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19 juin 2025
POSE DE LA PREMIÈRE PIERRE DU PORT MULTIFONCTIONNEL DE NDAYANE
Le président de la République a procédé lundi à la pose de la première pierre du port multifonctionnel de Ndayane (ouest), destiné à décongestionner celui de Dakar.
Le président de la République a procédé lundi à la pose de la première pierre du port multifonctionnel de Ndayane (ouest), destiné à décongestionner celui de Dakar.
Les travaux de cette infrastructure portuaire d’une superficie 1.200 hectares vont se dérouler en deux phases, pour un investissement tournant autour de 3.000 milliards de francs CFA, indique un dossier de presse du projet.
La cérémonie de lancement des travaux s’est déroulée en présence du directeur général du Port autonome de Dakar, Ababacar Sédikh Bèye, et du président-directeur général DP World, Sultan Ahmed bin Sulayem.
Etaient également présents des maires des communes de Ndayane, localité voisine de Popenguine, dans la région de Thiès (ouest), ainsi qu’une forte délégation malienne.
La commune de Ndayane est située sur la Petite-Côte, entre Diass (Mbour), Toubab Dialao et Yène (département de Rufisque).
‘’Avec ce port, nous allons relever trois défis’’, dont celui de ‘’décongestionner le port de Dakar et ses environs’’. Il va servir aussi à ‘’donner une impulsion’’ au transport de marchandises, ‘’qui ne cesse d’argumenter à l’échelle mondiale’’, a dit Macky Sall.
Le port de Dakar capte ‘’95 % des échanges commerciaux du Sénégal, mais aussi 80 % des hydrocarbures et 65 % des autres trafics du Mali’’, a indiqué Macky Sall dans le même dossier de presse.
Selon le chef de l’Etat, le futur port de Ndayane va aider à développer la logistique et le fret maritime au Sénégal.
L’Etat du Sénégal est actionnaire de la société chargée de la gestion du terminal à conteneurs du port. "Nous en sommes actionnaires à 40 %, et DP World à 60 %’’, a-t-il précisé.
‘’Au moins 25.000 emplois seront créés dans cette zone, dans un premier temps. Sur les deux phases, il est envisagé la création de 100.000 à 250.000 emplois à long terme’’, indique le dossier de presse du projet.
La première partie des travaux, prévue au cours du premier trimestre de 2022, va s’étendre sur 300 hectares, une superficie prenant en compte la partie réservée au terminal à conteneurs, selon le même document.
Il affirme que les études sont bouclées, ceux des travaux en zone militaire notamment, y compris tout ce qui concerne le tracé des routes.
‘’La première phase, d’un coût de 448 milliards de francs CFA, sera réalisée par la même entreprise, DP World. En plus du terminal à conteneurs de 300 hectares, elle comprendra un chenal maritime de 5 km et la construction d’une profondeur de 18 m dimensionnée pour accueillir des post-Panamax et des navires de 336 m de long’’, lit-on dans le dossier de presse.
La deuxième phase des travaux va coûter près de 169 milliards de francs CFA. Elle comprend un deuxième quai de 410 m et le dragage supplémentaire du chenal marin, selon la même source.
La mise en service de cette infrastructure permettra de traiter des navires de 400 m de long, poursuit-elle, notant qu’avec sa livraison, ‘’de nouvelles liaisons routières et ferroviaires relieront le port de Dakar au réseau de transport régional’’.
Le Sénégal compte sur ce port multifonctionnel pour se doter d’une plateforme portuaire et logistique permettant de faire face aux nouvelles exigences du transport maritime.
La société DP World, en ce qui la concerne, ambitionne de faire de Ndayane ‘’une version africaine délocalisée du port de Jebel Ali, qui est devenu le premier port en eau profonde du golfe Persique et le deuxième port commercial du monde’’.
West Africa Network for Peacebuilding (Wanep - Réseau ouest-africain pour la consolidation de la paix) mettra à la disposition du Sénégal, pour les joutes locales, 100 observateurs, 70 agents des Groupes régionaux de réponses (G2R) et 60 moniteurs
Lors des prochaines élections locales, l’ONG Wanep va déployer sur, le territoire national, 100 observateurs, 70 agents des Groupes régionaux de réponses (G2R) et 60 moniteurs. Ils vont jouer le rôle d’alerte de veille et de solution, de concert avec les FDS, l’autorité administrative et la société civile.
Pour contribuer à la réduction de la violence électorale au Sénégal, le West Africa Network for Peacebuilding (Wanep - Réseau ouest-africain pour la consolidation de la paix) va mettre à la disposition du Sénégal, lors des prochaines joutes locales, 100 observateurs, 70 agents des Groupes régionaux de réponses (G2R) et 60 moniteurs. Ils seront déployés sur le terrain, la veille, le jour J et le lendemain des élections locales.
