vendredi la ministre danoise de la Défense Trine Bramsen, alors que Takuba, symbole d'une Europe de la défense chère à Emmanuel Macron, est aujourd'hui dépendant du bon vouloir de Bamako pour exister.
- Casse-tête -
Les relations bilatérales n'ont cessé de se détériorer depuis que des colonels ont pris par la force en août 2020 la tête du Mali, plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique. Peu pressés de rendre le pouvoir aux civils, les putschistes sont entrés ces derniers mois en résistance face à une grande partie de la communauté internationale, dont ses voisins, et soufflent sur les braises d'un sentiment antifrançais régional latent.
La France et ses alliés européens s'alarment aussi de l'appel fait, selon eux, par la junte aux mercenaires de la sulfureuse société de mercenaires russe Wagner, réputée proche du Kremlin. La junte persiste à démentir.
En pleine présidence française de l'Union européenne et à trois mois de l'élection présidentielle française à laquelle Emmanuel Macron va sans doute se représenter, un retrait forcé du Mali après neuf ans d'engagement au prix de 48 morts français (53 au Sahel) constituerait un cuisant revers. Mais l'attitude de la junte rend ce scénario de plus en plus difficile à éviter, d'après de nombreux observateurs.
"Un soldat français peut-il encore risquer sa vie pour la protection d'un pays failli qui expulse son ambassadeur?", s'indignait mardi sur Twitter le colonel français en retraite Raphaël Bernard, auteur de l'ouvrage paru en novembre "Au coeur de Barkhane", du nom de l'opération antijihadiste française au Sahel.
Une sortie du Mali ne se ferait toutefois pas sans difficulté. Le désengagement des militaires français, solidement implantés sur des bases à Gao, Ménaka et Gossi, prendrait de nombreux mois à organiser, selon l'état-major. En outre, la relocalisation de Takuba promet d'être un casse-tête: le Niger voisin a fait savoir qu'il n'accueillerait pas cette task force. Quant au Burkina Faso, il vient de connaître un coup d'Etat.
Le vide laissé par les troupes ne manquerait enfin pas de profiter aux mouvements jihadistes affiliés, selon les zones, à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, qui ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l'élimination de nombreux chefs.
Alors que les violences se sont propagées au Burkina Faso et au Niger, ainsi que dans le nord de la Côte d'Ivoire, du Bénin et du Ghana, la France conserve en tout cas la ferme intention de maintenir sa présence dans la région en y renforçant ses activités de coopération, selon des sources concordantes.
AVEC LES AQUATIQUES : OSVALDE LEWAT REMPORTE LE GRAND PRIX PANAFRICAIN DE LITTERATURE
C’est à la galerie Françoise Livinec, dans un quartier cossu de Paris, que l’on retrouve Osvalde Lewat.
Dans ce premier roman d’émancipation, la documentariste et photographe s’attaque aux conventions sociales. Le prix, nouvellement créé par la présidence congolaise de l’Union africaine et doté de 30 000 dollars, lui sera remis au mois de février à Addis-Abeba, lors du prochain sommet des chefs d’Etat de l’Ua. Peu avant cette consécration, Ja rencontrait l’autrice.
C’est à la galerie Françoise Livinec, dans un quartier cossu de Paris, que l’on retrouve Osvalde Lewat. Réalisatrice de dizaines de documentaires et photographe, elle y expose Lumières africaines, extrait de la série Couleurs nuits, d’abord montrée dans les rues de Kinshasa en 2014. C’est par les arts visuels qu’elle commence à se raconter : «Je consacre du temps aux personnes que je filme et photographie, pour aller au-delà de la rencontre fortuite. L’idée est de décentrer le regard, de ramener la marge au centre ou de modifier l’idée qu’on se fait de la marge.» Si elle a l’allure d’une Parisienne chic, il serait bien indélicat de figer l’autrice de 45 ans dans la capitale française. Membre du jury documentaire au Fespaco, elle revient de Ouagadougou et sera dans quelques jours en Afrique du Sud pour un tournage sur «les soldats qui ont rejoint la branche armée de l’Anc», un film qui «est aussi un documentaire sur Mandela chef de guerre». Dans la lignée de son premier court métrage, filmé à 23 ans auprès d’Amérindiens marginalisés de Toronto, le travail de réalisation de Osvalde Lewat a toujours été animé par des enjeux sociaux et le désir de «donner un coup de pied dans la fourmilière».
