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12 août 2025
KOCOUMBA PERD 27 HECTARES DE RÉCOLTE D’ARACHIDES DANS LES FLAMMES
Un incendie nocturne a consumé la totalité de la récolte d’arachide du jeune producteur Mamadou Papiya Badji. Le feu s’est déclaré dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 décembre derniers à Kocoumba et a occasionné d’importants dégâts.
Un incendie nocturne a consumé la totalité de la récolte d’arachide du jeune producteur Mamadou Papiya Badji. Le feu s’est déclaré dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 décembre derniers à Kocoumba et a occasionné d’importants dégâts.
À 7 kilomètres de Djiredji Kokoumba, au fond d’un bosquet, se découvre à la lisière d’une vallée escortée d’une végétation dominée par des rôniers géants. D’épais nuages de fumée, une foule de curieux se lamentant devant deux monticules de récoltes d’arachide littéralement réduites en cendre… Voilà le spectacle désolant qui s’offre aux visiteurs au lendemain de cette catastrophe. Visiblement ému, ce jeune entrepreneur agricole qui vient de vivre une nuit blanche reste encore sous le choc. « Je suis né à Badoly, Médina Aïdara. Je me suis installé ici depuis 4 ans pour exercer mes activités agricoles que j’ai héritées de mes grands-parents. En plus de mes frères qui me soutiennent dans les travaux, j’ai fait recours à d’autres jeunes pour renforcer la main d’œuvre », confie la victime.
Après plusieurs tentatives infructueuses, Mamadou Papiya Badji a décidé de sursoir à son projet d’émigration pour retourner à la terre. « J’ai pris trois fois la pirogue pour me rendre en Espagne mais sans réussir », laisse-t-il entendre, non sans préciser que l’agriculture reste son principal moyen de subsistance pour subvenir aux besoins de ses deux épouses et ses enfants. « Je suis préoccupé par le sort de mes six collaborateurs qui sont également des soutiens de famille », regrette Papya, les yeux embués de larmes. Revenant sur ses déboires, il parle d’« une énorme perte » qu’il met sur le compte de la volonté divine. « Dieu merci, j’ai la santé et la vie qui me donnent la force d’exploiter la terre », avance le sinistré qui ne cesse de recevoir des coups de fil des proches qui ont appris la triste nouvelle. Son discours est aussi ponctué de gémissements de groupuscules d’hommes et de femmes plantées devant la récolte mise en meule. Ils sont dépassés par l’ampleur des dommages.
Présent sur le lieu du sinistre, en signe de compassion, Mamadou Lamine Diawara, maire de Djirédji, salue l’engagement et la bravoure de celui qu’il considère comme « le meilleur producteur agricole » du Boudhié. « C’est quelqu’un que je respecte beaucoup. En visitant son champ l’année dernière, j’étais impressionné par ses performances agricoles qui font de lui le champion de ce terroir du Boudhié », reconnaît M. Diawara. Sensible à son sort actuel, il appelle à la solidarité à l’égard d’un homme qui a tout perdu. « Tout ce qu’il a eu comme récolte de la saison est parti en feu. Nous avons trouvé sa famille qui n’avait que ses yeux pour pleurer. C’est pourquoi nous interpellons l’état central sur sa situation. Il mérite vraiment d’être accompagné en termes d’équipements et d’intrants agricoles », plaide le maire.
Incendie criminel ?
Après l’alerte donnée aux environs de minuit, les soldats de la 47e compagnie d’incendie et de secours sont intervenus. Aux termes des heures de manœuvres, ils n’ont pu maîtriser les flammes. 27 hectares de récoltes d’arachide soigneusement rassemblées sont partis en fumés. La gendarmerie qui fait le constat a ouvert une enquête. Des témoignages concordants privilégient la piste d’un incendie criminel. Si, résigné, la victime soutient s’en remettre à Dieu, il voit toutefois la main d’un pyromane derrière cet incendie. « Sans doute, quelqu’un a mis le feu sur les deux tas de récoltes d’arachide avant de s’échapper », confie, convaincu, Mamadou Papiya Badji qui conversait au téléphone. Cette hypothèse est brandie par l’une de ses épouses qui s’interroge sur le mobile réel de ce crime. « C’est une haine qui ne s’explique pas. Pourquoi ils en veulent à mon mari dont le pêché mignon est de choisir de vivre de la sueur de son front », lâche la jeune dame dont la fille s’est évanouie à la vue du spectacle d’horreur. Ces témoignages sont confortés par la propriétaire des lieux, la distance de plus de 500 mètres qui sépare les deux tas d’arachide soigneusement clôturés et l’absence de traces de feu de brousse dans le parage. Mieux, des champs qui entourent ce lieu du sinistre sont épargnés par des flammes qui ont sévit de manière sélective.
