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17 juin 2025
MOMENT DE VÉRITÉ ENTRE MACRON ET LA JUNTE MALIENNE
Le président français doit rencontrer lundi à Bamako le président de la transition, Assimi Goïta, dans un climat de tension entre la France et la junte militaire, dont la lenteur à rendre le pouvoir et les velléités de recourir à Wagner exaspèrent Paris
Au terme de cette entrevue, le président français partira célébrer Noël sur la base de Gao (nord-est) avec des soldats français déployés au sein de la force antijihadiste française Barkhane, en pleine restructuration.
Au terme de près de neuf ans de présence au Sahel, Paris a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire en quittant ses trois bases les plus au nord du Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer autour de Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso. Ce plan prévoit une réduction des effectifs, de 5.000 actuellement, à 2.500/3.000 d'ici 2023.
Accueillis en libérateurs en janvier 2013 à Tombouctou, d'où ils avaient chassé les jihadistes, les soldats français ont remis mardi les clés de leur base aux forces maliennes, étape symbolique dans la réarticulation en cours.Paris veut désormais concentrer sa mission sur la formation des armées locales, dans l'espoir qu'elles prennent un jour en main la sécurité de leur territoire.
"On passe d'une logique d'opération extérieure à une logique de coopération", résume l'état-major français.
Mais si la coopération militaire entre forces françaises et maliennes se poursuit semble-t-il sans accroc, les relations politiques entre la France et le Mali, gouverné par des putchistes depuis 2020, n'ont cessé de se dégrader, au risque de remettre en cause la légitimité déjà fragile de la présence française.
"Il existe deux sujets de friction avec Bamako: les contacts avec (la société paramilitaire russe) Wagner et le calendrier politique de la transition", souligne le commandant de Barkhane, le général Laurent Michon, dans un entretien à l'AFP.
Un malaise accompagné de déclarations agressives du gouvernement malien et de campagnes anti-françaises sur les réseaux sociaux.Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga lui-même n'hésitait pas récemment à accuser la France de former des jihadistes.
- Wagner "inacceptable" -
Emmanuel Macron va donc s'employer à dissuader le colonel Goïta de recourir aux paramilitaires russes de Wagner, réputés proches du Kremlin et accusés de prédation et d'exactions dans les pays où ils sévissent, comme en République centrafricaine.
Paris a averti que leur déploiement serait "inacceptable". Une inquiétude partagée par les partenaires européens de la France au Sahel, réunis au sein de la force Takuba, nouveau fer de lance de l'action militaire étrangère dans la bande sahélo-saharienne.
L'Union européenne a sanctionné lundi le groupe Wagner ainsi que huit personnes et trois sociétés qui lui sont liées pour les "actions de déstabilisation" menées dans plusieurs pays d'Afrique, dont le Mali, et en Ukraine.Moscou a condamné en retour "l'hystérie" occidentale.
"Il y a des choses qui ne pourraient plus être faites si Wagner venait à se déployer", prévient le commandant de Barkhane.
Second sujet problématique: la junte, après avoir promis d'organiser des élections en février au Mali, traîne des pieds pour présenter un calendrier de transition, au grand dam des membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui la menacent de sanctions supplémentaires dès janvier si le dossier n'avance pas.
Pour justifier un report électoral indéterminé, le gouvernement malien invoque l'insécurité persistante.Mais pour Paris, comment justifier encore le maintien d'une aide militaire à un pouvoir illégitime ?
D'autant que, malgré les efforts militaires, le Mali est toujours livré aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, et aux violences perpétrées par des milices autoproclamées d'autodéfense.
A ce jour, l'entretien devrait se limiter à un tête-à-tête entre MM.Macron et Goïta."Nous travaillons pour que les objectifs de la lutte contre le terrorisme soient atteints et pour promouvoir une transition politique, résume-t-on du côté de l'Elysée."Nous sommes dans un entre-deux que nous essayons de clarifier".
