Des organisations de la société civile qui interviennent sur le foncier seront en conférence de presse aujourd’hui, vendredi 21 janvier 2022, pour revenir sur la déclaration du président de la République portant sur les conclusions de la Commission nationale de la réforme foncière.
«Le Cadre de réflexion et d’action sur le foncier au Sénégal (Crafs) a suivi avec beaucoup d’intérêts les débats nationaux sur la question foncière suite à l’audience de rentrée des Cours et Tribunaux présidée par le Président de la République Macky Sall, le 18 janvier 2022 dernier, et dont le thème portait sur «Justice et conflits fonciers : application de la loi sur le domaine national».
Ce thème intéresse particulièrement le Crafs qui, depuis sa création en 2010, travaille avec les communautés de base sur la recherche de solutions aux conflits fonciers mais surtout à la valorisation des terres au profit des populations locales, pour lutter contre la pauvreté et créer de la richesse pour notre économie nationale», peut-on lire dans une note parvenue à la Rédaction de Sud Quotidien.
Celle-ci de préciser aussi que, «les discours prononcés au cours de cette audience ont attiré l’attention du Crafs qui se trouve interpellé en tant qu’acteur majeur ayant participé au processus de réforme. Ainsi, le Crafs entend exprimer face à la presse nationale et internationale sa position et ses propositions issues d’un large processus de concertation avec les populations locales sur la réforme de la Loi sur le Domaine National».
Il est à croire que les problèmes fonciers continueront d’être récurrents. La raison est qu’il manque encore un Cadre juridique reconnu de tous pour la régulation, la loi sur de Domaine national de 1964 ayant montré ses limites pour certains, du fait de l’évolution, de la persistance et de la complexité du problème foncier. Contrairement, le président de la République, Macky Sall, lors de la Rentrée solennelle des Cours et Tribunaux de mardi dernier 18 janvier 2022 avec comme thème «Justice et conflits fonciers : application de la loi sur le domaine national» a trouvé que cette loi sur le Domaine national, vielle de 58 ans, a toujours des arguments à faire valoir et que l’application de certains conclusions de la Commission nationale de la réforme foncière mèneraient aux chaos ; même s’il reconnait la gravité de la spéculation foncière. Alors que, sur un tout autre registre, la justice et les associations qui travaillent sur le foncier veulent une réforme du texte qui ne répondrait plus aux exigences de l’heure.
Le thème de l’Audience de rentrée solennelle des Cours et Tribunaux de l’année 2021-2022 qui était accès sur «Justice et conflits fonciers : application de la loi sur le domaine national» a remis sur la table la difficulté d’avoir une gestion vertueuse des terres au Sénégal. Le président de la République, Macky Sall, le reconnaissant lui-même, a donné l’information selon laquelle les problèmes fonciers reviennent souvent aux Réunions de Sécurité qui se tiennent sous sa direction, au Palais de la République ; un signe de l’état critique de la situation.
Mieux, le 22 octobre 2020, dans son discours à l’occasion de la Journée nationale de la décentralisation, il avait dit que «la terre est le plus gros risque de conflit au Sénégal». Malgré tout, ce n’est qu’une législation «désuète» sur le Domaine nationale et vielle de 58 ans (la loi date de 1964) qui sert de boussole à la justice. Son importance reste toujours de mise, selon le chef de l’exécutif. «La loi de 1964 sur le Domaine national reste un cadre légal, original qu’il faut conserver dans ses principes fondateurs et ses finalités socio-économiques en l’adaptant aux impératifs du présent et du futur. Il faut toujours veiller à ce que l’innovation, tout en favorisant le progrès, ne génère plus de conflits qu’il n’en règle. Je souscris à toutes vos recommandations pertinentes», a dit Macky Sall, à la cérémonie de démarrage de l’année judiciaire. Même si cette importance y est toujours, il est à rappeler que cette loi sur le Domaine national est toujours remise en cause par les associations qui militent pour la préservation du foncier. Mieux, les acteurs de la justice, à la tête desquels le Premier président de la Cour Suprême, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, semblent émettre des réserves sur celle-ci. Dans son allocution à cette rentrée solennelle, il a conclu, au terme d’un long exposé, que «l’application de la loi sur le Domaine national continue à générer de nombreux conflits».
