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12 août 2025
LA RETRAITE DE BARKHANE
La France et ses partenaires engagés au Sahel semblent converger vers une même décision : « quitter le Mali ». À l’Élysée, on explique au JDD que « c’est effectivement plus une question de jours que de semaines »
Elle est en ligne de mire. Le départ de la force militaire française du Mali pourrait être annoncée dans la semaine. La fin de « Barkhane » ? C’est « une question de jours », lance Le Journal du Dimanche, la France et ses partenaires engagés au Sahel semblent converger vers une même décision : « quitter le Mali ». À l’Élysée, on explique au JDD que « c’est effectivement plus une question de jours que de semaines ». Et cet hebdomadaire pense qu’Emmanuel Macron pourrait en faire l’annonce dans la foulée d’une réunion des dirigeants européens et africains « mercredi soir », à la veille du sommet UE-Afrique.
Mali, le farewell de l’armée française
Cette retraite du Mali est cette semaine à « la Une » de L’Obs. « La France dans le piège malien », y lance cet hebdomadaire, le dossier est « explosif pour Emmanuel Macron ». Selon L’Obs, « tous les ingrédients sont en effet réunis pour faire de 2022 l’année de tous les dangers dans (le) Sahel ».
Présentant comme un « acte de guerre » l’attaque jihadiste du 22 janvier dernier contre la base militaire française de Gao, et qui a coûté la vie au brigadier Alexandre Martin, 24 ans, 53e soldat français, depuis 2013, à être tombé au champ d’honneur sahélien, L’Obs se demande « jusqu’à quand? » la France va poursuivre la lutte contre le terrorisme dans la région.
« J’ai annoncé que c’était un bourbier dès 2013: j’ai été viré pour ça, dit à ce magazine un ancien diplomate. Nous avons fait exactement les mêmes erreurs qu’en Afghanistan. L’issue sera la même. Nous allons partir, oui, mais la queue entre les jambes, et sans avoir rien réglé », ajoute-t-il, tandis qu’un autre ancien diplomate explique les décisions d’Emmanuel Macron concernant le Mali par la volonté « de réduire l’exposition politique et le bruit de fond médiatique, de ne pas être embêté sur ce sujet pendant la campagne présidentielle ». Mais le silence du président français au sujet du Mali « devient de plus en plus difficile à tenir », souligne L’Obs.
APRÈS LA CAN, DEVENIR LES CHAMPIONS DE LA DÉMOCRATIE ET DE LA JUSTICE SOCIALE
Le patron de BBY pensait remporter brillamment les locales. Ce qui, combiné à la victoire des Lions, aurait pu donner un second souffle à son régime aux abois et lui ouvrir la voie à cette troisième candidature
Depuis une semaine, grâce au coach Aliou, Koulibaly, Sadio et tous les autres valeureux Lions de la Téranga, la nation entière s’est payée une ivresse halal pour faire oublier aux uns, la fin proche de leur régime et aux autres, leur quotidien morose de jeunes oisifs, de ménagères désespérées et de gorgorlu désenchantés.
Projet avorté d’instrumentalisation de la victoire des Lions
Ainsi, les caravanes footballistiques ont succédé aux caravanes électorales et le peuple, ayant pris possession de la rue a pratiquement érigé des barricades footballistiques, contre lesquelles les forces de défense et de sécurité étaient impuissantes.
Cette victoire des Lions est venue rallumer la flamme de l’espoir, qui était presque éteinte par la faute des désastreuses politiques publiques mises en œuvre par le régime de Macky Sall. Mais sachons tout de même différencier les motivations des uns et des autres ! La frontière est, en effet, ténue entre la joie saine du vainqueur d’une compétition sportive et le chauvinisme infect, apanage des forces de régression sociale.
Reconnaissons-le ! Cette victoire à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) était dans l’ordre du prévisible, au vu du classement très satisfaisant des Lions, classés depuis plusieurs mois, comme première équipe africaine par les institutions sportives internationales.
C’est ce qu’ont compris les joueurs de poker, qui nous gouvernent et qui a fait dire au président de la République, lors de la remise du drapeau national aux Lions, que cette fois-ci, l’objectif devrait être de ramener la Coupe à la maison.