Homophobie familiale
Née à Garoua dans une famille bamiléké, Osvalde Lewat étudie le journalisme à Yaoundé avant d’intégrer Sciences Po Paris et de faire une étape au Canada. Elle tourne, entre autres, Au-delà de la Peine et Les Disparus de Douala au Cameroun, visite à plusieurs reprises, la Guinée Equatoriale et le Gabon, vit huit ans à Kinshasa, aux Comores, et aujourd’hui entre Paris et le Burkina, où son mari est un haut diplomate français. Des expériences qui nourrissent l’imaginaire du Zambuena, où évoluent les personnages de son premier roman Les Aqua¬tiques. «Je voulais construire un pays avec des réalités communes : l’homophobie, le poids du groupe sur l’individu, les injonctions faites aux femmes, le bal des apparences.» Avec une question en forme de fil rouge : à quel moment se hisse-t-on à hauteur de soi-même ? «Le personnage de Katmé m’a été inspiré par des femmes que j’ai vu mourir à elles-mêmes pour être conforme aux attentes.» Que va donc faire Katmé, épouse d’un notable ambitieux, quand son ami artiste, Sami, est emprisonné en raison de son orientation sexuelle ? «J’ai grandi dans un contexte homophobe où la condamnation familiale qui arrive avant celle de l’Etat signe votre mort.»
Aux critiques qui lui disent que Les Aquatiques est un «roman pour Blancs» qui épouse une vision occidentale de l’identité sexuelle, elle rétorque : «C’est de l’ignorance. Dans l’Afrique d’avant la colonisation, il y avait des rapports entre personnes de même sexe, encadrés par la communauté.» L’intrigue se tisse autour de cet opprobre qui frappe Sami et de sa relation amicale avec Katmé. «L’ex¬pression de l’amour ne passe pas forcément par les schémas de la famille et du couple. Des amitiés fortes m’ont construite et sauvée.»
Immobilisation forcée
Enfant modèle, Osvalde Lewat se décrit aujourd’hui comme «un ovni familial». A la vingtaine, alors qu’une place l’attend auprès d’un père chef d’entreprise, et d’un clan où «être se mesure à ce que l’on a», elle choisit les arts avant d’avoir construit une famille «traditionnelle» dans une société où «si vous n’êtes pas marié et sans enfants, vous êtes disqualifié». On entend, derrière l’attachement familial, les difficultés : «Quand on vient de monde où le poids du groupe pèse autant, dire “non”, c’est choisir un chemin de solitude.» Avant de glisser, pudiquement, en riant : «Aujourd’hui, ça va, je suis mariée.» La figure maternelle, «très littéraire», est pour elle source d’inspiration. Dans Les Aquatiques, les personnages féminins sont particulièrement travaillés avec Keuna, la galeriste mère-célibataire, et Sen¬nke, la petite sœur religieuse.
«Il n’y a pas de bonne manière d’être, la seule qui compte c’est d’être soi. Comme pour mon accident, la vie parfois vous oblige à vous déterminer», affirme Osvalde Lewat. C’est ainsi que la primo-romancière introduit l’élément déclencheur de son passage à l’écriture : une cheville cassée et une immobilisation forcée d’un an. Encouragée par des amis, comme Atiq Rahimi, celle qui, petite, voulait être écrivaine (et psychothérapeute), et avait à l’adolescence rédigé «un mauvais roman», se lance à 39 ans.
«J’étais acceptée comme documentariste, photographe. Remettre cela en question, avoir quatorze refus d’éditeur, c’était difficile. Mais quand j’écris, je sais que c’est là où je dois être», confie-t-elle. Grande lectrice, elle confie son admiration pour Doris Lessing et «son ton affranchi et culotté» qui «a libéré mon écriture». « Les écrivains juifs américains ont aussi beaucoup compté, comme Saul Bellow. Et je reste impressionnée par la modernité de la langue de Chinua Achebe et Ahmadou Kourou¬ma», poursuit-elle. C’est sur les terres ivoiriennes de ce dernier, grâce aux éditions Nimba, que Les Aquati¬ques sera disponible, en no¬vembre, pour une diffusion en Afrique.