LA LOI SUR LE DOMAINE NATIONAL A DAVANTAGE PROVOQUE UNE «ANARCHIE ORDONNEE» QU’AUTRE CHOSE, DANS LA GESTION DU FONCIER AU SENEGAL
Par ailleurs, le Bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Papa Leïty Ndiaye, en terminant son discours/plaidoirie, a demandé qu’au moment du délibéré, qu’il soit posé la question de savoir s’il est utile de laisser encore en vie la loi dite du Domaine national qui, dit-il, a davantage provoqué une «anarchie ordonnée» qu’autre chose, dans la gestion du foncier au Sénégal. Il ne s’est pas arrêté à cela. Dans son allocution, l’avocat a fait ressortir que même l’initiateur de cette loi, à savoir le défunt-président poète, Léopold Sédar Senghor, avait, il y’a de cela plusieurs années, décelé les carences de cette loi en ces termes : «la qualité d’une réforme ne se mesure pas seulement aux intentions qui la sous-tendent. Elle s’apprécie aussi dans l’application qui en est faite : dans la manière dont elle est appliquée. Il nous faut donc analyser méthodiquement, sans complaisance, les leçons de l’expérience, corriger les erreurs s’il y en a, combler les lacunes s’il s’en trouve, supprimer les lenteurs, expliquer les résistances. C’est à ce prix que nous progresserons. Or l’analyse de l’application de la législation de 1964 et des textes subséquents fait apparaître un certain nombre d’écarts entre les prescriptions du législateur et la situation actuelle en matière foncière.» Pour la robe noire, «force est de constater que les difficultés sont encore là, elles se sont même accrues, gravement accrues».
MISE EN PLACE D’UNE COMMISSION DE LA REFORME FONCIERE, L’UTILITE EN QUESTION
C’est dans ce contexte qu’a été mise sur pied la Commission nationale de la réforme foncière. Le rapport du decret de sa mise en place, rappelle le Bâtonnier de l’Ordre des avocats, disait que «le régime de la propriété foncière au Sénégal est organisé par des normes juridiques diverses portant sur des domaines spécifiques et se caractérise par l’intervention de diverses autorités pour sa gestion. Si la propriété privée, actuellement régie par la loi N°2011-07 du 30 mars 2011 portant régime de la propriété foncière, pose moins de difficultés, il n’en est pas de même s’agissant du domaine de l’Etat et des terres du Domaine national. En effet, il a été constaté une gestion et une occupation irrégulières du domaine de l’Etat, par le non-respect des procédures prescrites, conduisant ainsi, du fait de la forte pression sur le foncier, notamment dans la capitale, à des opérations de spéculation. De même, la gestion des terres du Domaine national par les Communautés rurales est restée approximative. Elle a toujours été source de conflits répétés entre les populations. Elle ne répond pas aux obligations de développement permettant le décollage économique de notre pays». Le justificatif de la mise sur pied de la Commission nationale de la réforme foncière relevait aussi : «eu égard à la complexité des questions foncières, il est apparu utile de mettre en place une Commission nationale chargée d’analyser les textes législatifs et réglementaires existants, d’identifier les contraintes institutionnelles d’une gestion optimale du foncier et de proposer les mesures d’adaptation appropriées qui tiennent compte des réalités économiques et modernes, pour faire du Sénégal, un pays émergent capable de satisfaire seul, les besoins vitaux des populations».
MACKY SALL : «IL NOUS FAUT CONTINUER LA REFLEXION»
Le constat est qu’après quatre (4) années de travaux et la remise des conclusions au président de la République, la commission a été dissoute sans qu’une application de ses recommandations ne soit effective. La réponse du président Macky Sall, dans ce sens, est : «la commission a déposé son rapport le 20 avril 2017, avant d’être dissoute par décret, le 16 mai 2017. En mai 2016, j’avais recueilli l’avis du Conseil économique social et environnemental (Cese) sur le rapport de la commission qui demandait à l’Etat d’appliquer les conclusions de la commission dans le sens qu’elles vont renforcer le système de gouvernance foncière. Le gouvernement y travaille. Il reste que le foncier est complexe et que toute décision de portée générale y afférente mérite précaution. Ma conviction intime est que, si j’avais appliqué les conclusions du rapport de cette Commission nationale, en moins de douze mois, il n’existerait plus un seul mètre-carré public sur les terres du Domaine national, puisque les Collectivités territoriales allaient octroyer toutes les terres et nous nous retrouverions dans une situation comme celle en Afrique australe où toutes les terres sont octroyées à des privés. Je ne peux pas assumer cette responsabilité. Donc, il nous faut continuer la réflexion». Le temps ne serait-il pas à la réflexion, si l’on prend en considération des cas comme Ndingler qui foisonnent et la volonté affirmée des pouvoirs publics d’aller vers une autosuffisance alimentaire, notamment en riz ? La réflexion qui sera engagée serait-elle plus concluante que les travaux de l’équipe de la Commission nationale de réforme foncière dirigée par le défunt ministre de la Justice, Moustapha Sourang, et qui était de 75 membres, avec la participation d’universitaires et d’organisation paysannes ?
