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21 juin 2025
KOLDA, LE POSTE DE SANTE DE DIAOBE DEBORDE
Le paludisme, le diabète et l’hypertension artérielle sont les principaux motifs de consultations médicales au poste de santé de Diaobé, département de Vélingara. L’établissement sanitaire reçoit 80 à 100 patients par jour.
Le paludisme, le diabète et l’hypertension artérielle sont les principaux motifs de consultations médicales au poste de santé de Diaobé, département de Vélingara. L’établissement sanitaire reçoit 80 à 100 patients par jour. Des acteurs plaident pour que ce poste de santé soit transformé en centre de santé, pour soulager davantage les populations de la localité.
En cette matinée du jeudi, il est plus de 10 h. Le poste de santé grouille de monde. Diaobé, rendu célèbre grâce à son marché hebdomadaire, le plus grand de la sous-région, est un carrefour. Un lieu de rencontre qui reçoit beaucoup nationalités. Et la salle d’attente du poste de santé est souvent bondée de patients. Dans les salles d’hospitalisation et de consultation, les techniciens de la santé s’affairent autour des patients. A côté, les accompagnants ne se plaignent pas de l’accueil au niveau du poste de santé.
‘’C’est ma mère qui est malade. Je l’ai emmenée ici. Mais depuis que nous sommes arrivés, j’ai constaté sincèrement que les infirmiers s’occupent bien des patients. Chaque 20 à 30 minutes, il y a un infirmier qui passe dans les salles d’hospitalisation voir l’évolution de la santé des malades ; cela réconforte nous les accompagnants’’, souligne Issa Baldé.
A coté de lui, il y a Fatou Diao, une autre accompagnante qui confie que ‘’les infirmiers d’ici font correctement leur travail. Déjà, en accueillant chaleureusement un malade et son accompagnant, cela soulage le patient et participe à même atténuer sa souffrance’’. Binta Sabaly de poursuivre : ‘’Si tous les infirmiers des hôpitaux faisaient comme ça dans les structures de santé, il n’y aurait pas de problèmes entre les accompagnants ou malades et les techniciens de la santé.’’
Les trois pathologies les plus fréquentes à Diaobé
En cette période, certaines pathologies sont plus fréquentes que d’autres. L’infirmier-chef du poste de santé de Diaobé renseigne que le paludisme, le diabète et l’hypertension artérielle sont les plus diagnostiqués dans la zone. ‘’Ici, c’est le paludisme qui fatigue beaucoup les populations. De plus, nous notons certains cas de dermatose, en cette période. Cela est souvent lié à des allergies ou certaines conditions qui ne riment pas avec l’hygiène’’, précise Sidy René Traoré.
D’après lui, l’autre fait inquiétant, ‘’c’est le taux important des personnes qui souffrent de diabète HTA et d’hypertension qui sont nombreux dans la zone. Je pense qu’on doit faire des études pour savoir les causes de ce nombre élevé de cas. Le poste de santé de Diaobé couvre une population de 21 mille 960 habitants’’, soutient-il.
Diaobé veut avoir un centre de santé
Du fait de la fréquentation de la ville pour les activités commerciales et de sa nombreuse population cosmopolite, le poste de santé de Diaobé est très sollicité, alors que le personnel soignant est insuffisant. Le secrétaire exécutif du poste de santé de Diaobé estime, ainsi, qu’il faut ériger le poste en centre de santé.
‘’Diaobé mérite plus qu’un poste de santé. Vous avez vu de vos propres yeux le nombre de patients que le poste reçoit par jour. Tous les jours que Dieu fait, il y a entre 80 à 100 patients qui sont consultés. Cela avec un nombre insuffisant d’infirmiers. Parce qu’il y a beaucoup de nationalités qui se rencontrent ici, surtout le jour du marché hebdomadaire’’, dit Boubacar Diallo.
Diaobé qui veut un centre de santé accueille, chaque mercredi, le marché hebdomadaire sous-régional, le ‘’louma’’, très fréquenté par les ressortissants des pays frontaliers du Sénégal.
COP 26, L'ONU DONNE SON IMPRESSION
La neuvième journée de la COP26 était réservée à l’étude de la situation plus vulnérable des femmes face au changement climatique.
La neuvième journée de la COP26 était réservée à l’étude de la situation plus vulnérable des femmes face au changement climatique.
Ce qu’il faut retenir :
La COP26 s’attarde sur la situation des femmes face au changement climatique
La COP26 a réservé la journée du 9 novembre à l’étude de la situation des femmes face au changement climatique. Dans un communiqué de présentation, la Conférence rappelle ainsi que les femmes sont, dans tous les pays, « plus dépendantes des ressources naturelles pour vivre, et/ou sont aussi celles qui ont une moindre capacité à réagir face aux catastrophes naturelles, comme la sécheresse, les glissements de terrain, les inondations et les ouragans ».
Sur Twitter, la COP26 avance aussi que 80 % des habitants déplacés à cause du changement climatique sont des femmes et des enfants. L’inégale implication des femmes (par rapport aux hommes) dans les processus de prise de décisions et sur les marchés du travail « aggrave les inégalités et les empêche de prendre leur entière part » dans la lutte contre le réchauffement climatique, pointe encore la conférence.
Enfin, la COP26 « reconnaît l’importance d’une égale implication des femmes et des hommes dans le processus, et dans le développement et l’application de politiques climatiques nationales égalitaires ».
Impact limité des engagements des Etats sur la hausse des températures
Les tout nouveaux engagements des Etats sur le climat mèneraient toujours vers un réchauffement des températures de 2,7°C, au mieux 2,1°C en prenant en compte les promesses de neutralité carbone, selon la dernière estimation de l’Organisation des nations unies, publiée mardi. Le rapport annuel de référence du Programme des Nations unies pour l’environnement, publié juste avant la conférence pour le climat à Glasgow, mettait en garde contre un réchauffement « catastrophique » de 2,7°C, ou de 2,2°C.
Avec les engagements de 33 nouveaux pays pendant la COP26 – dont le Brésil, l’Argentine, et surtout l’Inde, qui a renforcé ses objectifs de réduction d’émissions pour 2030 et annoncé la neutralité carbone pour 2070 –, ces prévisions ne changent toutefois que de façon minime. Les engagements actuels de 152 pays, représentant 88 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, permettraient de réduire les émissions de 4,8 gigatonnes (gt) d’équivalent CO2 supplémentaires d’ici 2030, contre 0,7 gt lors de la précédente estimation.
