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23 juin 2025
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LE VISAGE DE LA REINE DU POP-CORN POIVRÉ, PIMENTÉ ET PIMENTÉ-POIVRÉ
Les pop-corn habituellement faits soit du sel, soit du sucre Nathalie Manga a eu l’idée d’explorer d’autres saveurs à cette confiserie prisée par les enfants et les grands. Réticents au départ, les consommateurs ont finalement adopté cette innovation
Étudiante, Nathalie Manga a eu l’idée de se lancer dans l’entrepreneuriat, notamment dans le domaine de l’agroalimentaire et de la mode. SEN’Pop, Prod’Access sont ses deux initiatives. Elle entend conduire patiemment ses projets sur fonds propres sans recourir aux banques avec leur taux d’emprunt onéreux. Dans cet entretien avec AfricaGlobe tv, la jeune entrepreneure décline ses projets, l’innovation qu’elle y apporte notamment dans la préparation des Pop-corn.
Traditionnellement, cette friandise est connue avec deux saveurs sucrée ou salée. Mais la jeune diplômée du centre africain d’études supérieures en gestion (CESAG) a exploré d’autres saveurs. Elle en est ainsi parvenue à offrir 9 saveurs différentes à cette confiserie grâce à certaines épices bien connues.
Réticents au départ, les consommateurs ont finalement adopté cette innovation apportée au pop-corn qui agrémente leur cérémonie de baptême, mariages ou tout autres événements de réjouissances. Pour ce qui est de la mode elle s'active dans la production des sacs avec pour leitmotiv la valorisation des tissus africains.
Dakar, 08 sept (APS) - La Société nationale des eaux du Sénégal (SONES) a annoncé le renouvellement de 316 kilomètres de réseau en vue d’améliorer le réseau d’eau potable dans plusieurs communes de la région de Dakar.
‘’Au total, ce sont 316 kilomètres de réseau qui vont être renouvelés dans les communes des Almadies, les Parcelles Assainies, la Patte d’Oie, Grand Yoff, Grand Dakar, Mermoz, Sacré-Cœur, les HLM, le Plateau, la Médina…’’, explique la société sur sa page Facebook officielle.
Cette annonce fait suite à la réunion de réglages organisée jeudi dernier entre la SONES qui exécute ce projet pour l’Etat du Sénégal, la SEN’EAU qui exploite les ouvrages du patrimoine public et les concessionnaires comme l’AGEROUTE, la SENELEC, SONATEL, FREE, etc.
La SONES souligne que ‘’le renouvellement du réseau permet d’économiser d’importants volumes d’eau (jusqu’à 45.000 m3/jour, soit 45 millions de litres)’’.
Elle explique que des réglages sont nécessaires entre la SONES et les entreprises qui construisent les routes, gèrent les réseaux de téléphonie et d’alimentation en électricité.
Son directeur Charles Fall a préconisé la mise en place d’un comité de suivi.
Les travaux démarreront à la fin des réglages avec les concessionnaires et après le choix qui sera porté sur l’entreprise en charge de la réalisation des travaux.
A cet effet, ‘’une vaste campagne d’information des populations est prévue dans les jours à venir’’.
par Madièye Mbodj
DE LA GAUCHE QUI SE MEURT À LA GAUCHE QUI VIT
EXCLUSIF SENEPLUS - L’alternative de rupture que nous portons via le Pastef souscrit volontiers au qualificatif de radicale. Ce qui reste déterminant, c’est la situation du peuple, quand celui-ci en arrive à ne plus accepter d’être gouverné comme avant
Fusion historique de 14 partis politiques et mouvements citoyens au Sénégal. Non pour créer un parti de plus dans un pays réputé en avoir déjà trop, mais plutôt fusion au sein d’une organisation légalement constituée, déjà reconnue, connue et appréciée au Sénégal, en Afrique, dans la diaspora et à travers le monde : Pastef- Les Patriotes/ Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité.
Fusion historique, consécration d’une volonté commune, à travers non pas un coup de loterie, mais plutôt un processus patiemment conduit, de 2016 à 2021 à tout le moins, permettant à l’essentiel des parties prenantes d’apprendre à se connaître et à se faire confiance, en s’éprouvant progressivement aux divers plans théorique et pratique. Partage d’une ligne politique patriotique, anti-impérialiste, panafricaniste et internationaliste d’alternative souveraine, au service des peuples du Sénégal, d’Afrique et du monde. Partage de tranchées à l’occasion de la campagne pour le « non » au referendum maquillé de 2016, des élections législatives de juillet 2017 au sein de la Coalition Ndawi Askan Wi puis de la présidentielle de février 2019 autour de la Coalition Sonko Président. Partage de différents combats menés en commun sur le terrain social et citoyen pour l’État de droit, la prise en charge, la défense et la promotion des revendications populaires légitimes.
Avec en plus, s’agissant plus spécifiquement de Yoonu Askan Wi/Mouvement pour l’Autonomie Populaire (YAW), la concrétisation de l’appel lancé dès son AG constitutive du 3 mai 2008, intitulé : « Appel pour la fondation d’une grande organisation unitaire, populaire et alternative », organisation dont Pastef aujourd’hui incarne largement la figure vivante. Sans oublier les pas franchis auparavant dans ce sens en 2013 déjà, illustrés par la fusion au sein de Yoonu Askan Wi avec le Ferñent/MTPS des Roland Fodé Diagne et autres Guy Marius Sagna, compagnons des feux camarades Assane Samb et Birane Gaye, en même temps qu’avec des dirigeants émérites du PAI historique de la trempe des doyens Alla Kane et feu Moctar Fofana Niang.