Kocoumba, une zone difficile d’accès
Malgré ses énormes potentialités agricoles et pastorales, Kocoumba, situé à quelques encablures de la route principale, reste une zone enclavée. Cette situation explique le retard des soldats de la 43e compagnie d’incendie et de secours qui y ont effectué le déplacement. C’est aussi la voie à l’insécurité. En 2009, le chef du village a reçu la visite d’hommes armés qui l’ont dépouillé de 3 millions de francs Cfa. Madi Kawara qui garde toujours frais les souvenirs de ce coup de force invite les autorités à réaliser la bretelle qui doit les relier à la boucle du Boudhié. « J’en ai parlé à l’entrepreneur qui réfectionnait la boucle, mais ils m’ont réclamé 8 millions », souffle le sexagénaire qui craint pour la sécurité alimentaire de son troupeau de bovins.
CES AFRICAINS QUI ONT FAIT L'ANNÉE LITTÉRAIRE
L’année littéraire 2021 aura été riche de récompenses pour les auteurs africains. Une juste – mais tardive – reconnaissance
Avec La Plus secrète mémoire des hommes, le jeune Sénégalais est devenu le premier auteur d’Afrique subsaharienne à obtenir le prestigieux prix Goncourt. Un livre dans lequel, sur près de 450 pages, le héros, Diégane, part à la recherche de T.C. Elimane. Ce dernier, auteur du Labyrinthe de l’inhumain, s’est évanoui dans la nature après avoir été accusé de plagiat. L’intrigue est une référence à l’histoire de Yambo Ouologuem, auteur malien des années 1960 qui s’est muré dans le silence à la suite de griefs identiques portés à l’encontre de son livre, Le devoir de violence, Prix Renaudot en 1968.
Le Goncourt n’est pas la seule récompense française pour laquelle l’écrivain de 31 ans – plus jeune lauréat de l’histoire du célèbre prix – , était en lice cette année. Il figurait également parmi les auteurs sélectionnés pour le Renaudot, le Médicis, le prix des Inrocks ou encore le Grand prix du roman de l’Académie française.
Abdulrazak Gurnah : le Nobel
Depuis sa création en 1901, le Prix Nobel de littérature a largement oublié les auteurs africains. Abdulrazak Gurnah, qui s’est vu récompensé cette année, n’est que le cinquième d’une bien courte liste. L’auteur tanzanien de 72 ans a été distingué pour l’ensemble d’une œuvre qu’il a entamée en 1987 avec Memory of departure. Né en 1948 à Zanzibar, il a fui la Tanzanie en 1968, pour fuir les persécutions qui ciblait la minorité musulmane.
S’il vit depuis un demi-siècle au Royaume-Uni, l’auteur, également de nationalité britannique, revendique haut et fort ses racines africaines. « Si vous me réveillez à 3 heures du matin en me demandant d’où je suis, je sais ce que je vous répondrai : “I am from Zanzibar.” Peut-être même que je vous le dirai en swahili si vous le comprenez, et ce malgré plus de cinquante ans en Angleterre ! », glissait-il au journal français Le Monde, dans l’un des rares entretiens qu’il a accordés à la presse depuis qu’il a formellement reçu son prix – c’était le 10 décembre dernier et, pandémie oblige, lors d’une cérémonie en petit comité organisée à Londres.
Salué pour son approche « empathique et sans compromis des effets du colonialisme ainsi que du destin des réfugiés écartelés entre les cultures et les continents », il est surtout connu pour son roman Paradise (1994). Il est l’auteur de nombreux livres – Près de la mer (2006), et Adieu Zanzibar (2017) – dont la plupart ont été récompensés par des prix internationaux prestigieux.
MACKY SALL ANNONCE UNE COMMANDE DE SEPT TRAINS POUR LE PROLONGEMENT DU TER
Le Sénégal va faire une commande additionnelle de sept trains auprès de la société Alstom pour permettre au Train express régional (TER) de desservir l’aéroport international Dakar-Blaise (AIBD) de Diass (ouest), a annoncé, lundi, le président
Dakar, 28 déc (APS) – Le Sénégal va faire une commande additionnelle de sept trains auprès de la société Alstom pour permettre au Train express régional (TER) de desservir l’aéroport international Dakar-Blaise (AIBD) de Diass (ouest), a annoncé, lundi, le président de la République.
‘’Le meilleur est à venir, avec l’extension de la ligne jusqu’à l’AIBD, et la commande additionnelle de sept trains, pour porter le total du parc à 22 trains’’, a déclaré Macky Sall.