« Quand on regarde ces nouveaux engagements, franchement, c’est la montagne qui a accouché d’une souris », a amèrement réagi la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Inger Andersen.En termes de trajectoire de température, le monde se dirigerait toujours vers une hausse de 2,7°C d’ici 2100, très loin des objectifs de l’accord de Paris de limiter le réchauffement bien en deçà de 2°C, si possible à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. En ajoutant les nouvelles promesses de neutralité carbone, la hausse de température pourrait être limitée à 2,1°C, soit 0,1°C de mieux que la précédente estimation.
La déclaration du jour :
« Il nous faut une empathie climatique, c’est peut-être un terme nouveau mais c’est ce qu’il faut, l’empathie du Nord vers le Sud, et entre citoyens. Et l’empathie ne signifie pas pitié. »
Baomiavotse Vahinala Raharinirina, la ministre de l’environnement malgache, a fait entendre mardi la souffrance des habitants de son pays. La moitié sud de cette île de l’océan Indien est frappée par une sécheresse inédite depuis quarante ans, qui a précipité plus de 1,3 million de Malgaches dans une malnutrition aiguë. Trente mille d’entre eux souffrent désormais d’une véritable famine, la première provoquée par le changement climatique dû aux activités humaines, a récemment annoncé le Programme alimentaire mondial.
L’image du jour :
Le ministre des affaires étrangères de l’archipel des Tuvalu, Simon Kofe, a déclamé son discours à la Conférence internationale sur le climat COP26 de l’eau jusqu’aux cuisses pour dénoncer, un « changement climatique et [une] montée du niveau de la mer mortels », le 9 novembre 2021. « Nous sommes en train de couler mais le reste du monde aussi », a-t-il prévenu, au nom des huit îles et 12 000 habitants des Tuvalu. HANDOUT / AFP
Le tour du monde :
Le pays, aux marges de l’Arctique, subit un fort réchauffement qui entraîne un déclin accéléré des glaciers, pourtant emblématiques de cette terre de glace. Le changement climatique pourrait aussi multiplier les glissements de terrain à l’avenir.
Les mots pour comprendre la COP26 :
Adaptation
Même dans l’hypothèse d’une réduction draconienne des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les sociétés humaines et les territoires vont devoir s’adapter aux conséquences inévitables du réchauffement. Les mesures permettant de limiter leur vulnérabilité touchent tous les domaines : protection des zones littorales menacées de submersion, gestion plus économe des ressources en eau, nouvelles pratiques agricoles et forestières, systèmes d’alerte contre les tempêtes, villes « durables »…
Certains pays ont adopté des plans nationaux d’adaptation au changement climatique. Mais, dans tous les cas, la planète n’évitera pas des crises majeures et des flux massifs de réfugiés climatiques (en provenance des Etats insulaires victimes de la montée des océans ou des régions frappées par des sécheresses), d’autant que les pays du Sud, les plus menacés et les plus pauvres, sont les moins bien armés pour mettre en œuvre des politiques d’adaptation.
Le chiffre :
1 million
C’est le nombre d’espèces animales et végétales qui risquent de disparaître de la surface de la Terre et des océans dans les prochaines années. Ce constat alarmant s’appuie sur un rapport de plus de 1 700 pages, fruit de trois ans de travail mené par plusieurs centaines d’experts, sur l’état de la biodiversité mondiale. Selon cette étude, 75 % de l’environnement terrestre est « gravement altéré ». Et 66 % de l’environnement marin est touché. Dans ce désastre, la part de responsabilité des humains est immense. Pour Franck Courchamp, écologue et chercheur au CNRS, tout n’est pourtant pas perdu. Les Etats doivent prendre immédiatement les mesures qui s’imposent, et les citoyens changer de comportement.
Des solutions pour la planète :
Commander un tee-shirt à 10 euros livré chez soi en vingt-quatre heures dans un colis aux trois quarts vide, et le renvoyer gratuitement trois jours plus tard. Et alors, où est le problème ? Même sensibilisés aux enjeux climatiques, on évalue mal l’impact de nos commandes.
PAR Damien Glez
PAUL BIYA, ÉTERNELLEMENT PRÉSIDENT
L’octogénaire président camerounais vient de célébrer ses 39 ans au pouvoir. Et les partisans de son parti, le RDPC, évoquent déjà un huitième mandat à l’horizon 2025…
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 10/11/2021
La célébration n’a pas manqué des deux ingrédients classiques de cet exercice d’anniversaires politiques exceptionnels : les déclarations sirupeuses et les vœux de longévité au pouvoir. Pour le premier des ingrédients, une chanson à la gloire de Paul Biya a été composée et interprétée dans les villes et villages du Cameroun.
Vers un huitième mandat ?
En ce qui concerne les vœux de longévité au pouvoir, c’est Henri Eyebe Ayissi qui était à la manœuvre. À la tête d’une délégation du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, le parti présidentiel), dans le chef-lieu du département de la Lekié, le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières a affirmé que la formation politique souhaitait former un consensus national pour que le chef de l’État brigue un huitième mandat consécutif.
EXCLSUIF SENEPLUS - Qui va encore accorder le moindre crédit à cet individu qui n'a rien, d'un homme d'État, qui est plutôt un politicien pur et dur et se comporte quotidiennement comme tel depuis son accession à la magistrature suprême ?
C'est terrible, ce qui nous arrive au Sénégal. Est-ce vraiment cet homme-là aux mille visages hideux qui nous gouverne depuis le 2 avril 2012 ? Est-ce vraiment à lui que le peuple a renouvelé son
mandat le 25 mars 2012 ? Est-ce vraiment cet homme, dont la parole ne vaut plus un kopeck, qui arrive toujours à manipuler une partie importante de nos magistrats, de nos forces de défense et de sécurité ainsi que des autorités administratives ? Est-ce lui, la concentration des plus vilains vices, qui arrive à se faire encore recevoir avec tous les honneurs par nos chefs dits religieux ?