LES EUROPÉENS SE REBELLENT CONTRE LA CAN
L'Association européenne des clubs (ECA) menace de ne pas libérer les joueurs internationaux pour la Coupe d'Afrique des nations en janvier-février au Cameroun, s'inquiétant pour le protocole sanitaire de l'épreuve sur fond de pandémie de Covid-19
L'Association européenne des clubs (ECA) menace de ne pas libérer les joueurs internationaux pour la Coupe d'Afrique des nations en janvier-février au Cameroun, s'inquiétant pour le protocole sanitaire de l'épreuve sur fond de pandémie de Covid-19, selon un courrier que l'AFP s'est procuré mercredi.
"A notre connaissance, la Confédération africaine de football n'a pas encore rendu public un protocole médical et opérationnel adapté pour le tournoi de la CAN, en l'absence duquel les clubs ne seront pas en mesure de libérer leur joueurs pour le tournoi", peut-on lire dans ce courrier électronique adressé vendredi dernier à la Fifa.
Outre le protocole sanitaire du tournoi (9 janvier-6 février), l'ECA pointe surtout le risque d'une absence des internationaux plus longue que la période de mise à disposition prévue, en raison des "quarantaines et restrictions de déplacement" liées notamment à l'émergence du variant Omicron du coronavirus.
Selon les règles assouplies de libération des internationaux, confirmées à plusieurs reprises par la Fifa depuis août 2020, les clubs peuvent retenir leurs joueurs si "une quarantaine d'au moins cinq jours est obligatoire à compter de l'arrivée" sur le lieu "où est censé se disputer le match de l'équipe nationale" du joueur, ou sur le lieu du club de celui-ci à son retour.
Le Conseil d'administration de l'ECA, début décembre, a réaffirmé que ces principes devaient être "strictement respectés", fait valoir le courrier obtenu par l'AFP et adressé à Mattias Grafström, secrétaire général adjoint de la Fifa en charge du football."Dans le cas contraire, les joueurs ne doivent pas être libérés pour leur équipe nationale", juge l'ECA.
Sollicitée par l'AFP, la Confédération africaine de football s'est refusée à tout commentaire et a renvoyé vers un communiqué publié mercredi matin où Véron Mosengo-Omba, secrétaire général de la CAF, exhorte le comité d'organisation camerounais à "travailler jour et nuit afin de s'assurer que tout soit en place pour le match d'ouverture du 9 janvier 2022".
L'envoi de ce courrier de l'ECA à la Fifa intervient alors que s'accumulent les rumeurs autour d'une éventuelle annulation de la CAN, ou bien d'un nouveau report du tournoi, initialement programmé en 2021 mais repoussé d'un an en raison de la pandémie.
Interrogé par l'AFP, un haut dirigeant de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a qualifié ces spéculations de "fake news".
WASHINGTON NON PLUS NE VEUT PAS DE WAGNER AU MALI
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a mis en garde Bamako mercredi contre des conséquences financières et une déstabilisation du pays, déjà en proie aux violences, si le gouvernement recrutait le groupe russe de mercenaires
La junte au pouvoir à Bamako menace de recourir aux services de cette société privée russe soupçonnée d'être proche du président russe Vladimir Poutine pour l'aider dans la lutte contre les jihadistes.
Les Etats-Unis, suivis par l'Union européenne lundi, ont imposé des sanctions contre le groupe Wagner, et M. Blinken a regretté mercredi le refus malien d'un déploiement de forces supplémentaires de l'ONU, "qui auraient contribué à la protection des civils".
"Les forces de Wagner, connues pour leurs activités déstabilisatrices et leurs violations des droits humains, n'apporteront pas la paix au Mali, mais déstabiliseront davantage le pays", a affirmé le secrétaire d'Etat dans un communiqué. "Nous exhortons le gouvernement de transition du Mali à ne pas détourner les maigres ressources budgétaires de la lutte contre le terrorisme menée par les forces armées maliennes", a-t-il ajouté. "Les richesses du pays, y compris les concessions minières, devraient revenir au peuple malien et ne pas être hypothéquées au profit de forces étrangères qui n'ont aucun compte à rendre et qui ont l'habitude d'abuser des populations locales et de compromettre le contrôle que les pays hôtes exercent sur leur propre territoire", a-t-il affirmé.
