Des chiffres qui interrogent. Rien qu’en 48h de grève des transporteurs, l’ardoise pour l’économie nationale atteindrait donc une trentaine de milliards de nos francs. En effet, selon l’économiste Kadialy Gassama, ce mouvement d’humeur a provoqué le ralentissement du fonctionnement de la machine économique de notre pays « d’une amplitude quasiment de 60 % du PIB journalier, autour de 30 milliards de FCFA, traduisant un net recul de la croissance économique pour cette période ». Ce n’est pas tout puisqu’un autre spécialiste des questions économiques, diplômé de Paris 13, en l’occurrence Abdoulaye Seck, estime lui aussi à des dizaines de milliards les pertes subies puisque, évalue-t-il, le secteur tertiaire, qui pèse un plus de 40 % du PIB, a connu une baisse de 7,8 points de croissance.
D’emblée, Abdoulaye Seck, économiste diplômé de l’Université Paris 13 explique que, de toute évidence, toute perturbation dans le secteur des transports affecte directement et rudement l’économie nationale du fait du caractère stratégique et transversal de ce secteur. Selon lui, il n’y a que les acteurs du transport qui peuvent créer de façon spontanée une paralysie presque totale de notre économie nationale. Par conséquent, indique-t-il, en cas de grève, tous les secteurs de l’économie nationale comme les commerces, l’administration, les PME-PMI, les aéroports, les activités portuaires, les approvisionnements en produits alimentaires et pétroliers, tous ces secteurs sont impactés. Une situation qui, d’après lui, s’explique « en partie par la prédominance des acteurs privés dans ce secteur, le faible niveau de formalisation des organisations et structures de transport de personnes et de marchandises et la portion congrue de l’offre de services de transport par les structures étatiques évaluées à environ 13.35 % de l’offre globale »
L’Etat représente seulement 13 % de l’offre globale de transport public !
L’économiste précise aussi que le secteur des transports est une composante du secteur tertiaire et en constitue un domaine transversal qui influe directement sur le rendement des autres tels que le tourisme et le commerce. Ce secteur tertiaire, selon lui, est l’un des plus affectés par la pandémie de la Covid-19. Il pesait un plus de 40 % du PIB mais a connu une baisse de7,8 points de croissance. Ainsi, à l’en croire, nous pouvons nous attendre, toutes choses étant égales par ailleurs, à des pertes de l’ordre de plusieurs milliards de francs CFA soit un peu moins d’un 1/12 du PIB.
ABDOULAYE SECK : « Le secteur tertiaire pesait un plus de 40 % du PIB ; il a connu une baisse de7,8 points croissance »
Toujours est-il que d’après notre interlocuteur, l’analyse dudit secteur peut aller au-delà de ce qui est susmentionné. En effet, le transport sénégalais, acteur fondamental liant les zones de production aux centres de consommation et favorisant l’insertion du pays dans le commerce international, dispose de réseaux relativement développés d’infrastructures en comparaison de certains pays pairs, avec d’importants développements des réseaux de transport réalisés ces dernières années. Toutefois, une forte congestion du réseau routier, un faible indice de performance logistique (le Sénégal est 141ème sur 160 pays, Banque Mondiale), ainsi que des problèmes de gestion des infrastructures dus à la multiplicité des intervenants et agences plombent, selon l’économiste Abdoulaye Seck, l’efficacité et la productivité du secteur.
KADIALY GASSAMA « Le Sénégal a subi une perte de 30 milliards de francs soit 60% du PIB journalier»
Selon le spécialiste des questions économiques, Kadialy Gassama, la grève de 48 heures des transporteurs privés a provoqué le ralentissement assez sensible du fonctionnement de la machine économique de notre pays. Un ralentissement « d’une amplitude quasiment de 60 % du PIB journalier, autour de 30 milliards de FCFA, traduisant un net recul de la croissance économique pour cette période ». Le directeur général du Marché central au poisson assure en effet que le fonctionnement du secteur industriel et du secteur tertiaire « a été sérieusement affecté à cause du défaut de transport des hydrocarbures, de l’enlèvement des marchandises au port, du non transport du ciment et des matériaux de construction, du défaut de mobilité pour les travailleurs et de la baisse de l’activité dans les marchés pour les échanges commerciaux, la conservation et la redistribution ».
« Le fonctionnement des secteurs industriel et tertiaire sérieusement affectés par le défaut de transport… »
En tout état de cause, ce qui ne souffre d’aucun doute aux yeux de Kadialy Gassama, c’est le fait que cette grève doit s’arrêter le plus rapidement possible et que cela ne se reproduise. Pour éviter de tels désagréments, il conseille de prendre des mesures d’anticipation. C’est le lieu pour lui, également, de relever le déficit organisationnel des transporteurs privés du Sénégal qui sont dans l’informel, l’archaïsme et l’immobilisme avec des parcs complètement tombés en désuétude tels que les cars rapides et autres Ndiaga-Ndiaye dans compter les 7 places. L’urgence, selon notre interlocuteur, c’est surtout le changement de mentalités. Heureusement que, conclut l’économiste Kadialy Gassama, « nous serons à la fin de cette année en mesure de développer des offres alternatives de transport de masse avec le TER et le BRT, mais aussi, avec la réhabilitation du Dakar Bamako ferroviaire pour le transport de marchandises ».
Par Djibril DIALLO Falémé
RÉFLEXIONS SUR LES RELATIONS ENTRE LE MALI ET LE SÉNÉGAL*
Dans chacun de nos pays combien de couples binationaux existent ? Le problème de frontière n’a jamais constitué une entrave à leur ménage
Excellence, madame l’Ambassadeur du Mali, La République du Mali est le noyau de la région ouest du continent africain. D’abord par sa superficie, ensuite par sa centralité, enfin par son histoire. Par sa superficie, 1 240 000 km2 , le Mali occupe la cinquième partie du territoire de l’Afrique de l’Ouest, où se côtoient seize Etats nés pour la plupart des colonisations française, anglaise et portugaise, avec l’accession de ces pays à la souveraineté internationale à partir de 1957. A cela s’ajoute qu’il fait frontière avec sept pays que sont au nord l’Algérie, à l’est le Niger, au sud-est le Burkina Faso, au sud la Côte d’Ivoire, au sud-ouest la Guinée, à l’ouest le Sénégal et au nord-ouest la République Islamique de Mauritanie, reliant le Sable algérien du Nord à la Forêt ivoirienne au Sud, son grand voisin Nigérien de l’Est au Sénégal à l’Ouest. Son troisième atout, non des moindres, relève de la longue histoire de peuples civilisés dont le territoire fut le cadre, ayant atteint son apogée au XIVè siècle, sous le règne de l’Empereur Kankou Moussa dont les historiens s’accordent à magnifier le règne depuis son pèlerinage historique à la Mecque et qui dura un an, de 1324 à 1325. De tout cela, nous retiendrons aujourd’hui l’existence d’un pays « carrefour de civilisations » dont votre générosité me désigne, chers compatriotes Africains du Mali, pour témoigner de l’histoire.