Quelle Sénégalaise, quel Sénégalais va encore, après avoir écouté cette vidéo, accorder le moindre crédit à cet homme ? Cet homme protecteur sans état d'âme des plus gros voleurs de sa famille, de son parti et de sa coalition ? Cet homme père nourricier de la corruption, des détournements de deniers publics et de bien d'autres forfaitures consubstantielles à sa gouvernance meurtrie de déjà neuf bonnes années ?
Qui va encore accorder le moindre crédit à cet individu qui n'a rien, vraiment rien d'un homme d'État, qui est plutôt un politicien pur et dur et se comporte quotidiennement comme tel depuis son accession à la magistrature suprême ?
Oui, cet individu n'a rien d'un homme d'État. N'est-ce pas lui qui, publiquement le 31 décembre 2018, ne s'est pas gêné le moins du monde à prendre sans état d'âme la défense d'un Cheikh Oumar Hanne, dont le lourd dossier était sur la table de son procureur de la République ? N'est-ce pas lui, qui pourtant dans les habits de président de la République a osé déclarer publiquement qu'il se fixait pour objectif scélérat de "réduire l'opposition à sa plus simple expression" ? N'est-ce pas lui, encore lui qui reconnaît toujours publiquement que s'il n'avait pas mis son coude sur de nombreux dossiers, beaucoup de gens iraient en prison ? N'est-ce pas lui, toujours lui qui, dès le lendemain de sa réélection, déclare sans vergogne vraiment, qu'il n'est plus dans le temps des manoeuvres ?
C'est encore lui qui déclare que, quand une affaire est en cours, il demande à son garde des Sceaux, ministre de la justice, ce qu'il en pense et, après que ce dernier, ayant aussi demandé l'avis de son procureur de la République, reconnaît la sensibilité du dossier, il le classe purement et simplement sans suite.
C'est lui qui, c'est lui qui .......
C'est lui qui, pour notre malheur, est à la tête de notre pauvre pays depuis le 2 avril 2012 et qui va tenter d'y rester au-delà de 2024. Et qui, s'il n'y parvenait pas, enfourcherait le cheval Idrissa Seck ou Karim Wade.
Sommes-nous maudits au point d'avoir successivement comme présidents de la République Abdoulaye Wade, Macky Sall, Idrissa Seck ou Karim Wade ? Nous avons beau être ce que nous sommes, mais nous ne devrions quand même pas nous laisser faire à ce point.
En tout cas moi, Mody Niang, je ne supporte pas le président-politicien Macky Sall. Je ne suis pas capable de l'écouter, ni de le regarder à la télévision. Dès que son image apparaît, je change de chaîne ou éteins carrément l'appareil.
Non point que je le haie, comme me le reprochent nombre des ses courtisans, mais que je supporte mal, très mal sa nauséabonde gouvernance.
Je ne le hais point, ni lui, ni son "père", ni ses deux "frères". La haine ne m'habite pas. Si je devais haïr quelque chose d'eux, ce serait la mal gouvernance, la très mauvaise gouvernance qu'ils incarnent, eux et tous ceux qui leur ressemblent.
Mobilisons-nous, pour les bouter hors du pouvoir politique en février-mars 2024 !
MBOUGAR EST UN DÉMENTI AU PESSIMISME SUR L'INTELLIGENTSIA AFRICAINE
Souleymane Bachir Diagne réagit au Prix Goncourt décerné à l'auteur sénégalais pour son roman La plus secrète mémoire des hommes
Pour la première fois, un écrivain d'Afrique subsaharienne reçoit le plus prestigieux des prix littéraires français, le prix Goncourt. Le jeune romancier sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a été récompensé pour son livre intitulé "La plus secrète des mémoires". L’ouvrage s’inspire de l’histoire de l’écrivain malien des années 60, Yambo Ouologuem, accusé de plagiat et mort dans l’anonymat en 2017.
Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall parle de "magnifique consécration" pour son compatriote de 31 ans, auteur de cinq ouvrages. Autre réaction, celle de l’écrivain et philosophe Souleymane Béchir Diagne pour qui ce prix vient démentir la rhétorique sur le déclin de la littérature africaine. Il est joint à New York par Abdourahmane Dia.
par l'éditorialiste de seneplus, Ousseynou Bèye
CONFLUENCE, LE COUP DE MAÎTRE D’ALPHA YOUSSOUPHA GUÈYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Quelle est la place des religions révélées dans la pensée de Cheikh Anta ? Quelles sont les perspectives de la pensée de Cheikh Ibrahima Fall ? Des pistes de réponses à ces questionnements sont formulées dans le nouveau livre (2/2)
Ousseynou Bèye de SenePlus |
Publication 10/11/2021
Qui était Cheikh Anta Diop, et quel a été son apport à la Science et à l’Histoire ?
L’auteur nous sert une présentation limpide, sans équivoque :
Au regard de tous les enjeux que ses travaux ont suscités, Cheikh Anta Diop fut un génie comme rarement le monde moderne en a connu. Il était tout à la fois, anthropologue, historien, linguiste, mathématicien, chimiste, physicien, égyptologue… et homme politique. Ses fascinants travaux qui ont pour épicentre la restauration de la conscience nègre ont été pionniers par leur transversalité et leur impact sur les peuples africains, dans la connaissance de ces mêmes peuples africains.
Au-delà de cette présentation synthétique, l’écrivain va aller en profondeur, comme à son habitude, pour mieux connaître et faire connaître l’homme qui se cache derrière le savant. Et, en homme de science, Alpha Youssoupha aura d’abord fini de partager avec nous sa méthodologie :
Aussi, il sera intéressant de connaître ses parents, sa famille élargie, en somme sa généalogie. Revenir sur quelqu’un qui a laissé une empreinte sur l’histoire du Sénégal parmi les siens et chercher comment son esprit a été forgé dès le bas-âge sera bénéfique. Toutes ces approches seront utiles pour saisir l’homme. Le rôle crucial de l’éducation de base chez l’enfant se vérifie chez Cheikh Anta Diop. Ce mélange d’influences a généré un résultat qu’il faut scruter pour en tirer des enseignements qui pourront être utiles aux systèmes éducatifs africains.