Il a annoncé cette commande lors de la cérémonie officielle de mise en service du TER, à la gare de Diamniadio, dans le département de Rufisque (ouest).
La Banque africaine de développement (BAD), la Banque islamique de développement (BID) et la France ont promis d’aider l’Etat du Sénégal à réaliser la seconde phase du Train express régional, pour la liaison Diamniadio-AIBD.
La BID, selon Moussa Sylla, qui la représentait à la cérémonie d’inauguration du TER, a déjà approuvé un financement de 76,5 milliards pour la seconde phase.
Elle a contribué au financement de la première phase, Dakar-Diamniadio, avec 197 milliards de francs CFA.
La BAD a apporté une contribution de 196,6 milliards, et l’Agence française de développement 65 milliards.
Quinze trains commandés en 2016 auprès d’Alstom ont permis de fabriquer le TER.
Le coût du train est de 780 milliards de francs CFA, un montant n’incluant pas les taxes et les frais douaniers, dont 76 milliards pour la libération des emprises et 10 milliards pour l’accompagnement de projets sociaux liés à la construction de l’ouvrage, selon des données obtenues auprès de l’Agence pour la promotion des grands travaux de l’Etat.
Le bijou peut transporter 115.000 personnes par jour, selon les estimations des autorités.
UNE SALLE DE CLASSE INCENDIEE PAR DES PETARDS À DIAOBE
63 élèves risquent de rater la rentrée du nouvel an
Une salle de classe de l’école 3 du village-marché de Diaobé est incendiée dans la journée de samedi passé. L’information est donnée par le directeur de l’école, Yéro Mballo, qui a apporté les précisions suivantes : «Lorsque j’ai reçu la mauvaise nouvelle, j’ai informé la gendarmerie qui a mis des éléments à ma disposition. Les enquêtes menées ont indiqué qu’un élève de ladite école est auteur de l’incendie. Il manipulait des pétards qui, par inadvertance, sont tombés sur la salle en paillotte qui est totalement brûlée.»
Inquiet pour la rentrée toute proche du nouvel an, il a ajouté : «16 des 19 tables-bancs sont hors d’usage. 9 sont totalement calcinées, 7 sont cassées par les gens qui montaient dessus pour éteindre l’incendie. Les krintings sont entièrement en cendre.»
Dans cette salle de classe, étudiaient 63 élèves qui s’asseyaient à 4, rarement à 3 par table, selon le directeur Mballo. Malheu¬reusement, le déficit chro-nique en tables-bancs dans les écoles environnantes ne permet pas de croire que d’ici la rentrée de début janvier, la situation pourrait trouver solution.
«Nous avons discuté avec les parents de l’enfant coupable qui sont décidés à reconstruire la hutte. Reste à cogiter sur la question des tables-bancs», a conclu le directeur de l’établissement.
55% DE FILLES RATENT DES COURS EN PÉRIODE DE MENSTRUATION À L’IA DE THIES
8,9% de filles sont déscolarisés dans la région de Thiès à cause de plusieurs facteurs dont la menstruation
Par Ndèye Fatou NIANG(Correspondante) |
Publication 28/12/2021
Lors de l’atelier d’évaluation du projet Gestion de l’hygiène menstruelle (Ghm), piloté par la fédération «Kajoor Jankeen» et l’Inspection d’académie de Thiès sur financement de Child fund, le taux très élevé de déscolarisation des filles à cause de la menstruation a été dénoncé par les acteurs, qui militent pour la promotion de l’éducation des filles à travers une bonne Ghm.
8,9% de filles sont déscolarisés dans la région de Thiès à cause de plusieurs facteurs dont la menstruation. Mieux, selon une étude réalisée par Speak Africa en 2017, 45,1% des filles se sont absentés de l’école à cause des règles. Ce n’est pas tout. Une évaluation réalisée en 2021 par l’Inspection d’académie (Ia) de Thiès montre que 55% des écolières disent avoir peur, honte ou être gênées d’aller à l’école durant leurs menstrues. D’où la mise en œuvre du projet Gestion de l’hygiène menstruelle (Ghm), piloté par la fédération Kajoor Jankeen et l’Ia de Thiès sur financement de Child fund. Ceci pour promouvoir l’éducation des filles et leur maintien à l’école. «Les menstruations sont, en effet, la cause de retard ou d’absence au niveau des écoles chez les filles.
Il s’agissait donc d’améliorer l’environnement scolaire à travers la réhabilitation et l’équipement de blocs sanitaires pour que la fille, qui est en période de menstruation, puisse les utiliser afin qu’elle soit à l’aise et qu’elle n’est pas besoin de sortir pour aller chez elle ou chez le voisinage ou arrêter tout court d’aller à l’école», explique Maïmouna Sow, experte en santé de la reproduction et facilitatrice du projet Ghm en milieu scolaire. Elle prenait part hier à l’atelier d’évaluation du projet Ghm avec leurs partenaires des ministères de l’Education et de la Santé.
