De quoi parle-t-on au juste lorsqu’on évoque l’Afrique ? D’un continent réel, d’un concept ou d’un fantasme ? C’est à ces questions que cherche à répondre Le Continent du Tout et du presque Rien, de Sami Tchak. Ceux qui suivent l’œuvre de cet écrivain togolais depuis ses débuts, en 1988, jusqu’à ses récentes Fables du moineau (2020) savent que ses livres déconcertent par la diversité de leurs sujets comme par leur traitement.
Paru il y a quelques semaines, son nouveau roman ne déroge pas à cette règle : Sami Tchak commence par s’y glisser dans la peau de Maurice Boyer, universitaire français né à Poitiers au lendemain de la seconde guerre mondiale et qui, parvenu à l’âge de la retraite, fait le bilan de sa vie. S’il se raconte un peu sur le plan privé, c’est surtout à sa carrière d’ethnologue que Boyer consacre l’essentiel de son propos – une carrière débutée à la fin des années 1960, sur les traces des « grandes sommités en anthropologie, en ethnologie et en sociologie : Georges Balandier, Michel Leiris, Pierre Bourdieu, Claude Lévi-Strauss, Raymond Aron, pour n’en citer qu’un petit échantillon… ».
Ainsi comprend-on dès les premières pages qu’il s’agit pour le narrateur de replacer sa trajectoire personnelle dans la perspective savante d’une cinquantaine d’années de théories sur l’Afrique, depuis le « regard vertical » élaboré par les Européens sur l’Autre jusqu’à la pensée des intellectuels africains sur leur propre continent : « Nous avons par exemple le Malien Amadou Hampâté Bâ, le Sénégalais Cheikh Anta Diop et le Voltaïque Ki-Zerbo », note ainsi Boyer.
« Des poissons pris dans un filet »
Pour ce dernier, tout commence en 1970 lors de son « terrain en pays tem », au Togo, où, seul Blanc d’un village, il va « étudier » les habitants. Accueilli avec d’autant plus d’intérêt qu’il a appris la langue locale, Boyer est initié aux règles de sociabilité, amené à vivre des expériences spirituelles, sexuelles… Bref, il s’intègre au point de « connaître très bien » ce petit bout d’Afrique – du moins le croit-il. « Tu es venu ici dans la saine intention de nous observer, de nous comprendre, Maurice, mais en vérité, tu continues la grande œuvre occidentale : penser les autres, produire du sens sur eux et les mettre dans la situation des poissons pris dans un filet », lui rappelle-t-on avec clairvoyance.
L’étudiant a beau arguer de la modestie de sa démarche, il n’en devient pas moins, à son retour deux ans plus tard, le grand « spécialiste » des Tem, ses connaissances s’additionnant à celles de ses pairs académiques dans la constitution d’un savoir global sur l’Afrique. Mais c’est sur ce point qu’on sent percer le questionnement du romancier : suffit-il de multiplier les recherches pour échafauder la réalité d’un continent ? Les ambitions professionnelles, les traces inconscientes de l’histoire, les affects n’oblitèrent-ils pas par avance toute pensée scientifique ?
LE MALI RISQUE L'EXCOMMUNIATION DE LA SCÈNE DIPLOMATIQUE
L’ex-ministre de la Justice d’IBK, Mamadou Ismaïla Konaté, réagit au nouveau calendrier du gouvernement de transition et alerte sur les risques d’isolement de son pays
Jeune Afrique |
Bokar Sangaré |
Publication 09/01/2022
« The clock is ticking ». La sobre mise en garde adressée aux autorités maliennes par Goodluck Jonathan, le médiateur de la Cedeao, à l’issue de sa rencontre avec Assimi Goïta, mercredi 5 janvier à Bamako, cache mal la montée des tensions à la veille du sommet extraordinaire qui doit se tenir ce dimanche 9 janvier à Accra. Les chefs d’État ouest-africains vont se pencher sur la situation politique du Mali, et en particulier réagir à la présentation, par son gouvernement, d’un chronogramme qui prévoit une élection présidentielle dans cinq ans – et non plus en février prochain. « Inacceptable » pour la Cedeao, qui prévoit de saisir l’Uemoa en vue de prendre un nouveau train de sanctions à l’encontre du pays.
Ancien ministre de la Justice d’Ibrahim Boubacar Keïta, dont il était un proche, Mamadou Ismaïla Konaté a démissionné en 2017 après un très médiatique bras de fer avec l’activiste Ras Bath. Aujourd’hui, s’il s’affirme non partisan, il continue d’être très actif sur la scène politique. De tribunes en interventions dans les médias, les avis parfois tranchés de cet avocat qui adopte une posture de sentinelle de la démocratie lui valent d’être régulièrement critiqué par les soutiens d’Assimi Goïta. Pour Jeune Afrique, il livre son analyse de la situation du Mali et met en garde contre les risques que feraient peser une rupture de ses relations diplomatiques avec les pays de la sous-région.
Jeune Afrique : Fin décembre, le gouvernement de transition a soumis à la Cedeao un chronogramme électoral pour demander une prorogation de cinq ans au sortir des Assises nationales de la refondation. Comment analysez-vous cette demande ?
Mamadou Ismaïla Konaté : Je pense qu’il y a eu là une méprise, et que celle-ci pourrait coûter cher au pays. Le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop est allé rencontrer Nana Akufo-Addo en portant un message supposé être fondé sur les conclusions des Assises nationales de la refondation. Or, celles-ci n’évoquent ces cinq années que comme une durée « plafond », elles parlent aussi d’un délai de six mois. Personne, dans les faits, n’a mandaté le gouvernement pour fixer cette durée de cinq ans. Et s’il est vrai que l’organisation d’élections en février paraissait incohérente, à tout le moins, le gouvernement malien aurait dû proposer une durée plus réaliste.