Fusion historique après aussi, faut-il le rappeler, les « Assises de la Gauche sénégalaise » ayant abouti au lancement, le 22 février 2015, de la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS). Cette plateforme malheureusement n’a jamais réussi à se mettre en orbite, préférant s’engluer systématiquement dans une ligne de « rupture entre la théorie de gauche et la pratique de gauche » (YAW / CG-SP, Document d’évaluation de la CDS, 05 novembre 2017).
Positions trop « radicales », nous lance-t-on parfois de-ci de-là ! Être radical ne signifie guère être extrémiste, excessif ou violent, mais plutôt être porté à prendre le mal à la racine, pour une thérapie de fond et non pour de simples et éternels replâtrages de surface à l’intérieur du même système : dans ce sens authentique, l’alternative de rupture que nous portons souscrit volontiers au qualificatif de radicale. Par ailleurs, tout en revêtant une dimension de portée stratégique, l’initiative de fusion, lancée à quelque cinq mois des élections territoriales de janvier 2022, ne saurait se détourner d’une bataille politique aussi importante, à enjeux multiples et décisifs. Pour mémoire, ce sont les élections locales de juin 2009 qui avaient, les premières, sonné le glas annonciateur de la chute des Wade, grâce à la mobilisation populaire autour d’une grande coalition unitaire de l’opposition. En effet, appréciant lucidement les enjeux d’alors, l’ICR Bennoo Wallu Askan Wi (dont était membre Yoonu Askan Wi aux côtés d’autres partis politiques et mouvements citoyens) était allée proposer au Front Siggil Senegaal, en janvier 2009, la mise en place d’une grande coalition commune, proposition aussitôt validée, se traduisant par la constitution de la coalition plurielle Bennoo Siggil Senegaal. Puis vint l’historique soulèvement populaire du 23 juin 2011, avant le coup de grâce de février-mars 2012 sous l’égide de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar.
Ainsi, sur le terrain électoral sénégalais, l’histoire récente de ces vingt dernières années prouve amplement l’impératif d’une grande coalition unitaire, représentative et combative, pour venir à bout d’un pouvoir autocratique, décidé à se perpétuer par tous les moyens, en mettant à profit à cette fin sa mainmise sur l’appareil d’État, l’administration, le parlement, la justice, les forces de sécurité, les ressources nationales, sans oublier le processus électoral verrouillé par un code sur mesure, marqué entre autres par la prédominance de l’inique scrutin majoritaire à un tour (système dit du raw gàddu), etc. Et si dans cette histoire récente, une coalition unique de l’opposition n’a jamais existé, il a fallu toujours compter avec une grande coalition unitaire comme tête de proue. Mais cette dernière, si représentative et combative soit-elle, ne saurait suffire pour gagner ; elle apporte toutefois un supplément de motivation et de stimulation à la mobilisation du peuple et des citoyens électeurs. En dernière analyse, ce qui reste déterminant, c’est la situation objective et subjective du peuple, quand celui-ci en arrive à ne plus accepter de subir le même calvaire et d’être gouverné comme avant, qui plus est, par les mêmes dirigeants ; en d’autres termes bu demee ba suur léen këll, et que le contrat de confiance est bel et bien rompu.
Les alternances de 2000 et 2012 dans notre pays et entre les deux, les élections locales de 2009, comme montré plus haut, en constituent des illustrations éloquentes. La dialectique de «l’ antisystème » et du « système », de même que la problématique des alliances, perçues parfois comme des « alliances hétéroclites et contre nature » doivent, pour une appréciation correcte, être analysées non pas de façon abstraite ou spéculative, mais bien sous leur rapport au combat réel, opposant au corps à corps le camp du peuple à celui des oppresseurs et exploiteurs, en pleine conscience du rapport de forces, tel que dégagé à partir de « l’analyse concrète de la situation concrète ». Utiliser la force de l’adversaire pour le terrasser est un principe bien connu des adeptes des arts martiaux, tout comme l’utilisation des réserves indirectes pour affaiblir le camp adverse reste une composante à part entière de toute tactique de lutte politique digne de ce nom. En réalité, aucune révolution, ni même aucun changement significatif dans aucun pays au monde, n’a jamais eu lieu, dans l’histoire contemporaine des luttes des peuples, sans que des pans entiers du « système » en place n’aient basculé, peu ou prou, à un moment déterminé, dans le camp de « l’antisystème », l’essentiel étant de rester stratégiquement fermes sur ses orientations, et en même temps lucides, ouverts et vigilants dans la conduite politique, autour d’objectifs pertinents, clairement définis à chaque étape et aptes à faire avancer réellement la lutte des masses populaires. Le succès est au bout de l’effort et de la créativité qui construisent, au bout de la lutte qui libère. Qui l’emportera ? La réponse est entre les mains du peuple souverain. Nous avons foi, quant à nous, en la justesse, en la force de notre combat, et notre responsabilité de militant-e-s est de faire ce qui dépend de nous, tout ce qui dépend de nous, avec la claire conscience qu’il est venu « le temps de l’effort collectif, le temps de l’engagement solidaire au service de l’intérêt général et de l’épanouissement individuel, le temps de l’obligation de rendre compte, le temps de la participation et du contrôle citoyens vigilants, le temps d’un leadership nouveau fondé sur la capacité d’anticipation, la compétence, l’humilité, la proximité et le terrain, la pédagogie de l’exemple et le respect dû au citoyen en tant que nawle, conformément au principe selon lequel le dirigeant n’est que le primus inter pares, choisi comme premier responsable parmi des hommes libres et égaux, pour piloter le navire de leurs espérances communes » (Madieye Mbodj, Contribution, Dakar, 5 octobre 2006). En d’autres termes, « le Sénégal n’a pas besoin de messie ni de héros, mais d’une masse critique de citoyens conscients des enjeux et qui ont le courage d’agir » (Programme Jotna de la Coalition Sonko Président- Dakar, Février 2019).
