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21 juin 2025
ANTOINE DIOME RECADRE LES GOUVERNEURS, PREFETS ET SOUS-PREFETS
Le ministre de l’Intérieur est très en colère contre les gouverneurs, préfets et sous-préfets qui refusent de payer à leurs chauffeurs leurs frais de mission et de les doter d’uniformes
Ayant constaté que certains chauffeurs de gouverneurs, préfets et sous-préfets ne perçoivent pas régulièrement leurs frais de mission et ne sont pas dotés en uniforme, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, a sorti une note pour rappeler à l’ordre les autorités de l’administration territoriale. Dans sa circulaire, le ministre de l’Intérieur leur demande de veiller au respect de l’application correcte des règles de gestion du personnel.
Le ministre de l’Intérieur est très en colère contre les gouverneurs, préfets et sous-préfets qui refusent de payer à leurs chauffeurs leurs frais de mission et de les doter d’uniformes. Antoine Félix Diome leur a écrit une note pour les rappeler à l’ordre. «Il m’a été donné de constater que certains chauffeurs ne perçoivent pas régulièrement les frais de mission à l’intérieur du pays et ne sont pas dotés en uniformes, malgré l’existence de ces lignes budgétaires dans les crédits alloués aux circonscriptions administratives. Je vous rappelle que le paiement des frais de mission à l’intérieur du pays doit se faire pour toutes les catégories d’agents, en particulier les chauffeurs. Il reste entendu que la mission devra être effectuée hors de la région, avec un ordre de mission dûment signé et visé par le service habilité au niveau de la région de destination», a indiqué le premier flic du Sénégal.
«Dans cette même logique, les crédits de la ligne habillements et accessoires destinés exclusivement à la dotation et au renouvellement des uniformes des chauffeurs, agents de l’Etat doivent être mobilisés à cet effet. Aussi, vous veillerez à la bonne tenue, par les chauffeurs, des véhicules administratifs qu’ils conduisent. Le cas échéant, il serait opportun de les privilégier comme acquéreur au moment de la réforme de ces véhicules. Je vous demande de veiller au respect de l’application correcte des règles de gestion du personnel en service dans vos circonscriptions respectives», a soutenu le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome.
«NOUS SOMME COURANT DE TOUT CE QUI SE TRAME EN HAUT LIEU»
La volonté du Président Macky Sall et de son régime est de différer la tenue des élections locales du 23 janvier prochain. C’est ce qu’a indiqué hier Barthélémy Dias lors de son point de presse. Seulement, le maire de Sacré-Cœur souligne que ces échéances se tiendront à date échue n’en déplaise aux tenants du pouvoir. Il n’a pas manqué de réitérer son appel aux jeunes à se mobiliser pour l’accompagner ce matin au tribunal.
«Je m’adresse au président de la République Macky Sall : si vous le désirez, il y aura des élections le 23 janvier 2022 et si vous ne le souhaitez pas, il y aura aussi des élections le 23 janvier prochain. Parce que si ce n’est pas le cas, vous allez décider malheureusement de façon unilatérale d’abroger votre mandat».
Cette sentence sans appel a été lancée par Barthélémy Dias lors de son face-face hier avec la presse. Déterminé à faire face au régime de Macky Sall, le candidat de Yewwi Askan Wi (Yaw) à la Ville de Dakar estime que cette façon de vouloir diriger le pays et de se maintenir au pouvoir ne peut aucunement prospérer. Rappelant dans la foulée une déclaration faite par un journaliste et selon laquelle il n’y aura pas d’élections locales, le maire de Sacré-Cœur révèle que le Président Macky Sall a commandité des sondages qui lui sont défavorables. «Il n’y a aucune possibilité, je le dis, je le répète et avec force, que la coalition Yewwi Askan Wi perde les élections locales à Dakar. C’est impossible et le Président Macky Sall le sait», tranche Barthélémy Dias. C’est la raison pour laquelle, dit-il, Macky Sall et son régime avaient essayé de l’éliminer en orchestrant un complot politique contre sa personne. «Seulement, ce ce n’était pas la bonne option, parce qu’ils ne croyaient pas que je décrocherais cette candidature. Maintenant, ils cherchent à m’éliminer par la voie judiciaire», accuse Dias-fils.
A défaut de le liquider sur le plan judiciaire, dit-il, le pouvoir actuel va provoquer l’opposition dans l’optique de soutenir que le contexte n’est pas favorable à la tenue d’élections apaisées. Ainsi, il pourra reporter les échéances électorales. «Mais, nous ne l’accepterons pas», assène le maire de Mermoz Sacré-Cœur qui réitère son appel à la jeunesse : «Mobilisez-vous et résistez ! Parce qu’il ne reste plus rien que la résistance.»
Brandissant la thèse du complot ourdi à son encontre, le candidat à la Mairie de Dakar souligne qu’il est au courant de tout ce qui se trame en haut lieu. «Dans ce pays, nous sommes à un niveau de responsabilité où nous sommes aussi assez bien informées. Et les informations que nous détenons sont assez fiables et crédibles».
Pointant du doigt le locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, le maire de Sacré-Cœur lance : «Ceux qui pensent qu’ils ont déjà liquidé des hommes politiques dans ce pays, et qu’ils ont le droit, le devoir et la responsabilité de continuer cette sale besogne, se trompent lourdement. Il semble que leur timing c’est de passer par l’étape A qui se dénomme Barthélémy Dias, en pensant que cette mobilisation du mois de mars s’est malheureusement estompée, mais ils se trompent aussi lourdement. Ils pensent que s’ils réussissent leur coup avec Barthélémy Dias, ils devront réussir leur coup avec Ousmane Sonko».
Seulement, il considère que le combat qu’il mène dépasse la personne de Barthélémy Dias et celle de Ousmane Sonko. «Il s’agit de la souveraineté du peuple sénégalais, de sa dignité, de la vitalité de la démocratie sénégalaise», affirme-t-il. Prévenant ses adversaires, il souligne: «Vous pourrez peut-être atteindre vos objectifs. Mais même si vous arrivez à éliminer d’autres adversaires politiques, vous n’aurez jamais gain de cause sur le peuple sénégalais. Ce peuple a, de façon résolue, décidé de marcher vers l’essentiel qui est le développement du pays. On ne peut pas parler de développement sans la démocratie».
