Si les candidats à l’investiture au sein de Benno Bokk Yaakaar (BBY) dans le département de Dakar restent encore dans l’expectative, à l’approche du 31 octobre 2021, date initialement prévue pour la validation officielle des candidats de BBY. Même si les tendances laissent présager un éventuel duel entre Abdoulaye Diouf Sarr et Amadou Ba pour le poste de candidat de BBY à la mairie de Dakar, le président Macky Sall doit choisir le meilleur profil susceptible de reconquérir la capitale qui lui échappe depuis 2014.
Au-delà du prestige et de la renommée, la conquête de la ville de Dakar est un enjeu crucial pour les différentes coalitions de la mouvance présidentielle avec Benno ou bien pour celles de l’opposition, avec Yewwi Askan Wi, Wattu Sénégal ou la Grande coalition Guem sa Bopp. Dans toutes ces alliances ou unions politiques, les responsables sont dans les starting-blocks pour aller à la conquête du poste de premier magistrat de la capitale sénégalaise. Les batailles de positionnement, les guerres d'ego et les querelles entre partis s’intensifient, à l’approche des investitures prévues prochainement à Benno.
Même si, en coulisses, les supputations vont bon train et que, selon les différentes versions, le président Macky Sall aurait donné ses faveurs à Amadou Bâ ou à Abdoulaye Diouf Sarr, on peut estimer qu’au sein de Benno Bokk Yaakaar, le suspense est total entre Abdoulaye Diouf Sarr, Maire de Yoff et ministre de la Santé, et Amadou Bâ, l'homme fort des Parcelles-Assainies et ex-grand argentier de l’Etat. En embuscade, l’ancien ministre de la Jeunesse, Mame Mbaye Niang, compte jouer les trouble-fêtes dans ce duel entre Amadou Ba et Abdoulaye Diouf.
Benno Bokk Yaakaar apparaît comme le grand épouvantail de cette élection à Dakar qui, dans le passé, n’a jamais réussi au parti au pouvoir. Dakar, la frondeuse, a résisté à la vague bleue du PDS de 2009 sous le pouvoir de Wade, puis à la déferlante marron de 2014, pour se jeter dans les bras de l’opposition, à deux reprises, de Khalifa Sall (2009, 2014).
Donc, le choix qui doit être fait par le boss de la conférence des leaders Macky Sall, non moins patron de l’Alliance pour la République (APR), doit prendre en compte cet aspect, en portant son choix sur une personnalité consensuelle, susceptible de réunir la grande coalition. Le patron de BBY doit opter, soit pour un profil plus ‘’technocratique’’ avec Amadou Ba ou plus ‘’politique’’ avec Abdoulaye Diouf Sarr.
Un trio Amadou Ba-Diouf Sarr-Mame Niang à la reconquête de la capitale
Abdoulaye Diouf Sarr, l’édile de Yoff, n’a jamais caché son ambition de diriger la capitale sénégalaise. Sa tentative de déstabiliser Taxawu Ndakaru, lors des élections pour le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), lui a valu le respect de la base de l’APR à Dakar. Tandis que son principal challenger a conduit les troupes de BBY à la victoire à Dakar, comme coordonnateur de BBY lors des Législatives de 2017 et de la Présidentielle 2019 : ce qui n’est plus arrivé pour un parti au pouvoir, depuis Abdoulaye Wade en 2007.
Pour sa part, le troisième larron, Mame Mbaye Niang, est bien décidé à jouer les trouble-fêtes dans le camp de la majorité présidentielle, en lançant sa liste Sénégal-2035. Le chef de cabinet du président Macky Sall, qui a décliné son programme intitulé ‘’Mes ambitions pour Dakar”, compte incarner le renouveau dans la course vers Dakar.
‘’On ne peut pas valider ce qui se dit sur la toile, concernant l’investiture d’un tel ou d’un tel dans une commune. Les processus de validation des investitures sont en cours. Des négociations sont toujours en cours et je pense qu’il faut attendre la validation officielle qui pourrait survenir dans les jours et les heures à venir’’, déclare Pape Mahawa Diouf, porte-parole de la cellule de communication de BBY.
Les atouts de BBY dans la perspective des Locales
Le symbole de Dakar, poumon économique, administratif et politique du Sénégal, est au cœur des enjeux électoraux de ce scrutin qui, d’après le conseiller politique du président, Mahmoud Saleh, va déterminer tout l’avenir politique de la majorité : l’élection présidentielle de 2024.
Sur ce, le président Sall veut mettre toutes les chances de son côté pour faire triompher la majorité. Même si aucune confirmation officielle n’émane de la présidence, certaines tendances lourdes font état d’une volonté du chef de l’Etat d’aller à la conquête des 19 communes de la capitale, avec une équipe hétérogène composée de maires sortants expérimentés (Moussa Sy aux Parcelles-Assainies, Alioune Ndoye à Dakar-Plateau, Banda Diop à la Patte d’Oie) et de nouveaux candidats qui incarnent le renouveau : Cheikh Ba à la Médina et Cheikh Bakhoum à Grand-Yoff.
Par ailleurs, la puissance financière de la coalition et l’agrégat de partis historiques comme le PS, l’AFP, la LD, AJ/PADS, qui s’appuient sur leur électorat et leur ancrage dans certains quartiers de la capitale, constituent des soutiens de taille à la machine ‘’apériste’’ pour remporter Dakar. Et l'absence du maire Khalifa Sall, frappé d’inéligibilité, les tiraillements entre ses deux ‘’lieutenants’’, le maire sortant Soham El Wardini et le bouillant maire de Mermoz Sacré-Cœur Barthélémy Dias, pour l’investiture au sein de Yewwi Askan Wi, semblent dégager la voie à une probable victoire de Benno en 2022.
