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19 juin 2025
TRAIN EXPRESS RÉGIONAL, ENTRE FANTASMES ET RÉALITÉS
Malgré la grande affluence des heures de pointe qui a fini par obliger certains usagers à rebrousser chemin, le TER tient globalement ses promesses, sur le plan de la ponctualité, du confort et de la sécurité.
Malgré la grande affluence des heures de pointe qui a fini par obliger certains usagers à rebrousser chemin, le TER tient globalement ses promesses, sur le plan de la ponctualité, du confort et de la sécurité. Voyage à bord de cette belle infrastructure aux mille et un fantasmes.
Arrêt PNR (passage à niveau de Rufisque). Une discussion intense s’improvise hasardeusement entre une personne du troisième âge et une hôtesse très attentive. ‘’Avez-vous un livre où je pourrais noter mes impressions ?’’, lui lance le vieux d’un air un peu amer. ‘’Bien sûr mon père’’, rétorque la jeune fille très calmement, non sans l’interpeller sur les raisons de son amertume. Alioune Mbengue explique : ‘’Vous vous rendez-compte ! J’ai attendu au niveau de la gare de Rufisque pendant plus de deux heures, parce qu’il y avait du monde. Finalement, mon tour est arrivé et je suis dans le train, mais j’ai été obligé de descendre dès l’arrêt suivant (au PNR), parce que j’étais debout, pour une personne de mon âge. C’est anormal.’’
Après avoir religieusement écouté, de manière très posée et convaincante, le membre de l’accueil présente ses excuses et tente de rassurer le sexagénaire, non seulement par rapport à ses suggestions, mais également par rapport aux différentes offres du TER. Elle explique : ‘’Avec la gratuité, c’est vrai que nous avons été pris d’assaut par un flux important de voyageurs. Ce qui peut provoquer ce genre de situation. Mais, de manière générale, nous avons pris pas mal de dispositions pour faciliter le voyage à certaines personnes comme celles du troisième âge, les personnes enceintes et les personnes à mobilité réduite. Il y a une voiture particulière qui doit leur être réservée.’’
A l’usager qui pensait qu’il n’y aurait que des places assises dans le TER, elle précise : ‘’Le train a effectivement une capacité de 565 places, mais les 180 sont assises. Mais nous permettons aux voyageurs qui le souhaitent d’appeler 48 heures avant, pour faire une réservation. Dans ce cas, le jour du voyage, on va le guider jusqu’à sa place qui lui est garantie.’’ A la fois surpris et rassuré, le vieux remercie son hôte, tout en espérant que la phase commerciale ne sera pas aussi compliquée. Il a quand même insisté sur le livre pour laisser des traces écrites de ses premières impressions, confie-t-il, contraint d’écourter son voyage.
‘’Je n’avais pas le choix ; on était serré les uns contre les autres, pas même d’espace pour respirer. Je ne peux pas aller à Dakar dans ces conditions’’, peste-t-il, non sans saluer le TER, qui impactera positivement la mobilité à Dakar et sa banlieue.
A quelques mètres, l’atmosphère est nettement moins tendue. Face à des visiteurs curieux comme des touristes, l’accueil se montre très disponible et généreux dans les conseils et orientations. Depuis mercredi, il n’y a plus d’enregistrement via la plateforme électronique, pour profiter de la période de Sargal. Les gens arrivent, remplissent les formalités d’usage et se dirigent tranquillement vers l’arrêt pour attendre le prochain train. Nous avons suivi la même procédure.
Après les salutations et questionnements d’usage, une belle et accueillante jeune fille nous tend gracieusement le papier qui sert de QR code et qui doit servir à l’aller. Au retour, il faudra se faire délivrer un autre code, explique-t-elle gentiment, au moment où l’horloge affiche exactement 11 h 11 mn 31s, sous le ciel assez clément de Rufisque.
Le billet en main, il faut emprunter la passerelle pour rejoindre la voie qui mène à Dakar. Sur place, un portique que l’on ne peut traverser qu’avec le QR code, un après un. Si, par précipitation, on utilise son code avant que son prédécesseur ne passe la barrière, on risque de perdre son billet. Mais les ‘’hôtesses-valideuses’’ sont là pour veiller au grain, avec beaucoup de minutie et de gentillesse. A côté, d’autres ne cessent de lancer des alertes, de crier : ‘’Eviter de marcher sur la bande jaune ; Buleen dox ci bande bu jaune bi.’’ A tel enseigne que certains pensent que cette bande à la couleur jaune moutarde couvre une ligne électrique. D’aucuns y allant de leurs certitudes. ‘’Dans certains pays développés, on ne voit même pas ces lignes. C’est vraiment dangereux de laisser ça comme ça…’’, entend-on dans une discussion à la gare de Bargny. D’autres estiment qu’il devrait y avoir plutôt une sorte de petit mur pour qu’au moins, les visiteurs puissent l’éviter’’.
Que nenni, leur fera savoir un membre de l’accueil. ‘’En fait, corrige-t-elle, c’est juste par mesure de précaution. Parce que quand le train roule à vive allure, il est très difficile de s’approcher de cette zone, à cause de la puissance dégagée. Pour le moment, le train n’a pas atteint sa vitesse de croisière ; mais il faut en profiter pour la sensibilisation, pour que les gens prennent les habitudes’’.
Un train passe toutes les 10 minutes
En ce jeudi 30 décembre, les trains arrivent à des intervalles réguliers. Comme promis, toutes les 10 minutes environ, il y en a un qui passe. Il est 11 h passées de 22 minutes au PNR ; un autre se pointe avec nettement plus d’espace que ce que décrivait, il y a à peine 10 minutes, le vieil Alioune Mbengue.
