SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 août 2025
L'HISTOIRE DE L'AFRIQUE NOIRE AVEC RAMA YADE
L'ancienne ministre française et directrice d'Afrique d'Atlantic Council, Rama Yade, évoque les raisons pour lesquelles le livre "Histoire de l'Afrique noire, d'hier à demain" de Joseph Ki-Zerbo est un ouvrage majeur de la littérature africaine
L'ancienne ministre française et directrice d'Afrique d'Atlantic Council, Rama Yade, évoque les raisons pour lesquelles le livre "Histoire de l'Afrique noire, d'hier à demain" de Joseph Ki-Zerbo est un ouvrage majeur de la littérature africaine.
LES VICTIMES DE LA DICTATURE DE JAMMEH RÉCLAMENT JUSTICE
Les Gambiens envisagent avec excitation l'élection de leur président.Mais Mariama Marong Baldeh regarde plus loin, dans un mélange de doute et de fermeté, vers le jour où, peut-être, seront jugés ceux qui ont tué son mari
"Les responsables doivent être jugés", dit-elle. Une phrase comme une profession de foi dans la bouche des victimes de la dictature exercée par Yahya Jammeh pendant plus de 20 ans, jusqu'en 2016.Le seront-ils, "c'est la question", soupire-t-elle.
La présidentielle de samedi est la première depuis 1996 à se dérouler sans Yahya Jammeh, vainqueur à quatre reprises d'élections contestées, jusqu'à être battu il y a cinq ans par un quasi inconnu et être forcé de s'exiler en Guinée Equatoriale sous la pression d'une intervention militaire ouest-africaine.
Le sort judiciaire fait à Yahya Jammeh, 56 ans, est un des enjeux de l'élection.
Une commission instituée en 2017 pour enquêter sur les années Jammeh a entendu près de 400 témoins, victimes mais aussi acteurs.Des sessions rigoureuses et bouleversantes ont documenté l'étendue des crimes perpétrés pendant cette période, assassinats, disparitions forcées, actes de torture, viols et castrations, chasses aux sorcières, jusqu'à l'administration contrainte d'un traitement bidon contre le sida.
Entre 240 et 250 personnes sont mortes entre les mains de l'Etat et de ses agents, dit la commission.Maintes fois les témoignages ont fait remonter directement ou indirectement la responsabilité jusqu'à M. Jammeh.
Le prochain président aura à trancher si les auteurs de ces atrocités doivent rendre des comptes.
La commission a remis en novembre son rapport et ses recommandations au successeur de Yahya Jammeh, Adama Barrow.Le contenu du document n'a pas été rendu public.Mais il demande des poursuites contre les principaux responsables, nommément désignés dans ses pages.
"Justice doit être rendue", dit Mariama Marong Baldeh, "c'est ce que nous attendons du rapport (de la commission).Mais quant à savoir s'il sera appliqué par le président et le gouvernement, c'est la question, et c'est aussi mon inquiétude".
Mariama Marong Baldeh, aujourd'hui vêtue des pieds à la tête de vêtements sombres rehaussés de brillant, montre une photo jaunie d'elle et son mari souriant, lui en smoking et noeud papillon, elle en tenue de soirée."Un très bon souvenir pour moi", dit-elle.
- Livres d'histoire -
Son époux Basiru Barrow, soldat, a été exécuté en novembre 1994 par les militaires de la junte qui, le lieutenant Yahya Jammeh parmi eux, avaient renversé quelques mois auparavant le premier président de la Gambie.Basiru Barrow, tué prétendûment pour participation à une mutinerie, laissait derrière lui deux fillettes de deux ans et cinq mois à la charge de sa seconde femme, Mariama Marong Baldeh.
Celle-ci a déposé devant la commission en mars 2019, au côté de la première épouse de son mari, Sunkary Yarboe-Barrow.
Depuis la remise du rapport est lancé un décompte de six mois jusqu'à une décision sur les suites à y donner, un acte politiquement délicat.
"J'assure (aux victimes) que mon gouvernement veillera à ce que justice soit rendue", a dit M. Barrow en recevant les 17 volumes.Mais il les a aussi pressées "d'être patientes".
M. Barrow a dit voir dans la conclusion des travaux "une source de fierté" pour son gouvernement.Mais lui qui avait promis par le passé que les responsables seraient jugés a beaucoup attenué son propos depuis.Les victimes ont vu avec émoi le parti du président faire alliance avec celui de l'ancien dictateur en vue de la présidentielle.
Gilles Yabi, fondateur du think-tank citoyen Wathi, nuance la fierté exprimée par M. Barrow.Certes "il n'a pas bloqué le travail de la commission mais le rapprochement entre les deux partis fait craindre que le processus n'aboutisse pas".
Le principal concurrent de M. Barrow à la présidentielle, Ousainou Darboe, éclate de rire quand on lui demande si M. Barrow appliquerait les recommandations de la commission."Quand nous serons élus, nous appliquerons les recommandations", assure-t-il, même s'il faut pour cela en passer par un tribunal hors de Gambie, comme pour l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré.
Reed Brody, avocat américain engagé au côté des victimes, attend que ce soit la justice gambienne qui se saisisse.Mais "que ce soit par un tribunal gambien, un tribunal régional ou un tribunal international, il faut que justice soit rendue".