Pour Papa Mahwa Diouf, la dynamique de victoire dans la capitale est dans le camp du pouvoir qui, depuis 2014, a remporté toutes les joutes électorales à Dakar. Concernant les chances de la majorité pour les Locales, le responsable ‘’apériste’’ se veut optimiste : ‘’On ne peut pas présager du résultat final de l’élection. Mais nous tentons de mettre toutes les chances de notre côté. Depuis 2014, l’opposition n’a gagné aucune élection à Dakar, que ce soit le référendum de 2016, jusqu’à la Présidentielle de 2019, en passant par les Législatives en 2017. On veut concrétiser cette chaîne de victoires au soir du 23 janvier 2022’’, indique le directeur de l’Agence sénégalaise de promotion touristique.
La mairie de Dakar, tremplin vers le dauphinat de Macky Sall
De son côté, le journaliste Ibrahima Bakhoum se veut plus prudent, concernant les chances de succès de Benno Bokk Yaakaar pour ce scrutin du 23 janvier 2022, dans la mesure où les forces en présence restent encore inconnues. ‘’Pour vraiment apprécier les chances de Benno, il faut essayer de savoir à quel adversaire il doit faire face au sein de Wattu Sénégal et Yewwi Askan Wi. Pour Benno, on pourrait avoir Amadou Ba et Abdoulaye Diouf Sarr. Diouf Sarr s’est positionné sur la santé. Comment les Dakarois ont-ils apprécié sa gestion de la crise sanitaire ? Quel est son poids politique à Yoff ? Autant de questions qui se posent pour évaluer le poids politique de Diouf Sarr. Amadou Ba a son fief dans les Parcelles-Assainies, mais il peut y avoir d’autres forces dans son fief qui peuvent rejoindre Yewwi Askan Wi de Khalifa Sall et Ousmane Sonko qui risque de faire très mal à Dakar. Il faut analyser un certain nombre d’éléments pour avoir une lecture complète de la situation politique à Dakar’’, souligne l’ancien directeur de publication de ‘’Sud Quotidien’’.
Pour le politologue, les perspectives de la bataille pour la ville de Dakar sont d’une importance cruciale pour tout leader politique de la mouvance présidentielle désireux d'apparaître comme un dauphin pour Macky Sall en 2024. ‘’Si le vote est sincère, transparent et démocratique, le responsable politique qui remporte Dakar sous les couleurs de Benno gagnera un tel aura qui le présentera de facto comme un potentiel successeur de Macky Sall en 2024’’, affirme-t-il.
EXCLUSIF SENEPLUS - Difficile de comprendre pourquoi les Africains ont signé une convention qui ne reconnaissait pas leur immunité souveraine durant l’exercice de leur fonction. L'égalité des auteurs de crime avérés ou supposés est une vue de l’esprit
Une conférence internationale sur le thème ‘’Justice pour les crimes internationaux : défis et stratégies en Afrique de l’Ouest et ailleurs’’ s’est tenue les 25 et 26 Octobre 2021 à Dakar au Sénégal. Cette rencontre qui a réuni des experts des Nations Unies, de la Cour pénale internationale (CPI), des Chambres africaines extraordinaires au Sénégal, nous offre l’opportunité de mettre en perspective l’œuvre de Fatou Bensounda dans la promotion de la Justice internationale à travers son action à la tête du Parquet de la CPI.
à la fin de son mandat à la tête l’institution judiciaire, de nombreuses voix se sont élevées dans la presse pour chercher à évaluer la contribution de la juge gambienne dans la réalisation effective de la mission qui lui a été confiée par la CPI.
Généralement, les observateurs jugent mitigés les résultats de son mandat. Pour certains, elle n’a pas réussi à faire de la CPI autre chose qu'une institution destinée à sanctionner les dirigeants africains. Pour d’autres, elle n'a pas réussi à mener à bon port les procès qui devaient aboutir à sanctionner certains dirigeants africains. Enfin pour un dernier groupe, elle a conduit d'une manière désastreuse les enquêtes et a permis ainsi l'acquittement discutable de certains prévenus.
À la lumière de l'histoire de la création de la CPI, en nous en tenant aux faits essentiels, et en considération de la réalité des relations internationales actuelles, nous allons essayer de faire la part des choses.
Malentendu, comme fondement de l’engagement de l’Afrique à la CPI
Parler du bilan ou de l’héritage de Fatou Bensouda à la CPI ne peut se faire sans évoquer l’histoire de cette institution dont la création, vue de l’Afrique, découle d’un malentendu fondamental.
Dès que le projet de création de Cour Pénale Internationale a été rendu public, une partie de l’intelligentsia africaine, très sensible à la question de la défense et de la promotion des Droits de l’Homme a réclamé haut et fort l’adhésion des pays africains au statut de Rome. Mais, si beaucoup d’activistes des droits de l’homme et de nombreux dirigeants africains paraissaient très motivés pour la création de la CPI, ce n’était pas pour les mêmes raisons.
De là naquit un malentendu entre l'élite africaine et certains hommes politiques à la recherche d’une notoriété internationale. Notamment certains chefs d’États, habitués à signer pour la galerie, les engagements internationaux qu’ils n’entendent pas respecter.
Ces derniers en ratifiant le statut de Rome, ne s’imaginaient certainement pas qu’ils s’étaient piégés eux-mêmes. Car contrairement à leur compréhension et à leur attente, les dispositions qui régissent la C P I ne reconnaissent aucune immunité à un chef d’État en exercice.
