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27 août 2025
Par Abdoulaye THIAM
L’ENVOL D’UN IMMORTEL !*
«Je suis né à 150 mètres du stade et de la prison. J’ai choisi le stade !», aimait résumer, le président Lamine Diack. Du populeux quartier Rebeuss, il a atterri à la Principauté de Monaco (siège de l’IAAF).
«Je suis né à 150 mètres du stade et de la prison. J’ai choisi le stade !», aimait résumer, le président Lamine Diack. Du populeux quartier Rebeuss, il a atterri à la Principauté de Monaco (siège de l’IAAF). Une si longue marche parsemée d’embuches que l’homme a su surmonter les unes après les autres.
Près d’une trentaine d’années à la Confédération africaine d’athlétisme (CAA), Lamine Diack a été aussi président et vice-président de l’IAAF (ancêtre de World Athletic) pendant 39 ans. Mais contrairement à ce qu’on a l’habitude de voir, Lamine Diack n’était pas un «nègre de service». Il était plutôt en mission. Une mission parfaitement accomplie. Parce que Diack a su faire bouger les lignes et bousculer l’ordre établi. Demander l’exclusion de l’Afrique du Sud de l’IAAF pour lutter contre l’Apartheid, il fallait le faire. Diack l’a osé et réussi.
La démocratisation du système de vote avec l’adoption d’«un pays, une voix», porte aussi l’empreinte de Lamine Diack. Les Chinois lui doivent la réintégration de leur pays au sein de l’Association internationale d’athlétisme. Quant aux athlètes, Lamine Diack leur a permis de vivre de leur art. Et pour cause, jusqu’en 1997, l’IAAF se contentait d’offrir une Mercedes au vainqueur d’une course alors que les Fédérations organisatrices empochaient 8 millions de dollars. Aujourd’hui, les athlètes se bousculent pour prendre part à la Diamond League, courue désormais en Europe, en Amérique mais aussi en Asie et en… Afrique. Alors que son ancêtre, la Golden League était exclusivement réservée à 12 villes européennes. Diack tenait à l’universalité de sa discipline mais aussi et surtout à son retour à l’école. D’où le lancement du projet «kid’s athletics».
Lamine Diack était un sportif accompli. Mais aussi un homme politique courageux, franc et généreux dans la discrétion. De Senghor à Me Wade en passant par Abdou Diouf, il n’a jamais courbé l’échine. Il a toujours eu le courage de ses idées. Abdoulaye Makhtar Diop a rappelé hier, son refus de quitter ses fonctions de maire de Dakar sur demande du président Senghor. «Je ne vais pas démissionner parce que j’ai été élu par les Dakarois», avait-il répondu à l’ancien Chef d’Etat sénégalais. Diack n’éprouvera également aucune difficulté à dire à Me Abdoulaye Wade que «le Sénégal n’est pas le Togo» pour qu’on y permette une dévolution monarchique du pouvoir.
Last but not least ! Alors que plusieurs personnalités sénégalaises craignaient d’afficher leur adhésion aux Assises nationales, le président Lamine Diack, lui avait mis sur la table 30 millions. Mieux, il avait confié à Sud Quotidien en 2011, à Daegu (Corée du Sud) qu’il était prêt à démissionner de la présidence de l’IAAF pour devenir un président intérimaire du Sénégal pour un mandat de 3 ans. Sa seule conditionnalité était un consensus. Hélas, le Benno finira par voler en éclats. On connaît la suite ! Bref, c’est cette personnalité d’une dimension internationale qui s’est éteinte dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 décembre, laissant dernière elle, une jeunesse en perte de repères. Il nous avait promis d’écrire ses mémoires. Hélas, la faucheuse en a décidé autrement. Repose en paix, Président !
*Titre inspiré de la UNE de Sud Quotidien suite au décès de Léopold Sédar Senghor
YANKHOBA DIATTARA OBJET DE MULTIPLES PLAINTES DE LA RÉPUBLIQUE DES VALEURS
Le parti a saisi l’OFNAC, la CREI et la CENTIF après la déclaration publique grave du ministre à Thiès concernant la détention d'une enveloppe de 100 millions de FCFA destinée à la campagne électorale pour les locales - COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de la République des Valeurs/Réewum Ngor annonçant avoir saisi de plaintes l'OFNAC, la CREI et la CENTIF sur de possibles délits financiers de la part du ministre Yankhoba Diattara, qui a publiquement affirmé détenir 100 millions de FCFA pour la campagne des élections locales.
