Des spécialistes jugent important d’informer le public sur l’existence de drogues pouvant effacer les souvenirs. Parmi celles-là, le GBL ou GHB appelé drogue du viol ou du violeur. Une substance liquide qui peut être versée dans une tasse de boisson sans en modifier le goût, l’odeur ou l’aspect.
Quand une personne est droguée, elle ne réagit pas au moment où elle se fait violer. Elle ne se souviendra peut-être pas non plus de l’acte qu’elle a subi. Est-ce ce qui est arrivé à Fatima Dione, sacrée Miss Sénégal 2020, qui soutient avoir été victime de viol suivi de grossesse sous l’effet d’une drogue et qui dit ne pas toujours savoir ce qui lui est arrivée ?
Beaucoup de personnes qui ne croient pas à cette version considèrent que cette affaire de viol dont aurait été victime la Miss Séné- gal 2020 ne serait qu’une histoire montée de toutes pièces. Même s’ils croient au viol qu’elle aurait subi, ils nient le fait que la victime aurait oublié les circonstances de son agression sexuelle. Illustratif de ce scepticisme, c’est le commentaire du nommé Alassane Diagne qui interpelle directement M. Khalifa Diagne. Lequel a partagé un texte de Dr Idrissa Bâ, directeur du Centre de prise en charge intégré des addictions (Cpiad). «Khalifa Diagne, vous êtes des experts, on vous le concède. La drogue du violeur (Rohypnol) existe c’est vrai….Mais au réveil la femme vierge saura qu’elle est violée. Elle saura aussi où elle s’est rendue et où elle s’est réveillée. Ce qu’elle faisait là-bas et avec qui. Comme le supposé violeur n’avait pas utilisé de préservatif, il est facile de l’identifier parmi les suspects potentiels.
Cette enquête est très facile. N’essayez pas, svp, de la rendre difficile avec des explications d’école qui peuvent nous perdre. Ne faites pas comme Professeur Babacar Guèye qui a créé tout ce tohu-bohu sur le troisième mandat de Macky Sall. Khalifa Diagne, on n’a besoin que d’un bon juge d’instruction pour élucider cette affaire. Les experts peuvent mettre leur expertise au profit du juge si instruction il y aura. Au rythme où vont les déballages, la Ré- publique peut ne pas avoir intérêt à éclaircir l’affaire», a commenté Alassane Diagne.
L’interpelé, Khalifa Diagne, qui trouve ces interrogations pertinentes pense qu’elles ne manqueront pas d’être soulevées en cas de suite judiciaire par les enquêteurs. Mais, dans sa logique, il rappelle à son ami internaute l’importance d’informer le public sur l’existence de ces drogues utilisées pour effacer les souvenirs. Des spécialistes de la santé demandent d’ailleurs de ne pas juger hâtivement Fatima Dione car l’oubli est bien possible dans ce genre d’agressions sexuelles sans consentement. En atteste le texte publié sur sa page Facebook par le professeur Idrissa Ba, brillant psychiatre, enseignant à la faculté de médecine et directeur du Centre de prise en charge intégré des addictions (CPIAD) sis à l’hôpital Fann. Un texte repris par le psychologue Khalifa Diagne et où il est dit que «les GBL ou GHB sont des drogues du viol ou du violeur. Une arme entre les mains de pervers sexuels qui efface tout souvenir de l’acte». C’est pourquoi il demande d’arrêter «de culpabiliser les victimes» et «laisser les professionnels faire leur travail».
C’est, dit-il, sa «contribution à la culture générale à un moment où on en parle beaucoup ces temps-ci au Sénégal alors que ces produits sont connus depuis très longtemps». Notamment par les spécialistes de la santé comme Dr Oumou Khalefa qui écrit que «le GHB se présente sous forme de liquide contenu dans une petite fiole en plastique ou en verre, le consommateur peut donc facilement choisir la quantité de drogue qu’il souhaite utiliser (pour luimême ou pour sa victime). L’intensité de ses effets varie en fonction de nombreux paramètres tels que l’état de santé de la personne qui en consomme, le contexte dans lequel le GHB est pris et bien sûr la quantité et la qualité du produit». A la question pourquoi la drogue du viol, elle explique que «l’aspect discret du GHB le rend propice à une utilisation délictueuse.
En effet, le liquide peut être versé dans une boisson sans en modifier le goût, l’odeur ou l’aspect. C’est ainsi que certaines personnes malveillantes l’utilisent à des fins malhonnêtes voire perverses (vol, abus sexuel, agression, etc.). De plus, le caractère amnésiant du GHB renforce sa dangerosité puisque la personne abusée ne se souvient pas toujours de ce qu’il lui est arrivé. Ce qui fait que tu oublies tout». Dr Oumou Khalefa tient à rassurer certaines victimes, celles-là peut-être qui ont été droguées. «Sachez que vous n’êtes en aucun cas responsables de la perversion, du proxénétisme, de la mauvaise foi de ton entourage de par ton habillement ou ta volonté de passer un concours de beauté ! Ce n’est pas toi le coupable ! N’aie jamais honte», conseille-t-elle à ces victimes sur la page dédiée au Femmes médecins du Sénégal qui condamne toute tentative ouverte ou masquée d’apologie du viol.