Responsabilité pénale des chefs d’État en exercice, illusion ou réalité ?
L’inculpation et la délivrance d’un mandat d’arrêt international contre le président El Béchir du Soudan vont sonner le réveil et l’alerte générale chez certains chefs d’État africains qui se croient tout permis sous le parapluie de l’immunité que leur confère l’exercice de leur fonction. Effrayés par cette mauvaise nouvelle, de nombreux dirigeants africains, comme d’habitude, firent semblant d’oublier qu’ils avaient signé et ratifié le Statut de Rome qui ne leur reconnaissait aucune immunité en cas de poursuite déclenchée par la CPI.
Dans l’espoir de pouvoir se délier de leur engagement, ces dirigeants décidèrent de mobiliser l’opinion africaine contre la CPI en s’appuyant sur l’UA. Toutefois, malgré le bruit qu’occasionna cette mobilisation, la Cour, bénéficiant du soutien international des militants des droits de l’homme et de la compréhension de nombreux États démocratiques, tint bon et continua les procédures engagées. Cette diversion que voulurent entretenir certains dirigeant africains montre, s’il en était besoin, le peu de cas que beaucoup d’entre eux font du respect de leurs engagements internationaux.
Dès lors, pouvait-on valablement reprocher à la Procureure de la CPI d’avoir cherché à poursuivre, parce qu’ils sont des africains, des dictateurs comme Omar El-Béchir dont le pays, signataire du statut de Rome vient d’accepter son extradition vers la Haye, ou le président en exercice du Kenya sur lequel pesait des accusations graves et concordantes sur sa responsabilité dans des massacres liés à des élections ? Par ailleurs, la cour devait-elle refuser d’instruire et de juger un dirigeant africain dont le dossier d’accusation lui a été transmis par son propre pays membre du statut de Rome comme ce fut le cas de Laurent Gbagbo par exemple ?
Peut-on soutenir que la CPI rend une justice à géométrie variable ?
Uhuru Kenyatta, élu à la présidence du Kenya en mars 2013, fut accusé d’avoir orchestré des violences à caractère ethnique qui firent 1 200 morts. Le président du Kenya se présenta deux fois devant la CPI pour contester les charges que le Parquet de la CPI faisait peser sur lui.
Le revirement de la CPI fut expliqué par madame Fatou Bensouda dans un document officiel où elle déclara n’avoir pas disposé d’assez de preuves « pour prouver, au-delà de tout doute raisonnable, la responsabilité criminelle présumée de M. Kenyatta ».
Les raisons évoquées par madame la Procureure Fatou Bensouda pour abandonner les enquêtes et les poursuites contre les deux présumés responsables kényans d’une tuerie à grande échelle montrèrent, s’il en était besoin, les faiblesses de la justice internationale devant l’inertie des pouvoirs publiques. Dans le même esprit, concernant l’affaire du président El- Béchir du Soudan, la CPI avait informé le Conseil de sécurité en 2010 de l’absence de coopération des États du Kenya, de Djibouti, de la République démocratique du Congo et du Tchad quand il s’est agi d’arrêter le président soudanais.
En effet, la Procureure de la CPI ne pouvait que constater son incapacité à agir devant une sorte de paralysie du Conseil de Sécurité et qu’elle n’avait pas les moyens d’obliger les deux États africains à coopérer pour l’aider à présenter l’un devant la CPI ou disposer des éléments nécessaires à l’établissement de la preuve de la culpabilité de l’autre.
Est-il raisonnable de poursuivre des présidents en exercice ?
Faut-il rappeler qu’un chef d'État en exercice est la clef de voûte de l’ensemble des institutions de son pays, mais aussi qu’il incarne et garantit la souveraineté de son peuple qui l’a élu. Ainsi, le droit international qui fonde les relations internationales consacre, comme élément de stabilisation des relations entre États, le principe de « leur égalité souveraine ».
Dès lors, il est difficile de comprendre pourquoi les États africains ont signé une convention internationale qui ne reconnaissait pas leur immunité souveraine durant l’exercice de leur fonction.
Les difficultés rencontrées par la mise en œuvre de sanctions contre les chefs d'État en exercice montrent le caractère inapproprié de cette possibilité reconnue par le statut de Rome à la CPI. En vérité, cette vision d’une égalité universelle des auteurs de crime avérés ou supposés n’est qu’une vue de l’esprit. Dans le cas de ces deux chefs d’État africains, la CPI l’a constaté à ses dépens. En effet, comment peut-on compter sur la mobilisation du Conseil de Sécurité dont certains dirigeants des pays qui le composent seraient susceptibles d’être poursuivis un jour si cette disposition pouvait être appliquée sans obstacle.
Mais la poursuite des chefs d’État en exercice ne pose pas seulement de problèmes aux États en mal avec la démocratie. En effet, nul n’ignore, par exemple, que les USA n’ont pas ratifié le Statut de Rome alors que leur avis pèse souvent plus que tout autre sur toute décision internationale. Leur refus de voir les autres tribunaux du monde juger leurs soldats à plus forte raison leur président sera toujours une limite objective à la mise en œuvre de cette compétence reconnue à la CPI.
Le mandat de Fatou Bensouda à la tête de la CPI aura permis de mettre en évidence, tout au moins en Afrique, l’utilité de la justice internationale dont le déclenchement éventuel est une épée de Damoclès suspendue sur la tête de certains dirigeants dictateurs ou criminels. À la lecture de ses multiples interventions, la CPI aura montré aussi que les causes de son inaction, voire de son inertie sont en général indépendantes de la volonté de son Parquet.