Il n’y a aucun doute qu’il y avait des arrière-pensées politiciennes dans la décision du pouvoir de faire coïncider les élections locales et la CAN. Comme leurs maîtres à penser de l’Occident capitaliste, ils ont compris, que le football, à défaut d’être l’opium du peuple, pouvait, tout au moins être considéré comme un outil majeur de diversion politique, pour occulter les grands enjeux sociopolitiques de l’heure.
Dans son entendement de stratège aux petits pieds, le patron de Benno Bokk Yakaar pensait remporter brillamment les élections locales du 23 janvier 2022, ce qui, combiné à la victoire des Lions, aurait pu donner un second souffle à son régime aux abois et peut-être même lui ouvrir la voie à cette troisième candidature tant convoitée.
Malheureusement pour eux, les électeurs ont préféré aux élégants mannequins de Benno, aux affiches trop belles (pour être vraies), les gavroches intrépides de la République, ayant fait plusieurs séjours dans les prisons de l’APR et pas loin d’être considérés, selon les canons de l’idéologie dominante, comme des ennemis publics.
C’est dire que le deuxième pénalty réussi de Sadio Mané n’a pas seulement provoqué une euphorie générale dans tout le pays, même chez les simples gens, mais a été perçu, par le parti beige-marron et ses satellites, comme une bouée de sauvetage.
C’est ainsi que mêmes les hauts d’en haut se sont joints à la fête, interrompant leurs interminables flâneries internationales, pour venir récolter les gains politiciens des investissements prétendument consentis, pour enfin conquérir un trophée continental.
Le football, ascenseur social
Il faut comprendre que le football est considéré par les couches populaires comme un ascenseur social, comme on peut le constater, au vu de la composition de l’équipe nationale, presqu’entièrement constituée d’émigrés de première ou deuxième génération provenant majoritairement de familles modestes ou des régions les plus déshéritées de notre pays, parfois binationaux, descendants de professionnels du foot ou self-made men. La plupart de ces footballeurs constituent des institutions sociales ambulantes, qui essaient d’atténuer les souffrances populaires dues aux manquements des politiques gouvernementales, en construisant ou équipant hôpitaux et écoles, octroyant même des subventions aux familles démunies. Les financements souscrits dans ce cadre dépassent de loin les récompenses allouées au nom de la République, dans un inextricable imbroglio de culture d’accaparement et de conflit d’intérêts dénoncé, à juste titre par les activistes.
Les excès notés dans la célébration ne font que traduire cette aspiration, voire ce besoin vital des jeunes de notre pays de s’extraire de leur quotidien cauchemardesque.
C’est dire que les fonds colossaux, que le président et son ministre réélu se vantent d’avoir affecté à notre football national n’ont jamais réellement servi à l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique cohérente misant sur la décentralisation des ressources humaines et matérielles (infrastructures, équipement) ainsi que sur les petites catégories. Ils ont plutôt servi aux chasseurs de têtes, que sont devenus nos entraîneurs (nationaux ou étrangers) à voyager par monts et par vaux, afin débusquer des talents footballistiques, en vue de monter une sélection de stars internationales qui, à la force du poignet (ou de la cheville) se sont d’eux-mêmes, hissés aux plus hauts rangs du football mondial.
C’est tout cela qui rend indécentes ces entreprises de récupération politicienne des succès engrangés par nos braves footballeurs, qu’on prétend récompenser – en se servant au passage – alors qu’on les avait laissés en rade, au moment où ils en avaient le plus besoin. Pour preuve, nos footballeurs ont dû attendre d’être champions d’Afrique, pour enfin disposer d’un stade digne ce nom, réellement conforme aux normes internationales.
Non à une nouvelle entente cordiale sur le dos du peuple !
Mais heureusement que l’onde de choc de la victoire éclatante des Lions est venue après la fausse victoire des simbkat de Benno Bokk Yakaar, qui ont essuyé un revers cinglant lors des dernières élections locales, rendant sans objet toute velléité de nouvelle entente cordiale sur le dos du peuple.