M. Blinken suggère que le partenariat avec Wagner pourrait coûter 10 millions de dollars par mois au Mali. Le chef de la diplomatie américaine avait fait la même mise en garde au groupe Wagner contre son ingérence au Mali, le mois dernier lors de sa visite au Sénégal.
Les autorités maliennes ont menacé de se tourner vers le groupe de mercenaires après la décision de la France de réduire son dispositif militaire au Mali où elle lutte contre les groupes jihadistes. Le président français Emmanuel Macron se rendra lundi à Bamako pour rencontrer le président de transition malienne, le colonel Assimi Goïta, arrivé à la tête du pays sahélien par un putsch en août 2020 avant d'être conforté par un second coup d'Etat en mai 2021.
La présence de Wagner a été rapportée en Ukraine, en Syrie et en Afrique. Pour nombre d'ONG et de journalistes, la Russie utilise le groupe Wagner et ses mercenaires pour servir ses intérêts à l'étranger, ce que nie le Kremlin.
Des experts de l'ONU ont accusé en octobre le groupe de harcèlement, d'intimidation et d'abus sexuels en République centrafricaine.
DUEL DANS UN CIEL AGITÉ
Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire subissent la reprise chaotique du trafic aérien. Abidjan domine encore par son envergure économique, mais Dakar se montre toujours plus ambitieux
Jeune Afrique |
Valentin Grille |
Publication 15/12/2021
Sans surprise, les chiffres ne sont pas bons pour les deux sociétés, comme ils ne sont pas bons pour le secteur aérien tout entier. « Le chiffre d’affaires est passé de 96 milliards de F CFA (146,5 millions d’euros) en 2019 à 45,7 milliards F CFA en 2020 », décrivait ainsi Laurent Loukou, directeur général d’Air Côte d’Ivoire, en février 2021.
Ibrahima Kane, directeur général d’Air Sénégal, décrivait lui une perte de 25 % du chiffre d’affaires en 2020 – celui-ci s’élevait à 49 milliards de F CFA en 2019. La faute à une fermeture globale de l’espace aérien sénégalais longue de plus de trois mois.
Dynamique : Air Côte d’Ivoire est encore devant
Née en 2019, la compagnie dakaroise arguait face à la crise d’une plus grande agilité financière, avec seulement un tiers de charges fixes, comme le rappelait l’an passé Ibrahima Kane à Jeune Afrique.
Air Côte d’Ivoire, de son côté, chasse la rentabilité depuis sa création en 2012. Le transporteur ivoirien s’endette notamment auprès d’Air France, chargé de la maintenance de sa flotte. Mais cela ne l’empêche pas de continuer à s’appuyer sur son hub à l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan.
Air Sénégal opère ainsi presque autant de dessertes – 21 destinations dont 18 hors du Sénégal, contre 28 destinations et 18 internationales pour sa concurrente –, mais Air Côte d’Ivoire opère plus de vols. Conséquence sur le nombre de passagers : Air Sénégal en transportait 495 000 en 2019, avant la crise, contre 761 000 pour la compagnie ivoirienne.
Aides publiques : les États mobilisés
Les deux gouvernements sont au chevet de leurs champions nationaux. Air Sénégal s’assoit sur le matelas de cash offert par Macky Sall, à travers un fonds de résilience de 45 milliards F CFA. Non seulement le gouvernement a mené à bien son augmentation de capital, prenant 49 % du pavillon, mais il a aussi injecté de l’argent frais pour assurer à sa jeune compagnie une trésorerie durable. Air Sénégal est donc amplement soutenue par les fonds publics, et continue à chercher un partenaire stratégique privé.
