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18 juin 2025
CAN, LE SÉNÉGAL ANNULE SA PHASE DE PRÉPARATION DE KIGALI
Le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Augustin Senghor, a annoncé, lundi l’annulation de la deuxième partie de la préparation de l’équipe nationale de football initialement prévue à Kigali
Dakar, 27 déc (APS) – Le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Augustin Senghor, a annoncé, lundi l’annulation de la deuxième partie de la préparation de l’équipe nationale de football initialement prévue à Kigali, en perspective de la Coupe d’Afrique des nations prévue du CAN du 9 janvier au 6 fèvrier 2022 au Cameroun.
‘’Nous avons décidé de supprimer la deuxième phase de notre préparation qui devait nous amener au Rwanda. Ce qui fait que nous avons maintenant une seule phase de préparation plus longue et qui se déroulera ici, au Sénégal, à partir d’aujourd’hui’’, a-t-il dit.
Le président de la FSF s’exprimait à la fin d’une cérémonie de signature de convention de sponsoring avec la société de pari, 1Xbet pour une durée de deux ans.
Ce changement fait suite à la publication d’une circulaire de la FIFA autorisant les joueurs africains évoluant en Europe de continuer à joueur avec leurs clubs respectifs jusqu’au 3 janvier.
Les joueurs sénégalais concernés ne pourront rejoindre l’équipe nationale que le 3 et le 4 janvier prochain, a expliqué Me Senghor non sans préciser que les Lions devraient recevoir le drapeau national avant le départ de l’équipe pour Douala par vol spécial.
‘’Nous allons atterrir à Douala, car l’aéroport de Bafoussam ne peut pas accueillir les vols internationaux. Le comité d’organisation (COCAN) va nous transporter sur Bafoussam pour parachever notre préparation’’, a signalé Senghor.
Il a fait savoir que certains parmi les joueurs allaient directement ralier à Douala à partir de l’Europe.
NAVÉTANES : L’ASC NDANDE VAINQUEUR DE LA FINALE DÉPARTEMENTALE
L’ASC Diama de Ndande a remporté la finale départementale des ’’Navétanes’’ de football de Kébémer en battant l’ASC Gouye Gui, 1-0, dimanche soir au stade de Ndande
Ndande (Louga) 27 déc (APS) - L’ASC Diama de Ndande a remporté la finale départementale des ’’Navétanes’’ de football de Kébémer en battant l’ASC Gouye Gui, 1-0, dimanche soir au stade de Ndande, a constaté l’APS.
Le but victorieux est inscrit à la 83mn. L’ASC Diama représentera le département de Kébémer aux phases régionales à Louga.
"Kébémer doit briller dans la région de Louga", a déclaré le parrain de la finale Modou Diagne Fada qui a remis le trophée et les médailles aux deux équipes finalistes.
"Cette compétition est une activité citoyenne et sportive qui contribue à renforcer et à raffermir les liens de fraternité entre les jeunes du département", a-t-il dit, avant de saluer la bonne organisation de la finale.
LA FSB ET IXBET SIGNENT UN ACCORD DE SPONSORING
La Fédération sénégalaise de football (FSF) a signé, lundi une convention de sponsoring avec la société de pari sportif 1XBET pour une durée de deux ans
Dakar, 27 déc (APS) - La Fédération sénégalaise de football (FSF) a signé, lundi une convention de sponsoring avec la société de pari sportif 1XBET pour une durée de deux ans, a constaté l’APS.
Les deux parties ont signé la convention dans les locaux de la Fédération sénégalaise de football, en présence des membres du bureau exécutif de la FSF, ainsi que des responsables de la société de pari dont son Directeur général Mouhamed Dieng.
"On n’a pas de répit avec la Coupe d’Afrique des Nations qui s’annonce, mais aussi les barrages pour la Coupe du monde en mars 2022, en espérant aller au Qatar et essayer de relever le défi’’, a dit le président de la FSF, lors de cette cérémonie de signature de convention de sponsoring.
Selon lui, cette signature vient dans une période d’une importance capitale.
Augustin Senghor, par ailleurs vice-président de la Confédération africaine de football (CAF) a soutenu que "2022 aura déjà consommé beaucoup d’activités", ajoutant qu’à la faveur des résultats des Lions le nouveau sponsor "va gagner aussi en exposition grâce aux joueurs et à l’équipe".