C’est le moment pour l’auteur de questionner, en toute humilité mais aussi avec toute la pertinence requise, la dimension intellectuelle du savant. D’abord ce qu’Alpha Y. Guèye appelle laposture épistémologique de Diop, et citant Pathé Diagne (« Cheikh Anta Diop et l’Afrique dans l’histoire du monde » Sankoré/L’Harmathan) :
« Diop a toujours respecté le protocole de recherche scientifique. Il disait du mimétisme intellectuel : « L’usage de l’aliénation culturelle comme arme de domination est vieux comme le monde ; chaque fois qu’un peuple en a conquis un autre, il l’a utilisé… il devient donc indispensable que les Africains se penchent sur leur propre histoire et leur civilisation et étudient celles-ci pour mieux se connaître, arriver ainsi par la véritable connaissance de leur passé à rendre périmées, grotesques et désormais inoffensives ces armes culturelles. »
Et Guèye de renchérir :
Tout se joue sur la conscience et la connaissance de soi qui constituent le combat que les peuples doivent gagner. C’est un travail qui n’est pas évident d’autant que c’est l’arme principale de domination qui a opéré pendant l’esclavage et la colonisation. Tous les théoriciens de la domination raciale tels qu’Hegel ou Gobineau ont utilisé ce procédé… Malgré les incompréhensions et les procès d’intention provenant d’intellectuels africains, au-delà de l’adversité des intellectuels occidentaux à laquelle il faisait constamment face, il n’a pas dévié de son objectif et de sa posture.
Se fondant sur la conviction de Cheikh Anta Diop selon laquelle « Le rôle de l’histoire dans l’existence d’un peuple est vital », l’auteur souligne le sens de l’histoire qui habitait le savant. N’est-ce-pas d’ailleurs ce dernier qui a conçu et théorisé la notion de « conscience historique » ? Et Guèye de relever les propos de l’historien :
« Sans conscience historique, les peuples ne peuvent être appelés à de grandes destinées. Si en se libérant du colonialisme et de l’impérialisme, les différents pays d’Afrique noire doivent former un état multinational démocratique allant de la Libye au Cap, de l’Océan Atlantique à l’Océan Indien, il importe, dès à présent, d’introduire dans la conscience de ces peuples, le sentiment de leur communauté historique. Celle-ci n’est pas une fiction. »
Alpha Youssoupha ne boude pas son plaisir et en rajoute une couche :
La conscience historique accélère la connaissance de soi et fonde des repères qui renforcent l’estime de soi. Savoir que son peuple a été capable de si belles choses, a créé la civilisation la plus brillante qui soit sur les plans technique, scientifique, économique et spirituel constituant les problématiques les plus actuelles de notre époque, permet de voguer allègrement vers un devenir plus radieux.
Et il ne manque pas de faire le lien avec la source islamique :
La quête de la conscience historique répond à la célèbre tradition prophétique : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras ton Seigneur » (sentence du Prophète Mohamed – PSL -). Cheikh Anta Diop a aidé à creuser ce soi africain pour découvrir les trésors d’une civilisation bâtie par les Noirs.
Au-delà de la posture épistémologique du savant et de sa contribution à la connaissance de l’Histoire de l’Humanité, Guèye met l’accent sur son apport à la philosophie universelle :
Il synthétise les pensées des grands philosophes tels que Descartes, Leibniz, Kant qui mettent en lien les théories des philosophes et celles des scientifiques.
Youssoupha en tire sa propre conclusion :
Cheikh Anta Diop met un lien entre la philosophie, ses applications scientifiques et la justification de l’actualité de la religion. En partant de la biologie moderne, il discute de l’imaginaire chez l’homme qui lui, montre ses limites devant l’infini.
A méditer !
Ayant débusqué le savant, le scientifique mondialement respecté, Alpha Youssoupha ne s’arrête pas en si bon chemin et, nous tirant à sa guise, il nous guide pour explorer tour à tour : l’origine familiale de Cheikh Anta, ses ancêtres, son terroir originel du Guet et le processus d’islamisation de ce terroir, son environnement familial et religieux, les alliances des Diop de Koki avec des familles royales du Kajoor (Cayor), et, pour finir, sa filiation.
S’agissant précisément de sa filiation, Guèye emprunte la plume au fils du savant, Cheikh Mbacké Diop, physicien comme son père, qui précise (« Cheikh Anta Diop, l’homme et l’œuvre ») :
« Cheikh Anta Diop est né au Sénégal le 29 décembre 1923 dans la région de Diourbel où se situe le village familial, Caytu, à environ 150 km à l’est de Dakar. Cette région est le Baol-Kayoor (Cayor) dont la langue est le wolof. Le nom de la mère de Cheikh Anta Diop est Magatte Diop, et celui de son père Massamba Sassoum Diop. Son grand-père maternel est celui que l’on appelle encore aujourd’hui « Le Vieux Massamba Sassoum ». C’est auprès de lui que repose Cheikh Anta Diop dans le village de Caytu. Le père de Cheikh Anta Diop est décédé très peu de temps après la naissance de son fils. Sa mère s’est éteinte en 1984. Mame Magatte, comme on l’appelait avec affection et respect, était unanimement louée pour son courage, son extrême générosité, sa droiture. »
Guèye nous fera vivre l’évolution du jeune garçon, orphelin de père, dans la grande concession (Kër gu Mag) de son père adoptif, Cheikh Ibrahima Fall, le maître spirituel Làmp Faal et époux en secondes noces de sa mère.
Une autre épisode qu’Alpha Youssoupha Guèye se fera le plaisir de nous rendre témoins sera la rencontre à haute portée émotionnelle entre l‘adolescent Diop et le guide Cheikh Ahmadou Bamba ; rencontre qui est aujourd’hui encore l’objet de moult commentaires et supputations de la part des historiens traditionnels.
Toujours avec notre guide, nous continuons notre exploration qui va nous conduire encore dans le monde de l’enfance, de l’éducation et de la formation de Cheikh Anta : entre la contrée mouride (Touba, Diourbel), l’agglomération de Saint-Louis et Dakar, la capitale. Ville d’où il partira pour la France poursuivre ses humanités avec deux baccalauréats (Math Elem et Philosophie) décrochés la même année 1945.