MOUSTAPHA GUIRASSY DEMANDE LE DÉPART DU PREFET DE KÉDOUGOU
La tension est toujours vive à Kédougou. Moustapha Guirassy n’a pas pu sortir hier de son domicile pour rendre visite aux sages qui avaient entrepris une médiation pour que la situation revienne au calme
Le député Moustapha Guirassy et candidat de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) pour la mairie de Kédougou n’a pas pu sortir de son domicile hier à cause des forces de l’ordre qui l’attendaient de pied ferme. Sidéré par la situation, il a demandé le départ du préfet du département et se dit optimiste par rapport au recours qu’il a déposé pour la validation de sa candidature.
La tension est toujours vive à Kédougou. Moustapha Guirassy n’a pas pu sortir hier de son domicile pour rendre visite aux sages qui avaient entrepris une médiation pour que la situation revienne au calme. Les forces de l’ordre étaient stationnées dans les coins de rues qui mènent à sa maison pour l’empêcher de mobiliser ses partisans dans son combat contre le préfet de Kédougou dont il demande maintenant le départ. « Il y a un entêtement, une sorte d’intimidation. Et, c’est le lieu dire ici au préfet et à ceux là qui usent de force pour intimider les populations que cela ne passera pas. Cela ne passera pas. Qu’on nous enferme, qu’on nous mette en prison, qu’on vienne brûler les maisons, cela ne passera pas. Notre vérité, c’est notre vérité. Le droit, ce sera le droit applicable au gouverneur, au préfet, au président de la République. Ce préfet-là, qu’il comprenne qu’il doit se tenir tranquille, qu’il comprenne en fait qu’il est un citoyen, qu’on lui a confié une mission qu’il est en train de trahir. Il ne respecte le droit, il ne respecte pas notre mandataire, il ne respecte pas notre formation politique», a fulminé Moustapha Guirassy.
Bouillonnant de colère, il renseigne qu’il a déposé un recours. «Et là, nous avons fait un recours naturellement. Mais au-delà du recours, nous allons manifester, nous allons nous plaindre, nous allons montrer à l’opinion nationale et internationale que ce préfet doit quitter Kédougou, que ce préfet-là n’est pas à sa place, que ce préfet ne connait pas ses leçons de droit et qu’il est en train de mal les appliquer. Et, en même temps de violer les droits des citoyens. J’ai absolument espoir que le droit sera dit. Et dès jeudi, vous entendrez cette décision de justice parce que c’est extrêmement clair. Nous avons notre récépissé, nous avons nos bordereaux, nous savons les dossiers que nous avons remis et nous savons aussi les forfaitures et le complot ourdi. Nous l’avons mis à nu dans le recours qui est présenté à la Cour d’Appel. Sans aucun doute, je pense que le droit sera dit », a-t-il ajouté.
Déplorant le comportement des forces de l’ordre, Monsieur Guirassy a précisé que l’enfant blessé par une grenade lacrymogène n’est pas une surprise pour lui, parce que depuis des jours, les choses ont commencé à prendre des proportions inquiétantes. «On s’y attendait. Et on s’attend d’ailleurs à pire. Depuis trois jours, on voit la situation prendre des proportions inquiétantes. On laisse faire les forces de l’ordre qui attaquent les gens dans leurs domiciles, or ils sont tranquillement assis. On lance des lacrymogènes dans leurs maisons. Ici, ce sont des cases en paille et ces cases prennent facilement feu. Des enfants, des jeunes garçons, des personnes qui n’ont rien à voir avec tout cela, on est en train de les brutaliser. On voit ce qui se passe avec cet enfant», a-t-il déploré.
Poursuivant, Moustapha Guirassy affirme : «C’est inadmissible. On est en train d’assister à un pillage et à une violation de domicile. Mais c’est inadmissible que cela se passe au Sénégal, parce que le mandataire demande à consulter son dossier ou les dossiers des autres candidats ou formations politiques. Encore une fois, c’est la loi qui le permet. Est-ce que ce préfet comprend ce qu’est un Etat. On ne s’amuse pas avec cette mission qui est une mission régalienne extrêmement importante. Il faut confier ces missions à des gens responsables. Le pays est en danger. Je ne parle pas tout simplement du cas de Kédougou. Il faut que les Sénégalais se mobilisent et résistent. Il faut de la résistance».
SEMBENE OUSMANE, L’ITINÉRAIRE D’UN AUTODIDACTE DEVENU ECRIVAIN ET CINEASTE À SUCCÈS
De la plume à la caméra, des docks de Marseille aux feux de la rampe
C’est à travers « Les bouts de bois de Dieu » que Sembène est connu par la plupart des jeunes Sénégalais puisque ce livre faisait partie des ouvrages recommandés aux élèves par les professeurs. Mais c’est surtout le cinéaste qui a attiré le regard du monde entier grâce à sa production d’une qualité originale qui lui a valu l’obtention de nombreux prix tant en Afrique qu’ailleurs. Après le Fespaco (Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou) où le Sénégal a remporté de nombreux prix, Le Témoin a le plaisir de retracer pour ses lecteurs le parcours exceptionnel de cet autodidacte qui a conquis le monde du cinéma.
Ousmane Sembène était un écrivain prolifique, un producteur inspiré, un scénariste hors pair et un militant politique qui prônait une société égalitaire où l’éthique joue un rôle prépondérant. L’homme était un autodidacte, autrement dit, qui s’est formé tout seul.
Né à Ziguinchor le 1er janvier 1923 de parents lébous qui avaient émigré en Casamance, Sembène est envoyé à l’école dès ses huit ans. Mais il ne fait pas preuve d’une grande discipline. Il est exclu de l’école Escale et, pour le punir, son père l’éloigne de Ziguinchor pour le confier à son oncle maternel Abdourahmane Diop, qui était le directeur de la première école en langue française à Marsassoum en 1922. Son oncle, un homme très strict, lui fait suivre également l’école coranique ce qui calme un peu ses ardeurs. En 1936, il est envoyé à Dakar où il devait préparer son certificat d’études. Mais dans la capitale, son esprit rebelle reprend le dessus et il est, une nouvelle fois, exclu de l’école à cause d’une altercation avec son directeur qui avait entrepris de leur apprendre le… corse.
