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19 juin 2025
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
LETTRE OUVERTE AUX CHEFS D’ÉTATS DE LA CEDEAO
EXCLUSIF SENEPLUS - Quand les peuples rejettent leurs classes politiques en soutenant un coup d’État, y a-t-il quelque chose que vous n’auriez pas compris ? Il n'existe pas de stratégie de transition démocratique universelle
À Messieurs les presidents et Chefs d’États des pays de la CEDEAO,
Excellences,
Ainsi donc, vous avez décidé de “durcir “les sanctions infligées aux dirigeants du Mali et de la Guinée et de faire appel à la communauté internationale pour qu’elle fasse siennes ces sanctions.
Je ne saurais prétendre parler au nom des peuples ouest africains mais vous, présidents de nos pays, savez fort bien que ces décisions sont en déphasage complet avec vos opinions publiques nationales et que vos peuples restent solidaires des peuples malien et guineen. Si vous en doutez, commanditez des sondages et on verra bien.
Conformément à la charte de la Cedeao (protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance ), vous êtes investis du droit et de la responsabilité de préserver le respect de l’ordre constitutionnel, sauf que quand cet ordre est malmené par l’un des vôtres, vous observez un silence assourdissant et complice. Quand la conséquence se décline en coup d’État , alors vous vous indignez et réclamez à cor et à cri un retour immédiat à l’ordre constitutionnel ante.
Mais de quel ordre constitutionnel s’agit-il ? Normalement en démocratie, un ordre constitutionnel sain ne sécrète pas de coup d’État adoubé par les populations.
Une transition démocratique n‘est pas une course de relais où il s’agit simplement de passer le bâton à un autre coureur. Non. Il s’agit de transformer les règles du jeu afin d’éviter l’occurrence d’un autre coup d’État dans le futur, qui sera causé à nouveau par les abus rendus possibles par un “ordre constitutionnel“ en déphasage complet avec les attentes sécuritaires des populations, par un “ordre constitutionnel “qui permet de violer l’esprit et les principes de la démocratie et par un ”ordre constitutionnel“ qui obstrue les voies du développement endogène véritable. Ce sont ces impasses qui ont motivé l’irruption des militaires-citoyens sur la scène politique au Mali et en Guinée.
Quand les peuples se lèvent et rejettent leurs classes politiques en soutenant un coup d’État, y a-t-il quelque chose que vous n’auriez pas compris ? Vous n’avez toujours pas compris que les peuples africains en ont marre du statu quo ? Et qui plus est que ces peuples vous voient de plus en plus comme la courroie de transmission de la France coloniale ? Comment pouvez-vous à ce titre et collectivement imposer à un pays frère des sanctions qui vont inévitablement impacter les populations. À un pays aux prises à la fois avec des bandes armées criminelles et une puissance coloniale qui s’agrippe à sa zone de nuisance.
La Guinée et le Mali veulent remettre leurs pays à l’endroit et en ordre de marche. Au lieu de les encourager et de les accompagner, vous vous dressez comme un obstacle en offrant comme seule solution une énième election. Au lieu de vous inspirer de leur démarche et d’analyser les maux de vos propres pays vous cherchez à étouffer un vent nouveau. En pensant naïvement préserver vos pays respectifs de la “contamination “.
Messieurs les présidents,
Vous n’avez rien à craindre si vous respectez les principes de la démocratie et de la bonne gouvernance, si vous ne vous éternisez pas au pouvoir, si vous respectez vos populations et si vous leur assurez le minimum pour lequel vous avez été élus, Sinon….!
Chaque transition démocratique est unique et doit faire face a des contraintes complexes et spécifiques. Il en découle qu’il ne saurait y avoir de réponse standard et simpliste.
Il est tout simplement fallacieux de prétendre qu’il existerait une stratégie de transition démocratique applicable universellement et qui plus est, imposée du dehors. (ie élections précipitées)
Il faut au contraire considérer que la trajectoire et les étapes de la transition sont fonction des attentes d’une société et qu’il convient par conséquent d’adapter les moyens à la situation en cause. La fixation arbitraire d’une date d’échéance dessert l’objectif visé qui ne saurait être circonscrit au simple retour au pouvoir d’une classe politique discréditée, mais plutôt la transition vers un nouvel ordre constitutionnel consensuel , imperméable aux abus et manipulations, un ordre qui balise les voies du développement et de la vraie indépendance, un ordre qui permette l’édification d’une nation réconciliée avec elle-même. Et ne serait ce que pour honorer la mémoire des victimes fauchées par le régime déchu.
La réussite de toute transition résulte d’une combinaison entre le respect et la mise en oeuvre de grands principes - inclusion, dialogue, défense des intérêts de la population, bonne foi, vision à long terme… - ainsi que l’adaptation des moyens choisis au contexte propre à la situation en présence :
Comme vous le savez pertinemment, messieurs les présidents, la démocratie chez nous reste encore à inventer et à domestiquer. Quand à la souveraineté, elle est pour le moins inachevée.
« Il n’existe pas de recette magique, mais d’avantage une nécessité de gérer de manière satisfaisante et habile un ensemble de problèmes théoriques et pratiques inhérents à la réalité qui est propre à chaque histoire et donc à chaque pays. » (1)
Combien de temps ont duré les transitions au Ghana ou au Nigeria ? Des années et des années ! Chaque peuple écrit sa propre histoire et à son rythme.
Ce qui est attendu de vous c’est un accompagnement et non pas de ramer à contre courant.
Quand à la France, croyez-vous un seul instant qu’elle soit vraiment préoccupée par le sort des populations ouest-africaines ?
Allons voyons…..Qui est fou ?
Mes salutations respectueuses
(1)Nathalie Cooren (Irènees Paris 2005)
par Nioxor Tine
UNE ÉPÉE DE DAMOCLÈS AUTOCRATIQUE
Le rétablissement de la primature est symptomatique de l’impasse dans laquelle se trouve le régime de Macky. Neuf années de quasi-dictature n’ont pas réussi à casser tous les ressorts démocratiques de notre nation
Depuis les évènements de février-mars derniers, déclenchées par le complot ourdi contre le leader du Pastef et qui ont ébranlé les bases de leur régime, les hommes du pouvoir semblent pris dans une spirale belliciste, révélatrice de leur véritable nature d’apprentis dictateurs.