Pour la Directrice commerciale de la société de pari sportif, Elisabeth Tine Samb, cette signature marque une collaboration fructueuse et avantageuse pour les deux parties.
"Elle permettra à notre société, à coup sûr d’avoir une belle notoriété en assurant un bon accompagnement de l’équipe nationale A de football dans des conditions souhaitées’’, a-t-elle dit.
1XBET est une société de pari sportif russe présente au Sénégal depuis 2017. Elle est aussi un des sponsors de la CAN.
MISE EN SERVICE OFFICIELLE DU TRAIN EXPRESS RÉGIONAL
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a procédé lundi soir, à la mise en service officielle du Train express régional (TER) qui va désormais relier la capitale à la nouvelle ville de Diamniadio (département de Rufisque) sur un tracé de 35 kms, cinq ans après
Dakar, 27 déc (APS) – Le chef de l’Etat, Macky Sall, a procédé lundi soir, à la mise en service officielle du Train express régional (TER) qui va désormais relier la capitale à la nouvelle ville de Diamniadio (département de Rufisque) sur un tracé de 35 kms, cinq ans après le lancement de ses travaux.
Le président Sall en compagnie de son épouse et d’une forte délégation, est monté à bord d’une rame du Ter à la gare de Dakar, à la suite des explications du responsable de la Société d’exploitation du train express régional (SETER).
Macky Sall a fait une escale à la gare de Colobane pour visiter le centre de maintenance du TER où il a été accueilli par son responsable et divers autres acteurs ayant contribué à la mise en œuvre de ce projet.Le chef de l’Etat s’est ensuite embarqué à bord du Ter pour se rendre à Diamniadio où s’est tenue la cérémonie officielle en passant par les gares de Keur Mbaye Fall et Rufisque.
Une campagne d’appropriation du TER va démarrer ce mardi et prendra fin le 13 janvier prochain, a-t-il annoncé, en présence des membres de son gouvernement, des partenaires financiers et techniques dont la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque islamique de développement (BID) ainsi que de l’ambassadeur de France au Sénégal, Philippe Lalliot.
Le président Sall a souligné que cette campagne consiste à transporter gratuitement le maximum de voyageurs pendant cette période, en les invitant toutefois à éviter les bousculades pour voyager dans de meilleures conditions
Le TER, l’un des projets phares du Plan Sénégal émergent (PSE), doit relier le centre-ville de Dakar au nouvel aéroport international Blaise-Diagne, qui est situé à 57 km de la capitale sénégalaise, en quarante-cinq minutes.
Le projet est réalisé en deux phases : une première phase allant de la gare de Dakar à Diamniadio (36 km) et une seconde phase allant de Diamniadio à l’AIBD.
Le coût du train est de 780 milliards de francs CFA, un montant n’incluant pas les taxes et les frais douaniers, dont 76 milliards pour la libération des emprises et 10 milliards pour l’accompagnement de projets sociaux liés à la construction de l’ouvrage, selon des données obtenues auprès de l’Agence pour la promotion des grands travaux de l’Etat (APIX).
Le Train express régional ‘’est le fruit d’un montage financier innovant, sur la base d’un crédit à taux concessionnel de 2 % étalé sur vingt-cinq ans’’, indique le Bureau d’information gouvernementale (BIG).
Le portefeuille est constitué de 197 milliards de francs CFA de la Banque islamique de développement, de 120 milliards de la Banque africaine de développement, de 196,6 milliards de la France, de 65 milliards de l’Agence française de développement, de 53,6 milliards du Trésor public sénégalais, d’un appui budgétaire de 65 milliards de l’Etat du Sénégal, et de 13 milliards de la Banque publique d’investissement, la Bpifrance.
L’Etat du Sénégal a fourni le restant, selon le BIG.
"Le Sénégal est le leader de ce financement, avec 250 milliards’’, a précisé le directeur général de la Société nationale de gestion du TER (SENTER), Abdou Ndéné Sall, dimanche, à l’émission Grand jury de la Radio futurs médias (RFM, privée).