Un nouvel espoir est en train de germer sur notre terre mère d’Afrique. Juché sur les épaules vigoureuses d’une nouvelle génération de patriotes, démocrates, anti-impérialistes, panafricanistes, portant en bandoulière l’alternative souveraine de rupture au service des peuples du Sénégal, d’Afrique et du monde. Les révoltes populaires ouvrières et estudiantines de mai 68 avaient favorisé l’émergence de la « nouvelle Gauche » des années 70-80. Diverses composantes de la « gauche sénégalaise », et pas des moindres, ayant depuis lors succombé à l’appât des pouvoirs prédateurs, ont fini par capituler avec armes et bagages, à l’appel des sirènes des régimes Diouf, puis Wade et Sall. C’est pourquoi, par-delà « le nom », il est question de savoir saisir « la chose », de « rompre l’os pour sucer la substantifique moelle », comme dirait Rabelais. Être de gauche, ce n’est donc ni un slogan ni une réclame, c’est se placer en théorie et surtout en actes, du côté des masses opprimées et exploitées, au service de leurs luttes et de leurs intérêts, hier, aujourd’hui et demain, adossés sur une vision, des valeurs, une mission et des objectifs articulés autour d’un projet autonome et souverain d’émancipation et de transformation sociale.
Fort de cet éclairage, un camarade nous a posé l’autre jour en pleine réunion la question pertinente suivante, dont la réponse à nos yeux coule de source : Existe-t-il aujourd’hui sur l’échiquier politique du Sénégal un parti qui soit ‘’plus à gauche’’ que Pastef-Les Patriotes ? Le passage fécond de témoin, l’osmose intergénérationnelle de militant-e-s dévoué-e-s à la cause du peuple, les luttes en cours aux enjeux multiples, servent présentement de catalyseur à l’affirmation de ce que nous pouvons appeler « Gauche nouvelle contemporaine ». Directive de renouvellement dans la pensée comme dans l’action, dans la liaison aux masses, à la prise en charge de leurs préoccupations et de leurs luttes. Forces combattantes contemporaines des réseaux sociaux interactifs et de la révolution 4.0 en cours sous nos yeux ; contemporaines des défis vitaux des transitions démographiques et écologiques, contemporaines de l’émergence d’une citoyenneté mondiale décomplexée, prônant un autre vivre-ensemble dans la diversité, la dignité, le respect, l’égalité et la réciprocité assumés. Nous devons à la vérité de constater, à partir des faits, qu’une ‘’ancienne nouvelle gauche’’ se meurt dans le gouffre de la capitulation et de la compromission, pendant qu’une ‘’gauche nouvelle contemporaine’’ se forge dans les tranchées des combats populaires, portant l’espoir de tout un peuple, de tout un continent. Les récents coups d’État survenus au Mali, puis au Tchad ou tout fraîchement en Guinée Conakry, traduisent quelque part le décalage profond entre d’une part, les apprentis dictateurs, véritables ’’tigres en papier’’ à la tête de nos États, sous la botte des puissances néocoloniales et de leurs multinationales capitalistes tirant les ficelles, d’autre part les masses africaines déshéritées et spoliées, en quête d’un leadership collectif nouveau, soucieux de gouvernance démocratique fondée sur l’indépendance réelle et la souveraineté populaire, orientée vers le développement endogène solidaire et inclusif au profit prioritaire du plus grand nombre, dans une Afrique libre, unie et prospère.
Masieye Mbodj est ex-délégué général de Yoonu Askan Wi, membre de Pastef / Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l‘Ethique et la Fraternité .
AMOBÉ MÉVÉGUÉ EST MORT
L'ancien journaliste de RFI et présentateur sur France 24, est décédé à 52 ans. Connu pour sa gentillesse, homme de culture, passionné de musique. Il savait transmettre ses coups de cœur et sa passion comme personne
Amobé Mévégué, ancien journaliste de RFI et présentateur sur France 24, est mort à l'âge de 52 ans. « Le dealer d'ondes positives », comme il aimait à se présenter lui-même. Connu pour sa gentillesse, homme de culture, passionné de musique. Il savait transmettre ses coups de cœur et sa passion comme personne. Il l'a fait pendant des années dans l'émission Plein Sud sur RFI, avant de présenter « À l'affiche » sur France 24.
Amobé Mévégué était un homme d'une grande culture notamment musicale, il portait haut toutes les cultures africaines qu'il faisait vivre depuis 2010 sur France 24 dans le journal de la musique. Originaire du Cameroun, il avait grandi en France et se disait « citoyen d'Afrique ». À partir de 1994, sur les ondes de RFI, il produit Plein Sud, une émission culte tout en coproduisant en parallèle Africa Musica, le premier hit-parade des musiques africaines. Les téléspectateurs de TV5 le connaissent bien également. Il avait reçu sur son plateau, les plus grands noms de la musique internationale.
Un journaliste entre radio et télé
Amobé Mévégué était avant tout un homme de conviction, producteur audiovisuel depuis plus de 20 ans. Il avait fondé la chaîne UBIZNEWS TV, accessible dans 40 pays d'Afrique, une plateforme multimédia. Sa passion était née au le milieu des années 1980, il avait fait figure de pionnier en prenant part à l’aventure de Tabala FM, première radio africaine établie en France.
Les Africains sont plus objets que sujets du discours. Le développement est fondamentalement endogène. Certains discours sur la démographie africaine sont racistes – ENTRETIEN AVEC FELWINE SARR
Discussion sur la chaîne itv entre Pape Alioune Sarr et Flewine Sarr autour de son livre "Traces, discours aux nationa safricaines" paru aux Éditions Actes Sud. L'économiste y jette un regard lucide et porteur d'espoir sur l'Afrique et son devenir.