Recevez l’expression de ma sincère gratitude chers organisateurs de la rencontre de ce soir dirigés par le Dr Danioko qui me faites là un honneur à valeur incommensurable. Parler de l’histoire du Mali et de ses relations avec le Sénégal est pour moi une tache exaltante et difficile. Exaltante parce qu’il s’agit pour ma modeste personne d’un grand pays, d’un pays d’hommes fiers, d’un pays dont le roi de la dernière province indépendante du XIXè siècle, Babemba Traoré, se sentant en position de faiblesse devant la prise de Sikasso, sa Capitale, par l’armée coloniale française, a préféré se donner la mort, le 1ermai 1898, plutôt que d’assister à l’assujettissement de son peuple, en laissant à la postérité cette expression : « Plutôt la mort que la honte », expression qui a depuis été un maillon fort dans la construction de la conscience du peuple malien.
C’était au soir de la vie des Etats souverains du Soudan-nigérien dont trois à cette époque firent les frais de l’armada coloniale : le royaume musulman de Ségou dirigé par Ahmadou Sékou, fils de l’érudit Sénégalais El hadj Oumar Tall d’ailleurs mort à Bandiagara dans les falaises du pays dogon, le royaume Senufo du Kénédougou avec à sa tête la dynastie des Traoré dont les plus connus restent incontestablement Tiéba et son jeune frère, chef d’état-major et successeur Babemba dont je viens de vous parler de la soif de liberté pour son peuple. Enfin l’indomptable empire du Wasulu dirigé par l’Almamy Samory Touré dont le jeune frère et chef de l’Etat-major des armées Kémé Birema infligea aux troupes coloniales une humiliante défaite, le 2 avril 1882, à la bataille de Woyowayankô, site à l’entrée de Bamako, votre belle et majestueuse Capitale, entourée par les collines dites de Koulouba trône du pouvoir malien d’aujourd’hui et traversé par l’immortel Niger qui chaque jour de Dieu transmet aux autres peuples frères du Niger et du Nigeria, votre soif d’amour et de fraternité, avant de se jeter dans l’Atlantique au Nigéria, pays d’Ousmane Dan Fodio, dont l’histoire retient qu’il a donné asile à Ahmadou Sékou de Ségou lorsque celui-ci fut chassé de son pouvoir par les Français en 1890. Mesdames, Messieurs, Chers compatriotes Africains du Mali.
Toutes les valeurs que je viens d’évoquer, trouvent leur « uni-cité » et leur fondement dans l’Empire du Mali, créé en 1236, avec l’adoption du texte fondamental de constitution de votre civilisation, de notre civilisation à nous descendants du peuple mandingue : la Charte de Kurukan Fuga, adoptée à Kangaba (actuelle ville malienne dans la région de Koulikoro), il y a de cela 775 ans aujourd’hui et qui s’est avérée être le premier texte constitutionnel d’un Etat civilisé, 553 ans avant les textes de la révolution française de 1789 et qui fait de nous des hommes civilisés, comme dirait l’autre, « civilisés jusqu’à la moelle des os ». C’était au lendemain de la victoire de Soundiata Keïta sur Soumaoro Kanté à la bataille de Kirina de 1235, quand les douze chefs militaires de la victoire mandingue se réunirent à Kurukan Fuga pour le serment de fidélité à Soundiata, donnant ainsi naissance à l’Empire du Mali, lequel brilla sur l’Afrique de l’Ouest, atteignant son apogée au XIVè siècle sous le règne de Kankou Moussa. Aujourd’hui encore, ce texte continue de gérer d’importants aspects des relations sociales de nos peuples. J’en veux pour preuves, et entre autres aspects, la parenté à plaisanterie et l’hospitalité connue sous le nom de diatiguiya à Bamako et de Téranga à Dakar.
De la parenté à plaisanterie, la Charte de Kurukanfuga dit en son article 7 :
« Il est institué entre les Mandenkas, le sanankunya (parenté à plaisanterie) et le tanamannyonya (pacte de sang). En conséquence, aucun différend né entre ces groupes ne doit dégénérer, le respect de l’autre étant la règle. Entre beaux-frères et belles-sœurs, entre grands-parents et petits-enfants, la tolérance et le chahut doivent être le principe ». Aujourd’hui encore, aucun de nous, Malien ou Sénégalais, n’a le droit de s’offusquer lorsque son parent à plaisanterie se moque de lui et cela quel que soit le terme utilisé. De même, le chahut des petits-enfants, même devant le cadavre d’un grand parent reste, chez nous, une pratique respectée, pour ne pas dire sacrée.
S’agissant de l’hospitalité dont le Sénégal est aujourd’hui connu comme le pays porteur par excellence de la valeur au point qu’on l’appelle « pays de la Téranga », la Charte de Kurukan Fuga stipule, en son article 24 : « Au Mandé, ne faites jamais du tort aux étrangers ». Voilà, Mesdames et Messieurs, campée notre appartenance commune à des valeurs et qui ont été le socle de la fraternité entre le Sénégal et le Mali, deux pays que tout a unis, que tout unit, que tout unira. Et quand l’hymne national du Sénégal commence par « Pincez tous vos koras et frappez les balafongs… », Léopold Sedar Senghor, l’auteur de ces vers, voulait ancrer son pays dans les valeurs du monde Mandingue car la kora et le balafong sont par excellence les instruments de musique de ce monde-là.
Recevant le Prix Kéba MBaye de l’Ethique, le 16 avril 2011, le Chef de l’Etat Malien, S. E. M. Amadou Toumani TOURE, criait sa conviction en ces termes : « Le Mali est la partie Orientale du Sénégal, le Sénégal est la partie Occidentale du Mali ». Le respectable homme d’Etat savait de quoi il parlait puisque la veille, il avait été choisi par Me Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal, comme l’Invité d’honneur de la cérémonie d’ouverture du Grand Théâtre de Dakar dont l’événement phare de l’inauguration a été la présentation de la pièce de théâtre Bafoulabé Mali Sadio, écrite par les auteurs Sénégalais Alioune Badara BEYE et Abdoulaye Racine SENGHOR, dans une mise en scène de Mamadou Seyba TRAORE. Ce texte était une commande du Président Sénégalais. Ah Bafoulabé !
Cette rencontre de deux fleuves, Bafing et Bakoye, qui à 150 kms en amont de Kayes, donnèrent naissance au fleuve Sénégal, ce géant de 1 700 kms que nous partageons avec nos frères de Mauritanie et de Guinée. Bafoulabé, du bambara « rencontre de deux fleuves », est peut-être le nom de cette ville malienne qui y naît, mais aussi est la rencontre de deux peuples Malien et Sénégalais qui le même jour, un certain 4 avril 1960, ont dans la communauté du sang, brûlé le drapeau français avec la naissance de la Fédération du Mali. C’est vrai qu’elle fut éphémère, la Fédération du Mali, l’impérialisme ne donnant aucune chance à cette haute entreprise humaine de grandir et de s’assumer en tant que fierté africaine sur les tribunes internationales.
L’histoire retient aujourd’hui, et cela personne ne peut l’effacer, que le Mali et le Sénégal se débarrassèrent ensemble du joug colonial, que le lien du sang se prolonge par le respect du même drapeau Vert-Jaune-Rouge et la croyance dans la même devise : « Un Peuple, Un But, Une Foi ». Que chaque génération découvre sa mission. La servir ou la trahir, dictait en principe l’Ecrivain martiniquais, Frantz Fanon.