Les critiques sur la pertinence du Ter ne sont pas sans rappeler celles qui avaient accompagné la réalisation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Peut-on encore soutenir les mêmes thèses aujourd'hui ?
Qu’ont en commun le Bus Rapid Transit (Brt), le Train express régional (Ter), l’autoroute Ila Touba, l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio ? Au-delà d’être des projets d’infrastructure de transport et autoroutier structurants, ils ont la particularité d'avoir été ou d’être très critiqués par une partie de l’opinion publique au moment de leur lancement. Depuis quelques années, tout projet de l’État, d’infrastructure notamment, est décrié. C’est un constat. Et souvent, les questions qui reviennent le plus (en dehors des aspects financiers et des contrats), c’est celles de l’opportunité et de la pertinence d’investir des sommes conséquentes dans tel ou tel projet.
Les critiques sur la pertinence du Ter ne sont pas sans rappeler celles qui avaient accompagné la réalisation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Que n’avait-on pas dit à l’époque ? Que c’était du gâchis ! Que le Sénégal n’avait pas besoin de ce genre de projet ! Que les Sénégalais avaient d’autres préoccupations que de payer pour rouler ! Douze ans après la mise en service du premier tronçon entre Dakar et Pikine et sept ans après l’ouverture du second tronçon entre Pikine et Diamniadio peut-on encore soutenir les mêmes thèses ? Imagine-t-on ce que serait le transport à Dakar si l’autoroute à péage n’existait pas ? Et pourtant on continue de se plaindre des embouteillages monstres !
Les mêmes jugements sévères ont été formulés sur l’autoroute Ila Touba. Certains poussaient la dérision jusqu’à dire que cette route ne serait fréquentée que lors du Magal de Touba. Aujourd’hui qui peut douter de l’importance et de la pertinence de cette infrastructure ? Véritable dorsale, Ila Touba permet un gain de temps considérable pour ceux qui vont à Thiès, Tivaoune, Khombole, Bambey, Diourbel et même Kaolack voire Matam via Dahra et Linguère.
Gageons qu’une fois fonctionnel, le Train express régional aura le même succès et fera taire les sceptiques. Tout comme l’autoroute à péage et Ila Touba et même le Monument de la Renaissance dans une certaine mesure, c’est dans quelques années que nous mesurerons l’impact du Ter et du Brt sur la vie des Sénégalais.
La vérité c’est que la population dakaroise explose, il faut bien diversifier les moyens de transport. Développer les pôles régionaux comme le préconisent certains ne ferait pas mécaniquement inverser le flux de populations vers la capitale. Même si cela devait advenir, cela prendrait trop de temps. On ne soigne pas Dakar de sa macrocéphalie du jour au lendemain. En attendant la thérapie de cheval dont la capitale a besoin, il faut bien soulager la malade. Le Brt, le Ter, sont en réalité des projets d’anticipation. Anticipation sur ce que sera Dakar d’ici dix ou quinze ans.
En effet, selon les projections, la capitale sénégalaise comptera 7 millions d’habitants en 2040. Actuellement, elle en compte 3,7 millions, soit 24 % de la population sénégalaise et 50% de la population urbaine du pays sur un territoire qui ne représente que 0,3 % de la superficie nationale.
Par ailleurs, 70 % du parc automobile immatriculé circule à Dakar. Ce parc enregistre une croissance de 10 % par an. Si on y ajoute le fait que le taux de motorisation des ménages est encore relativement faible d’après le Cetud (25 véhicules particuliers pour 1000 personnes, au lieu de 500 pour 1000 dans les pays développés) et que 80 % des déplacements motorisés dans la région de Dakar se réalisent en transports publics, on comprend dès lors qu’une réponse structurelle à la demande de déplacements s’impose à travers un système de transport collectif efficace, sûr et moderne.
LE TER, CADEAU DE NOËL DE MACKY SALL
Attendu depuis longtemps, critiqué par l’opposition pour son coût jugé exorbitant, le Train express régional (TER) est enfin une réalité. JA l’a emprunté
Le trafic passagers (115 000 voyageurs par jour, selon les estimations) devrait atteindre son rythme de croisière d’ici à la mi-janvier, après un « programme découverte » offert aux usagers afin qu’ils puissent « s’approprier » dans un premier temps ce nouveau moyen de transport, dixit l’entourage présidentiel.
