Avant même que les prix du Goncourt et du Renaudot soient remis ce mercredi 3 novembre, aux alentours de 12h45, un nom était sur toutes les lèvres. Celui de l’auteur sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. Et de fait c’est lui qui a décroché le prix Goncourt avec son dernier roman (le quatrième), La plus secrète mémoire des hommes. Un texte paru aux éditions Philippe Rey, au mois d’août 2021.
D’après Livres Hebdo, le romancier de 31 ans était donné grand favori de la plus prestigieuse récompense littéraire française. “Pas seulement parce qu’il est sur toutes les listes, mais parce que c’est un merveilleux hymne au pouvoir des mots, de la littérature”, expliquait au magazine l’un des sondés, Bruno Corty du Figaro.
Mohamed Mbougar Sarr était également dans la première liste du Renaudot et finaliste du Médicis en 2021, mais aussi du prix des Inrocks et du Grand prix du roman de l’Académie française.
Brouiller fiction et vérité
Son histoire, c’est celle d’un certain Diégane Latyr Faye, un jeune écrivain sénégalais installé à Paris qui, bouleversé par la découverte d’un livre paru en 1938, décide d’enquêter sur le récit qui se cache derrière ce roman. Une quête qui va l’emmener sur les traces de son auteur, T.C. Elimane, au Sénégal, en Argentine, à Amsterdam et à Paris.
Mémoire de la colonisation, de la Première Guerre mondiale, de la Shoah... En creusant l’histoire du mystérieux auteur, inspiré de l’écrivain Yambo Ouologuem (prix Renaudot de 1968), le récit de Mohamed Mbougar Sarr revisite les liens entre fiction et vérité. “C’est cette confusion entre le vraisemblable et ce qui relève de l’invention qui me semble intéressante. Car entre les deux il y a un espace: l’espace de la révélation”, souffle le romancier au micro de France Culture.
Soucieux d’apporter une alternative aux oppositions souvent faites entre les continents européen et africain, il dit vouloir créer un troisième territoire, entre deux eaux, qui serait un territoire poétique. “C’est là qu’on se réconcilie d’abord”, estime-t-il.
Consacré en cette rentrée littéraire, cent ans après le prix Goncourt de René Maran, « La plus secrète mémoire des hommes », le nouveau roman de l’auteur sénégalais, est un superbe éloge de l’existence
Jeune Afrique |
Nicolas Michel |
Publication 03/11/2021
Il y a une douce ironie dans le sacre littéraire et médiatique du jeune sénégalais Mohamed Mbougar Sarr (31 ans) qui vient de remporter le prix Goncourt 2021, la plus prestigieuse récompense littéraire française. Son nouvel opus est en effet tout entier construit autour d’une tragique histoire restée dans les annales : la fascinante trajectoire de l’écrivain malien Yambo Ouologuem, prix Renaudot en 1968 pour Le Devoir de violence, avant que des accusations de plagiat ne viennent entraver une carrière extrêmement prometteuse dans le monde des lettres et ne le poussent à s’effacer de la scène jusqu’à sa mort, le 14 octobre 2017, à Sévaré.
Roman policier
Après trois romans remarqués – Terre ceinte, Le Silence du chœur et De purs hommes –, Mbougar Sarr a imposé son tempo à la rentrée littéraire française avec La Plus Secrète Mémoire des hommes, roman « total » dédié à Yambo Ouologuem et placé sous les mânes du poète chilien Roberto Bolaño. « Bolaño a eu une influence majeure, capitale pour l’écriture de ce texte, confie le jeune auteur sénégalais, lecteur précis et compulsif. Il m’a permis de mêler les genres, de jouer avec, en suivant un principe ludique d’hybridation et de fragmentation de la linéarité. Il a ouvert un champ d’expérimentation en phase avec le réel que nous vivons, de plus en plus chaotique, troublant, qui correspond à notre façon de naviguer à travers le temps et que l’on parvient pourtant, étonnamment, à digérer. »
La Plus Secrète Mémoire des hommes suit une trame de roman policier : bouleversé par la lecture du Labyrinthe de l’inhumain, texte devenu introuvable d’un mystérieux T.C. Elimane, l’apprenti écrivain Diégane Latyr Faye se lance dans une longue enquête visant à découvrir qui fut ce sulfureux auteur trop tôt disparu. Cette quête impossible conduit le romancier en devenir au cœur même du labyrinthe de la création, là où s’entremêlent tous les genres ; roman initiatique, récit érotique, histoire d’amour, essai philosophique, compte rendu journalistique, poésie, biographie, témoignage, satire, pamphlet politique…
« Au fond, qui était Elimane ? écrit Mbougar Sarr. Le produit le plus tragique et le plus abouti de la colonisation […] Elimane voulait devenir blanc et on lui a rappelé que non seulement il ne l’était pas, mais qu’il ne le deviendrait encore jamais malgré tout son talent. Il a donné tous les gages culturels de la blanchité ; on ne l’en a que mieux renvoyé à sa négreur. Il maîtrisait peut-être l’Europe mieux que les Européens. Et où a-t-il fini ? Dans l’anonymat, la disparition, l’effacement. Tu le sais : la colonisation sème chez les colonisés la désolation, la mort, le chaos. Mais elle sème aussi en eux – et c’est ça sa réussite la plus diabolique – le désir de devenir ce qui les détruit. » On ne saurait mieux condenser, en quelques lignes, le drame de Yambo Ouologuem.