Par Ibrahima Diakhaté Makama
LE DIMBAAYAA DIAASA OU L'ORPHELINAT À CIEL OUVERT
Le dimba diaassa est donc plus qu’un orphelinat : c’est une sorte de placement d’enfants chez des « mères d’accueil ». Ce qui est remarquable dès lors, c’est que le terme s’oppose au concept de « centre d’accueil »
Les « dimbas groupo » et « toolé kouro » sont des femmes qui accueillent des orphelins sous leur toit. Les dimbas sont de deux ordres : soit elles n’ont pas d’enfants pour raison d’infécondité - ou autre - soit elles ont fini la maternité depuis une ou deux décennies, voire trois et ont accepté ou décidé de recevoir des enfants orphelins chez elles pour devenir désormais leur mère biologique par… procuration. Ce qui implique qu’elles les prennent en charge et les éduquent comme leurs propres enfants.
Le dimba diaassa est donc plus qu’un orphelinat : c’est une sorte de placement d’enfants chez des « mères d’accueil ». Ce qui est remarquable dès lors, c’est que le terme s’oppose au concept de « centre d’accueil » ou orphelinat d’inspiration occidentale. Autrement dit, il y a plus d’humanité en la mère qu’au centre ou orphelinat, avec encore plus de chaleur, d’attention et d’amour. Ces femmes n’ont pas souvent les moyens pour les nourrir. Et, même si certaines dimbas ont un niveau de vie appréciable et pourraient leur offrir luxe voire superflu, en ce qui concerne la nourriture, elles préfèrent se conformer à la tradition bien ancrée dans les consciences populaires du dimbaayaa diaasa - une tradition millénaire - ce en dépit de leur niveau de vie ou rang social.
S’appuyant, du coup, sur le célèbre axiome social selon lequel les orphelins ou enfants de la rue sont ipso facto des fils de toute la communauté, elles se déplacent alors avec leurs calebasses de maison en maison pour que les autres mères les remplissent de mets divers. Ces balades aux allures taquines dans le quartier et aux encablures se font également, à l’occasion de cérémonies traditionnelles comme les jambadongs et autres festivités de prescriptions sociétales. S’il en est ainsi, même si chaque voisin verse, ne serait-ce qu’une poignée d’aliments dans la calebasse, le récipient finit par se remplir. C’est admettre en fin de compte, qu’en vertu de ce célèbre postulat social, la prise en charge de l’orphelin est d’ordre collégial du moment qu’elle incombe à toute la société.
En d’autres termes, le dimbaayaa diaassa se présente, sous ce rapport, comme une sorte d’orphelinat à ciel ouvert. Le type de dimba qui n’a jamais enfanté pour des raisons diverses cherche à exorciser le démon en s’employant à tromper la vigilance des esprits malfaisants. C’est pour ce faire qu’elle joue à la folle et se fait appeler « toolé ». Cette folie, ou plus exactement cette folie simulée, est donc une ingénieuse ruse ourdie contre le diable en vue de détourner son attention maléfique. Si la femme dimba réussit sa fourberie, le démon qui avait décidé de la démantibuler en l’empêchant d’enfanter, cesse alors de la tourmenter.
Distributeur automatique de bonne humeur
Mais, en dehors de la supercherie tramée contre les esprits démoniaques, il y a, en filigrane, une facétie qui joue un rôle sociétal déterminant. Le comique permet de mieux faciliter le contact avec les populations en contribuant pour une large part à briser le mur de sérieux qui sépare les habitants.
La dimba crée une sorte d’hilarante médiation dans la chaine de la stratification sociale. Ce qui fait que, par sa pratique rigolote, elle réussit à créer un espace ergonomique entre des personnes de sexe, d’âge ou de milieu social différents que rien ne disposait à réunir pour la même cause ou commun lieu. Aussi, en sus des vertus de ces ruses antidémoniaque et sociétale, existe-t-il un autre rôle subsidiaire de nature psychologique : dans la mesure où elle éduque des orphelins, la dimba doit toujours être de bonne humeur – d’où son caractère jovial et enjoué. Car, par triviale dynamique de contagion, elle pourrait créer un effet d’entrainement.
Ainsi donc, l’orphelin qui baigne dans une telle ambiance aurait moins de mélancolie parce que n’ayant pas l’occasion de penser à sa situation familiale et de bayoo (entendez : orphelin) au cas où il connait la vérité sur son ou ses parents, par exemple ! Le comique sera toujours là pour détourner les pensées vers des idées positives et festives. Tout compte fait, c’est dire, en d’autres termes, que la dimba ou maman d’orphelin est un distributeur automatique de bonne humeur. Partout où elle passe, la femme « toolé » charrie l’alacrité. Son modus operandi fait partout recettes : son paraître attire attention et son être la convivialité. Elle taquine tout le monde sur son passage et on lui rend bien cette jubilation sociale. La dimba est asticotée de partout si ce n’est-elle qui aguiche n’importe où elle passe.
Le plus souvent, c’est avec un échange rythmique que les cuisinières communiquent avec les dimbaa. L’un des échanges les plus célèbres est immortalisé par l’orchestre emblématique, UCAS. C’est à travers le titre « Dimbaya diassa » que feu Seydou Ndao, accompagné de feu PC Diaïté, a gratifié les mélomanes des échanges harmonieux entre femme dimba, cuisinières et passants. On perçoit mieux ce stratagème à travers cet échange mélodieux : Les cuisinières - Niaamoo bama, kini mondo talla (la maman de l’orphelin, diminue la poignée de riz).
La femme toolé -Taa kéla, nko talla la fong si karfolou baloundi (je refuse, je ne diminue rien afin que je puisse nourrir convenablement les orphelins !) Du fait qu’elle entre de maison en maison, le contenu de sa calebasse est, par conséquent, un cocktail de mets de tout genre : riz blanc, riz rouge, viande, poisson, légumes divers, huile, huile de palme, sauces aux couleurs et saveurs différents. Feu Seydou Ndao a eu à matérialiser admirablement cet aspect du contenu de la calebasse du dimba dans le titre éponyme.