L’heure de vérité a sonné pour l’ensemble de la classe politique, qui se doit maintenant de poser des actes forts.
Le camp du pouvoir devra diligenter le traitement judiciaire impartial et équitable des nombreux scandales étouffés ou mis sous le coude (présidentiel) et faire face à la problématique de la demande sociale ainsi qu’aux légitimes revendications des travailleurs, surtout ceux de l’Éducation et de la Santé.
Il doit également rétablir la confiance au niveau de l’arène politique et se résoudre à compétir loyalement, ce qui suppose de rebâtir un consensus fort autour du système électoral et du respect scrupuleux de la séparation des pouvoirs.
Une bonne gestion de la fin de son second mandat permettra au président Sall de restructurer son parti, qui devra trouver un nouveau candidat consensuel pour les prochaines présidentielles. Car, il est de plus en plus évident que ce qui plombe le processus de mise aux normes et de modernisation des partis politiques se trouve être la déliquescence du parti de la majorité sortante qui, à la faveur d’une nouvelle alternance, se trouve dans l’incapacité de fonctionner, de manière autonome, dès lors qu’il n’est plus adossé à l’appareil d’État, pour cimenter son unité organisationnelle.
Quant à l’opposition politique, il est temps pour elle, en alliance avec l’ensemble des forces vives de comprendre que la défaite politique du pouvoir de Macky Sall et la victoire électorale au niveau de certaines collectivités territoriales de notre pays ne constituent qu’un premier jalon dans l’œuvre de refondation institutionnelle.
Il ne peut s’agir, tout au plus, que de leviers de mobilisation populaire pour repenser globalement notre système politique, handicapé par une approche hyper-présidentialiste, qui a atteint ses limites historiques et pour construire une alternative politique progressiste en direction des présidentielles de 2024.
DANS LES COULISSES DE LA CAN VICTORIEUSE DES LIONS
Le ministre des Sports, Matar Ba, revient au micro de Sud FM, sur l'épopée sénégalaise en terre camerounaise ces dernières semaines, du match d'ouverture à Bafoussam au sacre final contre l'Égypte, le 6 février
Le ministre des Sports, Matar Ba, revient au micro de Sud FM, sur l'épopée sénégalaise en terre camerounaise ces dernières semaines, du match d'ouverture à Bafoussam au sacre final contre l'Égypte, le 6 février.
MOHAMED MBOUGAR SARR EXORCISE L'HORREUR DU RÉEL PAR LE ROMAN
Avant la consécration du Prix Goncourt 2021, l’auteur de «La plus secrète mémoire des hommes» avait publié deux romans témoignant d’un courage impressionnant: «Terre ceinte» et «De Purs hommes»
Avant la consécration du Prix Goncourt 2021, l’auteur de «La plus secrète mémoire des hommes» avait publié deux romans témoignant d’un courage impressionnant: «Terre ceinte» et «De Purs hommes». Le premier détaillait l’emprise d’une «Fraternité» islamiste imposant sa terreur aux habitants d’une petite ville imaginaire; et le second s’en prenait à la persécution des homosexuels, au Sénégal d’aujourd’hui. D’abord célébré dans son pays, le jeune écrivain n’a pas tardé à être vilipendé par les intégristes et leurs ouailles...
C’était à prévoir, me suis-je dit en lisant récemment De purs hommes, après avoir découvert le formidable roman de Mohamed Mbougar Sarr justement récompensé par le Prix Goncourt, et d’ailleurs les premières réactions avaient précédé le succès international du jeune auteur après la première édition du roman. De fait, au lendemain du salamalec présidentiel saluant l’honneur national que représentait, pour un auteur sénégalais, la consécration du prix littéraire le plus prestigieux de francophonie, l’on pouvait s’attendre, en fièvre virale sur les réseaux sociaux, à un retour de flamme de ceux qui se firent un devoir vertueux de rappeler que l’écrivain fêté n’était autre qu’un suppôt de la décadence occidentale appliqué à défendre cette maladie précisément importée d’Occident qu’est l’homosexualité.