Pour rappel, la loi sur le Domaine national a été promulguée le 4 novembre 1980, à l’occasion de la rentrée solennelle des Cours et Tribunaux dont le thème était axé sur «La Propriété foncière au Sénégal».
LES CADORS AU RENDEZ-VOUS
Lancé le 9 janvier dernier, la CAN au Cameroun a bouclé hier, jeudi sa première phase. Avec ses émotions, ses surprises et ses déceptions.
De Nos Envoyés spéciaux Abdoulaye THIAM & OMAR DIAW |
Publication 21/01/2022
Lancé le 9 janvier dernier, la CAN au Cameroun a bouclé hier, jeudi sa première phase. Avec ses émotions, ses surprises et ses déceptions. Bousculé dans le groupe B favoris dont le Sénégal a répondu présent à l’heure des 8emes de finale. Tout comme les autres favoris comme le Cameroun, pays hôte, le Maroc, la Côte d’ivoire et le Nigéria qui est la seule équipe à avoir réussi le carton plein dans sa poule. La grosse surprise cette phase de l’Algérie championne en titre ou du Ghana qui ont terminé dernier de leur groupe.
LE SÉNÉGAL BOUSCULÉ MAIS TIENT SON RANG
La première phase achevée hier, jeudi, place sera faite aux 8emes de finale de la CAN qui démarre ce dimanche avec son lot de déceptions, de suspenses et de surprises. Désignée comme le favori, l’équipe du Sénégal a fait respecter la hiérarchie dans le groupe en arrivant en tête sans encaisser le moindre but mais un seul petit but obtenu sur pénalty transformé e dans le temps additionnel contre le Zimbabwe (1-0). Ce qui fait du Sénégal le nouveau détenteur d’un record de la première équipe à finir en tête de sa poule avec un seul but marqué à l’issue de la première phase de la CAN. C’est sans conteste la pire statistique de l’histoire des participations du Sénégal en phase finale de Coupe d’Afrique des nations. Si l’essentiel a été fait avec la première place, la prestation de l’équipe de Aliou Cissé n’a pas convaincu. De nombreux observateurs restent pour la plupart assez sceptiques sur le jeu proposé contre le Zimbabwe (1-0), la Guinée (0-0) et le Malawi (0-0). Ils émettent même des doutes sur la capacité des Lions à se hisser au sommet. En attendant, le Sénégal prend date pour un nouveau départ mardi prochain avec le derby qui l’opposera au Cap Vert en huitièmes de finale.
LA HIÉRARCHIE A ÉGALEMENT ÉTÉ RESPECTÉE DANS LES AUTRES POULES
Pays hôte de la CAN et désigné parmi l’un des grands prétendants au titre, le Cameroun a réussi à faire respecter la hiérarchie dans la poule A. La grosse sensation de cette phase de poules est venue de la Côte d’ivoire qui a terminé en trombe dans le groupe E. Mais aussi en ouvrant la succession de l’Algérie suite à sa large victoire contre les Fennecs d’Algérie (3-1). Le Maroc n’a pas tremblé dans la phase de groupe en prenant les commandes de la poule C avec 7 points au compteur.
LE CARTON PLEIN DES SUPERS EAGLE DU NIGÉRIA
Le Nigéria a réalisé l’unique carton plein de la phase de poules avec une troisième victoire en autant de rencontres. Les Super Eagles qui terminent leaders incontestables du groupe D devant l’Egypte, le Soudan et la Guinée Bissau.
LES COMORES ET LE MALAWI DÉJOUENT LES PRONOSTICS
Dans la peau de petits poucets, le Malawi et les Comores ont pu tirer leur épingle dans cette première phase. En plus des Flames du Malawi qui ont pu décrocher l’un des quatre meilleures 3emes places, la grande surprise est venue des Coelacanthes des Comores qui ont éjecté le Ghana dans le groupe et passé au tour suivant dès leur première participation à une CAN.