Les Senghor et Modibo Keïta ont arraché des mains étrangères les terres de nos pères, nous avons l’impérieux devoir de réunifier nos peuples dans le cadre d’un même Etat indépendant, quelle qu’en soit la forme. Si la politique les a divisés, trouvons d’autres armes pour la réunification. C’est à ce seul prix que nos enfants seront plus heureux que nous. Déjà, ai-je dit, tout unit nos deux pays. Etats sahéliens exposés aux diverses formes de ravages climatiques, petits pays africains victimes de la « détérioration des termes de l’échange » d’un commerce injuste à nous imposé par l’Occident, notamment une Europe majestueusement et arrogamment installée sur des richesses volées à notre Continent, l’Europe que le grand poète martiniquais Aimé Césaire condamnait déjà, en 1950, comme « comptable du plus haut tas de cadavres de l’histoire » ! Voilà nos principaux partenaires dans l’histoire moderne de l’humanité et qui n’ont qu’une idée : s’enrichir, s’enrichir à tout prix, s’enrichir sans soucis, s’enrichir sans scrupule. Nous avons une bataille à mener : faire en sorte que l’Afrique sorte victorieuse de cette injuste guerre qu’on lui a imposée.
C’est cela notre mission : « la servir ou la trahir ». Comment sortir victorieux d’un tel combat quand, face aux Etats-Unis (400 000 000 hts sur 10 millions de km2 ), face à l’Union Européenne (27 anciens pays développés) face à la Chine (1 500 millions d’êtres humains) l’Afrique ne propose que 54 Etats-Virus méchamment largués sur la scène internationale au lendemain de la longue nuit coloniale ? L’Unité, mes chers compatriotes Africains du Mali, l’Unité ici et maintenant, car demain il sera trop tard. Les prémisses de cette unité existent. Dans chacun de nos pays combien de couples binationaux existent ? Le problème de frontière n’a jamais constitué une entrave à leur ménage.
A cela s’ajoute qu’historiquement, la notion de petit pays, de petit territoire est étrangère à l’Afrique. J’en veux pour preuve, le grand Manding qui au XIVè siècle s’étalait de l’Atlantique à l’Actuel Burkina Faso, de la frontière algérienne au nord de la Côte d’Ivoire. J’en veux pour preuve le Royaume Bambara de Ségou (au Mali) qui, sous Da Monzon Diarra (1808-1827), englobait le Nord de la Côte d’Ivoire. J’en veux pour preuve l’ancien royaume du Kongo dont le territoire a été, suite à la conférence de Berlin de 1884- 1885, divisé entre la Belgique, la France et le Portugal et dont les colonies ont constitué après 1960 l’essentiel des Etats du Congo Brazzaville et du Gabon pour la partie française, de la République Démocratique du Congo pour la partie belge et de l’actuelle République de l’Angola pour le territoire qui revenait au Portugal.
J’en veux, enfin, pour preuve l’impressionnant royaume Zoulou dirigé par Chaka au début du XIXè siècle qui englobait la plus grande partie de l’actuelle Afrique australe. C’est fort de ce savoir, qu’au lendemain des indépendances, trente-deux chefs d’Etats et de gouvernements africains se sont réunis à Addis-Abeba, en Ethiopie, pour signer le 25 mai 1963, sous le regard de l’Aîné, l’Empereur Haïlé Sélassié, la Charte de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A). Ils voulaient mettre l’Afrique à l’abri de la division, dans un monde marqué par la guerre froide née de la bipolarisation du monde entre Soviétiques et Américains, les deux grands du nouveau monde né de la Seconde guerre mondiale. Ils l’ont réussi. Ils ont arraché l’Afrique entière des mains coloniales et de trente-quatre en 1963, l’Afrique est aujourd’hui à cinquante-quatre Etats indépendants. Ils ont fait ce qu’ils ont pu. Ils ont rempli leur mission. Nous leur devons hommage. Aujourd’hui, l’histoire le retient : parce que des Africains l’ont voulu, l’Afrique a été arrachée des mains ennemies.
C’étaient des chefs d’Etats et de gouvernement. C’étaient aussi des Secrétaires Généraux de l’OUA et qui ont noms Diallo Telly, NZO Ekengaki, William Eteki MBoumoua, Edem Kodjo, Peter ONU, Idé Oumarou, Amara Essy et plus tard, Présidents pour l’Union Africaine, un certain Alpha Oumar Konaré, un des pères de la grande démocratie malienne et Jean Ping, l’actuel Magistrat de cette Union. Nous devons, hommes de culture, porter au niveau du firmament, le nom de ces Africains que rien ne doit ternir. Nous devons aussi parachever cette œuvre. Quand vous naissez dans une case construite par votre père, le devoir vous commande de la transformer en bâtiment. Ainsi va la vie.
Ainsi va le progrès de l’humanité, comme le pense le grand poète haïtien Jacques Roumain : « La vie est un fil qui ne se casse pas, qui ne se perd pas parce que chaque nègre durant son existence y fait un nœud. C’est ce qui rend la vie vivante dans le siècle des siècles, l’utilité de l’homme sur la terre ». Chers compatriotes Africains du Mali, Je vous remercie de m’avoir prêté l’oreille.
* Discours prononcé à Dakar, le 24 septembre 2011 lors de la Commémoration du 51ème anniversaire de l’indépendance du Mali
Par Moustapha BOYE
UNE REVENDICATION INACCEPTABLE
C’est bien les acteurs des transports qui, parce qu’ils ne sont pas en règle, ont généralisé la remise de « mboukhoums » et bakchichs à nos braves forces de l’ordre qui ont pris goût à ce jeu et s’en accommodent fort bien
Ce segment est resté réfractaire à toute idée de modernisation. Le Conseil exécutif des Transports urbains de Dakar (CETUD), le Programme d’amélioration de la mobilité urbaine (PAMU) et autres mécanismes ont échoué à le sortir de son arriération.
Allez donc dans nos « garages » — car on n’ose surtout pas appeler cela des « gares routières » — ou des « coxeurs », gens d’un autre âge, exercent un dictat implacable sur l’activité pour vous rendre compte du sous-développement du Sénégal en matière de transports routiers.
Allez voir ce que ces gens ont fait de la gare des Baux maraichers, la plus moderne de la sous-région : une porcherie ! Nous sommes sans doute le seul pays au monde où des épaves de 30 ans d’âge transportent, non pas des animaux — qui eux-mêmes ne les méritent pas — mais des êtres humains. Et avec tout cela, au lieu de songer au moyen de le faire rentrer dans l’ère de la modernité, ces braves chauffeurs se mettent en grève pour exiger la fin des « tracasseries » policières.
Des « tracasseries » qui existent, c’est vrai, mais qui sont largement alimentées par eux-mêmes. Car s’ils avaient des véhicules en bon état, s’ils disposaient de toutes les pièces administratives requises, s’ils respectaient le code de la route, assurément, les policiers et les gendarmes n’auraient aucun prétexte pour les rançonner. C’est bien eux qui, parce qu’ils ne sont pas en règle, ont généralisé la remise de « mboukhoums » et bakchichs à nos braves forces de l’ordre qui ont plus goût à ce jeu et s’en accommodent fort bien, ma foi !