Commence alors pour le jeune Sembène une vie de bohême. Il devient tour à tour apprenti mécanicien puis maçon. Puis il commence à s’intéresser au cinéma lorsqu’il voit le film « Les dieux du stade » réalisé par un certain Leni Riefenstahl. Après la visite du général de Gaulle au Sénégal en février 1942, il est mobilisé par l’armée française. C’est là qu’il découvre les inégalités profondes entre soldats africains et français d’origine, ce qui provoque chez lui un sentiment de révolte et des velléités anticolonialistes. En 1946, il embarque clandestinement dans un bateau pour la France et se retrouve à Marseille où il exerce pendant 10 ans le métier de docker au port de la ville phocéenne. C’est en tant que docker qu’il devient syndicaliste et militant politique en adhérant à la CGT (Confédération générale des travailleurs) et au Parti communiste français. Il milite alors contre la guerre en Indochine et pour l’indépendance de l’Algérie. Il joue d’ailleurs comme figurant dans le film « Le Rendez-vous des quais », qui témoigne de la solidarité entre les indépendantistes indochinois et les dockers de la CGT.
Il est attiré par les lettres et fréquente assidûment les bibliothèques du Parti communiste et boit littéralement toutes les œuvres qui lui tombent sous la main tout en suivant des cours dispensés par les responsables communistes qui voulaient que leurs militants soient dotés d’une certaine instruction. C’est ainsi qu’en 1956, il publie son premier roman « Le Docker noir » qui relate son expérience dans le port de Marseille. Puis en 1957 il sort « Ô pays, mon beau peuple ». En 1960, paraît un nouveau roman, « Les Bouts de bois de Dieu », connu de tous les élèves des lycées et qui raconte l’histoire de la grève des cheminots du Dakar-Niger, la ligne de chemin de fer qui relie Dakar à Bamako en 1947-1948. L’histoire se déroule entre Dakar, Thiès, Kayes et Bamako où les cheminots africains voulaient avoir les mêmes droits que leurs collègues français. Une grève longue, socialement difficile pour les protagonistes et qui sera durement réprimée mais qui donnera des résultats. C’est en 1960, avec les indépendances, que Sembène revient au pays. Il entreprend plusieurs voyages notamment en Guinée, au Mali et au Congo et en revient avec une conscience plus aigüe de la nécessité pour les Africains de s’unir afin de lutter contre le néocolonialisme et de fonder des sociétés plus justes.
De la plume à la caméra !
Il commence à penser au cinéma pour atteindre les analphabètes encore très nombreux sur le continent mais surtout pour donner une autre image de l’Afrique car il voulait montrer la réalité du continent d’une autre manière, hors des sentiers battus qu’empruntaient les cinéastes européens.
Aussi se rend-t-il en 1961 à Moscou où il intègre une école de cinéma et il réalise son premier film, un court métrage intitulé « Borom sarett » (le charretier), suivi en 1964 par « Niaye » qui gagnera le Prix CIC du festival de court métrage de Tours et une mention spéciale au Festival international du film de Locarno. Ce film, qui est l’adaptation cinématographique de son livre « Véhi Ciossane » (Blanche génèse) raconte l’histoire d’une famille noble de la région des Niayes qui se voit déshonorée après que le père ait commis l’inceste sur sa fille. En 1966 sort son premier long-métrage, qui est aussi le premier long métrage « négro-africain » du continent, intitulé « La Noire de… ». Il y retrace l’histoire d’une jeune Sénégalaise qui quitte son pays et sa famille pour se rendre en France travailler chez un couple qui l’humiliera et la traitera en esclave, la poussant jusqu’au suicide.
Considéré comme l’un de ses chefs d’œuvre et couronné par le Prix de la critique internationale au Festival de Venise, « Le Mandat » qui sort en 1968 est une comédie acerbe et satirique contre la nouvelle bourgeoisie sénégalaise apparue avec l’indépendance.
En 1969, Sembène est invité au premier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) par les fondateurs de ce festival, dont il ne fait pas partie. En revanche, à partir de 1970, il prend un rôle très important dans le festival et participe à son envol. Jusqu’à sa mort il participera au Fespaco, tout en refusant de prendre part à la compétition proprement dite, afin de laisser émerger les jeunes cinéastes africains qui commençaient à produire des œuvres de qualité.
En 1979, son film « Ceddo » est interdit au Sénégal par le président Léopold Sédar Senghor qui justifie cette censure par une « faute » d’orthographe : le terme ceddo ne s’écrirait, selon Senghor, qu’avec un seul « d ». Le pouvoir sénégalais avait en fait à cœur de ne pas froisser les autorités religieuses, notamment musulmanes. Sembène relate la révolte à la fin du XVIIe siècle des Ceddos, vaillants guerriers traditionnels aux convictions animistes qui refusent de se convertir à l’Islam. Il attaque ainsi avec virulence les invasions conjointes du catholicisme et de l’Islam en Afrique de l’Ouest, leur rôle dans le délitement des structures sociales traditionnelles avec la complicité de certains membres de l’aristocratie locale.
En 1988, malgré le prix spécial du jury reçu au Festival de Venise, son film, « Camp de Thiaroye », est interdit de salle en France. Ce long-métrage est un hommage aux tirailleurs sénégalais et, surtout, une dénonciation d’un épisode accablant pour l’armée coloniale française en Afrique, qui se déroula à Thiaroye en 1944. Le film ne sera finalement diffusé en France que vers le milieu des années 1990. En 2000, avec « Faat Kiné », le cinéaste à la célèbre pipe commence un triptyque sur « l’héroïsme au quotidien », dont les deux premiers volets sont consacrés à la condition de la femme africaine (le troisième, « La Confrérie des Rats » était en préparation).
Le second, « Moolaadé » (2003), aborde de front le thème très sensible de l’excision. Le film relate l’histoire de quatre fillettes qui fuient l’excision et trouvent refuge auprès d’une femme, Collé Ardo (jouée par la Malienne Fatoumata Coulibaly), qui leur offre l’hospitalité (le « moolaadé ») malgré les pressions du village et de son mari. Sembène a récolté à cette occasion une nouvelle kyrielle de récompenses en 2004 : prix du meilleur film étranger décerné par la critique américaine, prix « Un certain regard » à Cannes, prix spécial du jury au festival international de Marrakech entre autres. Sembène revendiquait un cinéma militant et allait lui-même de village en village, parcourant l’Afrique, pour montrer ses films et transmettre son message. Malade depuis plusieurs mois, il meurt à l’âge de 84 ans à son domicile à Yoff le 9 juin 2007. Il est inhumé au cimetière musulman de Yoff.
QUAND LAMINE LOUM PARLE DE CORRUPTION ET DE BLANCHIMENT D’ARGENT
Mamadou Lamine Loum sort rarement de sa retraite. Le dernier Premier ministre du président Abdou Diouf est un homme taiseux, mais lorsqu’il décide de rompre le silence, c’est toujours pour donner un cours magistral.