Les journalistes, animateurs et chroniqueurs, qui sont candidats aux élections locales, devront suspendre leurs activités, le temps de la campagne électorale. C’est la directive du président du Cnra qui entend être ferme sur cette question.
Parmi les candidats aux élections territoriales du 23 janvier 2022, il y a des journalistes, des animateurs et des chroniqueurs. A tous ces hommes de médias, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) appelle à faire un break jusqu’à la fin de la campagne. «Nous avons dit que tous les journalistes, animateurs, chroniqueurs qui sont candidats au poste de maire, président de Conseil départemental ou Conseiller municipal seront obligés de laisser tomber leur profession de journaliste et être des politiciens purs durant toute la campagne», rapporte l’Aps qui souligne que Babacar Diagne intervenait hier, lors de la conférence de presse coanimée par le Cnra et la maison de production Even Prod, productrice de la série à polémique Infidèles.
Le président de l’organe prévient que toutes les chaînes qui ne respecteront pas cette directive seront sanctionnées. Il indique que plus de 99% des confrères qu’il a rencontré ont reconnu que «non seulement le Cnra a raison, mais que les concernés auraient dû, eux-mêmes, prendre la décision de laisser tomber leurs émissions». Malheureusement, constate-t-il, «certains s’obstinent encore, parce que j’en vois des gens qui continuent alors qu’ils sont candidats. Vous ne pouvez pas être candidat, être employé dans une chaîne et taper sur votre concurrent tous les jours. Il y a un problème d’équité, car votre adversaire n’a pas accès à la chaîne», a argumenté M. Diagne. Il annonce que «dès que les listes seront déposées et acceptées et que les concernés sont édifiés sur leur sort, ils seront obligés de laisser tomber leur travail».
Début août dernier, Babacar Diagne, qui rendait visite à l’islamologue Oustaz Alioune Sall, avait déjà prévenu les concernés. «Vous ne pouvez pas faire campagne l’après-midi, la nuit, le matin et disposer de 2 heures de télévision pendant lesquelles vous allez parler de vous. Je ne dis pas que ces candidats ne seront pas couverts. Ils peuvent parler à la presse en tant que candidats. Mais être candidat et animer des émissions pendant des heures, animer des rubriques dans lesquelles vous vous exprimez, ce ne sera pas permis», avait-il averti.
LA PLUS SECRÈTE MÉMOIRE DES HOMMES, UN LIVRE FONDATEUR
L'auteur et journaliste Elgas parle du roman de Mohamed Mbougar Sarr tout juste vainqueur du Goncourt 2021. Un ouvrage unaninement salué par la critique
L'auteur et journaliste Elgas parle du nouveau roman de Mohamed Mbougar Sarr, vainqueur du Goncourt 2021. Un ouvrage unaninement salué par la critique.
Par Moussa SYLLA
UN SENEGAL EN RETARD PAR MANQUE DE VISION ET D’AMBITION POLITIQUES
Le Sénégal doit prendre conscience que le développement ne passera jamais par l’aide ; je ne connais aucun pays qui s’est développé par ce moyen
Il y a quelques jours, je lisais dans la presse nationale que l’Assemblée nationale du Sénégal s’apprête à être rénovée par la République de Corée. J’en ressentis une grande honte, voyant comment le chemin parcouru par nos deux pays a été divergent au cours des soixante dernières années. Je ressentis également un grand malaise sur ce que je perçus comme la honteuse facilité des élites politiques sénégalaises à toujours demander de l’aide aux autres Etats. Après la Deuxième Guerre Mondiale, la Péninsule de Corée fut divisée en deux Etats par le 38ème parallèle nord : l’une sous influence communiste, la Corée du Nord, l’autre sous influence occidentale, la Corée du Sud. En 1950, éclata une guerre entre les deux pays frères, qui dura 3 ans et aboutit à l’armistice de Panmunjom. Les deux Corées en sortirent exsangues.