"La République des Valeurs/Réewum Ngor a saisi l’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) et la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) après la déclaration publique grave de monsieur Yankhoba Diattara, ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, vice-président du Conseil départemental de Thiès et par ailleurs candidat aux élections municipales prévues le 23 janvier 2022.
En effet, M. Diattara, devant un public nombreux, affirme disposer d'un montant de 100 millions de FCFA et cherche à mobiliser plus avec des partenaires, pour la campagne électorale. Il dit aussi que la destination de ce pactole est le « financement » (sic) de deux cents (200) groupements de femmes dans une première phase, son objectif à terme étant de toucher l’ensemble des groupements de Thiès à raison de 500 000 F CFA par groupement de femmes. En l’espèce, il s’agit, assurément, de corruption d’électeurs dans le contexte de précampagne où M. Diattara lui-même se place. Les chroniques thiessoises sont animées, depuis quelque temps, par l’entreprise d’achat des électeurs à laquelle se livre le ministre Yankhoba Diattara, au mépris de la dignité des citoyens et de la moralité sociale et républicaine.
Or, M. Diattara ne peut attester d’aucun emploi stable et solidement rémunéré ayant duré plus de deux (2) ans au cours de la décennie écoulée, voire au-delà qui justifierait qu’il disposât d’une telle somme à distribuer généreusement. Il n’exerce, de notoriété publique, que des activités politiques. Tout patrimoine ou ressources qu’il posséderait relèveraient quasi exclusivement de ces activités politiques.
Par ailleurs, un ministre de la République ne saurait avoir de « partenaires » et « d’amis », ni recevoir de cadeau ou de faveur de quelconque nature que ce soit ni même contracter un prêt ailleurs qu’auprès d’établissement de crédit dûment habilité.
L’aveu étant la reine des preuves, M. Diattara doit s’expliquer sur la provenance d’une telle somme qu’il lui est impossible de réunir à travers ses revenus légaux. L’alibi de partenaires ou d’amis, qui se veut intelligent, est une preuve que M. Diattara ignore les responsabilités et conséquences qui découlent de sa qualité de ministre de la République ainsi que des obligations strictes qui pèsent sur lui, qui l'obligent au demeurant à une déclaration de patrimoine dès sa prise de fonction. Tout patrimoine ou toutes ressources financières acquises depuis sa prise de fonction ne saurait provenir que de ses revenus légaux et déclarés auprès de l’OFNAC. Pour mémoire, M. Diattara est ministre depuis novembre 2020. Avant cette date, et notamment durant la campagne de 2019 autrement plus cruciale pour son parti, le Rewmi, pour lui- même et son mentor, il ne pouvait se vanter de sa soudaine prodigalité. En raison de son aveu et de ses activités sur le terrain, nulle personne de bonne foi ne peut manquer de s’interroger sur l’origine de sa soudaine richesse.
Par conséquent, la République des Valeurs/Réewum Ngor signale à la CENTIF de potentiels flux financiers illicites. Elle dénonce auprès de l’OFNAC et de la CREI une potentielle entreprise d’enrichissement illicite. La réaction diligente de ces institutions est d’autant plus souhaitée, qu’à ses dires propres, M. Diattara va solliciter « ses partenaires » pour mobiliser d’autres ressources pour l’ensemble des groupements de Thiès.
La République des Valeurs/Réewum Ngor est indignée par les pratiques immorales qui désacralisent la République, désorganisent la démocratie, pervertissent la citoyenneté. Les vices et la violence qui affectent la société sénégalaise trouvent souvent leurs causes dans la dépravation assumée des hommes politiques. L’affaire Djibril Ngom montre, s’il en est, la félonie et l’absence complète d’éthique de certains acteurs politiques de la coalition au pouvoir, gangrenée par l’esprit « mburu ak soow », de collision pour la perversion des valeurs sacrées qui fondent une nation."
GAMBIE, UNE PRÉSIDENTIELLE À L'OMBRE DE JAMMEH ET DU COVID
Les Gambiens élisent samedi leur prochain président avec l'espoir qu'il améliorera les conditions de vie de leur pays éprouvé, et fermera les plaies encore vives de l'ère Yahya Jammeh. Mais l'ombre de l'ancien dictateur plane sur un scrutin incertain
Le sortant Adama Barrow et cinq autres candidats, tous des hommes, se disputent les voix d'un peu moins d'un million d'électeurs, et la charge de diriger pendant cinq ans le plus petit pays d'Afrique continentale, qui est aussi l'un des plus pauvres au monde.