Aussi poursuit-elle : «La menstruation est souvent accompagnée de douleurs et la fille n’est pas tellement à l’aise pour suivre les cours, le projet donc a mis à leur disposition des kits d’hygiène ou on a mis des antalgiques et des serviettes hygiéniques pour qu’au moment de la menstruation qu’elle puisse en bénéficier.»
En plus de ces kits, «la communauté scolaire a été également sensibilisée sur les bonnes pratiques en matière de gestion des menstrues». Ceci, «pour permettre aux élèves, non seulement d’avoir un niveau de connaissance assez élevé mais également pour améliorer les pratiques. Et les résultats montrent qu’il y a une
amélioration dans les fréquentations au niveau scolaire».
Sur les 12 établissements scolaires ciblés dans les départements de Thiès, Tivaouane et Mbour, 4887 filles âgées de 9 à 19 ans ont bénéficié du projet.
272 enseignants, administrateurs et 180 membres de la communauté dont des techniciennes de surface ont été également formés et sensibilisés.
Se réjouissant de l’impact «positif» du projet au sein des établissements scolaires ciblés dans la région, Mme Ndèye Nar Bèye Djiba, chargée de la question genre au niveau de l’Ia de Thiès, a sollicité sa pérennisation pour en faire bénéficier le maximum de filles.
L’ENTERREMENT D’UNE CASTÉE DIVISE POUT DAGNE
Le rejet par les «guer» (nobles) de Pout Dagne de l’enterrement de la griotte, Khady Faye, après son décès survenu ce samedi 25 décembre, risque de susciter des affrontements entre communautés
Le rejet par les «guer» (nobles) de Pout Dagne de l’enterrement de la griotte, Khady Faye, après son décès survenu ce samedi 25 décembre, risque de susciter des affrontements entre communautés. Un conflit né d’un problème de castes, qui pourrait survenir après celui de 2019 dû encore à un refus des nobles d’inhumer un griot.
Encore un conflit entre guer (nobles) et griots à Pout Dagne, un hameau du village de Pout Dagne. Après le refus d’enterrer un griot par les nobles en 2019 et qui avait fait grand bruit, un autre conflit similaire risque d’embraser cette contrée de la commune de Notto Diobass, dans le département de Thiès.
Il s’agit du rejet par les nobles de Pout Dagne de l’enterrement de la griotte, Khady Faye, après son décès survenu ce samedi 25 décembre. Les griots sont indignés : «La coupe est pleine. Il a fallu l’intervention du sous-préfet de Notto et de la gendarmerie, qui se sont déployés à Pout Dagne, pour calmer les ardeurs. Cette situation ségrégationniste n’est plus acceptable», dénoncent les griots qui s’en offusquent.
«C’est un problème récurrent. C’est un énième conflit des castes. Parce que les guer refusent qu’on enterre nos morts dans ce hameau.
Avant, on n’enterrait pas les cadavres des griots, on les mettait dans un trou de baobab. Mais depuis quelques années, nous enterrons nos morts loin du village. C’est pourquoi nous avions décidé de prendre nos propres champs pour les transformer en cimetière, afin de nous rapprocher du village. Mais, nous nous sommes heurtés au refus des populations du village.» Inacceptable !
Ils estiment que «ces pratiques claniques d’un autre âge doivent cesser, de peur de perdre nos valeurs ancestrales. Ce qui serait une perte pour le pays de la Teranga», avant de rappeler à la mairie de Notto Diobass leur demande de bénéficier d’un site pouvant abriter leurs morts. «Le projet a été déposé deux fois sur la table du Conseil municipal mais les conseillers ont refusé de le voter. Mais le nouveau sous-préfet, Babacar Diagne, nous a promis de régler le problème avec la prochaine équipe municipale pour faire bénéficier aux griots d’un site pouvant abriter leurs morts. Il nous a dit que si un site n’est pas délibéré par le prochain Conseil municipal, il va lui-même régler la question.»
Finalement le corps de Khady Faye, qui avait rejoint le domicile conjugal à Pout Dagne, a été transporté puis enterré dans son village natal à Kissane, ce dimanche.
Par Hamidou ANNE
POUR UNE MYSTIQUE RÉPUBLICAINE
La meute gratte chaque jour sur nos libertés. Oumar Sankharé, Déesse Major, Héla Ouardi, Mbougar Sarr, ont été des cibles de sa bêtise. Le voyeurisme de ces gens est obscène. Leur discours est dangereux
L’offensive réactionnaire en cours ne s’arrêtera pas. Il s’agit là de la marche de l’histoire, témoin de toutes les époques de l’opposition entre progressistes et partisans de la réclusion morale et intellectuelle.