Mamadou Lamine Loum sort rarement de sa retraite. Le dernier Premier ministre du président Abdou Diouf est un homme taiseux, mais lorsqu’il décide de rompre le silence, c’est toujours pour donner un cours magistral. Sa lecture froide et profonde des phénomènes de la corruption et du blanchiment d’argent a émerveillé le public qui s’était déplacé, le samedi 30 octobre dernier, lors de la cérémonie de dédicaces du livre de Ngouda Fall Kane « Criminalité financière en Afrique et moyens de lutte, l’exemple du Sénégal ». Honoré d’avoir à ses côtes un hôte aussi illustre, l’ancien IGE et ex-président de la CENTIF a indiqué que « depuis l’époque senghorienne à nos jours, Lamine Loum reste le meilleur cadre administratif de l’administration sénégalaise ».
Lorsqu’il évoque Mamadou Lamine Loum, Ngouda Fall Kane parle de « maître ». « Je voudrais rendre hommage à tous les parents et amis, toutes les personnalités politiques, administratives et universitaires ici présentes. Mais je voudrais rendre de façon plus explicite et remercier M. le Premier ministre Mamadou Lamine Loum, mon maitre, mon maitre qui m’a appris à être un fonctionnaire modèle, un fonctionnaire honnête et loyal, mais aussi un fonctionnaire audacieux. Je le remercie d’avoir accepté de présider cette cérémonie. Depuis l’époque senghorienne, l’administration sénégalaise n’a pas produit un cadre administratif plus pertinent que Lamine Loum.
Je disais une fois à Ousmane Diop que nous sommes les meilleurs, il m’a dit non, nous sommes des meilleurs. Mais Lamine est le meilleur » a confié l’ancien président de la Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières) à l’entame de sa communication. Tout cela explique que c’est sous un tonnerre d’applaudissements que le dernier Premier ministre d’Abdou Diouf a pris la parole. « Je remercie Ngouda Fall Kane d’avoir eu le temps, le courage, la patience d’écrire ce livre et lui suggère de tenir compte des observations formulées.
Dans une approche citoyenne, on fait de sorte que l’ensemble des bonnes idées soient ensemencées dans l’esprit et conscience des citoyens, il est bon d’avoir un sens de suivi pour travailler avec les institutions de la société civile, le secteur privé et les pouvoirs publics pour pouvoir en tirer le maximum de profits. Ngouda Fall Kane a centré sur la Centif, le blanchiment et le terrorisme mais il y a tous les autres services de l’Etat, du ministère de la Justice au ministère des Sports qui sont interpelés » souligne Lamine Loum.
Le dernier Premier ministre du président Abdou Diouf a parlé avec une très grande hauteur des questions de corruption, de blanchiment d’argent sans donner l’impression de désigner les responsables pointés du doigt. Il s’est surtout contenté d’évoquer les dysfonctionnements du système. « Aujourd’hui, vous rentrez dans n’importe quel ministère, une bonne analyse vous dit quelle est la phénoménologie dont vous parliez des pratiques qui sont déviantes et autres comment cela se présente, quelle en est l’anatomie, quels sont les éléments d’accrochage… Comment tout cela arrive à devenir une pratique déviante structurante et routinière et qui devient une seconde nature. Je crois que c’est très important et surtout à accoler avec le problème de la banalisation du champ lexical. Il faut que nous arrivions à dénommer, à caractériser ces phénomènes du genre de mots et d’expressions qui expriment une réprobation qui n’a pas de doute et qui doit sonner dans les consciences comme autant de cloches à chaque fois qu’il y a une mauvaise action du genre. Mais si c’est un terme banal, de fils en aiguille, on va aller à une allure routinière, à banaliser ces phénomènes. Il faut qu’on puisse trouver pour la corruption » a expliqué Mamadou Lamine Loum dans un silence de cathédrale.
La phénoménologie internationale
Selon l’un des pères du fameux Plan de rigueur « Sakho-Loum », « il faut que dans cet exercice nous partions de nos propres problèmes. Quand vous regardez aux Etats-Unis, la communauté internationale a commencé à travailler sur les phénomènes de corruption et l’ONU aussi, uniquement parce qu’en 1977, il y a eu l’affaire Lockheed. Les Usa s’en sont saisis pour en faire un scandale énorme qui a amené le « Foreign corrupt tractis act » aux Usa en 1977 qui a été mis à jour en 1988 puis en 1998. Sur dix ans, les Usa se sont arc-boutés à ce problème pour essayer de dénoncer la corruption et de voir comment les racines de celle-ci vont des Usa au reste du monde. Ils ont mis l’ONU là-dans et c’est ce qui a fait que l’affaire est allée plus loin. En Angleterre, le « UK Bribery act » a été créé dans les mêmes conditions. Le scandale de BAE System également est allé trop loin aussi bien avec la corruption d’agents étrangers et c’est là d’ailleurs qu’on a commencé dans les législations nationales à sanctionner la corruption d’agents étrangers.
En France, par contre, on y est arrivé très tard. Ce sont les lois Sapin 1 et Sapin 2 qui ont permis depuis 2014 et 2016 de traiter de ces questions qui, il faut le savoir, entrainent une extra-territorialité des lois américaines, britanniques et françaises. C’est-à-dire à partir du sol même de ces pays, le législateur émet des règles dont on décide illégalement qu’elles auront un effet dans les pays étrangers. C’est la tendance actuelle et cela fait que nos pays doivent travailler dans le cadre du développement multilatéral plutôt que bilatéral pour arriver à faire en sorte que ces questions-là soient également traduites dans nos langues nationales ».
Notion de personnes politiquement exposées « Aujourd’hui, on est dans un pays, le Sénégal, où beaucoup d’autorités ne savent pas ce que c’est la notion de personnes politiquement exposées qui existe depuis vingt voire trente ans. J’ai assisté personnellement à des réunions où des autorités ont posé des questions là-dessus qui prouvaient qu’elles ne connaissaient pas la notion alors qu’elles étaient jugées depuis longtemps à l’étranger sur cette base, que des institutions financières locales les jugent comme PPE. Donc, faisons en sorte que dans l’appréhension de ces problèmes nous partions de nos problèmes. C’est ce que je disais tout à l’heure, les Usa sont partis de l’affaire LOCKHEED, les Britanniques de BAE System. Il faut que nous partions de nos problèmes. Le terrorisme, c’est très important, les questions de drogue et autres aussi, mais nous avons la corruption au jour le jour. Donc partons de la phénoménologie de nos problèmes en faisant leur typologie et tirons les faits caractéristiques de ces pratiques non seulement dans tout le pays, mais dans chaque secteur. Et de cette manière, nous allons en tirer un plan d’actions qui peut aider l’Etat, la société à caractériser ces faits, à les prévenir d’abord, à aller les rechercher à chaque fois que nécessaire et à profiter enfin de la coopération internationale pour essayer de faire en sorte que, lorsque nous prenons des cas concrets quand les fonds nous ont échappés, nous puissions organiser le rapatriement avec les plus grandes chances de succès » a conclu brillamment Mamadou Lamine Loum.