Selon le coordinateur de Wanep/Sénégal, ils auront pour objectif principal de lutter contre les violences physiques et les destructions de biens, les violences verbales ou morales, les comportements non conformes aux règles et principes de bonne gouvernance, et autres irrégularités.
D’après Alfred Gomis, ils veilleront aussi au suivi des indicateurs de monitoring de la violence électorale, à la soumission de rapport dans la plateforme et au déploiement, environ 30 jours avant le scrutin. Il renseigne que les Groupes régionaux de réponses (G2R) seront composés d’autorités administratives, de forces de défense et de sécurité (FDS), d’organisations de la société civile, de leaders communautaires et d’opinion, et vont donner des réponses stratégiques d’atténuation ou de prévention de menaces de violences identifiées dans leurs localités.
‘’Avec ce programme, Wanep veut accompagner l’organisation d’élections apaisées, avec la mise en action d’un certain nombre d’outils qu’il a développés à travers les pays d’Afrique de l’Ouest. Ainsi, s’adaptant au type d’élection, Wanep/Sénégal met en place un Groupe régional de réponses (G2R) dans chaque capitale régionale. Un G2R est une plate-forme d'acteurs majeurs et avisés qui proposeront aux structures concernées des recommandations relatives aux risques et menaces identifiés au cours du processus électoral’’, explique Alfred Gomis.
Il renseigne que ce groupe de réponse de veille tiendra plusieurs sessions de travail, afin d’analyser les rapports d’alerte précoce qui lui seront soumis par les moniteurs terrains du système d’alerte précoce de Wanep/Sénégal déployés dans le territoire régional.
‘’Toutefois, en dépit des avancées majeures en matière de démocratie, le Sénégal n’échappe pas aux démons de la division, surtout en période électorale. Autrement dit, les élections engendrent des conflits et de la violence, allant même jusqu’à déstabiliser l’ordre social et les efforts visant à consolider la paix et la stabilité du pays’’, prévient-il.
Car, ajoute-t-il, les processus électoraux, dans le pays, ont souvent été des cadres d’expression ou d’exacerbation de la violence sous des formes verbales et/ou physiques, ayant le plus souvent des jeunes comme auteurs et victimes, avec pour conséquence la destruction des biens privés et publics, les blessés, les pertes en vies humaines.
Il en veut pour preuve les élections locales de 2014 qui ont été émaillées de violence avec environ 30 blessés ou encore l’élection présidentielle de 2019 qui a fait deux morts et plusieurs blessés.
Ainsi, Wanep a mis en œuvre le projet ‘’Suivi analyse et atténuation de la violence électorale (E-Mam)’’, pour participer, aux côtés de tous les acteurs impliqués, à l’organisation une élection apaisée et paisible sur le plan politique. Dans la mesure où les résultats ‘’mitigés’’ du dialogue politique initié par le président de la République, au lendemain de sa victoire en 2019, après une élection marquée par des rapports tendus entre le pouvoir et l'opposition. De même, le spectre d’un troisième mandat qui hante toujours les Sénégal, à ses yeux, n’ont pas pacifié l’espace politique.
COMMERCIALISATION PRODUITS AGRICOLES, LA FIN DU BRADAGE A DIOURBEL
Les producteurs n’auront plus à brader leurs récoltes, à cause d’un manque d’infrastructures pour les garder en toute sécurité.
La région de Diourbel a reçu son récépissé d’entrepôt. L’idée est de ne plus avoir de perte post-récolte et de stocker les produits dans un endroit sûr.
Les producteurs n’auront plus à brader leurs récoltes, à cause d’un manque d’infrastructures pour les garder en toute sécurité. La révélation a été faite, hier, par Omar Ndiaye, adjoint au gouverneur chargé des Affaires administratives qui présidait la cérémonie de remise du récépissé d’entrepôt de Diourbel, dans le cadre du financement de l'arachide. ‘’Le récépissé d'entrepôt, c'est un jargon nouveau ici à Diourbel, qui est mis en place par le président de la République, Macky Sall, dans sa vision d'aider et de rendre autonome l'agriculteur sénégalais. Nous savons que Diourbel est une région rurale, agricole’’, a-t-il dit.
Ce récépissé d’entrepôt vient pallier un manquement, parce que la majorité des points de collecte ne fonctionne pas. Et cette non-fonctionnalité crée des difficultés aux agriculteurs, parce qu'ils n'ont pas où stocker. Ce qui fait qu’ils bazardaient leurs produits au niveau des marchés hebdomadaires.