Dans «Notre jeunesse», livre majeur de Charles Péguy, l’auteur, constatant la dégénérescence de son camp politique, fustigeait l’abandon de la mystique républicaine au profit de la petite politique. Péguy soulignait :
«Tout commence en mystique et finit en politique» pour dénoncer l’usage de la politique dans le strict sens de la compétition électorale. Nous voyons disparaître, sous nos yeux, la mystique républicaine déclinant sous les assauts coordonnés des partis, des gouvernements, des activistes conspirationnistes et d’autres lobbyistes qui s’auto-désignent Société civile.
Les appartenances religieuses voire confrériques, les postures et les ghettos moraux prennent le pas sur une conscience du commun qui est la promesse originelle de la République.
La meute, encore elle, gratte chaque jour sur nos libertés. Oumar Sankharé, Déesse Major, Héla Ouardi, Mbougar Sarr, ont été des cibles de sa bêtise. Quand les intellectuels et les républicains laissent faire, s’ouvre une brèche et la meute fondamentaliste essaime et ronge une parcelle supplémentaire de nos libertés. C’est le propre des totalitarismes que répugnent la culture, l’intelligence et la liberté.
Ces chiens de garde de la morale qui censurent et assignent les citoyens selon leur norme, feraient presque sourire s’ils n’envisageaient pas de régir le Code pénal et d’islamiser une société qui est, depuis des siècles, la somme de diverses sédimentations religieuses et profanes.
La proposition de loi sur la criminalisation de l’homosexualité est sans objet, et la majorité parlementaire a raison de ne pas la soutenir, même si ses arguments n’élèvent pas outre mesure le débat. Jusque-là cette question était posée dans les cercles privés puis dans les médias, avant d’atterrir dans la rue avec la marche du mois de mai dernier, à l’appel d’un groupuscule dirigé entre autres par des complotistes notoires. Le projet de texte porté cette fois par des politiciens irresponsables et sans envergure, pressés par la bande d’excités regroupés autour de l’officine néofasciste Jamra, est le dernier spasme d’un courant réactionnaire qui cherche à exister sans craindre le ridicule et à déplacer le débat politique sur un terrain hideux. Le Parlement n’a pas à légiférer sur les névroses de quelques farfelus étouffés par l’oisiveté.
Aucune personne sérieuse ne parle de légalisation du mariage gay au Sénégal. Mais dans le monde merveilleux de Jamra et ses coalisés, il faut poser les questions et deviner les réponses les plus sordides pour exister et capter des financements. Ces exaltés projettent leurs fantasmes dans le débat public pour instrumentaliser l’ignorance et l’intolérance qui progressent devant la faillite de l’école et la carence républicaine des hommes politiques.
La propension devant tous les maux dont souffre le Sénégal -crise de l’école, chômage, carence culturelle, enfants talibés, viols…- pour ces adultes de ne parler que de sexe frôle la perversité et l’obsession grivoise. Il faut rajouter à l’arc de leurs tristes desseins la corde du fameux complot étranger qui voudrait imposer ses valeurs au Sénégal. Cette infantilisation des citoyens sénégalais, qui votent depuis plus de deux siècles et qui sont jaloux de leur souveraineté, est insultante. Elle contribue à déshumaniser un peuple pour exister et, par le mensonge et la manipulation, arriver à ses fins. Le voyeurisme de ces gens est obscène. Leur discours est dangereux. Leur attitude est lâche. Ce sont des lobbyistes au service de causes rétrogrades qui, et c’est risible, voient des lobbies partout.
La forme républicaine de l’Etat et son caractère laïc ont été garantis par la constitution qui nous régit tous. L’Etat du Sénégal a par conséquent le devoir de protéger tous les citoyens : ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Il doit faire face aux groupes organisés qui s’érigent en fossoyeurs des libertés publiques afin de préserver la paix civile.
L’intolérance politique et religieuse progresse devant la peur des citoyens, notamment des élites. D’où leur menace de dresser une liste de députés récalcitrants ; ce qui est une méthode fasciste digne des pires heures de l’histoire. Les intellectuels et les républicains doivent faire face devant tous les intégrismes et toutes les intolérances qui commencent à parader et à imposer un point de vue unique sur le monde, au mépris de l’identité composite de notre Nation. « La corruption du siècle se fait par la contribution particulière de chacun de nous », disait Montaigne. Pour la République, la démocratie et les libertés, il est urgent de faire face.