Le Sénégal a accédé à la souveraineté internationale en 1960, sept ans après la Guerre de Corée. Depuis lors, notre pays n’a pas connu de grandes guerres ou crises majeures. Il a toujours été plutôt stable. Cependant, cette stabilité n’a pas été mise à profit par les divers gouvernements qui se sont succédé à la tête du Sénégal pour le développer. A cause de leur manque de vision, leur corruption, leur clientélisme, le Sénégal en est toujours au stade où il doit constamment solliciter les autres pays pour réaliser ses initiatives. Cette culture de «je demande toujours de l’aide», constitue l’un des plus grands obstacles au développement de notre pays, l’empêchant de trouver les solutions en lui, pour avancer et se hisser parmi ceux qui comptent dans le monde. Très souvent, je vois dans la rue des symboles de cette propension sénégalaise à toujours demander de l’aide aux pays extérieurs. Ce sont les camions estampillés «don de tel pays au Peuple du Sénégal», ce sont les routes construites par la coopération de tel pays, ce sont les matériels médicaux, scolaires… offerts par tel pays.
L’Etat est une fiction juridique composée d’hommes et de femmes. Les relations qui gouvernent les rapports humains le régissent également. Si une personne demande toujours de l’aide à une autre, cette dernière finit par la mépriser, ne plus éprouver du respect à son égard. Cette même situation se présente dans les relations entre un pays quémandeur et un pays donateur. Le Sénégal doit prendre conscience que le développement ne passera jamais par l’aide ; je ne connais aucun pays qui s’est développé par ce moyen. L’avancement économique d’un pays commence par optimiser les ressources dont il dispose puis les investir dans des secteurs qui lui permettront de connaître une croissance économique plus élevée (Education, santé, entrepreneuriat, recherche-développement, industrie…)
Prenons l’exemple de la Corée. Elle ne dispose pas de grandes ressources naturelles ou de sol fertile. Cependant, elle comprit très tôt l’importance de l’éducation dans le développement d’un pays et investit une bonne partie de ses ressources dans la montée en compétence de sa population. Elle aida ses champions industriels nationaux à se développer – les fameux chaebols comme Samsung, Daewoo, Hyundai... Progressivement, ces derniers comprirent également l’intérêt de miser sur la formation de leurs employés pour devenir compétitifs à l’international. Cela créa un cercle vertueux : plus une population devient qualifiée, plus sa créativité, sa compétitivité et son esprit entrepreneurial croissent. J’écrivais plus haut que l’aide ne peut développer un pays mais l’investissement étranger, l’entrepreneuriat, l’innovation, la recherche-développement peuvent y contribuer grandement et l’accélérer. Ce n’est pas l’approche du Sénégal. Il est un pays où les principaux sujets de discussion et préoccupations sont les prochaines élections, dussent-elles se tenir dans 5 ans.
La une de ses médias est souvent dominée par des affaires politiques futiles. Cela entraîne un pays où la médiocrité devient la norme, où l’accès à des postes de responsabilité n’est pas dû à la compétence mais plutôt à la transhumance ou au clientélisme. Cette médiocrité de la classe politique est effarante. Elle parle rarement d’idées, de moyens d’amener le Sénégal de l’avant. Quand je lis des livres sur les nouvelles technologies, les idées en vogue dans le monde, les grands enjeux internationaux, je me rends compte que le Sénégal est un pays largué et qui ne semble pas avoir conscience qu’il est largué. Dans tout cela, les plus lucides sont les populations. Elles savent qu’elles manquent de perspective au Sénégal.
Aussi préfèrent-elles, si elles ont le choix, d’émigrer. Elles savent que, même si l’Europe et l’Amérique ne permettent pas l’enrichissement d’un coup de baguette, elles y ont plus de chances de réussir leur vie qu’au Sénégal. La population a aussi conscience qu’en général, le moyen le plus rapide de s’enrichir au Sénégal est de faire de la politique, le moyen le plus sûr de se protéger quand l’on est accusé de corruption est de transhumer dans le parti au pouvoir. Cela entraîne qu’elle méprise la classe politique. La politique y perd son sens étymologique de «gestion de la cité» qui se trouve dévoyé au profit d’un moyen de s’enrichir rapidement et illicitement, de disposer de privilèges immérités. Récemment, j’ai suivi l’altercation entre des militants de l’opposition et ceux du pouvoir à Ziguinchor. Qui a raison, qui a tort ne m’intéresse pas. Ce qui me met mal à l’aise est cette culture de la banalisation de la médiocrité, d’une campagne électorale permanente, d’une absence de réflexion pour trouver des solutions aux problèmes des Sénégalais.