En effet, plus le temps passe, moins il y a de rushs dans les différentes gares et arrêts. Casquette bien vissée sur la tête, Selonin témoigne : ‘’Franchement, je n’ai rien à dire. En sortant de chez moi, je n’avais même pas prévu de prendre le train, parce que je n’avais pas toutes les informations. Mais comme j’ai vu les gens entrer, je les ai suivis. Je viens d’arriver, il y a moins de 10 minutes et j’aperçois déjà le train qui arrive. C’est vraiment très bien. Et puis, les procédures sont très simples, l’accueil est impeccable. Pourvu simplement que ça continue comme ça.’’
A l’intérieur de la rame, l’ambiance est bon enfant. Les gens très relax, détendus. On brandit les téléphones. On fait des selfies, en individuel ou en groupe. Et ça discute surtout des bienfaits du bijou, que certains n’hésitent pas à baptiser ‘’le train Macky Sall’’. Moniteur de sport, Ibrahima Sy, Bargnois, trouvé en First Class, n’espérait pas mieux. ‘’C’est un grand plaisir. Moi, je pensais que c’était un train qui n’a rien de spécial, un train ordinaire comme ce qu’on avait l’habitude de voir. Là, je me rends compte que nous avons un train de la dernière génération. C’est un confort extraordinaire avec la climatisation. C’est rapide, mais surtout, il y a la sécurité’’, se réjouit le Bargnois qui prenait, auparavant, trois bus pour se rendre à son lieu de travail. Il précise : ‘’Je prenais d’abord la ligne 74 pour rallier l’arrêt de la ligne 57 à hauteur de Sococim. Ensuite, je descends à la Patte d’Oie pour poursuivre le trajet jusqu’aux Almadies, avec la 61. Parfois, j’étais contraint de prendre le taxi pour ne pas être en retard. Ce qui coûtait excessivement cher, sans parler des heures perdues.’’
Avec le TER, renchérit le Bargnois, c’est un bus de moins. ‘’Je le prends chez moi à Bargny, je peux descendre à hauteur des Baux Maraichers pour prendre un bus jusqu’à mon lieu de travail. Je peux aussi aller en ville et prendre un bus. Cela m’arrange’’.
Le seul hic, selon le moniteur, c’est le coût. ‘’Je trouve que c’est un peu cher. A 500 F, ce serait parfait. Pour Adja Mariétou et Aminata Diouf, les tarifs sont quand même assez abordables, vu le confort à l’intérieur. ‘’En tout cas moi, je pourrai le prendre très souvent pour faire le trajet Pikine - Colobane. C’est venu à son heure, parce qu’on était fatigué des embouteillages et des bus bondés de monde’’.
11 h 53 mn. Exactement 31 minutes après l’embarquement à l’arrêt PNR, le TER arrive à la gare de Dakar. Tout le monde est invité à descendre, tout en évitant d’y oublier des bagages.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ La résistance des moyens traditionnels
Malgré la gratuité, d’autres continuent de prendre leurs moyens habituels de transport, soit par déficit d’informations, soit par peur des fortes affluences.
Ceux qui pensaient qu’avec le TER, c’est la fin des embouteillages et des problèmes de mobilité à Dakar n’ont qu’à déchanter. Non seulement les bouchons continuent, mais aussi certains usagers peinent encore à se déplacer. A la Place de l’indépendance, vers les coups de 15 heures, quelques clients attendent des véhicules, qui viennent de temps en temps. Certains se permettant même de sectionner le trajet Place de l’indépendance-Sonadis ou à porter les prix de 1200 à 1300.
Très fidèles, les clients attendent sagement leur tout, au niveau de cette ‘’gare’’, à côté de la Banque agricole. Debout sur la petite ruelle, ce vieux revient sur les raisons qui l’ont poussé à ne pas aller à la gare. ‘’C’est juste parce qu’on est en phase test. Je préfère attendre jusqu’à nouvel ordre. Cela permettra d’avoir plus d’échos, mais aussi de ne pas trop se bousculer’’. Véhiculé, le quinqua envisage, si les promesses sont respectées, de garer de temps en temps son véhicule, pour prendre le train. Il déclare : ‘’J'habite à deux ou trois km de la gare, surtout les lundis et vendredis avec tous les embouteillages. Le TER va donc m’arranger… C’est beaucoup plus rapide’’.
Pour rallier son lieu de travail, le Monsieur qui a préféré garder l’anonymat confie avoir fait, hier, plus de deux heures. ‘’J’ai quitté chez moi à 7H 35 et je suis arrivé à mon bureau à la Cour suprême à 9H40 mn, à bord des taxi boko (covoiturage)’’, a-t-il indiqué.
Abondant dans le même sens, Ablaye Fall estime que le train sera d’un grand apport, quand la phase commerciale va commencer. Il témoigne : ‘’Depuis 8 ans, je rentre à la ZAC de Mbao, tous les jours. Je prends tous les jours le taxi, 1200 francs à l’aller, 1200 francs au retour. Mon seul souci avec le TER, c’est qu’il n’y a pas encore de clando qui assure le trajet entre la gare et là où j’habite vers la Brioche dorée. Mais, j’espère que les clandos vont s’adapter’’.
Outre la prudence, la peur des embouteillages, d’autres ont surtout relevé le déficit d’informations, pour justifier leur choix de prendre les moyens traditionnels. Mme Sarr explique : ‘’Moi je pensais qu’il y avait une obligation de s’inscrire en ligne. Je ne savais pas que cela a été annulé. C’est vous qui me l’apprenait. Aussi, avec la gratuité, c’est sûr qu’il y aura un rush’’. Comme pour confirmer ses suspicions, Adja Seynabou Ndiaye raconte sa mésaventure du matin. ‘’Je suis là, parce que, ce matin, j’ai été jusqu’à la gare de Rufisque pour prendre le TER. Mais, il y avait un monde fou. C’est pourquoi je suis là. Peut-être cela va changer, quand la phase commerciale va démarrer’’.