L'Unesco a inscrit mercredi ce plat traditionnel sénégalais composé de riz, de poisson et d'une variété de légumes, au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, au même titre que la pizza italienne ou le couscous marocain
L'Unesco a inscrit mercredi le thiébou dieune (riz au poisson en langue wolof), un plat très populaire au Sénégal, au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, a annoncé l'organisation sur les réseaux sociaux.
Le dossier de demande d'inscription du thiébou dieune a été introduit en octobre 2020 par le ministère sénégalais de la Culture. Le thiébou dieune (Ceebu jën, selon l'orthographe wolof) est un plat traditionnel composé de riz, de poisson et d'une variété de légumes. Préparé avec ou sans la tomate, il est servi comme plat de déjeuner dans la plupart des ménages et dans les restaurants du pays. La tradition en est transmise de génération en génération.
L'origine de cette spécialité est associée à Saint-Louis, ville côtière dans le nord du pays. Ex-capitale de l'Afrique Occidentale Française (AOF), Saint-Louis est elle-même inscrite au patrimoine matériel de l'Unesco. "Le colonisateur avait imposé les cultures commerciales à la colonie et introduit du riz importé de ses colonies d'Indochine en substitution aux cultures vivrières. Les communautés ont su, dans la résilience, s'adapter en inventant une recette à base de riz et de poisson : le Ceebu jën", indique l'Unesco.
"Tout le monde attribue l'invention de ce mets à Penda Mbaye, une cuisinière du village de Guet-Ndar" à Saint-Louis, dit l'Unesco.
Le thiébou dieune rejoint la pizza italienne ou le couscous marocain sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité.
CROISSANCE ECONOMIQUE : 11,5% ATTENDU EN 2023
Quelles seront les retombées de la production de pétrole et de gaz pour l’économie sénégalaise ? C’est à cette question que se sont penchés les experts de la Direction Générale de la Planification et des Politiques Économiques (DPEE)
Quelles seront les retombées de la production de pétrole et de gaz pour l’économie sénégalaise ? C’est à cette question que se sont penchés les experts de la Direction Générale de la Planification et des Politiques Économiques (DPEE) dans une étude d’envergure. Et les perspectives semblent prometteuses, si l’on en croit leurs projections. "Les prévisions sur le moyen terme, intégrant la production du pétrole et du gaz dans la branche des activités extractives tablent sur une croissance économique de 11,5% en 2023 contre 5,5% en 2022, soit un gain de 5,7 points de pourcentage", renseigne d’emblée le document réalisé par Babacar Diagne, Arona Ba et Diabel Diop.
L’étude révèle, par ailleurs, que "le financement des dépenses d’investissement grâce aux recettes provenant de l’exploitation aurait une incidence positive sur l’activité avec le PIB, la consommation et les investissements privés qui augmenteraient en moyenne respectivement de 2,56%, 1,8% et 3,08% sur toute la période d’exploitation".
Pour rappel, les récentes découvertes de ressources naturelles permettront au Sénégal d’entrer dans le cercle restreint des producteurs de pétrole et de gaz.
Le démarrage des exploitations est prévu en 2023 pour les gisements gaziers du Grand Tortue Ahmeyim (GTA) et pétroliers de Sangomar (SNE). Le pays dispose également d’autres ressources découvertes en Offshore à fort potentiel tels que Yakaar-Teranga, ce qui à terme le placera parmi les plus grands producteurs de gaz en Afrique à côté du Nigéria et de l’Algérie. Les capacités de productions sont estimées à plus 100 000 Baril/Jour pour les gisements du SNE et 28 Millions de mètre cube par an pour le GTA dont les réserves sont partagées avec la Mauritanie. Selon le cadre juridique en vigueur, le partage des revenus issus de ces deux champs (GTA et SNE) permettra à l’Etat du Sénégal (PETROSEN y compris) d’obtenir une part estimée
entre 52% et 66% des bénéfices non actualisés sur toute la période d’exploitation.