Par conséquent, que ces braves travailleurs des transports routiers ne viennent pas nous tympaniser avec les « tracasseries » des forces de l’ordre car eux et ceux qu’ils dénoncent sont comme larrons en foire sur nos routes, les seuls qui trinquent dans ce jeu de dupes étant les passagers et les piétons, hélas. Si le projet de renouvellement du parc du transport urbain, qui devait être marqué par la disparition des « Ndiaga Ndiaye » et des « cars rapides » a échoué, c’est en grande partie à cause de la résistance développée par ces syndicalistes qui sont le plus souvent les propriétaires de ces véhicules.
Encore que l’espoir suscité par les TATA à leur avènement a fondu très rapidement du fait du comportement de leurs chauffeurs qui ne sont en réalité que des recyclés des « Ndiaga Ndiaye » et « cars rapides » avec leurs mauvais comportements. En fait, en raison du développement exponentiel de nos villes avec des banlieues tentaculaires comme à Dakar, du manque de moyens de transport et nécessité faisant loi, les autorités ont fermé les yeux sur toutes sortes de dérives des transporteurs qui ont pris en otage tout le monde. Ce secteur créant aussi des emplois — très précaires —, les autorités n’osent pas trop le contrarier. Les pauvres passagers sont priés de supporter stoïquement le poids de toutes ces connivences.
Pour ouvrir une parenthèse, est-il acceptable, tolérable, admissible que des « gares routières » pullulent dans tous nos quartiers ? Partout, des « horaires » de tel ou tel village qui embarquent— ou débarquent — tranquillement des passagers et marchandises dans la plus grande anarchie et en indisposant des riverains désemparés. Alors qu’il y a en principe une gare routière dans la capitale, des « garages » poussent comme de champignons à chaque coin de rue, gouverneur, préfet et sous-préfets laissant faire. Ne parlons pas du Gouvernement !
Cela dit, les transporteurs ou, plutôt, les travailleurs du secteur des transports, comme tous les autres, ont le droit d’exprimer leurs revendications pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Cela, c’est la mission même des syndicats. Pour autant, doit-on accepter que l’Etat renonce à sa mission régalienne de sécurisation des personnes et des biens ? Non, non, non. L’Etat ne doit pas abdiquer et, surtout, accepter que les forces de sécurité et la Douane soient totalement dépouillées de leurs prérogatives relatives à la circulation routière.
Satisfaire les syndicalistes sur ce point serait un précédent dangereux puisque cela signifierait un retour à la loi naturelle de la jungle. Pour mettre fin au chantage de ces syndicalistes, il est aussi important que l’Etat offre une alternative crédible en matière d’offre de transport. Dakar Dem Dikk qui symbolise cette offre ne parvient pas à satisfaire totalement la demande à ce niveau. Alors forcément, il y a une offre du privé qui est incontournable. Mais elle doit être déclinée dans une organisation totalement normée. Pour tout cela, la balle est dans le camp de l’Etat. Un Etat trop faible face aux différents lobbys qui tiennent en otage ce pays et dont le moins redoutable n’est sans doute pas celui des transporteurs !
Par Abdoul Aly Kane
PARTENARIAT SINO-AFRICAIN ET DÉVELOPPEMENT
A en juger par la multiplicité des sommets, il faut convenir que l’Afrique fait l’objet d’une attention particulière depuis bientôt une vingtaine d’années, reléguant la période de l’afropessimisme et des ajustements structurels aux oubliettes
L’Afrique est économiquement considérée aujourd’hui comme le lieu de la compétition des grandes économies du monde en matière d’approvisionnement en matières premières, et, de plus en plus, comme un important marché de biens de consommation dans un futur proche, au regard du rythme de progression démographique de sa population. Des sommets sont régulièrement organisés par les pays désireux d’établir des relations d’affaires avec le continent et, contrairement à la stratégie de balkanisation du 19ème siècle basée sur la notion de chasse-gardée, ceux-ci convoquent toute l’Afrique dans la relation souhaitée ; ceci traduit que nous sommes à l’ère des grands ensembles, générateurs d’économies d’échelles, donc de rentabilité.
A en juger par la multiplicité des sommets, il faut convenir que l’Afrique fait l’objet d’une attention particulière depuis bientôt une vingtaine d’années, reléguant la période de l’afropessimisme et des ajustements structurels aux oubliettes.
Les sommets économiques foisonnent : on peut énumérer le sommet France/Afrique, le TICAD avec le Japon, celui avec la Turquie, les USA, l’Inde, la Chine dans lesquels les pays partenaires rivalisent de propositions « généreuses » en direction du continent.
Personne n’est dupe !
« La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts !» Cette phrase, devenue fameuse, a été attribuée au Général de Gaulle. Quant à l’ancien Premier ministre chinois Deng Xiao Ping, auteur du miracle économique qui a fait de son pays la puissance qu’il est devenue, il aurait déclaré que « Peu importe qu’un chat soit noir ou gris, pourvu qu’il attrape des souris ».
A l’heure de la mondialisation, et puisque la balkanisation n’arrange plus l’économie mondiale d’inspiration néo libérale caractérisée par une plus grande liberté de commerce sur des marchés de plus en plus larges, l’Afrique, malgré sa diversité, est considérée comme un marché unique et porteur, dans un environnement international de féroce compétition économique.
L’actualité économique est aujourd’hui dominée par la tenue du Forum sino africain de Dakar qui a fait l’objet d’annonces de divers programmes de la Chine à l’endroit du continent africain sur la période 2022/2024. Lors de cette rencontre, après avoir loué les apports de la coopération chinoise dans l’enseignement, les soins médicaux et le transport, le président d’Afrique du Sud a appelé à la réduction du déficit commercial entre la Chine et l’Afrique. Son homologue du Sénégal a, quant à lui, mis l’accent sur la souveraineté pharmaceutique, la délocalisation d’entreprises, le transfert de technologies et le soutien de la Chine par la rétrocession des DTS mis à sa disposition par le FMI dans le cadre de la relance post-Covid 19.
Le président chinois XI JIN PING a énuméré 9 programmes à court terme (2022/2024) pour le renforcement de la coopération sino- africaine et portant sur divers secteurs dont la santé, l’économie numérique, le développement écologique, la promotion du commerce, la promotion des investissements, la réduction de la pauvreté et le développement de l’agriculture avec l’ouverture de « corridors verts pour les exportations vers la Chine de produits agricoles africains pour porter les importations chinoises en provenance de l’Afrique à 300 milliards de dollars américains dans les trois ans à venir », la mise en place en Chine d’une zone pilote Chine/Afrique pour la coopération économique et commerciale approfondie et un parc industriel de coopération sino africaine. De ces propositions du Président chinois, il découle que l’industrialisation de l’Afrique est d’abord du ressort des Africains auxquels il revient d’en définir les contours, la distribution géographique des industries dans l’espace africain, d’en estimer les coûts globaux, les modes et conditionnalités de financement, la faisabilité des projets y relatifs et les taux de rendement permettant le remboursement des emprunts. Du point de vue chinois, la modernisation des ports, aéroports, routes et chemins de fer africains serait engagée pour réduire les coûts des transports sur le continent qui sont parmi les plus élevés au monde, et, par conséquent, d’accroître la compétitivité des produits d’exportation chinois tout en minimisant les coûts d’accès aux matières premières. Il est donc utile de retenir que ces réalisations d’infrastructures s’inscrivent d’abord dans une vision géoéconomique chinoise, dont le but est de faire baisser le coût du commerce pour la pérennisation d’une domination du commerce extérieur mondial, via l’approvisionnement en matières premières à coûts très compétitifs, et l’exportation des produits chinois vers le reste du monde sans entraves de délais et de barrières d’ordre infrastructurel. Le paradoxe est que ces investissements sont financés sur emprunts des Etats africains auprès des banques chinoises. La Chine est le premier pays créancier de l’Afrique, et les pays bénéficiant de l’intérêt des entreprises chinoises sont le Nigeria, l’Égypte, le Kenya, la République démocratique du Congo, l’Angola, la Zambie, l’Éthiopie, le Ghana, le Zimbabwe et la Tanzanie.