Procès ou pas, Essa Jallow, porte-parole de la commission, retient le travail historique accompli par cette dernière: "Ce que nous ne pouvons pas changer, c'est l'histoire, ce sont les faits.Même si un gouvernement, quel qu'il soit, ne fait rien, cela n'effacera pas des livres d'histoire ce qui s'est passé".
LA GAMBIE VEUT PANSER LES PLAIES DE LA DICTATURE ET DU COVID
Les Gambiens élisent samedi leur président, un vote crucial pour une jeune démocratie qui cherche à surmonter son passé dictatorial et les effets du Covid-19 sur une économie fragile
De 08H00 et jusqu'à 17H00 (locales et GMT), les électeurs choisissent leur prochain chef de l'Etat en déposant une bille en guise de bulletin dans un des bidons aux couleurs de chaque candidat, procédé instauré de longue date en raison d'un illettrisme répandu.
Le sortant Adama Barrow et cinq autres candidats, tous des hommes, se disputent un peu moins d'un million de voix, et la charge de diriger pendant cinq ans le plus petit pays d'Afrique continentale, qui est aussi l'un des plus pauvres au monde.
Il n'y a qu'un tour. Les premiers résultats pourraient être connus dès dimanche.
Il y a cinq ans, Adama Barrow, ancien promoteur immobilier aujourd'hui âgé de 56 ans et alors quasiment inconnu, avait déjoué les pronostics et battu le dictateur Yahya Jammeh après plus de vingt ans de régime caractérisé par une multitude d'atrocités commises par l'Etat et ses agents: assassinats, disparitions forcées, viols, actes de torture...
M. Jammeh refusait de reconnaître sa défaite.Il a finalement été forcé à s'exiler en Guinée équatoriale sous la pression d'une intervention militaire ouest-africaine.
La présidentielle de 2021 est la première sans lui depuis 1996.
L'éventualité qu'il ait à rendre des comptes est l'un des enjeux de l'élection, avec la crise économique.
Les Gambiens interrogés par l'AFP s'accordent sur le constat d'une liberté retrouvée après les années de peur, et sur l'importance d'aller voter pour consolider une démocratie vulnérable.
Adama Barrow revendique ce retour des libertés, la construction de routes et de marchés, et la pacification des relations avec la communauté internationale.Son parti prêche la "continuité d'évolutions sans précédent".
- Eternel second -
Celui qui est pressenti comme son principal adversaire, Ousainou Darboe, 73 ans, avocat défenseur des droits humains, l'accuse au contraire d'avoir "failli lamentablement" et d'avoir manqué à tous ses engagements pour rester au pouvoir.Il appelle au changement.
"Je le crois sans aucun doute", dit-il quand l'AFP lui demande si, après avoir été quatre fois le second de Yahya Jammeh, il pense que son heure est venue face à M. Barrow, dont il fut ministre et vice-président.
M. Barrow est revenu sur sa promesse initiale de ne rester que trois ans au pouvoir pendant une période de transition.Il a beaucoup atténué ses engagements passés à faire rendre justice aux responsables des crimes des années Jammeh.
Son parti nouvellement créé a au contraire noué une alliance avec celui de l'ancien autocrate.
Les victimes se demandent si, en cas de réélection, M. Barrow appliquera les recommandations d'une commission chargée d'enquêter sur la période Jammeh.
La commission lui a rendu son rapport en novembre, début d'un compte à rebours de six mois pour que le président, M. Barrow ou son successeur, décide des suites à y donner.
De son exil, M. Jammeh continue à peser sur la politique de son pays où il compte encore de nombreux supporteurs.
Mais de nombreux Gambiens interrogés expriment des préoccupations plus immédiates.Près de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté.Le pays a été durement touché par le Covid-19.En dehors de l'agriculture et des transferts d'argent de la diaspora, le pays, avec ses plages sur l'Atlantique, vivait du tourisme, dont les flux se sont taris.
Les touristes commencent à revenir.Mais de nombreux emplois ont disparu.La Gambie était déjà proportionnellement l'un des principaux points de départ de migrants cherchant à gagner l'Europe en pirogue.Les Gambiens souffrent de l'augmentation des prix des produits de première nécessité comme le riz, le sucre, l'huile, mais aussi des coupures d'eau et d'électricité, et du manque d'accès aux soins.
LE PARTCOURS EST PLUS PROFOND QU’UN SIMPLE FESTIVAL SUR L’ART
Du 26 novembre au 12 décembre, Dakar accueille le Partcours. Cette dixième édition revêt les habits de la maturité. 29 galeries, espaces et acteurs vont plonger la métropole dakaroise dans une ambiance artistique
Propos recueillis par Mame Woury THIOUBOU |
Publication 04/12/2021
Du 26 novembre au 12 décembre, Dakar accueille le Partcours. Cette dixième édition revêt les habits de la maturité. 29 galeries, espaces et acteurs vont plonger la métropole dakaroise dans une ambiance artistique.
Un petit bilan de ces 10 ans de Partcours ?