Macky Sall, reprenant du poil de la bête après une saison chaude où il a failli tout perdre, plane comme jamais. Il prend la présidence de l'UA "à bras-le-corps", bientôt et semble s'élever des trivialités de la politique politicienne
Au pas de charge, Macky Sall aura successivement bouclé, les lundi 27 et mercredi 29 décembre, l'inauguration du premier TER ouest-africain et la réception du deuxième appareil A330 Neo de la compagnie Air Sénégal SA. S'il ne peut être le maître du temps, il entend l'être des circonstances. Le temps n'est pas nécessairement contre lui, mais il va vite. Les élections locales ne sont plus que dans quelques jours et le maître des circonstances sait qu'il faut marquer les esprits par des symboliques fortes pour gagner la sympathie, fût-elle tardive, des citoyens ordinaires qui font l'électorat.
Ce sont des anonymes : le fonctionnaire qui ne perd plus des heures dans les embouteillages tentaculaires de l'enfer des transports publics classiques ; le parent qui, à moindres frais, fait revenir en famille sa progéniture de Washington à Dakar dans un aéronef confortable aux couleurs d'un Sénégal qui fleure bon le Niokolo-Koba. Et ces anonymes sont la multitude, contrairement à ce qu'essaye de distiller une opposition "rabat-joie" et des économistes encaqués dans la tyrannie technocratique de l'instant. Ainsi, l'on a pu entendre que sur l'autel du TER et de l'Airbus, l'on a sacrifié le mieux-être des populations en 2022 : les denrées alimentaires vont flamber et les factures aussi. Le mantra de la faillite de l'Etat, ressort inexorablement : celui-ci serait si endetté qu'il ne peut plus emprunter. Cataclysme.
Alors, oui, ces splendeurs de la mégalomanie présidentielle n'auraient été créées que pour les riches ; la vendeuse de poissons qui fait le parcours Dakar - Thiaroye et vice-versa, n'y a pas sa place, pas plus d'ailleurs que le désespéré qui ne connait de l'avion que le bruit que fait son moteur quand il fend le ciel et qui se jette à la mer dans des embarcations de mort, pour rejoindre un Occident impossible.
Le TER n'a-t-il pas mis en colère des milliers d'expropriés qui réclament plusieurs millions d'euros d'indemnisations à l'Etat sénégalais, qui dit avoir satisfait à ses obligations ?
"Investissements trop lourds", a-t-on entendu, n’impactent pas la vie des "pauvres" qui d'ailleurs, n'utiliseraient pas ces transports...
Mais le maitre des circonstances sait l'impact de ces symboliques et du nombre de souffrances ou d'inconforts qu'elles allègent. 2022 est là et au-delà, 2024. Il ne trompe plus personne par ses silences. Le rythme qu'il imprime à son action, parle pour lui. Entre deux inaugurations de chrysanthèmes, il passe la serpillière pour aseptiser son bilan et afficher le QR code moral de son autorité : Cheikh Amadou Tidiane Sal est balayé du Service du protocole présidentiel, sans qu'aucune raison officielle ait été prononcée. Mais l'on subodore des remugles peu protocolaires...
Dans quelques semaines maintenant, il nommera un Premier ministre, sans doute issu de sa coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) qu'il veut victorieuse au soir des consultations du 23 janvier 2022, pour se redonner une légitimité de gouvernance. Car il sait à quel point ces consultations locales en constituent le test majeur. De leur issue, dépendra sa décision finale. Il ne poursuivra pas la gestion d'un pouvoir en goguette, d'une majorité qui, de fait, ne le serait plus en cas de débâcle.
Mais pour l'heure, il croit en la victoire des siens. Il a décidé de réinvestir tous les maires sortants de la coalition BBY aux élections locales, quoi qu'il en coûte pour éviter les frustrations et maximiser les chances sur les réussites acquises et la cohérence des stratégies.
Alors, oui, il nommera un Premier ministre qui, en cas de victoire aux Locales, devra donner du relief à la victoire en organisant une politique de dernière ligne droite dont la mission essentielle sera de positiver le bilan au maximum, et quoi qu'il en coûte à l'État, et d'arrimer cette mécanique de séduction basée sur les résultats, au moteur de conquête de 2024.
C'est si limpide que ça en devient banal. La doxa présidentielle pèche peut-être par trop de clarté, mais elle est efficace. On sent, ces derniers jours, l'opposition moins offensive, se limitant à ses traditionnels anathèmes si récurrents qu'ils en deviennent inaudibles. Une opposition morne et triste, enlisée dans ses propres déboires, souvent judiciaires. Dans ses contradictions aussi.
Pendant ce temps, Macky Sall, reprenant du poil de la bête après une saison chaude où il a failli tout perdre, plane comme jamais. Il prend la présidence de l'Union africaine "à bras-le-corps", bientôt et semble s'élever des trivialités de la politique politicienne où il a quelquefois porté des coups, mais où il en a souvent bien reçu, parfois jusqu’à la dérision. Désormais, un Premier ministre les prendra pour lui et aura à charge d'organiser une victoire qu'il sait désormais possible, contrairement à ce qu'affichent des indicateurs souvent biaisés.
Le maître des circonstances prend du champ. Les heures, elles, s'égrènent, au bruit du moteur Rolls-Royce de l'Airbus 300. Trop audibles, sans doute. Rassurantes pour lui. Assurément.