La Chine tiroir-caisse de l’Afrique à laquelle elle a prêté 101.000 milliards !
Entre 2000 et 2019, la Chine aurait prêté aux pays du continent 153 milliards d’euros, soient 101.000 milliards de FCFA selon la China Africa Research Initiative. Sur la période 2000/2018, les pays les plus gros débiteurs de la Chine seraient : l’Angola pour 43,2 milliards de dollars, l’Éthiopie pour 13,7 milliards de dollars, la Zambie pour 9,7 milliards de dollars, le Nigeria pour 6,2 milliards de dollars, le Zimbabwe pour 2,9 milliards de dollars, le Soudan pour 6,8 milliards de dollars, le Cameroun pour 5,9 milliards de dollars, le Congo-Brazzaville pour 5,1 milliards de dollars et le Ghana pour 3,7 milliards de dollars.
Pour le continent africain, l’aspiration est au développement économique pour un accroissement de richesse apte à couvrir les besoins d’une population annoncée pour atteindre environ 2 milliards d’habitants en 2050. Il s’agit donc de savoir en quoi les investissements d’infrastructures chinoises pourront favoriser le développement du continent.
Pour l’instant, les exportations africaines vers la Chine sont constituées pour 80 % de matières premières. La Chine absorbe près de 75 % des exportations congolaises de cuivre, 70 % des exportations sud-africaines de fer et environ 40 % du pétrole angolais. Or le portefeuille de production africaine de biens agricoles transformés et industriels souffre d’une relative vacuité et d’un manque de diversification. En 2019, le plus grand exportateur africain vers la Chine était l’Angola (pétrole), suivi de l’Afrique du Sud (fer), et la République du Congo (cuivre).
En 2019, le Nigéria était le plus gros acheteur de produits chinois, suivi de l’Afrique du Sud et de l’Égypte. Seule l’Ile Maurice bénéficierait d’un accord de libre-échange avec la Chine (ALEMC) donnant un avantage tarifaire aux produits mauriciens tels le rhum, la bière, le textile haut de gamme, les fruits de mer, et le textile haut de gamme sans compter les sucres spéciaux. La promotion de partenariat entre entreprises africaines et chinoises, la délocalisation d’entreprises de l’Empire du Milieu en Afrique et une volonté claire et effective d’assurer la formation aux technologies de pointe, seraient des préalables à l’entrée des produits africains transformés en Chine.
La facilité et la rapidité d’octroi de financements a fait dire qu’en réalité, la dette chinoise était un « piège » pour les pays africains emprunteurs et que la perte de souveraineté qui découlait des difficultés d’en honorer les échéances, constituait une perte de souveraineté pour ces pays. Selon les mêmes analystes, le surendettement de l’Afrique par la Chine viserait pour celle-ci à s’octroyer des avantages démesurés comme la gestion de l’aéroport de l’Ouganda ayant été donnée comme gage par l’Etat au titre de garantie du prêt, suite aux difficultés de remboursement éprouvées par le débiteur africain.
L’action n’ayant pas encore été déclenchée, cette analyse devrait être rangée pour l’instant dans le lot des conjectures sur l’issue des prêts chinois en Afrique. Mais à entendre les critiques formulées contre le géant asiatique sur la dette des pays africains, on a le sentiment que la responsabilité du « surendettement » incomberait strictement à la Chine, l’Etat africain emprunteur étant considéré d’emblée comme inapte à évaluer ses besoins en investissements et incompétent à en estimer les revenus prévisionnels.
La Chine reste faiblement présente dans les pays d’Afrique de l’Ouest, à l’exception du Ghana et de la Côte d’Ivoire, avec le cacao. Au Sénégal, on peut noter des réalisations diverses comme l’autoroute Ila Touba, le Musée des civilisations noires, le Grand Théâtre national, l’Arène nationale, l’hôpital des enfants de Diamniadio, l’autoroute Mbour-Kaolack en cours de réalisation, le parc industriel de Diamniadio. On notera enfin que, dans les propositions chinoises, la question de la monnaie est passée sous silence. La Chine ne parle pas de l’ECO, alors qu’il est entendu qu’une monnaie arrimée à un euro conçu pour être fort ne peut générer une économie compétitive sur le marché international du seul fait du taux de change.
En définitive, la priorité est que l’Afrique en arrive à parler d’une seule voix et définisse ses objectifs dans le cadre du partenariat proposé par le Dragon. La question cruciale pour l’Afrique est celle du choix d’investissement, la priorité devant être accordée au développement d’un secteur manufacturier à forte composante technologique.
Dans le cadre du programme pour la promotion de l’investissement annoncé par son président, la Chine prévoit d’encourager ses entreprises à investir au moins 10 milliards de $ en Afrique et de mettre en place une plateforme pour les investissements privés. Elle réalisera également pour l’Afrique 10 projets d’industrialisation et de promotion de l’emploi. Le délai de mise en application des programmes proposés par la Chine étant fixé à 2024, nous serons vite édifiés sur leur pertinence. De ce fait, ils serviront d’appui à l’élaboration d’une stratégie africaine de promotion des exportations de produits transformés d’Afrique vers la Chine.
BOUBACAR BORIS DIOP LIVRE SA LEÇON INAUGURALE AVEC MAESTRIA AU SALON DU LIVRE
L'auteur a parlé des conséquences du confinement sur la littérature. " Ce virus habile à se répliquer et à déjouer les conclusions des laboratoires, résiste autant pour l’heure au vaccin qu’à la narration romanesque", a-t-il fait savoir .
Le ministre de la Culture et de la Communication, M. Abdoulaye Diop, a procédé hier la cérémonie de lancement de la seconde édition du Salon national du livre. Cette édition, qui se déroule à la Place du Souvenir, a pour parrain le Pr Amadou Ly.
Au cours de la rencontre, l’écrivain Boubacar Boris Diop a livré la leçon inaugurale avant de procéder à la cérémonie de dédicaces de son roman « Murambi, le livre des ossements », édité par la maison d’édition Flore Zoa.
Le ministre de la Culture et de la Communication, M. Abdoulaye Diop, a tenu à féliciter le parrain et s’est réjoui de cette initiative de la Direction du Livre et de la Lecture qui envisage de valoriser un peu plus la littérature sénégalaise. A la suite de cela a démarré la conférence inaugurale du journaliste, écrivain, essayiste et romancier Boubacar Boris Diop, lauréat du “Neustadt International Prize for Literature 2021”, un prix littéraire américain. « En fait, le Covid 19 a affecté autant les corps que les esprits et c’est parce qu’il a largement débordé le champ de la médecine qu’il est légitime de le rapporter à toutes les questions de société y compris à celles qui relèvent de l’imaginaire et des rêves », a d’emblée annoncé le célèbre écrivain.