On a commencé cet évènement de façon artisanale. C’était juste un groupe de collègues et chacun travaillait dans le privé, pour l’art et la culture à Dakar. Et puis, on s’est retrouvés et on s’est dit qu’on pouvait faire un évènement ensemble, pour remplir le vide culturel. Et on ne savait pas que ça allait durer. On se retrouve 10 ans après et chaque année, il y a eu une édition. Les premières étaient moins connues et plus petites. Après, il y a eu un accélérateur et l’édition actuelle a 28, 29 participants. Le Partcours est attendu par tous ceux qui s’intéressent à l’art. C’est devenu vraiment un évènement incontournable de la vitrine dakaroise.
Au-delà des expositions, le Partcours, c’est aussi une façon de mettre en lumière les galeries dakaroises et les artistes…
Absolument. Et aussi des promoteurs culturels privés. Il y a des protagonistes qui n’ont pas de galerie. Par exemple, Carole Diop, qui fait ses balades architecturales et travaille sur la ville, montre au public l’histoire de Dakar et l’évolution, pas toujours positive, du milieu architecturel dakarois. Il y a également Yataal art qui n’est pas vraiment une galerie, parce que c’est toute la Médina qui est sa galerie, et ils font visiter toutes ses ruelles avec ces graffitis qui sont sur les murs. C’est plus profond qu’un simple festival d’art, parce que ça va intéresser le tissu urbain, les gens dans leur quotidien, leurs plaisirs et difficultés de vivre dans une ville comme Dakar.
Est-ce que ça a permis de vulgariser l’art ? Parce que la peinture était quand même quelque chose d’assez élitiste ?
C’est une action assez large. C’est le Off de la Biennale qui essaie d’aller en profondeur et vulgariser l’art. C’est sûr que les galeries peuvent rester des espaces pour les collectionneurs et certains visiteurs. Mais, c’est seulement à travers l’effort d’aller au-delà qu’on peut avoir des résultats. L’art contemporain ne peut pas être populaire à 100%. Un artiste, ça reste un personnage qui sort un peu de son quotidien, pour devenir un leader esthétique. Quand on a commencé la Biennale, les gens ne savaient même pas ce que c’était dans les quartiers. Je ne dis pas qu’ils vont tous avoir des connaissances mais au moins, ils savent maintenant ce qu’est la Biennale, une exposition, un artiste. Ils s’intéressent à l’art. La première fois, ils peuvent regarder en passant et la fois d’après, ils entrent pour voir l’exposition. C’est petit à petit que ça se fait, l’épanouissement de cet art contemporain. On ne peut pas avoir les mêmes échos que pour un concert de Youssou Ndour.
Est-ce que le marché de l’art a grandi en même temps que le Partcours prenait de l’ampleur ?
C’est sûr que le marché a grandi. On connaissait une dizaine de collectionneurs passionnés. Il y en a beaucoup plus maintenant et on en découvre. Là par exemple, pour notre expo à l’Atelier céramique, on a connu Khady et Alioune Thiam, qui sont des collectionneurs. La fille et le père. Et on a découvert qu’ils sont en train de mettre de côté des pièces africaines classiques, principalement, mais aussi de l’art contemporain. C’est intéressant de voir comme le discours s’élargit, et d’une manière assez égalitaire. Les premières galeries, c’était le centre culturel, après il y a eu beaucoup de Sénégalais intéressés mais maintenant, il y a aussi les Libanais qui s’intéressent à l’art contemporain, font un bon travail et ont de beaux espaces.
Cette année, vous allez éditer un livre sur le Partcours. Il parle de quoi ?
Ce livre a été fait avec beaucoup d’images. Le Partcours, c’est l’art dans la cité. C’est vraiment demander aux gens de circuler dans la ville, de découvrir des lieux d’art. Et aussi les bâtiments et les gens autour. Dans ce livre, on trouve aussi beaucoup d’images de l’ancien et du nouveau Dakar. On trouve des œuvres d’art importantes dans le Partcours et on commence à comprendre qu’on peut écrire l’histoire de l’art du Sénégal, à partir de la fameuse école de Dakar, de Senghor et de ses artistes. Ce livre donne des pistes et suggestions autour de tout ça et de l’architecture aussi. Nous tenons beaucoup à cette thématique et sommes attristés de voir comme Dakar est entrain de changer de visage, parfois pas dans le bon sens. Faire le Partcours devient un parcours du combattant, parce que circuler le soir pour être dans les vernissages…
Comme chaque année, il va y avoir ces vernissages par quartier, qui sont un peu l’identité de cet évènement…
Plateau, Medina, Ouakam, etc. Et depuis quelques années, on a rajouté des endroits dans la banlieue. C’est intéressant de ne pas rester dans le centre-ville. Cette année, on a un nouvel espace à Mbao. On a cherché à s’élargir et être présents. Le Partcours est un évènement autogéré. Il y a quelques aides pour la communication générale, mais chaque galerie finance sa propre activité. On a un nouvel espace cette année, à Mbao, et nous sommes très contents de voir cet intérêt pour l’art contemporain. Après, le Partcours reste quand même dakarois.
Financièrement, c’est toujours compliqué ou ça s’améliore ?