par Madieye Mbodj
JO DIOP OU L’ÉTERNELLE JEUNESSE DE L’ENGAGEMENT MILITANT
Le militant anti-impérialiste, panafricaniste, internationaliste, marxiste-léniniste-maoïste, comme il se définit lui-même, se nourrit à la sève de ces maximes qu’il ne cesse de marteler avec la conviction qu’on lui connait
Le militant révolutionnaire n’a pas d’âge, le camarade Jo Diop est l’incarnation vivante d’une telle vérité. Sous le drapeau de ‘’Reenu réew mi’’, Jo Diop et ses compagnons de lutte regroupés autour de publications comme ‘’Fils du peuple’’, ’Xare bi/ La lutte’’ ou ‘’jaay doole bi/ Le proletaire’’ se sont employés à plonger leurs racines dans les profondeurs du réel social en devenir, aux côtés des ouvriers, paysans et intellectuels révolutionnaires de notre pays le Sénégal. Aujourd’hui encore, Jo ne cesse de s’adresser en ces termes aux militants plus jeunes que lui : « Camarades, nous sommes d’actualité. Il y a une perspective à conquérir, et cela sera », convaincu qu’il est que « le communisme, c’est la jeunesse du monde ». Un monde en perpétuel renouvellement, sur le chemin escarpé du mouvement de la vie, mouvement progressant en spirale vers l’émancipation de l’humanité, dans la dialectique des luttes des peuples pour un monde meilleur, un espace monde de liberté, de justice, de progrès set de fraternité. Jo Diop est un être profondément humaniste, humaniste d’engagement, d’esprit et de cœur, humaniste jusqu’aux larmes. Jo Diop est issu d’une terre, d’un terreau doublement fertile de résistances : d’un côté, le Cayor par son père Jean Diop originaire de Thilmakha, le Cayor du Damel Lat Dior Ngoné Latyr DIOP ; de l’autre côté le Waalo, par sa mère Thiané Salimata Diop, le Waalo des Lingeer de l’étoffe de Fatim Yamar Khouryaye Mbodj, le Waalo des héritières du sacrifice héroïque des femmes de Ndeer : Ndieumbeut Mbodj, Ndaté Yalla Mbodj et tant d’autres ; mais aussi le Waalo et le Cayor unis et entremêlés à travers la geste tragique du Brack Sidya Léon Diop- Sidya Ndaté Yalla Diop plus exactement ! Sur le même registre, l’intrépide Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma tout comme l’illustre professeur Cheikh Anta Diop font partie des proches parents de la famille de Jo Diop.
Ferme et vaillant du haut de ses presque 83 ans, Jo Diop est né à Saint-Louis ; il a grandi à Dakar- Plateau où il fit ses études primaires et secondaires, avant de se rendre en France, le BAC en poche, à la fin des années 50. Sur cette terre où son père, mobilisé dans l’armée coloniale française fut fait prisonnier durant de longues années lors de la guerre mondiale 39-45, Jo entreprit des études supérieures de philosophie, de sociologie, de sciences politiques et surtout d’éducation physique et sportive à l’ENSEPS et à l’INS de Paris et Vincennes ainsi qu’au CREPS de Strasbourg et de Nancy. Il obtint le diplôme d’Entraineur de football de 3ème degré. Le très connu Robert Herbin était son promotionnaire et tous les deux avaient comme formateur le célèbre Michel Hidalgo. En ce temps-là, il n’hésita pas, par patriotisme, à tourner le dos à de juteux contrats en France, préférant rentrer au Sénégal et exercer la fonction de professeur d’EPS au Lycée puis au CNEPS de Thiès. En même temps, il entraina divers clubs de foot comme le COT et le TEC de Thiès, puis la J.A de Dakar, le Stade de Mbour et l’ETICS de Mboro. En duo avec le regretté entraineur national, feu Mawade Wade, et en compagnie du DTN de l’époque Lamine Diack, récemment décédé – que Dieu le Tout Puissant les accueille dans son paradis – Jo Diop fit partie du staff technique qui conduisit l’équipe nationale de football du Sénégal lors de l’inoubliable CAN d’Asmara 1968, en Éthiopie. Jo n’a jamais établi de muraille de Chine entre les champs sportif, économique, politique, social et culturel car, au regard de sa vision du monde, le sport dans sa plénitude de phénomène social contemporain, intègre en même temps toutes ces autres dimensions. Il a eu à présider l’Association des Educateurs et Entraineurs de Football du Sénégal. Parlant de la tactique en football, ce technicien de haut niveau avait l’habitude de dire, selon les propos rapportés par un journaliste de la place : « Le bloc équipe est l’économie politique du jeu ».
Révolutionnaire dans l’âme, il fit ses premières armes au sein du PAI historique. Mobilisé parmi les militants les plus jeunes de cette formation politique très vite interdite par le régime de Senghor, il participait à la diffusion de Moom Sa Réew, le journal du parti, et il était dans les rangs des fameux « porteurs de pancartes de la Place Peotet », ces partisans de l’indépendance immédiate venus en août 1958 à l’actuelle Place de l’Indépendance de Dakar, défier le Général De Gaule, alors en tournée en Afrique pour la promotion de son referendum. Dans la mouvance du PAI historique, il eut l’occasion de fréquenter plusieurs de ses aînés grands combattants, tels que Majhmout Diop, Samba Ndiaye, Mame Abdou Dia, Tidiane BaIdy Ly, Maguette Ndoye, Malick Camara et bien d’autres. Par la suite, en juin 1975, il fut arrêté en plein cours devant ses étudiants au CNEPS de Thiès, en même temps que plusieurs autres responsables de AND-JËF/XARE BI, tous engagés à l’époque dans la lutte pour le triomphe de la Révolution Nationale Démocratique et Populaire/ RNDP, anti-impérialiste et antiféodale, pour l’avènement d’une société de Démocratie Nouvelle et de Socialisme Prolétarien. Des témoins de ces pages glorieuses de notre parcours militant sont encore vivants, tels que, à titre d’illustrations, Landing Savane, Pape Touty Sow, Amadou Top, Mamadou Diop Decroix, Boubacar Keïta, Mazide Ndiaye, Eugénie Rokhaya Aw, Mamadou Lakh, Cheikh Ahmet Tidiane Sow, Moustapha Kane, Ousseynou Seck, sans oublier les disparus comme le dirigeant ouvrier Moussé Gueye Seck, le cheminot syndicaliste révolutionnaire Alioune Sene, le poète et artiste Moussa Diop Jileen ou le ndey-ji-réew Bougouma Mbaye.