Chiffres vertigineux
« Avec un tel budget, j’aurais pu concevoir une liaison ferroviaire entre Dakar et Tambacounda [ville située à 460 kilomètres au sud-est de Dakar] », ironise un entrepreneur sénégalais, résumant les critiques souvent formulées contre le budget estimé de l’ouvrage. Les chiffres avancés oscillent en effet entre 750 milliards de francs CFA côté gouvernemental – 1,15 milliard d’euros – et 1 000 milliards selon l’opposant Ousmane Sonko – soit 1,5 milliard d’euros…
La construction du TER et de ses nouveaux rails a par ailleurs impliqué une vingtaine d’entreprises françaises – dont Eiffage, Engie, Thalès, SNCF – mais aussi turques et sénégalaises. Une autre critique récurrente faite au projet, qui n’aurait pas fait la part assez belle aux entreprises locales, même si le personnel recruté pour assurer l’exploitation du Train express régional est essentiellement originaire du pays.
Censé désengorger le trafic routier entre Dakar et sa banlieue (une agglomération surpeuplée qui concentre près du quart des 17 millions d’habitants du pays sur 0,3 % du territoire national), ce projet novateur en termes de transport urbain est, cette fois, sur les rails.
Une gare ressuscitée
Au lendemain de Noël, Jeune Afrique est allé s’en assurer. Au Plateau, en centre-ville, la gare de Dakar a retrouvé des couleurs. Niché face à la Place des tirailleurs africains, derrière la statue de Demba et Dupont – le tirailleur sénégalais et le marsouin français -, ce bâtiment d’inspiration coloniale datant du début du XXe siècle était devenu un vestige architectural plus qu’un hub ferroviaire.
Pour seule activité, au cours des dernières années, cette gare devenue orpheline avait dû se contenter du « Petit train de banlieue » (aussi dénommé « Petit train bleu »), une connexion banlieusarde archaïque reliant Dakar à Rufisque en passant par Thiaroye. Et, en guise de « grandes lignes », d’une liaison entre Dakar et Saint-Louis (au nord), hors d’usage depuis des années, et du fameux chemin de fer Dakar-Niger, qui permettait de rallier Bamako en 36 heures, une fois par semaine.
DESMOND TUTU A JOUÉ UN RÔLE D'ÉVEIL DES CONSCIENCES POUR LA COMMUNAUTÉ NOIRE
Cet homme d'église engagé, était la dernière des grandes icônes de la lutte contre l'apartheid. Pour en parler, Bineta Diagne s'entretient avec l'historien Abdoulaye Bathily, qui a notamment enseigné l’histoire des luttes de libération à l'Ucad
Desmond Tutu s'est éteint ce dimanche au Cap à l'âge de 90 ans. Prix Nobel de la paix, cet archevêque est considéré comme la conscience de l'Afrique du Sud, la « nation arc-en-ciel », terme qu'il a inventé après l'avènement de la démocratie en 1994 et l'élection de son ami Nelson Mandela. Desmond Tutu, homme d'église engagé, était la dernière des grandes icônes de la lutte contre l'apartheid. Pour en parler, Bineta Diagne s'entretient avec l'historien et politique sénégalais Abdoulaye Bathily, qui a notamment enseigné l’histoire des luttes de libération et du mouvement anti-apartheid en Afrique australe à l'université de Dakar dans les années 70 et 80.
RFI : La première fois que vous avez rencontré Desmond Tutu en Afrique du Sud, quelle a été votre première impression ?
Abdoulaye Bathily : C’est au tout début de la période qui a suivi l’effondrement du système d’apartheid, c’était au Cap. Il dégageait une curieuse impression d’un homme impressionnant, mais en même temps qui dégageait un air de modestie.
Parlons un peu de son rôle dans l’histoire de son pays. Quel a été son rôle dans la chute de l’apartheid ?