Nos financements servent à maintenir cette organisation et payer toute la communication. Ce qui a fait vivre le Partcours jusqu’à présent, c’est un soutien d’Eiffage depuis la première édition, qui permettait d’éditer ce programme. Les premières années, il n’y avait que ça. Après, quand la manifestation a commencé à être plus importante, d’autres financements se sont rajoutés, y compris celui du ministère de la Culture, avec l’Institut français, le Goethe, et cette année, l’Institut italien, qui vient d’ouvrir, y participe comme espace d’exposition. Avec tous ces soutiens, on arrive à tenir, même si probablement, Eiffage va diminuer sa participation parce qu’il considère, qu’après dix ans, le Partcours est devenu grand et a moins besoin d’un soutien constant comme avant. Mais on a les autres et donc, on va tenir. Ce qui est intéressant ici, c’est cette réflexion commune. Cette année, on a même pu faire une édition mineure. A la fin du confinement, on a vu que beaucoup d’espaces étaient fermés et on s’est permis de faire un Partcours à mi saison, qu’on a appelé Noraane, la saison sèche. Ce n’était pas aussi grand que le Partcours, mais il y avait quand même une communication commune sur la réouverture des espaces culturels.
Les dix prochaines années, qu’est-ce que vous prévoyez ?
Pour moi, c’est la retraite. Quand on a commencé, on ne savait pas ce qui allait arriver. Maintenant, il y a une chose de certain, c’est que plus ça devient grand, plus ça devient difficile à gérer. Parce que mettre d’accord dix personnes, c’est plus facile que mettre d’accord 30 personnes. C’est un gros travail d’organisation et de communication à faire. Si on en est arrivés là, on peut aussi aller plus loin.
Comment vous gérez ça ? Vous vous mettez ensemble et décidez ou bien… ?
On a refusé un statut d’association, avec un président qui va tout décider et que les autres se soumettent. C’est très démocratique. On fait des réunions et on discute des décisions à prendre.
Vous n’aimez pas parler de petites galeries ou grandes galeries mais tout de même, est-ce que les petites galeries ont une chance d’attirer de grands artistes ?
Il y a une disparité de galeries justement. Il y a à Dakar, deux à trois petites galeries qui ont la prétention d’être de grandes galeries. Mais à côté, il y a Agit’art ou Yataal art. Ce ne sont pas de grandes galeries, mais elles ont peut-être même une voix plus importante que d’autres. Espace Medina, c’est un des plus anciens espaces, avec le mien. J’ai commencé ma première exposition ici, en 1981. Mais après, c’est sûr qu’il y a des disparités de moyens, mais on essaie de traiter tout le monde de la même façon. Tout le monde a deux pages dans le catalogue.
Exposer Tampidaro n’est peut-être pas la même chose qu’exposer Soly Cissé ?
C’est la particularité du Partcours. On essaie de faire participer toutes les tendances. Et si un artiste a la volonté et le savoir-faire, il peut aller loin. Regardez ce qui s’est passé avec Kiné Aw ou Barkinado Bocoum ! Quand on les exposait, ils sortaient des beaux-arts. C’est intéressant de voir des artistes sénégalais qui réussissent dehors et qui veulent participer au Partcours. Il y a aussi des étrangers qui demandent à être exposés ici.
Vous êtes à l’origine du Off de la Biennale et du Partcours. Qu’est-ce qui vous motive ?
La passion pour l’art et pour les gens. Si c’était seulement pour l’art, je pourrais être dans ma tour d’ivoire et faire ma collection ou mon business. Mais j’aime le terrain, j’aime partager. Et pour le Off, j’étais au début de l’initiative, mais le terrain était là en fait. Il fallait juste l’organiser. Pour le Partcours, c’est parti avec Koyo Kouoh. Les galeries étaient là et elles avaient envie de trouver quelque chose qui fonctionnait.
Puisqu’on est à l’heure du bilan, n’avez-vous pas fait une étude sur les retombées économiques du Partcours ?
On ne l’a pas fait. C’est difficile à faire de toute façon. La Biennale n’a jamais réussi à le faire, parce que les gens ne disent pas tout.
ACQUISITION DE L’AVION PRESIDENTIEL LES EXPLICATIONS DE SIDIKI KABA
Selon le ministre des Forces armées, les contrats pour l’acquisition de la coque et l’aménagement de l’intérieur de l’avion ont été conclus depuis 2019 et le paiement a été effectué en trois tranches
Devant les députés, le ministre des Forces armées a annoncé l’érection de plusieurs brigades de gendarmerie, dont 17 sont en cours de réalisation à Bambilor, dans le pôle urbain de Diamniadio, à Lac Rose, Koungheul, Wack Ngouna, Kounkandé, Kaffrinne, Vélingara, Sédhiou, Mpal, Thillé-Boubacar, Taïba Ndiaye. Sans oublier les brigades routières de Diourbel et Fatick. «Ces actions visent à renforcer le maillage du territoire par la gendarmerie, conformément au plan de sécurité sur l’ensemble du territoire national», précise Me Kaba. Quid de l’acquisition du nouvel avion présidentiel ? Selon le ministre des Forces armées, les contrats pour l’acquisition de la coque et l’aménagement de l’intérieur de l’avion ont été conclus depuis 2019 et le paiement a été effectué en trois tranches, inscrites dans les lois de finances pour les années 2019, 2020 et 2021. «Présen¬te¬ment, l’avion appartient à l’Etat du Sénégal, qui l’a acquis pour un montant définitif de 57 447 235 356 F Cfa», a-t-il affirmé.