LE GHANA ET L’ALGÉRIE TOMBENT DE HAUT
Conquérante en 2019, l’Algérie été éliminée dès la phase de groupes de la CAN 2021 hier, jeudi au Stade de Japoma. Après une série de 35 rencontres sans défaite, la sélection algérienne est finalement sortie par la petite porte. Lors de cette phase de poules, elle n’a été que l’ombre d’elle-même et avait mal entamé la défense de son titre. En difficulté d’entrée contre la Sierra Leone (0-0), les tenants du titre et grands favoris à leur propre succession, sont tombés de haut face aux Éléphants (3-1). L’élimination du Ghana constitue un des faits majeurs de la phase de groupe. Considéré comme un Grand d’Afrique, le Black Star est sorti par la petite porte en terminant dernier de son groupe après une surprenante défaite contre les Comores qui disputaient leur première phase finale de leur histoire. Trois matchs, un nul et deux défaites, les quadruples vainqueurs de l’épreuve terminent sur l’un des bilans le plus catastrophique de l’histoire du pays.
L’AFRIQUE DE L’OUEST EN FORCE AVEC DEUX DERBIES EN 8EMES
L’Afrique de l’ouest fournira 8 équipes dans le top 16 de la CAN. Le Sénégal sorti premier de son groupe, la région par la Cote d’ivoire et le Nigéria qui ont respectivement dominé la poule E et D. A côte de ses deux pays qui ont retrouvé deux autres ayant terminé deuxièmes. Il s’agit du Burkina Faso (groupe A) et la Guinée (groupe B) et la Gambie (F). Une seule équipe est parvenue à décrocher la qualification parmi les meilleures équipes classées troisièmes. Il s’agit du Cap Vert qui fera face au Sénégal dans le premier derby sous régional. Le second derby opposera la Guinée à la Gambie.
PROGRAMME DES HUITIEMES DE FINALE
DIMANCHE 23 JANVIER
Burkina Faso – Gabon à 17h (16h TU)
Nigeria – Tunisie à 20h (19h TU)
LUNDI 24 JANVIER
Guinée – Gambie à 17h (16h TU)
Cameroun – Comores à 20h (19h TU)
MARDI 25 JANVIER
Sénégal – Cap-Vert à 17h (16h TU)
Maroc – Malawi à 20h (19h TU)
MERCREDI 26 JANVIER
Côte d’Ivoire – Égypte à 17h (16h TU)
Mali - Guinée équatoriale à 20h (19h TU)
DEMARRAGE DU MARCHE D’INTERET NATIONAL EN FEVRIER
Les responsables de l’organisation ont appelé leurs pairs à s’investir dès à présent pour rendre l’infrastructure fonctionnelle
Le marché d’intérêt national va démarrer ses activités à partir du mois de février. C’est ce qu’a annoncé le directeur à l’occasion d’une visite de prospection de l’Unacois Yessal. Les responsables de l’organisation ont appelé leurs pairs à s’investir dès à présent pour rendre l’infrastructure fonctionnelle.
Le marché d’intérêt national et de la gare des gros porteurs devant ouvrir ses portes à partir du mois février, le directeur de la société d’exploitation de l’infrastructure, Abou Mbaye, poursuit ses concertations avec les acteurs et les opérateurs économiques afin de définir des modalités consensuelles de fonctionnement du marché. «C’est pour écouter les différentes parties prenantes avant de pouvoir sortir des prix. L’approche participative est essentielle pour pouvoir gérer ces infrastructures. On ne peut s’enfermer dans un bureau et dire aux gens que cela va se passer comme ça» a dit Abou Mbaye, en marge d’une visite de l’Unacois Yessal.