Le politicien sénégalais n’a pas le temps de réfléchir, de se poser des questions comme, comment puis-je mettre mes administrés dans les meilleures conditions, qu’est-ce qui empêche le Sénégal d’aller de l’avant et comment y remédier. Nous sommes à quelques mois des élections locales, et je vois peu de candidats aux élections locales qui proposent des solutions qui permettront d’améliorer la situation de leurs administrés. Cela en dit long sur la médiocrité de la classe politique sénégalaise. Cela me donne l’impression que la classe politique semble ignorer que le Sénégal est dépassé économiquement par beaucoup de pays au même niveau que lui en 1960.
Les pays asiatiques l’ont largué de la course depuis des années. Malgré les années de crise ivoirienne, il n’est pas parvenu à devenir la première économie de la zone Uemoa. S’il ne se ressaisit pas, il sera encore dépassé par d’autres pays qui, récemment, faisaient l’objet de la pitié et compassion du monde. C’est le Rwanda, l’Ethiopie. Tout simplement parce que leurs dirigeants croient en leur pays et ambitionnent de les hisser parmi les Etats qui comptent dans le monde. La classe politique sénégalaise doit être honnête envers elle-même et se dire qu’elle a échoué. Cet échec est la cause principale du retard sénégalais. Celui-ci peut encore être comblé pour permettre à notre pays de devenir un Etat puissant économiquement, culturellement et militairement.
Pour y parvenir, nous devons travailler plus dur, nous devons revoir nos priorités, et surtout nous devons changer de paradigme. Celui-ci doit être «les hommes ou femmes qu’il faut à la place qu’il faut», la lutte contre la corruption, l’investissement massif dans l’éducation, la santé, la recherche-développement, la stimulation de l’entrepreneuriat, la dignité dans les relations internationales. Avec ces nouvelles manières de penser, le Sénégal peut atteindre très rapidement l’émergence et comme une croissance économique vertueuse entraîne une plus grande encore, devenir un pays développé, puissant, influent dans le monde.
FINANCEMENT DE LA LUTTE CONTRE LE SIDA, MACKY SALL OFFRE 2 MILLIARDS AUX ACTEURS
Le chef de l’Etat s’est engagé hier, aux côtés des acteurs de la santé, pour faire le plaidoyer au niveau de l’Union africaine et des partenaires au développement, pour que les montants accordés à la lutte contre le Vih soient renforcés
Le chef de l’Etat a décidé d’ajouter deux milliards F Cfa dans le prochain budget accordé au Fonds national de lutte contre le Vih/Sida. Macky Sall s’engage à porter le plaidoyer des acteurs de la santé auprès de l’Union africaine pour un renforcement du financement de la santé.
Le financement de la lutte contre le Sida ralentit les efforts alors que le taux de prévalence ne cesse de baisser. Le chef de l’Etat s’est engagé hier, aux côtés des acteurs de la santé, pour faire le plaidoyer au niveau de l’Union africaine et des partenaires au développement, pour que les montants accordés à la lutte contre le Vih soient renforcés. Evidemment, Macky Sall veut que ce renforcement des moyens commence par les Etats africains, qui sont les plus touchés par cette maladie.
Charité bien ordonnée commence par soi-même : le Président Sall a demandé au ministre de la Santé et de l’action sociale de mettre, dans le prochain budget, 2 milliards de plus dans ce combat dont la moitié sera réservée à la lutte communautaire de la Société civile. Et le reste sera versé au Conseil national de la lutte contre le Sida pour augmenter le nombre de personnes vivant avec le Vih prises en charge.
Par ailleurs, le Président Sall a magnifié le soutien constant de l’Onusida et du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Selon le président de la République, les maladies n’ont pas connu le traitement adéquat, par défaut de prise en charge dans les budgets sur le continent. «Ce n’est pas que les Africains n’ont pas la volonté politique ou ne font pas les efforts qu’il faut.
Le monde étant ce qu’il est, il y a une différence de développement et les pays développés qui, lorsque la pandémie s’est manifestée, se sont d’abord sécurisés. Ce qui est compréhensible. Je les comprends, je ne les critique pas, ils se sont sécurisés, ont gardé les vaccins. Même pour les masques, on a assisté aux batailles dans les aéroports, d’abord pour protéger leurs populations. Pendant ce temps, il y a d’autres qui vont faire les frais parce qu’ils n’ont pas découvert le vaccin», a expliqué Macky Sall. Il s’exprimait à la cérémonie de clôture du Sommet régional de haut niveau sur le Sida en Afrique de l’Ouest et du Centre.
A l’en croire, les Africains se battent pour produire les vaccins qu’ils n’ont pas découverts, montrant davantage la vulnérabilité du continent trop dépendant des firmes pharmaceutiques étrangères. Ce combat contre le Sida est le même contre le Covid-19 et les autres maladies, dont certaines ont été éradiquées. «Nous devons vaincre ces maladies pour qu’elles ne soient pas endémiques sur le continent africain, pendant que les autres ont dépassé ces maladies», appelle le chef de l’Etat. Il exhorte les Africains à être aux avant-postes. «Que les Etats prennent conscience de leur responsabilité dans la part à apporter dans la lutte», insiste le chef de l’Etat.