par Hamidou Anne
BABACAR DIOP, LA VICTOIRE DU SENS
Le nouveau maire de Thiès a un laboratoire à sa disposition, afin de promouvoir une politique de gauche, soucieuse des gens ordinaires, les précaires et les opprimés, les femmes, les enfants et les victimes de l’irresponsabilité politicienne
On dit que la politique ce sont des idées qui rencontrent des circonstances. Il y a également le moment politique qui voit s’opérer des reconfigurations profondes et un remplacement du personnel aux niveaux central et local. Les locales de 2022, à l’instar de celles de 2009, constituent un moment fort qui aura un impact dans les enjeux des prochaines années. Dans cette frénésie de défaites méritées, de victoires surprises et de bruit diffus dans tout le pays, il convient d’observer le cas de Thiès, qui offre une lecture saisissante de la matière électorale. La cité frondeuse, en conférant le fauteuil de maire à un universitaire militant, Babacar Diop, et en votant pour l’opposition, vient de clore le chapitre Idrissa Seck après vingt-ans d’un règne sans partage. La défaite est selon moi le résultat de trois grands facteurs. Il y a l’usure du pouvoir qui provoque, à terme, comme c’est le cas partout, un craquèlement de l’édifice. Je me souviens encore de la défaite de Robert Sagna à Ziguinchor face à Abdoulaye Baldé, lui-même vaincu plus d’une décennie plus tard.
Ensuite, il y a la dynamique Yewwi Askan Wi, qui a fait élire des inconnus dans plusieurs collectivités.
La déroute de Rewmi est aussi la sanction d’une ville vis-à-vis de la tortuosité d’un homme politique talentueux, mais dont le principal défaut est de tout oser. Il n’a jamais reculé devant toutes les contorsions politiciennes au service de ses intérêts du moment, en se souciant si peu de l’éthique. Et c’est cela sa principale différence avec le nouveau maire de Thiès que je connais depuis une quinzaine d’années. J’ai reconnu le leader syndical droit dans ses bottes et soucieux de l’histoire, quand il a expliqué son refus d’intégrer, dans le «quota» de Idrissa Seck, le dernier gouvernement. Il disait, pour motiver sa décision : «Ce n’est pas que je n’ai pas envie d’être ministre, c’est que je pense à mes étudiants, à tous ceux qui m’ont défendu quand j’ai été jeté en prison. Que vais-je leur dire ?» Babacar Diop a fait sienne l’obligation de demeurer enfermé dans les carcans de la morale et de la décence en politique. C’est tout le contraire de son ancien allié, pour qui les propos et les engagements d’hier n’ont aucune valeur devant l’urgence de satisfaire ses préoccupations d’aujourd’hui. Peut-être que si Diattara avait refusé l’entrisme il serait aujourd’hui maire de sa ville. Qui sait ?
Dans ces colonnes, j’ai à plusieurs reprises fait référence à Babacar Diop pour sa dimension rare dans la politique sénégalaise : l’alliage entre la rigueur de la pensée et la rage militante. Il écrit des livres. De vrais livres, pas des fascicules sans grand intérêt. C’est un intellectuel en politique, qui pense son époque et articule autour des problématiques qui ont du sens dans notre contexte, des réponses sur le terrain. De ce point de vue, il fait de la politique au sens premier, à travers une praxis ; et sa victoire a pour moi une symbolique forte. Babacar Diop a remporté une collectivité qu’on pourrait appeler une terre de mission, dans laquelle régnait en maître un grand leader politique, sans doute parmi les plus importants de ces vingt dernières années.
Il est rafraîchissant d’observer, en ce moment où des amuseurs publics, des personnes malhonnêtes et des extrémistes sont élus ou réélus, l’émergence d’un nouveau leadership politique à gauche, qui utilise les outils conceptuels de notre courant afin de nourrir une ambition politique. Le projet de Babacar Diop est clair : créer une force hégémonique à gauche, qui dépasse le parti socialiste (son ancienne formation politique) pour embraser le pays avec un socialisme de type nouveau. L’homme, en plus de son assise doctrinale issue de ses lectures classiques, convoque les mécanismes actuels de mobilisation des masses sur le terrain et sur Internet afin de bâtir un grand parti socialiste, panafricain et internationaliste, qui serait une maison commune des mouvements sociaux, des syndicats, des intellectuels et des militants de base.