Baisse du budget des Forces armées, Le Mfa relativise
Le projet de budget 2022 du Ministre des Forces armées (Mfa) est arrêté à 278.125.798.010 F Cfa en autorisations d’engagement, et, à 262.572.961.099 F Cfa, en crédits de paiement. Et il a connu une légère baisse, qu’a relativisée Sidiki Kaba. «En 2012, le budget de ce ministère était d’un montant inférieur à 40 milliards de F Cfa. Aujourd’hui, le budget est évalué à plus de 262 milliards, c’est dire donc que ce budget a connu une hausse constante», dit-il, en précisant «que des ressources sont logées au niveau des dépenses communes et pourront éventuellement contribuer à renforcer, au courant de la gestion 2022, le budget du département».
Après Nelson Mandela, L’Ucad fait Cyril Ramaphosa, Docteur Honoris Causa
Président d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa sera Docteur Honoris Causa de l‘université Cheikh Anta Diop de Dakar. En visite au Sénégal pour participer au Forum sur la paix et de la sécurité, il sera décoré lundi prochain, au centre de conférences de l’Ucad II. Pourquoi un tel choix ? «Juriste, il a été désigné par la Faculté des sciences juridiques et politiques, pour recevoir cette distinction honorifique. Cyril Rama¬pho¬sa est le 2éme Sud-Africain, à qui l’université Cheikh Anta Diop décerne ce titre. Nelson Mandela, à sa sortie de prison, a été reçu à l’Ucad et élevé au grade de Docteur Honoris Causa, le 30 juin 1992», rappelle le rectorat.
GENERALISATION DE L’ALPHABETISATION GRACE AU NUMERIQUE : LE MINISTERE DE L’EDUCATION VALIDE UN CADRE DE REFERENCE
Comment généraliser l’Education de base des jeunes et des adultes, afin de lutter contre l’analphabétisme ?
Le Sénégal dispose désormais d’un cadre de référence des interventions dans l’Education de base des jeunes et des adultes (Ebja). Le document a été validé au cours d’un atelier d’échanges et de partage des différents acteurs du sous-secteur. Cette réforme permettra d’ouvrir le maximum de classes d’alphabétisation numériques, pour enrôler plus d’un million d’enfants sénégalais hors du système.
Comment généraliser l’Education de base des jeunes et des adultes, afin de lutter contre l’analphabétisme ? La question a réuni les techniciens du ministère de l’Education nationale, ses partenaires techniques et financiers, les acteurs du sous-secteur et les membres de la Société civile. Une rencontre sanctionnée par la validation d’un cadre de référence des interventions dans l’Educa¬tion de base des jeunes et des adultes (Ebja)
Dans son discours, le Secrétaire général du ministère de l’Education nationale a indiqué que l’éducation et la formation constituent des leviers importants pour l’amélioration des conditions économiques, sociales et culturelles de la Nation. Fort de cela, elle a soutenu que le ministère de l’Education nationale «s’est engagé avec l’appui de l’Usaid-Passerelles, dans cinq offres d’éducation complémentaire comme alternative, en réponse aux options d’éducation initiées par les communautés, d’où l’originalité du cadre de référence, en vue de parvenir à une gestion cohérente et systématique des interventions».
Le cadre de référence est un cahier de charges qui permet aux décideurs de disposer d’un instrument adéquat, afin de mettre de l’ordre dans les différentes interventions. Ainsi, une synergie d’actions est vivement recommandée pour son appropriation. La directrice adjointe de l’Usaid au Sénégal, Catherine Andang, a salué les efforts consentis par l’Etat du Sénégal, en matière d’alphabétisation. Elle a réitéré l’engagement de l’organisme américain et des autres partenaires à continuer l’accompagnement pour l’atteinte des objectifs fixés. Membre de la Société civile, Silèye Gorbal Sy a «magnifié l’initiative, qui permettra de mieux développer les programmes d’éducation dans les régions concernées».
Il faut savoir que le document de référence est un cadre spécifique à l’alphabétisation, l’école communautaire de base, la formation aux métiers, classes passerelles et classes préparatoires à l’entreprenariat. Dans le même sillage, la directrice de l’Alphabétisation et des langues nationales, Ndèye Nam Diouf, a annoncé que : «Dix classes numériques seront ouvertes prochainement, dans la perspective d’une généralisation de l’alphabétisation.»
Au Sénégal, où plus de 50% de la population sont analphabètes. Par conséquent, le document de référence des interventions dans l’éducation de base est une opportunité offerte à plus d’un million d’enfants, hors système, d’avoir accès à une éducation de base. Le ministère de l’Edu-cation nationale invite tous les partenaires et acteurs du sous-secteur de l’Ebja, à une meilleure appropriation du cet outil de référence.
LAMINE, UN SENGHOR AUX OUBLIETTES
Parrain de la Journée du tirailleur, Lamine Senghor a été soldat, intellectuel et combattant pour l’émancipation des peuples noirs opprimés. Il est décédé le 25 novembre 1927, en France. A seulement 38 ans
Parrain de la Journée du tirailleur, Lamine Senghor a été soldat, intellectuel et combattant pour l’émancipation des peuples noirs opprimés. Il est décédé le 25 novem¬¬bre 1927, en France. A seulement 38 ans.