L'APOLOGIE DU VIOL DEVRAIT ÊTRE SÉVÈREMENT PUNIE
Entretien avec la sociologue Ndickou Diop, consultante spécialisée en genre
Propos recueillis par Maïmouna FAYE FALL |
Publication 26/11/2021
Le viol est devenu un fait de société de plus en plus banalisé au Sénégal où l’on fait même son apologie. Or, selon la sociologue Ndickou Diop, cette apologie aussi devrait être sévèrement punie. Diplômée de l’université de Montpellier 3, Mme Diop travaille en collaboration avec des Organisations non gouvernementales (Ong) et des structures étatiques pour aider à éradiquer toutes les barrières qui entravent le développement et le bien-être des femmes par l’élaboration et l’évaluation de projets et de formations. Dans cet entretien, la directrice générale du cabinet social Performance sis à Mbour revient sur le mépris autour des victimes qui a conduit à la banalisation et à l’apologie du viol.
Le Témoin - Beaucoup de cas de viols défraient la chronique. Pourquoi le corps de la femme attise-t-il le désir sexuel autant que la haine ?
Mme Ndickou Diop - Depuis quelques années, les cas de viols occupent le devant de la scène médiatique. Mais dire que le corps de la femme attise à la fois le désir et la haine définit cette haine comme une cause du viol alors que c’est très rarement le cas. Le viol est souvent le résultat de la volonté de l’assouvissement d’un désir sexuel de la part de l’homme. Ce dernier ressent des pulsions sexuelles qu’il veut assouvir à tout prix. Ce qui conduit à un acte sexuel avec ou sans pénétration avec obligation et souvent violence. Le plus souvent, les hommes se défendent pour dire que ce sont les femmes ou filles elles-mêmes qui les provoquent. Mais cet alibi peut être remis en question si on prend l’exemple des pédophiles, ces hommes qui violent des filles / enfants. Comment un homme saint d’esprit peut-il être attiré par un enfant ? Mais il faut oser le dire. Il y a quand même lieu de se poser la question sur la négligence pour ne pas dire la responsabilité des femmes. Même si rien ne justifie le viol. Comme le disait Thomas Carlyle « Il n’y a qu’un seul temple dans l’univers… c’est le corps humain. » Je me suis toujours sentie en accord avec cette phrase. Mais après plusieurs années, et au vu de tous ces dé- mentis, j’en viens à me demander si le temple ne serait pas plutôt le corps de l’homme – celui avec un petit h.… Le corps de la femme est-il toujours considéré comme un temple ?
Comment en sommes-nous arrivés là surtout avec cette tendance à minimiser ou à banaliser le viol ?
Je pense que le problème de la société sénégalaise, par rapport au viol, est lié à un problème de compréhension de la part du violeur. En premier lieu, les hommes comme les femmes et surtout les enfants doivent connaitre la définition de ce mot. Le viol est un « acte par lequel une personne en force une autre à avoir des relations sexuelles avec elle, par violence. » De cette définition, il faut retenir aussi que, même si la femme est consentante au début, dès qu’elle affirme son apposition et que l’homme la force, il y a viol. Malheureusement, le viol est banalisé. Mais à ce propos, je pense que les violeurs ne connaissent pas réellement les risques qu’ils encourent en passant à l’acte. Les viols ont toujours existé dans la société sénégalaise. Le « soutoura » prôné a toujours fait que des cas étaient rarement médiatisés. Maintenant que la médiatisation est plus facile avec les réseaux sociaux qui accélèrent et facilitent le partage des informations et surtout des faits divers, le viol est plus banalisé depuis les événements de mars 2021.
N’est-ce pas là un mépris du corps de la femme si on prend l’exemple des propos soutenus par la présidente du comité d’organisation du Concours Miss Sénégal ?
C’est un mépris du corps de la femme, et un mépris de son propre corps en tant que femme. C’est comme si les victimes de viol avaient le choix. Ces propos, venant d’une femme et peut être même d’une maman, sont une insulte à ces nombreuses victimes de viols dont des mineurs et des malades mentales qui souffrent en silence. Il y a de quoi s’étonner. La réaction de cette dame est irresponsable et choquante. L’Etat doit agir. Quitte à ouvrir une enquête et, si nécessaire, suspendre provisoirement cette organisation « Miss Sénégal ».
Au-delà de cet écart de langage, pourquoi les gens sont-ils aujourd’hui à l’aise dans l’apologie du viol ?
Il y a, comme dit plus haut, une méconnaissance de la loi. En effet, le viol constitue un crime, une monstruosité qui est combattue dans le monde entier. Récemment, au Sénégal, il a fait l’objet d’un renforcement des sanctions pénales par sa criminalisation à travers la loi du 10 janvier 2020. De la même manière, l’apologie du viol devrait être sévèrement punie. La criminalisation est une bonne stratégie, mais il manque la vulgarisation de la loi. En effet, si les violeurs savent ce qu’ils risquent en passant à l’acte, ils ne le feraient pas. Il faut également beaucoup de sensibilisations à l’égard des victimes et possibles victimes surtout les inciter à la dénonciation avant qu’il ne soit trop tard.