J’ai de nombreux désaccords tactiques avec l’homme. Nous en avons plusieurs fois parlé. Mais, dans notre pays, Babacar Diop est le seul leader de parti d’envergure à évoquer la nécessité de l’affrontement contre le capitalisme et la marchandisation du monde qu’il instaure. Il évoque aussi, de manière certes à affiner, l’écologie, et promeut une tension politique qui diffère de celle des populistes identitaires, car la sienne est nourrie par la culture, les idées ainsi que par un corpus doctrinal d’orientation progressiste.
Le nouveau maire de Thiès a un laboratoire à sa disposition, afin de promouvoir une politique de gauche, soucieuse des gens ordinaires, les précaires et les opprimés, les femmes, les enfants et les victimes de l’irresponsabilité politicienne. Thiès se prête à une gouvernance de rupture qui peut expérimenter des modèles issus de l’imaginaire socialiste. C’est la ville de grandes luttes syndicales et de batailles épiques qui ont permis des conquêtes sociales et démocratiques. Que la ville soit administrée par Babacar Diop relève du sens. Et en politique, le sens est sacré.
Par Malick GAYE
MENACES TERRORISTES, COUPS D’ETAT, HERITAGE DU COLONIALISME… : LES ORIGINES DE L’INSTABILITE AU SAHEL DISSEQUEES
Ilot de paix à une certaine époque, l’Afrique de l’Ouest devient de plus en plus le terreau de l’instabilité.
Entre abandon de l’Etat, déformation de l’islam née d’une crise financière ou responsabilité des colons, les spécialistes s’ajustent sur leur désaccord. Dans un webinaire organisé par l’Ipar (Institut prospective agricole et rurale), il a été disséqué les origines de l’instabilité au Sahel.
Ilot de paix à une certaine époque, l’Afrique de l’Ouest devient de plus en plus le terreau de l’instabilité. Le Mali se perd dans ses coups d’Etat, tandis que la Guinée s’engouffre dans une refonte systémique de son administration dirigée par les militaires. Et récemment, le Président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, qui avait lu pour la Cedeao les sanctions infligées au Mali, a été déposé par son armée qui peine à trouver la solution sécuritaire au problème terroriste.
Comment cela a-t-il pu arriver ? Pourquoi ? Voilà, entre autres, les questions qui ont poussé des sommités intellectuelles à se pencher, à travers une conférence virtuelle, sur la crise au Sahel et à proposer des solutions hier à l’occasion de la Journée internationale des Think thanks.
Longtemps analysée comme le résultat de la démission de certains Etats sur une partie de leurs territoires, cette crise sécuritaire qui menace l’Afrique de l’Ouest n’est pas un défaut de démocratie. «Ceux qui disent qu’il n’y a pas une avancée démocratique au Sahel n’étaient certainement pas là à l’époque du parti unique. Le parti-Etat a longtemps gouverné nos Etats. Il a fallu lutter pour connaître ce que nous vivons aujourd’hui», a déclaré le Pr Abdoulaye Bathily. Qui, par conséquent, écarte la négation d’une démocratie à l’origine de l’instabilité.
Pour Dr Jean Hervé Jezequel, directeur Sahel chez Crisis group, Ce n‘est ni plus ni moins que la conséquence de la guerre froide entre la Russie et les Occidentaux. «Cela peut être perçu comme une possibilité d’ouverture ces coups d’Etat. Il y a actuellement un desserrement de la Communauté internationale. Les élites politiques doivent apporter une offre. On est dans un tournant historique. Comment le mettre à profit ? C’est tout l’enjeu», a analysé Dr Jezequel. Moins dans les perspectives et plus dans le diagnostic, Dr Bakary Samb de Timbuktu institute, estime qu’il faut déjà reconnaître ses erreurs. «La Communauté internationale doit reconnaître qu’elle a accusé un retard de 40 ans sur la question. Dans les années 90, avec les ajustements structurels, les Occidentaux étaient en cure et on a assisté à l’arrivée des pétro-dollars avec cette déformation de l’islam», a déclaré Bakary Samb pour situer l’origine «du djihadisme dans le Sahel». En plus, précise-t-il, «avec les ajustements structurels, on parlait de moins d’Etat. Cela a affaibli les Etats. Pour une solution, on a longtemps privilégié l’aspect militaire. Et face à cela, sur les 20 stratégies présentées dans le Sahel, toutes les 19 ont été conçues sans les Sahéliens». Bakary Samb préconise un développement intégré pour écarter l’idéologie terroriste. «Il faut mettre en synergie toutes les solutions basées sur nos réalités.»