Cette manne financière est évaluée à environ 30 Milliards de dollars US, sur les trente années d’exploitation, soit en moyenne plus de 500 Milliards de FCFA par an (source PETROSEN). Par ailleurs, l’exploitation à moyen et long terme des gisements additionnels tels que Téranga, Yakaar, FAN, se traduirait par un fort accroissement des recettes de l’Etat issues des ressources naturelles.
LA TENUE DE LA CAN EN DANGER
Déjà reportée d’une année en raison de l’expansion du Coronavirus sur le continent africain, l’édition 2021 de la compétition – qui devait se tenir du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun – va peut-être connaître un nouveau coup dur
L’incertitude plane autour de la tenue de la compétition, prévue au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022. La CAN pourrait bien être la prochaine grande compétition de foot à devoir prendre une décision drastique, alors que le continent africain est durement frappé par la pandémie.
L’Algérie va-t-elle pouvoir conserver sa couronne continentale au moins encore pour une année de plus? Déjà reportée d’une année en raison de l’expansion du Coronavirus sur le continent africain, l’édition 2021 de la Coupe d’Afrique des nations – qui devait se tenir du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun – va peut-être connaître un nouveau coup dur.
Ce qui était encore une réflexion il y a plusieurs semaines est devenue bien plus qu’une probabilité ces derniers jours. Selon nos informations, la Confédération africaine de football (CAF) pourrait annoncer une annulation de cette édition. La réflexion est en tout cas engagée.
Reconnaissable entre toutes par son architecture faite de pavillons triangulaires, le Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices) tient debout depuis le début des années 1970. Récit d'un de ses concepteurs
Reconnaissable entre toutes par son architecture faite de pavillons triangulaires, le Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices) tient debout depuis le début des années 1970. Un de ces deux concepteurs, l’architecte Jean-François Lamoureux, raconte comment lui et Jean-Louis Marin avaient réussi à gagner sur concours le droit de construire ce site auquel ils ont imprimé leur vision.
On est au début des années 1970. Le Sénégal veut se doter d’un centre ouest-africain spécialisé dans la promotion des échanges et des investissements internationaux. Pour faire sortir l’idée de terre, le Gouvernement lance un concours international d’architecture. Deux jeunes français âgés de 28 ans, sans grande expérience, mais avec beaucoup de « conviction », dament le pion à leurs concurrents dont certains étaient des architectes « aguerris », se rappelle l’un deux, Jean-François Lamoureux. Lui et Jean-Louis Marin furent donc choisis par les autorités sénégalaises pour réaliser ce qui deviendra d’abord le Centre international d’échanges de Dakar (Cied), puis le Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices). « Il y avait beaucoup d’incertitudes sur la réalisation de ce projet extraordinairement ambitieux. Mais, à la fin, ce fut assez libératoire pour nous parce qu’ayant réalisé un projet intellectuel abstrait sans les pressions qui pouvaient y avoir. Nous avons fait ce que nous avions pensé, avec conviction et sans craintes. Le rendu a été fidèle », souligne M. Lamoureux.
Près de 50 après, les deux concepteurs du Cices ont été invités à participer aux travaux du Comité de réhabilitation du site mis en place par l’État du Sénégal et présidé par l’architecte du Palais. On y retrouve des experts internationaux dont la Marocaine Aziza Sawi et l’architecte sénégalais Mourtada Guèye. Mercredi dernier, ils ont participé à une table-ronde sur la réhabilitation du Cices aux côtés du Dg Salihou Keïta.
Pour Jean-François Lamoureux, dès le départ, lui et son collègue ont voulu imprimer leur marque en jouant sur l’aspect symbolique tout en tenant compte des aléas budgétaires du projet. « Cette opération avait peu de chance de succès, car la mobilisation du financement n’était pas évidente à l’époque. Nous sommes partis d’une idée forte qui met l’accent sur l’aspect symbolique, la ventilation et la pérennité. Nous étions imprégnés dans la volonté de faire quelque chose de spécifique. Le Cices, c’est l’élégance, la visibilité, un port et une allure qui renvoient à la grâce de la femme sénégalaise. L’aspect ventilation naturelle a été très importante dans la conception ; d’où l’alternance de grands et de petits triangles. Donc, c’était des idées de base, des idées simples », dit-il.