Il n'y a qu'un tour. Les bureaux ouvrent à 8H00 et ferment à 17H00 (locales et GMT). Les premiers résultats pourraient être connus dimanche.
Dans une Afrique de l'Ouest frappée de recul démocratique, la Gambie, bizarrerie géographique s'enfonçant sur quelques centaines de kilomètres le long du fleuve du même nom à travers le Sénégal, peut tenir lieu de contre-exemple.Après avoir tourné la page de plus de vingt ans de dictature Jammeh fin 2016, elle peut connaître sa première transition ouverte quand les Gambiens, après avoir participé avec engouement à la campagne, iront voter, en déposant en guise de bulletin une bille dans un des bidons aux couleurs de chaque candidat.
"On est entré dans une période de liberté où les gens peuvent s'exprimer sans crainte du danger", dit Gilles Yabi, fondateur du think-tank Wathi. Mais cette démocratie est "fragile", dit-il, et "il est important de confirmer cette trajectoire par des élections qui se passent bien, indépendamment du résultat".
De son exil en Guinée Equatoriale, Yahya Jammeh, parti il y a cinq ans sous la pression d'une intervention militaire ouest-africaine, se mêle à l'avenir d'un pays où il compte encore de nombreux supporteurs.L'éventualité qu'il rende des comptes pour les crimes imputés à lui-même et ses agents entre 1994 et 2016, assassinats, disparitions forcées, actes de torture, détentions arbitraires, viols...est l'un des enjeux de cette élection.
Un autre est la sortie de crise.Les Gambiens, dont près de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté, ont été durement touchés par le Covid-19.En dehors de l'agriculture et des transferts d'argent de la diaspora, le pays, avec ses plages sur l'Atlantique, vivait du tourisme, britannique surtout.Coup sur coup, la faillite de l'opérateur Thomas Cook et la Covid-19 ont tari les flux.
Les touristes commencent à revenir.Mais de nombreux emplois ont disparu.La Gambie était déjà proportionnellement l'un des principaux points de départ de migrants cherchant à gagner l'Europe en pirogue.Les Gambiens souffrent de l'augmentation des prix des produits de première nécessité, riz, sucre, huile, des coupures d'eau et d'électricité, du manque d'accès aux soins.
Pour le sortant Adama Barrow, 56 ans, vainqueur surprise de Yahya Jammeh en 2016, l'élection donnera la mesure de la confiance placée en lui pour redresser la barre et réconcilier les Gambiens.
Mais le doute s'est fait jour sur ses intentions au sujet de Yahya Jammeh.Peu connu avant 2016, l'ancien promoteur immobilier et fan du club de foot d'Arsenal a été consacré par défaut, parce que le leader historique de l'opposition, Ousainou Darboe, avait été emprisonné.
- Alliance controversée -
Ousainou Darboe, 73 ans, éternel deuxième de la présidentielle derrière Yahya Jammeh, avocat et défenseur de nombreux opposants de l'ancien dictateur, est présenté comme le principal concurrent de M. Barrow, avec qui il a pris ses distances après avoir été son ministre et vice-président.
Après l'investiture de M. Barrow et sous sa présidence, les prisonniers politiques ont été libérés, le multipartisme instauré, la liberté d'expression restaurée.La Gambie a réintégré le Commonwealth, et a renoncé à quitter la Cour pénale internationale.
Mais M. Barrow est revenu sur sa promesse de ne rester que trois ans, provoquant fin 2019, début 2020 d'importantes manifestations et des dizaines d'arrestations. Il a mis beaucoup d'eau dans ses engagements passés à faire rendre justice pour les crimes de l'époque Jammeh.
Son parti nouvellement créé a noué une alliance avec celui de l'ancien autocrate Jammeh.Ce dernier, dans une de ses interventions à distance dans la campagne, a dénoncé l'accord et apporté son soutien à un ancien lieutenant de son parti, Mama Kandeh.
M. Barrow s'est aussi retrouvé en novembre avec entre les mains le rapport d'une commission instituée sous sa présidence sur les exactions des années Jammeh.