LA PROPOSITION DE LOI CRIMINALISANT LES LGBT EST TOUJOURS D'ACTUALITÉ
Selon les initiateurs de la proposition de loi criminalisant l’homosexualité
La proposition de loi criminalisant l'agenda LGBT au Sénégal continue d'alimenter les débats dans les salons et autres sphères politiques. Malgré le rejet annoncé de la proposition loi de criminalisation de l’homosexualité par les députés de la majorité, les initiateurs de cette proposition de loi portée par des députés de l’opposition disent que la procédure est toujours d’actualité…
Président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle, Benno Bokk Yakar (BBY) Aymerou Gningue s'est fendu ce week-end d'un communiqué pour définir la position de son groupe sur cette proposition de loi qui n'est, à ses yeux, qu'un faux débat installé dans cette période pré-électorale par des députés qui cachent des objectifs politiques inavoués. "On va rejeter tout ce que vous allez amener, c'est nous qui déroulons parce que nous sommes la majorité", a déclaré le patron des députés de la majorité présidentielle en direction de ceux de ses collègues de l’opposition qui parrainent cette proposition de loi. Interpellé par nos soins, Mame Matar Guèye, le vice-président de l'Ong Jamra, une des 91 associations regroupées au sein de la plateforme And Samm Jikko yi, a d'abord tenu à préciser qu'aucun député, fut-il président de groupe, ne détient le privilège de rejeter ou d’accepter une proposition de loi qui doit suivre des étapes spécifiques.
Du dépôt de la proposition de loi sur la table du président de l'Assemblée nationale à la convocation de la plénière pour la voter en passant par l'avis du chef de l'exécutif et son examen par la commission des lois, aucun député n'est, en effet, habilité, à rejeter ou déclarer une proposition de loi irrecevable ou pas. C’est du moins ce qu’estime notre interlocuteur. Mieux, Mame Matar Guèye rappelle que des députés issus de la majorité présidentielle à l'instar de Alioune Souaré et Abdoulaye Wilane, entres autres, portent la proposition de loi criminalisant l'agenda des LGBT. "Maintenant, le jour de la plénière, la loi nous permet en tant qu'associations initiatrices de ladite proposition de loi d'être présentes dans l'hémicycle et de veiller en sentinelles. En toute responsabilité, nous allons prendre des notes et dresser la liste de ceux qui sont censés représenter le peuple et qui vont voter contre cette proposition de loi afin de permettre aux homosexuels de célébrer des mariages gay le jour même du Mawlud célébrant la naissance du prophète Mahomet (PSL) ou de s'accoupler impunément dans l'enceinte même de la grande mosquée de Dakar. D'autres exemples vécus existent encore. Nous allons montrer ainsi au peuple et à la face du monde les députés qui prennent en compte les aspirations populaires", poursuit le vice-président de Jamra.
Les associations initiatrices de la proposition de loi, qui disent bénéficier du soutien indéfectible de toutes les familles religieuses du pays, promettent de retourner auprès de ces familles pour les sensibiliser sur les positions des uns et des autres par rapport au projet de loi. Mame Matar Guèye annonce même une visite au Roi d'Oussouye pour l'imprégner de la situation. Du côté de la ville sainte de Touba, le proche entourage du khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, a également pris acte de la position du président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar.
Nos interlocuteurs rappellent que le patriarche de Darou Minaam, au-delà de la pétition de la plateforme And Samm Jikko qu'il a signée en toute connaissance de cause, n'a jamais varié sur sa position par rapport à l’homosexualité, cette pratique abominable condamnée par Dieu même à travers le saint Coran. "Touba va continuer de combattre tout ce qui est lié à l'homosexualité. Nous ne pouvons pas courber l'échine et nous asseoir sur nos valeurs et traditions parce que des lobbies LGBT menacent de fermer des robinets économiques. Aucune contribution financière ne doit inciter à sacrifier sa société. Il faut croire en soi et craindre Dieu. C'est dans la crainte du Tout-Puissant que nous pouvons avoir des motifs d'espérer. Ragaal Yalla day yok wersëk", concluent nos interlocuteurs de Touba.
LES DÉLÉGUÉS DE LA SAR VOLENT AU SECOURS DE LA DG MARIÈME NDOYE DECRAENE
Ils se félicitent du fait que la SAR a réalisé un résultat de 6,5 milliards en six mois qui laisse augurer un bénéfice annuel de plus de 8 milliards de FCFA
La Société africaine de raffinage (SAR) a fait un résultat positif de 6,5 milliards de frs et qui devrait atteindre plus de 8 milliards à la fin de 2021. Ces chiffres ont été révélés par le collège des délégués du personnel de l’entreprise. Des délégués qui projettent un autre décor de la SAR et, surtout, s’érigent en boucliers de la directrice générale, Mme Marième Ndoye Decraene.