Qu’attendez-vous du sommet extraordinaire de la Cedeao à Accra, ce dimanche 9 janvier ?
Étant donnée la violation flagrante de nos engagements, nous risquons malheureusement gros. Sauf surprise, il faut s’attendre à des sanctions économiques, et le Mali risque rien moins que l’excommunication de la scène diplomatique. À mon sens, il est urgent de proposer un nouveau chronogramme. Pourquoi ne pas, par exemple, fixer la date à février 2023, et tout mettre en œuvre d’ici là pour parvenir à un consensus qui engage aussi bien les politiques que les autres composantes de la nation ?
Les organisations politiques et de la société civile qui ont boycotté les Assises nationales de la refondation s’opposent à ce report des élections. Mais ont-elles la capacité de mobiliser face au pouvoir militaire ?
Malheureusement, non, elles ne font pas le poids. Mais dans la perspective d’une nouvelle démocratie qu’il nous faut instaurer, il faut prendre en compte toutes les minorités, toutes les oppositions. Nous sommes en train de parler de la construction d’un État, le Mali, d’une nation déchiquetée. Et une partie des leaders politiques, qui représentent des forces présentes de longue date sur l’échiquier politique, ne se reconnaissent pas dans les conclusions des Assises. Il revient au chef de l’État d’aller les chercher, de ne pas les laisser sur le carreau. Quels que soient les problèmes, tourner le dos à l’imam Mahmoud Dicko, par exemple, n’est ni un gage de paix ni de concorde nationale.
Le Cameroun ouvre dimanche contre le Burkina Faso la 33e Coupe d'Afrique des nations avec pour objectif la finale du 6 février, comme les autres favoris, l'Algérie, tenante du titre, ou le Sénégal, qui rêve toujours d'une première couronne
Hôtes de la compétition, quintuples champions, sacrés encore en 2017, les Lions Indomptables sont les favoris de ce groupe. Ils auront l'avantage de jouer dans des stades remplis jusqu'à 80%, et non 60% comme pour les autres rencontres du tournoi.
Derrière viennent le Cap Vert de "Stopira" (Ianique dos Santos Tavares) et "Platini" (Luis Carlos Almada Soares), et le Burkina-Faso de Bertrand Traoré.
Coïncidence, la meilleure performance des Requins Bleus du Cap-Vert (quarts de finale) comme des Étalons du Burkina (finale) remonte à la CAN-2013.
L'Éthiopie, en pleine guerre civile, vainqueur en 1962, n'a plus rien d'un ténor. Elle n'en est qu'à sa troisième participation en 40 ans.
Groupe B: le Sénégal a la pression
Jamais titrés, les Lions du Sénégal et leur effectif doré (Édouard Mendy, Kalidou Koulibaly, Sadio Mané...) arrivent au Cameroun avec la pression d'énormes favoris, un peu obligés de gagner pour étancher une soif éternelle.
Le premier tour ne devrait pas freiner les hommes d'Aliou Cissé, supérieurs sur le papier à la Guinée, qui a remplacé Didier Six par son adjoint, Kaba Diawara, un mois avant le tournoi.
Le Zimbabwe du Lyonnais Tino Kadewere privé de ses deux autres stars, Marsall Munetsi (Reims) et Marvelous Nakamba (Aston Villa), blessés, et le modeste Malawi paraissent un cran en-dessous.
Groupe C: le groupe le plus relevé
Le Maroc de Vahid Halilhodzic semble le mieux armé, avec le Parisien Achraf Hakimi et son trio sévillan formé par le gardien Yassine Bounou et les attaquants Munir El Haddadi et Youssef En-Nesyri, mais il se retrouve dans le groupe le plus dense du premier tour.
Parmi les favoris, les "Lions de l'Atlas" vont croiser le Ghana, quatre fois vainqueur de la CAN et toujours parmi les prétendants. Les Comores, un des deux débutants, seront une des attractions du tournoi.
Dernières pensionnaires du groupe C, les Panthères du Gabon ont perdu de leur mordant après le test positif jeudi de leurs stars Pierre-Emerick Aubameyang et Mario Lemina.
Groupe D: un choc Nigeria-Egypte
Le groupe D, à Garoua, dans le Nord Cameroun, va s'ouvrir par un choc pesant dix CAN entre le Nigeria (3 titres) et l'Égypte (7 titres).
Les "Super Eagles", qui ont remercié leur sélectionneur Gernot Rohr quatre semaines avant le coup d'envoi, sont privés de Victor Osimhen, bloqué par le Covid à Naples, mais restent redoutables. Les "Pharaons" comptent eux sur un des meilleurs joueurs du monde, Mohamed Salah (Liverpool).
La Guinée-Bissau et le Soudan, qui a débarqué Hervé Velud au même moment que Rohr, se disputent le rôle d'outsider de la poule.
Groupe E: duel Algérie-Côte d'Ivoire
Un autre grand classique africain domine le groupe E entre le tenant du titre, l'Algérie de Riyad Mahrez (Manchester City), et un des favoris, la Côte d'Ivoire du meilleur buteur de la Ligue des champions, Sébastien Haller.
Le choc entre "Verts" et "Éléphants" est programmé au troisième et dernier match.
Si la Sierra Leone semble moins forte, la Guinée Équatoriale, qualifiée sur le terrain pour la première fois après deux CAN en tant qu'organisateur, a menacé jusqu'au bout la Tunisie dans les qualifications au Mondial.
Groupe F: combat d'Aigles
Les Aigles de Carthage de la Tunisie et ceux du Mali planent sur le groupe F, a priori trop haut pour la Mauritanie, à sa deuxième participation, et à la Gambie, à sa première.
La Tunisie de Wahbi Khazri était demi-finaliste il y a trois ans et présente à la Coupe du monde en 2018.