La commission a entendu pendant plus de deux ans près de 400 témoins, victimes et anciens officiels. Le rapport demande que les responsables soient poursuivis.Son contenu n'a pas été publié et on ignore qui sont les responsables nommément désignés.
M. Barrow ou son successeur a six mois pour trancher la délicate question des suites à donner au rapport.
MOHAMED MBOUGAR SARR AU COEUR D'UNE POLÉMIQUE HOMOPHOBE
Le lauréat du prix Goncourt 2021 est critiqué pour «De Purs Hommes», roman publié en 2018. Une affaire qui se nourrit d’amalgames, de ressentiment anti-occident et de conservatisme religieux
Aujourd’hui, si Mohamed Mbougar Sarr écrit, des Sénégalais crient. Et s’ils crient, c’est au scandale. Mohamed Mbougar Sarr ferait l’apologie de l’homosexualité. L’obtention du confidentiel «prix du prix littéraire» gay 2021, décerné le 12 novembre à Paris par l’association Verte Fontaine et les Editions du frigo à l’auteur sénégalais pour l’ensemble de son œuvre, n’a fait qu’alimenter un peu plus le feu qui couvait depuis l’obtention du Goncourt début novembre pour son quatrième roman, la Plus Secrète Mémoire des hommes.
Miroir peu complaisant
La polémique enfle pourtant à contre-temps. Car il n’est pas question de la Plus Secrète Mémoire des hommes. La cible, la vraie, c’est son roman De Purs Hommes, publié en France en 2018. «De Purs Hommes n’avait pas été mis en vente au Sénégal en 2018», précise la responsable des ventes de la librairie Aux quatre vents, à Dakar. Dans ses pages, Mbougar Sarr tend au Sénégal un miroir peu complaisant. Il y narre l’histoire d’un professeur de lettres désabusé par l’hypocrisie morale ambiante. Le visionnage d’une vidéo de la profanation de la tombe d’un homosexuel fera naître chez lui une obsession pour cet événement.
Au Sénégal, l’homosexualité est considérée comme un délit passable de cinq ans d’emprisonnement ; les goorjigéens, terme péjoratif pour désigner un homosexuel et qui signifie littéralement «homme-femme» en wolof, sont régulièrement cibles d’agressions et doivent vivre clandestinement leur union, qualifiée de «contre-nature» par le code pénal sénégalais.
Mbougar Sarr est donc accusé d’être un vendu à la solde des lobbys LGBT. «Il représente un danger pour le Sénégal. […] Si l’on suit cette logique, dans quarante ans, nos enfants vivront avec l’homosexualité. C’est le début de la décadence de la société sénégalaise», soutient le professeur Niang, enseignant d’histoire-géographie à Kaffrine, dans un entretien accordé au média sénégalais Thies Info.
Le décès de l'ancien patron de l'athlétisme mondial a éteint les poursuites pénales qui le visent personnellement en France mais un procès en appel dans cette affaire de corruption reste prévu en fin d'année pour ses coprévenus, dont son fils Papa Massata
Le Sénégalais Lamine Diack, mort à 88 ans dans la nuit de jeudi à vendredi à Dakar, a régné durant seize ans à la tête de l'athlétisme mondial avant d'être rattrapé par les scandales et de devenir le symbole de l'affairisme qui a gangréné la fédération internationale.
Considéré comme l'un des acteurs-clés d'un système de corruption visant à couvrir des cas de dopage en Russie, il avait, en septembre 2020, été condamné par la justice française à quatre ans de prison, dont deux ferme, et 500.000 euros d'amende pour corruption et abus de confiance.
Il avait fait appel de cette condamnation et la date d'un nouveau procès restait à fixer.
Lamine Diack avait aussi été mis en examen pour corruption passive dans l'enquête sur l'attribution des Jeux olympiques de Rio (2016), de Tokyo (2020) et des Mondiaux d'athlétisme 2017.
Compte tenu du décès de M. Diack, la justice ne prononcera ni relaxe ni condamnation mais constatera, comme il est d'usage, l'extinction de l'action publique à son encontre.
Concernant les faits de corruption passive lors de l'attribution des Jeux olympiques 2016 et 2020, une audience de fixation est prévue à la cour d'appel de Paris le 25 février et le procès devrait avoir lieu en octobre 2022, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Dans ce dossier, Lamine Diack et son fils Papa Massata sont soupçonnés d'avoir monnayé leur soutien aux villes organisatrices contre des pots-de-vin déguisés en contrats de lobbying.