Mais qu’est-ce à dire? Le roman De purs hommes fait-il l’apologie de l’homosexualité? Nullement, mais encore faut-il le lire pour voir, de bonne foi, qu’il n’en est rien. Par ailleurs, faut-il s’affliger de cette réaction vive, quoique sans commune mesure avec la fureur assassine soulevée en 1988 par Les Versets sataniques de Salman Rushdie, correspondant au choc de deux cultures? Je ne le crois pas du tout, car cette réaction prouve que la littérature peut encore, aujourd’hui, non pas choquer gratuitement mais exposer une situation complexe et faire réfléchir sur la base de situations vécues, incarnées par des personnages de chair et de sang parfois déchirés entre plusieurs «fidélités»…
Le prof, l’infâme vidéo et Verlaine censuré…
Lorsque Ndéné Gueye, le narrateur de De purs hommes, encore estourbi de volupté amoureuse partagée avec la superbe Rama, est prié par celle-ci de regarder une vidéo «virale» infectant tous les téléphones portables de la capitale sénégalaise et environs, où l’on voit deux forcenés, encouragés par une meute hurlante, déterrer le cadavre d’un jeune homme, sa seule réaction, devant son amante, est, quoique choqué, de ne pas trop «savoir qu’en penser», supposant du moins que le malheureux était un «góor-jigéen» (littéralement un homme-femme, un homosexuel en langue wolof), sans se douter que cette réaction mollement dilatoire provoquerait la colère la plus vive de sa compagne.
Aussi bien est-ce avec une violente intransigeance que Rama, d’«intelligence vive et sauvage», prend son apparente indifférence, lui lançant à la figure qu’il est «finalement semblable aux autres. Aussi con». Puis d’ajouter que «les autres au moins ont parfois l’excuse des ne pas être des professeurs d’université, de supposés hommes de savoir, éclairés». Et de conclure: «Ce n’était qu’un góor-jigéen, après tout, hein?», avant de l’envoyer promener…
Aussi secoué par cette admonestation que par la vidéo, le jeune prof va faire, peu après, une autre expérience qui achèvera de le déstabiliser, quand une note du Ministère de l’enseignement ordonnera d’«éviter l’étude d’écrivains dont l’homosexualité est avérée ou même soupçonnée», tel Verlaine dont il se fait un devoir et un plaisir de parler à ses étudiants.
Au demeurant — et c’est tout l’art de Mohamed Mbougar Sarr de plonger dans la complexité humaine —, le jeune homme a été troublé par la vision du corps déterré et exposé d’obscène façon, et le mélange de la scène éminemment érotique qu’il vient de vivre avec Rama, d’un souvenir personnel mêlant désir et violence, et de l’effroyable souillure imposée à un défunt, sur fond d’interdit social (l’homosexualité reste punissable au Sénégal) et de préjugés omniprésents, vont l’amener à s’interroger sur l’identité et le vécu réel du déterré, avec des conséquences inimaginables pour lui et combien révélatrices pour nous autres lecteurs.
DIEYNABA SIDIBÉ, PREMIÈRE FEMME GRAFFEUSE DU SÉNÉGAL
Sur les murs de l'Institut français de Dakar sont exposées jusqu'en avril les œuvres d'un projet qu'elle vient de mener avec 15 jeunes graffeurs sénégalais
Dieynaba Sidibé, surnommée Zeinixx, est la première femme sénégalaise graffeuse professionnelle qui a su s'imposer dans le milieu influent du street art dominé par les hommes. Sur les murs de l'Institut français de Dakar sont exposées jusqu'en avril les œuvres d'un projet qu'elle vient de mener avec 15 jeunes graffeurs sénégalais.
Dans son atelier lumineux et coloré, au centre culturel Léopold Sedar Senghor, les murs sont recouverts de projets divers. Dans un coin, des sprays sont rangés sur une étagère, et sur l’un de ses bureaux sont étalées des ébauches de dessins.