Révolutionnaire aux talents et aux facettes multiples, le commandant Jo Diop, comme nous l’appelons souvent, a visité l’ex-URSS, le Vietnam, la Corée, sans oublier la Chine ou Cuba, séjours à l’occasion desquels il a eu à se recueillir à Moscou devant les mausolées de Lénine et de sa compagne Nadejda Kroupskaïa, à fréquenter l’École Militaire de Nankin, ou à rencontrer d’illustres dirigeants révolutionnaires de la trempe du président Mao Zedong, d’Ernesto Che Guevara qui était son aîné et son ami personnel. Il se rendit en outre au Congo, en Afrique centrale, pour s’imprégner des expériences de luttes des Patrice Lumumba, Ernest Ouandié, Ange Diawara et autres Henri Lopez, dignes fils de la mère Afrique.
Artiste à ses heures, Jo a su s’impliquer activement dans les activités du Front Culturel Sénégalais (FCS)/Làngug Caada Senegaal et du Mouvement Sport et Progrès /MSP, qui, dans les années 70 et 80, menèrent au Sénégal un travail substantiel de diffusion de « la culture nouvelle »/Caada gu bees gi, d’éveil des consciences et d’éducation citoyenne, notamment auprès des jeunes et des travailleurs, à travers les ASC des villes et du milieu rural : Jo est encore capable, de nos jours, de restituer fidèlement les répertoires patriotique de la Troupe du FCS des Chérif DIOP, Awa Fall et compagnie, de la Troupe Aliin Sitooy Jaata de AJ/MRDN des Go Ba, Abou Ly, Marième Dem, Pape Fall et consorts, de la Troupe de la Jeunesse Ouvrière Libre (JOL) de l’Union des Travailleurs Libres du Sénégal/UTLS, ainsi que de la Troupe de l’Association des Etudiants Sénégalais en France /AESF des Astou Ndiaye et autres Aziz Dieng. Les prénoms qu’il a choisi de donner à ses enfants portent l’empreinte de ce patrimoine et de cette culture de combat : Lat Dior Mao, Ndèye Awa Aline Sitooy, Ismaila Che Guevara, Bébo Samory Ho Chi Minhh, Emilienne Suzanne Ndaté Yàlla, sans oublier l’aîné très tôt disparu, Jean Magatte Fodé Kaba Diop.
Jo Diop, le militant anti-impérialiste, panafricaniste, internationaliste, marxiste-léniniste-maoïste, comme il se définit lui-même, se nourrit à la sève de ces maximes qu’il ne cesse de marteler avec la conviction qu’on lui connait : « Doomu réew mooy tabax réew, jëf mooy nattukaayu dëgg, ngor mooy faj gàcce te mbooloo mooy doole» Moo tax, mii mag moom, jar naa bàyyi cim réew ! Comme ses grand-frères le Commandant Alla Kane et feu Moctar Fofana Niang, autres illustres figures du PAI historique, comme feu Assane Samb, Roland Fodé Diagne, Oumar Ba, Guy Marius Sagna ou Fatima Mbengue, ils se sont tous retrouvés, à un moment crucial de notre histoire, aux côtés d’autres militantes et militants éprouvés de la génération des Ousseynou Ndiaye, feu Yankhoba Sadio et autres, dans les rangs de Yoonu Askan Wi/Mouvement pour l’Autonomie Populaire fondé le 3 mai 2008. De AND-JËF/ XARE BI à AND-JËF/PADS en passant par AND-JËF/MRDN, puis de Yoonu Askan WI/Mouvement pour l’Autonomie Populaire à Pastef/ Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité, que d’efforts consentis, de sacrifices et de persévérance, pour construire, encore construire, toujours construire cette grande organisation unitaire, populaire et alternative dont ont besoin les peuples du Sénégal et de l’Afrique toute entière pour prendre en mains leur propre destin, sans jamais rechigner à la tâche et sans jamais accepter ni cautionner une quelconque forme de capitulation. Il n’y a pas de hasard, dit-on parfois : à peine une semaine après l’hommage rendu à Alla Kane par la jeunesse patriotique à l’occasion de ses 85 ans de luttes ininterrompues au service du peuple, à peine trois jours après le ’’sargal’’ du Casa Sports de Ziguinchor à l’endroit d’une autre figure marquante de Yoonu Askan Wi et du monde sportif sénégalais, le camarade Nouha Cissé, ce pour les immenses services qu’il a rendus à ce club, à cette ville, à la Casamance, au Sénégal et à l’Afrique toute entière, nous voici aujourd’hui réunis ici à Thiès, ce 1er janvier 2022, pour le baptême officiel de la Rue Jo Diop. Alors chers Alla, Nouha et Jo : jërëjëf, siggil ngéen nu, siggil ngéen réew mt ak askan wii !
C’est le lieu ici de féliciter et de remercier du fond du cœur le Conseil municipal de Thiès Oust avec à sa tête le Maire Alioune Sow, qui a tenu à honorer Jo Diop de son vivant, à magnifier son parcours et à l’offrir en exemple aux jeunes générations. Grand merci à l’ensemble des autorités de tous ordres, des personnalités de tous horizons, des citoyens et citoyennes du Sénégal et particulièrement de cette ville de refus qu’est Thiès, tous et toutes venus prendre part à cet évènement qui fera date. Last but not least, nous ne saurions terminer ce témoignage sans rendre un hommage appuyé à Madame Diop Léna Seck, l’épouse inséparable, la mère dévouée, la militante fidèle à ses convictions : nous prions que le Bon Dieu leur accorde, à elle, à Jo, à leurs enfants, à leurs proches et à tous les êtres qui leur sont chers, longue vie, santé, succès et bonheur partagés.