CES RAISONS QUI PEUVENT EMPÊCHER UNE VICTIME DE VIOL DE CRIER
Le violeur, pour passer à l’acte, peut menacer le plus souvent sa victime avec une arme blanche, s’il ne la violente pas ou ne l’assomme pas jusqu’à ce qu’elle perde connaissance
Le violeur, pour passer à l’acte, peut menacer le plus souvent sa victime avec une arme blanche, s’il ne la violente pas ou ne l’assomme pas jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. Souvent, lorsqu’une victime raconte son viol, la question insidieuse fuse à son propos : «pourquoi n’a-t-elle pas crié?». Dr Habiballah Sy revient d’ailleurs sur ce doute émis parfois sur les «cris silencieux».
Au Sénégal, on ne reproche presque jamais à une victime d’agression physique ou de vol à main armée de n’avoir pas crié ou résisté. Le plus souvent, on compatit par ces mots: « yaw kay, santal yalla, comme rayoula» (rends grâce à Dieu puisque tu es en vie). Mais quand il s’agit d’une victime de viol, la réaction est tout autre.
Souvent, c’est une question dubitative qui revient. «Pourquoi la victime n’a-t-elle pas crié au moment de l’acte ?». Une victime qui arrive à l’hôpital le plus souvent en larmes ou avec une grande peur. Quand l’acte a duré, c’est la honte et la culpabilité qu’elle ressent. Parfois, son récit est clair, parfois il faut au médecin accueillant des astuces pour la faire parler. Mais dans l’imaginaire populaire, il n’y a pas eu viol. La société demande même pourquoi la victime n’a-t-elle pas poussé des cris stridents pour empêcher son bourreau de passer à l’acte sexuel ? Une question insidieuse qui peut irriter voire révolter car culpabilisant et insinuant que la victime a été consentante. Or, il est parfaitement normal qu’une victime de viol ne se débatte pas contre son agresseur au moment de l’acte. Elle hurle sans bruit jusqu’à la fin de l’acte. Ce n’est pas par faiblesse féminine, mais parce qu’elle a été menacée avec arme blanche, assommée ou violentée. Pour beaucoup, c’est incompréhensible qu’une personne ne pipe mot quand elle se fait violer. Pour la société, «qui ne dit mot consent».
Or, dire non ou se laisser faire, ce n’est pas un consentement. C’est subir de force. Pourtant, bien que n’osant pas crier, la victime parle et se débat intérieurement. Des études montrent que la plupart du temps, les femmes subissent une paralysie involontaire au moment de l’acte d’assouvissement sans consentement. Que des personnes qui essayent de s’approprier un plaisir sexuel sans le consentement d’autrui, ne réagissent pas comme on le pense. Dans cet écœurant dé- tournement de l’intimité, elles endurent un supplice dans le cœur. La femme reste passive tout en implorant, on ne réagit donc pas, soit pour survivre soit parce qu’on a été blessée profondément ou paralysée.
Selon docteur Habiballah Sy, la réponse à la question pourquoi elle n’a pas crié est «toute simple». En cas d’agression sexuelle, dit-il, «la surprise est tellement grande, la violence est parfois tellement extrême que la victime pense d’abord à sauver sa vie». Du coup, elle ne peut parfois qu’obtempérer et se laisser faire. «N’oublions pas qu’un violeur ou un voleur peut tuer pour aboutir à ses fins ou pour masquer son crime. Des cas de viol ou de vol suivis de meurtre existent n’est-ce pas ? L’intention de départ du voleur/violeur n’était pas de tuer. Mais, face à la résistance de sa victime ou au risque d’être reconnu, il peut tuer», explique le mé- decin. Il attire l’attention sur le fait que si beaucoup de personnes victimes de viol ne crient pas, c’est surtout parce qu’il y a eu menace par arme blanche ou violence physique exercée.
Dr Habiballah Sy donne l’exemple d’une femme d’une trentaine d’années victime de viol qu’il avait reçue dans un centre de santé. Une femme qui, en pleine brousse, aurait été attaquée par un inconnu qui l’a soulevée en l’air puis la terrassée avant de la violer. Une dame qui, sous le coup de la surprise, n’a pas pu crier, car sa langue était complètement paralysée. «Elle ne pouvait pas parler encore moins crier parce qu’elle avait une luxation de la mâchoire. Il a fallu que je fasse appel au chirurgien-dentiste pour réduire la luxation c’est-à-dire remettre la mâchoire à sa place afin qu’elle puisse ré- pondre aux questions et décrire les circonstances du viol. Qui osera lui reprocher de n’avoir pas crié?», demande le médecin.
En réponse à ce doute émis du côté de la société dont la plupart des membres refusent l’existence du viol, un spécialiste de la santé, sous l’anonymat, estime qu’»il faut toujours chercher les signes de lutte, ou même des coups et blessures pour déterminer le viol. C’est pour cela, dit-il, qu’il est important de collaborer avec tout autre spécialiste: médecin légiste, gynécologue, pédiatre, urologue, neurochirurgien...’’ Il explique en effet que «le viol c’est l’affaire du juge. Le médecin, quant à lui, précisera juste s’il y a eu ou non pénétration et/ou coups et blessures».