Le lecteur découvrira avec curiosité les péripéties qui ont jalonné cette période de jeunesse de celui qui deviendra l’illustre savant que l’on connaît aujourd’hui. Aussi, les influences fortes qu’il a eu à subir, notamment celle de son cousin et ami Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma à qui l’auteur consacre tout un chapitre (un long chapitre !). Mais le lecteur comprendra surtout combien ce Royaume d’Enfance a engendré, a bâti, a façonné cette forte personnalité au caractère si trempé et à l’érudition hors du commun.
Le lecteur dès lors, ne s’étonnera plus, comme le chercheur Abdoul Aziz Mbacké Majalis (La vision politique de Cheikh Ahmadou Bamba, L’Harmattan), dont Alpha Youssoupha nous rapporte la pertinente interpellation :
« Qui aurait cru que Cheikh Anta Diop, l’illustre parrain de la première université du Sénégal, l’icône de l’intellectualisme panafricain, ait pu recevoir une partie de son éducation de base chez les Baye-Fall, cette singulière frange des mourides considérée généralement par tous les chercheurs comme la plus obscurantiste et féodale ?»
En France Cheikh Anta Diop mènera de front études et militantisme.
Il fréquentera Alioune « père » Diop et les autres « grand-frères » Aimé Césaire, Price Mars, Léopold Sédar Senghor, Richard Wright… Cependant son long séjour dans la capitale française sera surtout marqué par les combats épiques qu’il mènera contre l’establishment de l’Université française, adepte de la « falsification de l’Histoire ». Ce long et rude combat sans merci sera marqué notamment par la publication de Nationsnègres et Culture en 1954, et vingt ans plus tard par le fameux Colloque du Caire qui consacrera définitivement la véracité et la reconnaissance universelle de ses thèses, avant l’épilogue qu’a constitué le très suivi Symposium Sankoré de Dakar. Le Colloque du Caire fut une rencontre historique où le savant fit bénéficier à ses pairs égyptologues d’un cours magistral et sur la langue wolof… Élevant ainsi les langues africaines non plus seulement à leur dimension de Patrimoine national, mais aussi en instrument de travail et en outil scientifique. Ce que Nations Nègres… avait déjà présagé, mais ce dont hélas les Sénégalais sont encore en attente de bénéficier !
Bien évidemment, notre auteur reviendra largement sur ces thèses aujourd’hui bien connues et largement acceptées dans les milieux universitaires, mais dans une perspective actualisée. Celles-ci tournent autour des questions de l’antériorité de l’homme noir dans l’histoire de l’Humanité ; la magnificence de la première civilisation de l’Histoire, l’Égypte pharaonique et son identité noire africaine ; la conscience historique des Africains et leur rapport à l’Universel ; l’importance fondamentale des langues nationales dans le développement économique et culturel des nations ; et aussi le devenir de l’Afrique qu’il ne conçoit que dans la perspective de l’unité du continent qu’il théorise sur des bases scientifiques.
L’auteur ira plus loin, en cherchant à dégager les enseignements à tirer de l’œuvre des « deux Cheikh ». Ce faisant, Confluence… apporte des réponses à des questionnements de taille. Par exemple : Quelles sont les indications précises sur la lecture de la continuité historique, concept-clé dans la perspective de Diop ? Quelle est la place des religions révélées dans la pensée de Cheikh Anta Diop ? Comment mesurer la contribution de ce dernier à une compréhension renouvelée de bien des aspects des textes sacrés ? Quelles sont les perspectives actualisées de la pensée et de l’action de Cheikh Ibrahima Fall ? Quel modèle de société et quel système éducatif émergent du rapprochement de ces deux figures exceptionnelles dont il nous a été donné de disséquer les oeuvres ? Quelle relation la science et la religion devraient-elles entretenir pour les Africains ?
Ainsi, Alpha Youssoupha Guèye s’appesantira encore sur l’analyse de ces œuvres pour en dégager les riches enseignements à retenir pour la postérité, en s’engageant dans la problématique des convergences, de la confluence des « deuxCheikh ». Le lecteur découvrira des pistes de réponses à tous ces questionnements… en se délectant de Confluence…
EXCLUSIF SENEPLUS ET SUD QUOTIDIEN – Tous mes romans tentent d’interroger la condition humaine, ce qui fait de nous, où que nous soyons, des êtres humains, solidaires dans nos angoisses, nos désirs, nos tragédies - ENTRETIEN AVEC MOHAMED MBOUGAR SARR
Vieux Savané et René Lake |
Publication 10/11/2021
Auréolé du Goncourt 2021, Mohamed Mbougar Sarr s'exprime dans cet entretien accordé à SenePlus et à Sud Quotidien (à retrouver dans l'édition de ce jeudi 11 novembre). L'auteur de La plus secrète mémoire des hommes parle de son écriture, de la symbolique de cette prestigieuse récompense, ainsi que de son entrée dans le monde des écrivains qui compte désormais. Il réagit par ailleurs au débat né d'une chronique signée par ses soins sur SenePlus en 2013 à propos de Bercy.
SenePlus - Sud : Cent ans après René Maran, vous voilà à 31 ans, le 2e noir à recevoir le prix Goncourt, le 2e des plus jeunes, et enfin le 1er noir sub-saharien. Comment avez-vous accueilli cette distinction ? La vivez-vous comme une célébration des « Lettres africaines » ?
Mbougar Sarr : Je suis le premier Africain subsaharien, le troisième noir aux côtés de Maran et il ne faut pas oublier Patrick Chamoiseau pour son merveilleux Texaco en 1992, ni Marie Ndiaye pour Trois femmes puissantes en 2009. Mais au fond, cela a-t-il une réelle importance, d’être le premier Noir à faire ceci ou cela, en littérature particulièrement ? La couleur a-t-elle une quelconque importance pour un écrivain ? Insister sur ce point ne conforte-t-il pas l’idée que tout accomplissement effectué par un Africain ou un Noir est un fait exceptionnel, ce qui, à bien y regarder, n’est pas si éloigné d’une vision raciste et coloniale ? La réponse n’est pas simple, mais je pose la question. J’ai accueilli la nouvelle du prix avec la joie simple et pure d’un écrivain qui voyait son livre recevoir une distinction littéraire très prestigieuse. Que cet écrivain soit un Noir du Sénégal, c’est un hasard de la biologie et de la géographie, même si l’Histoire complique la situation. Ce ne sont pas les lettres africaines qui sont célébrées, mais, j’espère, la littérature, que pratique aussi l’Afrique ; et je le dis sans minorer le signal envoyé symboliquement aux lettres de l’espace francophone, singulièrement africain. Car évidemment, j’ai conscience du symbole et du moment historique. C’est un moment important.