« En amont, on peut préparer des esquisses, on peut extérioriser ce que l’on a à l’intérieur, ce que l’on projette. L’idée est de visualiser ce que cela pourrait donner sur un mur, précise la graffeuse Zeinixx. Là, c'est déjà un projet qui murit : c’est très coloré et il y a pas mal de formes, arrondies, ondulées, des vagues, des fleurs et c’est comme ça que j'ai envie de le voir : éclatant ! »
Zeinixx, de son vrai nom Dieynaba Sidibé, a commencé à graffer en 2008 en autodidacte. Accompagnée par d’autres graffeurs plus anciens, elle s’est imposée dans ce milieu d’hommes, malgré le refus de sa famille au début. « C’était difficile à cause du public. Contrairement à ce que l’on peut penser, ce sont les graffeurs avec qui j’étais qui m’ont boostée, parce qu’ils ne m’ont jamais regardée en tant que femme, mais toujours en tant qu’artiste. Ça m’a poussé au-delà de mes limites. »
Maha Abdelhamid est membre du Collectif de la Voix des Femmes Tunisiennes Noires. Pendant la CAN, elles ont répertorié les propos racistes diffusés sur les réseaux sociaux et à la télévision
"La CAN, c'est un espace libre qui leur permet d'extérioriser le racisme qu'ils ont en eux."
Maha Abdelhamid est membre du Collectif de la Voix des Femmes Tunisiennes Noires. Pendant la CAN, elles ont répertorié les propos racistes diffusés sur les réseaux sociaux et à la télévision.
Elle nous explique leur démarche.
LES SOLDATS RETENUS PAR LE MFDC BIENTÔT LIBÉRÉS
Les rebelles libèreront lundi sept soldats sénégalais faits prisonniers fin janvier
Les sept soldats sont membres de la mission ouest-africaine en Gambie (Ecomig), pays voisin de la Casamance. Ils seront remis lundi en Gambie au représentant de la Communauté des Etats oues-africains (Cédéao), l'organisation sous-régionale qui a institué l'Ecomig, a indiqué à un correspondant de l'AFP un responsable du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MDFC) sous couvert d'anonymat.
C'est ce mouvement qui a capturé les sept soldats sénégalais au cours d'une affrontement le 24 janvier.Quatre soldats sénégalais avaient été tués, selon l'armée sénégalaise. Cette dernière avait indiqué que l'accrochage avait eu lieu au cours d'une opération contre le trafic de bois "sur la frange frontalière avec la Gambie".
Le chef du MFDC, Salif Sadio, a déclaré cette semaine que les soldats sénégalais venus de Gambie avaient traversé la frontière et attaqué ses bases en Casamance. Il a rapporté que le MFDC avait rendu à la Cédéao les dépouilles des soldats tués. Cet affrontement est l'un des évènements les plus graves des dernières années dans le conflit casamançais. Les forces sénégalaises fournissent l'essentiel des effectifs de l'Ecomig, de plusieurs centaines de soldats.
La Casamance est le théâtre d'un des plus vieux conflits d'Afrique depuis que des indépendantistes ont pris le maquis après la répression d'une marche en décembre 1982. Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l'économie, le conflit a persisté à basse intensité. Le Sénégal s'emploie à normaliser la situation et a entrepris de réinstaller les déplacés.
DES PROFESSIONNELS DES MÉDIAS MIEUX AGUERRIS POUR LA LUTTE ANTI-TABAC
Des journalistes et communicants venus de 10 pays d’Afrique en session de renforcement de capacités sur leur apport à la lutte antitabac, se sont séparés jeudi à Lomé, mieux outillés et engagés pour de meilleurs résultats
Des journalistes et communicants venus de 10 pays d’Afrique en session de renforcement de capacités sur leur apport à la lutte antitabac, se sont séparés jeudi à Lomé, mieux outillés et engagés pour de meilleurs résultats.
La session, démarrée mardi, a été initiée par l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ATCA).
Elle vise à informer et sensibiliser les professionnels des médias sur les dangers du tabac et l’importance de la lutte antitabac, afin qu’ils puissent convenablement sensibiliser les populations et soutenir les États pour la promotion de la santé.
Le tabac est une épidémie mondiale qui occasionne la mort de 8 millions de personnes chaque année. Et selon Léonce Sessou (Secrétaire exécutif de l’ATCA), parmi ces 8 millions de personnes, il y a plus d’un million de non-fumeurs.