Pour y mettre fin, l'Etat a mis en place un système de récépissé d'entreposage, pour permettre aux agriculteurs et aux producteurs de venir stocker leurs récoltes, en attendant des lendemains meilleurs.
Le gouverneur adjoint : ‘’Je crois que ça aussi, c'est un autre moyen de combattre ces opérateurs véreux qui ne respectent pas les prix-plancher fixés par l'Etat. Ça permettra à l'agriculteur d'être hors de danger par rapport à ces spéculateurs véreux. Nous savons tous qu'il y a certains qui ne respectent pas les prix-plancher dans le domaine de l'arachide fixés par l'Etat qui est 250 F CFA le kilogramme. Nous sommes en train de les combattre’’.
Auparavant, Idrissa Junior Diallo, le directeur général de l'Organe de régulation du système de récépissé d'entrepôt de marchandise au Sénégal (ORSRE), avait décliné l’objet de leur présence à Kadam. ‘’Nous sommes là, aujourd'hui, pour lancer les travaux de premier récépissé d'entrepôt de marchandise délivré dans le cadre du projet pilote qu'on organise pour la commercialisation de l'arachide. Le récépissé d'entrepôt vient éviter aux producteurs de brader leurs cultures, mais aussi, il vient résoudre leurs besoins en ressource financière dans des moments difficiles. Aujourd'hui, le producteur disposant de son stock, dispose de sa propre garantie. Nous mettons à leur disposition des entrepôts agréés. Et une fois que le stock est enregistré, le producteur reçoit son récépissé. Et celui qui délivre le récépissé d'entrepôt est une entreprise spécialisée dans la gestion des stocks qui garantit tout dégât du stock, en cas de vol ou de détérioration, en cas d'incendie. Si le producteur dépose là-bas, il n'a plus aucune crainte. La banque partenaire, quand elle reçoit le récépissé, elle a l'obligation de financer le déposant, dans les 48 heures’’, explique Idriss Diallo Junior.
Pour le moment, le comité chargé de valider les récépissés d’entrepôt a agréé 12 entrepôts dont les 9 sont installés au niveau de la région de Diourbel. L’entrepôt a une capacité de plus de 200 tonnes. L'avantage, c'est d'éviter tout ce qui est perte post-récolte, parce que le produit est stocké dans un endroit sûr. Il permet aussi de protéger, car il est constaté, d’après Idriss Diallo Junior, ‘’avec l'arrivée des étrangers, chacun est tenté de vendre même le capital semencier. Le Sénégal risque de ne pas avoir de capital semencier, surtout en termes d'arachide. C'est un système qui vient sécuriser. Il y a des polices d'assurance dans tous les entrepôts de stock. Les taux de remboursement tournent autour de 7 et 10 % au maximum. Toutes les spéculations concernent l'arachide, le mil, le niébé et le maïs’’.
Pour rappel, le récépissé d’entrepôt est un document ou un titre de propriété, au regard de la loi 2017-29 du décret d'application 2020-729 qui est un titre de créance. Il est venu pour soulager les producteurs dans la façon de commercialiser des produits. Il est appelé à être un instrument de crédit et de garantie à la disposition de tout utilisateur du système de récépissé d’entrepôt. Ce dernier vise, notamment, à instaurer un marché performant et résilient de récépissés d’entrepôt de marchandises pour rendre plus dynamiques l’économie et les échanges, contrairement au récépissé-warrant du Code des obligations civiles et commerciales du Sénégal, aujourd’hui tombé en désuétude dans la pratique des affaires.
Il vise, aussi, à créer, pour les producteurs, un moyen innovant d’accès aux financements des établissements de crédit et des systèmes financiers décentralisés, à l’image de la lettre de change, du billet à ordre ou du bordereau de gage de stocks, à servir également, de sûreté aux fins de garantir les financements accordés, à favoriser la mise en place, au niveau national, d’entrepôts de marchandises de toute nature, répondant aux standards internationaux et à professionnaliser la fonction d’entreposeur au Sénégal.
« NOUS POUVONS DIRE QUE NOUS SOMMES LA PREMIÈRE FINTECH DU SÉNÉGAL »
Wave a fini de s’imposer comme un service financier mobile de référence. Dans cet entretien, son général manager au Sénégal revient sur le chemin parcouru, les défis à relever et les perspectives qui s’ouvrent devant la fintech
Wave a fini de s’imposer comme un service financier mobile de référence. Dans cet entretien, son général manager au Sénégal revient sur le chemin parcouru, les défis à relever et les perspectives qui s’ouvrent devant la fintech. Coura Sène aborde aussi les questions que charrie la marche en avant de la fintech, notamment, la concurrence, les accusations de dumping, l’écosystème du transfert d’argent…
Wave est comme une invitée surprise du monde de la monnaie électronique. Comment l’idée de mettre en place une plateforme qui a aujourd’hui autant de succès est-elle née ?