Peut-on considérer que ce moment historique met fin à une anomalie ?
Je ne peux ignorer la charge symbolique de ce prix, surtout en ce moment ; mais j’aimerais qu’on parte de la question de la valeur littéraire pour mieux poser celle de la signification et de l’implication politiques. Les deux sont liées, mais l’ordre du discours est important. C’était, en un sens, une anomalie que le livre d’un Africain subsaharien n’ait jamais été récompensé par le prix Goncourt en 120 ans. Cela posait, sur le terrain littéraire, des questions structurelles, des questions de sociologie littéraire liées à la domination coloniale et à ses conséquences, racisme, mépris éditorial, méconnaissance, désintérêt du milieu littéraire et du public français pour la production romanesque de l’espace francophone, singulièrement africain.
Cette anomalie a été « corrigée » avec ce récent prix, mais ce serait une erreur, je crois, de l’inscrire dans un régime d’exceptionnalité, de l’interpréter comme une grâce seigneuriale rare et précieuse. Le voir ainsi voudrait encore dire que c’est une… anomalie historique ; que rien n’a changé ; que ce prix est une simple dérogation et qu’on reviendra bientôt à l’ordre ancien.
Quelle posture adopter alors ?
Il faudrait plutôt affirmer fortement ces trois choses : 1) il y a, depuis plus d’un siècle, de grands textes en français dans tout l’espace francophone africain ; 2) qu’un de ces textes soit reconnu par le Goncourt ne devrait pas, ou plus, étonner ; et enfin, 3), qu’à partir de maintenant, il faudra se battre et rester attentif pour que les romans écrits par des Africains échappent plus aux catégorisations littéraires faciles, aux ghettoïsations éditoriales, politiques et médiatiques, pour circuler pleinement dans l’espace francophone. Jouer dans la bibliothèque et l’espace de l’imaginaire comme y jouent tous les textes littéraires. Prétendre aux plus prestigieux prix littéraires sans que ce soit ahurissant. Et la meilleure manière d’accomplir cela est de mettre en avant la qualité littéraire. C’est pour cela, pour ma part, que j’insiste autant sur la valeur poétique d’abord. Pour le reste, le Prix Goncourt est un formidable encouragement pour moi dans la construction de mon travail, mais aussi pour les écrivains africains, surtout les jeunes. L’avenir est à eux. Ils n’ont plus de complexe à avoir vis-à-vis de la langue ou du milieu français.
Avec ce succès et la notoriété planétaire qui s’en est suivie, vous voilà désormais sorti du confort de l’anonymat. Ne craignez-vous pas que « moi Mbougar Sarr, prix Goncourt » ne vous tétanise, ne soit un poids trop lourd à porter ?
Ce qui est le plus lourd à porter, ce qui a toujours été le plus lourd à supporter, c’est le regard des habitants de la bibliothèque humaine : les grands écrivains et les grandes œuvres. Le Prix Goncourt ne changera rien à cela : devant les œuvres du passé, je me sentirai toujours écrasé, tétanisé. Mais le paradoxe est que c’est aussi cette angoisse qui me fait écrire, jusqu’à présent. Le Prix Goncourt peut stériliser, assécher l’inspiration et la force de travail transformer un écrivain en « agraphe ». Mais il peut aussi libérer, en délivrant son récipiendaire de certaines contingences matérielles, de certaines obsessions. J’espère que j’aurai la force de rester tranquille. J’espère que je continuerai à lire. J’espère que je pourrai encore écrire deux ou trois choses. Mais si ce n’est pas le cas et que je suis tétanisé - ce qui est possible - ce sera mon destin et ce ne sera pas grave. Je retournerais alors chez moi, dans le Sine ; je cultiverais la terre et je mangerais du thiéré et je regarderais les magnifiques crépuscules de mon village.
On pourrait considérer que les thématiques abordées dans vos différents romans se structurent autour de la condition humaine et requièrent par conséquent une dimension universelle, bien loin du « réalisme socialiste », de la littérature de dénonciation, voire de combat. L’universel serait-il une nouvelle forme d’engagement ?
L’engagement est pour la condition humaine, expression que vous avez utilisée, et qui me semble à la fois plus forte et plus intéressante que l’universel. Il est impossible de définir l’universel ; c’est le piège théorique de cette notion, à laquelle, cependant, je veux croire. La définir, c’est déjà l’amputer de l’expérience que l’autre a de l’universel. Il faut que les deux se rencontrent pour faire jaillir un universel, un pluriversel. Tous mes romans tentent d’interroger la condition humaine : ce qui fait de nous, où que nous soyons, dans n’importe quel temps et lieu, des êtres humains, solidaires dans nos angoisses, nos désirs, nos tragédies, nos espoirs, nos cruautés et nos beautés. « Terre ceinte », « Silence du chœur », « De purs hommes », « La Plus secrète mémoire des hommes », tous mes textes posent au fond la même question de perspectives différentes : qu’est-ce qui fait de nous des êtres humains, qu’est-ce qui nous lie dans cette expérience, au-delà des particularités identitaires ou culturelles ? Ce sont des questions philosophiques, mais elles deviennent proprement littéraires à partir du moment où des fictions leur donnent corps dans un drame romanesque. Et pas question pour moi de faire du roman un espace idéologique, d’opinion. C’est un espace ouvert, d’interrogation, de jeu, de liberté, de travail du réel, dont le but est de confronter tout lecteur à lui-même, à sa condition d’homme, à ce qu’il fait pour en être digne ou non.
De vos aînés à vous, que ce soit Boubacar Boris Diop ou Thierno Monenembo pour n’en citer que deux, on reste frappé par la place centrale qu’occupe la grand-mère dans le façonnement de l’imaginaire du futur écrivain que vous êtes devenus. Cette figure à qui vous avez dédié votre prix n’est-elle pas menacée aujourd’hui par les réseaux sociaux tant ils semblent être le lieu de prédilection d’une grande majorité de jeunes qui s’y livrent à toutes sortes d’extravagances. N’est-ce pas là une menace pour la littérature ? Que faire pour qu’ils soient plus en contact avec cette « figure centrale » ou tout au moins avec la lecture, une expérience qui dites-vous, « vous change » ?