Il fait partie de cette phalange de dirigeants anti-apartheid qui ont joué un rôle essentiel dans les deux ou trois dernières décennies qui ont précédé la chute de l’apartheid à un double titre. D’abord en tant que prélat, il fait partie de ces religieux qui ont joué un rôle imminent comme autorité morale, autorité spirituelle de la communauté noire. Les prélats noirs dans les différentes églises, y compris dans l’église anglicane, ont joué un rôle d’éveil de conscience à travers leurs activités. D’autre part, il a participé activement dans les mouvements de masse en droite ligne de ce qu’on pourrait appeler de la « théologie de l’émancipation nationale ». Il s’est donc associé fortement d’une organisation comme l’ANC ou d’autres forces politiques, le parti communiste, etcétéra… Ils se sont associés très fortement à toutes les initiatives de libération prises par ces mouvements politiques.
Est-ce que vous avez des exemples concrets des actions qu’il a pu mener, notamment qui vous ont été rapportées à travers les récits des exilés que vous avez pu côtoyer lorsque vous étiez enseignant à l’université de Dar es Salam ?
Il n’est pas allé en exil, il est resté à l’intérieur. Et donc il y avait un mouvement de va-et-vient entre les militants de l’intérieur et les militants de l’extérieur. Par exemple, il a fortement soutenu Steve Biko. Et même à la mort de ce dernier, il a joué un rôle très important dans les funérailles. Il s’est toujours battu pour la libération des détenus en Afrique. Des détenus de toutes conditions d’ailleurs, que ce soit les mouvements politiques, les mouvements syndicaux, l’ANC, le Mouvement de la conscience noire, le Black Consciousness Movement. Donc, il a été en réalité de tous les combats.
par l'éditorialiste de seneplus, Jean-Claude Djéréké
LES FUMISTERIES DE ZEMMOUR
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment peut-on être fier d’appartenir à un pays qui demanda en 1966 aux Américains de fermer les bases militaires qu’ils avaient en France et rendre visite à la base militaire française d’Abidjan ?
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 27/12/2021
Éric Zemmour avait été condamné à 2 000 euros d’amende avec sursis en février 2011 pour des déclarations racistes faites le 6 mars 2010 sur Canal+ et France 2. Sur la première chaîne, il avait expliqué que les Noirs et les Arabes étaient contrôlés plusieurs fois parce qu’ils étaient des trafiquants de drogue. Sur France 2, il avait défendu l’idée que les employeurs blancs avaient le droit de ne pas embaucher des Arabes ou des Noirs.
10 ans plus tard, le journaliste polémiste a-t-il changé de regard et de discours sur les Noirs et les Arabes de France ? Non. Zemmour continue de tenir des propos méprisants et blessants contre l’islam et l’immigration. Ainsi, le 6 mai 2014, dans une chronique intitulée “En matière de délinquance, notre État fait illusion”, il ne voyait aucune différence entre “les "bandes de Tchétchènes, de Roms, de Kosovars, de Maghrébins, d’Africains qui dévalisent, violentent ou dépouillent” et “les grandes invasions d’après la chute de Rome”. Ce qui a changé, c’est qu’il est candidat à la prochaine élection présidentielle et qu’il espère battre tous ses adversaires afin de sauver cette France “sidérée et prostrée [mais dont] la fureur se perd dans le vide intersidéral des statistiques”, cette France que beaucoup de Français disent ne plus reconnaître.
Je ne reproche pas à Zemmour d’être souverainiste. Moi aussi, je le suis. Je suis partisan de l'Afrique aux Africains et de la France aux Français. Je veux que chacun s'occupe de ses oignons et jouisse de ses richesses au lieu de s’ériger en donneur de leçons et de convoiter le bien des autres. Ce que je lui reproche, en revanche, c'est de ne pas être conséquent avec lui-même car comment peut-on être fier d’appartenir à un pays qui demanda en 1966 aux Américains de fermer les bases militaires qu’ils avaient en France et rendre visite à la base militaire française d’Abidjan ? Comment peut-on promettre l’immigration zéro aux Français et courir en même temps après l’argent des Africains pour financer sa campagne électorale ? Zemmour estime que la France est de plus en plus envahie par les Noirs mais s’est-il une fois demandé pourquoi ces Noirs quittaient l’Afrique ? Car l’immigration n’est peut-être que la conséquence de la politique française que certains analystes jugent prédatrice et complice des dictateurs africains. Qui sait si les immigrés noirs ne sont pas sur les traces des richesses que la France a pillées en Afrique ? L’histoire de son pays semble passionner le candidat de “La Reconquête” et il a l’air de savoir quel président a fait ceci ou cela en telle ou telle année. J’ose croire qu’il connaît aussi ce morceau du discours prononcé par Jacques Chirac en janvier 2001 lors du 21e sommet France-Afrique à Yaoundé : “Nous avons saigné l’Afrique pendant quatre siècles et demi. Ensuite, nous avons pillé ses matières premières ; après, on a dit : ils (les Africains) ne sont bons à rien. Au nom de la religion, on a détruit leur culture et maintenant, comme il faut faire les choses avec plus d’élégance, on leur pique leurs cerveaux grâce aux bourses. Puis, on constate que la malheureuse Afrique n’est pas dans un état brillant, qu’elle ne génère pas d’élites. Après s’être enrichi à ses dépens, on lui donne des leçons.”