Wave est née de la volonté de proposer des services financiers mobiles modernes et abordables aux populations africaines. En 2017, avant le lancement de Wave, plus de la moitié de la population de l’Afrique subsaharienne était encore non bancarisée. Par exemple, au Sénégal, pays où Wave a démarré ses opérations, il y a bientôt 4 ans, le taux de bancarisation strict se situait autour de 20 % et il est depuis lors relativement stable. En plus des banques, beaucoup d’autres acteurs proposaient des services financiers basés sur le mobile, mais nous avions identifié beaucoup de barrières qui freinaient leur utilisation.
Nous avons donc résolument décidé de contribuer à faire de l’inclusion financière une réalité pour tous, en maximisant les opportunités offertes par la réglementation et la technologie pour proposer des services financiers simples à utiliser et radicalement inclusifs, avec trois valeurs phares : une expérience client optimisée grâce à la technologie, des tarifs les plus bas possibles et un service client sur-mesure.
Aujourd’hui, nous pouvons tous constater la contribution significative de Wave en termes d’usage par la grande adoption de ses services financiers par les Sénégalais.
Comment évaluez-vous le chemin parcouru jusque-là, en termes de chiffres, mais aussi d’avenir prévisible en termes de croissance ?
Nous sommes fiers du chemin parcouru aussi bien au Sénégal que dans la sous-région. Nous pouvons dire que nous sommes la première fintech du Sénégal, en termes de nombre de clients actifs, de nombre de transactions et de nombre de salariés. En termes de chiffres, nous sommes passés de zéro à plus de la moitié de la population adulte au Sénégal qui utilise nos services au moins une fois par mois. Nous leur facilitons la vie en leur permettant de transférer de l’argent à leurs proches à moindres frais et de faire leurs paiements de factures et leurs achats gratuitement.
Notre réseau d’agents au Sénégal est composé de plus de 14 000 partenaires, majoritairement opérateurs économiques individuels qui perçoivent des rémunérations très intéressantes, grâce au grand dynamisme de notre produit.
Wave emploie près de 700 jeunes Sénégalais en contrat permanent direct et plus de 1 200 de manière indirecte. Ces chiffres, après seulement 4 ans d’exercice, prouvent que Wave a déjà une forte empreinte dans l’économie sénégalaise et qu’elle est appelée à être l’une des plus grandes entreprises du Sénégal.
La récente levée de fonds de 200 millions de dollars effectuée en juillet dernier auprès d’investisseurs de renommée internationale, a été une reconnaissance de la qualité du chemin parcouru et un ticket pour nous permettre de consolider nos opérations au Sénégal et de les étendre à tous les pays de la sous-région. Aujourd’hui, nous sommes également présents en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso et en Ouganda.
Qu’est-ce que votre fintech apporte réellement de nouveau ?
Notre fintech Wave opère en partenariat avec les banques UBA et Ecobank au Sénégal et propose, comme toute autre fintech, des services financiers basés sur le téléphone mobile. En cela, elle n’a donc rien d’exceptionnel et s’inscrit dans un cadre réglementaire bien défini par la Banque centrale.
Cependant, on peut affirmer, sans l’ombre d’un doute, que le succès de Wave est venu du fait qu’elle a su apporter des innovations majeures dans la façon dont ses services financiers sont proposés aux Sénégalais.
Nous proposons la même chose, mais nous le faisons différemment ! Je dirai également que nous le faisons avec plus de simplicité et de facilité pour le client. Nous sommes véritablement une fintech, c’est-à-dire une entreprise technologique qui utilise le pouvoir de la technologie pour simplifier les parcours et l’expérience client.
Comme autre nouveauté, nous avons contribué avec fierté à remettre l’inclusion financière au cœur des stratégies de tous les acteurs de la monnaie électronique. En effet, le tarif est un élément clé de l’inclusion financière et de la digitalisation des paiements. Lorsqu’il est élevé, il constitue un frein et une incitation à la poursuite de l’utilisation du cash.
Nos tarifs très compétitifs et radicalement inclusifs nous ont permis de réduire fortement l’utilisation du cash dans des pans entiers de l’économie, en permettant à des opérateurs économiques de la pêche et de l’agriculture, par exemple, de privilégier l’utilisation à moindres frais de nos services au lieu du cash.
Wave est solidement ancrée au niveau de tous les quais de pêche du Sénégal, de Nguet-Ndar au Nord à Kafountine au Sud et sur tous les grands marchés du Sénégal sans oublier les ‘’Loumas’’, marchés hebdomadaires, dans les zones reculées.