De l’avis de Dr Mamadou Goïta, Directeur exécutif de l’Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement, c’est le colon qui est un des responsables de cette crise. «Nos Etats sont nés dans une déformation congénitale. On a hérité de la gestion des affaires publiques des colons. Nous avons des instruments politiques qui ne répondent pas à nos réalités. En plus, on assiste dans nos Etats à un accaparement des ressources. La Société civile est déconnectée de nos réalités, la Cedeao doit changer», a déclaré Mamadou Goïta.
INAUGURATION DU STADE DE DIAMNIADIO, PLUSIEURS CHEFS D’ETATS ATTENDUS À DAKAR
A l’image du Train Express Régional (TER) inauguré le 27 décembre dernier, le stade olympique de Diamniadio aura lui aussi une particularité
Mamadou THIAM, El hadj Abdoulaye GAYE et Vieux NDIAYE envoyés spéciaux au Cameroun |
Publication 01/02/2022
L’Etat du Sénégal compte donner un cachet spécial à l’inauguration du stade de Diamniadio. Le ministre des Sports qui était hier l’hôte des journalistes accrédités pour la Can en a fait l’annonce. Selon Matar Bâ, plusieurs chefs d’Etat sont attendus pour cet événement.
A l’image du Train Express Régional (TER) inauguré le 27 décembre dernier, le stade olympique de Diamniadio aura lui aussi une particularité. L’Etat compte sortir les gros moyens pour marquer cet événement prévu le 22 février prochain. «Nous sommes en train de préparer l'inauguration du stade pour le 22 février prochain. Nous avons eu deux réunions avec le chef de l’État», a révélé Matar Bâ qui était hier au QG des journalistes sportifs à Yaoundé.
Lancés le 20 février 2020, les travaux de ce temple du sport sont arrivés à terme. C’est du moins ce qu’a affirmé hier le ministre des Sports. «Ce sera du lourd, car c'est un gros investissement. Ils ont respecté leurs engagements et les travaux du stade sont presque terminés. Rien ne peut s'opposer à l'inauguration de cette belle infrastructure», a souligné Matar Bâ. Avec l’inauguration de ce stade, le Sénégal disposera désormais d’une infrastructure aux normes, en plus du stade de Lat Dior de Thiès. Ce qui permettra à l’équipe de jouer soit à Thiès ou à Dakar. Pour marquer l’évènement, le gouvernement va mettre la main à la poche. De fortes délégations, dont des Présidents, sont attendues. «Plusieurs chefs d'Etat seront à Dakar. La culture sera de mise. Ce sera un grand événement», a annoncé le ministre des Sports.
D’ANCIENNES STARS AFRICAINES DU FOOT ATTENDUES A DAKAR
Qualifié pour les demi-finales de la Coupe d’Afrique qui se déroule présentement au Cameroun (les Lions jouent les Etalons du Burkina demain), le Sénégal va rencontrer l’Egypte au mois de mars prochain, dans le cadre du dernier tour des qualifications pour le mondial 2022 au Qatar. Et chez les autorités, on cherche à anticiper pour permettre à Aliou Cissé et ses hommes d’avoir le stade à leur disposition. «Le stade a toutes les commodités pour la pratique du sport. C'est une avancée majeure dans ce domaine. Nous voulons que le stade soit homologué le 21 février, avant son inauguration. Nous aurons la possibilité de recevoir l'Égypte dans le cadre des qualifications pour Qatar 2022», informe Matar Bâ.
En dehors de l’aspect folklore, un événement sportif d’une dimension internationale est prévu ce même jour. «Nous avons prévu d’organiser un événement sportif, lors de cette inauguration. Ainsi, nous aurons un match de football qui va opposer des anciennes gloires africaines aux anciennes gloires sénégalaises», a ajouté le ministre des Sports. La pose de la première pierre du stade de Diamniadio a eu lieu le 20 février 2020 dernier, en présence du Président Macky Sall.