En cela, rares sont les reproches faites à Fatou Bensouda qui peuvent être imputées à sa personnalité ou à ses capacités intellectuelles.
Dans son travail, Fatou Bensouda a montré qu’elle était une juriste confirmée mue par son profond attachement aux principes fondamentaux du droit. En cela, elle a honoré, son pays la Gambie, le monde des juristes et particulièrement celui des juristes africains.
L'action de Fatou Bensouda dans ce contexte mérite d’être saluée par tous les pays africains. En agissant d'une manière pragmatique et lucide pour faire triompher les grands principes d’égalité et de justice, elle a rendu une grande contribution au triomphe des luttes en faveur des droits humains et particulièrement celles des femmes africaines pour l’accession aux grands postes de responsabilité.
Fatou Bensouda a montré qu'il ne saurait y avoir un plafond de verre pour les femmes africaines ou les femmes noires. En cela, à l'instar de Winnie Mandela, de Michele Obama, d’Ellen Johnson Sirleaf, elle aura semé la bonne graine pour la récolte de futures générations de femmes.
La fabrication de nos civilisations ne doit pas être laissée aux autres. Ce que l’Afrique doit faire, c’est à nous de le définir. Il n’y a pas meilleure manière de s’emparer d’autrui que de s’emparer de son imaginaire - ENTRETIEN AVEC MAMOUSSÉ DIAGNE
Seydou Prosper Sadio et Pape Seydi |
Publication 29/10/2021
Comment rester Professeur agrégé de philosophie, abreuvé donc aux sources grecques de la pensée, et conserver sa capacité inaltérable à penser les Humanités africaines ? Il est de notoriété publique que nombre d’intellectuels africains, imbus des connaissances académiques, perdent leur âme africaine au profit des cultures et modes de penser étrangers. Tel est loin d’être le cas pour le premier agrégé de philosophie en Afrique, le Professeur Mamoussé Diagne.
Maître de Conférence pendant un peu plus de 40 ans à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le Pr Diagne, auteur de plus de 70 articles et travaux divers dont les plus connus sont la « Critique de la raison orale » (2005) et « De la philosophie et des philosophes en Afrique noire » (2006), préconise, dans cet entretien effectué en marge du Forum fondateur des Humanités africaines (28 au 30 septembre 2021), à Bamako, la refondation de la pensée africaine. L’enjeu : faire en sorte que les populations africaines ne soient pas des anonymes dans le monde. Il souligne toute la pertinence du plaidoyer que le chef de l’État, Macky Sall, a mené récemment dans ce sens à la tribune des Nations Unies, réclamant une présence de l’Afrique au Conseil de sécurité.
Professeur, parler de sujets comme celui des Humanités africaines en ces temps de déclin des certitudes comme le disent certains, peut renvoyer à quoi exactement ?
Je crois qu’actuellement, cela doit renvoyer à un acte de refondation de la pensée dans le monde. Nous ne sommes pas seulement dans une période de transition mais dans un monde qui est bouleversé dans ses certitudes et dans ses repères. Au moment où les hommes de toute la planète se posent des questions sur ce qu’ils sont, sur où ils vont ; il est bon de s’arrêter un moment et de faire l’état des lieux et de se dire où est-ce que nous allons, avec qui nous allons et comment devons-nous y aller. Pour arriver à ce but, cet ensemble de questions qui cernent ce que nous appelons notre être là africain au monde, il faut savoir que nous sommes dans ce que nous appelons aujourd’hui, mondialisation ou globalisation. C’est bien face à cette mondialisation précisément qu’il est arrivé à ce que le Président Senghor sorte un concept magnifique qu’il a théorisé lui-même, la Civilisation de l’Universel, parce que c’était inévitable que cela arrive. Mais ce monde de l’Universel, nous devons nous y rendre comme étant un lieu du donner et du recevoir mais pas comme étant un lieu d’un don unilatéral mais bilatéral. On doit donner et recevoir en même temps, comme le dit Senghor. Alors pour nous préparer à cet échange, il faut que nous ayons quelque chose à donner et pour cerner la part africaine, c’est-à-dire ce que l’Afrique a à donner au reste du monde, il faut que le continent interroge, aujourd’hui, son humanité dans l’Humanité ; c’est pour cela qu’il est important de poser le débat sur la question des Humanités africaines. C’est-à-dire, les Humanités africaines dans les Humanités du monde. C’est la meilleure façon de se positionner et de se situer nous-mêmes et revendiquer pleinement notre place dans le monde. On ne peut revendiquer sa place que si on estime avoir une place, sinon on est balayé par les rafales de ce qu’il est convenu d’appeler la globalisation.
On parle de plus en plus d’une certaine marginalisation des Humanités africaines. D’abord est-ce un avis que vous partagez ? Si oui, ensuite, qu’est-ce qui est arrivé à l’Afrique au cours de l’histoire pour EN arriver à cette situation ?