Le Mali aligne aussi un bel effectif avec Hamari Traoré (Rennes) ou Amadou Haïdara (Leipzig). Toutefois le puissant Moussa Marega, plus appelé depuis 2019, privilégie son club, Al-Hilal, en Arabie Saoudite, comme Cheick Doucouré avec Lens.
Mais les absents ont toujours tort, et presque toutes les stars africaines seront au Cameroun.
UN SOMMET DE LA CEDEAO AUX LOURDS ENJEUX SUR LE MALI
Les dirigeants ouest-africains se réunissent encore dimanche sur le Mali, avec l'éventualité de durcir ou non les sanctions face à une junte qui, après avoir envisagé de rester au pouvoir 5 ans de plus, a proposé à la dernière minute un nouveau calendrier
Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a dépêché samedi deux ministres auprès de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest qui tient dimanche à Accra un nouveau sommet extraordinaire sur le Mali, théâtre de deux coups d'Etat militaires depuis 2020 et en proie à une profonde crise sécuritaire.
Dans le souci de "maintenir le dialogue et une bonne coopération avec la Cédéao", les envoyés maliens ont présenté "une nouvelle proposition" de calendrier au président en exercice de l'organisation, le chef de l'Etat ghanéen Nana Akufo-Addo, a rapporté l'un des deux émissaires, le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop.
Il n'a pas précisé de durée.Mais cette démarche visait à l'évidence à apaiser le courroux d'un certain nombre des chefs d'Etat et de gouvernement à la veille de leur sommet.
La junte demandait initialement jusqu'à cinq ans, un délai a priori inacceptable pour la Cédéao et paraissant appeler immanquablement de nouvelles sanctions.La junte est revenue sur son engagement de tenir en février des élections législatives et présidentielle ramenant les civils à la tête du pays.
Les autorités de "transition" disent ne pas être capables d'honorer cette échéance.Elles invoquent l'insécurité persistante dans le pays, en proie aux violences de toutes sortes, jihadistes, communautaires, crapuleuses...Et la nécessité de réformes, comme celle de la Constitution, pour que les élections ne souffrent pas de contestations à l'instar des précédentes.
Depuis le premier putsch d'août 2020 conforté par celui de mai 2021 intronisant le colonel Assimi Goïta comme président de la "transition", la Cédéao pousse au retour des civils dans les meilleurs délais.
Pour l'organisation dont la crédibilité est en jeu, il s'agit de défendre ses principes fondamentaux de gouvernance, de stopper la contagion du fait accompli et de contenir l'instabilité régionale.
Un calendrier étalé sur cinq ans ramènerait un an et demi en arrière. La Cédéao réclamait alors un retour des civils sous 12 mois.La junte demandait cinq ans. La Cédéao avait transigé à 18 mois, avec des élections en février 2022.
- Gel d'avoirs financiers -
Mesure de l'importance des enjeux pour la Cédéao comme pour le Mali au coeur de l'instabilité sahélienne, ce sera la huitième fois que les dirigeants ouest-africains se retrouveront, en présentiel ou en visioconférence, pour parler spécialement du Mali (avec la Guinée après un autre putsch en septembre 2021) depuis août 2020, sans compter les sommets ordinaires.
Fait exceptionnel, la réunion de dimanche sera immédiatement précédée dans la capitale ghanéenne d'un autre sommet extraordinaire, celui des dirigeants de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Les huit pays de l'UEMOA sont membres de la Cédéao. Ce sommet avant le sommet est considéré comme augurant d'une possible action concertée et peut-être de sanctions économiques.
La Cédéao a déjà imposé un gel de leurs avoirs financiers et une interdiction de voyager à 150 personnalités coupables selon elle de faire obstruction aux élections. Elle doit maintenant décider de muscler ou non les mesures coercitives, un choix délicat.
Lors de leur sommet du 12 décembre, les dirigeants ouest-africains avaient brandi la menace de sanctions "économiques et financières" supplémentaires.
En août 2020, la Cédéao avait suspendu le Mali de tous ses organes de décision, suspension toujours en vigueur.Elle avait aussi fermé toutes les frontières terrestres et aériennes, et instauré un embargo sur les échanges financiers et commerciaux, à l'exception des produits de première nécessité.
En pleine pandémie, l'embargo infligé à un pays pauvre et enclavé avait été durement ressenti.Ces sanctions avaient été levées au bout d'un mois et demi.
La Cédéao doit soupeser les risques de braquer les Maliens contre elle avec une nouvelle démonstration de rigueur, disent les analystes.
Une grande partie de la classe politique a boycotté les consultations dont les autorités se réclament pour demander un délai supplémentaire.Dix-huit mois après la prise du pouvoir par les colonels, la situation sécuritaire reste très détériorée, et la crise économique profonde.Mais le discours de souveraineté nationale des autorités résonne dans une partie de la population, soulignent les experts.
CRIMINALISATION DE L'HOMOSEXUALITE, LA POSITION DU CADRE UNITAIRE DE L’ISLAM
L’association And Samm Jikko Yi avait présenté une pétition contre la promotion de l’homosexualité au Sénégal et sa criminalisation.
L’association And Samm Jikko Yi avait présenté une pétition contre la promotion de l’homosexualité au Sénégal et sa criminalisation. Mercredi dernier, le Parlement a rejeté cette proposition de loi durcissant la répression de l’homosexualité au motif que la loi sénégalaise punit déjà sévèrement l’homosexualité par des peines de prison. Le texte était porté par 11 députés dont au moins un de la majorité présidentielle.
Invité du Jury du Dimanche sur la 90.3 Iradio, Cheikh Ahmed Tidiane Sy a donné la position du Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal (Cudis) sur la question : « J’ai l’habitude de dire toujours que nos positions sont conformes aux orientations de nos guides religieux. Toutes les organisations qui composent notre cadre sont des émanations de ces confréries religieuses, de ces associations islamiques. Nous ne pouvons être qu’en conformité avec les orientations de ces guides religieux ».