Aujourd’hui, je suis à peu près sûr que mon désir de raconter des histoires et d’en entendre, mon imaginaire poétique, est né dans les contes que me racontaient ma mère et mes grand-mères, mes tantes, mes cousines. Je ne sais pas si les jeunes d’aujourd’hui ont encore ces expériences-là : écouter pendant un temps magique, suspendu, une voix vous introduire dans un autre monde et y donner vie aux choses et aux êtres les plus extraordinaires, qui deviennent pourtant vos amis, vous terrifient, mais en tout cas ouvrent et enrichissent votre imagination. Peut-être que les jeunes ont d’autres sources pour féconder leur imaginaire. Peut-être que les réseaux sociaux contiennent des media qui stimulent différemment leur rapport à la parole, au langage, à l’expérience démocratique ou à l’information. Je ne sais pas. Mais une chose me semble certaine : l’arène féroce que peuvent être ces réseaux, le mélange du tout-venant et du sérieux qu’ils opèrent, la relativisation absolue du savoir, de la culture et même de la vérité qu’ils induisent, le nivellement par le bas qu’ils effectuent, le flux des opinions, une contre-vérité pouvant passer pour une opinion libre et légitime, tout cela me laisse songeur quant à leurs conséquences sur les jeunes esprits, et singulièrement sur leur rapport à la concentration et de la sérénité nécessaires à l’acquisition d’une culture. Je ne dis pas que tout y est affreux et à jeter, bien sûr. Nombre d’études scientifiques ont démontré le caractère chronophage et addictif des écrans et des réseaux sociaux. Cela réduit non seulement le temps dont nous disposons pour lire des livres ou nous consacrer à l’art, même s’il est possible de lire et de se consacrer à l’art en ligne, mais réduit aussi notre capacité à nous concentrer, à nous retirer en nous.
Vous voulez réconcilier vérité et fiction. Vous ne semblez pas les opposer, bien au contraire, vous extirpez la tension entre les deux pour les rapprocher dans un espace partagé qui serait un espace poétique. Au-delà des réseaux sociaux, les populismes qui envahissent la planète de nos jours peuvent se réjouir de cet espace de « réalités alternatives ». N’entrons-nous pas dans un monde où justement la frontière entre vérité et fiction est beaucoup trop ténue ?
L’ère de la post-vérité, portée à son climax par Trump, est en effet tout entière née d’une confusion. Mais cette confusion est celle entre la vérité et le mensonge. En littérature, la confusion, ou le jeu, que je tente d’installer, pour faire advenir l’espace poétique, s’effectue entre la vérité et fiction, qui est autre chose que le mensonge. Il y a une vérité, une vérité existentielle, qui peut jaillir de l’espace poétique créé par le roman. Mais de l’espace flou qui rend interchangeable la vérité et le mensonge, aucune vérité ne peut naître, puisque rien n’a plus de valeur : les faits sont friables, les preuves réversibles ou manipulables ou effaçables, les croyances individuelles érigées en loi, les bases collectives sapées par un doute qu’on ne peut mettre en doute, les procès rapides et instruits par une frange minoritaire mais bruyante et régnant par une terreur qui la fait paraître symboliquement majoritaire : autant d’effets et de causes à quoi on reconnaît un certain fascisme. C’est tout l’inverse du roman.
À quel moment avez-vous rêvé d’être écrivain ?
Je n’en ai jamais vraiment rêvé. Je voulais être footballeur, ou journaliste, ou professeur, ou avocat. J’ai cependant toujours aimé lire, beaucoup lire. C’est par la lecture que je suis arrivé à l’écriture. Cela s’est fait progressivement, au fur et à mesure que se développait ma sensibilité littéraire et que se formait ma voie. Mais ce n’était pas un rêve. J’ai commencé à écrire régulièrement autour de la vingtaine.
Vous avez fait votre scolarité primaire à Diourbel et secondaire au Prytanée militaire de Saint-Louis. Votre réussite en littérature dit-elle quelque chose de la qualité de l’école sénégalaise ou est-ce plutôt le résultat d’un effort personnel et solitaire ?
Je crois que les deux sont liées. J’ai eu la chance d’être bien formé. L’école sénégalaise, malgré toutes ses carences et ses défauts, peut encore former dans l’excellence. L’environnement familial, mon goût et ma passion pour les livres, m’ont toujours poussé à aller plus loin dans ce que j’aimais : la langue, l’écriture, les mots. L’école a développé et mûri ce goût en me donnant des armes nouvelles, en me mettant à l’épreuve, en m’ouvrant à d’autres horizons. Je crois que la passion est toujours personnelle : c’est toujours seul qu’on construit ou découvre ce qui nous passionne. Tout le travail de l’école outre la transmission des compétences techniques et connaissance de base, tout son travail philosophique, j’entends, devrait être de voir chez chaque élève la passion qui l’habite, même à l’état de traces, et de la stimuler, pour pousser l’élève le plus loin possible. L’école sénégalaise le fait encore. Sans doute plus assez. Sans doute pas pour tous. Mais je suis fier d’en être le produit pur.
Depuis l’annonce de votre victoire au Goncourt, il y a eu beaucoup de réactions très diverses sur un article que vous avez signé en 2013 sur SenePlus. Cette chronique ne semble pas avoir été comprise et du coup fait polémique. Êtes-vous surpris par cette polémique ?
Je ne suis pas surpris, pour la simple raison que le texte y prête facilement le flanc, l’appelle presque. La chronique avait déjà fait polémique à sa publication, il y a quelques années. Je ne suis pas du tout étonné que ce texte ressorte maintenant, juste après l’attribution du Goncourt à mon dernier roman ; c’est tout sauf un hasard. C’est un texte de jeunesse, écrit alors que j’avais à peine vingt-deux ans. Mais ce n’est pas une question d’âge, au fond, car je savais très bien ce que j’écrivais. Je ne me cacherai donc pas derrière cette excuse. Cependant, il est clair qu’avec plus de maturité j’aurais écrit autrement, avec moins de provocation. Alors même que j’admire Youssou Ndour, alors même que je suis déjà allé à Bercy, je voulais faire de Bercy une satire teintée de caricature et de dérision, voire d’autodérision, puisque je me moque aussi de moi. Évidemment, ces typologies d’écrits et de registre, satire, caricature, dérision, etc., ne parleront pas à tous.