333 TRAVAILLEURS INTÉRIMAIRES INTÉGRÉS EN CDI À DANGOTE CIMENT
L’obtention par ces bienheureux d’une sécurité de l’emploi dans un environnement précaire procède d’une médiation réussie du Haut conseil du dialogue social (HCDS) dirigée par la présidente Innocence Ntap Ndiaye
A la fin des échanges de documents paraphant l’intégration de 333 travailleurs intérimaires en CDI à Dangote Ciment, ce mardi 07 septembre 2021, les délégués de ces derniers ne peuvent se retenir. L’obtention par ces bienheureux d’une sécurité de l’emploi dans un environnement précaire procède d’une médiation réussie du Haut conseil du dialogue social (HCDS) dirigée par la présidente Innocence Ntap Ndiaye.
333 foyers sénégalais seront illuminés ce soir. Des foyers fondés par des travailleurs qui ne portent pas l’angoisse d’un hivernage pluvieux et débordant. Le temps est à l’oubli des difficultés de la vie surtout en cette période de cherté des denrées alimentaires. Ce mardi 07 septembre 2021 sera en tout gravé dans la mémoire de ces 333 travailleurs intérimaires de l’entreprise de sous-traitance C2K Staffing qui ont obtenu finalement une intégration définitive à Dangote Cement à travers un CDI.
Le chemin balisé par le HCDS à travers sa présidente Innocence Ntap Ndiaye ne fut guère facile. Il fut difficile, long et ardu en termes de négociations entre le HCDS, la direction générale de Dangote Cement et les délégués des travailleurs représentés par Sidya Ndiaye, SG de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (FGTS). Ce dernier, présent hier à la cérémonie de signature du protocole portant recrutement des travailleurs intérimaires de C2K, n’a donc pas tari d’éloges à l’endroit de la présidente Ntap Ndiaye. « Ce moment fera date. C’est une révolution pour des travailleurs longtemps dans la précarité de la sous-traitance. Mais c’est surtout le coaching de la présidente Innocence Ntap Ndiaye qui nous a séduit. Elle a été au four et au moulin, de jour comme de nuit. Sa capacité d’écoute nous a permis d’arriver à ce résultat qui permet de montrer à la face du monde qu’on peut bien à travers le dialogue réussir une médiation porteuse d’espoirs pour le monde du travail. Le HCDS est un instrument à soutenir. On sait maintenant ce que vaut le HCDS. Mme la Présidente, vous êtes une grande Dame » a salué Sidya Ndiaye.
Le co-leader d’ « And Gueusseum » a embrayé pour ajouter que, s’adressant toujours 0 Mme Innocence Ntap Ndiaye, que « le bureau exécutif du FGTS vous remercie du fond du cœur pour l’excellent travail que vous êtes en train de mener pour améliorer les conditions sociales d’existence des travailleurs de notre pays. Vous avez bien compris, Mme la Présidente, que le développement économique et social d’un pays doit avoir comme socle : le Dialogue social inclusif et participatif pour permettre aux différents protagonistes de se parler pour mieux se comprendre, se respecter, afin d’installer une paix sociale sans laquelle aucun développement ne peut être durable ». « Aujourd’hui, vous devez être décorée » s’est écrié en conclusion le teigneux syndicaliste Sidya Ndiaye à l’endroit de la présidente du Haut conseil du Dialogue social (Hcds).
Un grand succès du dialogue social
Le directeur des ressources humaines de Dangote Cement, Wally Diouf, s’est surtout réjoui, lui, de la disponibilité au dialogue affichée par toutes les trois parties impliquées dans les négociations. Les 333 travailleurs seront intégrés progressivement, a-t-il précisé. Mais il a rassuré que ce happy end va participer à renforcer les performances de l’entreprise et à installer un climat social apaisé. Pour la présidente du HCDS, le protocole d’accord est un grand succès du dialogue social. « Le recrutement des 333 travailleurs est le fruit de longues négociations et d’échanges entre les différents acteurs impliqués aux côtés du HCDS qui a joué un rôle de médiation. Mais le succès est dû surtout à l’engagement des deux parties à trouver un accord fondé sur de nouvelles bases de relations professionnelles garantissant une compétitivité et une productivité pour l’entreprise » a souligné la présidente Innocence Ntap Ndiaye.
LE MAGAL DE TOUBA SERA CELEBRE CE 26 SEPTEMBRE 2021
Célébrant le départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba
La date officielle de la célébration de l’édition 2021 du Grand Magal de Touba été fixée. Ce sera le dimanche 26 septembre prochain. « Après observation du ciel, le croissant lunaire n’a pas été aperçu. Le marabout nous a donc dit que, puisque nous n’avons pas vu la lune, demain sera le 30ème jour de ce mois. Donc le jeudi sera le 1er jour du mois de Safar. Ce qui veut dire que le Magal sera célébré le dimanche 26 septembre», a indiqué Serigne Abdou Diop imam, qui a livré le Ndigueul de Serigne Mountakha Mbacké, Khalife général des mourides.