C’est ainsi que la grande tournée politico-économique du président Sall a révélé à l’opinion des "nervis marrons", qui tels des taureaux hispaniques, sont allergiques aux brassards rouges, et semblent être dressés pour tuer – pardon - pour casser des manifestants pacifiques.
La lecture attentive du déroulement des présentes locales a révélé au public l’entendement, que les apéristes ont de la démocratie électorale, à savoir qu’un bon challenger est bien celui-là, à qui on interdit de battre campagne ou de déposer sa liste, avec la complicité de quelques brebis galeuses de l’administration territoriale coachés par un ministre de l’Intérieur partisan zélé de la majorité présidentielle.
Cela nous permet de comprendre rétrospectivement la pseudo-victoire de Macky Sall à la présidentiellesde février 2019, desquelles on avait pris soin d’écarter des dizaines de candidats, par le biais du parrainage citoyen, de l’emprisonnement et de l’exil arbitraire.
Ce triomphe électoral usurpé était venu couronner une gouvernance tyrannique et manœuvrière, aux antipodes des exigences d’approfondissement de la démocratie, telles que formulées par les Assises Nationales et une gestion des affaires publiques marquée par une judiciarisation extrême et un autoritarisme excessif.
Pour réussir son coup de force électoral, le président de la Coalition Benno Bokk Yakaar avait bénéficié, sinon d’une complicité active, tout au moins d’une bienveillance exagérée de certains pans de la magistrature, de secteurs de l’administration territoriale et de la discipline pseudo-républicaine et aveugle des forces de défense et de sécurité, qui demeurent les piliers de son système à tendance autocratique.
Mais à trop tirer sur la corde, elle finira par rompre et plus vite que prévu, d’autant que le compte à rebours a commencé pour le dernier mandat du président Sall, qui pose des actes contradictoires, qui rendent illisible la scène politique.
Premièrement, il a commencé par se marginaliser, en limogeant certaines figures de proue de son parti pour délit supposé d’ambition présidentielle et en supprimant le poste de Premier ministre, qu’on pourrait prendre pour un éventuel dauphin, tout en refusant de clarifier sa position sur une éventuelle troisième candidature.
Ensuite, il a laissé entrevoir une dévolution prochaine du pouvoir, en enrôlant le chef putatif de l’opposition, tout en lançant des clins d’œil suggestifs à ses anciens compagnons de la galaxie libérale.
Enfin, il fait présentement preuve d’une agressivité suicidaire, au vu de la crise socio-économique que traverse le pays, envers les "chenapans " de Yewwi Askan Wi et autres activistes anti-impérialistes, considérés comme incontrôlables et infréquentables, qu’on essaie de neutraliser avec une charte contre la violence, là où on devrait discuter d’un pacte contre l’injustice et l’impunité.
Quoiqu’on puisse leur reprocher, cette nouvelle génération d’hommes politiques, au langage cru, adeptes de la légitime défense, devenus, pour certains d’entre eux, accrocs au milieu carcéral, a été façonnée par la conception cavalière et singulière, que le président Macky Sall a de la démocratie.
Ils ont définitivement opté pour une posture de résistance.
À l’heure actuelle, ces jeunes leaders politiques, en rapport avec quelques aînés, patriotes de la première heure, représentent un espoir tangible du peuple sénégalais pour congédier la maffia qui nous gouverne.
C’est dans ce contexte que le rétablissement de la primature est symptomatique de l’impasse, dans laquelle se trouve le régime de Macky Sall.
Il cache aussi une régression concernant le caractère présidentialiste de l’État, qui reprend l’arme de la dissolution de l’Assemblée nationale, qui pourrait servir, en cas de perte de majorité aux prochaines législatives, (si jamais le délai de 2 ans est raccourci, dans la prochaine réforme constitutionnelle).
Ce Parlement a de toutes façons perdu toute crédibilité et plusieurs de ses membres leur honorabilité. Il devait, selon les termes du référendum de 2016, évaluer les politiques, mais s’est plutôt fait remarquer par un regain de passivité et des scandales récurrents (faux billets, faux passeports, faux mariages...).
Tout espoir n’est cependant pas perdu. Pour les fins observateurs, des signes apparaissent, dans tous les secteurs de la vie sociale et politique, parfois même au sein de la majorité, pour confirmer que 9 années de quasi-dictature n’ont pas réussi à casser tous les ressorts démocratiques de notre Nation, que ce soit pour refuser les diktats présidentiels ou pour ramener l’administration territoriale à la raison.
Il sera, de plus en plus difficile, de maintenir une épée de Damoclès autocratique sur la vie politique sénégalaise.
FAUT-IL RÉFORMER LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MAGISTRATURE ?
Ne conviendrait-il pas de repenser les attributions actuelles du CSM par exemple en lui donnant une compétence en matière d’avis sur saisine obligatoire sur la question de l’indépendance financière individuelle ou personnelle des magistrats ?
« Les constituants des États francophones d’Afrique ont fait du Président de la République un « homme fort» caractérisé d’une part par son omniprésence institutionnelle marquée par une concentration des pouvoirs entre ses mains et, d’autre part, par une prédation des contre-pouvoirs» Enagnon Gildas Nonnou
Introduite dans la Constitution du Sénégal de 1960, l’institution dénommée « Conseil supérieur de la magistrature » est censée être la « clé de voûte de l’indépendance (du pouvoir) judiciaire » 2. Mais depuis quelques années, elle fait l’objet de critiques sur sa composition et son fonctionnement de la part de certains membres de l’Union des Magistrats du Sénégal 3 et également d’une partie de l’opinion publique. Faut-il réformer le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) 4 ? La question n’a de sens que si elle est replacée dans le cadre d’une réflexion plus générale sur la place du CSM dans l’équilibre des institutions ainsi que sur ses attributions. Le choix entre « pour » ou « contre » la réforme du CSM dépend des réponses à plusieurs questions, notamment: Le CSM sous la Constitution de 2001 en vigueur est-il l’assistant du président de la République ? Au sein du CSM, le président de la République joue -t-il le rôle de président-capitaine ou de président-arbitre ? A-t-on besoin du ministre de la Justice au sein du CSM pour assurer la liaison entre le Pouvoir judiciaire et le chef de l’Exécutif ? Ne devrait-on pas donner au CSM de nouvelles compétences par exemple en matière d’avis sur des questions financières en vue de mieux garantir l’indépendance financière du pouvoir judiciaire 5? Sans entrer dans la complexité du sujet, nous voudrions exposer ici successivement quelques éléments de réflexion sur le CSM tel qu’il existe sous la Constitution actuelle du 22 janvier 2001(I) puis quelques observations sur la loi organique du 17 janvier 2017 fixant son organisation et fonctionnement (II).