De plus en plus, ce qui nous est arrivé avec la globalisation, c’est le désir nourri par une part de l’Humanité de dire comment le monde doit être et le disant, elle conjugue le monde autrement. Le monde étant pour elle sa manière de vivre et sa manière d’être. C’est ce que Jack Goody, un chercheur anglais, appelle « Le vol de l’histoire ». Et en sous-titre, il met « Comment l’Occident a réussi à imposer son propre récit historique au reste du monde ». Comment la colonisation, l’occupation, aujourd’hui la marchandisation même du savoir, ont fait que ce monde n’est plus que celui de quelques-uns au lieu d’être celui de tous. Nous devons, en tant qu’Africains, y trouver notre place. Et pour y arriver, l’équation est la nôtre d’abord. L’équation africaine à savoir comment devons-nous faire en sorte que nos populations ne soient pas des anonymes dans le monde, qu’elles ne tendent pas la main partout ; qu’elles ne soient surtout pas les damnés de la terre. Et ça, c’est à l’Afrique de le réussir à travers une volonté tendue vers l’affirmation de ce que j’ai appelé le cogito africain. C’est-à-dire, je suis mais je suis quoi, je suis qui ; c’est-à-dire de ce que le cogito pense de lui-même, de sa propre trajectoire et de ses propres désirs, de son propre dessein, de ses propres projets. C’est ce qui est important pour nous-mêmes et personne ne le fera à notre place. Personne ne peut le faire d’ailleurs, surtout que certains n’ont pas envie du tout que ça se fasse.
Dans ce combat, ne pensez-vous pas que la recherche universitaire africaine a failli à un moment, en ce qui pouvait être sa vocation, surtout par rapport à la refondation des Humanités africaines et des sciences sociales ?
Quand vous dites ça, cela me fait penser à une rencontre qui a eu lieu à l’Université de Dakar lorsque notre sœur, hélas, disparue très tôt, Aminata Diaw qui s’occupait des affaires culturelles au Rectorat, m’avait fait convoquer une rencontre avec Samba Diabaré Samb, un grand maître du Khalam (instrument traditionnel wolof). La rencontre était intitulée, le Griot et le Philosophe. Celle-ci a permis de s’interroger sur notre rapport avec nous-mêmes. C’est-à-dire, notre rapport avec hier et avec aujourd’hui. Voir aujourd’hui, comment remettre ensemble toute cette continuité historique qui avait été fragmentée par des accidents de toutes sortes, par l’esclavage bien avant, par la domination impériale. Comment arriver à se libérer de cette gangue qui pèse sur nos épaules et voir comment nous tenir droit comme sujet face aux autres sujets. Que le cogito africain ne se construise que dans sa rencontre ou dans sa confrontation avec les autres pour leur dire, nous appartenons à la même humanité. L’Humanité africaine n’est pas une humanité à part, une humanité spécifique qui se distingue des autres humanités mais une modalité différente pour l’humain lui-même de se libérer, compte tenu d’un espace et d’un environnement particulier. Cette Humanité, comme le disait un de mes anciens maîtres, « Je l’assume, tu l’es parce que nous en sommes ».
Lorsque le Président de la République, Macky Sall, revendique, pour la énième fois, la place de l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations Unies, là où se construit le sort du monde, c’est parce qu’on ne peut continuer de soulever des questions concernant l’Afrique sans sa présence elle-même. Ce n’est pas possible. Lorsque les Africains eux-mêmes ont créé une maison d’édition africaine, ils l’ont appelé « Présence africaine », c’est tout un symbole. Lors du centenaire de « Présence africaine » et de l’hommage rendu à Alioune Diop, le fondateur, j’ai intitulé mon texte : « Et les Nègres prirent la parole ». En effet, avoir la parole, c’est avoir son droit à dire ce qu’on pense, son propre projet à la table où le monde lui-même discute et les gens devenus puissants pour des raisons historiques qu’on ne dispute plus, se croient avoir seuls le droit de prendre la parole et à la distribuer comme ils l’entendent. Or quiconque parle est maître de celui qui ne parle pas car, de toute manière, c’est sa parole qui vaut et qui devient impérative. C’est comme cela que le fou est exclu de la parole droite parce qu’on estime que sa parole est intempestive. Dans la tradition, quand un village recevait un hôte de marque, on sortait du village tous les fous car ils peuvent dire quelque chose qui brise, qui casse « todj-todj en wolof ». Le fou étant hors de la normalité avec les gens.
Lorsque le monde classique se mettait en marche et allait tracer les cercles qui décident et les cercles de l’indicible, le monde s’est divisé finalement. Et maintenant, même si l’on ne parle pas de fous, ceux à qui on ne donne pas la parole sont mis à l’écart. Et tant qu’on laissera le monopole de la parole aux autres, évidemment, on sera toujours écarté. Alors, demander à la tribune des Nations Unies que les Nègres aient la parole est un acte très significatif. Nous devons nous définir nous-mêmes souverainement et faire le contour de notre moi pour définir ce que nous voulons que le monde soit. Qu’on y arrive ou pas, c’est un enjeu énorme mais la bataille ne doit pas être considérée comme perdue d’avance. Quelqu’un qui pense avoir été vaincu d’avance, l’est en effet. Il ne faut jamais se dire que l’histoire est terminée car c’est la manière d’établir la domination.
Il est admis aujourd’hui que nos langues africaines doivent jouer un rôle non négligeable dans l’éducation des masses, et pourtant, celles-ci peinent encore à bénéficier d’une certaine considération. Qu’est-ce qui justifie cette perte de valeur ?
C’est l’Histoire. C’est l’histoire avec tous ces procès de production. Le procès de production de la matière, de la marchandise. Ces procès de production s’accompagnent aussi de celui de l’imaginaire car il n’y a pas meilleure manière de s’emparer d’autrui que de s’emparer de son imaginaire. Cheikh Anta Diop le disait déjà. Prendre la conscience des autres, c’est la meilleure manière de les gouverner parce qu’ils ont fini en ce moment d’intérioriser la domination. Et ce sera difficile par un acte de retournement incroyable qu’il arrivera, un moment, dans une sorte de dialectique du maître et de l’esclave, à se dire : non, je veux accéder moi-même à la maîtrise. Mais ce n’est jamais donné et c’est parce que ce n’est jamais donné que c’est une conquête qui est toujours à faire, à parfaire. Et notre tâche à nous intellectuels et à la génération de transition, c’est de transmettre à nos cadets toute cette conscience. Et ça, c’est inévitable. Nos langues doivent redevenir ce qu’elles n’ont jamais cessé d’être, à savoir des langues de communication et de production de culture et non des langues de commandement puisse que la langue de l’autre est piégée.