De ces idées basiques est né le Cices tel qu’on le connaît avec un mélange de formes primaires : du rond, de la sphère et du triangle. Le tout en deux composantes. D’abord, un Parc des expositions disposant de vastes espaces modulables et composé de six pavillons principaux et sept pavillons dits « régionaux », l’ensemble couvrant une superficie totale de 27 000 m² ; des aires extérieures d’exposition sur 29 000 m² ; un bâtiment technique comprenant des entrepôts (50 à 400 m²) et des bureaux, et un bloc d’édifices abritant les bureaux des services administratifs. Ensuite, un Centre de congrès composé de salles polyvalentes.
Près d’un demi-siècle après, Jean-François Lamoureux est heureux de constater que leur bébé d’alors a grandi et tient toujours sur ces deux jambes, robuste comme un gaillard. « Quand on voit le Cices, c’est la vitalité, c’est l’énergie avec une position privilégiée en centre-ville. Pour nous, à l’époque, il avait vocation à être à l’abandon ou démoli comme cela a commencé avec la pression immobilière. Ce qui est incroyable, c’est qu’il y a un coup d’arrêt de cette pression immobilière. C’est un miracle », se réjoui-t-il.
L’architecte est d’autant plus fier qu’il se souvient que « tout a été construit avec des moyens et des matériaux locaux » et avec une main-d’œuvre locale qualifiée. « Nous n’avons pas eu besoin d’utiliser de supers grus. Avec des échelles et des seaux, nous avons pu construire le Cices. Et pour le revêtement des pavillons, nous avons utilisé du marbre, du coquillage, du galet, de la latérite, lesquels représentaient l’idée de la région et des tissus africains », précise-t-il. S’exprimant sur la vétusté du Cices, M. Lamoureux invite à relativiser. Si vétusté il y a, elle n’est pas, selon lui, fondamentale mais plutôt superficielle. « Le Cices a résisté au temps. Il faut insister sur l’entretien », préconise-t-il.
LE FARDEAU DE LA CHERTÉ DES ÉCOLES DANS LE PRIVÉ
De plus en plus de parents d’élèves se plaignent de la cherté des services offerts par les écoles privées. A leur avis, toute une stratégie est mise en œuvre pour leur soutirer de l’argent
A la zone de captage à Castors près de la station-service, la librairie du coin ne désemplit pas en cette matinée d’octobre. Moustapha, la mine sévère, en ressort, tenant un sachet rempli de fournitures scolaires. Interrogé, il lance : « où allons-nous avec ce coût de plus en plus élevé de l’école sénégalaise ». Il renseigne avoir dépensé pour les fournitures près de 75.000 FCfa pour ses trois enfants qui sont inscrits dans une école privée à Castors. A cela, précise-t-il, s’ajoutent les frais d’écolage qui s’élèvent à 25.000 FCfa par mois et par enfant. « Je dépense 150.000 FCfa par mois pour mes trois enfants en termes de frais d’écolage, de cantine, de transport ainsi que les cours de renforcement et l’initiation à l’informatique », souligne Moustapha qui dit travailler comme agent commercial dans une multinationale. Le quinquagénaire trouve qu’il y a trop de charges mises sur le dos des parents d’élèves.