Poursuivant son argumentaire, Cheikh Tidiane Sy affiche une position claire contre l’homosexualité : « Comme on dit en Islam, ce qui est illicite ne sera jamais licite. Quel que soit le nombre de personnes qui porteront cette abomination, l’homosexualité ne pourra jamais être considérée comme quelque chose de licite dans notre pays. C’est une autre question de criminaliser ou pas. En tant que Cudis, lorsque nous avons été contactés par Samm Jikko Yi, nous les avons accompagnés dans cette lutte. C’est vrai que nous n’avons pas la même démarche dans le schéma. Parce que nous, nous avons opté depuis très longtemps pour l’éducation de masse. L’implication des enseignements de nos anciens dans notre système éducatif. Depuis quatre ou cinq ans, c’est notre combat. Nous avons élaboré un manuel qui a pour thème le vivre ensemble, la bonne gouvernance, la paix ».
Selon lui, il ne faut pas faire d’amalgame entre le caractère abominable de l’homosexualité et les moyens de lutte pour arriver à éradiquer ce mal. « C’est vrai que l’homosexualité a toujours existé dans nos sociétés modernes. Le Coran et certains enseignements du prophète condamnent l’homosexualité. Donc, il est indéniable que l’Islam ne peut pas accepter cette abomination et va lutter pour qu’elle puisse être éradiquée. Maintenant quels sont les moyens juridiques, sociologiques, psychologiques dont nous disposons ? C’est là où il peut y avoir réflexion et discussion », a-t-il soutenu.
Toutefois, il a fait comprendre que : « nous accompagnons et nous appuyons Samm Jikko Yi dans cette démarche de criminalisation. Maintenant, c’est moi qui lance le débat. Il faut aller vers un cadre de discussion formelle entre les juristes. Parce que c’est eux qui touchent l’ensemble des secteurs qui tournent aujourd’hui autour du droit (…). La criminalisation du viol est-ce qu’elle a participé à éradiquer le viol dans notre pays ? C’est une question que je me pose parce que je n’ai pas la réponse. Idem pour la criminalisation de la drogue. Il faut qu’on pose les questions techniques du point de vue du droit pour voir est-ce que les actes que nous posons nous amènent à éradiquer ce mal ».
À l’en croire, le bureau de l’Assemblée nationale aurait pu poser le débat de manière plus large avant de le rejeter. « Nous sommes dans un pays démocratique où quand le peuple a des exigences vis-à-vis du pouvoir législatif, ce pouvoir à l’obligation de devoir l’analyser ou même de le soumettre au plus grand nombre dans l’hémicycle afin que les gens puissent donner leur avis, considère-t-il. Par ailleurs, je pense qu’il faut lutter contre l’homosexualité. Et la criminalisation pourrait être une solution. Je crois aussi qu’il faut trouver les moyens juridiques de rendre cette loi plus efficace afin qu’on ne tombe pas dans les mêmes travers ».
UNE ÉQUIPE DISPOSANT D’UN MINIMUM DE 11 JOUEURS SERA OBLIGÉE DE JOUER, DIXIT LA CAF
La Confédération africaine de football (CAF) annonce que les équipes en lice à la CAN 2021 seront tenues de jouer un match si elles disposent d’un "minimum de 11 joueurs" testés négatifs au Covid-19.
Douala, 8 jan (APS) - La Confédération africaine de football (CAF) annonce que les équipes en lice à la CAN 2021 seront tenues de jouer un match si elles disposent d’un "minimum de 11 joueurs" testés négatifs au Covid-19.
Une équipe en lice à la CAN 2021 sera "tenue de jouer un match si elle a un minimum de 11 joueurs disponibles qui se sont révélés négatifs", informe la CAF sur son site officiel.
Même "en cas d’absence d’un gardien de but, un autre joueur de l’équipe doit remplacer le gardien de but, à condition que le nombre total de joueurs disponibles soit d’au moins onze", indique la Confédération africaine de football.
Avant le démarrage de la compétition, la CAF avait informé les équipes participantes qu’elles peuvent sélectionner jusqu’à 28 joueurs, au lieu de 23 habituellement.
La CAF énonce en conséquence qu’une équipe qui "n’a pas un minimum de 11 joueurs disponibles sera considérée comme ayant perdu le match 0-2".
Au sujet des règles édictées par l’instance dirigeante du football africain, relativement au déroulement de la phase finale de la CAN 2021 qui démarre ce dimanche au Cameroun, la CAF précise qu’elle "appliquera la règle des cinq remplacements par match lors de cette compétition".
"Chaque équipe sera autorisée à utiliser jusqu’à cinq remplaçants, afin de réduire les perturbations du match, chaque équipe bénéficiera d’un maximum de trois opportunités pour effectuer les remplacements ; ceux-ci pourront également être effectués à la mi-temps", souligne la CAF sur son site officiel.
"Si les deux équipes opèrent un remplacement en même temps, il sera considéré comme l’une des trois opportunités pour chaque équipe", note-t-elle, ajoutant que "les remplacements et opportunités inutilisés sont reportés en prolongation".
"En cas de prolongation, les équipes auront chacune droit à un remplacement supplémentaire et bénéficieront d’une occasion de remplacement supplémentaire".
Des remplacements "pourront également être effectués avant le début et à la mi-temps de la prolongation", conclut la CAF.
QATAR 2022, LE TIRAGE AU SORT DU DERNIER TOUR DES ÉLIMINATOIRES FIXÉ AU 22 JANVIER
Le tirage au sort du dernier tour des éliminatoires africaines pour la Coupe du Monde Qatar 2022 se déroulera le 22 janvier prochain, annonce la Confédération africaine de football (CAF).