«LE SUICIDE DEVIENT UNE OPTION QUAND L'HUMAIN A PERDU TOUT ESPOIR»
Sur le cas du Dr Falla Paye qui a tué ses trois enfants avant de se suicider, le psychothérapeute et superviseur clinique autorisé à Ontario, Dr Papa Ladjiké Diouf, explique que quand un homme a perdu tout espoir face à une souffrance envahissante, la voie du suicide devient pour lui le moyen de trouver la paix. Il invite ainsi les autorités sanitaires à mettre en œuvre des programmes de prévention de suicide intégrant les réalités socioculturelles avec une approche communautaire et inclusive.
«Le suicide devient une option souvent persistante dans notre tête quand l’humain a perdu tout espoir. La voie du suicide devient le moyen de trouver la ‘’paix’’ face à cette souffrance envahissante. La personne décide de disparaitre — en emportant d’autres avec elle dès fois —, et sa famille ainsi que ses proches s’engouffrent dans un deuil traumatique qui peut durer toute une vie. La culpabilité est intense dans ce type de deuil et les proches tentent de comprendre cet acte ainsi que leurs ‘’fautes’’ dans ce qui est arrivé ! Des fois, certains proches vont s’infliger la mort comme ‘’punition de leur ‘’faute’’. La honte, la colère et la stigmatisation s’invitent dans ce tourbillon ainsi que la peur qu’un autre proche se prenne la vie. Ils auront besoin de professionnels bien formés sur la question pour leur offrir un accompagnement adapté et de qualité. Le cheminement est long et difficile. Aidons nos proches à briser le silence sur leurs souffrances psychologiques et émotionnelles. Surtout, les hommes dans nos communautés qui doivent apprendre l’auto compassion face à leurs vulnérabilités et impuissances. Le divorce n’est pas un échec. Je vois également que beaucoup de personnes évoquent la question de la foi religieuse comme barrière face au suicide. C’est important que cette barrière de la foi soit très fragile quand les pensées suicidaires s’installent et que la personne a un plan de suicide. C’est pourquoi on a connu des suicides chez des personnes foncièrement ancrées dans des croyances religieuses où le suicide est prohibé. Les autorités de la santé doivent aider à mettre en place des programmes de prévention de suicide qui vont intégrer les réalités socioculturelles avec une approche communautaire et inclusive».
ABDOULAYE BALDE PUISE DANS LES RANGS DE BBY POUR FORMER SA COALITION
C’est un grand ouf de soulagement pour le maire sortant de la commune de Ziguinchor, M. Abdoulaye Baldé
C’est un grand ouf de soulagement pour le maire sortant de la commune de Ziguinchor, M. Abdoulaye Baldé. En fait, contrairement à ce qu’avaient prédit ses détracteurs, à savoir sa mort politique, au lendemain de la publication du choix du président Macky Sall du nom du candidat de la coalition BBY pour la mairie de Ziguinchor, M.Benoît Sambou, l’actuel édile de Ziguinchor peut encore nourrir le rêve de conserver son fauteuil.
UCS-Mboolo, c’est le nom de la coalition que Baldé et ses collaborateurs ont mis en place pour soutenir sa candidature dans sa tentative de s’octroyer un troisième mandat à la tête de la mairie hautement stratégique de Ziguinchor. Il a été choisi à l’unanimité pour conduire la liste majoritaire de cette coalition pour la commune de Ziguinchor. Il aura derrière lui, Amy Tamba, appelée la lionne de l’Apr de Ziguinchor et coordonnatrice des femmes de BBY à Ziguinchor tandis que Aminata Angélique Manga, ancienne ministre de l’Economie solidaire et responsable de l’Apr à Ziguinchor, est investie tête de liste de la proportionnelle.
Le Docteur Moussa Diédhiou, leader du Mouvement And Doolel Moussa (un dissident de la coalition présidentielle aussi), lui, briguera le département. À côté de ce beau monde, il faut aussi mentionner la présence de nombreux supporters directs de Doudou Ka qui, comme mentionné plus haut, récusent le choix du président Macky Sall qui a investi Benoît Sambou à la place de leur champion.
On peut citer, entre autres : Bemba Soly, l’ancienne député libérale Coumba Ndiaye ou Cherif Boun Aïdara, le leader du mouvement « Gagner pour Sénégal ». Le patron de l’Afp de Moustapha Niasse dans la région de Ziguinchor, Alphonse Boyer, le coordonnateur départemental du parti Rewmi à Ziguinchor, Souleymane Diawara, le président de l’ODCAV de Ziguinchor ainsi que d’autres responsables de mouvements politiques et associatifs parmi lesquels Chamsidine Sow, président du mouvement « Gagner pour Ziguinchor », ont aussi rejoint le maire sortant de Ziguinchor pour soutenir sa candidature.
Dans le département d’Oussouye, M. Baldé a également réussi à débaucher des responsables du camp présidentiel comme Louis Pascal Andou Ehemba, le responsable départemental du RSD/TDS de Robert Sagna qui sera la tête de liste de sa coalition au niveau de ce département. Pour ce qui est de la commune, le choix s’est porté sur l’ex- coordonnateur de la coalition Yewwi Askan Wi, Ousmane Diallo dit Landry, candidat malheureux en 2014. Ce dernier, qui était un fervent supporteur de Ousmane Sonko, a claqué la porte de Yewwi Askan Wii pour son investiture. « Ils sont tous venus nous soutenir parce qu’ils étaient peut -être convaincus que nous avions la vérité avec nous », relève M. Abdoulaye Baldé lors de la conférence de presse qu’il a animée au complexe Aubert pour présenter sa coalition. Il a profité de ce face à face avec la presse pour battre en brèche la thèse très véhiculée à Ziguinchor, laissant croire que sa coalition a été parrainée par le pouvoir. ‘’Ce que je peux vous assurer, c’est que nous ne sommes pas de la coalition présidentielle.