LE GONCOURT POUR MOHAMED MBOUGAR SARR
Le plus prestigieux des prix littéraires français a été décerné mercredi au Sénégalais, qui devient à 31 ans le premier écrivain d'Afrique subsaharienne à être consacré par cette récompense. Il est aussi un des plus jeunes lauréats
Le trentenaire a obtenu six voix au premier tour, a annoncé Philippe Claudel, secrétaire général du Goncourt, au restaurant Drouant, pour "La plus secrète mémoire des hommes" (ed.Philippe Rey), roman qui s'inspire du destin maudit de l'écrivain malien Yambo Oulologuem.
"Je ressens beaucoup de joie. Tout simplement", a-t-il déclaré à la presse à son arrivée à Drouant, au coeur de Paris.
"Il n’y a pas d’âge en littérature.On peut arriver très jeune, ou à 67 ans, à 30 ans, à 70 ans et pourtant être très ancien", a-t-il ajouté.
D'autres voix sont allées à Sorj Chalandon pour "Enfant de salaud" (Grasset) et au Haïtien Louis-Philippe Dalembert pour "Milwaukee Blues" (Sabine Wespieser).Aucune ne s'est portée sur Christine Angot avec "Le Voyage dans l'Est" (Flammarion), qui avait remporté la semaine précédente le prix Médicis.
"Avec ce jeune auteur, on est revenu aux fondamentaux du testament du Goncourt. 31 ans, quelques livres devant lui. Espérons que le Goncourt ne lui coupera pas son désir de poursuivre", a commenté Philippe Claudel, du jury.
"Ça c'est fait au premier tour. C'est écrit de façon flamboyante. C'est un hymne à la littérature", a souligné Paule Constant, autre membre du jury.
Mohamed Mbougar Sarr succède à Hervé Le Tellier, dont le roman "L'Anomalie" avait été primé l'année dernière lors d'une cérémonie en visioconférence, en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19.
Le prix Goncourt, décerné par un jury de sept hommes et trois femmes, rapporte un chèque de 10 euros mais il garantit des ventes en centaines de milliers d'exemplaires.Hervé Le Tellier a même dépassé le million en moins d'un an.
Le prix Renaudot, annoncé juste après au même endroit, a été décerné à Amélie Nothomb pour "Premier sang" (Albin Michel), consacré à son père, décédé en 2020.
«LE SENEGAL VA FABRIQUER SON SATELLITE DÈS MARS 2022»
Entretien avec… Gayane Faye, Enseignant-chercheur à l’Ucad
En marge du dernier Sommet Afrique France auquel il a pris part à Montpellier, en France, le chef du Laboratoire de télédétection appliquée, qui se trouve à l’Institut des sciences de la terre (Ist) de l’Ucad, a échangé avec Le Quotidien sur les ambitions du Sénégal, dans la conquête et la maîtrise des données spatiales, et la manière dont elles peuvent contribuer à l’avancement du pays.
Vous coordonnez, pour le compte du ministère de l’Enseignement supérieur, le programme spatial sénégalais. En quoi consiste ce programme exactement ?
Les sciences spatiales offrent aujourd’hui beaucoup d’opportunités. Le Sénégal a l’ambition de tirer profit de ces sciences spatiales pour accompagner son développement. Il ambitionne, pour cela, de mettre en place un écosystème spatial. Il y aura les ressources humaines, l’encadrement institutionnel, l’innovation, le secteur privé. Le Sénégal a misé, dans la première phase, sur les ressources humaines. Ils sont aujourd’hui en train de former des ressources humaines capables de porter leurs projets. Cela a commencé l’année dernière par l’envoi, au Centre spatial de Montpellier, de trois étudiants issus des écoles d’ingénieurs du Sénégal, pour faire un Master dans le domaine spatial. Et le processus est encore en cours, d’autres étudiants viendront encore.
Quand vous dites «ils», de qui parlez-vous ?
Je parle de l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Cette année, il y aura dix personnes envoyées à Montpellier, 5 techniciens et 5 ingénieurs. Et ces étudiants qui vont à Montpellier vont travailler, à partir du mois de mars, sur le premier satellite sénégalais. Il s’agit donc d’étudiants formés dans les universités sénégalaises, qui viennent compléter leur formation appliquée dans le domaine spatial et qui vont fabriquer le premier satellite sénégalais à partir du mois de mars 2022. Un satellite dont le lancement était prévu en 2021 mais, avec les aléas du Covid, cela a été reporté en 2023. Et on ne va pas se limiter à cela. Après ce lancement, on va aller vers des satellites plus grands, avec d’autres applications, les traitements et l’utilisation des données…
Quel est le profil d’étudiants qui sont retenus pour ce programme spatial ?