Poursuivant son exposé, qui portait sur le thème « Covid et littérature », M. Diop a abordé les nombreuses difficultés que cette situation a entraînées au niveau des maisons d’édition. « Au cours de la pandémie, les grands studios et les maisons d’édition spécialisées dans les best-sellers ont beaucoup salivé. La relation de la littérature à la pandémie du Covid-19 est aussi en extériorité : - Confinement ; opportunité de lecture intensive pour le commun des mortels. Vagabondage de la mémoire. Evasion des lieux clos », a indiqué le conférencier.
Abordant la dernière partie de son exposé, il a surtout parlé des conséquences du confinement sur la littérature. « Ce virus habile à se répliquer et à déjouer les conclusions des laboratoires, résiste autant pour l’heure au vaccin qu’à la narration romanesque. Mais il n’a pu que céder aux avances de la poésie. Et c’est pour cela que je voudrais conclure. C’est le confinement qui a engendré une profonde inimitié entre le Covid 19 et la littérature », a soutenu Boris Diop.
A la fin de cette belle séance, il a procédé à la dédicace de son ouvrage « Murambi, le livre des ossements » dont la maison d’édition Flore Zoa a acquis les droits pour en assurer une large diffusion en Afrique noire, histoire de faire connaître cette page sombre de l’histoire de notre continent. Le roman paraîtra officiellement à la fin du mois de janvier 2022, mais est actuellement disponible au salon national du Livre.
Pour rappel, le parrain, Amadou Ly, a enseigné la littérature africaine d’expression française pendant quarante ans à l’UCAD. Il a été choisi par le comité scientifique de l’événement dirigé par la femme de Lettres Mariama Ndoye, conservatrice du musée Léopold Sédar Senghor. Enseignant à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’UCAD, Amadou Ly est membre du jury du concours de haïku (poème japonais) au Sénégal, depuis 1984. Cette présente édition prendra fin le 5 décembre courant
KEEMTAAN GI – HILARANT
C'est promis, juré, croix de bois, croix de fer, si je mens que j’aille en enfer ! Le Ter circulera ce 27 décembre. C’est le Chef qui le dit. Et même si sa parole a tendance à s’envoler comme des billets de banque lâchés depuis un immeuble, on peut le croire cette fois-ci. Son ministre voudrait nous offrir le gadget comme cadeau de Noël à nous pauvres Nègres. Lui, le Chef, il voit plus grand et plus festif. Il veut en faire un grand évènement, mieux que lorsqu’il l’inaugurait. Et sans fausse pudeur il fera les choses en grand. A l’époque, il voulait, quoique cela puisse lui en coûter, un deuxième mandat. C’était une question de vie ou de mort. Il n’est toujours pas repu et en veut un autre. Pour la guerre des Locales, et gagner les cœurs des pauvres qui n’ont jamais vu un Ter, il veut donc les éblouir et faire de l’évènement une belle et somptueuse fête. Ce sera le 27. Quatre jours avant la fin de cette bien sinistre année. Bien entendu, ça sera festif avec beaucoup de musique. Et pourquoi pas avec son ministre et Mbandkatt à ses heures de divagations. Une grande fête populaire du centre-ville à l’aéroport international Blaise Diagne. Mais voilà, à moins de quelques semaines de ce grand événement, la grève de ces chiants de transporteurs nous a ramenés plus de 80 ans en arrière avec ces charrettes trainées par des chevaux ou des ânes dans la capitale et sa banlieue. Des transporteurs qui, par leurs doléances, viennent nous rappeler que nous sommes dans un grand pays où la corruption fait loi. Les tracasseries dont se plaignent certains de ces brigands des routes sont bien réelles et visibles partout dans le pays. Et par un heureux hasard, c’est le ministre en charge des Transports, lui-même, qui a dénoncé récemment les pratiques des agents du commissariat urbain de Kébémer qui ont été mis à pied après qu’il les a pris la main dans le sac. Et c’est bien triste de voir ses collègues de l’Intérieur et des Forces armées répondre KACCOOR BI
RÉHABILITATION DU CAMP LECLERC LA MONTÉE EN PUISSANCE D’ALFA
Hier, le président de la République Mack Sall, chef suprême des Armées, s’est rendu au Camp « Général Idrissa Fall » exLeclerc pour y inaugurer l’Institut de Défense du Sénégal (Ids). Au delà des nouvelles infrastructures de cette vieille caserne centenaire abritant l’académie militaire, les bâtiments des mariés ont été entièrement réhabilités voire retapés à neufs. D’ailleurs, durant toute la visite guidée du président de la République, personnalités civiles et militaires écarquillaient les yeux braqués sur les jolis bâtiments du camp ainsi que sur la beauté de l’environnement. « C’est l’œuvre d’Alfa dirigée par le général Banda Diène » murmure un officier. C’est quoi Alfa ? En poussant sa curiosité, « Le Témoin » quotidien a appris que « Alfa » est l’Agence pour le Logement des Forces Armées (Alfa) créée il y a quelques années par le président Macky Sall. En clair, c’est une sorte de « Sicap » des Armées ayant pour mission d’identifier le patrimoine susceptible d’être occupé par les militaires en activité aux fins de logement et de rechercher auprès de l’Etat ou de ses démembrements, le patrimoine qui lui est nécessaire et en demander l’affectation. « Alfa » a aussi pour mission de réaliser des logements neufs en vue d’accroître la capacité d’hébergement et d’assurer la gestion et la maintenance du patrimoine mis à sa disposition. Justement c’est cette « Alfa » qui a montré, hier, au Camp Leclerc sa capacité de feu en matière de réhabilitation et de construction d’infrastructures militaires. Un grand bravo à Alfa !
JOURNÉE DU TIRAILLEUR LA 17ÈME ÉDITION CÉLÉBRÉE CE VENDREDI
Après le camp Leclerc, « Le Témoin » reste encore sous les drapeaux ! Cette fois-ci, il s’agit de célébrer le sang de l’honneur et de la dignité versé par nos anciens combattants. D’où la 17ème journée du tirailleur sénégalais qui sera célébrée, ce vendredi, sur l’ensemble du territoire national sous le thème « Lamine Senghor, le combat pour l’égalité d’un tirailleur sénégalais de la grande guerre ». A Dakar, la cérémonie de recueillement aura lieu à Thiaroye, plus précisément au cimetière des tirailleurs sénégalais, sous la présidence du ministre des forces armées, Me Sidiki Kaba.Une présence qui montre l’importance de cette journée pour que les nouvelles générations se souviennent qu’à l’heure des grandes batailles pour la liberté de l’Afrique, le Sénégal était toujours présent ! Pour la petite histoire, les tirailleurs sénégalais sont un corps de militaires constitué au sein de l’empire colonial français en 1857. Ils ont été mobilisés pour la libération de la France lors des deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945). Ils ont également combattu lors de la guerre d’Indochine.