A la différence de ses prédécesseurs, Wave a pénétré le Sénégal de l’intérieur, en donnant la priorité aux exclus des services financiers classiques et a d’abord été le partenaire des opérateurs économiques, en les aidant à digitaliser leurs transactions.
Max Cuvellier, responsable du développement du mobile à la GSM Association, évalue le marché des comptes actifs à près de 40 millions, alors que le secteur ne cesse de croître dans la zone de l’UEMOA. Cette rapidité de croissance est-elle source de nouvelles opportunités ou de nouvelles menaces à venir ?
La forte croissance dans le secteur du mobile est bien sûr source de nouvelles opportunités pour une fintech comme Wave dont l’objectif est d’inclure financièrement toutes les populations ; l’opportunité étant de permettre à tous ces détenteurs de comptes mobiles de réaliser des opérations financières avec leur téléphone mobile.
Wave a prouvé sa capacité à créer une croissance rapide et notre succès, notamment l’engagement des utilisateurs, a pu convaincre des investisseurs à faire de Wave la première licorne d’Afrique francophone évaluée aujourd’hui à plus de 1,7 milliard de dollars. Aujourd’hui, à presque seulement 4 ans d’activité, les perspectives de développement sont encore nombreuses et grandes. Il nous reste encore beaucoup de services à développer et beaucoup de personnes à inclure en Afrique subsaharienne.
Ne craignez-vous pas qu’un concurrent de taille ne vienne ravir votre place, si l’on sait bien que le secteur est instable ? Nous pensons, par exemple, à votre aîné Wari qui a été presque effacée de la carte au Sénégal ? Vous préparez-vous à une crise de croissance qui est toujours possible ?
Nous avons une très grande confiance en notre modèle et en notre produit, et nous sommes conscients qu’il y a de la place pour beaucoup d’acteurs. Nous pensons que tant que nous continuerons à proposer les meilleurs services aux clients et tant que nous opérerons en toute conformité avec la réglementation, nous continuerons à être le leader au Sénégal. Dans le domaine de l’innovation technologique et de la transformation digitale, la compétitivité et la possibilité pour de nouveaux entrants d’intégrer un écosystème sont aussi importantes, car elles peuvent permettre de galvaniser la créativité et redynamiser un marché.
Vu notre parcours, le relâchement n’est pas inscrit dans notre ADN et nous restons en contact permanent et à l’écoute de nos clients, afin de toujours leur offrir le meilleur.
On vous compare souvent à Orange Money qui est une filiale/société de Telecom avant tout. Une certaine rivalité pour ne pas dire adversité s’est installée. A-t-elle lieu d’être ? Jusqu’où peut-elle aller ?
On a bien raison de nous comparer à Orange Money (OFMS) qui est également une fintech, bien qu’étant la filiale d’une société de Telecom, la Sonatel. Il est normal que des concurrents rivalisent pour offrir le meilleur service à leurs clients. Cependant, cette rivalité doit rester équitable et conforme aux règles de non-concurrence déloyale.
La question de l’accès aux ressources de télécommunications pour toutes les fintechs, qu’elles soient filiales d’opérateurs de téléphonie ou pas, est une question capitale. Une fintech a, par exemple, besoin d’envoyer des sms à ses clients pour la notification des transactions ; elle a le devoir de mettre en place un service client accessible gratuitement par le client final pour ses réclamations. Les questions à se poser sont les suivantes : toutes les fintechs ont-elles un accès équitable à ces ressources télécoms ? A quels prix y ont-elles accès ? Ces prix sont-ils alignés avec ceux supportés par les fintechs filiales de société télécom ? Y a-t-il, de ce fait, une concurrence saine et équitable pour offrir les meilleurs services financiers aux Sénégalais ? Une startup à 100 % locale a-t-elle les mêmes chances de réussir ? N’est-elle pas freinée par des conditions et des coûts télécom prohibitifs ?
On reproche souvent à Orange sa filiation française. Qu’est-ce qui explique qu’on ne vous fasse pas le même reproche, quand on sait que Wave, même enregistrée à Dakar en 2016, est une startup américaine créée en 2011 par Drew Durbin et Lincoln Quirk ?
Drew et Lincoln ont créé Sendwave, leur première startup en 2011, spécialisée dans les transferts d’argent internationaux des USA vers l’Afrique de l’Est. Elle appartient désormais au groupe World Remit, un acteur majeur des transferts financiers internationaux. Soucieux de contribuer au développement des services financiers à l’intérieur de l’Afrique, ils ont créé Wave en 2016 à Dakar.
Cependant, Wave Mobile Money est une société de droit privé sénégalais, enregistrée au Sénégal, dirigée par une Sénégalaise, avec plus de 700 salariés sénégalais sur les près de 1 600 salariés majoritairement africains répartis sur les 5 continents, dont 90 % en Afrique.