Comme dans la première phase, nous sommes dans la partie technologique, dans la construction, il s’agit d’étudiants des Ecoles polytechnique de Thiès, de Dakar et de Saint-Louis. Ce sont des ingénieurs et des techniciens en électromécanique, en télécommunications, en électronique, en mécanique, qui sont ciblés dans un premier temps. Mais après la construction des satellites, il y aura la production des données, et il y aura d’autres ressources humaines pour l’exploitation et les applications de ces données.
N’est-ce pas un peu trop ambitieux, pour un pays pauvre et très endetté –comme nous avons l’habitude de le dire– comme le Sénégal d’avoir un programme spatial, alors que les besoins de base des populations ne sont pas encore réglés ?
Les gens disent cela parce qu’ils ne comprennent pas souvent les enjeux du spatial. Parce que malheureusement, quand on parle du spatial, les gens pensent le plus souvent aux étoiles, à la lune. Nous n’avons pas l’ambition d’aller sur Mars. Pour le moment, du moins, parce qu’il ne faut jamais dire jamais dans la vie. Mais aujourd’hui, il y a chaque année des inondations à Dakar. L’utilisation des données géo-spatiales permettrait de les gérer plus facilement, de prendre à l’avance des mesures d’atténuation. On parle maintenant d’agriculture intelligente. Je donne un exemple très simple. Le Sénégal a besoin de connaître, à la fin de l’année, les superficies totales cultivées en riz, en arachide, en mil, en maïs…, et les statistiques de ces cultures pour bâtir un programme agricole et un programme alimentaire. Les données spatiales permettent de maîtriser tout cela. On parle beaucoup d’érosion des sols, de feux de brousse, ces phénomènes peuvent être gérés avec les données géo-spatiales. Donc, ce sont les satellites qui tournent autour de la terre qui nous fournissent aujourd’hui des informations sur notre terre et que nous utilisons ensuite dans nos politiques pour gérer nos ressources et faire la planification. Donc, pour nous, l’espace nous permet de produire des connaissances qui vont nous permettre de mieux gérer nos territoires et mieux planifier. Ce n’est pas (encore) pour aller dans les nuages ou les galaxies.
Cette approche et cette manière de voir les choses sont-elles bâties sur une politique d’Etat ou n’est-ce là que la volonté d’universitaires, qui voudraient l’imposer à l’Etat ?
Ma spécialité, en tant qu’universitaire, c’est l’utilisation des données satellites géospatiales, appliquée à la gestion des écosystèmes. J’ai fait ma thèse de doctorat là-dessus. Mais le ministère de l’Enseignement supérieur a pris l’initiative d’exploiter l’espace. Et pour cela, il a pris l’initiative d’initier un programme spatial basé sur les ressources humaines, en amont et en aval, basé sur la construction et les applications. Dans cette volonté, le ministère a fait appel à moi pour les accompagner, et je suis là presque depuis le début du programme. Je continue en tant qu’universitaire, avec une équipe composée d’universitaires sénégalais. Mais le programme lui-même est, d’ailleurs, une demande du président de la République.
Qu’est-ce qui a pu expliquer votre participation au Sommet Afrique-France tenu à Montpellier, et quel message y avez-vous apporté ?
Il s’agissait, d’abord, de présenter le programme spatial sénégalais et ensuite de souligner que le Centre spatial de Montpellier est le partenaire du ministère de l’Enseignement supérieur dans ce programme spatial. J’ai présenté les applications actuelles du spatial au Sénégal en agriculture, dans la lutte contre les feux de brousse, les inondations, l’érosion, etc., et j’ai fait une présentation sur le rôle de l’enseignement supérieur dans le développement de l’Afrique.
Afrique. Et pensez-vous que ce rôle est important ?
Il est fondamental ! L’enseignement supérieur, la recherche, doivent participer au développement de l’Afrique ! On doit avoir, aujourd’hui en Afrique, un enseignement supérieur basé sur les besoins.
La rengaine en Afrique, c’est toujours l’inadéquation de la formation par rapport aux besoins de l’emploi, que l’Université ne répond pas aux besoins des entreprises, etc.