Le directeur a assuré qu’à l’issue de ces rencontres qui finiront en fin janvier, le barème des prix de cession sera porté au grand public et ainsi les activités du marché seront lancées dès le mois de février. Les responsables de l’organisation faîtière se sont réjouis de la réalisation de cette infrastructure qui va contribuer à juguler, les problèmes liés à la perte des récoltes, faute d’espace de stockage et de conservation. « C’est un bijou que le président a offert aux opérateurs économiques du Sénégal. Depuis qu’il a eu une vision de l’agriculture à travers le PRACAS, les producteurs ont relevé le défi de la production nationale, la quantité a augmenté sur les différentes spéculations. Malheureusement, de la récole jusqu’à la consommation, il y a des pertes qui avoisinent les 30 à 35% parce que le Sénégal ne dispose assez d’infrastructures de stockage», a rappelé Alla Dieng secrétaire général de l’organisation. C’est pourquoi, il a jugé que c’est une grande opportunité pour eux et que tous les opérateurs économiques devraient se précipiter pour occuper les espaces et rendre fonctionnel le marché. « On n’a jamais pensé qu’on pourrait un jour avoir une telle infrastructure ici au Sénégal. C’est dédié aux opérateurs économiques, au secteur privé d’une manière générale. Nous avons visité les installations et on va relayer pour que le secteur privé vienne afin que l’infrastructure soit pleinement opérationnelle », a dit Cheikh Cissé qui n’a pas manqué de remercier le président pour « ce bijou de 55 milliards ».
Selon son camarade, Alla Dieng, c’est un pas de plus, un «élément d’un puzzle» pour régler définitivement la problématique de l’autosuffisance alimentaire. Selon le secrétaire général de l’Unacois Yessal, la position stratégique du marché et de la gare des gros producteurs participera à la facilitation de l’acheminement des productions agricoles de l’intérieur du Sénégal vers les sites de consommation de la capitale mais aussi les marchés hebdomadaires de l’intérieur comme celui de Diaobé.
Pour rappel, ce marché comporte 137 magasins de stockage dont 65 avec une chambre froide. Il est bâti sur 35 hectares et abrite une gare des gros porteurs.
Par Djibril SARR
CRISE AU MALI, L’ORIENTATION CONTROVERSEE DE LA CEDEAO SOUTENUE PAR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE SERT-ELLE L’AFRIQUE ?
La crise au Mali a pris une nouvelle tournure. En rappel, le changement de régime opéré est parti d’un constat de chaos et d’inaction dans les domaines sécuritaire, économique, sanitaire, de bonne gouvernance, entre autres, qui a entraîné un chapelet de mobilisations du peuple malien derrière une personne au charisme incontestable et à l’intégrité prouvée – l’Imam Mahmoud Dicko. Il est qualifié « d’islamiste modéré, moderne et éclairé» par beaucoup d’analystes qui ont loué ses qualités intellectuelles. Polyglotte arabe, anglais et français, il avait clairement affirmé son désintéressement au pouvoir, contrairement à ce laissait présager son engagement au côté du peuple malien pour faire entendre son cri de cœur, dénonçant habilement la légitimé et l’incapacité d’IBK.
La CEDEAO, dans le cadre de sa mission sous régionale, a tenté de désamorcer la crise à travers ses médiations hélas infructueuses des 23 et 27 juillet 2020 conduites par Goodluck Jonathan ex président nigérian.
C’est dans ce contexte que la crise a évolué vers un putsch pacifique perpétré le 18 août 2020 par des militaires qui ont contraint IBK à la démission, faisant un bilan record de 0 mort et 0 blessé.
Pourtant, tout le monde voyait cette situation rampante. Malheureusement IBK n’a pas eu le génie d’écouter le cri du peuple qui l’a désavoué après l’avoir « réélu » à presque 70% en octobre 2018 !
Bizarre non ?
Le putsch au Mali traduisait-elle une victoire du peuple malien ou un désengagement de la puissance protectrice ?
D'aucuns ont voulu le caractériser comme une alternative facilitée pour éteindre la popularité d’Imam Dicko le temps de placer un autre délégué favorable à la puissance protectrice dont il faut continuer de couvrir l'inefficacité avérée.
D'autres ont pensé que c’était naturellement que l’armée a joué son rôle.
Habituellement, les organismes sous régionaux et internationaux condamnent toute accession au pouvoir par voie inconstitutionnelle. En revanche, ils n’ont mis en place aucun moyen en cas de séries d’échecs dans la gouvernance ou les subterfuges de conversation indue du pouvoir. Analysées sous cet angle, la déclaration signée le surlendemain du Putsch - 20 Août 2020 - par Mahamadou Issoufou, Président de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEDEAO ajoutait de la perplexité à l’inquiétude pour un mali meurtri et une sous région menacée.
Globalement considéré, le plan 2020 de la CEDEAO servait-il les intérêts de l’Afrique ?