SÉCURITÉ ET CRIMINALITÉ LA POLICE ÉTALE SES TROPHÉES DE GUERRE
Durant les mois de janvier, février et mars 2021, la Police nationale a enregistré d’importants résultats dans la surveillance des frontières, ainsi que dans la lutte contre la délinquance, la criminalité, l’insécurité routière et le trafic illicite des stupéfiants. Selon le bureau des relations publiques de la Police, des opérations de sécurisation menées sur l’ensemble du territoire national ont abouti à l’interpellation de 21.358 individus dont 261 de nationalités étrangères. A l’issue de différentes enquêtes et investigations, près 16.000 parmi ces individus ont été déférés au parquet. Ce, pour diverses infractions. Ce qui est rassurant dans ces statistiques, c’est le fait que les policiers ont élucidé presque toutes les affaires liées à des crimes de sang. Pour preuve, 23 cas de meurtres et assassinats sur 24 ont été réglés. Et les auteurs, coauteurs et complices ont été identifiés, arrêtés et emprisonnés. Les chiffres de ce premier trimestre montrent que la criminalité a connu une tendance baissière de moins de 52,98 % par rapport au dernier semestre de l’année 2020. Tant mieux pour la sécurité des personnes et des biens !
CULTURE DÉMARRAGE DE LA 3E ÉDITION DU «GINGEMBRE LITTÉRAIRE» À THIÈS
La 3e édition du « Gingembre littéraire » démarre ce vendredi. Après Sédhiou et Ziguinchor l’année dernière, c’est au tour de Thiès, Mbour et Diass (3 au 5 décembre 2021) d’accueillir le programme de cet important évènement axé sur la culture et le développement. Pour cette 3e édition, Gorgui Wade Ndoye, l’initiateur, a décidé d’explorer la thématique : « Dialogue des Cultures et des Religions ». Un vibrant hommage sera rendu au Professeur Iba Der Thiam. Le choix des trois villes de Thiès, Mbour et Diass obéit à une volonté de quadriller le territoire. Depuis la première édition tenue en 2019, Gingembre Littéraire poursuit son bonhomme de chemin grâce à la perspicacité de son initiateur, le journaliste sénégalais vivant à Genève Gorgui Wade Ndoye
NOUS SOMMES TOUJOURS EN GRÈVE
Les syndicalistes du secteur des transports annoncent la couleur, dénonçant l’absence de discussions sérieuses avec les autorités étatiques, hier jeudi
«Nous sommes toujours en grève.» Les syndicalistes du secteur des transports annoncent la couleur, dénonçant l’absence de discussions sérieuses avec les autorités étatiques, hier jeudi.
En effet, fort du succès de ses 48 heures de grève qui a paralysé énormément le secteur du transport terrestre un peu partout dans le pays, et après l’échec des premières négociations avec le gouvernement sur leur plateforme revendicative en 11 points, le Cadre unitaire des transporteurs routiers du Sénégal maintient la pression sur l’Etat.
L’intersyndicale regroupant 14 syndicats des transports a décrété un nouveau mot d’ordre de grève illimitée, cette fois-ci, depuis hier, jeudi 2 décembre 2021. Une décision prise après l’échec de la rencontre qui devait se tenir hier jeudi à Diamniadio, entre le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye et les représentants des grévistes.
En effet, Gora Khouma et ses camarades exigent une réunion avec les différents ministres concernés par leurs doléances. En attendant, les syndicalistes s’étaient retrouvés hier jeudi dans l’après-midi pour définir la conduite à tenir. Déjà, dès le premier jour du mouvement d’humeur de 48h largement suivi du Cadre unitaire des transporteurs routiers du Sénégal, les autorités ont rencontré les grévistes avant-hier mercredi 1er décembre 2021, dans l’après-midi, pour échanger sur leurs revendications.
Cependant, les négociations entamées entre les représentants des acteurs du transport et le ministère de l’Intérieur, celui des Forces Armées et leur collègue des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement n’avaient rien donné.
Conséquence, les grévistes avaient, au sortir de ce face à face avec les représentants du gouvernement annoncé leur intentions de poursuivre le mouvement, jusqu’à satisfaction de leurs doléances qui, selon les autorités, «sont multisectorielles. Au moins sept ministères sont concernés. Il y a des points qui concernent les transporteurs, d’autres les chauffeurs», relève-t-on.
MANSOUR FAYE CHARGE LES TRANSPORTEURS
La persistance de la grève des transports est due à la volonté des transporteurs de ne pas répondre à l’appel au dialogue du gouvernement.
La persistance de la grève des transports est due à la volonté des transporteurs de ne pas répondre à l’appel au dialogue du gouvernement. Selon le ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, Mansour Faye, qui a tenu une conférence de presse hier, jeudi 2 décembre, en refusant de négocier sans la présence des autres ministres concernés par les points de revendications, les transporteurs ont fait montre d’une volonté délibérée de faire capoter les négociations.
Le Cadre unitaire des syndicats de transports qui a entamé une grève depuis mercredi 1er décembre n’est pas disposé à dialoguer avec les autorités pour une sortie de crise dans la grève du transport qui a touché le Sénégal ces dernières heures.
L’avis est du ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, Mansour Faye, qui a fait face à la presse tard dans la soirée d’hier, jeudi 2 décembre. Cette position se justifie, dit-il, par l’absence des représentants de la plateforme aux différentes rencontres auxquelles ils ont été conviés malgré la disponibilité de l’Etat à dialoguer. «Le gouvernement a manifesté sa volonté de négocier sur les dix points revendicatifs », a-t-il fait savoir avant d’ajouter que, le 15 novembre 2021, à travers un communiqué, son ministère a rappelé cette ouverture au dialogue. C’est ainsi que le 09 novembre, une invitation a été envoyée aux transporteurs. Et toujours, selon le ministre, le 1er décembre, une rencontre d’échange a eu lieu. Il y a été retenu que les parties se retrouveraient hier, jeudi 2 décembre à 13h30mn. Toute chose qui n’a pu être possible à cause de l’absence des syndicalistes.
A 15h, les membres de la plateforme ont notifié leur absence, informe-t-on, exigeant la présence obligatoire de tous les ministres concernés par leurs revendications. Une requête qui serait illégitime car, juge le ministre Mansour Faye, étant leur ministre de tutelle, il est le plus disposé à mener les négociations. Mansour Faye soutient par ailleurs que l’Etat du Sénégal s’est toujours montré ouvert à la négociation. « Lorsque j’ai été informé de la création de la plateforme, j’ai initié une rencontre le 17 août 2021, Alassane Ndoye et Gora Khouma (principaux secrétaires généraux des syndicats du transport-ndlr) étaient présents. Les débats ont porté sur les problèmes, notamment le contrôle routier ».
Malgré tout, les transporteurs ont déposé le 21 août 2021 un préavis de grève, selon lui. Mansour Faye souligne que l’Etat est disposé à donner une suite favorable à la revendication. En atteste la décision du président de la République, Macky Sall, qui, en réponse à leur doléance, a donné l’ordre au sortir du Conseil des ministres d’avant-hier, mercredi 1er décembre, que tous les ministères concernés se réunissent. A l’issue de cette réunion, a dit le ministre, il a été décidé la réduction des postes de contrôle sur les corridors. La mesure est effective sur le corridor Dakar-Bamako avec la limitation des contrôles aux postes de Diamniadio, Kaffrine et Kidira. Un arrêté est par conséquent en cours d’élaboration pour entériner la mesure. Mansour Faye soutient par ailleurs que les autorités sont disposées à prendre les décisions idoines sur d’autres aspects de la revendication comme la charge à l’essieu et le transport irrégulier. Mansour Faye a dit en outre que le gouvernement regrettait les désagréments causés par la grève et a annoncé la ferme volonté des autorités à préserver l’ordre public.