Le Magal de Touba revêt un caractère multidimensionnel pour tous les musulmans, en général, et les mourides, en particulier. L’originalité du grand Magal de Touba réside à deux niveaux. D’abord, contrairement à ce qu’on a l’habitude de célébrer, il marque le début de dures épreuves et de souffrances endurées par le Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké durant son exil au Gabon. Ensuite, c’est le Cheikh qui a initié cet événement (à Diourbel) et a recommandé à ses fidèles de se souvenir de ce jour béni durant lequel il a obtenu tout ce qu’il voulait de son Seigneur. « Celui pour qui mon bonheur est le sien, où qu’il se trouve, devra tout mettre en œuvre le jour du 18 Safar pour rendre grâce à Dieu, car, disait-il, mes remerciements personnels ne pourraient suffire pour témoigner ma reconnaissance au Seigneur. »
Le Magal constitue un moment privilégié pour chaque musulman de magnifier, en parfaite symbiose avec le Cheikh, les innombrables bienfaits que Dieu lui a accordés. Cela est conforme aux enseignements coraniques : «Si vous êtes reconnaissants, très certainement j’augmenterai mes bienfaits pour vous. Mais si vous êtes ingrats, mon châtiment vous sera terrible (Sourate 14, Verset 7)». Il est indispensable donc de comprendre le sens véritable et la portée du Magal, de le célébrer conformément aux recommandations du Cheikh, afin de pouvoir bénéficier des grandioses bienfaits accordés au serviteur du Prophète (PSL).
A l’origine, chaque talibé célébrait le Magal là où il se trouvait, pourvu d’être conforme aux recommandations du Cheikh. Avec le temps, le deuxième calife, Cheikh Muhamad al-Fadel, a eu l’idée de rassembler tous les mourides à Touba. Il visait par là le raffermissement de la cohésion de la communauté. Il y avait ainsi des objectifs spirituels, mais aussi des objectifs sociaux (rencontres, échanges, etc.) et économiques dans la mesure où des ruraux venus avec leur production pouvaient les écouler facilement auprès des citadins qui venaient prendre part au Magal.
Un événement qui a favorisé la création d’un courant d’échanges entre les deux groupes, c’est-à-dire les ruraux et les citadins. Tout cela n’était pas absent de l’esprit de celui qui a donné cette forme au Magal, le deuxième Khalife estimant qu’il était très profitable à la communauté de rassembler tout le monde à Touba pour célébrer le Magal.
La particularité de l’événement repose sur l’importance que les Mourides lui donnent car, pour les disciples du Cheikh, le fait de participer au Magal est devenu une composante de sa doctrine.
Par Momar DIENG
GUINEE : LA DÉLINQUANCE CONSTITUTIONNELLE SANCTIONNÉE, À QUI LE TOUR ?
Si la démocratie est considérée comme le moins mauvais des systèmes représentatifs, elle doit pouvoir accepter un aggiornamento dans ses principes fondamentaux qui sont en conflit quotidien avec le réel
Si la démocratie est considérée comme le moins mauvais des systèmes représentatifs, elle doit pouvoir accepter un aggiornamento dans ses principes fondamentaux qui sont en conflit quotidien avec le réel, particulièrement en Afrique de l’Ouest. Elle devrait donc pouvoir tolérer la mise en œuvre de doctrines punitives contre ses fossoyeurs potentiels aveuglés par des appétits de pouvoir irrépressibles. Ce qui se passe en Guinée depuis l’aube de ce 5 septembre 2021 est illustratif de l’immense zone grise qui naît et s’élargit entre le formalisme de textes et lois organisant l’accession, la gestion et la transmission du pouvoir, d’une part, et les pratiques autoritaires et illégitimes auxquelles recourent la plupart des gouvernants une fois le pays et ses institutions entre leurs mains, d’autre part. Ce hiatus n’est pas acceptable. Non seulement il vide de leur sens les serments solennels prononcés par les chefs d’Etat, mais il consacre pour ceux-ci et leurs courtisans un fait qui ruine l’équité et l’égalité des citoyens devant la loi : l’impunité. Ainsi naissent les troubles et les ruptures du fameux «ordre constitutionnel» à géométrie capricieuse…
L’Armée, un garant potentiel
La Guinée de Alpha Condé est un cas morbide de cette dérive présidentialiste sur les flancs de laquelle se forge cette bonne vieille «aspiration à la puissance» dont parle Nietzsche. Au mieux ou au pire, elle finit toujours en chienlit, propageant un système de violences institutionnelles, physiques et morales qui se perpétue grâce à la fidélité marchandée des forces de sécurité et de leurs instruments de répression. Jusqu’à l’essoufflement. A cet opposant historique plein de promesses à l’entame de son magistère en 2010, la sagesse a fait défaut après des décennies de souffrances et d’exil. La brutalité avec laquelle il a détricoté, en sa faveur, les fondamentaux du principe de conservation du pouvoir, au mépris assumé de ses engagements publics devant la Cour constitutionnelle de Guinée, n’a jamais été justement sanctionnée par une «communauté internationale» hypocritement accrochée à un principe de «non-ingérence» qui vaut pour certains et pas pour d’autres. Condé a fini par «normaliser» son pouvoir sans coup férir, emprisonnant des opposants, fauchant des manifestants, dans l’indifférence complice du syndicat privé des chefs d’Etat et des «gardiens du temple» de l’ordre constitutionnel, l’Union africaine, la Cedeao, les Nations unies, en attendant la Francophonie. L’Armée guinéenne l’a rappelé à l’ordre, à sa manière. Et c’est salutaire ! Si des pouvoirs déviants comme celui de Alpha Condé sont assez répressifs pour se maintenir illégitimement au pouvoir en matant toute révolte légitime, si la démocratie et les peuples ainsi trahis ne sont pas en capacité de leur opposer leur propre loi dans l’espace public, il est alors temps que des institutions fortes et transversales comme l’Armée soient en mesure de jouer un rôle plus essentiel que leur confinement dans les casernes. Sous cet angle, la matrice sociopolitique appelée «Armée-Nation» peut devenir là où nécessité fait loi, suivant des modalités à imaginer, un des garants fondamentaux du respect des normes de fonctionnement démocratique de nos Etats. La réalité a suffisamment montré que les institutions ayant la charge de cette mission sont pour l’essentiel corrompues et impotentes, le plus souvent au service du président de la République et de son Exécutif. Ce sont l’Assemblée nationale, des pans entiers de la Justice, les juridictions politiques et administratives, les corps de contrôle, les organes dédiés à l’organisation des élections, etc..