Pour la Direction nationale en exercice de Yoonu Askan Wi : Madieye Mbodj
ALIOU CISSÉ, L'ENFANT PRODIGE QUI VEUT OFFRIR UNE CAN À SON PAYS
Aliou Cissé dispute sa troisième Coupe d'Afrique des Nations en tant qu'entraîneur du Sénégal. Une nouvelle épreuve de vérité pour cette légende de la sélection sénégalaise, qui a fait la promesse d'offrir un trophée continental au Sénégal
TV5 Monde |
Clément Perruche |
Publication 02/01/2022
13 février 2002. Le Sénégal affronte le Cameroun en finale de la CAN. Les deux équipes n’arrivent pas à se départager. À la fin des prolongations, les écrans affichent toujours 0-0. Les neufs premiers tirs au but sont tirés. Le Cameroun mène 3-2. Dernier à s’élancer, Aliou Cissé a l’occasion d’égaliser pour entretenir l’espoir côté sénégalais. Les supporters présents dans les travées du stade de Bamako ont beau prier, la frappe du défenseur est arrêtée par le goal camerounais.
Depuis ce match maudit, Aliou Cissé s’est promis de prendre sa revanche et de soulever le trophée avec les Lions de la Teranga. Son coéquipier de l'époque, Salif Diao, l’a raconté au journal L'Équipe : “Le jour de la finale perdue, je suis allé le voir pour lui dire que ça irait. Il m'a répondu : ‘Je la tenais d'une main cette Coupe.’ Et il a ajouté : ‘Elle m'a échappé mais je te jure, je la gagnerai pour mon peuple, j'en fais une histoire personnelle que ce soit comme joueur ou comme coach.’”
À 45 ans, l’heure est-elle enfin venue pour Aliou Cissé de soulever le trophée tant convoité ? Nommé entraîneur de la sélection sénégalaise en 2015, le natif de la région rebelle de Casamance va disputer au Cameroun sa troisième CAN en tant que sélectionneur.
“Vous savez à quel point j’étais motivé à l’idée de jouer une CAN et de représenter mon pays. Je cours après cette CAN depuis 1999”, a-t-il affirmé en conférence de presse le 24 décembre dernier.
Des débuts prometteurs en France
Comme beaucoup de joueurs sénégalais, c’est en France qu’Aliou Cissé fait ses débuts professionnels. Il dispute sa première rencontre avec le Losc en 1994. Après un passage par Sedan, le Sénégalais rejoint le PSG où il joue défenseur ou milieu défensif entre 1998 et 2001.
“C’est quelqu’un qui avait du caractère, de la personnalité. Il était apprécié et aimé. J’avais un bon feeling avec lui. Il était toujours gai et joyeux”, se souvient Luis Fernandez, l’entraîneur du PSG lors de la saison 2000-2001. “Il rentrait de sélection toujours un peu plus tard que les autres. Je l’acceptais. Quand vous avez quitté vos racines et votre famille, c’est important.”
Vice-champion de France avec le PSG lors de la saison 1999-2000, Aliou Cissé signe ensuite à Montpellier, avant de rejoindre le championnat anglais et les clubs de Birmingham et Portsmouth. Aliou Cissé effectuera sa dernière année en tant que professionnel au Nîmes Olympique qui évolue en Ligue 2 lors de la saison 2008-2009.
Une légende de la sélection sénégalaise
Mais c’est surtout avec les Lions de la Teranga qu’Aliou Cissé a marqué les esprits. Point d’orgue de sa vie sportive : 2002. Capitaine de la sélection, Aliou Cissé emmène cette année-là ses coéquipiers en finale de la CAN et en quarts de finale de la Coupe du monde après avoir battu l’équipe de France lors des phases de poule. Tout un symbole pour l’ex-colonie française.
“C’était magnifique pour le Sénégal. Nous étions champions du monde quatre ans plus tôt. Le Sénégal avait su élever son niveau. C’était une belle génération”, salue Luis Fernandez.
Cette épopée est restée gravée dans la mémoire des supporters sénégalais. “Ce qu’il a fait en 2002, c’était un exploit”, se souvient Elhadji Toure, rédacteur en chef du site sénégalais d’actualités footballistiques Galsenfoot. “Il est perçu comme une légende vivante du football sénégalais.” Le tir au but raté ? “Ce sont des choses qui arrivent. Personne ne lui en voulait”, explique ce fin connaisseur du foot africain.
En sélection, Cissé excelle dans le rôle de leader et endosse souvent le rôle de grand frère. “Aliou parlait peu, du moins en dehors du terrain. Car quand il était sur la pelouse, on l’entendait. C’était un aboyeur, un leader. Pour moi, c’était un coéquipier important car il m’a fait progresser”, avait raconté au Monde son ex-coéquipier Alassane Ndour, âgé de 20 ans en 2002
Le football sénégalais prend son destin en main
Pendant longtemps, la grande majorité des équipes nationales africaines étaient entraînées par des européens. Mais depuis plusieurs années, la tendance s’inverse. Sur les 24 équipes qualifiées pour les phases finales de la CAN, 16 sont encadrées par des Africains.
Avec Djamel Belmadi, l’entraîneur de l’Algérie, Aliou Cissé fait partie de cette nouvelle génération d’entraîneurs ambitieux issus du continent. Les deux hommes ont même été sélectionnés en 2021 parmi les 25 meilleurs entraîneurs du monde par l’International Federation of Football History & Statistics (IFFHS).
“Je prends du plaisir à les voir évoluer aussi haut et s’imposer au poste d’entraîneur, qui n’est pas facile”, sourit Luis Fernandez, qui a aussi entraîné Belmadi au milieu des années 1990 au PSG.
Les résultats de Cissé parlent pour lui. Il est parvenu à qualifier le Sénégal pour la deuxième fois de son histoire à la Coupe du monde en 2018, en Russie. Son équipe pointe actuellement à la 20ème place du classement Fifa - le meilleur classement parmi les équipes africaines. Et le Sénégal est désormais l'un des favoris pour la CAN 2022.
Belmadi, l'ami et rival
Cissé et Belamdi sont nés tous les deux en 1976. Mais la comparaison ne s’arrête pas là. Les deux hommes ont passé une partie de leur enfance à Champigny-sur-Marne. Belmadi y est né et Aliou Cissé est arrivé dans cette morne ville de la banlieue parisienne à l’âge de neuf ans. “Nous sommes des enfants du 9-4 [le Val-de-Marne, NDLR]”, avait un jour confié Aliou Cissé. S'ils ne se sont jamais croisés à Champigny, Cissé et Belmadi finissent par se rencontrer au centre de formation du PSG, en 1992.