Réduire le contexte qui a prévalu au Mali, à des « troubles d’organisations religieuses et de la société civile au malienne » était manifestement une erreur d’appréciation relevée dans la déclaration, cautionnée par un aval obtenu la veille (19/08) du CPS de l’UA et du CS des NU !
Ensuite, les 12 mesures qui ont été prises varient entre condamnation du putsch, dénégation d’une quelconque légitimité des putschistes, exigence de libération et de protection d’IBK et officiels arrêtés (compréhensible), rétablissement d’IBK dans sa fonction (irréaliste), suspension du Mali des organes décisionnels de la CEDEAO (préventif), fermetures des frontières (avec quelques exceptions sur des produits, obtenues par le Président Sall), sanctions envers les putschistes, leurs partenaires et leurs collaborateurs (habituel).
En tout état de cause, il convient de noter la double dimension africaine et stratégique du traitement de la crise malienne dans un contexte de tous les dangers.
Quelle lecture pour l’Afrique ?
La plupart des dirigeants africains se forgent une légitimité en trompant le peuple. Très souvent, cela se passe devant l’impuissance ou avec la complicité de la communauté internationale qui, lors des élections supervisées, se satisfait de porter des réserves sur uniquement les faits majeurs et flagrants, tout en fermer les yeux sur la fraude juridiquement encadrée par une légalité illégitime. Cela passe souvent par la manipulation, la corruption camouflée des peuples affamés et illettrés, le brandissement de menaces pour baisser la participation dans certaines zones incertaines, l’annulation de bureaux de vote défavorables, les ordonnances, etc. C’est ainsi qu’on peut s’appuyer sur des instruments légaux pour s'asseoir illégitimement sur un fauteuil en paille dans une découverte pluvieuse. Et pourtant pendant ce temps, on percevait encore en Afrique des signes distinctifs comparables à ceux annonciateurs de la pathologie malienne. Les derniers en date sont les cas du Tchad et de la Guinée. Sans y revenir en détail, nous sommes en effet interpellés par les ruptures abusives de contrats sociaux avec les peuples. Qu’elles soient effectives, en cours ou en perspectives, elles sont de nature à écarter l’Afrique de sa voie vers la stabilité nécessaire à son union, unique gage de son développement.
C’est manquer d’humilité que de penser que personne parmi ses collaborateurs n’est en mesure de porter un flambeau pour poursuivre un travail bien entamé. Or Dieu a mis a nos cotés tellement d’hommes et de femmes qui auraient même fait mieux mais qui ont préféré l’humilité et la discipline pour contribuer au travail collectif. Savoir passer le bâton du relai au bon moment est l’un des signes distinctifs des bons leaders.
Marrons au feu comme cadeau de nouvel an ?
A peine sortis des souhaits du nouvel an, voilà que nous posons des actes allant dans le sens contraire des vœux pieux formulés pour une Afrique meilleure. C’est cela la responsabilité de l'homme dans tout ce qui lui arrive : prier pour arriver au point A et poser des pas vers un autre point B opposé.
En effet, à l’issue de la rencontre d’ACCRA du 9 janvier 2022, les chefs d’états de la CEDEAO ont décidés de sanctions supplémentaires qui comprennent, entre autres :
a) Fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali ;
b) Suspension de toutes les transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et Mali, à l'exception des produits suivants : biens de consommation essentiels ; produits pharmaceutiques; les fournitures et équipements médicaux, y compris le matériel pour le contrôle du COVID-19 ; produits pétroliers et électricité;
c) Gel des avoirs de la République du Mali dans les Banques Centrales et Commerciales de la CEDEAO ;
d) Suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la CEDEAO (BIDC et BOAD).
Ces sanctions seront appliquées immédiatement et resteront en vigueur. Les sanctions ne seront progressivement levées qu'après la finalisation d'un chronogramme acceptable et convenu et le suivi de progrès satisfaisants réalisés dans la mise en œuvre du chronogramme des élections.
9. Par ailleurs, compte tenu de l'impact potentiellement déstabilisateur sur le Mali et sur la région, créé par cette transition au Mali, l'Autorité décide d'activer immédiatement la Force en Attente de la CEDEAO, qui devra être prête à toute éventualité.
10. La Conférence appelle l'Union africaine, les Nations Unies et les autres partenaires à soutenir le processus d'application de ces sanctions et à continuer d'apporter leur soutien à une transition politique acceptable.