Avertissement sans frais
La Guinée paie aujourd’hui, malheureusement, le prix de ces turpitudes. Avant elle, d’autres pays ont vécu l’enfer à des degrés divers, mais ne semblent pas en avoir tiré des leçons. Certains des maux listés par les putschistes de Conakry pour justifier leur prise du pouvoir semblent avoir encore de beaux jours presque partout dans la région ouestafricaine : manipulation des institutions, politisation outrancière de l’Administration, promotion de hauts fonctionnaires ultra-partisans à la tête de services publics stratégiques, corruption débridée à plusieurs niveaux de l’Etat, capture des systèmes électoraux au profit du parti au pouvoir, impunité garantie aux gens de cour… Un coup d’Etat, qu’il soit militaire ou civil, n’est jamais une bonne nouvelle, et nulle part dans le monde il ne saurait l’être par respect aux choix politiques exprimés par les citoyens électeurs. Mais celui qui vient d’emporter Alpha Condé était un mal nécessaire face à la surdité et à l’arrogance d’un pouvoir illégitime et injuste. La Guinée de 2021 en avait fondamentalement besoin afin que la délinquance constitutionnelle par la ruse, l’absurde et la force cesse de jouir de cette prime à l’impunité qu’est le putsch en cours de mandat. La chute du Professeur, avertissement sans frais pour ceux qui ont encore le temps et la force de réfléchir, ne devrait donc laisser personne indifférent d’entre ses désormais ex-pairs de la Cedeao et de l’Union africaine. Son passage en force pour un troisième mandat inaccessible à un moment l’a poussé à jeter à la poubelle la Constitution qui l’avait mené au pouvoir. Mais lui, ou finit-il vraiment ?
Momar DIENG Journaliste, Impact.sn
«POURQUOI CHERCHER À DÉTRUIRE UN FAUTEUIL SUR LEQUEL ON ASPIRE À S’ASSEOIR ?»
Le roi d’Oussouye dévoile son rôle crucial pour amener l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, leader indépendantiste casamançais, à travailler à faire taire les armes
Olivier Diédhiou, à l’état civil, a été intronisé Roi d’Oussouye en janvier 2000, sous le titre de Sibiloumbaye (Ndlr : Celui qui va amener les bêtes de sacrifice). Il dit avoir été intronisé pour garantir l’avènement de la paix en Casamance. Au cours d’un entretien accordé au journal Le Quotidien dans le bois sacré, il a déploré les violences qui avaient agité le Sénégal au mois de mars 2021, avec des émeutes déclenchées à la suite de l’interpellation de Ousmane Sonko, leader du parti Pastef. De même, le Roi d’Oussouye, avec un calme d’ange, a dévoilé son rôle crucial pour amener l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, leader indépendantiste casamançais, à travailler à faire taire les armes. Le Quotidien a veillé, avant publication, à faire relire le texte de cet entretien au Roi Sibiloumbaye Diédhiou qui, assisté de son conseiller en communication Souleymane Diédhiou, l’a approuvé sans réserve.
Sibiloumbaye Diédhiou, que signifie le titre Roi d’Oussouye ?
Le titre de Roi d’Oussouye est comparable à celui du président de la République
En quelle année avez-vous été intronisé ?
Exactement le 17 janvier 2000
Il se raconte qu’avant votre intronisation, le poste de Roi d’Oussouye était longtemps resté vacant.
Pendant 16 ans, le titre est resté vacant, de 1984 au 16 janvier 2000. Cela, parce qu’à la disparition du Roi Sibacouyane Diabone en 1984, on était dans une situation de conflit armé, les hostilités (Ndlr : guerre d’indépendance déclenchée pour le Mouvement des forces démocratiques de Casamance) avaient déjà démarré en Casamance. Nous avions connu des années difficiles et la tension était telle qu’il y avait une grande insécurité dans la zone. Les sages n’avaient pas voulu introniser un roi pour éviter que l’une ou l’autre partie (Mfdc et Etat du Sénégal) ne voie cela d’un mauvais œil, une sorte de compromission ou de parti-pris. Le Mfdc pouvait croire que si on intronisait un roi, c’était parce qu’on était en phase avec l’Etat du Sénégal et de son côté, l’Etat du Sénégal pouvait suspecter des accointances avec le Mfdc.
Pourtant, en 2000, la sécurité n’était pas totalement rétablie, mais vous avez quand même été intronisé. Comment avez-vous fait ?
C’est un vieux qui, de retour de la récolte de vin de palme, a déclaré aux sages qu’il a reçu la révélation que le temps était venu de désigner un roi, parce que notre terre est sacrée. Selon ce sage, aussi longtemps qu’il n’y aurait pas de roi d’Oussouye, la guerre n’allait pas prendre fin. Les sages avaient des craintes que si un roi était désigné, il soit pris entre deux feux, entre l’Armée et la rébellion du Mfdc. Après le message de ce vieux, les sages sont allés consulter les fétiches, ainsi que les voyants traditionnels. Ces derniers ont confirmé le message du vieux, à savoir que l’intronisation du Roi allait conduire à la paix dans toute la région. Des marabouts ont aussi transmis le même message, que si le Roi d’Oussouye n’était pas intronisé, il n’y aurait pas de paix en Casamance. C’est ainsi que j’ai été désigné, pour que mon règne puisse apporter la paix dans la région. Mon règne est destiné à asseoir la paix définitive, le silence des armes. Mon règne doit consacrer l’avènement de la paix.
Et d’où vient le Roi d’Oussouye ?