Une dame qui écoutait notre conversation s’en mêle. « Le privé est devenu un gouffre pour de nombreux parents d’élèves. C’est devenu trop cher. On nous impose même des cours de renforcement à payer », déplore Salimata Sall, agent de la Fonction publique. Trouvé à la zone de captage, Adama Sarr pense que l’Etat doit intervenir pour mettre de l’ordre dans l’enseignement privé car la cherté des prestations est en train de ruiner les parents. « Il y a toute sorte de stratégies pour soutirer plus d’argent aux parents. Les frais d’écolage sont très élevés. Il y a les cours de renforcement, l’initiation à l’informatique et en anglais », déplore M. Sarr, qui travaille dans les télécoms. Son fils de 12 ans étudie dans une école privée au Mariste avec des frais d’écolage de 70.000 FCfa par mois. « La cantine me revient aussi à 15.000 FCfa et le transport à 10.000 », détaille le quadragénaire. Selon ce dernier, l’établissement demande également de payer pour des cours de renforcement et d’initiation à l’informatique. En face de l’agence Senelec de Jaxaay, Ami tient une gargote très fréquentée le matin. Elle, par contre, elle a retiré, cette année, ses quatre enfants du privé pour le public. « Mes enfants ont toujours étudié dans le privé mais cette année, je les ai inscrits dans le public car la charge était lourde pour moi », témoigne la dame qui ajoute se battre seule pour sa famille car son mari ne travaille pas. Autre problème qu’elle soulève : il n’y a pas suffisamment d’écoles publiques dans cette zone du nouveau département de Keur Massar, ce qui place les parents pauvres dans des difficultés.
Ses récriminations n’épargnent pas le public, devenu cher à son avis. Prenant son petit déjeuner dans la gargote, Amadou Diop, le vieux maçon, évoque avec nostalgie les années où tout était gratuit à l’école. « Avant, le gouvernement donnait toutes les fournitures. Ce n’est plus le cas maintenant. Le public est cher et le privé est réservé aux riches », déplore M. Diop. Mme Fam, habitante de Almadies 2, a inscrit ses deux filles dans le privé. L’une est en classe de sixième et la plus petite au Ci. La dame confie n’avoir pas jusqu’à présent pas fini de payer les fournitures (en octobre). « J’ai privilégié le paiement des droits d’inscription. Pour le reste comme les fournitures, je paie par étapes », déplore la mère de famille. Agent de sécurité de proximité, Tounkan Faty au cours d’une discussion entre voisins dans la Cité Yacine Immo (Almadies 2) révèle que la scolarité de sa fille inscrite dans le privé lui coûte 25.000 FCfa par mois. Un montant qu’il juge élevé.
1,5 MILLIARDS DÉTOURNÉS À LA LONASE: 6 SUSPECTS PRÉSENTÉS AU PARQUET
C’est la Division des investigations criminelles (DIC) qui a fait l’enquête préliminaire pour refiler le morceau au Procureur de la République
Les six personnes interpellées dans l’affaire qui secoue la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) et présentées hier devant le Procureur de la République sont en retour de parquet. Elles feront à nouveau face au parquet qui va décider de leur sort. Un dossier qui devrait bien révéler des surprises, maintenant qu’il est sur le point d’aller en instruction.
C’est la Division des investigations criminelles (DIC) qui a fait l’enquête préliminaire pour refiler le morceau au Procureur de la République. Le préjudice subi par l’Etat est estimé à près d’1,5 milliard de francs Cfa. Certaines caissières ont nié au cours de leurs interrogatoires, les faits qui leur ont été reprochés et argué que si des opérations délictuelles ont pu être menées à partir de leur poste de travailler, cela se serait fait à leur insu.
L’enquête avait révélé que la dame D.D a joué un rôle très actif. Mais le doute persiste selon nos sources qu’une seule personne puisse se jouer de tout le monde et pomper à souhait et sans être inquiétée pendant longtemps. Si l’omerta a été observée et les systèmes de contrôle défaillants, c’est que cela a été facilité par des complicités à plusieurs niveaux.
Pour rappel, c’est le Directeur général de la Lonase, Lat Diop, qui avait déposé, une plainte sur la table du procureur de la République pour faux, usage de faux et détournement de deniers publics. Ladite plainte portait sur la somme de 1,5 milliard de Fcfa. Car, la Direction du contrôle, mise en place à la Lonase, a décelé que durant plusieurs années, et bien avant l’arrivée de Lat Diop, des sommes ont été détournées à travers des gagnants fictifs sur les différents jeux de la Lonase.