Que pensez-vous de la recherche sur l’histoire africaine ?
Comme l’affirme Cheikh Anta Diop, elle ne s’arrêtera pas parce qu’elle ne le peut plus. Aujourd’hui, on est arrivé à un moment où nous ne pouvons-nous arrêter parce que non seulement nous n’avons pas le droit de le faire mais parce que nous sommes acculés dos au mur devant nos peuples et devant nous-mêmes intellectuels. Ce que l’Afrique doit faire, c’est à nous de le définir, de le savoir et d’articuler les mots crochés et d’acculer ceux-là même que nous mettons en place pour qu’ils nous gouvernent afin que nos projets de société soient accomplis et non rester des slogans. Si vous voyez aujourd’hui dans nos universités et dans nos institutions de savoir, il y a un hyper positivisme qui a tendance à écarter les sciences sociales au profit de celles dites exactes, c’est parce que ces sciences dites « exactes » sont considérées comme des sciences utiles pour la transformation du monde. Mais encore, faut-il savoir à qui profite cette transformation du monde. Quand j’ai eu à dire que « s’interroger sur l’homme, c’est un projet de sciences humaines », ce n’est pas par hasard car c’est parce que c’est l’homme qui accomplit la transformation du monde, selon le vœu de Descartes, « Être maître et possesseur de la nature ». Mais je dis tout cela accompagné de quoi ? Si nos projets de développement échouent très souvent, c’est par la non prise en compte de cet homme-là qui doit être maître et possesseur de la nature. Qu’est-ce qu’on en a fait. On a oublié la culture, on a oublié la langue des peuples et c’est par imposition de schémas préétablis que, de toute manière, on ne peut pas avancer. La seule manière d’avancer, c’est d’arriver à ce que les populations du monde conjuguent leurs projets de développement dans leurs propres langues. Il faut un acte communicationnel qui mette à égalité de savoir les peuples. Les sciences humaines ont ce rôle exploratoire de savoir qui est celui à qui je m’adresse. La question fondamentale en ce moment, c’est de savoir qui parle et à qui parle-t-il et que dit-il à celui à qui il parle. Et autre point, quelle finalité ? Qu’est-ce que je veux que celui à qui je parle fasse ? Et si l’on ne sait pas répondre à ces questions-là, (et seules les sciences humaines peuvent y répondre et non les mathématiques), il sera difficile de développer nos propres projets car c’est à partir de ce moment-là seulement que commence le développement et le processus d’acquisition de la conscience de l’autre, de la conscience d’avancer et de cerner son propre projet. Tout projet doit se dire et se communiquer, et cela doit se faire dans une langue que l’on maîtrise. On doit dire le mot développement en wolof par exemple pour avancer. C’est essentiel. On ne peut pas donner le développement clé en main, cela n’est pas possible. Il faut faire en sorte que la fabrication de nos civilisations ne soit pas laissée aux autres.
par Felwine Sarr
LES ANCÊTRES REPARTENT, LES ANCÊTRES REVIENNENT
Ma joie est d’apprendre qu’il arrive que les exils ne soient pas définitifs, que les chemins ne se perdent pas pour toujours et que bientôt Glèlè, Ghézo, Béhanzin et leurs cohortes retrouveront leur foyer ardent
Le Point Afrique |
Felwine Sarr |
Publication 29/10/2021
Nous publions le discours que Felwine Sarr – écrivain, et cela se sent ô combien ici – a prononcé le 27 octobre au musée du Quai Branly-Jacques Chirac au cours d’une cérémonie historique, celle de la restitution des 26 trésors d’Abomey par la France au Bénin, qui les exposera au Fort d’Ouidah avant de les accueillir dans un musée en cours de construction dans leur ville d’origine. Jusqu’au 31 octobre, on peut encore voir ces chefs-d’œuvre à Paris lors de la semaine culturelle du Bénin.
Il est des événements qui pourraient se passer de discours tant leurs sens profonds imprègnent et soulèvent les somnambules que nous sommes. Et en ces moments, l’ineffable joie d’être le témoin d’un moment historique, chargé de sens, dont on a rêvé l’advenue, rend les mots suspects sinon inutiles. Il arrive même qu’ajouter des mots soit synonyme d’ôter du sens.
Aujourd’hui, les ancêtres Glèlè, Ghézo, Béhanzin, avec leurs cohortes, repartent vers les terres rouges d’Abomey et de Ouidah. À nouveau, ils traverseront l’Atlantique, mais cette fois-ci dans le sens d’un retour nécessaire et tant attendu. Leurs dos battus par les souffles du ponant.
Durant 129 ans, ils furent privés du soleil du Danhomé, de l’air du regard des leurs, des soins rituels, des chants, des processions annuelles.
Aujourd’hui, ils entament la fin de la saison de l’ombre de leur exil.
Ces objets qui retournent, nous l’avons dit, ne sont pas que des objets.
Ce sont des signes qui débordent tous les sens qui leur furent attribués.
Enfants d’une longue évolution spirituelle, sociale et artistique, puissances de germination, forces d’engendrement du réel, ce sont des êtres habités par l’âme et l’esprit des cultures qui leur ont donné vie.