Les clients de Wave et ses partenaires sont sénégalais et Wave paye ses impôts et taxes au Sénégal. Les banques partenaires de Wave sont deux des plus grandes banques panafricaines. Les équipes de Wave sont également très proches des clients et la solution que propose Wave a été conçue au Sénégal, avec des Sénégalais et pour des Sénégalais, donc complètement adaptée à nos besoins. Les Sénégalais se sont donc approprié le produit Wave et en ont fait leur allié au quotidien.
Aujourd’hui, Wave opère dans plusieurs autres pays en Afrique, en plus du Sénégal : Côte d’Ivoire, Mali, Burkina, Ouganda, entre autres. Wave est fière de ce chemin parcouru depuis Dakar, avec l’appui de fondateurs américains, mais aussi de collaborateurs de l’Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda, etc.) ayant non seulement la capacité de mobiliser des fonds à l’international, mais apportant également une vision futuriste du paiement en Afrique de l’Ouest et une technologie digne des standards internationaux.
On vous accuse de fragiliser l’écosystème du transfert d’argent, de faire perdre des emplois à de jeunes Sénégalais travaillant pour le compte d’Orange Money. D’user de méthodes qui s’apparentent à du dumping. Que répondez-vous à ces critiques ?
Vous comprendrez aisément que nous ne pouvons nous attarder sur ces accusations. Chaque entreprise est responsable de la préservation des emplois qu’elle a elle-même créés.
Wave est en train de créer des milliers d’emplois directs et indirects au Sénégal et continuera à en créer. Wave a un réseau fort de plus de 14 000 partenaires prestataires de services pour les opérations de dépôt et de retrait d’argent à travers le Sénégal. Donc, nous participons non seulement à la création d’emplois, mais nous contribuons également à la création de nouveaux revenus pour des entrepreneurs et autoentrepreneurs à travers notre réseau d’agents.
Cela constitue autant d’apports à l’écosystème des services financiers mobiles qu’il ne faudrait pas réduire qu’au transfert d’argent qui est tout simplement un service.
A ceux qui parlent de dumping, je les invite à constater l’alignement des tarifs de nos grands concurrents sur notre modèle économique, et je les invite surtout à essayer de comprendre le succès de Wave au-delà des tarifs bas qui sont - je le répète - une condition indispensable à une véritable inclusion financière.
En même temps, beaucoup de Sénégalais disent vouloir créer des points Wave, mais ont des problèmes pour le faire. Qu’est-ce qui bloque réellement ?
Nous avons déjà un réseau de plus de 14 000 points Wave à travers le Sénégal. Afin de garantir la sécurité des transactions pour nos clients et la rentabilité de nos partenaires prestataires de services qui investissent leur propre fonds dans la distribution des services financiers Wave, une certaine rigueur s’impose.
D’une part, nous avons un devoir de supervision de notre réseau de distribution, car il ne s’agit pas de n’importe quelle activité, mais de transactions financières. Notre activité est fortement régulée avec des exigences fortes en matière de contrôle de nos partenaires qui agissent pour notre compte. Il est donc aisé de comprendre que nous devons être rigoureux dans leur choix et dans leur nombre.
D’autre part, nous ne pouvons pas submerger le marché sénégalais de plus de points Wave qu’il n’en faut, au risque de dévaloriser la rentabilité de nos partenaires actuels. Nous avons un devoir de leur assurer un revenu leur permettant de faire face à leurs charges et d’être des opérateurs économiques performants et rentables.
Nous prenons donc en compte l’intérêt et le confort du client, mais également les intérêts de nos partenaires tout en restant dans les conditions d’accomplir notre devoir de supervision et de contrôle.
Le terme ‘’agrément’’ est bien connu dans le secteur des services financiers mobiles et cela n’est pas nouveau. Ce sont peut-être nos critères d’octroi qui sont inhabituels pour les Sénégalais, mais tout est fait dans l’intérêt général.
Comment entrevoyez-vous l’avenir du porte-monnaie au Sénégal, avec le développement de plateformes comme la vôtre ?
Nous en sommes juste à la première génération des services financiers qu’on peut qualifier de basique : transférer de l’argent, payer ses factures et acheter du crédit téléphonique. Dans un premier temps, l’avenir est le déploiement du paiement électronique un peu partout, tout en gardant notre vision de toujours participer à inclure financièrement tout le monde.
Dans un second temps, il y a les produits dits de seconde génération que sont les services d’épargne et de crédit à offrir en collaboration avec des institutions financières.