Les deux sélectionneurs se sont affrontés à deux reprises avec leurs sélections respectives. La première passe d’armes a lieu lors des phases de groupe de la CAN en 2019 en Égypte. Un duel remporté par les troupes de Belmadi sur un score de 1 à 0. Les deux équipes se retrouvent ensuite en finale du tournoi, le 19 juillet. “Jouer cette finale contre mon ami Cissé, c'est extraordinaire”, s’était réjouit Djamel Belmadi en amont de la rencontre.
L’ami de longue date de Cissé s’est transformé en bourreau puisque les Fennecs se sont imposés 1 à 0 dans une finale électrique. Coup dur pour Cissé : il échoue une nouvelle fois à soulever la CAN et c’est son ami d’enfance qui le prive d’un premier sacre.
“On la voulait, on était déterminés, mais ce n'était pas le bon jour”, commente-t-il sobrement en conférence de presse. C’est une frappe contrée qui donne la victoire à l’Algérie. Un fait de jeu qui est resté en travers de la gorge de Cissé.
Un entraîneur critiqué mais respecté
Depuis cette défaite, Aliou Cissé doit encaisser les critiques de ses ex-coéquipiers. Il en va ainsi de Henri Camara, titulaire du record de buts marqués avec la sélection. “Il cumule les erreurs. Il y a quatre mois, il avait essayé une tactique. C’était mal fait. Je me demande s’il écoute les gens. Est-ce que ça vaut la peine même de lui parler ? En tant qu’anciens joueurs, il doit tous nous écouter. Parce qu’on a notre mot à dire”, a-t-il récemment laché à la télévision sénégalaise.
L’entraîneur aux tresses a également dû affronter l’ire des Sénégalais qui étaient opposés à l’intégration de Bouna Sarr. Franco-sénégalais, le joueur du Bayern Munich avait refusé de jouer la Coupe du monde 2018 pour le Sénégal. L’ex-Marseillais a finalement intégré le groupe en septembre 2021.
“Je pense que Bouna n’a pas fait un choix par défaut, avait plaidé Aliou Cissé. Le fait de connaître d’autres joueurs dans la tanière [la sélection sénégalaise, NDLR] l’a conforté à faire le choix de nous rejoindre. Nous sommes contents de l’avoir avec nous, parce que c’est un bon joueur.”
Une "génération dorée" sénégalaise qui ne demande qu'à gagner
“Au Sénégal, on ne lui fait pas de cadeaux. Il est toujours critiqué pour ses choix”, commente Lise-Laure Etia, journaliste à TV5MONDE et spécialiste du football africain. “Personne ne croyait en lui. Aujourd’hui, on le critique, mais on le respecte. Entraîner l’équipe sénégalaise, c’est une performance incroyable.”
Pour la CAN 2022, Aliou Cissé dispose d’une génération de footballeurs très talentueux, à l’image de Sadio Mané, attaquant star à Liverpool, club avec lequel il a remporté la Ligue des champions en 2019. Edouard Mendy, vainqueur de la Ligue des champions avec Chelsea en 2021 figure également sur la liste. Il a également été élu meilleur gardien de la saison 2020-2021 par l'UEFA.
Fidèle à son rôle de grand frère, Cissé a également fait confiance aux jeunes comme Bamba Dieng (OM), Abdou Diallo (PSG) et Idrissa Gana Gueye (PSG). Rendez-vous à partir du 9 janvier pour voir si le sort sera enfin favorable envers cet enfant du pays qui n'a jamais abandonné l'idée d'offrir à sa patrie un premier titre continental.
POUR LES JEUNES SÉNÉGALAIS SANS EMPLOI, IL NE SUFFIT PLUS D'AVOIR UN DIPLÔME
L’approche des locales est marquée par des promesses d’emploi pour les jeunes qui se plaignent de cette mauvaise pratique qui les oblige à se morfondre dans des métiers qui ne collent pas souvent avec leur profil et surtout leur niveau d’études
VOA Afrique |
Seydina Aba Gueye |
Publication 02/01/2022
16,7%, c’est le taux de chômage enregistré par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie au dernier semestre de 2020. Une situation que les jeunes comme Djibril ressentent fortement.
"Je fais partie des jeunes qui chôment et depuis les affrontements du mois de mars, on a tous entendu le président de la république faire des promesses d'emploi pour les jeunes et jusqu'à présent l’évolution est lente", se plaint-il.
Djibril explique que beaucoup d'entre eux sont "découragés parce que des promesses en en plus finir commencent à être un rituel à la limite de la décence. En tout cas, c'est difficile en tant que jeunes de ne même plus savoir que faire où même ni quelle direction prendre. C’est vraiment difficile".
Cette situation difficile touche tous les profils. Elle est accentuée par le clientélisme qui entoure les recrutements. C’est du moins l’avis de Ngagne Diop, sans emploi comme plusieurs jeunes diplômés de son quartier.
"Il fut un temps où on disait que les jeunes ne voulaient pas travailler mais maintenant c'est révolu car les jeunes savent qu’il n’y a pas de sot métier", explique-t-il. Cependant Ngagne regrette que la volonté des jeunes ne soit pas récompensée à sa juste valeur.
"Tu vois un jeune qui se lève à 4 heures du matin, qui prend sa moto pour être livreur ou tiak tiak comme on dit au Sénégal, quand tu vois des jeunes avec des diplômes de master 2 ou avec un doctorat être manœuvre ou maçon ou plombier, ça m'attriste vraiment. Chaque année, il y a des milliers et des milliers de gens qui sortent avec la licence ou avec le master ou avec le doctorat", affirme-t-il.