Douala, 9 jan (APS) - Le tirage au sort du dernier tour des éliminatoires africaines pour la Coupe du Monde Qatar 2022 se déroulera le 22 janvier prochain, annonce la Confédération africaine de football (CAF).
Elle précise, sur son site Internet, que les 10 équipes qualifiées seront réparties en deux poules sur la base du classement officiel de la FIFA, publié en novembre 2021.
"Les cinq équipes les mieux classées affronteront les cinq équipes les moins bien classées, les équipes les moins bien classées accueilleront la manche aller", précise la CAF.
Conformément au classement publié le 19 novembre 2021, la répartition des équipes se fera comme suit : le Sénégal, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie et le Nigeria dans un groupe, l’Egypte, le Cameroun, le Ghana, le Mali et la RD Congo dans un autre.
La CAF en a décidé ainsi lors de la réunion de son comité exécutif tenu vendredi, rencontre qui a également fixé au 21 janvier prochain le tirage au sort du tour préliminaire des qualifications à la Coupe d’Afrique des Nations Côte d’Ivoire 2023.
Ce tirage au sort se déroulera à Douala (Cameroun), la phase préalable devant être disputée en élimination directe en matchs aller et retour.
"La position des équipes sera déterminée par le classement Fifa, les équipes qualifiées à l’issue de ce tour rejoindront la phase de groupes composée de 48 équipes", indique le site officiel de la CAF.
CAN 2021, ALIOU CISSÉ VEUT FAIRE ABSTRACTION DE TOUT
Le Sénégal, cité parmi les équipes favorites de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), doit faire abstraction de ce statut et faire avec les circonstances liées aux nombreux cas de Covid-19 détectés dans ses rangs, avant d’entrer en lice lundi
Douala, 9 jan (APS) - Le Sénégal, cité parmi les équipes favorites de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), doit faire abstraction de ce statut et faire avec les circonstances liées aux nombreux cas de Covid-19 détectés dans ses rangs, avant d’entrer en lice lundi contre le Zimbabwe, a indiqué le sélectionneur des Lions Aliou Cissé.
"Je sais que beaucoup d’entraîneurs font face à l’absence de joueurs à cause de la pandémie mais ce ne sera pas une excuse, on va faire avec", a déclaré dimanche en conférence de presse le sélectionneur du Sénégal.
En plus de cinq joueurs restés à Dakar, trois autres footballeurs sénégalais dont le capitaine, Kalidou Koulibaly, ont été testés positifs au coronavirus, samedi.
"Le Sénégal aurait préféré avoir tout le monde mais ce ne sera pas une excuse", a dit Aliou Cissé, soulignant que ceux qui sont à disposition, feront le travail demandé.
"Le Sénégal est plus fort qu’en 2017 et 2019 et est plus équilibré", a assuré le technicien sénégalais, avant d’assener : "Quand on est footballeur professionnel, on vit avec la pression".
Aliou Cissé a rappelé que les Lions qu’il dirige depuis six ans compte des joueurs évoluant dans les plus grands clubs du monde.
’’Quand on joue au PSG, au Napoli et à Chelsea, on apprend à faire face à cette pression qui doit être positive’’, a ajouté le sélectionneur national qui avait à ses côtés, Idrissa Gana Guèye.
IL N'Y A PAS DE CRISE DE LA DÉMOCRATIE EN AFRIQUE
Ndongo Samba Sylla fait un tour d’horizon des sujets dominants de l’actualité africaine : insécurité au Sahel, franc CFA, Eco, relations France-Afrique, ZLECAf…. Un décryptage sans filtre - ENTRETIEN
Docteur en économie du développement, Ndongo Samba Sylla est un analyste sénégalais très averti des questions de développement de l’Afrique. Auteur, coauteur et coordonnateur de nombreux ouvrages dont « De Brazzaville à Montpellier : regards critiques sur le néocolonialisme français », Dr Sylla est par ailleurs quatre fois champion du monde de scrabble francophone. Dans cette interview accordée à Sidwaya depuis Dakar, il fait un tour d’horizon sur les sujets dominants de l’actualité africaine : les crises démocratiques, l’insécurité au Sahel, le franc CFA, l’Eco, l’avenir des relations France-Afrique, la ZLECAf…. Un décryptage sans filtre ! Lisez plutôt.
Sidwaya (S) : Quel regard rétrospectif portez-vous sur l’Afrique en 2021 ?
Dr Ndongo Samba Sylla (N.S.S.) : 2021 a été une année difficile pour les populations un peu partout sur le continent. Celles qui ont échappé un tant soit peu aux conséquences sanitaires de la pandémie de la COVID-19, ainsi que les mesures contraignantes mises en place ici et là, n’ont pas hélas échappé à ses conséquences socio- économiques. La baisse des revenus d’activités dans un contexte inflationniste a accru la vulnérabilité des couches les plus démunies.
Le paiement d’un service de la dette extérieure socialement et financièrement non soutenable continue de plomber un certain nombre de pays africains. A travers cette question de la dette extérieure et ce qui a été qualifié d’« apartheid vaccinal », l’Afrique a reçu la confirmation à nouveau qu’elle ne peut compter sur la générosité ou la solidarité des pays développés pour s’en sortir. Un motif de satisfaction est que les pronostics catastrophistes sur la mortalité COVID-19 en Afrique semblent avoir été déjoués jusqu’ici, même avec de faibles taux de vaccination.
Avec la disparition de Desmond Tutu, c’est aussi une page importante de l’histoire du continent qui se referme.
S : En 2021, la sous-région ouest-africaine a encore connu des crises politiques marquées par des coups d’Etat au Mali, en Guinée, la « pandémie » des troisièmes mandats… Est-ce de mauvais signes pour la démocratie et la bonne gouvernance sur le continent ?