Financée à hauteurde150 milliards FCFA et confiée à l'entreprise turque Summa (qui a réalisé la Dakar Arena), l’infrastructure est en réalité un complexe sportif, avec un stade de football de 50.000 places, assorti d’un système autonome d’approvisionnement en eau et en électricité. Pour maîtriser les coûts de l’exploitation de cette infrastructure, une centrale photovoltaïque de 2MW y sera installée. Il faudra y ajouter un terrain d’entraînement répondant aux normes, un stade de 2 000 places doté d’une piste d’athlétisme et de toutes les facilités liées à l’olympisme. Toujours sur le même site, on dispose également d’un troisième terrain de football et de tous les équipements nécessaires à la pratique d’autres sports. Le stade sera doté de loges présidentielle et VIP, d’une tribune de presse de plus de 1500 sièges, de 40 postes de commentateurs, d’un système de climatisation performant et d’équipements audiovisuels correspondant aux normes réclamées par la Fédération internationale de football(FIFA).
«SI ABDOULAYE WADE ET KARIM ÉTAIENT LÀ, CE SERAIT UN GRAND PLUS POUR WALLU SÉNÉGAL»
C’est la thèse soutenue par Mamadou Lamine Diallo, mandataire national de Wallu Senegaal qui faisait face hier aux journalistes
Malgré sa victoire dans une vingtaine de communes du Sénégal, la Coalition Wallu Sénégal comptait beaucoup plus sur l’apport de l’ancien Président Abdoulaye Wade et de son fils Karim Wade pour réaliser un meilleur résultat aux Locales du 23 janvier dernier. En tout cas, c’est ce qu’a indiqué son mandataire national, Mamadou Lamine Diallo
Si Abdoulaye Wade et son fils Karim avaient battu campagne lors des dernières élections locales, la Grande coalition Wallu Sénégal se serait emparée de plusieurs collectivités territoriales. C’est la thèse soutenue par le mandataire national de la coalition qui faisait face hier aux journalistes. Mamadou Lamine Diallo pense que si ces responsables du Pds étaient rentrés pour battre campagne, la Coalition Wallu Sénégal allait réaliser un meilleur score. «Le candidat du leader du Pds, le Président Abdoulaye Wade, c’est Karim Wade. Il est clair que si tous les deux étaient là, ce serait un grand plus pour la Grande coalition Wallu Sénégal. Et si l’un des deux était là encore, ce serait un très grand plus qui pourrait aider à booster Wallu Sénégal lors de ces Locales», a indiqué le leader de Tekki. Mais cette position n’est pas du tout partagée par le secrétaire national en charge de la communication du Parti Démocratique Sénégalais (Pds).
Selon le candidat malheureux à la mairie de Saint-Louis, Mayoro Faye, l’absence du patriarche libéral est une décision prise en interne au sein du Pds. «C’est nous qui lui avons demandé de ne pas venir, parce qu’on était dans une période où il y avait la troisième vague de Covid-19. Aujourd’hui, Abdoulaye Wade est un patrimoine international à sauvegarder. On est sûr que la venue d’Abdoulaye Wade au Sénégal dans une campagne électorale change les choses. Mais nous avions préféré le préserver. Nous l’avons supplié de ne pas venir et de nous laisser nous battre sur le terrain», affirme le sieur Faye.
Évoquant le cas Karim Wade, Mayoro Faye a annoncé le retour imminent de Wade-fils qui vit depuis 2016 à Doha, sans aucune autre forme de précision. «Karim Wade va rentrer. Désormais, au niveau du Pds, et les alliés qui souhaiteront nous accompagner, nous allons tous travailler à la base et fédérer les forces. Après cela, nous allons faire notre diagnostic sans complaisance pour aller de l’avant sous la houlette du Président Abdoulaye Wade. Et le moment venu, nous allons exiger le retour de Karim Wade. C’est devenu une exigence», a déclaré Mayoro Faye.
RAPPROCHEMENT AVEC YEWWI ASKAN WI
Interpellé par ailleurs sur un éventuel rapprochement avec Yewwi Askan Wi (Yaw), Mamadou Lamine Diallo et Cie indiquent qu’ils restent fidèles à leurs options de départ. Toutefois, le mandataire de Wallu Sénégal trouve qu’il est important de rassembler le maximum de forces. « Yewwi Askan Wi, c’est possible. Mais il y a également d’autres forces. Nous avons travaillé avec Gueum Sa Bopp dans de bonnes conditions pour départager nos spécimens qui se ressemblaient. Nous avons de bons rapports avec cette coalition. Il y a aussi ceux qui étaient avec nous et qui ont quitté le navire comme Bokk Gis Gis», souligne le leader du mouvement Tekki qui pense que la perspective d’une cohabitation en 2022 est sur la table. Et pour y arriver, indique-t-il, l’opposition a le devoir politique d’y travailler.