Il y a quelques jours, le président Macky Sall a condamné les recrutements anarchiques qui obligent le ministère des finances à payer des salaires à des entités qui ont du personnel qui n’ont rien à voir avec leurs capacités. Un fait confirmé par Yves Nzalé, président de l'association Diplômés sans emplois. Pour lui, ces maux dénoncés par le chef de l’État ne se limitent plus à l’administration publique.
"Je pense que l'aveu a été fait récemment avec le chef de l'État qui a été notre porte-parole sans pour autant qu'on l’ait choisi. L'anarchie dans l'accès aux emplois publics, comme privés, est devenu monnaie courante", d’après lui.
Il indexe par ailleurs une attitude dégradante envers les jeunes qualifiés en quête d’emplois.
"Aujourd'hui malheureusement il ne suffit plus d'avoir un diplôme, il ne suffit plus d'avoir une bonne formation mais il faudra avoir des liens de parenté ou des liens politico-politiciens pour pouvoir espérer avoir un emploi, c’est malheureux et c'est regrettable. Aujourd'hui c'est un sentiment de désespoir total qui anime la jeunesse sénégalaise", conclut-il.
Pour raviver la flamme de l’espoir au sein de la jeunesse, le chef de l’État Macky Sall avait annoncé 450 milliards sur 3 ans en réponse aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets et de soutien à l’entreprenariat et au secteur informel. Une mesure en cours d’exécution mais que les jeunes disent ressentir peu.
AVEC LA DISPARITION DE DESMOND TUTU, UN CYCLE HISTORIQUE TOUCHE À SA FIN
Décès de Desmond Tutu, début de la CAN, relations entre l’Afrique et les grandes puissances mondiales, perspectives pour 2022… L’intellectuel camerounais Achille Mbembe s’est prêté au jeu
Jeune Afrique |
Anna Sylvestre-Treiner |
Publication 02/01/2022
Après avoir été l’une des figures africaines majeures du sommet Afrique-France de Montpellier en octobre, Achille Mbembe est rentré au Cap, en Afrique du Sud, où il vit. C’est là que l’historien camerounais a appris la mort, le 26 décembre dernier, de l’archevêque Desmond Tutu, compagnon de combat de Nelson Mandela. La « vigie » de la nation Arc-en-ciel, qui doit être inhumée ce samedi 1er janvier dans la cathédrale Saint-Georges du Cap, avait demandé pour ses funérailles le cercueil « le moins cher possible ».
Qu’a-t-il légué à l’Afrique du Sud, et au continent africain en général ? À l’aube de 2022, Achille Mbembe s’exprime sur certains des sujets qui ont fait l’année écoulée et devraient, à nouveau, marquer celle qui s’ouvre. Les relations des pays africains avec les grandes puissances, le sentiment-anti-français, les liens avec la Russie… mais aussi la Coupe d’Afrique des nations, qui débute dans quelques jours pour un mois.
Jeune Afrique : Cette nouvelle année débute par l’enterrement de Desmond Tutu. Comment l’Afrique du Sud vit-elle la disparition de cette figure de la lutte pour l’égalité ?
Achille Mbembe : C’est un pays qui s’interroge et qui a compris qu’il se trouvait désormais à un carrefour, tant l’archevêque Desmond Tutu aura été le symbole d’une certaine idée de cette nation.
Il portait l’idée d’une communauté en devenir par-delà les identités raciales, les inégalités économiques, les souffrances et les violences qui datent d’il n’y a pas si longtemps que cela. Surtout, il incarnait la conviction que le monde est à bâtir en commun. C’est pour cela que son décès ne touche pas seulement l’Afrique du Sud mais le monde entier.
Était-il selon vous la dernière grande figure africaine des luttes pour l’émancipation ?
Oui, et c’est pour cela qu’on a le sentiment qu’un cycle historique touche à sa fin. Nelson Mandela, comme Desmond Tutu, sont nés durant le premier quart de ce XXe siècle, qui aura été celui de la lutte anti-coloniale et des indépendances. Ces deux hommes ont symbolisé ces grandes causes. Tutu, qui en aura été la dernière voix survivante, vient de s’éteindre.
Un cycle historique se termine, dites-vous. Comment qualifieriez-vous celui qui s’ouvre ?
Ce qui est en jeu désormais, c’est de savoir si l’humanité sera capable de maintenir les conditions de son existence sur cette planète. Vu le péril écologique, c’est une question cruciale et urgente. L’Afrique est concernée au premier chef, car c’est le lieu privilégié où se manifestent ces nouvelles urgences, de la façon la plus injuste et la plus dramatique.
Le problème, c’est que l’on manque aujourd’hui de figures charismatiques qui mettent le doigt sur ces grandes questions et appellent à des ruptures historiques.
Combat de coqs entre Watford et le Sénégal. Où sera Ismaïla Sarr la semaine prochaine ? Convoqué par Aliou Cissé pour la CAN qui commence le 9 janvier prochain, l'attaquant est néanmoins retenu par son club
Où sera Ismaïla Sarr la semaine prochaine ? Convoqué par Aliou Cissé, le sélectionneur du Sénégal, pour la Coupe d'Afrique des nations 2022 qui commence le 9 janvier prochain, l'attaquant est néanmoins retenu par Watford, son club. Touché aux ligaments du genou le 20 novembre dernier, Sarr n'a plus joué depuis et ne devrait reprendre que fin janvier selon un communiqué de son club publié en début de semaine. Une situation qui irrite fortement la Fédération sénégalaise de football, laquelle a réagi par un autre communiqué ce samedi.
« Par courrier en date du 31 décembre 2021, le club anglais de Watford a notifié sur la base d’arguments aussi spécieux que fallacieux sa décision de bloquer le joueur Ismaila Sarr qui a exprimé sa volonté de rejoindre la sélection sénégalaise en vue de la prochaine CAN Cameroun 2021, peut-on lire, alors qu'Aliou Cissé espère pouvoir compter sur Sarr à partir des huitièmes ou quarts de finale si les Lions de la Téranga, placés dans le groupe B avec le Zimbabwe, la Guinée et le Malawi, se qualifient.