LA RÉSISTANCE DES LANGUES NATIONALES
Parlées dans les familles, les salles de classe, ainsi que dans les universités par une bonne partie des Sénégalais, les langues nationales peinent encore à s’imposer à l’écrit, malgré les efforts d’éminents intellectuels comme Mame Younousse Dieng
Son audace a été magnifiée, avant-hier, lors d’une rencontre dédiée aux livres écrits en langues nationales. Son exemple, offert aux générations actuelles. Elle, c’est feu Mame Younousse Dieng, première personne à oser écrire un roman entier en langue nationale, en l’occurrence le wolof. Intitulé ‘’Aawo bi’’, le livre écrit en 1982 n’a pu être édité que 10 ans plus tard, en 1992. ‘’C’est un livre plein d’enseignements dans lequel elle enseigne comment doit être une épouse. Ndella, le personnage principal, est un exemple de courage, de dignité, de bravoure. Une femme d’une beauté extraordinaire, mais qui laisse tout de côté pour donner la priorité à son mariage, pour être une épouse exemplaire’’, commente Mamadou Diouf, ancien SG de la Confédération des syndicats autonomes.
Mais qui était cette brave dame que l’association Fonk Sunuy Làmmin, en collaboration avec Goethe Institut et la place du Souvenir, a voulu rendre hommage en lui consacrant ces journées d’échanges ? Née à Tivaouane, au cœur du Cayor, Mame Younousse Dieng a été enseignante, résistante, foncièrement encrée dans les valeurs traditionnelles africaines et sénégalaises. La professeure Penda Mbow témoigne : ‘’En tant que première écrivaine en wolof, Mame Younousse a eu à jouer un rôle très important dans l’éclosion des langues nationales au Sénégal. Avant même le livre, elle a été l’une des premières, sinon la première, à avoir traduit l’hymne national en wolof. Elle fait partie de ceux et celles qui ont très tôt compris que le développement passe nécessairement par la vulgarisation de nos langues.’’
Quand on parle de Mame Younousse, les témoignages sont unanimes autour de ses valeurs. Penda Mbow s’exclame : ‘’La première chose, c’est sa beauté. Elle est une belle femme noire, avec un charisme, une culture cayorienne, très encrée chez elle. C’est une femme de culture, une grande intellectuelle. Ses leçons en français, elle les traduisait en wolof pour mieux les retenir.’’
Selon l’historienne, on ne peut développer un pays si on ne maitrise pas ses langues. ‘’Tout le monde convient qu’il est plus facile de penser, de réfléchir, d’écrire, d’apprendre à partir de sa propre langue. Tous les scientifiques en conviennent. On en parle depuis très longtemps. Des pas décisifs ont été franchis ces dernières années. Je pense qu’il y a un excellent travail qui est en train de se faire et c’est très important’’, a-t-elle insisté.
En effet, si autrefois les langues nationales ne vivaient que par l’oralité, de plus en plus, il existe des ouvrages faits en langues nationales, particulièrement en wolof. D’ailleurs, dans le cadre du ‘’Pencum Maam Yunus’’, plusieurs ouvrages ont été présentés par les différentes maisons d’édition connues en langues nationales. Directrices des éditions Ejo, Ndèye Codou Fall se félicite : ‘’Cette exposition a pour objectif de montrer aux uns et aux autres qu’il y a beaucoup d’ouvrages écrits en langues nationales. Outre Ejo, ont participé à cette exposition d’autres maisons comme Osad, CNRE et Ared. Nous avons tenu à offrir plus de visibilité à tous ceux qui produisent dans nos langues’’.
Cette éclosion, selon Penda Mbow, dénote un certain regain d’intérêt salutaire. Elle affirme : ‘’Il y a un regain de dynamisme culturel et intellectuel dans ce pays qui est très rassurant. Cela veut dire que ce qui a été semé il y a plusieurs années par les anciens est en train d’éclore. Et je ne vois pas ce qui pourrait stopper ce processus. Nous devons tous nous battre pour faire de ce pays un pays modèle en termes de citoyenneté, inclusive, participative. Un pays où tout le monde peut accéder à l’information et exercer pleinement sa citoyenneté.’’