AUX SOURCES DE L'APOLOGIE DU VIOL
On accuse la femme à tort et à travers au Sénégal où le délit de viol devient de plus en plus banalisé
Entre méconnaissance de la définition du viol, confusion avec la virginité et doutes quant à la réalité de sa commission dans la plupart des cas, le viol est de plus en plus banalisé au Sénégal où les réseaux sociaux se sont enflammés suite à la sortie de Miss Sénégal 2020 Fatima Dione et de sa mère accusant les membres du comité d’organisation du concours Miss Sénégal de viol suivi de grossesse. Si certains pensent que l’acte sexuel est toujours consentant, d’autres ne croient toujours pas aux accusations de viol dont font état la plupart des jeunes filles ou femmes ! Des éléments de réponses pour en finir avec cette banalisation.
On accuse la femme à tort et à travers au Sénégal où le délit de viol devient de plus en plus banalisé et où la victime est toujours culpabilisée. Des jugements qui font que beaucoup de femmes n’osent pas dire qu’elles ont été violées. Du coup, elles sont doublement victimes. Victimes d’agression dans leur intimité, d’abord, et de honte du fait du regard de la société, d’autre part. Mais surtout des propos émis par d’autres ! La dernière en date à avoir banalisé le viol, c’est la présidente du comité d’organisation du concours de beauté Miss Sénégal, Mme Amina Badiane. Ceci, suite à l’accusation de viol suivi de grossesse dont ont fait état Miss Sénégal 2020 Fatima Dione et sa mère. A la suite de leurs sorties, Mme Amina Badiane a commenté maladroitement que «si quelqu’un est violée, c’est parce qu’elle l’a cherché». Un écart de langage qui a suscité une indignation collective particulièrement chez les féministes.
Pis, au moins 200 plaintes ont été déposées contre la malheureuse présidente du comité d’organisation du concours Miss Sénégal. Et alors que ces dames n’ont pas encore fini de ruminer leur colère suite aux propos tenus par Mme Badiane, voilà que la voyante Selbé Ndome vient jeter de l’huile sur le feu. Selon elle, en effet, on ne peut parler de viol qu’en cas de virginité.
De ce fait, la controversée Selbé Ndome mélangeait complètement les pédales pour avoir confondu viol et virginité. C’est presque la compréhension que la nommée Mère Thiam a aussi du viol. En direct sur une télévision de la place bien suivie par des jeunes femmes et des filles, cette dame aussi a fait l’apologie du viol, soutenant que l’agression sexuelle n’est qu’un prétexte pour les filles faciles. Mais à la différence de ceux qui pensent que le terme viol n’existe nullement, la dame Thiam dit juste qu’il y a des filles qui accusent leurs partenaires d’un viol alors que c’était un acte consentant. Qu’il y a des filles qui formuleraient des accusations de viol mensongères. «Nagnou may diamm. Gor bou toogué keuram, nga fekk kofa, yako togne. Kenn violé- woul kénn. Dagno beugg khaliss. Gnomm sakh, gnoy faye khalé you goor youlenn di teuddéé. Khalébou am 7 ans lagnouy violé», a-t-elle soutenu, déclarant qu’il y a une tranche d’âge pour que l’acte soit qualifié de viol. Quant à l’islamologue Iran Ndao, il pense que si la victime était restée chez elle, elle n’allait jamais être droguée. «Sou togonne sénn keur, kénn douko drogué. Mais topp ay nékh nékh, ay laa laa, bagnou droguéla, Yaako téy, nganane lan», a-t-il affirmé sans ambages. Une façon de discréditer les victimes que le célèbre prédicateur culpabilise alors pourtant qu’elles avaient déjà honte de ce qui s’est passé dans leur intimité. Des propos dubitatifs sur le viol tenus au moment où toutes les femmes du Sénégal se mobilisent dans le cadre de 16 jours d’actions pour dire stop aux violences faites aux femmes et aux filles.
Apparemment, personne parmi ces gens qui discréditent les victimes ne comprend la définition du viol qu’’ils confondent avec la virginité. La loi définit le viol comme «tout acte de pénétration, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Le viol est puni de la réclusion criminelle de 10 à 20 ans».
Bien que le terme de viol soit galvaudé, les féministes entendent porter le combat des victimes pour toujours. «Nous ne serons jamais complices de la banalisation du viol», a prévenu l’activiste féministe Maïmouna Astou Yade du collectif des féministes du Sénégal. Se prononçant sur le cas Amina Badiane pour qui «le viol est une affaire qui concerne deux personnes», notre interlocutrice considère que ces propos sont «une apologie du viol» et méritent sans délai que le comité national d’organisation de Miss Sénégal soit «immédiatement» dissout.
Cette fervente défenseure des droits de la femme et de l’équité des genres demande au procureur de s’autosaisir afin d’éclairer la lanterne des Sénégalais. Il faut dire que la dimension qu’a atteint aujourd’hui la banalisation du viol est extrêmement choquante. Mais comment en finir avec cette banalisation? Face à cette interrogation, Aboubacrine Boubacar Bah croit que la solution, c’est la prison pour minimum 10 ans et sans condition. Qu’il s’agisse d’un violeur ou d’une violeuse !
En outre, il se désole du fait qu’il y a aussi «trop de laisser-aller» en Afrique. El Hadj Dione trouve que la lutte contre les viols ne doit pas se situer exclusivement sur le terrain pénal. Selon lui, on doit beaucoup plus pousser la réflexion vers les causes profondes car «on n’arrive jamais à résoudre une chose en se focalisant sur la conséquence». Il demande ainsi de soigner les comportements, de respecter les règles de la société tout en limitant les libertés. «Dieu a créé le monde avec des permis et des interdits. Les libertés humaines ne doivent pas exclusivement être la conception du monde occidental», soutient-il tout en soulignant que, malheureusement, ce sont ces libertés copiées de l’Occident qui détruisent le monde. Pour le sieur Laye Kanté, il doit avoir aujourd’hui une éducation à faire surtout autour du consentement.