Ce qui entraîne ce jugement c’est que souvent on importe des curricula qu’on ne tropicalise pas. Avec la colonisation, l’enseignement supérieur était basé sur le modèle français. De plus en plus, on tend vers l’adéquation. Quand on bâtit un nouveau curriculum, on part d’un besoin spécifique au niveau national. Ce qui fait que les gens formés le sont pour résoudre des besoins au niveau du pays. La recherche également doit partir des besoins réels du pays, mais pas de la recherche fondamentale, destinée à être publiée dans des journaux internationaux, sans vraiment servir à la Nation. On doit aller vers la recherche appliquée, qui va fournir des services, qui aura des solutions pouvant être utilisées par le privé, pour l’innovation et la production des services. Mais cette recherche doit être appuyée par l’Etat, les structures de financement, pour pouvoir mieux jouer son rôle.
Cela est intéressant, au moment où l’on se rend compte que les études en Afrique deviennent de plus en plus chères. Quand vous parlez de l’Etat, pensez-vous qu’il doit être l’acteur essentiel de la formation, ou bien une partie devrait-elle revenir au privé ?
L’Etat, surtout dans nos pays, n’a pas les moyens de jouer tous les rôles. Dans les pays développés, comme la Corée, la recherche est financée à plus de 50% par le privé. L’Etat ne peut pas garantir l’ensemble du financement de la recherche. Il est là pour encadrer, impulser, mettre en place un écosystème favorable pour que le privé puisse investir. Mais l’Etat doit être garant qu’il n’y aura pas de dérives. L’intérêt de l’implication du privé dans le financement est de lui permettre de guider un peu les orientations, en fonction des besoins sur le marché. Et après la formation, de pouvoir absorber les jeunes qu’il a aidés à financer les études.
Par Yoro DIA
GAMBIE, L’AUTRE EXCEPTION DEMOCRATIQUE
Ceux qui veulent faire de la Gambie une province ou une région du Sénégal sont dans l’anachronisme politique. Depuis le départ de Jammeh, le pays a retrouvé sa vraie nature : pacifique, accueillante et si joviale
Dans une dictature, la seule vertu du citoyen est le silence. Silence généré par la peur. C’est une grande différence entre une dictature et une démocratie. Autant les dictatures sont silencieuses, autant les démocraties sont bruyantes. Si l’on se base sur ce critère, la démocratie est de retour en Gambie. Pour le brouhaha démocratique, il n’y a plus de frontières entre le Sénégal et la Gambie. Du temps de Yaya Jammeh, le Néron de Banjul, la frontière était nette entre le brouhaha démocratique du Sénégal et le silence dictatorial qui sévissait en Gambie. Le brouhaha démocratique s’arrêtait à Karang, à Keur Ayib, pour reprendre à Senoba ou dès que l’avion atterrissait à Banjul.
Aujourd’hui, les Gambiens débattent librement de Karang à Banjul, en passant par le ferry de Barra où des militants de l’Udp de Dabo, qui revenaient de l’investiture de leur «hero», croisaient ceux du Dr Cissé, qui traversaient le fleuve pour aller assister, à Banjul, à l’investiture de leur jeune candidat, en attendant celle de Barrow, le jeudi prochain. Le retour de la démocratie, c’est aussi ce taximan si jovial qui m’explique, en bon «analyste politique», qu’avec 27 candidats et le système majoritaire, la victoire de Barrow est assurée.
Du temps de Jammeh, le taximan n’aurait pas ouvert la bouche car pensant que je pouvais être du Nia (les services secrets) et moi non plus, pour les mêmes raisons d’ailleurs. Ce taximan m’apprendra que, par peur, personne n’osait prononcer le nom de Jammeh, d’où une floraison de surnoms comme Tony, Daba, Casamance et Jumbo (comme le bouillon pour la cuisine) puisque qu’il avait compétence sur tout, y compris la capacité de guérir le Sida. Par contre, le nom de Barrow est sur toutes les lèvres. Je l’avais constaté il y a cinq ans, un mois après son investiture, à l’aéroport de Banjul, pour m’en réjouir comme un indicateur du retour de la démocratie.
La démocratie est revenue naturellement et rapidement en Gambie, parce que, dès que le virus Jammeh a été extirpé du corps de la Gambie, le pays a retrouvé ses réflexes normaux de démocratie. On a tendance à oublier que le Sénégal n’était pas la seule exception démocratique. La Gambie et le Botswana étaient aussi des exceptions démocratiques en Afrique, à l’ère des dictatures et des partis uniques des années 60 et 70. C’est parce que la Gambie a des traditions et une culture démocratiques que le retour à la démocratie s’est fait naturellement.
Ce qui ne sera pas le cas de la Guinée, plutôt habituée à une tradition des dictatures. Depuis le départ de Jammeh, la Gambie a retrouvé sa vraie nature : pacifique, accueillante et si joviale. Pacifique comme la Suisse, avec la chaleur humaine et la gaieté en plus. Il y a quelques mois, notre ambassadeur à Banjul, Bassirou Sène, avait fait une sortie médiatique pour demander aux Sénégalais de ne pas se mêler des élections gambiennes. Cette sortie fort sage était saluée, à juste titre, par toute la presse gambienne. Il avait raison de le dire et de le rappeler. La Gambie est un pays souverain.