La coalition du pouvoir, c’est Benno Bok Yakaar. Nous n’avons reçu d’appel de personne et nous ne parlons avec personne. Ne nous caractérisez pas, s’il vous plaît. N’essayez pas de chercher quelque chose derrière, puisqu’il n’y a rien. Nous sommes une coalition citoyenne qui n’est ni à gauche ni à droite. Nous sommes mus par le seul l’intérêt des populations de Ziguinchor », a-t-il confié.
Visiblement très remonté contre Benoît Sambou qui lui avait lancé des piques au lendemain de sa décision de quitter la coalition BBY, indiquant qu’il n’a pas été reconnaissant à l’égard du président Macky Sall, M. Baldé a tenu à apporter la réplique en ces termes. ‘’Ce monsieur dont je ne veux même pas citer le nom doit s’abstenir de parler de moi. Sinon, je vais dire aussi des choses que vous ignorez. D’ailleurs, je vais vous le dire. Si la plupart des cadres de cette région n’ont pas pu occuper certaines responsabilités ou si certains ont été défenestrés, c’est par la faute de ce monsieur qui a fait du lobbying pour que des gens ne puissent pas accéder à des postes de responsabilité. Donc, il est mal placé pour nous donner des leçons », a tonné M. Baldé.
Par Serigne Saliou Guèye
ET SI BAMBA FALL S’ÉTAIT JOUÉ DE BOUGANE
On ne peut manquer de souligner l’amateurisme du mandataire de GSB pour la ville de Dakar lors du dépôt des listes de sa coalition. Comment celui qui a rallié GSB au dernier moment, a-t-il pu être investi d’une telle mission ?
C’est l’effervescence schizophrénique dans certains états-majors politiques pendant cette période de vérification des listes de candidats déposées au niveau des préfectures et des sous-préfectures. Dès la clôture officielle des dépôts de candidatures, il y a eu une flopée de listes retoquées pour divers motifs. Mais toutes les listes rejetées, déclarées forcloses ou irrecevables sont bizarrement du côté de l’opposition.
Sur l’ensemble du territoire, aucune liste de Bennoo Bokk Yaakar (BBY), la majorité présidentielle, n’a été rejetée. C’est ce qui pousse l’opposition à dire que les représentants de l’administration territoriale ont été complaisants vis-à-vis du pouvoir.
Le préfet de Dakar, Mor Talla Tine, a été accusé par le leader de Gëm Sa Bopp (GSB), Bougane Guèye Danny, d’avoir même aménagé le bureau climatisé de son adjoint aux plénipotentiaires de Benno Bokk Yaakaar pour qu’ils y procèdent aux rectificatifs de dernière minute avant déposer définitivement. Alors qu’au même moment la liste de GSB pour la ville de Dakar était rejetée pour incomplétude. Ce que Bougane Guèye Danny, le leader de cette coalition et son candidat pour la ville de Dakar, a réfuté ainsi que le mandataire Bamba Fall arguant que leur liste remplit toutes les conditions requises.
A les en croire, ils ont même déposé 90 dossiers là où on ne leur en demandait que que 83. Et effectivement, le nombre de dossiers requis, c’est 83. Il n’en reste pas moins que ce que le préfet a dit est aussi indéniable parce que la liste proportionnelle doit être composée de 55 titulaires et la liste des suppléants 28. Ce qui fait 83. Or, de ce que Bougane Guèye a déclaré à Senego, le mandataire de GSP pour la ville de Dakar a déposé 45 titulaires et 45 suppléants pour la proportionnelle (https://senego.com/rejet-liste-gueum-sabopp-bougane-denonce-le-comportem...). Ce qui veut dire que la liste des titulaires pour la proportionnelle est incomplète alors que celle des suppléants est inutilement excédentaire. C’est la liste majoritaire qui doit comprendre 90 candidats répartis en 45 titulaires et 45 suppléants. C’est là où se trouve la confusion.
De ce fait, on aura beau tirer sur l’administration territoriale mais, s’agissant de ce rejet-là, le préfet de Dakar a raison même si son comportement à l’endroit de GSB laisse croire qu’il a une dent contre le mouvement que dirige Bougane Guèye Danny. Les deux hommes ont en effet des antécédents. Il n’empêche, on ne peut manquer de souligner l’amateurisme avec lequel le mandataire de GSB pour la ville de Dakar a conduit le dépôt des listes de sa coalition. Beaucoup se demandent comment Bamba Fall, qui a rallié GSB au dernier moment, a-t-il pu être investi d’une mission aussi importante que déposer les listes de candidats de cette coalition alors même que Kalidou Niasse est réputé maîtriser les questions d’investitures. Bamba Fall, même s’il est à la tête de la mairie de la Médina depuis une dizaine d’années, n’est pas connu pour maitriser les questions de confection et de dépôt des listes électorales.
Autrement dit, un spécialiste du processus électoral. D’ailleurs ce qui montre son manque de sérieux, c’est le méli-mélo constaté dans le classement requis pour les dossiers de candidatures. Des dossiers qu’il était censé vérifier dès l’instant qu’il accepté la mission de mandataire. Le premier magistrat de la commune de la Médina a d’ailleurs avoué avoir mal classé les dossiers et avoir même demandé au préfet de les lui remettre afin qu’il puisse les mettre dans le bon ordre. Pour dire que, concernant les listes de la ville de Dakar, GSB a fait un mauvais casting en mandatant Bamba Fall pour les élaborer et les déposer. D’ailleurs, beaucoup se demandent si le maire de la Médina n’a pas joué le jeu du pouvoir en poussant volontairement à la faute GSB pour ouvrir un boulevard au candidat du pouvoir Abdoulaye Diouf Sarr. Interrogé sur ce problème survenu lors du dépôt des listes, Bamba Fall a refilé la patate chaude à GSB en déclarant qu’il n’était qu’un mandataire et qu’on lui a simplement remis des dossiers pour qu’il les dépose. Un rôle de facteur ou de petit télégraphiste en somme.