« Ils ne fument pas. Mais, parce qu’il y a des gens qui fument ou font usage du tabac à côté d’eux, ils en meurent aussi. Il y a des avortements provoqués, parce que des femmes font usage de produits ou dérivés de tabac. Il y a également des enfants qui meurent… », a expliqué Léonce Sessou, soulignant que la jeunesse représente aujourd’hui la cible de l’industrie du tabac.
Il est donc impérieux que les professionnels des médias s’investissent aux côtés de la société civile et des gouvernants, afin que les dispositions avant-gardistes prises pour sauver des vies puissent être mise en œuvre avec succès.
« Pendant trois jours, les professionnels des médias ont réfléchi sur les axes d’action qu’ils peuvent mener pour accompagner leurs gouvernants et la société civile dans leurs efforts pour sauver des vies. Et pour renforcer leurs capacités, nous leur avons donné des techniques utiles pour leur métier », a précisé M. Sessou.
Cette rencontre leur a permis de comprendre l’épidémie du tabac, la lutte antitabac, la Convention cadre de la lutte antitabac (CCLAT) de l’OMS, ainsi que les stratégies et tactiques de l’industrie du tabac, puis d’appréhender leur rôle dans la lutte antitabac.
Ils ont pu comprendre les fondements du storytelling de la lutte antitabac, identifier des initiatives de communication et se sont familiarisés avec le processus d’élaboration d’un plan de communication et de plaidoyer.
Pour Mbagnick Diouf (directeur de Radio Oxygène, une radio communautaire au Sénégal), il faut informer et sensibiliser les populations et aussi sonner l’alerte en ce qui concerne les produits émergents du tabac.
« Au Sénégal, se sont surtout les jeunes qui viennent du milieu rural qui fument. Il s’agira donc, de trouver des éléments de langage appropriés à chaque cible pour faire passer le message efficacement. Concernant les produits émergents, nous allons faire des recherches, afin de prévenir nos populations sur les dangers », a-t-il ajouté.
Jean-Claude Bakali (directeur /Afrique Express, membre du REJAT, un réseau de journalistes anti-tabac au Togo) pense déjà à une restitution des acquis de cette formation, afin de mettre les membres du REJAT même niveau d’information : « cela nous permettra de mieux organiser notre stratégie de plaidoyer ».
« Cette session m’a permis d’acquérir de nouvelles compétences et de découvrir les méthodes utilisées par les industries du tabac pour continuer à vendre un produit nuisible à la santé », s’est-il réjoui.
Notons que l’ATCA est un réseau panafricain, apolitique et à but non lucratif, de 120 organisations de la société civile, issues de 39 pays d’Afrique.
Le réseau s’investit dans le renforcement des capacités des OSC et des autorités, la surveillance de l’industrie du tabac et le plaidoyer politique pour l’adoption et la mise en œuvre de politiques solides de lutte antitabac.
PAR Ousseynou Nar Guèye
LA VICTOIRE À LA CAN MET EN VEILLEUSE LES TENSIONS POLITIQUES
Depuis que les Lions de la Téranga ont été sacrés champions d’Afrique, le pays est en lévitation. Un moment de grâce qui ne masquera pas longtemps les profonds clivages entre les acteurs des différents partis
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar Guèye |
Publication 12/02/2022
Ce lundi 7 février, la plupart des Sénégalais se sont réveillés d’une très courte nuit, convaincus que ce sera le plus beau jour du reste de leur vie. Leurs Lions ont été sacrés, la veille, champions d’Afrique de football millésime 2021. On aura même entendu des « Sénégal, champion du monde ! » Pourquoi pas ? L’Afrique est bien le berceau de l’humanité… Cette consécration intervient au moment où s’ouvre la présidence sénégalaise de l’Union africaine, à Addis-Abeba. Un mandat entamé avec un discours résolument percutant de Macky Sall – désigné en 2021 pour prendre les rênes de l’organisation – contre « la vague de changements anticonstitutionnels de gouvernements […], condamnés sans équivoque », et contre « les coups d’État militaires [qui] ne seront tolérés sous aucune forme que ce soit ». La fin de l’année 2021 aura également vu un fils du Sénégal, Mohamed Mbougar Sarr, remporter le plus prestigieux des prix littéraires francophones (et français), le Goncourt.