11. Malgré le démenti du gouvernement de transition malien, l'Autorité reste profondément préoccupée par le rapport cohérent sur le déploiement d'agents de sécurité privée au Mali avec son impact potentiellement déstabilisateur sur la région de l'Afrique de l'Ouest. L'Autorité note que cette situation est étroitement liée à la transition politique au point mort dans le pays.
12. Les chefs d'État et de gouvernement expriment leur profonde gratitude à S. Exc. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président de la République du Ghana et Président de l'Autorité des chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO, pour son leadership dans la réussite du Sommet.
Fait à Accra, ce 9 janvier 2022”
Que nous inspire ces nouvelles dispositions ?
Elles appellent de notre part deux observations ci-après. Les alinéas a, b et c du point 8 ont une forte corrélation. En effet, les exceptions relevées au point “b” portant sur des produits vitaux exclus des interdictions de transaction, ont besoin pour la mise en œuvre de leur fourniture, de la levée aussi bien des contraintes relevant du point “a” - donc la réouverture des frontières afin que les acteurs puissent se déplacer dans les deux sens, que celle du point “c” portant gel des avoirs de la République du mali, pour qu’Elle puisse opérer ses transactions pour rendre disponibles les produits vitaux cités.
Quant au point 9, il ressemble plutôt à une pseudo déclaration de guerre. Ces muscles bandés contre un peuple souverain auraient pu être mieux utilisés pour freiner les ambitions rebelles des fauteurs de troubles au Nord Mali et de leurs complices tapis dans l'ombre d'une coopération léonienne. Qui plus est, les insinuations relevées au point 11 sonnent comme une bouée de secours envers la politique française dans sa guerre de positionnement stratégique visant clairement à empêcher un choix stratégique d’un pays souverain.
Quels enjeux stratégiques pour le Sénégal ?
Au regard des menaces qui guettent le Mali et ses voisins dont nous faisons partie, il est important pour le Sénégal, d’éviter au Mali l’isolement et l’étouffement que provoqueraient ces embargos internationaux et la fermeture des canaux entre le Port Autonome de Dakar (PAD) et le Mali. Première observation : la mitoyenneté fait du Sénégal un magasin tampon ou de transit pour le Mali en raison de l’importance des flux commerciaux livrés au PAD et acheminés par voie terrestre vers notre voisin. La conséquence d’ordre sécuritaire est le stockage de longue durée de marchandises qualifiées dangereuses par la réglementation sur les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) et destinées aux pays voisins. L’explosion au port de Beyrouth au Liban est encore fraîche dans nos mémoires. Au-delà de la nécessaire circulation des intrants générateurs de flux financiers, nous avons tout intérêt à évacuer nos stocks.
Deuxième observation : Nécessité de vigilance sur les voies terrestres. Il faut particulièrement que le Sénégal, à travers son Programme d'Urgence de Modernisation des Axes routiers (PUMA), multiplie le renforcement des moyens aux frontières terrestres en les équipant de portiques rayon X à grande ouverture pour assurer une fouille électronique de masse au flux important de véhicules passant nos frontières une fois qu’elles sont ouvertes.
Troisième observation : L’asphyxie du Mali pourrait également profiter aux réseaux de trafic terrestres clandestins des pays voisins au détriment du PAD. Ces nouvelles voies de substitution risquent d’être un premier choix compétitif au retour du fonctionnement normal.
Quatrième observation : L’asphyxie du Mali pourrait fortement aggraver les flux migratoires des personnes démunies vers le Sénégal dans un contexte pandémique de tous les dangers. Les premiers points d’accès seraient, le cas échéant, les contrées du pays où la prise de conscience par rapport à la pandémie est plus faible et où le plateau technique médical est moins relevé.
Ces enjeux économiques, sécuritaires et sanitaires doivent être au centre de nos choix géopolitiques pour un retour de la paix au Mali.
Le Mali est devenu une marmite bouillante au chevet de laquelle le Sénégal se trouve. Elle n’a pas besoin de couvercle. Des manoeuvres inopportunes et égoïstes s'appuyant sur des instruments internationaux avec la complicité de certains dirigeants sous régionaux pour des intérêts inavoués sont en train d'appuyer ce couvercle dont l’éclatement n'épargnera ni le Mali, ni aucun de ses voisins et des ressortissants qu’ils abritent, ni le monde d’ailleurs face à la guerre asymétrique de plus en plus incontrôlable.