Vous voyez donc que les perspectives sont nombreuses et que tout un chacun qui en a la volonté peut jouer un rôle dans l’inclusion financière des millions de Sénégalais et d’Africains.
Vous êtes une femme jeune et vous dirigez l’une des plus importantes startups de la sous-région. Quel est le moteur qui vous pousse de l’avant ? D’où venez-vous ?
Je suis sénégalaise, de formation scientifique, ingénieure en informatique et statistique. J’ai travaillé pendant plus de 10 ans à l’étranger avant de rentrer au Sénégal, il y a bientôt 10 ans, comme beaucoup d’autres jeunes Sénégalais pour participer au développement de l’Afrique en commençant par mon pays le Sénégal qui m’a tout donné.
Avant de rencontrer Wave, j’ai eu la chance d’accompagner, en tant que consultante, beaucoup d’entreprises sénégalaises, y compris évoluant dans la monnaie électronique. Cela, combiné à mon expérience dans un grand groupe international, m’a donné un profil généraliste qui me permet d’être à l’aise dans mes fonctions actuelles.
Ce qui me motive tous les jours, c’est la conviction que la monnaie électronique est l’une des solutions pour le développement de l’Afrique. Les services financiers mobiles permettent l’accès aux outils technologiques modernes et permettent d’accélérer la digitalisation de nos économies basées sur du cash. L’éducation financière est aussi une des valeurs ajoutées du mobile money, car nos services permettent à nos clients un suivi en toute autonomie de leurs opérations avec une traçabilité indispensable.
J’ai la chance de travailler tous les jours avec des collaborateurs motivés et passionnés par le développement de l’Afrique. Nous sommes jeunes, nous sommes dynamiques, passionnés et compétents. Nous sommes à plus de 45 % de femmes en fonction des départements, y compris dans les postes de top management et nous voulons tous le meilleur pour nos clients.
Tous ceux qui ont lu et rendu compte de La Plus Sécrète Mémoire des hommes ont omis de signaler que le roman est coédité par Jimsaan au Sénégal. Ce détail interpelle. Il préfigure peut-être l’avenir de la vie littéraire sur le continent
Jeune Afrique |
Boniface Mongo-Mboussa |
Publication 03/01/2022
Du Nobel au Goncourt en passant par le Booker Prize, les écrivains africains ont franchi une étape importante en 2021. Il faut désormais poser les bases d’une véritable politique culturelle continentale.
Nous le savons tous : notre littérature comme notre économie est extravertie. Voilà pourquoi l’on doit se réjouir de cette moisson littéraire inespérée, que vient de récolter notre continent.
Célébrons en premier lieu, l’auteure du Parlement conjugal, la Mozambicaine Paulina Chiziane, lauréate du prix international Camões.
Cette distinction détone pour trois raisons. D’abord, le statut littéraire du Mozambique au sein du continent : excepté Mia Couto, peu de ses écrivains ont réussi à franchir la frontière francophone. Ensuite, le symbole que représente la lauréate : c’est la première fois dans l’espace lusophone qu’une femme reçoit ce prix décerné par la fondation de la bibliothèque nationale du Portugal et le ministère brésilien de la Culture. Enfin, le statut de l’écrivaine qui, à l’instar de la Cap-Verdienne Cesaria Evora, vient de ce que Pierre Michon appelle « une vie minuscule ». Paulina Chiziane n’est pas Chimamanda Ngozi Adichie ni Leonora Miano. Mais son sacre couronne l’ascension fulgurante des romancières africaines au cours de cette décennie. C’est ici l’occasion de regretter la disparition brutale d’un phare, Yvonne Vera.
Anomalie littéraire
Le Nobel a été décerné au Tanzanien Abdulrazack Gurna. Si les cinq lauréats africains de ce graal littéraire sont arabophone – l’Égyptien Naguib Mahfouz – ou anglophones – les Sud-Africains John Maxwell Coetzee et Nadine Gordimer, le Nigérian Wole Soyinka, et Gurna –, l’Afrique francophone n’a pas démérité. La poésie de Tchicaya U Tam’si, malheureux finaliste en 1986 contre Soyinka, aurait mérité le Nobel tout comme l’œuvre romanesque de Ahmadou Kourouma ou de Amadou Hampâté Bâ. Et je ne mentionne même pas ici les Martiniquais Aimé Césaire et Édouard Glissant. Cette anomalie littéraire, qui, je l’espère, pourra être corrigée un jour, invite à l’introspection.