De l’avis de Marie Koné, «certaines femmes croient qu’un rapport sexuel consenti ou non consenti n’est qu’un rapport sexuel. Or, le consentement fait toute la différence sur l’épanouissement ou la sidération». Aussi, elle pense que si on a tendance à banaliser le viol, «c’est qu’on ne se met jamais à la place de la victime».
GUEDIAWAYE, LES NAVETTES FINISSENT EN CASSES
Les compétitions du championnat national populaire ‘’Navêtane’’ sont suspendues, jusqu’à nouvel ordre, dans le département de Guédiawaye. Cela fait suite aux violences notées, mardi 23 novembre 2021, lors du match de ¼ finale
Les compétitions du championnat national populaire ‘’Navêtane’’ sont suspendues, jusqu’à nouvel ordre, dans le département de Guédiawaye. Cela fait suite aux violences notées, mardi 23 novembre 2021, lors du match de ¼ finale qui opposait l’Asc Jubo à celle de Magg Bagne.
Cette décision préfectorale trouve toute sa pertinence si l’on croit au Directeur du stade d’Amadou Barry, Khalifa Gueye, qui révèle que l’infrastructure a été complétement vandalisée. « Nous avons pris des mesures conservatoires et préventives pour demander à l’Odcav d’arrêter les activités, parce que le stade a été complétement saccagé. La pelouse a été déchirée. Les poteaux corners ont été cassés. Le centre d’hébergement, en chantier, à côté, les gens ont emmené avec eux tout le matériel qui était à leur disposition. Comment peux-tu imaginer un match de football, que des gens viennent avec des charrettes pour charger du matériel du stade ? C’est du banditisme que nous avons constaté. Il y a des gens qui viennent au stade avec leur agenda caché et qu’ils exécutent sans problème », a-t-il révélé.
Khalifa Guèye d’appeler les dirigeants d’Asc à prendre leur responsabilité. Pour lui, les Asc connaissent les faiseurs de trouble dans les matche. Mais elles ne les dénoncent pas. « Nous avons tous une part de responsabilité par rapport à ce qui s’est passée. Nous savons tous ceux qui viennent au stade pour faire des paris. Des gens qui passent tout leur temps à parier. Nous les connaissons tous. Il faudrait que nous ayons le courage de les dénoncer. Que les dirigeants d’Asc osent les dénoncer à la police. Ce sont ces gens qui ne veulent pas perdre et lorsqu’ils voient leur argent en train de partir, ils descendent sur la pelouse pour gâcher les matchs », a fustigé M. Guèye, qui n’a pas manqué de rappeler les supporters à l’ordre : « l’infrastructure n’appartient pas aux équipes ni l’Odcav. Elle est un bien collectif qui appartient à tous les Sénégalais et particulièrement les habitants de Guédiawaye ».
ELEVAGE, 3.050.414 TETES DE BETAIL REPECTORIES A LOUGA
Quelque 3. 050 414 têtes de bétail dont des bovins, des ovins et des caprins ont été répertoriées dans la région de Louga dans une étude effectuée en 2019 par le ministère de l’Elevage et des Productions animales
Louga, 26 nov (APS) - Quelque 3. 050 414 têtes de bétail dont des bovins, des ovins et des caprins ont été répertoriées dans la région de Louga dans une étude effectuée en 2019 par le ministère de l’Elevage et des Productions animales, a appris l’APS du service régional de l’élevage.
La commune de Dahra, dans la région de Louga, abrite, samedi, la 7ème édition de la Journée nationale de l’élevage sur le thème : ’’Entreprenariat et investissements pour un élevage moderne et durable’’. L’activité sera présidée par le Chef de l’Etat.
Selon cette étude, la région de Louga concentrait 17% du cheptel bovin national soit 450 658 têtes et 20% de celui des petits ruminants en 2019.
Dans la région, ajoute la même source, Linguère détient 55% du cheptel bovin soit 247 134 têtes. C’est le département qui concentre le plus de bovins avec 146 283 têtes, soit 32% du cheptel régional, Louga se classe à la deuxième place, précise-t-on dans la même étude.
Le département de Kébémer compte 57 240 têtes de bovins soit 13%.
S’agissant des ovins (moutons), ils sont estimés à 1. 375 631 têtes au niveau régional en 2019. Le département de Linguère en détient les 652 039. Louga et Kébémer ont respectivement 290 922 et 432 670 têtes.
Le nombre de caprins (chèvres) dans la région était estimé à 1 224 125 têtes en 2019. Linguère arrivait en tête avec 579 030, Louga occupe la deuxième position avec 256 099, suivi de Kébémer avec 388 996.
Concernant les 66 946 têtes d’équins (chevaux) au niveau de la région, le département de Louga concentre le plus grand nombre (36 891 têtes) suivis de Kébémer (19 639 têtes) et Linguère (10 416 têtes).