N. S. S. : Tout comme les coups d’Etat civils (cas des présidents au pouvoir qui briguent un énième mandat en violation de la Constitution de leur pays), qui peuvent parfois constituer leur toile de fond, les coups d’Etat militaires sont des événements regrettables. Il faut y voir un indicateur des pathologies dont souffrent les systèmes dits de « démocratie représentative » dans certaines parties du continent. Les crises politiques et sociales sont des opportunités pour repenser et changer nos systèmes politiques et économiques.
Malheureusement, bien souvent, ces opportunités ne sont pas bien utilisées : on essaie de tout faire pour retourner rapidement à la « normalité constitutionnelle » qui a au départ produit la crise sociopolitique. D’où parfois un sentiment d’éternel recommencement.
S : Avec ces crises démocratiques, faut-il donner raison au président français, Jacques Chirac, qui disait déjà dans les années 1990 que l’Afrique n’était pas mûre pour la démocratie ?
N. S. S. : Non, pas du tout. En réalité, les pays occidentaux sont mal placés pour donner des leçons à l’Afrique et cela d’autant plus qu’ils ne sont pas des démocraties, au sens savant du mot. J’ai écrit un livre intitulé : « La Démocratie contre la République. L’autre histoire du gouvernement du peuple » (L’Harmattan 2015).
Ce livre retrace l’évolution du mot démocratie, un concept resté savant pendant plus de deux millénaires avant son retournement/ détournement de sens à partir du milieu du XIXe siècle. On s’aperçoit que s’il y a une valeur qui n’est pas occidentale, c’est bien la « démocratie », le mot (et concept renvoyant à l’égalité politique) le plus détesté de toute l’histoire de la pensée politique occidentale.
Raison pour laquelle il n’y a aucune trace du mot démocratie dans l’actuelle Constitution fédérale américaine qui remonte à 1787. Là où les constituants américains de l’époque disaient de la démocratie qu’elle est « le pire de tous les maux politiques », le Dictionnaire classique de la Langue française, édition 1827, la définissait ainsi : « subdivision de la tyrannie entre plusieurs citoyens ».
Les régimes que nous appelons de nos jours frauduleusement « démocratie » portaient au XIXe siècle les noms non équivoques de « gouvernement bourgeois », « aristocratie élective », « gouvernement représentatif ». Ces régimes ont été inventés pour limiter la participation des peuples dans la vie politique.
Il s’agit en réalité de systèmes oligarchiques, donc élitistes (rappelons que les mots élection et élite partagent la même racine), qui ont la caractéristique d’avoir généré dans des circonstances historiques données (domination d’une grande partie du monde par l’Occident, démocratisation de la rente impérialiste sous l’effet de la présence de l’alternative communiste et des luttes des mouvements ouvriers, des femmes, etc.) des performances démocratiques (respect plus ou moins important des libertés ; augmentation du bien-être des populations) qui sont aujourd’hui sur une tendance déclinante.
L’erreur en Afrique a été de croire que ces performances démocratiques pouvaient être obtenues simplement en important les formes (élections, séparation des pouvoirs, etc.) que ce système oligarchique revêt dans les pays occidentaux. Nous n’avons donc pas une crise de la démocratie en Afrique. Nous constatons plutôt l’échec du mimétisme institutionnel irréfléchi. Nous vivons plutôt une crise de l’imagination et de la créativité démocratiques.
Renforcer les progrès démocratiques en Afrique suppose de faire obstacle aux impérialismes divers (une condition du droit des peuples à s’autodéterminer) et aussi de mettre en place des systèmes politiques encore plus démocratiques que ce qui existe en Occident, c’est-à-dire plus inclusifs, moins tributaires du pouvoir de l’argent et moins électoralistes.
S : Sur le plan sécuritaire, l’Afrique de l’Ouest connait une crise sans précédent, avec des Etats qui peinent à vaincre l’hydre terroriste. La situation ne s’est guère améliorée en 2021. Quelle est votre opinion sur cette crise sécuritaire ?
N. S. S. : Cette crise dite sécuritaire a plusieurs dimensions. Il est sûr qu’elle n’aurait pas pris l’ampleur qu’on voit si la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’OTAN n’avaient pas décidé de détruire la Libye de Kadhafi. Il faudra travailler dans une démarche panafricaniste à reconstituer l’unité territoriale des Etats de la région sahélienne, à assurer leur sécurité et également à trouver des perspectives économiques aux populations. Une approche purement sécuritaire est vouée à l’échec.
La crise dite sécuritaire a ses racines profondes dans le sous-développement et la stagnation des Etats sahéliens, enclavés et en proie au changement climatique.
S : Au cours de 2021, il y a eu également la brouille entre Paris et Bamako à propos de la présence des mercenaires russes au Mali, sanctionnée par la sortie du président Macron avec des mots assez durs vis-à-vis des autorités maliennes. Votre commentaire…
N. S. S. : Tout comme le gouvernement actuel de la République centrafricaine, le gouvernement de transition malien a la volonté de diversifier ses partenaires diplomatiques et de ne plus laisser la France avoir le dernier mot sur la gestion de la crise sécuritaire en territoire malien. Le courroux de Paris est compréhensible. L’attitude de Bamako l’est également, au vu de l’enlisement et du bilan plus que mitigé de l’opération Barkhane.
S : Selon vous, comment l’Afrique doit-elle s’y prendre pour sortir de ces crises multiformes, sécuritaires, politiques, démocratiques… ?
N. S. S. : Il faut des changements profonds dans les systèmes politiques qui sont déconnectés des préoccupations populaires et aussi dans les systèmes économiques restés coloniaux, donc paramétrés pour servir les intérêts étrangers et les besoins d’élites locales prédatrices. Ces changements ne se feront pas du jour au lendemain. Mais il me semble qu’une bonne approche devrait nécessairement cibler la jeunesse, la composante démographique la plus importante.