Cette réponse simpliste en dit long sur la naïveté de GSB et le ponce-pilatisme de l’édile de la Médina. Dias en difficulté judiciaire, Bougane écarté, il ne resterait en lice contre les candidats du pouvoir (Abdoulaye Diouf Sarr et Mame Mbaye Niang) que Soham Wardini soupçonnée d’être la cinquième colonne du pouvoir ainsi que Doudou Wade dont la candidature est considérée comme l’Acte II du Protocole de Conakry…
Profil d’une grande versatilité
Bamba Fall est connu pour sa versatilité, son inconstance et son yo-yo dans le champ politique. Ne l’a-t-on pas vu s’accointer avec Yewwi Askan Wi avant de se démarquer de Taxawu Dakar ? Ne l’a-t-on pas vu se rapprocher du pouvoir pendant que Khalifa Sall croupissait en prison ? Bamba Fall est réputé pour ses déclarations chocs, bouleversantes, surprenantes, gênantes voire dérangeantes. Fraichement sorti de prison dans l’affaire de l’attaque contre le bureau politique du PS, il avait, à la surprise générale, déclaré : « Karim Wade nous était présenté comme une personne inhumaine qui n’a pas de valeurs et qui était là uniquement pour profiter de nos biens. J’étais avec Barthélémy Dias à Saint-Lazare pour le huer. J’étais aussi à la Mosquée omarienne avec mes jeunes pour le huer. Je me suis battu contre son père et la coalition Sopi…
Mais quand je me suis retrouvé en prison, mes camarades de parti ne sont même pas venus me voir, ni n’ont rendu visite à ma famille. Mais lorsque je vois qu’un Karim que j’ai combattu, cherche le numéro de téléphone de ma femme pour compatir à ma cause et me dédicacer un geste symbolique, même si cela n’atteint pas les 500.000 f CFA, c’est de la dépense hebdomadaire en moins de ma poche pour mon foyer. Et même si c’était 10 francs CFA, c’est un geste qui m’est allé droit au cœur. Il y avait des gens qui pouvaient en faire autant et qui ne l’ont pas fait … »
Après avoir déclaré à brûle-pourpoint au sortir d’une audience du procès Khalifa Sall le 3 janvier 2018 que « le candidat à la présidentielle de la coalition Manko Taxawu Senegaal est Idrissa Seck », Bamba s’était extasié devant le Premier ministre Boun Dionne venu avec une forte délégation — et un « diakhal » très consistant — lui présenter les condoléances du chef de l’Etat à l’occasion du décès de son oncle. « Monsieur le Premier ministre, je vous demande de passer mes salutations à mon grand frère le président de la République, Macky Sall. C’est un homme bon. Certains ne savent pas faire la distinction et ils disent « est-ce qu’il ne veut pas transhumer ? »
Moi je serai un socialiste à vie, mais je ne rabaisserai pas celui qui fait un acte d’une si haute portée à mon endroit. J’ai eu un décès, certains membres de mon parti ne sont même pas venus ici, alors que quelqu’un d’autre, qui n’est même pas du même parti que moi, vient compatir à ma douleur. Et on veut que je les mette au même pied. Non, je ne le ferai jamais », déclarait le maire de la Médina devant une foule de militants, médusée, dépité et déçue de tels propos considérés comme un pied de nez à Khalifa Sall emprisonné.
Voulant témoigner au président Sall toute sa gratitude pour cet « acte de haute portée et haute signification », l’édile de la Médina avait renchéri : « Que le président de la République, avec tous mes mots acerbes que je lui envoie dans le cadre de la politique, m’envoie son Premier ministre, cet homme qui lui est si cher, pour venir me témoigner sa compassion, je salue vraiment cet acte. Te teranga dinako fay (Je le lui revaudrai, en wolof). Moi je n’ai pas de maître en politique. Ce que le Président vient de faire, si cela ne suffit pas à quelqu’un, rien ne lui suffira. Car c’est très fort. Dis au Président que c’est un acte fort, je suis comblé. Je lui rendrai la monnaie de sa pièce ».
Des propos fortement critiqués par les khalifistes qui les considéraient comme un acte de trahison à l’endroit de leur leader illégalement embastillé. Vu la facilité avec laquelle GSB est éliminé de la course pour la ville de Dakar, et même si un recours est déposé au niveau de la cour d’Appel, il y a de quoi douter de la sincérité de Bamba Fall. Là, il faut souligner qu’en signant avec « réserve » le papier préfectoral qui atteste qu’il a déposé des dossiers incomplets, il reconnait de factoles motifs du rejet. Ce qui amincit, pour ne pas dire anéantit, l’espoir de Bougane de trôner à la tête de la ville de Dakar. Une forclusion pour laquelle il doit dire merci à son allié Bamba Fall !
KHOUREYCHI BA PERSISTE QUE SON CLIENT EST DANS L’ŒIL DU CYCLONE
Le teigneux avocat est revenu à la charge pour faire savoir que « la vérité attend et le mensonge est pressé. »
Sa dernière sortie intitulée « Barthélemy Dias dans l’œil du cyclone ! » avait suscité beaucoup de réactions de part et d’autre. Elle avait même poussé le Procureur général à monter au créneau pour « rétablir la vérité » et aller à contre-courant contre les dires de Me Khoureychi Ba. Mais, l’avocat de Barthélemy Dias semble n’avoir cure de tout ce tollé suscité par sa réaction quelques heures après l’annonce de la convocation de Barthélémy Dias devant la Chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Dakar, aujourd’hui mercredi 10 novembre 2021.
Le teigneux avocat est revenu à la charge pour faire savoir que « la vérité attend et le mensonge est pressé. » « Je persiste, je signe deux fois et je souligne trois fois : Barthélémy Dias est dans l’œil du cyclone ! Cette formule, semble-t-il, a provoqué une crise d’urticaire chez certain sicaire, petite frappe qui ne mérite aucun autre commentaire de ma part. Cela dit, je n’ai pas versé dans la communication d’influence. Ni travesti les faits. Encore moins menti. Ou manipulé qui que ce soit, comme veut le faire accroire ce commissionnaire prospère qui n’est en fait qu’un vil mercenaire n’ayant pas supporté l’ivresse du passage trop brutal de la sacristie à la chaire. Mais qui vivra tôt ou tard dans sa chair les affres des mauvais actes qu’il a eu à enfiler le long de son parcours tortueux », soutient l’avocat de Barthélemy Dias.
Pour l’histoire, le 07 Juillet 2021, Me Ba souligne qu’il n’était pas devant « la Chambre correctionnelle 3 de la Cour d’Appel, contrairement à notre client prévenu qui avait bel et bien comparu, assisté par un autre excellent confrère, mais n’était pas resté pour connaître la date de renvoi. » Me Khoureychi Ba de marteler en ces termes : « Il est donc légitime que je marque ma surprise pour ce qui s’est passé ce 04 Novembre. Tout comme d’ailleurs Barthélémy DIAS, qui a su le mieux décrire pour l’avoir vécue l’ambiance de cette audience précitée du 07 Juillet. Notre bonne foi à tous les deux est manifeste. Et c’est ce qui importe. ».