PORT DE NDAYANE, LES CONTOURS D'UN PROJET AMBITIEUX
Cette nouvelle infrastructure portuaire jouera un rôle déterminant dans le décongestionnement du Port Autonome de Dakar (PAD), jusqu’ici principal lieu d’échanges des activités commerciales du pays
La question cruciale de la valorisation de la logistique est au cœur des préoccupations des gouvernants. La logistique constitue, en effet, un enjeu majeur, dans la relance et la compétitivité des économies et cela passe par la construction de ports modernes, répondant aux normes internationales. Voilà entre autres pourquoi les autorités ont pris sur elles la ferme mesure de doter du Sénégal de nouvelles infrastructures portuaires abonnées aux normes et standards internationaux.
C’est dans ce cadre que le Chef de l’État, Macky Sall procède, ce lundi 3 janvier, à la pose de la première pierre des travaux de construction du Port de Ndayane. Cette nouvelle infrastructure portuaire jouera un rôle déterminant dans le décongestionnement du Port Autonome de Dakar (PAD), jusqu’ici principal lieu d’échanges des activités commerciales du pays. Le futur port multifonctionnel de Ndayane; qui va s’étendre sur 1200 ha soit l’équivalent de trois (3) fois de la superficie du Port autonome de Dakar, contribuera à décongestionner significativement celui-ci qui capte actuellement 95% des échanges commerciaux du Sénégal.
Dans sa première phase de construction, il comprendra un terminal à conteneur, un chenal maritime de 5 km et un quai de 840 m, d’une profondeur de 20 m dimensionné et pourra accueillir des navires de 336 m de long.
40 % du capital à l’Etat du Sénégal
La deuxième phase du projet verra la construction d’un quai de 410 m et le dragage supplémentaire du chenal marin. Sa mise en service permettra de traiter des navires de 400 m de long. Cette structure aura donc la capacité d’accueillir les plus grands navires de commerce. Parmi les innovations prévues: dans la construction du nouveau port, sera érigé une zone économique spéciale de 300 hectares.
Situé sur la Petite-Côte au sud de Dakar, le futur port multifonctionnel de Ndayane créera, à coup sûr, de nouvelles liaisons routières et ferroviaires. Selon les estimations, plus de 400 emplois supplémentaires seront créés lors du déménagement du port actuel. La construction proprement dite devrait générer 3 000 emplois.
D’un coût de plus de 1000 milliards, le futur port multifonctionnel sera un « acteur logistique au service des économies ouest-africaines », a faits avoir le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, selon qui, l’Etat du Sénégal va détenir 40 % du capital contre 10% dans le projet initial.
UN TRIBUNAL AFRICAIN POUR JUGER YAHYA JAMMEH ?
La justice gambienne réclame officiellement des poursuites contre l’ancien président. Charge maintenant à Adama Barrow, son successeur tout juste réélu à la tête du pays, de mettre la machine judiciaire en marche
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 03/01/2022
Ses conclusions étaient très attendues. Le 24 décembre, le ministre de la Justice, Dawda Jallow, a rendu public le rapport de la Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC en anglais) et celui-ci resserre encore l’étau autour de Yahya Jammeh. L’autocrate, qui dirigea le pays pendant 22 ans après avoir conquis le pouvoir par un coup d’État, est cité par la justice gambienne comme le responsable de nombreuses exactions commises pendant son régime. Parmi elles, plusieurs crimes contre l’humanité, imprescriptibles.
« L’ampleur des crimes »
Dans ce rapport remis au président Adama Barrow à la veille de l’élection présidentielle du 4 décembre 2021, la TRRC recommande des poursuites à l’encontre du fantasque Jammeh, qui avait mis en place un système autoritaire basé sur la terreur et l’impunité. Aux côtés de près de 70 personnes, dont deux sont aujourd’hui décédées, il est présenté comme le principal responsable de certains crimes commis entre juillet 1994 et janvier 2017. « Avant même de débuter nos enquêtes, nous savions que Jammeh, en sa qualité de dirigeant, était en grande partie responsable des atrocités perpétrées à cette époque, explique le secrétaire exécutif de la TRRC, Baba Galleh Jallow. Mais nous ignorions l’ampleur des crimes en question. »
Après avoir entendu 393 témoins, victimes et ex-membres des escadrons de la mort au cours d’auditions publiques, et au terme de deux ans et demi d’enquête, la commission a conclu que Yahya Jammeh était responsable de détentions extrajudiciaires, d’actes de torture et d’assassinats visant des opposants ou des journalistes. L’ancien président a également été reconnu coupable du viol de plusieurs personnes, dont l’ancienne reine de beauté Fatou « Toufah » Jallow, qui l’avait cité dans son témoignage.
Celui qui se définissait comme un « dictateur du développement », convaincu d’avoir trouvé le remède contre le sida, a aussi été reconnu coupable de la mort de 41 malades ayant reçu un faux traitement contre le VIH – des actes de violences sexuelles faisaient partie de ce « remède miracle ».