S’agissant des ânes, un total de 25 925 têtes a été répertorié au niveau régional dont 14 438 à Linguère, 7 377 à Louga et 4 110 à Kébémer.
EDUCATION SCOLAIRE, 8100 NOUVEAUX ENSEIGNANTS AFFECTÉS DANS LES ÉCOLES
Le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, a annoncé l’affectation de 8100 nouveaux enseignants cette année pour résorber le déficit en personnels dans les établissements scolaires.
Fatick, 26 nov (APS) - Le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, a annoncé l’affectation de 8100 nouveaux enseignants cette année pour résorber le déficit en personnels dans les établissements scolaires.
"Ce nombre d’enseignants affectés (...) en une année est historique", a dit M. Talla.
Il s’exprimait, jeudi, lors de la cérémonie officielle de célébration de la Journée nationale de l’éducation des filles, organisée au Centre régional de Formation des Personnels de l’Education (CRFPE) de Fatick.
La cérémonie a enregistré la participation du directeur du Bureau de l’Unesco, à Dakar, Dimitri Sagna, des autorités administratives et des élèves de la région.
"C’est la première fois qu’on injecte autant d’enseignants en une année dans le système éducatif national", a déclaré le ministre de l’Education nationale.
"Parmi ces nouveaux enseignants, il y a 5000 enseignants affectés, plus de 2500 enseignants issus des écoles de formation et 600 enseignants venus de la Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation (FASTEF)", a-t-il précisé.
Mamadou Talla a assuré que toutes les demandes des inspections d’académie en instituteurs, professeurs du moyen, du secondaire, de daaras modernes, ou encore en franco arabes, ont été satisfaites.
Pendant ce temps, a-t-il signalé, d’autres enseignants sont encore en formation dans les CRFPE.
Il a également rappelé que depuis trois ans le ministère injecte chaque année entre 2500 et 3000 enseignants sortis des écoles de formation dans le système éducatif.
Ces efforts de l’Etat pour résorber le déficit d’enseignants sont liés aux flux importants de nouveaux élèves enregistrés tous les ans dans les écoles, a expliqué le ministre.
"Chaque année, nous enregistrons près de 457 000 nouveaux élèves qui arrivent dans nos établissements", a-t-il indiqué, évoquant aussi une demande en table-bancs, en enseignants, en construction de salles de classe, d’abris provisoires à résorber.
De même, il a fait part de "50.000 mètres de linéaires de mur à réaliser, 1100 blocs d’hygiène et 602 blocs administratifs, 1525 abris provisoires à remplacer’’.
LA COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE S’OUVRE SOUS DE BONS AUSPICES A KAOLACK
La campagne de commercialisation de l’arachide s’ouvre sous de bons auspices dans la région de Kaolack, où certains acteurs sont en train de peaufiner leurs dispositifs, afin d’assurer une bonne collecte des graines d’arachide
Kaolack, 25 nov (APS) – La campagne de commercialisation de l’arachide s’ouvre sous de bons auspices dans la région de Kaolack, où certains acteurs sont en train de peaufiner leurs dispositifs, afin d’assurer une bonne collecte des graines d’arachide, tandis que la SONACOS se tient prête à ‘’acheter’’ toute la production.
Au point de collecte de la coopérative du groupe inter-villageois des producteurs agricoles de Thiomby et de Gandiaye par exemple, la commission chargée des opérations de collecte est à pied d’œuvre.
‘’Tout est fin prêt. Le matériel est là disponible. La commission de commercialisation est présente. Le petit matériel que nous devons utiliser est sur place. Et le magasin a été correctement nettoyé’’, explique son secrétaire général, Ibou Faye.
‘’Je suis très content. J’ai pu vendre mes graines et on m’a donné mon argent ‘’, se réjouit déjà Bouré Bop, un paysan originaire du village de Pan Maguèye, dans le département de Gandiaye.
Il déclare avoir vendu ses graines à la coopérative du groupe inter-villageois des producteurs agricoles de Thiomby et de Gandiaye. Il dit les avoir cédées au prix de 250 francs CFA le kg, comme fixé par le gouvernement.
‘’La Sonacos est déjà prête. Le matériel de collecte est déjà en place. Nous avons nettoyé les verres de stockage. Le personnel qui doit faire la réception est déjà mis en place. Et les financements sont en place. Nous sommes prêts pour acheter toute la production’’, a rassuré Cheikh Fall, le directeur de la Sonacos Lydiane, l’usine de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal basée à Kaolack.
‘’Nous sommes fin prêts pour le démarrage de la campagne de commercialisation. Les commerçants ont commencé à amener leurs graines’’, assure quant à lui le président de la coopérative de Ngothie, Sidy Bâ.
Bâ est par ailleurs le secrétaire général du cadre de concertation des producteurs d’arachide et porte-parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR).
Dans la région de Kaolack, 56 points de collecte officiels ont été attribués à 37 opérateurs cette année, a révélé le directeur régional du développement rural (DRDR), Souleymane Diop. Mais, il indique que la situation peut évoluer selon la demande.
La commercialisation des produits agricoles, une activité majeure de la vie économique du pays, a été lancée ce jeudi, à la suite de la fixation, par le gouvernement, du prix plancher à 250 francs CFA le kilogramme.
En conseil des ministres, mercredi, le président de la république a rappelé au gouvernement ‘’l’impératif d’assurer un bon déroulement de la campagne de commercialisation des produits agricoles (l’arachide surtout), sur l’étendue du territoire national’’.