Est-ce là une naïveté de jeunesse ?
Ma naïveté a été de croire que ce texte, qui n’était pas une thèse ou un éditorial, pouvait faire à la fois rire et réfléchir malgré ses outrances. Ça n’a pas été le cas pour tout le monde. Beaucoup ont lu au premier degré un texte qui en possédait plusieurs. Pris au premier degré, évidemment, il est violent, négrophobe, injurieux, ce que je ne suis pas, mais je n’oblige personne à me croire. Il y a une veine d’humour écrit qui se fonde sur cette provocation cruelle, parfois grossière et toujours insolente, mais dont l’objectif n’est jamais d’agresser ou de heurter. Je peux donc comprendre qu’il soit mal reçu et mal compris, mais son ton fait partie de la palette d’un registre littéraire auquel je me suis essayé librement, comme apprenti-écrivain. Ce n’est manifestement pas le genre pour lequel je suis le plus doué. Je l’ai d’ailleurs abandonné depuis. Avec le temps, je reconnais que c’est un texte maladroit et mal exécuté. Qu’il se prenne un tel retour de flamme est de bonne guerre, je ne m’attendais bien sûr pas à ce qu’on l’applaudisse unanimement.
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SONKO, BARTH ET GACKOU LIBÉRÉS
La nouvelle a été confirmée par plusieurs proches du maire de Mermoz Sacre-coeur. Selon ces sources, il a donc quitté avec le leader de Pastef et celui du Grand Parti le camp Abdou Diassé… Ils sont en route vers le domicile de Barthélémy Dias
Au Sénégal, des tensions ont eu lieu après l’interpellation ce mercredi après-midi 10 novembre des opposants Barthélémy Dias –candidat à la mairie de Dakar aux élections locales de janvier-, Ousmane Sonko –leader du parti Pastef- et Malick Gakou, du Grand Parti. Ils ont été conduits au camp de police Abdou Diassé, à Dakar, cet après-midi. Barthélémy Dias était convoqué ce matin au Palais de justice pour une audience en appel dans une affaire de meurtre qui remonte à 2011. Il dénonce un « complot politique » et avait lancé un appel à « envahir le tribunal ». Les 3 opposants viennent d’être libérés.
La nouvelle a été confirmée par plusieurs proches de Barthélémy Dias. Selon ces sources, il a donc quitté avec Ousmane Sonko et Malick Gakou le camp Abdou Diassé… Ils sont en route vers le domicile de Barthélémy Dias.
Juste avant, Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, avait lancé en conférence de presse un « appel à la résistance » et à la mobilisation pour la libération des 3 opposants… Il avait invité « les Sénégalais à se lever ». Dans la foulée des manifestants en colère s’étaient regroupés sur l’axe routier de la VDN avec des pneus brûlés…
Comment se sont déroulés les événements
Barthélémy Dias était donc convoqué ce matin, il avait assuré qu’il répondrait à cette convocation, mais il a quitté son domicile alors que l’audience au palais de justice se terminait. Cela a été très rapide, l’audience a été renvoyée au 1er décembre .
Le procès en appel de Barthélémy Dias vient d’être renvoyé au 1er décembre prochain. Le motif, selon l’avocat de la défense, Me Khoureyssi Ba, l’absence des avocats de la partie civile.
Le maire de la commune de Mermoz Sacré coeur a été convoqué ce mercredi sur l’affaire Ndiaga Diouf. Un important dispositif de sécurité a été mis en place au centre-ville très tôt ce matin.
Il avait interjeté appel de sa condamnation avait déclaré lors d’une conférence de presse: « il faut que cette affaire soit jugée une bonne fois pour toute, sinon je ne répondrai plus à aucune convocation du tribunal ».
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SONKO ET BARTH ARRÊTÉS
Les deux farouches opposants au pouvoir de Macky Sall ont été interpellés mercredi à Dakar lors de troubles sur la route du tribunal où le maire de Mermoz-Sacre-coeur devait comparaître en appel dans le cadre de l'affaire Ndiaga Diouf
Deux farouches opposants au pouvoir sénégalais, Ousmane Sonko et Barthélémy Dias, ont été interpellés mercredi à Dakar lors de troubles sur la route du tribunal où M. Dias devait comparaître, ont indiqué un porte-parole du parti de M. Sonko et un avocat.
Aucune confirmation ni aucun démenti n'ont été obtenus de la police et des autorités. M. Dias, candidat à la mairie de Dakar en janvier 2022, a pris le chemin mercredi matin, en cortège et en compagnie de M. Sonko et de centaines de supporteurs, du palais de justice où il devait répondre en appel avec d'autres prévenus de la mort d'un homme abattu par balle en 2011 dans un contexte de violence politique. La progression du convoi à travers les rues de Dakar a donné lieu à des affrontements entre sympathisants des deux hommes et forces de l'ordre. Ousseynou Ly, porte-parole du Pastef, parti de M. Sonko, a indiqué à l'AFP que les deux hommes avaient été interpellés. "On ne connaît pas encore le motif de leur arrestation, et on ne connaît pas le lieu où ils ont été acheminés", a-t-il dit. Un avocat de M. Sonko, Me Khouraissy Ba, a également indiqué que les deux hommes étaient entre les mains des forces de l'ordre, sans plus de précision.
La comparution de Barthélémy Dias, maire de Mermoz-Sacré-Coeur, une commune d'arrondissement de Dakar, faisait redouter une escalade semblable à celle qu'avait déclenchée en mars la convocation d'Ousmane Sonko par le juge. L'arrestation d'Ousmane Sonko alors qu'il se rendait également en cortège au tribunal avait déclenché plusieurs jours de heurts, saccages et pillages de magasins à Dakar, dans un pays pourtant réputé comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest. Les violences avaient fait une douzaine de morts.