TRANSPARENCE ET SINCERITE DU SCRUTIN DU 23 JANVIER, YEWWI PRESSE LE POUVOIR
Les prémisses d’un contentieux pré-électoral seraient-elles en train de prendre corps à la veille des élections municipales et départementales de dimanche prochain ?
Le vieux débat sur la transparence et la sincérité du scrutin, qui a toujours accompagné les joutes électorales au Sénégal, est en passe de rejaillir à quelques encablures du vote du 23 janvier. Et pour cause, la coalition Yewwi Askan Wi de Khalifa Sall, Ousmane Sonko, Malick Gakou et cie est montée au créneau pour prévenir et dénoncer à l’avance toute forme de « détournement » des suffrages. Histoire de mettre la pression sur le pouvoir en place alors même que la Cena s’investit à enrôler 20000 personnes pour superviser le vote dans les bureaux et lieux de vote dans tout le Sénégal.
Les prémisses d’un contentieux pré-électoral seraient-elles en train de prendre corps à la veille des élections municipales et départementales de dimanche prochain ? En tout cas, tout porte à le faire croire avec le coup de semonce envoyé par la coalition Yewwi Askan Wi, principale place forte de l’opposition au Sénégal, sur la transparence et la sincérité du scrutin local. En meeting de clôture de sa campagne électorale dans le département de Dakar, la coalition dirigée par Khalifa Sall, l’ex-maire de Dakar, le député Ousmane Sonko, l’ancien ministre progressiste du Commerce Malick Gakou et d’autres leaders de l’opposition, a tenu à adresser un ferme avertissement à «Monsieur Elections» et au pouvoir qu’il représente. Du coup, le vieux débat sur la transparence et la sincérité des résultats devant sanctionner le scrutin, qui a toujours accompagné les joutes électorales au Sénégal, émergeait à quelques encablures du vote du 23 janvier.
Du haut de leur tribune, lors de ce meeting de clôture organisé aux Parcelles assainies, les leaders de Yewwi Askan Wi se sont succédé au micro pour faire montre de leur pugnacité à défendre les résultats du scrutin, tout en indexant une prétendue volonté du pouvoir en place de travestir le vote des suffragants.
A l’instar du mandataire national de Yewwi, le député Déthié Fall, qui a indiqué sans fioritures, en pointant du doigt les tenants du pouvoir. Aussi dira-t-il : «Ils vont tout faire pour brouiller les urnes, mais nous ferons face». Selon le mandataire national de YAW, le pouvoir en place serait en train de peaufiner des stratégies pour brouiller le vote des électeurs à Dakar et dans certaines localités du pays. Et de dire : « J’en appelle à la responsabilité de tous les leaders qui seront déployés dans les bureaux de vote pour sécuriser le scrutin ». Abondant dans le même sens, le leader de Pastef-Les Patriotes Ousmane Sonko montera lui-aussi au créneau pour appeler les militants et surtout les jeunes à l’action : «…Soyez prêts à sécuriser les résultats de votre victoire, de votre peuple, nos efforts ne doivent pas être vains. Que Macky Sall ne vole notre victoire ».
Ni Khalifa Sall, l’ex-maire révoqué de Dakar, ni son poulain Barthélémy Dias, tête de liste de la coalition Yaw pour la mairie de la capitale sénégalaise, ne varieront dans le langage pour prévenir contre toute tentative de fraude lors du scrutin d’après-demain, dimanche. Allant même plus loin, le tonitruant maire sortant de Mermoz Sacré Cœur se montrera catégorique : « Soit à 22 heures, je serais dans mon bureau en tant que maire de Dakar, soit je serais en prison et je ne compte pas y aller ». Et de poursuivre : « Dimanche tout sera clair. J’ai des informations certaines qu’ils veulent confisquer les élections, mais je leur donne rendez-vous dimanche. Car il n’est pas question d’attendre la publication des résultats préfabriqués ».
Du coup, Barthélémy Dias prenait date lors de ce meeting de clôture de Yewwi Askan Wi. C’est dire à quel point les conditions du contentieux post-électoral se mettent subrepticement en place pour le scrutin de ce 23 janvier. Alors même que la Commission électorale nationale autonome (Cena) dirigée par l’ancien magistrat Doudou Ndir s’investit à recruter près de 20000 accompagnants pour contrôler et superviser le vote dans les différents bureaux et centres de vote disséminés dans tout le Sénégal. Histoire de matérialiser à son niveau la transparence et la sincérité du scrutin municipal et départemental de dimanche prochain.