Pour Coura Sarr, auteure de ‘’Pexe du Niak’’ (conte), l’Etat parle beaucoup, mais fait très peu pour les langues nationales. Rappelant que le Sénégal a commencé l’apprentissage des langues nationales avant tous les autres pays africains, elle déplore : ‘’Aujourd’hui, tous les pays nous ont dépassé, à cause de notre manque d’engagement et de respect pour nous-mêmes, nos valeurs. Dans la vie, avant de s’ouvrir aux valeurs des autres, à la langue d’autrui, il faut d’abord et avant tout s’appuyer sur ses propres valeurs. Même Dieu nous l’enseigne, car Il a envoyé tous les prophètes qui ont parlé à leurs peuples dans leur propre langue. Pas dans des langues qui leur sont méconnues. Il y a dans ce pays un manque d’estime de soi, qui ne s’explique pas.’’
Celle qui aime se définir comme quelqu’une qui n’a jamais été à l’école française, qui a fait ses humanités au centre social de Pikine dans les années 1970 jusqu’à écrire son premier livre en français, estime que l’œuvre de Mame Younousse doit être davantage vulgarisée, car plein d’enseignements. Elle a su interpréter merveilleusement deux des textes de l’illustre écrivaine : en l’occurrence ‘’Xarit’’, un hymne à l’amitié, et ‘’Rej May Deju’’, consacrée à l’épouse africaine, sénégalaise modèle.
par Jean Pierre Corréa
UN CON, ÇA OSE TOUT
L’État est le premier à discriminer ses citoyens, selon qu’ils se nomment Ndiaye, Fall, Sall. Lesquels peuvent sans coup férir renouveler leurs cartes d’identité, alors que moi et autres Coly, Lopy, sommes obligés de quérir un certificat de nationalité
Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas…ce qu’ils savent… La flatulence cérébrale de Gaston Mbengue a répandu sa puanteur toxique sur tout le Sénégal, et réveillé cette unité œcuménique qui fait la singularité et le charme du pays.
Nous n’allons pas plus accabler cet ersatz de primate, notre consœur Henriette Niang Kandé l’ayant habillé pour l’hiver qui s’annonce, en écrivant dans sa jubilatoire « Chronique de l’Improviste » que « Les bêtises qu’il débite chaque fois qu’il ouvre la bouche ou pose un acte ont fini de convaincre qu’il a la profondeur d’une planche de surf, de la bouillie dans la tête qui lui sert de cerveau et le rayonnement intellectuel d’une laitue. C’est bien ce que dit Michel Audiard : “Un homme bête, ça ne se définit pas. Il faut donner des exemples“. Il rajoute : “Traiter son prochain d’homme bête n’est pas un outrage, mais un diagnostic“. S’il arrive de douter qu’on puisse naitre bête, certains ont d’indéniables dispositions naturelles à l’être. Gaston Mbengue occupe une place de choix dans cette catégorie ». La messe est dite… Mais justement, il convient de remettre « l’église au milieu du village » ou, pour entrer dans le sujet de manière équitable, « la mosquée au centre du quartier ».
Alors, que savent les gens et qu’ils ne comprennent pas ?
Ils savent, mais ne comprennent pas, que l’amitié qui liait le Cardinal Yacinthe Thiandoum et le Vénéré Seydou Nourou Tall a conduit le guide de l’église d’alors à céder à son ami, le « caravansérail », propriété de l’Archevêché, terrain sur lequel a été érigée cette superbe mosquée dite « des Tall ».
Ils savent, mais ne comprennent pas, qu’à Saint-Louis, chaque matin que Dieu fait, un Imam vient baptiser une jeune fille et souffler dans le creux de son oreille, des prénoms comme Pauline, Marguerite, Louise ou tant d’autres…
Ils savent, mais ne comprennent pas, que des villes comme Ziguinchor, ou Fadiouth n’ont qu’un seul cimetière où reposent ensemble et en harmonie, catholiques et musulmans.
Ils savent, mais ne comprennent pas qu’un des meilleurs amis de Léopold Sédar Senghor était Serigne Fallou Mbacké, dont les enfants furent parmi les privilégiés qui eurent le droit d’entrer au cimetière de Bel Air lors de ses obsèques.
Ils savent, mais ne comprennent pas, que ce qui fait la singularité de notre Sénégal, réside dans le fait, qu’avant, justement, il n’était point besoin d’évoquer un caricatural « dialogue islamo-chrétien », parce que cela allait de soi.