Etant donné que ce sont les mêmes conditions politiques et historiques qui ont été à l’origine de la création du Sénégal, qui sont à l’origine de celle de la Gambie, elle n’a donc jamais pu être une région ou une province du Sénégal. Ceux qui veulent faire de la Gambie une province ou une région du Sénégal sont dans l’anachronisme politique. C’est pourquoi je ne crois ni à une confédération ni à une fédération politique avec la Gambie, mais je suis un grand militant de l’intégration économique, qui pourra nous permettre de traverser les frontières, sans s’en rendre compte, comme en Europe. Qui parle aujourd’hui de la frontière entre la France et le Luxembourg, ou entre l’Allemagne et le Luxembourg, ou la France et la Suisse ?
En Europe, après des siècles de guerre et de volonté d’intégration politique qui ont été des échecs, l’intégration économique a réussi à faire tomber toutes les frontières, ce que ni les politiques et encore moins les religieux n’ont réussi à faire.
La confédération de 1981 a échoué parce que, après avoir sauvé la Gambie du coup d’Etat de Koukoy Samba Sagna, on s’est précipités en lui faisant signer la confédération. Alors qu’en janvier 2017, le Sénégal est encore parti sauver la Gambie en chassant Jammeh, sans exiger aucune contrepartie politique, convainquant ainsi la Gambie que le Sénégal n’a pas d’agenda caché. Ce début de la fin de la suspicion légitime des Gambiens explique le grand bond en avant de l’intégration économique.
EDOUARD MENDY S’OFFRE UN TROISIEME CLEAN SHEET EN C1
La quatrième journée de la Ligue des Champions a été marquée par la victoire de Chelsea devant Malmo (1-0).
Victorieux à l’aller, Chelsea a encore dominé Malmo (1-0) lors de la quatrième journée de la poule H de la Ligue des Champions. Titulaire dans les buts, Edouard Mendy a encore été décisif en s’offrant un troisième clean sheet cette saison dans cette compétition. Dans l’autre rencontre, Villarreal de Boulaye Dia a battu Young Boys (2-0).
La quatrième journée de la Ligue des Champions a été marquée par la victoire de Chelsea devant Malmo (1-0). Au stade Eleda Stadion, le champion d'Europe en titre n'avait pas trop de soucis à se faire malgré ses absents. Avec un Edouard Mendy tranquille depuis sa ligne de but, les Blues se sont imposés chez les Suédois. Avec Loftus Cheek et Ziyech dans le onze de départ, les Anglais ont rapidement pris le contrôle des débats. Largement dominateurs en termes de possession, les coéquipiers du portier sénégalais ont manqué d’efficacité en première période. Il a fallu attendre jusqu’à la deuxième période pour que le Marocain Hakim Ziyech trouve la faille sur un magnifique centre de Callum Hudson (56’, 1-0). Les Blues avaient fait le plus dur et ne lâchaient pas le morceau. Les Suédois semblaient trop faibles pour revenir au score. Ils auraient même pu voir Havertz doubler la mise sans un arrêt de Dahlin (78e). Grâce à cette victoire, Chelsea occupe la deuxième place de la poule H avec 9 points.
A noter que le gardien sénégalais s’offre ainsi à nouveau un clean sheet en Ligue des Champions, sa 3ème de la saison dans cette compétition. Dans l’autre match de ce groupe, Juventus a dominé Zénith (4-2). Dans le groupe F, Villarreal a battu Young Boys (2-0). Titulaire en pointe, Boulaye Dia a livré une prestation correcte, même s’il n’a pas trouvé le chemin des filets. L’attaquant sénégalais a été remplacé à l’heure de jeu par Trigueros. Grâce à leur victoire, les partenaires de Boulaye Dia occupent la deuxième place de ce groupe F derrière Manchester United.
LIVERPOOL CROISE L'ATLETICO MADRID CE SOIR
Dans le groupe B, Liverpool de Sadio Mané accueille ce soir l’Atletico Madrid.Victorieux à l'aller (3-2), les Reds tenteront de confirmer à domicile. Mais en face, les hommes de Jürgen Klopp devront se méfier d’une belle formation des Madrilènes, toujours spectaculaire. Après une entame difficile en championnat, le club espagnol commence à trouver le bout du tunnel. Dans la poule A, le Paris Saint-Germain croise RB Leipzig. Le milieu de terrain sénégalais Idrissa Gana Guèye sera attendu dans cette rencontre avec l’absence de l’Italien Marcos Verratti, pour contrer les attaques des joueurs adverses.