Accusée de « mauvaise gestion » par une partie des administrateurs de la Sar, notamment ceux représentant la société Locafrique, Mme Marième Ndoye Decraene vient d’obtenir un soutien de teille. En effet, les délégués du personnel de l’entreprise ont volé à son secours et se félicitent au contraire des brillants résultats qu’elle a obtenus depuis qu’elle est à la tête de la Société Africaine de raffinage (Sar).
De l’aveu même de la directrice générale, confirmée en cela par le patron de Petrosen Holding, qui porte les actions de l’Etat, actionnaire majoritaire (34 %), au titre de l’exercice 2020, la SAR aurait réalisé une perte de 59 milliards de FCFA avec des fonds propres négatifs de l’ordre de 53 milliards de FCFA. D’où la décision de procéder à une recapitalisation prise par les organes délibérants. Une recapitalisation sur les modalités de laquelle les administrateurs se battent actuellement, sur le terrain juridique, bien sûr, mais aussi et surtout sur le théâtre médiatique. Locafrique estimait qu’avant de procéder à une recapitalisation, il faudrait d’abord procéder à la réévaluation des actifs, notamment fonciers, de la société.
Trouvant qu’elle faisait du dilatoire et que la recapitalisation décidée ne saurait attendre, la direction générale de la Sar et Petrosen avaient attrait Locafrique devant le tribunal du commerce pour « abus de minorité » et demander la nomination d’un administrateur ad hoc. Des demandes rejetées par le tribunal. Bien entendu, les travailleurs de la Sar, à travers leurs délégués, refusent de prendre parti dans cette bataille entre administrateurs. Ils se contentent donc de demander à « l’ensemble des acteurs », de « privilégier les intérêts du Sénégal dans le respect des principes directeurs de bonne gestion, sans compromettre les intérêts des uns ou des autres.
La recapitalisation est une opération nécessaire pour la Sar et fait l’unanimité. Nous rappelons par la même occasion la vieille promesse des actions pour le personnel » indique le Collège dans un communiqué de presse. Un document dont le but est de, selon les représentants des travailleurs, « de porter à l’endroit de l’opinion nationale et internationale des faits marquants depuis l’arrivée de la nouvelle directrice générale à la tête de la raffinerie.
En effet, la directrice générale a su mettre fin aux arrêts répétitifs des installations pour rupture de brut, ce qui était une de nos préoccupations majeures ». Mme Marième Ndoye Decraene a aussi à son actif, à les en croire, « la réduction considérable des pannes techniques à la suite de son implication personnelle dans la recherche de solutions pour la pérennité du raffinage ». « Une gestion rigoureuse qui a occasionné un résultat positif de plus 6,5 milliards de FCFA après six mois d’exercice avec une projection de faire plus de 8 milliards de bénéfices en fin d’exercice 2021.
Fort de ces constats, le personnel, par la voix du collège des délégués, adresse ses félicitations à madame Marième Ndoye DECRAENE, 1ère femme Directrice Générale de la Sar, et lui exprime un grand soutien. Ces évènements heureux, ont su revigorer l’engagement du personnel derrière la directrice générale, pour relever le défi de l’arrêt métal en cours, couplé au raccordement du projet d’extension des capacités de production de la raffinerie, en vue de l’exploitation du pétrole sénégalais » conclut le collège des délégués de la Sar.
RECETTES DES HYDROCARBURES, LES DIX RECOMMANDATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
La Société civile avait souhaité, lors de la tenue du Conseil présidentiel sur le projet de loi relatif à la répartition et à l’encadrement de la gestion de recettes issues des hydrocarbures le 21 décembre dernier, avoir son mot à dire sur cette affaire
La Société civile sénégalaise entend jouer sa partition dans la future loi de répartition et d’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures. Une batterie de 10 recommandations a été formulée hier en ce sens au terme d’un atelier de contribution qui a réuni la Coalition Publiez Ce que vous payez (PCQVP) en partenariat avec Oxfam, l’Ong 3D et l’Observatoire de suivi des Indicateurs de développement économique en Afrique (OSIDEA).