À ces cultures, a cruellement manqué, pour alimenter les forges du présent et de l’avenir, le feu des anciens…
Il a fallu aller chercher les sèves un peu partout, téter parfois au pis le plus sec.
Il était attendu pour l’Etalon d’or de Yennenga, finalement «Baamum Nafi» va se contenter du Prix spécial Uemoa du meilleur long métrage fiction. Son réalisateur, Mamadou Dia, préfère relativiser. Il s’applique la devise de Coubertin. «Voir des gens dans la rue qui saluent Alassane Sy qui a interprété Thierno, Aicha qui a joué Nafi, qui les applaudissent, c’est ça notre gain, notre victoire», a déclaré Mamadou Dia. Face au désir du géant Netflix de pénétrer le marché africain, Mamadou Dia estime qu’il s’agit là d’un phénomène inéluctable.
Baamum Nafi n’a pas eu l’Etalon d’or de Yennenga. Etes-vous déçu ?
Non ! Je suis très content que le film ait pu arriver au Fespaco. C’est un film que nous avons fait avec nos propres moyens. C’est une autoproduction. Nous avons travaillé sans soutien extérieur. C’est au montage qu’on a eu le soutien du Fopica. Baamum Nafi a eu une très belle vie avant. Il est sorti en 2019 à Locarno où il a gagné deux Léopards d’or. Il a eu des prix en Belgique, au Sénégal et dans beaucoup d’autres pays. Il est sorti en salle en France, au Sénégal. Pour nous, être présents au Fespaco, voir les téléspectateurs adorer le film, voir des gens dans la rue qui saluent Alassane Sy qui a interprété Thierno, Aïcha qui a joué Nafi, qui les applaudissent, c’est ça notre gain, notre victoire.
Quels sont vos projets dans l’immédiat ?
J’essaie de travailler sur une autre histoire qui n’est pas encore aboutie. J’en suis à l’étape de recherche. Dans notre compagnie de production Joy & Diddy que j’ai créée avec Maba Ba, on cherche d’autres projets. On veut trouver des gens qui ont des scénarios et qui seraient prêts, comme nous, à travailler sans apport extérieur car il y a plein de scénarios à Dakar.
Le succès de Baamum Nafi n’impacte pas votre prochain film ?
En théorie, oui ! Quand on fait un film en équipe, l’idée c’est que le prochain sera plus facile à faire. Pour le moment, je n’ai pas encore de soutien ou je n’ai pas encore demandé. Mais j’ai aussi entendu des gens dire que le deuxième film est encore beaucoup plus dur car il est attendu, parce qu’on veut savoir si le premier était une erreur ou une œuvre. Mais je ne sens pas la pression parce qu’il n’y a pas deux œuvres identiques. Une œuvre filmographique, c’est une équipe différente, des acteurs différents et personnellement j’ai évolué depuis 2 ou 3 ans. Des choses ont changé. J’ai appris d’autres choses. Je ne sens pas la pression car on fait des films pour nous-mêmes. Quand j’écris, je pense d’abord au Sénégal. Comment les gens à Matam et Tamba vont voir le film ? Comment vont-ils le comprendre ? Pour moi, c’est le plus important. C’est la raison qui nous a poussés à organiser la première de Baamum Nafi à Matam.
Pensez-vous que le Sénégal a fait une bonne moisson avec les prix gagnés ?
Je ne sais pas si c’est une bonne moisson car, pour les festivals, on ne sait jamais. Ce n’est pas parce qu’on a eu des prix que c’est une bonne moisson. La bonne moisson c’est d’avoir présenté beaucoup de films, que ce soit dans les sections officielles ou parallèles. On a même eu une section Sénégal où des films ont été présentés. La bonne moisson, c’est de montrer nos films en dehors du Sénégal. On a eu beaucoup de trophées en documentaire, en fiction, en court métrage. Je pense qu’on a vraiment réussi notre Fespaco.
Quelle lecture faites-vous du cinéma sénégalais ?
Je pense que le cinéma sénégalais marche bien car on produit beaucoup de films. Il y a beaucoup d’initiatives, il y a Ciné banlieue, Ciné Ucad, centre Yennenga. Bref, il y a plein de choses qui se passent à Dakar et dans les régions. Dans ce sens-là, le cinéma se porte bien. On a aussi la chance d’avoir un fonds, l’un des rares par rapport à beaucoup de pays, qui fait la promotion du cinéma. C’est sûr qu’il y a des choses à améliorer. Dans la formation, on n’a pas encore une école où toutes les personnes peuvent être formées comme elles veulent. Je sais que le centre Yennenga commence à faire de la postproduction, les autres initiatives ont beaucoup de qualité mais je pense que ça peut s’améliorer. Certes la chaine de la distribution n’est pas complète mais il y a des gens qui s’y mettent.
Netflix annonce vouloir revaloriser les contes africains. L’arrivée de ce géant ne vous fait-elle pas peur par rapport à l’aspect authentique de notre héritage ?
C’est une peur qui est valide. Je sais aussi qu’on ne peut pas en vouloir au créateur qui souhaite faire du commercial. Si quelqu’un veut produire une chose, car il perçoit le cinéma comme ça, pour moi ce n’est pas un problème. Le cinéma est un art et ce dernier est, en réalité, une marchandise. L’artiste peut dire que mon art n’est pas à commercialiser, je ne le fais pas pour avoir des sous, mais si quelqu’un le fait, je n’y vois pas de problème. Nous essayons de trouver de l’authenticité pour les partager mais Netflix est malheureusement une puissance incontournable. Si elle veut produire quelque chose dans un pays, elle va le faire. Le monde est arrivé à ce point : il y a des géants qui «bouffent» tout le monde et on doit passer par ça. Il faut aussi préciser que Netflix fait de bonnes choses. Elle a produit des films que personne n’aurait vus sans elle. Il y a un bon côté aussi.