« Si à Dieu ne plaise Dakar ou le Sénégal brûle un jour, on ne sait que trop entre quelles mains... »
Pour le reste, Me Khoureychi Ba a tenu à rassurer les uns et les autres, « au premier rang desquels l’honorable Procureur Général qui a su rallier sans effort et au fil de toutes ces décennies passées toutes les estimes, tous les respects au sein de notre famille judiciaire à force d’exceller dans l’honnêteté et le sens aigu de la dignité, qui a pu hélas être berné ou mal renseigné ...et au dernier rang desquels ce chef en sorcellerie et mythomane zélé qui ne jaspine que lorsque la télécommande est activée pour lui passer une commande publique en procédure d’urgence : je ne suis pas et ne serai jamais un pyromane. » « Si à Dieu ne plaise Dakar ou le Sénégal brûle un jour, on ne sait que trop entre quelles mains seront retrouvés la mèche et le briquet ... A bon entendeur salut. Allons seulement ! La vérité n’a pas fini de lacer ses chaussures que le mensonge a fait le tour du monde », conclut l’avocat de Barthélemy Dias. Sacré Me Cheikh Khoureychi Bâ et chapeau bas pour cette parfaite maîtrise de la langue de Molière !
Moustapha Name revient de loin. Le milieu de terrain évolue actuellement en Ligue 2 avec Paris FC où il effectue une bonne saison avec 13 matchs, un but et une passe décisive. Avant d’en arriver à ce stade, le joueur de 26 ans est passé par plusieurs obstacles qu’il a confessés dans un entretien avec So Foot (Extraits).
Moustapha, comment juges-tu la période actuelle du Paris FC ?
En début de championnat, on a eu une période délicate. On a enchaîné des mauvais résultats et le contenu n’était pas flamboyant. Mais le groupe remonte bien la pente et peut maintenant espérer plus grand. Le PFC s’est stabilisé en Ligue 2 depuis plusieurs années et ça serait mentir que de dire que l’on ne vise pas plus haut.
L’objectif c’est donc d’enfin franchir les play-offs ?
Le club a souvent loupé le coche en toute fin de saison. Les play-offs sont donc un premier objectif à aller chercher. Le prix à payer, c’est que ce système est très long pour les clubs de Ligue 2. C’est un vrai marathon et il est souvent difficile de tenir la distance.
Cette idée de marathon représente assez bien l’ensemble de ta carrière…
Disons que j’ai mis un peu de temps avant de me lancer. Et pourtant, ça aurait pu se décanter très vite pour moi, dès mes débuts au Dakar Sacré-Cœur. En 2011, j’ai été sollicité par le Chievo. Tout s’était bien passé et j’aurais pu rejoindre l’Italie dans la foulée. Malheureusement, j’étais encore mineur, mon club s’est chargé des négociations et ça ne s’est jamais fait, allez savoir pourquoi. Le plus frustrant, c’était de ne pas avoir son mot à dire. Cet épisode m’a particulièrement marqué. Tu es pourtant issu d’une famille assez proche du monde du football. C’est vrai. Dans la famille, il y a beaucoup de footeux : mon père a joué en première division sénégalaise, mon grand frère Abdoulaye était professionnel au Portugal et mon oncle, Amadou Mbodj a longtemps joué à Besançon en D2. Donc oui, je viens d’un milieu assez «privilégié». C’est une force. Surtout quand on vient d’un pays comme le Sénégal, où tout le monde veut devenir footballeur mais où la moitié échoue. Je n’ai pas de quoi me plaindre.
Malgré tout, tu as enchaîné les galères avant de t’installer en Europe.
C’est à partir de 2014 que c’est parti dans tous les sens. À ce moment-là, j’évoluais avec l’Avenir de Dakar. J’étais censé signer à Louhans-Cuiseaux dont l’entraîneur était Bruno Ferry, mon ancien coach à Sacré-Cœur. Mais le temps d’obtenir un visa, le club était relégable en CFA2 et le projet devenait de moins en moins intéressant. Juste après, je reçois une proposition de Lokeren. Tout se passe bien, les dirigeants veulent me faire signer mais je dois à nouveau faire face à des soucis de papiers. J’avais un visa touriste de 30 jours mais arrivé au moment des tests, ce dernier expirait. Je me suis donc retrouvé pendant six mois en Belgique en situation irrégulière, sans pouvoir travailler. Je m’entraînais avec la réserve et je faisais quelques matchs amicaux sans licence.
Elles ressemblaient à quoi tes journées ?
J’enchaînais les essais en Belgique et un peu partout en France. J’ai par exemple tenté l’aventure à Colmar, mais sans visa c’était mort. Je traînais de mairie en mairie et l’administration c’est terrible (rires). À chaque fois, il y avait un document ou une signature qui manquait. Heureusement, en Belgique, j’avais pu rencontrer Patrice Bodian, un préparateur physique sénégalais avec qui je pouvais m’entraîner. Mon frère m’a beaucoup aidé en sollicitant d’anciens coéquipiers pour veiller sur moi. C’est à ce moment-là que tu te rends compte de l’importance de ton entourage et de la chance que tu as. Je pense notamment à Deme N’Diaye (ancien joueur du RC Lens, NDLR) qui m’a longtemps hébergé dans le Nord.
Tu finis donc par rentrer au Sénégal ?
C’était dur. Psychologiquement, j’étais au fond du trou. Rentrer au pays était synonyme d’échec pour moi. J’avais réussi à me sortir de la merde en quittant le Sénégal et là, il fallait que je retourne à Liberté 4 (son quartier dakarois, NDLR). Mais je me suis fait violence. J’en ai parlé avec ma famille puis avec Deme et ils étaient tous d’accord : il fallait que je rentre pour reprendre à zéro. Le problème, c’est que je n’avais aucun projet. Ni proposition, ni contrat. Ma chance, je la dois encore à Patrice Bodian. Il a quitté son poste de préparateur physique pour devenir l’entraîneur de l’AS Douanes à Dakar. En débarquant au pays, je suis l’une des premières personnes qu’il contacte. Je lui ai tout de suite dit oui. Je voulais qu’il me sorte de cette situation.