La jeunesse est le démos, mais est ordinairement exclue des instances politiques. Alors qu’elle déterminera ce que l’Afrique sera, elle est, pour une frange significative, laissée en rade : ni à l’école ni à l’université, ni en formation professionnelle ni en emploi. Comment peut-on aspirer au développement économique et à une stabilité politique et sociale dans le contexte de systèmes politiques et économiques qui n’offrent aucun avenir aux jeunes générations ?
S : A l’initiative du président français, Emmanuel Macron, le traditionnel sommet France-Afrique, tenu le 8 octobre 2021 à Montpellier, a connu une évolution dans son format habituel. En lieu et place des chefs d’Etat, le sommet a réuni autour du président Macron la société civile et la jeunesse du continent pour débattre des maux qui minent le continent africain. Est-ce une innovation salutaire ?
N. S. S. : Cette « innovation » est un revers pour les chefs d’Etat africains, traditionnels alliés de la France. Paris les a « sanctionnés » parce qu’ils ne seraient pas suffisamment à l’écoute de leur jeunesse.
Qui peut croire sérieusement que Montpellier est l’endroit approprié pour discuter en deux jours des problèmes d’un continent, voire de la relation franco-africaine et, qui plus est, avec une société civile africaine qu’Emmanuel Macron s’est taillé sur mesure ?
Quelle crédibilité peut avoir l’annonce, à l’issue de ce sommet, de la mise en place d’un Fonds pour la promotion de la démocratie en Afrique, de la part d’un Emmanuel Macron qui a donné son onction à un coup d’Etat militaire au Tchad et au troisième mandat de Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire ? Face à la réalité du recul économique de la France en Afrique et de la dégradation de son image, le gouvernement français semble avoir misé sur des artifices publicitaires et des effets d’annonce.
S : A la veille de ce sommet, le 7 octobre 2021, en collaboration avec d’autres intellectuels africains, dans le cadre du Collectif pour le renouveau africain (CORA), vous avez sorti un livre intitulé « De Brazzaville à Montpellier : regards critiques sur le néocolonialisme français ». Que dénoncez-vous ou décryptez-vous dans cet ouvrage ?
N. S. S. : Cet ouvrage a été coordonné par l’écrivain tchadien Koulsy Lamko, la politiste sénégalaise Amy Niang, le juriste franco-béninois Lionel Zevounou et moi-même. Nous avons rassemblé près d’une vingtaine de textes qui, comme le souligne la préface de Koulsy Lamko, jettent « un faisceau sur l’histoire et les contextes actuels dans la relation France-Afrique » tout en constituant « le lieu d’esquisses de chemins de traverse vers la souveraineté totale des peuples africains et leur autonomie d’action et de pensée ».
Si un accent a été mis sur les nombreuses facettes du néocolonialisme français et ses mutations, cet ouvrage collectif a aussi eu pour objectif de resituer le sommet de Montpellier dans une histoire plus longue. Comme l’écrit l’historien Khadim Ndiaye dans la conclusion de son chapitre : « L’esprit de Brazzaville, c’est la liberté sous contrôle lorsque les transformations imposées par le contexte, deviennent inévitables ».
Montpellier en 2021 s’inscrit dans la continuité de la conférence de Brazzaville tenue en 1944 sans les Africains.
S : De la Conférence de Brazzaville de 1944 au Sommet de Montpellier du 8 octobre 2021 entre la France et la société civile africaine, rien n’a véritablement changé dans les rapports entre l’Afrique et l’ancienne puissance coloniale ?
N. S. S. : Le comportement de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies africaines relève toujours du registre du néocolonialisme. Mais, cette configuration est de moins en moins tenable face au déclin économique et géopolitique de la France, l’arrivée de nouveaux concurrents comme la Chine, la Russie, la Turquie, etc., et l’irruption d’une jeunesse en déshérence, de personnalités politiques, de leaders d’opinion et de mouvements panafricanistes qui veulent tourner la page de la Françafrique.
par l'éditorialiste de seneplus, Jean-Claude Djéréké
QUAND ETO’O, DROGBA ET HALLER DÉFENDENT LA CAN AU CAMEROUN
EXCLUSIF SENEPLUS - Certains auraient aimé que les Camerounais boycottent la fête du football africain en raison de la guerre qui ne cesse de détruire la partie anglophone du pays
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 09/01/2022
Le football africain sera à l’honneur pendant un mois. En effet, la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) aura lieu au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022. La compétition est organisée par la Confédération africaine de football (CAF) dont la création fut proposée en juin 1956, lors du 3e congrès de la Fédération internationale de football association (FIFA) à Lisbonne (Portugal) par l’Égyptien Abdelaziz Abdellah Salem. Dominée par l’Occident (seuls l’Afrique du Sud, l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan faisaient partie de l’association), la FIFA rejeta la proposition. Elle changea d’avis après qu’Abdelaziz eut déclaré : “Si nous ne sommes pas tous traités ici sur le même pied d’égalité, il n’est nullement question de notre présence parmi vous.” Comme quoi, il faut quelquefois frapper du poing sur la table pour se faire entendre et obtenir gain de cause.
Cette leçon, Samuel Eto’o, Didier Drogba et d’autres semblent l’avoir retenue. De quoi s’agit-il ? La FIFA souhaitait un report de la CAN. Présent à Doha, son président, le Suisse-Italien Gianni Infantino, le fit savoir au comité exécutif de la CAF, le 19 décembre 2021. Quels étaient ses arguments ? La crainte que les stades ne soient pas prêts à temps, la situation sanitaire aggravée par l’émergence du variant Omicron, la réticence des clubs européens à laisser partir les joueurs africains, un possible conflit entre la CAN et la Coupe du monde des clubs qui doit se dérouler du 3 au 12 février aux Émirats arabes unis.