QUELQUES REFLEXIONS SUR LE CSM ISSU DE LA CONSTITUTION ACTUELLE DE 2001 : AUCUNE DISPOSITION DE LA CONSTITUTION DE 2001 NE DEFINIT LE ROLE DU CSM
Sous la Constitution de 1960, le CSM était chargé d’assister le Président de la République dans son rôle de garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Le texte constitutionnel de 1960 établissait dans son article 60 que « le président de la République est le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Il est assisté par le Conseil supérieur de la magistrature dont l’organisation et le fonctionnement sont fixés par une loi organique » et dans son article 24 qu’« il préside le Conseil supérieur de la magistrature ». Dans le modèle de 1960, les pouvoirs de désignation des membres du CSM et de nomination des magistrats par le Président de la République pouvaient se justifier parce qu’étant rattachés à ses attributions de garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Dans le texte constitutionnel du 22 janvier 2001, la seule référence constitutionnelle concernant le CSM se trouve à l’article 90. Le constituant de 2001 n’a pas repris la formulation des articles 24 et 60 de son devancier de 1960 au sujet du Président de la République, garant de l’indépendance du Pouvoir judiciaire. Une telle prise de position est compréhensible.
En effet, si l’indépendance du pouvoir judiciaire « est destinée à protéger (les droits et libertés), il faut surtout la préserver contre le chef de l’État dont les compétences étendues peuvent représenter une menace sérieuse pour les citoyens 6».En d’autres termes, « le Président de la République détient le pouvoir exécutif. Il ne peut être le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Il s’agit d’un non-sens qui n’est en rien conforme à l’affirmation de l’indépendance de la Justice. « Autant proclamer que le loup est le garant de la sécurité de la bergerie » comme le disait le professeur Guy Carcassonne 7». Il nous paraît important de souligner que le rôle d’assistance au Président de la République du CSM n’est pas consacré par la Constitution de 2001 et de plus aucune disposition constitutionnelle ne stipule que le président de la République préside le CSM 8. Au surplus, la Constitution de 2001 ne consacre aucun développement sur les attributions du CSM. En définitive, la question peut se poser de savoir s’il est aujourd’hui pertinent que le Chef de l’État soit maintenu comme président du CSM. Le principe de la séparation des pouvoirs devrait conduire à une réponse négative. Toutefois, « toute réforme de l’organe doit intégrer l’évitement du corporatisme » 9 et pourquoi pas permettre à tout justiciable qui estime que ses droits ont été négligés de saisir le CSM, évidemment dans des conditions à préciser par une loi organique afin d’éviter les plaintes « qui traduiront seulement une tentative de remise en cause de décisions défavorables ou une basse vengeance »10 .
DES ATTRIBUTIONS EN MATIERE FINANCIERE DEVRAIENT ETRE DEVOLUES AU CSM
On remarquera qu’« aucune conséquence n’a jamais été tirée sur le plan budgétaire du principe constitutionnel d’indépendance de la justice judiciaire 11». Cette omission du Pouvoir constituant et du Pouvoir législatif soulève une question majeure, notamment comment « rendre l’autorité judiciaire financièrement indépendante du gouvernement (en vue) de garantir l’indépendance des juges…12 », évidemment sans remettre en cause l’unité financière de l’État. Cette question, loin d’être byzantine, devrait être au coeur des préoccupations de l’Union des Magistrats. Nous partageons la proposition de réforme du magistrat Souleymane Teliko qui consiste à ériger le CSM « en organe autonome doté de ressources financières et d’un personnel suffisant chargé de la carrière des magistrats et de la garantie de leur indépendance 13 ». En effet, rien ne s’oppose à ce que le CSM soit responsabilisé en matière budgétaire en lui allouant des crédits budgétaires sous forme de dotation. Toutefois, cela reviendrait à lui reconnaitre au préalable la qualité de pouvoir public au sens de l’article 12 de la loi organique relative aux lois de finances.
QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA LOI ORGANIQUE DU 17 JANVIER 2017 SUR L’ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DU CSM
En application de l’article 90 de la Constitution de 2001 qui renvoie à une loi organique fixant la compétence, l’organisation et le fonctionnement du CSM, il est pris la loi organique n° 2017-11 du 17 janvier 2017. Le lecteur attentif peut noter une différence de langage entre l’intitulé et le dispositif de la loi organique. L’intitulé du texte organique porte sur l’organisation et le fonctionnement du CSM tandis que le dispositif traite de la composition (chapitre I) et des attributions (chapitre II) du CSM. En réalité, les articles 6 à 18 qui composent le chapitre II de la loi organique sont relatifs au fonctionnement et non aux attributions du CSM. Une situation que nous expliquons par le fait que les rédacteurs du texte organique de 2017se sont contentés de reprendre, à l’identique et de manière mécanique, l’intitulé et la structure de l’ordonnance n° 60-16 du 3 septembre 1960 sur l’organisation etle fonctionnement du CSM.