La tragédie de Thiaroye 44 ne peut s’absoudre dans le temps. Hier, la Journée du tirailleur a été célébrée avec faste par l’Armée, pour rendre hommage à ces soldats tués froidement chez eux, par l’Armée coloniale. «Cette cérémonie a pour objectif, la réhabilitation de la mémoire des tirailleurs sénégalais, en mettant en exergue leur contribution lors de la première et la seconde guerre mondiale», note Sidiki Kaba. Il s’empresse cependant de préciser : «Il ne s’agit pas de nous complaire dans une quelconque gloriole, mais de permettre, à travers la connaissance de leurs faits d’armes, de leurs souffrances, de leurs sacrifices, la transmission des nobles valeurs et vertus, plusieurs fois séculaires, qu’ils ont portées en bandoulière sur les champs de bataille des deux guerres mondiales.»
Cette commémoration permet «de mieux faire connaître quelques pages de leur histoire, que l’on ne trouve ni dans les manuels scolaires, ni dans les ouvrages de vulgarisation, encore moins dans les documentaires». Lamine Senghor fait partie de ces hommes, dont la mémoire doit être entretenue.
Tirailleur sénégalais de la Grande Guerre, «qui n’a pas failli à son devoir de combattant», c’est lui le parrain de cette journée. «Lamine Senghor, le combat pour l’égalité d’un tirailleur sénégalais de la Grande guerre» est l’intitulé de l’hommage. «Il s’agit encore de chercher, dans les replis de la mémoire de la Grande Guerre et de l’immédiat après-guerre, quelques pages occultées de ce pan de notre passé combattant», justifie Me Kaba.
Né le 15 septembre 1889 à Joal, Lamine Arfang Senghor a livré plusieurs batailles. Il participe à celle de la Somme, en 1916. Il fait partie, en 1917, des combattants du Chemin des Dames. Blessé, il sera évacué en juillet. Il connaîtra une suite de tragédies. «Plus tard, dans le secteur de Verdun, il est victime des gaz asphyxiants de l’ennemi. En fin novembre, son unité, le 67e Bataillon de tirailleurs sénégalais (Bts), se repose au camp d’hivernage de Fréjus», raconte le ministre des Forces armées. En 1918, il va retourner au front, avant d’être décoré de la Croix de guerre. «En 1919, une mutinerie éclate dans ce camp d’hivernage, durant laquelle le Sergent Lamine Senghor et ses camarades demandent leur rapatriement», poursuit Me Kaba. C’est la fin de sa carrière dans l’Armée. Il rentre chez lui, avant de repartir en France quelques temps plus tard, après avoir obtenu la nationalité française. Vétéran de l’Armée, il bénéficiera d’une pension d’invalidité avant de décrocher un job dans le civil, en devenant facteur aux Postes, télégraphes et téléphones (Ptt).
Lamine Senghor fait partie des avant-gardistes. A une période de la domination raciale, il sera marié à une Française. «Il tente, en vain, de rentrer au Sénégal avec son épouse, car l’Administration coloniale s’y oppose. En effet, elle se méfie de la présence, en Afrique, de couples mixtes pouvant écorcher la suprématie blanche au plan local, mais également y diffuser les idées communistes. Avec la Grande Guerre, les combattants africains découvrent l’Europe, avec ses forces et faiblesses. Le Mythe de l’homme blanc s’en trouve fortement ébranlé», avance Me Kaba. «La prise de conscience, qui s’en suit, fait émerger en Métropole, chez ces vétérans de la Guerre 14-18, venus de tout l’empire, l’idée de combattre l’injustice raciale, l’impérialisme, le colonialisme. Face aux promesses non tenues, telles : «En versant le même sang, vous gagnerez les mêmes droits», le courant indépendantiste va progressivement supplanter celui assimilationniste», enchaîne Me Sidiki Kaba.
A cette époque, les luttes émancipatrices sont balbutiantes. Lamine Senghor n’est pas en reste. «Sous l’influence des communistes, des ressortissants asiatiques, africains, antillais sont initiés à la lutte révolutionnaire, par une formation marxiste de base. En 1924, Lamine Senghor devient militant de l’Union intercoloniale, créée par le Parti communiste français, depuis 1921», revisite le ministre des Forces armées. Quelques années plus tard, il démissionne de cette structure, considérant «que les communistes français ne prenaient pas assez en compte l’émancipation des peuples noirs et la défense de leur race». Il crée en 1926, le Comité de défense de la race nègre. «Il s’éloigne définitivement des assimilationnistes pour épouser les thèses indépendantistes, avec ses camarades, Kojo Tovalou Houenou, Tiémokho Garan Kouyaté, entre autres. Ils sont en contact avec des célébrités de l’époque, telles que : George Padmore, Du Bois, Marcus Garvey, Messali Hadj, etc.», liste Sidiki Kaba.
Bien intégré dans les instances de lutte, Lamine Senghor voit son aura grandir. «Au congrès constitutif de la Ligue contre l’impérialisme à Bruxelles, en février 1927, il y côtoie Nehru de l’Inde, Gumede de l’Anc de l’Afrique du Sud, la veuve du Chinois Sun Yat Sen, le physicien Albert Einstein, entre autres personnalités. Son discours retentissant, du haut de cette tribune, fut traduit en anglais et diffusé, outre-Atlantique, par la presse américaine. Il fut arrêté, quelques jours après ce célèbre discours, et emprisonné quelques semaines à Draguignan», raconte-t-il.