«PARLER DE DIFFICULTÉS TECHNIQUES OU JURIDIQUES POUR ORGANISER LES LÉGISLATIVES EN JUIN EST UNE FUITE EN AVANT»
Si l’Etat ne fait pas preuve de diligence, les élections législatives ne se tiendront pas au mois de juin tel qu’annoncé par le président de la République, c’est l’avis de Babacar Fall, secrétaire général du Gradec
Le chef de l’Etat avait annoncé lors de son discours à la nation le 31 décembre dernier que les élections législatives allaient se tenir au mois de juin 2022. Mais force est de constater qu’aucun acte n’est encore posé pour se préparer à cette échéance. Si d’aucuns craignent une volonté de reporter ce scrutin, le secrétaire général du GRADEC estime que l’Etat peut trouver les moyens de respecter le calendrier républicain.
Si l’Etat ne fait pas preuve de diligence, les élections législatives ne se tiendront pas au mois de juin tel qu’annoncé par le président de la République. En effet, les délais sont très courts et jusque-là aucun acte n’a été posé pour édifier les acteurs sur la tenue de ce scrutin. Mais pour le secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec), les élections pourraient bien être organisées au mois de juin.
Babacar Fall dit être contre toute idée de report. «Il faut respecter le calendrier républicain. Lorsque le gouvernement fixait la date des élections locales le 23 juin, il savait très bien que le mandat des députés allait expirer au mois de juillet et qu’on devrait organiser des élections bien avant la fin de la législature. Et lors du dialogue politique, les acteurs étaient d’accord sur la tenue du scrutin à date échue et qu’il n’y avait pas moyen pour ne pas le respecter», a-t-il déclaré.
Pour autant, il se trouve qu’il y a des difficultés pour respecter les délais liés aux différentes étapes du processus. Mais pour Monsieur Fall, il y a toujours des dispositions afin de contourner ces contraintes techniques. Selon lui, parler de difficultés et de non-faisabilité techniques ou juridiques pour organiser le scrutin en juin est une fuite en avant. «C’est faisable, si on le veut bien», renchérit-il. Avant d’appeler au respect du calendrier électoral. «Le Président doit fixer la date des législatives par décret. Et à partir de ce moment, on fait un compte à rebours et calcule les dates des différentes étapes à reculons. On pourrait ainsi fixer la période des dépôts des listes électorales, la date des parrainages et celle de l’inscription sur les listes électorales», a indiqué Babacar Fall. Il ajoute que 150 jours avant le scrutin, le gouvernement doit fixer le montant de la caution en adéquation avec les acteurs politiques. Donc, dit-il, il faut déterminer très vite la date des élections et sur cette base fixer les autres étapes.
«IL FAUT QUE LE POUVOIR S’ASSOIE AVEC TOUTE LA CLASSE POLITIQUE»
Après avoir reporté trois fois les locales, on veut faire la même chose pour les législatives, se désole le secrétaire général du GRADEC. Il pense que si on se met dans cette dynamique, on risque de reporter ce scrutin également. «Après on dira qu’il y a l’hivernage, la tabaski etc. Et à partir de ce moment, l’idée de couplage avec la présidentielle va encore jaillir », prévient-il. Sa conviction, c’est que les problèmes techniques peuvent être résolus et qu’il faudrait au préalable poser le problème et s’asseoir avec toute la classe politique pour lever les contraintes particulièrement, l’inscription des primo-votants sur les listes électorales. «Donc fixons la date et déterminons les prochaines étapes. Si on veut vraiment le faire, on le fera. Si on ne veut pas, il y aura toujours moyen de retarder les choses. En fixant les législatives au mois de juin lors de son discours à la nation, le Président et ses services étaient informés. Par conséquent, il ne faut pas des subterfuges. Il faut que l’Etat respecte les gens», a-t-il affirmé.
Ainsi, le Secrétaire général du GRADEC se demande sur quelle base le pouvoir devrait reporter cette échéance. «Si on fait des manœuvres pour reporter, on risque de créer des tensions inutiles dans ce pays. Il faut que les acteurs s’asseyent et discutent entre eux. S’il y a des contraintes on peut faire de petit glissement », a-t-il préconisé avant de soutenir que l’idée est de ne pas entrer en période hivernale. «On a tenu les dernières élections législatives au mois de juillet 2017 et cela s’est très bien passé », a-t-il conclu.