Éric Zemmour était discrètement arrivé à Abidjan, le 22 décembre 2021. Lui qui veut que l'argent de la France ne profite qu'aux Français, je doute fort qu’il soit retourné à Paris les mains vides car c’est une tradition bien française que les présidents africains mettent la main à la poche pour contribuer au financement des campagnes électorales en France. Avant Zemmour, Jean-Marie et Marine Le Pen, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Manuel Valls, Emmanuel Macron avaient bénéficié des largesses des présidents africains. Combien Zemmour reçut-il ? Cela reste aussi mystérieux que l’endroit et le moment où son cadeau de Noël lui fut remis. Ceux qui pensent que nous racontons des histoires peuvent lire “La République des mallettes” (Fayard, 2011) de Pierre Péan, échanger avec Robert Bourgi, l’avocat et ancien conseiller de Chirac et Sarkozy ou interroger Roland Dumas. L’ancien ministre des Affaires étrangères de Mitterrand n’admettait-il pas en 2011 avoir porté des valises d’argent pour l’ancien président ? “Cela a toujours existé, disait-il. Ce n’est pas nouveau. Il y avait des relations personnelles entre les chefs d’État africains et français, quels qu’ils soient, et chacun aidait l’autre lors des campagnes électorales. À gauche comme à droite” (cf. ‘Lyon Capitale’ de septembre 2011). Par conséquent, il serait naïf de penser que Zemmour était dans la capitale économique ivoirienne uniquement pour rendre visite au 43e BIMA, la base militaire française qui, de mon point de vue, aurait dû fermer depuis longtemps.
Pendant que Zemmour circulait tranquillement à Abidjan, 96 docteurs, qui manifestaient pacifiquement devant la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan, étaient gazés, humiliés et embastillés à la préfecture de Police du Plateau. Ces docteurs sont membres du Collectif des 3 000 docteurs qui ne demandent qu’à servir leur pays. Comment un gouvernement peut-il mépriser et maltraiter ses universitaires alors que, en janvier 2017, il accorda séance tenante 12 millions de francs CFA à chacun des 8 500 anciens combattants des Forces Nouvelles qui avaient ouvert le feu à Bouaké et dans d’autres villes du pays ? L’arrestation des docteurs ne semble pas avoir ému grand-monde. Ni les partis politiques, ni les enseignants du supérieur, ni la puissante Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire, ni les guides religieux, ni les chefs traditionnels, ni les organisations de défense des droits de l’homme n’ont osé élever une vive protestation contre les mauvais traitements subis par les manifestants.
Aujourd’hui, tout se passe comme si tout le monde avait démissionné et cessé de se battre pour la justice et la liberté, comme si certains, après avoir légitimé le troisième mandat anticonstitutionnel de Ouattara, avaient choisi de manger avec le pouvoir et d’entrer dans le prochain gouvernement. D’autres préfèrent parler d’Olivia Yacé qui serait bien positionnée pour la finale Miss monde 2022 ou suivre les pitreries du “Général” Camille Makosso. Mais un pays, qui a une propension au divertissement, à la superficialité et aux futilités, n’est-il pas mal parti ? Peut-il s’en sortir quand ses fils et filles s’accommodent facilement de l’injustice et du crime, quand ils se résignent vite et attendent tout de Dieu ?