LA CONFORMITE A LA CONSTITUTION DE LA DISPOSITION DE L’ARTICLE 5 DE LOI ORGANIQUE DU 17 JANVIER 2017 EST CONTESTABLE
Si nous retenons que les mots « composition » et « organisation » sont des synonymes et idem pour les mots « attributions » et « compétences », cela voudrait dire que la loi organique de 2017 ne comporte pas des dispositions relatives au fonctionnement du CSM. Une position que semble corroborer l’article 5 de la loi organique qui énonce que «les modalités de fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature…sont fixées par décret». Tout d’abord, le décret n° 2019- 1299 du 14 août 2019 est-il le décret portant application de l’article 5 de la loi organique sur le CSM ? La question mérite d’être posée. En effet ni dans le rapport de présentation, ni dans le dispositif de ce décret, il n’est fait allusion à l’article 5 de la loi organique concernée. La réserve énoncée au considérant 12 de la décision n° 1//2017 du 9 janvier 2017 du Conseil constitutionnel expliquerait-elle cette omission ? Ensuite, on ne voit pas bien ce qui justifie le renvoi à un décret pour fixer les modalités de fonctionnement du CSM alors que l’article 90 de la Constitution ré- serve cette compétence à la loi organique. Ce que confirme la décisionconstitutionnelle du 9 janvier 2017 précitée : « la compétence dévolue au législateur organique, fondée sur la nécessité du respect des garanties dues aux magistrats, s’oppose au renvoi à un texte de caractère règlementaire pour la détermination des principes fondamentaux de fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature, notamment ceux relatifs aux conditions de quorum requises pour la régularité des délibérations ou la majorité exigée pour l’adoption des décisions … ».
Dans la même décision, le juge constitutionnel précise que le renvoi à un décret pour fixer les modalités de fonctionnement du CSM « ne saurait, sans violer l’article 90 de la Constitution, viser d’autres règles que celles ayant pour objet de fixer les modalités techniques de fonctionnement, notamment, à l’élection des membres, à la proclamation des résultats, à la convocation des réunions ou à la tenue des procès-verbaux des délibérations ». En définitive, ne conviendrait-il pas de repenser les attributions actuelles du CSM par exemple en lui donnant une compétence en matière d’avis sur saisine obligatoire sur la question de l’indépendance financière individuelle ou personnelle des magistrats ? En tout état de cause, il ne s’agira pas de « faire intervenir de manière mécanique le conseil dans une procédure budgétaire sans lui donner les moyens (financiers, matériels et humains) de fournir un avis éclairé. 14». Nous souhaiterions enfin que le CSM publie un rapport annuel sur ses activités si celui-ci n’existe pas actuellement. Cette transparence aiderait à lever les suspicions sans doute non fondées sur les méthodes de travail du CSM.
LE M2D SERMONNE LES MEMBRES DU CADRE UNITAIRE DE L’ISLAM
La mission du Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal (Cudis), qui est en collaboration avec plusieurs organisations de la société civile pour proposer une charte de la non-violence aux acteurs politiques, ne sera pas du tout facile. Dans un communiqué parvenu hier à «L’As», le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) reproche aux membres du Cudis d’avoir manqué à leur devoir, après les évènements de février-mars derniers.
Avant de proposer une charte de la non-violence pour les prochaines élections locales, le Cadre unitaire de l’Islam au Sé- négal (Cudis) et les organisations de la société civile devaient plutôt, après les événements de février-mars, demander au Pré- sident Macky Sall de donner une suite favorable au mémorandum remis par le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) aux émissaires du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. C’est ce qu’indique le M2D dans un communiqué parvenu hier à «L’As». «Bien qu’il salue l’esprit qui guide cette initiative et qu’il reconnait le rôle éminent joué par les membres du Cudis pour le retour de la paix dans le pays lors des événements de février mars 2021, le M2D voudrait exprimer ses regrets quant au fait que ces différents acteurs n’aient pas pu mettre en place, par la suite, des mécanismes de suivi des engagements pris par Macky Sall, lorsqu’il se savait dos au mur, consistant à mieux écouter le peuple et à s’interdire de poser des actes susceptibles de mener à la violence. En effet, aucun des points du mémorandum remis par le M2D aux émissaires du Khalife Serigne Mountakha Mbacké et ensuite transmis à Macky Sall n’a connu ne serait-ce qu’un début d’exécution», se désole le M2D. Selon le mouvement, aucune enquête n’a été ouverte pour élucider les circonstances de la mort de 13 jeunes Sénégalais tombés à la fleur de l’âge.
Pire, pour les membres du M2D, aucune réparation n’a été accordée aux plus de 600 blessés graves et mutilés. «Plutôt que de travailler à créer les conditions d’une paix durable dans le pays en restaurant la démocratie et en respectant les principes de l’État de droit, Macky Sall et des membres de son régime ont rivalisé d’actes et de paroles, tous plus belliqueux et violents les uns que les autres, pour intimider, menacer, ou pire agresser des membres de l’opposition et de la société civile», affirment les membres du M2D. D’après le mouvement, il ne se passe plus une semaine sans que l’opposition ne subisse toutes sortes de violences et agressions physiques, psychiques et symboliques. «On se souvient encore des attaques des nervis de Macky Sall dans le Fouta; des graves agressions subies par Ousmane sonko lors de ses deux derniers voyages à Ziguinchor; des arrestations et emprisonnement d’acteurs de la société civile, même lorsque les conditions sont réunies pour qu’ils bénéficient de liberté provisoire, alors que des partisans de Macky Sall ayant commis des actes autrement plus graves vaquent à leurs occupations. On se souvient des déclarations de Mahmouth Saleh à Mbour, menaçant de détruire et enterrer l’opposition après les élections locales; de celles de Macky Sall à Paris, menaçant d’abattre la puissance de feu de l’Etat sur l’opposition; etc. On se souvient aussi des actes antirépublicains et antidémocratiques posés par le ministre de l’Intérieur, qui a la responsabilité d’organiser des élections libres et transparentes, demandant aux préfets et sous-préfets de rejeter les décisions des Cours d’appel validant les listes de Yewwi askan Wi», rappellentils.
«LE M2D EST LE PREMIER ARTISAN DE LA PAIX ET LA NON-VIOLENCE»
Pour les membres du M2D, «toutes les organisations et tous les acteurs soucieux de la paix et la stabilité du Sénégal auraient dû élever la voix en son temps pour dénoncer ces actes et appeler le pouvoir à la retenue. Une telle posture aurait donné beaucoup de crédibilité à la dé- marche qu’ils entreprennent aujourd’hui». Ainsi, «le M2D tient à rappeler qu’il a été le premier artisan de la paix et la non-violence, car non seulement il a été à l’avant-garde de la restauration de la paix suite aux évènements de mars, mais il a ensuite rédigé, adopté et signé le pacte de Bignona pour la paix et l’unité nationale». Le mouvement souligne également qu’il avait invité le pouvoir à signer le pacte pour montrer son adhésion aux principes forts qui y sont édictés, mais il n’a reçu aucune réponse. «Le M2D voudrait rappeler que pour que la paix et la concorde règnent dans le pays, c’est le Président Macky Sall, lui-même, qui doit, avant tout le monde, respecter et faire respecter le jeu démocratique à travers l’organisation d’élections libres et transparentes, en plus de restaurer l’État de droit qu’il a été le premier à bafouer. Tout le reste sera une conséquence dé- coulant de cette volonté de justice, de vérité et de paix venue du Président», tranche le M2D dans son communiqué.