Décédé à l’âge de 38 ans
Au milieu de cette bataille idéologique, il sera rattrapé par des problèmes de santé. Car, la guerre ne l’a pas laissé intacte. Ce qui marque le début de la fin. «Souffrant des séquelles des gaz asphyxiants de la Première Guerre mondiale et atteint de tuberculose, il voit sa santé se dégrader de jour en jour. Il quitte alors Paris, pour retrouver un climat plus clément dans le Var, à Fréjus, dans le sud de la France.
Abandonné par son épouse, le mouvement qu’il a créé commence à perdre de son aura et connaît des difficultés», détaille le ministre des Forces armées. Physiquement affaibli, il décède le 25 novembre 1927. A seulement 38 ans. «Lamine Arfang Senghor a été un grand homme. Précurseur et pionnier du mouvement anticolonialiste, dont il a été l’un des militants noirs les plus influents, en France, et de la prise de conscience du monde noir, sa contribution historique se dilue, plus tard, dans les mouvements d’indépendance qui prennent de l’importance après la Seconde Guerre mondiale. Le souvenir de son action est progressivement éclipsé par de nouveaux acteurs, qui ont pour noms : Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Frantz Fanon, etc. Celui qui consacra la dernière partie de sa vie à se battre pour des causes justes, devient un oublié de l’histoire», note Me Kaba.
Malgré cette brève existence, Lamine Senghor continue à être célébré. Même si son œuvre s’étiole avec le temps. «Dans les trois premières décennies de l’indépendance du Sénégal, quelques partis politiques de gauche tentèrent, tant bien que mal, d’entretenir sa mémoire. Désormais, cette mémoire est officiellement réhabilitée ici et maintenant, devant ce Mémorial de Thiaroye. Ses excellentes qualités de soldat, son humanisme, son esprit de justice et d’équité, les valeurs qu’il incarnait dans les luttes politiques qu’il a menées, pour le monde noir et les peuples opprimés, seront, un jour, dans les programmes d’enseignement, afin de servir d’exemple aux générations présentes et futures», espère Me Kaba
BAMBA DIENG : «JE VEUX MERITER LA CONFIANCE DE COACH CISSE»
Après sa première sélection, Bamba Dieng veut écrire sa propre histoire avec l’équipe du Sénégal
Après sa première sélection, Bamba Dieng veut écrire sa propre histoire avec l’équipe du Sénégal. Depuis qu’il a claqué des buts d’anthologie avec son club, l’Olympique Marseille, il est sous les projecteurs. Mais l’ancien pensionnaire de l’institut Diambars ne veut pas s’enflammer pour autant. Pour lui, le chemin est encore long et il doit bien travailler en club pour mériter la confiance du sélectionneur, en vue de la CAN qui démarre en janvier prochain.
Bamba, comment avez-vous vécu votre première sélection en Lion ?
Je rends grâce à dieu. A mon arrivée, les autres coéquipiers m’ont bien accueilli et m’ont ouvert la porte. J’apprécie tout cela dans la mesure où je me sens bien. Les dirigeants, tout comme les membres du staff technique m’ont mis à l’aise.
Votre bizutage a fait le buzz…
(Eclats de rires) On ne pouvait pas faire autrement. Il fallait passer par là, puisque c’est un passage obligé pour tous les nouveaux. Et il permet de les familiariser d’entrée avec le groupe.
Que pouvez-vous apporter, aujourd’hui, à l’équipe ?
Je peux apporter beaucoup de choses à l’équipe. Mais, pour dire vrai, c’est l’équipe qui m’apportera plus. Je ne dois rien lâcher et je dois continuer à travailler sur tous les plans. Mental, physique, moral, je ne dois rien oublier. Je dois donner tout ce que le football demande sur le terrain, non seulement pour mériter la confiance du coach, mais aussi celle des Sénégalais.
Comment avez-vous vécu votre premier contact avec le sélectionneur ?
J’étais très content parce que tout joueur prie Dieu de pouvoir défendre les couleurs de son pays, quel que soit le championnat où il évolue. En ce qui me concerne, c’est une grande fierté. D’ailleurs, tout mon entourage était content de cela.
Pensez-vous déjà à la prochaine Coupe d’Afrique des Nations ?
Bien sûr que oui, j’y pense. Mais cela dépendra aussi de nos performances dans nos clubs respectifs. Le fait de venir en équipe nationale est une bonne chose. D’ailleurs, je me battrai tous les jours pour mériter la confiance du coach. Mais le travail en club aussi est important, puisque c’est à travers les performances en club que le sélectionneur choisit ceux qui doivent défendre la nation.
Quelles sont vos relations avec Pape Matar Sarr que vous ne quittez jamais ?
(Eclats de rires) Lui, c’est mon ami. On est très lié. On s’est affronté en championnat du Sénégal, on s’est fréquenté aussi en équipe nationale U17. À mon arrivée dans la Tanière, il a été le premier à m’accueillir à bras ouverts, avec Pape Abou Cissé, sans oublier Gana Guèye. C’est pourquoi nous sommes tout le temps ensemble.
En début de saison, vous avez fait parler de vous, en inscrivant 3 buts en 2 matchs avec l’Olympique Marseille. On ne peut pas rêver mieux non, à votre âge ?