Succès sportif, politique et littéraire : le triptyque qui fait la caste élitaire du pays, celle qui montre la voie au peuple. L’année 2021 aura donc été, pour le pays d’Ousmane Sembene, un sas vers une année 2022 où les astres semblent s’être alignés dans une belle conjonction pour des triomphes internationaux et continentaux. Les Lions du football sont rentrés avec la coupe à Dakar, portés en triomphe par une population en liesse qui a fini de peindre tous les trottoirs de la ville aux couleurs du drapeau national. Oriflamme du Sénégal qui flotte partout et au bout de tous les bras. Une union nationale des cœurs, comme seul le football sait en créer dans les pays du continent africain.
Concorde nationale ? On pourrait le dire. Et elle est la bienvenue. Le Sénégal sort d’élections locales qui non seulement ont consacré la division du pays entre la majorité présidentielle et une certaine opposition radicalisée, mais ont aussi acté la défiance de grandes villes envers Macky Sall. Mastodonte démographique et économique à l’échelle sénégalaise, Dakar s’est choisi comme maire un opposant radical s’il en est: Barthélémy Dias. Troisième ville du pays, Thiès a désavoué Idrissa Seck, nouvel allié du président. Ziguinchor a adoubé Ousmane Sonko, son opposant le plus virulent. Et on n’oublie pas le triomphe du bulletin blanc dans les urnes de la deuxième ville du pays, la religieuse Touba, où seule la liste de la majorité présidentielle était autorisée à concourir…
« La main de Dieu » ?
Pourtant, en ce début de février, le Sénégal, c’est e pluribus unum (un pour tous, tous pour un). Toutes les voix, celles des politiques, des membres de la société civile, des leaders d’opinion comme celle du petit peuple, s’entendent pour encenser la victoire des Lions de la Téranga, devenue celle de toute la « nation une et indivisible ». Un leitmotiv qu’aiment à répéter les autorités étatiques dans leurs discours, sans d’ordinaire être entendu. Macky Sall a invité Ousmane Sonko à l’accueil des Lions à l’aéroport, et celui-ci l’en a félicité chaleureusement. Est-ce à dire que « la main de Dieu » se serait miraculeusement posée sur le Sénégal ?
Non, il reste des lignes de clivage et des antagonismes qui fouaillent en profondeur les entrailles du pays. D’abord, le Dialogue politique et national lancé par le président Sall au lendemain de sa réélection, en février 2019, qui donne lieu à des empoignades sans civilité entre acteurs politiques. Ce dialogue aura été celui de sourds et d’adeptes de la chaise vide, échouant à déboucher sur un quelconque consensus.
La perspective d’un troisième mandat en 2024 de Macky Sall – candidat toujours possible, selon sa propre formule –, divise aussi nettement la société sénégalaise. Et c’est la raison pour laquelle l’opposition est parvenue à faire des élections locales un enjeu national. Le pays retournera d’ailleurs très bientôt en campagne électorale, lieu futur de toutes les invectives à nouveau, puisque les élections législatives sont officiellement décrétées pour le 31 juillet 2022.
Sur le plan sociétal, l’homosexualité elle aussi demeure un sujet clivant, comme l’a encore récemment démontré le débat sur le durcissement de la législation en la matière. Ou comme le prouve au quotidien l’intolérance populaire envers les « goordjiguenes », un phénomène qui se matérialise de plus en plus dans les actes très concrets de barbarie d’une société passablement schizophrène contre la supposée barbarie homosexuelle.
Esprit vétilleux
Pour preuve, l’opposition des populations à l’inhumation d’un homosexuel présumé dans la ville de Rufisque, le 4 février dernier. Par ailleurs, le Sénégal n’est pas devenu un pays d’où la pauvreté du plus grand nombre a disparu du jour au lendemain. Même si, à l’horizon 2023, est annoncée la production des premiers barils de pétrole de l’offshore du pays de l’ingénieur géologue Macky Sall.