ELECTIONS LOCALES ET LEGISLATIVES APAISEES EN 2022, LES FEMMES LEADERS S’APPROPRIENT LE COMBAT
Le Comité ad hoc des Femmes leaders pour la paix, la démocratie, le respect des institutions de l’Etat de droit a initié hier un atelier de partage avec l’ensemble des femmes candidates aux communes du Sénégal, en vue de les sensibiliser sur les germes de la violence actuellement dans le pays. Aussi, ces femmes leaders s’engagent-elles à jouer pleinement leur rôle pour des élections apaisées.
Unies comme un seul bloc, les femmes leaders viennent de donner un signal fort à toute la classe politique sénégalaise. En effet, elles ont initié hier un atelier de partage avec l’ensemble des femmes investies du pouvoir comme de l’opposition et de la société civile, en vue d’avoir des élections apaisées aux Locales de 2022. Réunies autour du Comité ad hoc des Femmes leaders pour la paix, la démocratie, le respect des institutions et de l’Etat de droit, elles sont plus d’une centaine à aller à l’assaut des communes.
Pour le Pr Amsatou Sow Sidibé, il y a un principe essentiel qui est celui de l’interdépendance entre la paix, le développement, la démocratie et les droits humains. Elle considère qu’on ne peut pas lutter pour le développement et mettre en cause la paix. A l’en croire, c’est ce qui motive l’engagement des femmes qui ont eu un rôle essentiel à jouer dans la longue tradition électorale du Sénégal qui a été toujours un moment de respiration démocratique et de libre expression de la souveraineté du peuple. «Considérant la récurrence des crises politico-judiciaires et les violences observées depuis un certain temps dans le champ politique qui risquent de plonger le pays dans une spirale incontrôlable, et de l’utilisation démesurée de la force publique contre toutes voix discordantes et manifestations, suivie d’une série d’arrestations et d’emprisonnements, que les femmes ont décidé de se battre pour qu’il y ait le moindre conflit possible et le moindre conflit violent», a déclaré le PrAmsatou Sow Sidibé qui se désole du discours guerrier des uns à relents de provocation. Pour elle, cela risque d’installer une instabilité politique, sociale et économique durable dans ce contexte lourd des conséquences de la crise sanitaire et économique, de menaces de l’extré- misme violent qui ceinturent notre pays. Compte tenu de tous ces facteurs, la présidente de Car Leneen rappelle le rôle social d’éducation, de prévention et de régulation que doivent jouer les femmes qui, selon elle, représente l’épine dorsale de la société sénégalaise.
Ainsi, Amsata Sow sidibé s’engage auprès de ses sœurs, notamment candidates aux élections territoriales du 23 janvier 2022, et en parfaite entente avec le comité des femmes leaders pour la paix, la stabilité et le respect de l’Etat de droit, à œuvrer pour des élections transparentes et paisibles. Mieux, elles comptent être des porte-étendards auprès de leur différente commune pour porter haut le flambeau de la paix. « Nous nous engageons à être les ambassadrices de la paix et de la sérénité au sein de nos formations politiques pour une campagne électorale apaisée, sans violence et des élections calmes, transparentes et participatives sur l’étendue du territoire national », a-t-elle lancé au nom de toutes ces femmes. Aussi, elle invite toute la classe politique, les jeunes ainsi que tous les citoyens de manière générale à faire preuve de maturité, de sérénité et de patriotisme pour préserver le Sénégal des menaces et velléités de crises violentes. A leurs différentes formations politiques, ces femmes les invitent de s’abstenir d’organiser et/ou de recruter des milices devant servir de bras armés dans cette campagne électorale. Quid de l’Etat ? Elles lui demandent d’organiser et de fournir des forces de sécurité aux coalitions et partis politiques engagés dans la campagne afin de garantir la sécurité des déplacements des grands leaders politiques et d’assurer à tous les citoyens sans distinction le droit démocratique de choisir librement leurs élus dans un climat de paix et de sécurité.
MALAISE A L’ASER
Le feu couve entre les travailleurs de l’Agence Sénégalaise d’Electrification Rurale (Aser) et le Directeur général Baba Diallo
Le feu couve entre les travailleurs de l’Agence Sénégalaise d’Electrification Rurale (Aser) et le Directeur général Baba Diallo. Affiliés au Syndicat Unique des Travailleurs de l’Electricité (Sutelec), les agents ont tenu hier un point de presse pour dénoncer la gestion «clanique» de leur société par Baba Diallo.
Le Directeur général de l’Agence Sénégalaise de l’Electrification Rurale (Aser) Baba Diallo est dans le collimateur de ses employés affiliés au Syndicat Unique des Travailleurs de l’Electricité (Sutelec), par ailleurs membre de l’Unsas, la centrale syndicale dirigée par Mademba Dock. Ces travailleurs reprochent à leur Dg une gestion patrimoniale, clientéliste et ethniciste de la société. Ils ont animé hier un point de presse pour dénoncer sa gestion. Secrétaire général de la section Aser/Sutelec, Alioune Badara Lo crie son désarroi et indique que l’Aser risque de péricliter si l’on n’y prend garde. «Le Directeur général est en train de s’illustrer par une gestion gabegique, clientéliste, affairiste et laxiste dans tous les domaines », fulmine le syndicaliste qui est appuyé dans ses complaintes par le secrétaire général du Sutelec Habib Aidara. Ce dernier estime qu’il y a un mal vivre à l’Aser. «Et les camarades pensent que leur dignité est piétinée par la mal gouvernance. Pire encore, l’ethnicisme règne au niveau de l’Aser. On y assiste à des recrutements ethnicistes qui ne respectent pas les règles de l’art », tonne Habib Aïdara.