Ils savent, mais ne comprennent pas, qu’on peut manier avec goût la langue française, et ne pas démériter du bonheur d’être Sénégalais.
Soyons clairs et directs : Si, Walf a pu diffuser cette connerie, alors qu’elle avait été enregistrée, et aurait pu prendre le chemin de la poubelle, c’est bien que cette petite musique diffuse ses notes malsaines de manière tout à fait officielle. L’État sénégalais est le premier à discriminer ses citoyens, selon qu’ils se nomment Ndiaye, Diop, Guèye, Fall, Sall, Tall, lesquels pourront sans coup férir renouveler leurs cartes d’identité ou leurs passeports égarés, alors que moi, Jean Pierre Corréa, et autres Coly, Lopy, Mendy, Goudiaby, Diatta ou D’Almeida, serons sans ménagement, sommés d’aller quérir un certificat de nationalité au tribunal, pour bien prouver qu’ils méritent leur sénégalité. Sans que cela ne choque personne, puis qu’ils le savent tous, mais que là justement…ils le comprennent, sans pour autant s’en offusquer. C’est cette normalité administrative officielle et frappée du sceau de l’iniquité et de l’injustice, qui a fait le lit dans lequel Gaston Mbengue est venu tranquillement vomir sa rance bêtise.
Et que personne ne fasse semblant de…ne pas comprendre…
Il est urgent que l’État comprenne que tous les Sénégalais se valent et leur fasse comprendre qu’il est temps de le savoir.
Parce que « Des Cons…ça ose tout…et c’est à cela qu’on les reconnait ».
LES TRANSPORTEURS DÉSORMAIS EN GRÈVE ILLIMITÉE
Beaucoup de travailleurs n'ont pas pu se rendre sur leurs lieux de travail et des élèves à leur école, comme à Dakar. Des malades, privés de moyens de déplacement, n'ont pas pu respecter leur rendez-vous médical
Les transporteurs sénégalais ont durci vendredi leur grève, annonçant mener désormais un mouvement illimité pour protester notamment contre "les tracasseries" des forces de l'ordre, malgré l'appel de l'Etat à négocier.
A Dakar et en province, ce sont les mêmes scènes que les deux premiers jours du mouvement, jeudi et vendredi, avec des routes quasiment vidées de véhicules de transports de passagers et de biens, selon des journalistes de l'AFP et des témoins. Dans plusieurs localités, le trafic est notamment assuré par des motos et des véhicules hippomobiles. Des bus de la société de transports ont été empêchés de rouler en province par des transporteurs, selon la presse locale. Beaucoup de travailleurs n'ont pas pu se rendre sur leurs lieux de travail et des élèves à leur école, comme à Dakar. Des malades, privés de moyens de déplacement, n'ont pas pu respecter leur rendez-vous médical, ont déclaré à la presse des sources hospitalières à Dakar. "Le gouvernement campe sur sa position. Nous campons sur notre position", a déclaré vendredi sur la radio RFM (privée) Gora Khouma, responsable du Cadre unitaire des syndicats de transports routiers du Sénégal (Custrs), à l'origine de la grève initialement limitée à deux jours.
Des responsables du Cadre ont appelé jeudi soir à une grève désormais illimitée pour amener le gouvernement à satisfaire leurs doléances contenues dans une plate-forme en 11 points. Les transporteurs exigent de discuter avec au moins six ministères impliqués dans la gestion du secteur dont l'Intérieur, les Forces armées, l'Environnement, le Commerce, et pas seulement avec la tutelle, selon M. Khouma.
Le ministre chargé des Transports terrestres a déclaré jeudi soir sur la télévision publique être prêt à rencontrer les grévistes pour discuter avec eux et au nom de ses collègues ministres, un appel qui n'a pas été entendu par les transporteurs. "Cette grève a un (mauvais) impact sur l'économie. (Elle) a causé des désagréments aux usagers. Rien ne justifie sa poursuite", a dit M. Faye.
Les transporteurs protestent notamment contre "les tracasseries" de la police, de la gendarmerie et du service des Eaux et forêts. Beaucoup de chauffeurs ont déclaré à la presse être victimes d'un "racket" de la part des forces de l'ordre. Ils protestent également contre le transport clandestin et le nombre élevé, selon eux, de points de contrôle.