«QUITTER NAPLES POUR UNE AUTRE EQUIPE ITALIENNE, JAMAIS !»
Dans une anecdote racontée par le journaliste italien, Valter De Maggio, Kalidou Koulibaly a confié son amour pour Naples et son admiration pour le Fc Barcelone, le Real Madrid et Manchester City, en fermant la porte à la Juventus et toute autre équipe italienne.
L’actuel capitaine de l’Equipe nationale du Sénégal, arrivé à Naples en 2014 en provenance de Genk (D1 Belgique), réalise depuis plus six ans de très belles performances dans le football transalpin. Très souvent convoité par les plus grosses cylindrées européennes, le défenseur de 30 ans est toujours resté attaché au Napoli mais pour une simple et bonne raison. En effet, selon une anecdote dévoilée par le journaliste italien, Valter De Maggio, sur Radio Goal, une émission diffusée sur les fréquences de Kiss Kiss Napoli, l’international sénégalais a révélé ne jamais vouloir partir de Naples pour un autre club italien. Cela dit donc qu’il ne portera jamais les couleurs de la Juventus. «Moi à la Juventus ? T’es fou ? Je n’irais jamais jouer dans un autre club italien. Je ne pourrais pas trahir les supporters de Naples», aurait indiqué Koulibaly.
«Je rêve du Barça, du Real ou de Manchester City»
Cependant, l’ancien joueur du Fc Metz ne serait pas insensible à l’idée de quitter Naples pour une autre formation européenne. En effet, toujours d’après De Maggio, Kalidou Koulibaly a confié rêver du Barça, du Real Madrid ou de Manchester City. «Si je décidais de quitter Naples je ne le ferais que pour deux, maximum trois clubs dans le monde. Je parle du Manchester City de Guardiola, du Real Madrid et du Fc Barcelone», aurait-t-il insisté.
Naples reprend la tête de la Serie A
De quoi lancer un peu plus les spéculations sur l’avenir du «Comandante», sous contrat jusqu’en juin 2023 avec Naples. L’été dernier, comme souvent d’ailleurs c’est le cas, Kalidou Koulibaly était annoncé un peu partout en Europe. Le Paris Saint-Germain, Liverpool entres autres, et même le Fc Barcelone, le Real Madrid et Manchester City, sont venus aux renseignements du natif de Saint-Dié-desVosges ces derniers mois. Du coup, ses motifs sur son intention de rester à Naples ne devraient plus faire débat. A noter que Naples a repris hier la tête de la Série A après son large succès 3-0 face à Bologne.
ALIOU CISSÉ PUBLIE SA DERNIÈRE LISTE LE 5 NOVEMBRE
Par rapport aux joueurs qui seront sélectionnés pour les matchs contre les Eperviers et les Diables Rouges, il ne faudrait pas s’attendre à des surprises
C’est vendredi prochain, 5 novembre, que le sélectionneur des Lions, Aliou Cissé, va publier sa liste pour les deux matchs contre le Togo et le Congo Brazzaville, comptant pour la der des éliminatoires du Mondial 2022. Une liste qui sera la dernière avant celle de la Can 2022 au Cameroun, en janvier prochain.
Dans notre édition d’hier, on a évoqué le gros enjeu de la prochaine liste de Aliou Cissé qui sera la dernière avant celle de la Can 2022. D’où son importance par rapport aux joueurs qui seront sélectionnés et aussi pour ceux qui seront zappés et qui auront peu de chance d’être présents au Cameroun, en janvier prochain. Justement, Le Quotidien a appris que cette liste tant attendue sera publiée vendredi prochain, 5 novembre. Le contexte des deux matchs des Lions, contre le Togo et le Congo, sans grand enjeu pour la bande à Sadio Mané déjà qualifiée pour «Qatar 2022», devrait donner assez de liberté et moins de pression à Aliou Cissé au moment de faire ses choix. Ce serait aussi une opportunité pour le sélectionneur, s’il le juge nécessaire, de tester d’autres systèmes de jeu.
La liste pour la Can qui passe à 28 joueurs, une aubaine pour Cissé
Par rapport aux joueurs qui seront sélectionnés pour les matchs contre les Eperviers et les Diables Rouges, il ne faudrait pas s’attendre à des surprises, car on voit mal Aliou Cissé faire appel à de nouveaux joueurs à deux mois et quelques jours du rendez-vous du Cameroun. Mais la dernière décision de la Caf d’augmenter le nombre des joueurs qui passe de 23 à 28, va apporter une nouvelle donne que les sélectionneurs des pays qualifiés vont à coup sûr tenir en compte.
Quels joueurs pour accrocher le dernier wagon pour le Cameroun ?
En effet, une telle «faveur», liée à la pandémie du Covid-19, pourrait donner des idées à Aliou Cissé qui va devoir puiser dans son lot de réservistes ou donner la chance à d’autres Lions qui avaient disparu des radars de la Tanière. Et sous ce chapitre, on pense, entre autres, à Ousseynou Ba, Pape Alioune Ndiaye… et aussi au binational, Lys Mousset, qui, dans un entretien hier avec nos confrères de Record, a fait un clin d’œil au sélectionneur, en révélant son envie de jouer la Can 2022. Il est vrai que beaucoup de choses peuvent se passer d’ici le mois de janvier. Mais en attendant focus sur ces deux derniers «matchs-test» qui devraient permettre au coach de consolider les acquis et de gommer les incertitudes.