Revenant à la charge, Alioune Badara Lo souligne que «la gestion clanique des ressources humaines estillustrée par l’absence de grille de rémunération, des fiches de poste et du manuel de procédures techniques et administratives qui devraient suivre l’adoption du nouvel organigramme portant réorganisation de l’Aser adopté par le Conseil d’administration. Le Dg est en train d’user de son pouvoir discrétionnaire de choisir les gens qu’ils recrutent en faisant fi du code du travail. L’Aser subit un management solitaire et tyrannique avec un recrutement familial et abusif, accompagné de rémunération selon la tête de l’agent», affirme le secrétaire général de Sutelec/Aser. «Il y a des détournements d’objectifs et des choses incroyables sur la gestion des moyens de l’Agence. Le magasin de stockage a été vidé et les panneaux solaires ont été offerts à la radio communautaire de son village, à ses amis ou réservés à son usage personnel. De plus, le fonds social de l’Aser est uniquement réservé aux gens de son village pour satisfaire une clientèle politique. Le budget de renforcement de capacité est du pouvoir discrétionnaire du Dg qui l’a récemment pris pour sa femme avec un voyage à Dubaï dont toutes les charges sont à la solde de l’Aser.
Pis, l’électrification de son village s’est faite avec du matériel destiné à d’autres localités», déballe Alioune Badara Lo. Autres fautes que les travailleurs de l’Aser imputent au Directeur général Baba Diallo, ce sont la mise à disposition de certains bureaux de la société à des marabouts, l’utilisation du parc automobile et du carburant au profit de sa famille, le manque de matériel de travail et son mépris envers le personnel avec comme slogan : « Démissionne si tu n’es pas content ». C’est pourquoi, alerte Habib Aïdara du Sutelec, les autorités doivent intervenir avant qu’il ne soit trop tard puisqu’un plan d’action est en gestation pour dire halte à ce directeur qui, selon lui, ne respecte pas la dignité des travailleurs.
REPLIQUE DU DG DE L’ASER, BABA DIALLO : «Mon agence fait partie des mieux gérées»
Face aux attaques de ces agents affiliés au Sutelec, le Directeur gé- néral de l’Aser, Baba Diallo, joint au téléphone, n’a pas voulu ré- pondre. Mais sur «Walf Tv», il a réagi en s’insurgeant contre la sortie des travailleurs. «Je tiens à préciser que dans l’environnement des affaires, l’Aser demeure la seule agence où il y a un syndicat. Depuis 2016, l’Aser fait partie des agences les mieux gérées, que ce soit au niveau des ressources humaines comme au plan technique». A propos des recrutements clientélistes qu’on lui reproche, le Dg de l’Aser indique que les choses ont été faites de manière transparente. «Depuis 2016, il n’y a eu qu’une trentaine de recrutements. Et sur ces recrutements, il y a seulement 12 qui peuvent être qualifiés de recrutements particuliers, qui sont des chauffeurs. Donc, ce sont des recrutements qui ne nécessitent aucune spécialisation ou qui sont des recommandations de certaines personnalités publiques. Donc, il n’y a aucun problème dans la gestion», clame Baba Diallo, Dg de l’Aser.
LE LEGS DE CEERNO SILEYMAANI BAAL
Cheikh Tidiane Gadio estime qu’il faut «sortir l’œuvre de Ceerno Sileymaani Baal de la clandestinité historique», tandis que, pour Marième Selly Kane, c’est «injuste» de continuer à maintenir dans l’oubli, l’œuvre de ce grand homme
Depuis 2016, l’Association Ceerno Sileymaani Baal (Csb) a entrepris de réhabiliter la vie et l’œuvre de Ceerno Sileymaani Baal, pour mieux faire connaître la révolution du Fouta de 1776, qui est l’une des révolutions marquantes de la sous-région sénégambienne, et qui a aboli l’esclavage de façon pacifique. Cheikh Tidiane Gadio, qui s’exprimait hier à ce colloque, estime qu’il faut «sortir l’œuvre de Ceerno Sileymaani Baal de la clandestinité historique», tandis que, pour Marième Selly Kane, c’est «injuste» de continuer à maintenir dans l’oubli, l’œuvre de ce grand homme qui a tant fait pour l’Afrique.
Ceerno Sileymaani Baal n’appartient plus simplement au Fouta, mais il est une institution. Il nous parle tous les jours, parce que son message est toujours actuel. Ses héritiers, dans la lettre et dans l’esprit, et pas juste héritiers par le sang, se sont réunis au sein d’une association. Depuis le 23 novembre, l’Association Ceerno Sileymaani Baal (Csb) et le département d’histoire de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar organisent un colloque international sur la révolution torodo. Une révolution qui a la spécificité d’avoir conduit à l’instauration du régime de l’Almaamiya, qui est quand même le premier régime démocratique de l’histoire africaine, si l’on conçoit que la révolution américaine de 1776 est venue quelque mois après et la grande révolution française de 1789, ensuite. «C’est une révolution qui a été menée par des hommes de religion qui ont été amenés, à un moment donné, à prendre les armes contre les Maures et pas contre les Satiguis (souverain des Deniyankés)», a expliqué Marième Selly Kane, membre de l’Association Ceerno Si¬leymaani Baal et par ailleurs, représentante du Gouverneur Moustapha Kane, doyen d’âge des petits-fils de CSB.
Selon elle, c’est «injuste» aujourd’hui, qu’à chaque année dans nos universités, les professeurs de Science politique ouvrent les cours sur la «révolution française» et ne «pipent» pas un seul mot sur la «révolution du Fouta». Cependant, l’Asso¬ciation Ceerno Sileymaani Baal a jugé nécessaire d’amener le débat à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le temple du savoir, tout en privilégiant l’approche scientifique parce que des questionnements se posent. Etait-ce vraiment une Révolution ? Est-ce que tous les critères ont été respectés ?
Marième Selly Kane de répondre : «Oui, d’une certaine manière, il y a un débat d’école là-dessus. Certains vous diront que ce n’était pas vraiment une révolution, du fait que le l’effectif n’était pas énorme, et d’autres vous diront que, par la démarche et la méthodologie, c’était une révolution, et surtout elle a abouti à une Constitution».