Je ne suis pas surpris et ce n’est nullement une pression pour moi, parce que tout le temps, je travaille d’arrache-pied pour y arriver. À coup sûr, c’est le résultat de ces efforts. C’est à moi de garder la tête sur les épaules, parce que le football a ses réalités. Aujourd’hui, vous pouvez être adulé et mis aux oubliettes le lendemain.
Comment avez-vous accueilli les témoignages des joueurs comme Mamadou Niang et Didier Drogba qui ont été tous séduits par vos performances de début de saison ?
J’étais très content. Je me suis dit que si des icones comme eux m’ont félicité et encouragé, c’est peut-être qu’ils ont vu des qualités en moi. Cela me permet de redoubler d’effort, mais aussi de garder la tête sur les épaules, en sachant que le chemin est encore long. Je dois rester concentré et ne pas croire que je suis déjà arrivé au bout. Je dois aussi avoir conscience que seul le travail paye. Certes, les légendes de l’OM qui ont fait la fierté de ce club ont tous salué mes performances, mais je ne dois pas m’endormir. À moi de prouver que si je suis arrivé à ce stade, c’est parce que j’ai travaillé.
Drogba aurait émis le souhait que vous fassiez plus que lui à l’OM. N’est-ce pas motivant ?
À dire vrai, je ne suis pas tombé sur ce message-là. Mais si ça vient de lui, je lui en serai éternellement reconnaissant. Donc, je ferai tout pour faire mieux que lui, comme il me le souhaite.
Il a longtemps hésité avant de me faire part de la triste nouvelle qui l’a également contrarié au point de surseoir à toutes ses activités, prévues, hier, dans l’après-midi. Mais quand la mort frappe, il est impossible de reculer. Mon mari sort son téléphone et me montre le message qui lui a été transmis. Tata Awa est partie. Elle n’est plus de ce monde. Je suis restée sans voix un moment avant de dire comment est-ce possible ? Car, durant cette semaine, je me suis enquise de ses nouvelles auprès de Maïmouna Diouf, Mme Mbodj, car elles étaient inséparables. À l’instant, j’ai senti le sol se dérober sous mes pieds. Mais la messe était déjà dite, Awa Tounkara est bien décédée.
Jeune journaliste débutant au quotidien national Le Soleil, Awa Tounkara m’a très tôt prise sous aile protectrice. Même si je l’ai remarquée à plusieurs occasions, lors de nos reportages, en particulier une mission de l’Unicef en octobre 2000, à Kolda, c’est au Soleil que cette photographe, qui est devenue, au fil des jours, plus qu’une tante, une mère, s’est liée d’amitié avec moi. Pour matérialiser l’estime qu’elle me vouait, elle n’hésitait pas à m’encourager, à me demander de croire en moi, d’aimer mon travail et surtout de bien le faire. En plus, elle me rendait visite à mon domicile, toujours accompagnée de sa sœur « jumelle » Maïmouna Diouf, Mme Mbodj. Surtout que mon mari et elle étaient très proches. Donc quoi de plus normal que je la considère, en plus d’être une maman, une belle-mère. Mieux, pour prouver son amour vis-à-vis de moi, quand j’ai perdu mon papa, peu avant sa retraite au Soleil, elle a fait le déplacement jusqu’à Saint-Louis pour présenter ses condoléances à ma famille. Une occasion pour moi de dire aux miens toute l’estime, la considération et l’amour que cette dame au grand cœur me voue. Et c’est avec joie que mes sœurs demandent régulièrement de ses nouvelles.
Malgré la différence d’âge, je m’adressais toujours à Tata Awa comme j’étais devant une grande sœur. D’ailleurs, ce sont de telles relations qu’elle entretenait avec quasiment tous ceux qu’elle côtoyait dans son travail. Surtout les jeunes, qu’ils soient journalistes ou photographes, à qui elle prodiguait des conseils fort utiles dans le secteur que nous partageons, à savoir la presse.
Aujourd’hui, je pleure une confidente. Car c’est ainsi que celle que toute la rédaction du Soleil appelle affectueusement Tata Awa a toujours considéré sa « Maï Maï ». Elle m’appelait ainsi. Femme connue pour sa sincérité, sa franchise, et surtout sa forte personnalité, elle a su s’imposer dans une rédaction, je dirais dans un secteur, où les femmes se comptaient, à l’époque, du bout des doigts. Son professionnalisme n’a jamais fait défaut dans sa longue carrière de femme reporter-photographe. En témoigne le fait qu’elle s’est présentée au boulot jusqu’au dernier jour de sa longue carrière professionnelle au Soleil, avec sa retraite survenue en juin 2009. Et même au terme des bons et loyaux services qu’elle a rendus à cette entreprise où elle a passé une bonne partie de sa vie, elle revenait lors de certaines fêtes, surtout celle organisées par l’Amicale des Femmes du Soleil dont elle fut la première présidente.
Sa simplicité, sa gentillesse, sa grandeur d’âme, Awa Tounkoura n’a cessé de les montrer aux gens pour lesquels elle a toujours éprouvé de l’estime et de la considération. Faisant partie de ce cercle, c’est avec plaisir que j’acceptais les précieux cadeaux qu’elle m’offrait régulièrement. Son décès constitue une immense perte pour moi, ma famille, la grande famille du Soleil. Nous nous inclinons devant sa mémoire et présentons nos sincères condoléances à toutes les personnes qu’elle a chéries dans sa vie.