MACKY, UN «MALMENEUR» DE CONSTITUTION
Cinquième changement de la constitution en 9 ans
El Hadj Sow et Thierno Assane BA |
Publication 26/11/2021
Le retour du poste de Premier ministre dans l’architecture institutionnelle de notre pays annoncé ce mercredi 24 novembre 2021 en Conseil des ministres va nécessiter une révision de la Constitution. L’actuel président de la République va changer la Loi fondamentale de notre pays pour la cinquième fois en 9 ans. Ce qui fait dire au constitutionnaliste Mouhamadou Ngouda Mboup que notre Constitution du Sénégal a perdu de son contenu. Une Constitution décidément malmenée sous le régime de Macky Sall…
Cela à l’air d’une boutade d’un opposant au régime. Abdoul Mbaye, le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), commentant la énième réforme de la Constitution pour réinstaurer le poste de PM écrit ceci : « Macky va changer la Constitution du Sénégal pour la cinquième fois en 9 ans. Il a assurément foi en la Constitution du Sénégal ! (Blinken dixit) », raille le premier Premier ministre du président Macky Sall dans son compte Twitter. Avant de poursuivre : « Nos amis étrangers ne voient pas ce que nous vivons ». A la suite de ce constat, l’ancien Premier ministre, aujourd’hui opposant s’interroge : « Où mène-t-il (Macky Sall, ndlr), notre Sénégal ? ». La quatrième révision fut celle de mai 2019 qui supprimait le poste de PM qui est en voie d’être réhabilité. En mars 2016, la 3ème réforme fut un référendum constitutionnel prévoyant de réduire le mandat présidentiel de sept à cinq ans. Pour ce faire, un projet de révision constitutionnelle fut soumis à référendum en 2016. Il prévoyait notamment la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux (de 5 ans). Il proposait également la mise en place d’un Haut Conseil des Collectivités territoriales (Hcct) en remplacement du Sénat supprimé dès l’accession du président Macky Sall à la présidence de la République. La ré- forme donnait également la possibilité aux Sénégalais résidant à l’étranger d’élire leurs députés à l’Assemblée nationale. A peine élu en 2012, Macky Sall révise la Constitution en septembre de la même année pour supprimer le Sénat « dans un contexte où le Sénégal est confronté à une forte demande sociale, il importe d’optimiser les ressources publiques, ce qui implique nécessairement une rationalisation de nos institutions. Le projet de loi vise à restaurer la Chambre unique comme seul organe du système législatif.
Ainsi les compétences exercées jusque-là par l’Assemblée nationale et le Sénat sont désormais dévolues à l’Assemblée nationale ». Cette réforme avait d’ailleurs supprimé le fameux poste de vice-président introduit par Me Abdoulaye Wade et le Conseil économique et social remplacé par l’actuelle institution dirigée par Idrissa Seck. Alors que Macky Sall parlait de « nécessaire rationalisation des institutions » pour justifier la suppression du Sénat, il ne s’est pas gêné par la suite pour créer non seulement un Conseil économique, social et environnemental, qui était un Sénat nouvelle mouture, mais encore un Haut Conseil des Collectivités territoriales ! Pour en revenir à Abdoul Mbaye, ses railleries ne sont pas du goût de l’enseignement-chercheur en droit public à l’Université Cheikh Anta Diop. Invité sur les antennes de la TFM hier matin, il a noté d’emblée que cette réforme majeure va toucher près de 23 articles de la Constitution. « La Constitution est malmenée sous Macky Sall.
La Constitution du Sénégal est rigide, sa modification est une procédure complexe parce qu’elle appelle à toucher l’art 103 de la Constitution. Mais le système politique du Sénégal ne donne pas qu’au Président de la République et aux députés, les seules initiatives de la révision de la Constitution. Le président peut passer par l’Assemblée nationale à travers une majorité qualifiée ou passer par un référendum comme en 2016 pour ré- viser la Constitution. Seulement il y a des dispositions constitutionnelles qu’on ne peut toucher comme le mode d’élection et la durée et le nombre de renouvellements du mandat du président de la République. Ce qu’on appelle des clauses d’éternité et la forme républicaine de l’Etat. Mais il y a des pratiques sujettes à caution. Le président Macy Sall reste cependant cohérent dans sa démarche puisque lorsqu’il supprimait le poste de PM, il n’a pas averti le peuple. Et aujourd’hui, il ne s’est pas adressé à la Nation pour dire qu’il va restaurer le poste de PM. Alors que le poste de PM est plus central dans l’Exécutif puisque son existence est liée à une majorité concordante. Je crois qu’on doit mettre le poste de PM dans la clause d’éternité pour garantir la stabilité du système. Parce que dans la pratique, Senghor, Abdou Diouf et Macky Sall ont montré qu’ils se sont trompés, cela montre en réalité que le poste est éminemment important. Aujourd’hui, on ne doit pas offrir la facilité au président de la République de réviser la Constitution qui a été tellement retouchée jusqu’à perdre son contenu. On est tombé dans un système de rafistolage de la Constitution sénégalaise. Ce qui n’est pas bien, la Constitution n’est pas verrouillée » explique l’universitaire Mouhamadou Ngouda Mboup.