Dans la foulée, il a tenu cependant à faire savoir que l’ordre est donné aux autorités administratives ainsi qu’aux forces de défense et de sécurité de ne tolérer aucun acte de vandalisme sur les biens de la Société nationale de transport Dakar Dem Dikk (Ddd) mais aussi pour assurer la protection des citoyens qui souhaitent exercer leurs activités.
CORRUPTION D’AGENTS ETRANGERS DANS LES CONTRATS PETROLIERS LUCRATIFS DU SENEGAL
Selon transparency international, les autorités d’au moins six pays devraient ouvrir une enquête sur des transactions suspectes concernant deux importants blocs pétroliers au large des côtes du Sénégal.
Les autorités d’au moins six (6) pays devraient ouvrir une enquête sur des transactions suspectes concernant deux importants blocs pétroliers au large des côtes du Sénégal, a fait savoir Transparency International hier, jeudi 2 décembre. «Compte tenu de la réticence apparente des autorités sénégalaises à mener une enquête approfondie et à demander des comptes aux responsables, il est essentiel que les informations disponibles soient rapidement examinées par les autorités des pays qui ont compétence sur cette affaire : l’Australie, la Roumanie, la Malaisie, Singapour, le Royaume-Uni et les États-Unis», lit-on dans un communiqué.
Selon la source, en 2019, des enquêtes indépendantes menées par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et BBC Africa Eye ont révélé des détails jusqu’alors inconnus entourant la vente en 2012 des droits de concession des blocs offshore Deep St. Louis et Deep Cayar, situés au large des côtes du Sénégal. «Ces révélations mettent en cause le président actuel du Sénégal, Macky Sall, son frère, Aliou Sall, et le fils de l’ancien président», ajoute le document. Les rapports accusent l’homme d’affaires roumano-australien controversé Frank Timis d’avoir soudoyé des fonctionnaires sénégalais afin d’obtenir l’accès à des réserves lucratives de pétrole et de gaz à des conditions extrêmement favorables. Selon ces mêmes rapports, son partenaire commercial Eddie Wong, qui détient des passeports de Malaisie et de Singapour, aurait facilité certaines de ces connexions et serait venu représenter les sociétés de Timis au moment de la vente.
Toutefois, Timis a nié tout acte répréhensible. «La publication de ces enquêtes a entraîné des manifestations au Sénégal. En réponse à la pression publique, le frère du président, Aliou Sall, a démissionné de ses fonctions publiques mais a rejeté les allégations selon lesquelles il aurait reçu des paiements secrets. L’enquête sur le rôle d’Aliou Sall a abouti à un non-lieu en décembre 2020 », rappelle la source. Les documents examinés par Transparency International suggèrent que ces entreprises auraient dû savoir qu’elles s’engageaient dans des transactions présentant de nombreux risques de corruption.
Transparency International a fourni les informations disponibles aux autorités d’Australie, de Roumanie, de Malaisie, de Singapour, du Royaume-Uni et des États-Unis. Pour transparency international, l’affaire devrait également inciter le Congrès américain à sévir contre la “demande” de corruption d’agents étrangers en adoptant la loi sur la prévention de l’extorsion à l’étranger, soulignant que le FEPA érigerait en crime le fait pour un fonctionnaire étranger d’exiger ou d’accepter tout pot-de-vin ayant un impact substantiel sur le commerce américain.
JOSE MARIA NEVES PLAIDE POUR UN FINANCEMENT POUR LA RELANCE POST-COVID
A Sal, au Cap-Vert, où s’est ouverte la Conférence économique africaine conjointement organisée par les Nations unies et la BAD, le président capverdien a plaidé pour plus de soutien financier de l’extérieur.
(Agence Ecofin) - A Sal, au Cap-Vert, où s’est ouverte la Conférence économique africaine conjointement organisée par les Nations unies et la BAD, le président capverdien a plaidé pour plus de soutien financier de l’extérieur. Mais rien n’est gagné d’avance sur ce terrain.
En ouverture de la Conférence économique africaine qui a débuté ce 2 décembre, le président José Maria Neves (photo) du Cap-Vert, pays qui accueille l'événement conjointement organisé par la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique pour l'Afrique (CEA) et le PNUD, a plaidé pour plus de financements complémentaires si on veut permettre à l'Afrique de réussir la relance post-covid-19.
« Il est urgent de repenser le modèle de financement du développement en Afrique, en orientant les objectifs vers l'atteinte des objectifs de développement durable, et ceux de la vision 2063 de l'Union africaine. L'Afrique ne peut trouver seule les ressources pour financer les réponses aux crises majeures provoquées par la pandémie de covid-19 et les changements climatiques. Il y a un besoin de trouver des solutions de financement complémentaires [...] qui prendraient la forme d'investissements directs étrangers et la reconversion de la dette », fait savoir le président Neves.
Une déclaration qui résume l'essentiel des thématiques qui seront abordées au cours de cette rencontre. Sur le plan sanitaire, l'Afrique a enregistré 8,5 millions de cas de covid-19 par rapport à l'ensemble de la planète (244,5 millions) et 221 000 décès par rapport aux 4,9 millions de victimes à travers le monde.
Mais certains pays de la région ont connu des taux de morbidité plus élevés, comme le Soudan, où le nombre de décès représente 7,5% des cas. Aussi, les conséquences de la pandémie ont été les mêmes en Afrique dans la mesure où les mesures de confinement ont impacté des millions de personnes qui parfois ne sont pas identifiables, car opérant dans l'informel, mais qui ont besoin de leurs activités au jour le jour pour survivre. Par ailleurs, les pays doivent faire face à une inflation au sein de leurs économies, qui est tirée par une rareté de l'offre, et non une plus grande disponibilité de la monnaie.
Face à ce double problème, les gouvernements africains ont engagé des ressources équivalant à 480 milliards $. Dans le même temps, les pays du G20 ont pu injecter jusqu'à 8450 milliards $, selon les chiffres du Fonds monétaire international (FMI).
A travers ses solutions, le président Neves a donné un écho à des propositions discutées depuis 2020 au sein des instances comme la CEA ou encore la BAD. Le risque avec plus d'investissements directs étrangers c'est qu'ils ouvrent aussi des possibilités à des fuites illicites de capitaux, à travers le transfert de bénéfice et donc l'évasion fiscale. La CEA a éprouvé des difficultés à faire avancer la communauté des créanciers de l'Afrique, malgré la proposition de solutions de partage des risques, qui permettent pourtant à de nombreuses économies développées d'emprunter à tour de bras et à des taux bas, alors même que leurs encours de dette dépassent les 100% du PIB.
Les deux prochains jours, toutes ces questions et bien d'autres comme la digitalisation au service du financement du développement seront discutées, de même que la question des flux financiers illicites et le poids négatif qu'ils ont sur les économies africaines. Seront aussi abordées, les questions sur le nouvel endettement de l'Afrique.
Les solutions proposées par le multilatéralisme international ont montré des limites. Sur les nouveaux DTS du FMI, 6% sont revenus à l'Afrique contre 20% pour un pays comme les USA qui peuvent plus facilement financer leur dette. Aussi, des institutions comme la Banque mondiale et le FMI n'ont pas renoncé à leurs dettes qui pèsent le plus dans le stock de la dette des pays notamment de l'Afrique subsaharienne.