Pour Marième Selly Kane, les recommandations de CSB sont parfaitement d’actualité et il faut les remettre au goût du jour. Elle a constaté que la révolution du Fouta est méconnue des Sénégalais et que l’on n’enseignait pas Ceerno Sileymaani Baal. Mais, cela doit changer. «Les sciences sociales nous apprennent l’état de notre démocratie. Et il faut réhabiliter l’oeuvre et les actions de CSB et ces grands hommes qui nous ont laissé un legs fondamental», a-t-elle fait savoir. Sur les principes fondamentaux des modes de gouvernance en Afrique, beaucoup de choses ont changé. «Aujourd’hui, on voudrait que les gens apprennent les idéaux et les chartes de CSB. En ce moment, il est évident que la jeunesse africaine va prendre en charge sa destinée», a-t-elle souligné.
«Il faut sortir l’œuvre de Sileymaani Baal de la clandestinité historique»
Dr Cheikh Tidiane Gadio, qui s’exprimait à l’occasion de ce Colloque international sur Ceerno Sileymaani Baal et la révolution du Fouta de 1776, estime, quant à lui, que ce colloque est extrêmement important. Figure emblématique de l’histoire du Fouta, dans sa vision prophétique, Ceerno Sileymaani Baal avait bâti un système qui inspire encore les démocraties modernes. Et selon Cheikh Tidiane Gadio, l’Afrique commence non seulement à célébrer ses héros, mais également à les reconnaître pour leurs contributions. Il estime, par ailleurs, que c’est bien de chanter les ancêtres, de montrer qu’ils étaient grands, mais cela ne règle pas le problème «si nous n’avons pas les moyens d’apprendre d’eux et voir comment on peut mettre en œuvre leur modèle et leur exemple», souligne-t-il.
Et de poursuivre : «La grande question que je me pose, c’est comment Ceerno Sileymaani Baal a été un homme d’une brillante expertise, non seulement en matière de religion, mais aussi en matière de société et d’institution politique ? Comment il a pu proposer un tel système au Fouta ? Pourquoi on n’arrive pas à faire autant ou à faire mieux ?». Comme tous les visionnaires, Cheikh Tidiane Gadio trouve que Ceerno Sileymaani Baal a dépassé son siècle, il a même dépassé les siècles suivants, et il nous l’a prouvé.
Dans le même sillage, il déclare que : «Il faut sortir l’œuvre de Sileymaani Baal de la clandestinité historique et même essayer de poser la question : pourquoi, il y a une tentative d’étouffer, d’effacer, d’ignorer ou d’isoler son œuvre ?» Toujours selon lui, en répondant à ces questions, ça aidera peut-être d’autres grands innovateurs, d’autres grand héros de la cause africaine au Fouta, dans le reste du Sénégal et peut être en Afrique, qui subissent encore les affres de l’anonymat, de la non-reconnaissance, à régler ce problème. «La pensée politique de Ceerno Sileymaani Baal est incontestable et toujours d’actualité. Il était un homme vertueux, un érudit, un homme compétent.
Et l’Afrique souffre aujourd’hui de tout ce qu’il a dénoncé à l’époque», a-t-il fait savoir. Pour vulgariser davantage l’idéologie de Ceerno Sileymaani Baal dans le monde, Cheikh Tidiane Gadio estime que c’est tout à fait possible, parce qu’il y a, aux Etats-Unis et partout en Afrique, des grands historiens et Afro-Américains, panafricanistes, si on leur donne les actes de ce colloque, ça peut être le début d’un mouvement sur l’œuvre de Ceerno Sileymaani Baal. Il faut noter également, qu’au-delà de ce colloque marquant le 245éme anniversaire de la révolution du Fouta, il y avait un brassage culturel entre l’Association Ceerno Siley¬maani Baal et la Fondation Khaly Amar Fall de Pire, invité d’honneur du colloque. «Les belles relations, que nous sommes en train de tisser ou que nous pourrons tisser à partir de ce moment entre héritiers de Khaly Amar Fall et Ceerno Sileymaani Baal, sont le fruit d’une vie passée ensemble et d’un itinéraire partagé entre leurs ascendances dans leurs quêtes religieuses, mais aussi pour le contrôle de la vie politique de leur communauté d’origine au Fouta», a expliqué Modou Fall, professeur de Chimie a la Faculté des sciences et techniques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
VELINGARA PROMOTION DE L’EDUCATION DES PERSONNES VIVANT AVEC HANDICAP : PARENTS, ENSEIGNANTS ET AUTORITES VEULENT UN «DEECLIQ»
Les enfants vivant avec un handicap font souvent l’objet de discrimination dans les familles et à l’école, en matière de droit à l’éducation.
Les enfants vivant avec un handicap font souvent l’objet de discrimination dans les familles et à l’école, en matière de droit à l’éducation. Un impair que cherche à corriger le Projet Deecliq (Décidons d’une éducation des enfants handicapés par des choix libres et une approche inclusive de qualité) qui intervient dans la région de Kolda. Vélingara est la première étape d’une caravane de sensibilisation que ce projet a organisée dans les 3 départements de la région.
Les salles de classe de l’école élémentaire du village de Sinthiang Koundara, situé dans le département de Vélingara, n’ont pas de rampe d’accès. Jean Sène, coordonnateur du projet Deecliq (Décidons d’une éducation des enfants handicapés par des choix libres et une approche inclusive de qualité) à Kolda, en a fait le constat, vendredi passé, alors que les caravaniers de l’Ong Iscos (Institut syndical pour la coopération au développement), qui déroule le projet dans la région de Kolda, y étaient en escale pour sensibiliser enseignants, parents, élèves et décideurs politiques sur la possibilité, pour les enfants vivant avec un handicap, d’étudier normalement, de réussir à l’école et réussir dans la vie tout court. Un manque qu’a dénoncé M. Sène, qui martèle : «Ceci montre à quel point nos autorités scolaires et les décideurs politiques ne mettent pas les enfants en situation de handicap au cœur de leurs actions.»