Quatre jours plus tôt, l’Association européenne des clubs (the European Club Association en anglais) publiait le communiqué suivant : “La Confédération africaine de football n’a pas encore rendu public un protocole médical et opérationnel adapté pour le tournoi de la CAN, en l’absence duquel les clubs ne seront pas en mesure de libérer leurs joueurs pour le tournoi.”
Le nouveau président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), qui n’a pas sa langue dans sa poche, ne tarda pas à réagir. “Pourquoi la Coupe d’Afrique des nations ne se jouerait-elle pas ? Donnez-moi une seule raison valable ! On est en train de nous traiter comme on nous a toujours traités : Nous sommes des moins que rien et nous devons toujours subir”, avait-il contre-attaqué, le 21 décembre 2021.
Didier Drogba lui emboîta le pas dix jours plus tard. Sur Twitter, l’ancien goleador de Chelsea FC et des Éléphants de Côte d’Ivoire exprimait son indignation en ces termes : “Le respect se doit d’être mutuel (…). Il y a encore trop de discriminations, d’inégalités à l’égard de nos compétitions et de nos joueurs.” Le Britannique Ian Wright, ancien attaquant-vedette d’Arsenal, apporta son soutien aux joueurs africains en regrettant que la CAN soit le tournoi le plus méprisé. Quant à Sébastien Haller, l’attaquant ivoirien de l’Ajax Amsterdam, il jugea irrespectueuse la question d’un journaliste du quotidien néerlandais ‘De Telegraaf’. Le journaliste voulait savoir si Haller allait participer à la CAN ou rester en club tout le mois de janvier. “Cette question montre le manque de respect pour l’Afrique. Aurait-on posé cette question à un joueur européen avant l’Euro ? Bien sûr que je vais à la CAN”, répondit le meilleur buteur de la Ligue des Champions (10 buts à son compteur pour le moment). Il ajouta : “je déteste avoir à choisir entre mon pays et mon club. C’est vraiment nul. Je joue pour le titre avec l’Ajax et ces deux matchs sont très importants pour le classement.”
Il va sans dire que je suis fier de la réaction d’Eto’o, Drogba et Haller. Ces 3 frères ont parlé comme des hommes dignes et debout. Je les félicite d’avoir refusé de se taire comme ces larbins et poltrons qui remplissent les congrégations religieuses, nos universités, gouvernements et parlements et qui n’ouvrent la bouche que pour défendre ou dédouaner l’Occident, comme si les Africains étaient responsables de l’esclavage, de la colonisation et du néocolonialisme. Il est vrai que ce n’est pas la faute de l’Occident si certains “intellectuels” ont réussi à convaincre tel ou tel autocrate que le parti unique était une bonne chose, si les routes, écoles et hôpitaux sont en mauvais état, si les Mobutu, Bongo, Gnassingbé Eyadéma, Bokassa, Compaoré, Sassou-Nguesso, Idriss Déby et Alassane Ouattara ont planqué une bonne partie de l’argent de leur pays dans des banques étrangères, s’ils ont enrichi leurs familles et clans au détriment de leurs populations qu’ils terrorisaient en même temps mais l’Afrique n’aurait-elle pas présenté un meilleur visage si des individus ou groupes extérieurs n’avaient pas renversé ou assassiné Ruben Um Nyobè, Félix-Roland Moumié, Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Sylvanus Olympio, Modibo Keïta, Barthélemy Boganda, Thomas Sankara, Amilcar Cabral, Samora Machel…? Je suis de ceux qui croient que les causes de notre “retard” sont plus externes qu’internes.
Désormais, nous devons non seulement répondre du tac au tac mais ne laisser aucun Occidental nous marcher ou nous cracher dessus. Les footballeurs africains devraient donner de la voix, pas seulement quand la CAN est attaquée, mais aussi quand les populations africaines ne sont pas en mesure de se nourrir convenablement, de s’exprimer librement, de se soigner, de scolariser leur progéniture, d’avoir des élections justes et transparentes, etc.
On souhaiterait que ceux qui prendront part à la 33e CAN aient une pensée pour la République Centrafricaine et le Mali qui se battent courageusement pour sortir des griffes de la France. De la même manière que les Joseph Ki-Zerbo, Memel Fotê, Laurent N’Guessan-Zoukou et d’autres Africains volèrent au secours de la Guinée abandonnée du jour au lendemain pour avoir voté “non” au référendum instituant la communauté franco-africaine du général de Gaulle, de même tout Africain épris de liberté devrait songer à apporter une aide concrète aux Maliens et aux Centrafricains.
Certains auraient aimé que les Camerounais boycottent la fête du football africain en raison de la guerre qui ne cesse de détruire le Cameroun anglophone. Ce n’est pas l’avis de l’archevêque de Yaoundé qui a prié pour le bon déroulement de la CAN. Devait-il le faire ? Ma réponse est “oui” car on peut, tout en confiant la CAN à Dieu, lui demander de toucher les cœurs afin que les prisonniers politiques soient libérés, que les violences puissent s’arrêter et que les parties en conflit puissent se rencontrer et discuter. Autant je ne désapprouve pas l’initiative de la prière à la basilique de Mvolyé, autant je trouve ridicule que ladite prière soit placée “sous le haut patronage de Paul Biya”. Pourquoi ? Même s’ils doivent respect et obéissance aux autorités politiques, qui doivent être au service de tous, les chrétiens n’ont pas pour patron tel ou tel président mais le Christ.
Enfin, j’espère que le gouvernement a commencé à réfléchir à l’après CAN. Il a mis beaucoup d’argent dans la construction des stades, hôtels et centres commerciaux. Il faudra non seulement veiller à ce que ces infrastructures aient une longue vie mais voir aussi comment on peut les rendre rentables.