La Société civile avait souhaité, lors de la tenue du Conseil présidentiel sur le projet de loi relatif à la répartition et à l’encadrement de la gestion de recettes issues des hydrocarbures le 21 décembre dernier, avoir son mot à dire sur cette problématique. Une demande acceptée par le président de la République. C’est pour formaliser cette contribution qu’elle a tenu hier une rencontre initiée par la Coalition Publiez Ce que vous payez (PCQVP) en partenariat avec Oxfam, l’Ong 3D et l’Observatoire de suivi des Indicateurs de développement économique en Afrique (OSIDEA). Le directeur de l’Ong 3 D, Moundiaye Cissé, et ses amis ont formulé 10 recommandations qui seront soumises à l’Etat. Elles tournent autour du partage équitable des recettes tirées de l’exploitation des hydrocarbures, l’affectation des recettes à des investissements prioritaires, l’affectation d’un pourcentage minimal des recettes aux secteurs de la santé, de l’éducation, de l’économie et aux catégories vulnérables (handicapés, jeunes, femmes), la démocratisation de toutes les informations et de toutes les décisions issues du processus de l’exploitation des ressources naturelles et le renforcement du contrôle parlementaire à travers les évaluations, suivis, sanctions et résultats.
La société civile recommande aussi d’encourager les personnes porteuses de projets touchant le secteur des hydrocarbures, la publication de l’utilisation des fonds issus des hydrocarbures au plus tard 60 jours avant. Enfin de fixer un plafond de financement de la dette par les recettes tirées de l’exploitation des ressources naturelles, de lutter contre les pertes fiscales dans la gestion des recettes tirées des hydrocarbures. Last but not least, Publiez ce que vous payez, 3D et autres demandent d’assurer la transparence dans l’utilisation des fonds issus des recettes tirées de l’exploitation des ressources naturelles par le renforcement des corps et mécanismes de contrôle. « L’objectif de cet atelier est double sur ce projet de loi organisant la répartition des recettes tirées des hydrocarbures notamment le gaz et le pétrole. Avant de pouvoir critiquer cette loi, il faut d’abord avoir une connaissance du contenu pour une mise à niveau de la société civile. Le deuxième objectif, c’est la critique objective et constructive de cette loi. Dire les forces et faiblesses de la loi pour ensuite mettre sur la table les recommandations.
L’objectif final, c’est que nos préoccupations soient prises en charge dans le projet de loi. Nous avons alors trois créneaux pour agir à travers un dialogue avec l’Etat, les parlementaires, mais aussi les citoyens qui nous accompagnent. Nous nous félicitons de ce que le président de la République ait permis à la Société civile d’apporter sa contribution sur ce projet de loi » a expliqué le directeur de l’ONG 3 D, Moundiaye Cissé, à l’entame de la rencontre. « Ce n’est pas seulement ce que nous allons retenir lors de cette rencontre qui va être intégré dans la future loi parce qu’il y a d’autres organisations qui ont eu à faire des études et des propositions sur ce dossier. Nous allons alors essayer de regrouper toutes les contributions de la Société civile pour arriver à une synthèse unique reflétant les positions de toute la société civile sur la question de la répartition des recettes issues des hydrocarbures. La contribution se fera sur chaque axe notamment le fonds intergénérationnel, le fonds de stabilisation. Tout ce qui est proposition formulée dans cette loi peut faire l’objet d’une critique objective et constructive. Nous allons continuer à jouer notre rôle d’alerte et de veille sur ces questions de sorte à nous associer à la coproduction, à la coexécution, au suivi de cette loi » avait ajouté Moundiaye Cissé.
Le projet de loi retardé d’une semaine…
La sociologue Fatou Sow Sarr s’est beaucoup préoccupée du sort des femmes. Elle s’est félicitée du fait que les générations futures soient prises en compte dans la répartition des ressources mais estime qu’il faudrait rappeler à l’Etat que la part de revenus du travail des femmes n’est que de 30 % environ des revenus nationaux. « Il y a un gap qu’il va falloir combler.
En outre il y a beaucoup de pans de notre société surtout des catégories sociales qui n’ont pas accès aux ressources notamment les femmes. Nous espérons que ce déséquilibre sera corrigé » a conclu Mme Fatou Sow Sarr. Alioune Tine, le fondateur d’Afrikajomcenter, a insisté sur la nécessité d’avoir des mécanismes de contrôle suffisamment dissuasifs. ‘’Des textes et des mécanismes, nous en avons. Mais le doute est toujours là, concernant la transparence et la redevabilité. C’est pour cela qu’il est extrêmement important de faire en sorte que ces mécanismes soient suffisamment dissuasifs’’, a souligné M. Tine. ‘’On a tendance à assimiler le pétrole à une ressource du diable en Afrique. Ailleurs, on le considère comme une source de bonheur’’, a ajouté Alioune Tine, évoquant les cas de certains pays arabes. Abdoul Hamid Ndiaye, un conseiller à la présidence de la République, a révélé que la présentation du projet de loi en Conseil des ministres a été retardée d’une semaine. Le gouvernement a pris cette mesure pour ‘’intégrer’’ les observations des membres de la société civile, a dit M. Ndiaye lors de l’atelier.