Pour mieux toucher la sensibilité de la foule, qui avait envahi la cour de cette école, l’équipe de Jean Sène a commencé par la projection d’un film, qui offre une parente en modèle, pour avoir manifesté sa détermination à donner une chance à sa fille née avec un handicap physique, dans les études mais aussi dans la vie. Au bout du compte, la fille, très épanouie, gère une entreprise de restauration et transformation de fruits. Une réussite sociale qui prouve, selon M. Sène, qu’«il n’y a pas une vie minuscule qui ne mériterait pas une attention éducative. L’édu¬ca¬tion pour tous est bien possible, l’éducation des enfants vivant avec un handicap aussi.
Le cri de cœur que nous avons lancé c’est : apprendre ensemble dans la diversité». Et puis, d’appeler tout ce monde, qui est venu écouter le plaidoyer de Deecliq, à servir de relais, auprès des parents réfractaires, à amener ces enfants à l’école, des autorités locales et administratives, pour un changement de comportement favorisant leur éducation. Aux enseignants, M. Sène a demandé d’être «patients avec ces enfants à part entière, pour soutenir leur éducation».
Sinthiang Coubdara est la 2ème caravane organisée dans le département de Vélingara, après celle du village de Tonguiya, la veille, dans la commune de Linkéring, du côté de la frontière avec la Guinée Conakry. Ces localités de Vélingara constituent la première étape d’une campagne de sensibilisation de ce projet, dans les 3 départements de la région de Kolda. Pour réussir la mission qu’il s’est assignée, le projet a formé 36 enseignants de la région sur la perception du handicap et l’éducation inclusive, de même que 12 membres de la fédération régionale des associations de personnes en situation de handicap.
Pour une durée de 24 mois, le Projet Deecliq a pour partenaire financier, l’Agence italienne pour la coopération et le développement, et intervient dans 5 régions du pays, que sont Dakar, Kaffrine, Kaolack, Kolda et Sédhiou.
REHAUSSEMENT DES PERFORMANCES DES ELEVES EN MATHEMATIQUES, LE PAME 2 LANCÉ À KAOLACK
A l’école 3 de Sibassor, des inspecteurs du département et de la commune de Kaolack animent un séminaire de 3 jours pour le renforcement de capacités en mathématiques des enseignants de l’élémentaire.
Par Laïty NDIAYE – Correspondant |
Publication 25/11/2021
A l’école 3 de Sibassor, des inspecteurs du département et de la commune de Kaolack animent un séminaire de 3 jours pour le renforcement de capacités en mathématiques des enseignants de l’élémentaire. L’inspecteur Thiandela Fall, en poste à Kaolack commune, en charge d’une salle où sont réunis les enseignants du Codec de Ndiebel, décline les objectifs de cette nouvelle formation du Pame. «Au sortir de cette formation, il va s’agir, pour l’enseignant, de mettre l’enfant au centre des apprentissages, d’être en synergie avec la communauté, de mettre en œuvre le cycle de gestion des apprentissages en redynamisant les cellules, d’introduire et utiliser les d’outils pour consolider les acquis des enfants à la maison», confie M. Thiandela Fall.
Issu de la fusion du Projet de renforcement de l’enseignement des mathématiques, des sciences et de la technologie (Premst) et du Projet d’amélioration de l’environnement sociale (Paes), le Pame accompagne l’Etat du Sénégal, depuis 2015, pour la mise en œuvre des bonnes pratiques visant à améliorer les apprentissages des élèves en mathématiques.
Un modèle à vulgariser à l’échelle nationale
Le directeur de l’école élémentaire Koung Koung Thialène, située dans le département de Kaolack, Amadou Lamine Sène, tire un bilan positif du programme dans son école. «Le Pame a eu un impact positif dans mon école. Ce programme, venu en appoint pour nous accompagner, a permis à mon équipe pédagogique de diagnostiquer les difficultés et rehausser le niveau des élèves en maths», témoigne-t-il. Et pour l’inspecteur El Hadj Mamadou Diop aussi, membre de l’Equipe technique nationale du Pame à l’élémentaire (phase 2), le bilan est positif. «Le modèle bâti depuis 2019 a amélioré considérablement les performances des élèves. Raison pour laquelle, il a été validé, renforcé et vulgarisé depuis 2021, dans quelques académies comme Kaolack. L’année prochaine, nous visiterons 5 autres académies et, d’ici 2023, la boucle sera bouclée», promet l’inspecteur Diop.
MACKY SNOBE LA CHAMBRE DE COMMERCE
Macky Sall a décidé de confier l’exploitation du Marché d’intérêt national et de la Gare des gros porteurs de Diamniadio à une nouvelle société anonyme (Semig Sa)
La demande de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad) n’a pas eu une réponse favorable de la part du chef de l’Etat. Macky Sall a décidé de confier l’exploitation du Marché d’intérêt national et de la Gare des gros porteurs de Diamniadio à une nouvelle société anonyme (Semig Sa).
Abdoulaye Sow, président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad), et son équipe n’ont qu’à déchanter. Leur requête, relative à la gestion du marché d’intérêt national et de la Gare des gros porteurs de Diamniadio, n’a pas été satisfaite.
Pour l’exploitation de ces deux infrastructures, une Société anonyme a été créée. Et selon Macky Sall, qui a annoncé hier, en réunion de Conseil des ministres, sa «création, avec une forte implication du secteur privé national dans le capital, cette Société d’exploitation du marché d’intérêt national et de la Gare des gros porteurs (Semig Sa) devra servir à impulser et intensifier la modernisation du système de conservation, de transport, de distribution et de valorisation des productions (agricole, maraîchère, halieutique, animale…), en conformité avec les meilleurs standards internationaux». Dès lors, mentionne le communiqué du Conseil des ministres, le président de la République a demandé «au ministre du Commerce de veiller au fonctionnement adéquat des infrastructures concernées, à la consolidation du positionnement stratégique de la Semig Sa, à travers des actions de marketing et la délivrance de services de qualité aux opérateurs économiques, à l’exploitation rentable (pour l’Etat et ses partenaires) des ouvrages réalisés dans le cadre du contrat d’affermage à signer». Il a rappelé que «ces infrastructures de nouvelle génération participent à mieux organiser le développement des activités économiques et commerciales au Sénégal, à partir du Pôle urbain de Diamniadio»