Qu’importe ces bémols, les Sénégalais vivent incontestablement une séquence inédite d’union sacrée intergénérationnelle qui traverse toutes les couches sociales, le catalyseur restant cette Coupe d’Afrique des nations, remportée à Yaoundé par la bande à Sadio Mané. Les deux défaites précédentes de l’escouade nationale en finale de la CAN sont effacées, en particulier l’affront de Bamako, en 2002, face aux Camerounais. Et c’est au Cameroun que cet affront a été lavé.
En ce moment, les Sénégalais ne veulent écouter que leur cœur. Ils semblent tous avoir perdu leur esprit habituellement vétilleux, dans le chaudron du stade d’Olembé. « Rebranding Senegal », « Make Senegal Great Again » : que ce pays ne soit plus seulement celui de l’hospitalité, la fameuse Téranga, mais qu’il devienne aussi et surtout celui de gagnants décomplexés au mental d’acier, assumant pleinement leur triomphe. Merci pour ce moment, chers Lions de la Téranga.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste et fondateur du site d'information Sentract.sn
MALI, GOÏTA EXCLU DE LA PROCHAINE PRÉSIDENTIELLE
Le chef de la junte malienne ne pourra pas être candidat à la future élection présidentielle censée ramener les civils au pouvoir, indique un projet de loi présenté par les militaires
Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, ne pourra pas être candidat à la future élection présidentielle censée ramener les civils au pouvoir, indique un projet de loi présenté par les militaires et consulté samedi par l'AFP.
Le texte reste flou sur la date à laquelle des élections auraient lieu, alors que la question donne lieu à un bras de fer entre les autorités maliennes d'une part et l'organisation des Etats ouest-africains Cédéao ainsi qu'une partie de la communauté internationale de l'autre.
Le Conseil national de transition (CNT), qui fait office d'organe législatif après le coup d'Etat qui a porté les militaires au pouvoir en août 2020, a commencé vendredi à examiner en commission un texte réformant la "charte de la transition", ont appris les correspondants de l'AFP en marge d'auditions qui se poursuivaient samedi. Cette charte tient lieu d'acte fondamental de la période de transition précédant un retour des civils à la direction de ce pays plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012. Cette charte promulguée par les militaires le 1er octobre 2020 fixait la durée de la transition à 18 mois. Les autorités ont depuis révoqué leur engagement initial à organiser des élections le 27 février prochain. Elles ont pour projet de rester en place quatre ou cinq années supplémentaires.
La Cédéao a infligé le 9 janvier de sévères sanctions économiques et diplomatiques au Mali. Le laps de temps de 18 mois "se révèle intenable", dit le colonel Goïta dans la lettre accompagnant le projet transmis au CNT. Il invoque à nouveau la nécessité de réformes préalables. Le projet de loi dispose que la durée de la transition "est fixée conformément aux recommandations des Assises nationales de la refondation". Les autorités avaient organisé fin 2021 ces consultations pour qu'elles préconisent les réformes à entreprendre et la durée de la transition. Les Assises, présentées par les autorités comme l'expression d'une volonté populaire mais contestées par une partie de la classe politique, recommandaient de six mois à cinq ans de transition.
Le projet de loi stipule par ailleurs que "le président de la transition n'est pas éligible aux élections présidentielle et législatives" qui auront lieu à la fin de la transition. C'est déjà le cas dans la version actuelle de la charte. Le poste de vice-président serait supprimé. Ce poste avait été taillé sur mesure pour le colonel Goïta en 2020, pour qu'il soit en charge des questions de sécurité. Le colonel Goïta s'est depuis fait investir président à la suite d'un second coup d'Etat au cours duquel il avait destitué les président et Premier ministre de transition de l'époque en mai 2021.
En cas de vacance de la présidence ou d'empêchement, les fonctions seront assurées par le président du CNT, actuellement le colonel Malick Diaw. Le texte prévoit aussi l'adoption d'une amnistie en faveur de "tous les acteurs ayant participé aux évènements" du 18 août 2020 et du 24 mai 2021, autrement dit les deux putsch.