Le poste de PM a une prééminence dans le système étatique national
« Je ne suis pas surpris par la décision du président de la République de réinstaurer le poste de Premier ministre. La trajectoire politique du Sénégal intègre le patrimoine constitutionnel qui place le poste de Premier ministre dans une bonne position » soutient Mouhamadou Ngouda Mboup. Et d’expliquer que « la notion de Primature a été créée par l’ancien président Léopold Sédar Senghor, c’est une identité constitutionnelle spécifique au Sénégal. D’ailleurs, tous les présidents qui ont eu à éliminer le poste de PM l’ont ramené par la suite.
En commençant par feu Senghor qui l’avait supprimé suite à la crise de 1962-1963 avec feu Mamadou Dia appelé Président du Conseil. Le premier président du Sénégal ramène le poste de PM en 1970. Son successeur Abdou Diouf fera de même de 1983 à 1991. Le seul président qui n’a pas eu à supprimer le poste de PM fut Abdoulaye Wade. Une telle situation traduit simplement le fait que le PM a une prééminence devant le Président de la République, devant l’Assemblée nationale et l’Administration. Il est l’épine dorsale du système institutionnel, politique et étatique du Sénégal. Lorsque vous l’enlevez, un ressort saute et installe un dérèglement. Lorsque le président Macky Sall avait décidé de supprimer le poste en 2019, j’avais clairement dit que c’était une réforme dangereuse parce qu’elle supprimait le tampon qui devait exister entre le président de la République et les populations. Le président de la République est directement exposé face au peuple. L’exemple le plus illustratif fut les événements de mars 2021. Macky Sall était obligé de monter au créneau directement alors que ce devait être le rôle d’un Premier ministre. En d’autres occasions, il a été démontré que le PM a un rôle central dans l’administration et, surtout, coordonne l’action du gouvernement ».
RENE MARAN, LA FRANCE, L’AFRIQUE ET LA LITTERATURE
Pour mieux faire connaître l’illustre auteur, le département de Lettres modernes de l’Ucad a organisé, en collaboration avec l’université des Antilles, de Guyane, de CergyCy et d’autres établissements d’enseignement supérieur, un colloque
A l’occasion du centenaire du Prix Goncourt attribué en 1921 et pour la première fois à un écrivain noir, René Maran, l’université des Antilles, de Guyane, de Cergy-Cy, en collaboration avec l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, ont organisé un colloque de deux jours, qui se déroule depuis hier à l’Ucad 2. D’éminents spécialistes de l’œuvre de René Maran se sont réunis à cette occasion, afin de mieux faire connaître l’illustre auteur.
Pour mieux faire connaître l’illustre auteur qu’était René Maran, le département de Lettres modernes de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a organisé, en collaboration avec l’université des Antilles, de Guyane, de CergyCy et d’autres établissements d’enseignement supérieur, un colloque sur le thème : «René Maran. La France, l’Afrique et la littérature».
La cérémonie d’ouverture de cette rencontre de deux jours (les 25 et 26 novembre 2021), tenue à la salle de conférence de l’Ucad 2, a été présidée par le Recteur de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Amadou Aly Mbaye en a profité pour magnifier ce colloque, qui se déroule à Dakar, notamment à l’Ucad, au moment où Mouhamed Mbougar Sarr devient le premier africain subsaharien à se voir couronné par ce prestigieux Prix Goncourt, exactement 100 ans après René Maran.
Selon lui, en faisant le choix du Sénégal pour accueillir des manifestations célébrant le centenaire de l’attribution du Prix Goncourt à René Maran, «vous honorez notre pays et notre Peuple. Nous voulons lire à travers ce choix, la volonté de permettre au Sénégal de prendre toute la place qui lui est faite, dans des commémorations des centenaires, qui se sont étalées sur toute l’année 2021, sous le format de nombreuses initiatives et évènements dans le monde entier».
Parlant de René Maran, Amadou Aly Mbaye souligne que l’auteur occupe une position monumentale. «Il est un repère, un trait d’union, un intermédiaire et un inspirateur. Les écrivains de la Renaissance le revendiquent comme un modèle, les théoriciens de la Négritude s’en réclament comme leur précurseur.» Venu prendre part à cette rencontre, Mathieu Feu Nougaret, attaché de coopération scientifique et universitaire de l’ambassade de France au Sénégal, a estimé qu’il n’est pas facile de parler de René Maran, si on n’a pas lu ses œuvres. «Je ne suis pas spécialiste mais curieux. Je mesure l’importance que revêt René Maran, non seulement dans la littérature, mais aussi comme lien entre plusieurs continents, entre toutes ses racines qui font de lui un être multiple», a-t-il indiqué.
Joignant sa voix à celle du Recteur, Mme Cousson Traoré, directrice de l’animation culturelle et scientifique du rectorat, souligne que ce colloque vient à son heure, car il coïncide avec le choix porté sur Mouhamed Mbougar Sar, qui a remporté le prix Goncourt 2021, ce qui est une fierté du monde littéraire, de la communauté universitaire, mais aussi de la Nation sénégalaise. Elle informe également que pendant ces deux jours de célébration du centenaire du Prix Goncourt de René Maran, un vernissage suivi d’une grande exposition sur les manuscrits de René Maran est prévu au niveau de la Bibliothèque universitaire (Bu).