Les rois d’Oussouye sont désignés par trois familles à tour de rôle. Mais le trône n’est pas si héréditaire que cela. Les sages se réunissent pour identifier la personne qui doit porter la charge. Si par exemple une personne est désignée sans être la personne indiquée, son règne ne durera pas plus de deux mois. La personne va mourir. Une consultation rigoureuse des esprits est nécessaire. Le jour où le trône quittera ici, il ira au village de Kahinde, la royauté reviendra à la famille Diatta à Kahinde.
Suite à votre intronisation, quelles actions avez-vous entrepris, Majesté, pour assurer la paix ?
Avant toutes choses, nous avons organisé des prières dans le bois sacré, avec forces libations à base de vin de palme et de sacrifice d’animaux. A la suite de quoi j’ai convoqué l’abbé Diamacoune (Ndlr : Augustin Diamacoune Senghor, leader historique du Mfdc), pour des discussions.
Sur quoi portaient ces discussions ?
C’était simple. Il était venu à cette même place. La première chose que je lui ai dite ici, c’est que les gens étaient fatigués de la guerre et qu’il est temps de l’arrêter. Et avant d’entamer leurs Assises (Ndlr : Assises du Mfdc), nous devons nous asseoir pour trouver des solutions durables. C’est après cela que Diamacoune a commencé à calmer ses partisans et à encourager les gens à retourner dans les villages.
L’abbé Diamacoune a-t-il facilement accédé à votre demande ou a-t-il fait de la résistance ?
L’abbé Diamacoune ne pouvait pas refuser ce que je lui demandais. Il est du village de Senghalène, qui fait partie du royaume d’Oussouye. Il est en quelque sorte mon sujet et devrait m’obéir. Quand je lui ai parlé et dès son retour des Assises du Mfdc, il a réagi positivement, et a encouragé les gens à retourner chez eux.
L’abbé Diamacoune n’est plus. Avez-vous des contacts avec les autres chefs du Mfdc ?
Non, je ne connais pas ses autres compagnons. Mais je dois dire que certains émissaires du Président Macky Sall, comme Robert Sagna, venaient parfois me consulter dans le cadre de missions en direction du Mfdc et je les associais à des membres de la Cour royale pour aller rencontrer des responsables du Mfdc dans le maquis.
Quelles relations avez-vous avec les autorités de l’Etat et l’Armée ? De plus, on note qu’il n’y a plus une grande présence militaire dans la région. Comment appréciez-vous cela ?
C’est normal. Lorsque la crise était très forte, on avait un grand nombre de militaires ici. Maintenant, il n’y a plus d’attaques, le climat de confiance revient, l’Armée commence à se replier. Avec les autorités, nous avons de très bonnes relations et sommes complémentaires. Il peut arriver que là où l’autorité administrative échoue, nous autorité coutumière, puissions réussir. Nous travaillons en parfaite harmonie. Quand il y a un problème à un endroit où je peux apporter ma contribution, j’envoie la Cour royale, qui porte mon message, et permet de régler les problèmes.
Nous avons assisté hier (Ndlr : dimanche 5 septembre 2021), à Oussouye, à une grande et belle fête, le «Bônônô». C’était une belle ambiance de fraternité. Comment l’analysez-vous ?
(Large sourire). Cela est une tradition ancestrale. La lutte traditionnelle, les compétitions entre villages, cela fait partie de notre culture. Nous avons pu unifier tout le royaume grâce à la fête de Houmeubeul, qui est organisée sous mon égide. Dès 2001, un an après mon intronisation, nous avons organisé le Houmeubeul ici, pendant 3 jours de festivités. Il y avait à l’époque un climat de tension très vive. Cette fête a permis de rassembler beaucoup de gens. Elle rassemble tous les villages du royaume, généralement pendant la deuxième quinzaine de septembre. Le Houmeubeul est d’abord une fête qui permet de prier pour un bon hivernage, et pour renforcer la paix dans le pays.
Et quand se passera le Houmeubeul cette année ?
La date n’est pas encore fixée. Elle le sera après des cérémonies dans le bois sacré.
La rébellion a causé des douleurs, avec des pertes en vies humaines dans beaucoup de familles en Casamance…
Le roi est comme le chef de famille. Quand les enfants meurent, que ce soit parmi les rebelles ou pas, c’est la famille qui perd, c’est moi le chef qui souffre. C’est pourquoi nous voulons en finir totalement avec la guerre.
La guerre entre le Mfdc et l’Armée semble être derrière nous. Mais au mois de mars dernier, les démons de la violence ont frappé et on a connu de la violence, même dans la région de la Casamance. Comment le Roi d’Oussouye voit-il cette situation ?
Nous avons toujours condamné les destructions des biens d’autrui avec les émeutes du mois de mars 2021. Nous avons aussi désapprouvé les violences à l’Université de Dakar entre les étudiants diolas et sérères. Quel que soit le niveau de mécontentement, il y a des procédures à respecter pour régler les problèmes. On ne peut rien résoudre par la violence.
Cette violence n’a pourtant pas été tellement ressentie au niveau de votre royaume. Comment cela s’explique-t-il ?
Nous avons un respect immense de la vie humaine. Ici, la vie humaine est sacrée. Faire couler du sang est puni de manière forte. Il faut, pour se libérer d’une telle faute, faire de lourds sacrifices et faire un repentir public. Au défaut, la punition est terrible. Nous ne pouvons pas chercher à sortir des affres de la rébellion pour entrer dans d’autres problèmes. Je condamne donc fermement ces violences du mois de mars 2021, les pertes en vies humaines sont intolérables ainsi que la destruction des biens d’autrui. (Ndlr : Son conseiller Souleymane Diédhiou ajoute : Vous pouvez observer que le royaume d’Oussouye a été épargné des violences de mars 2021). (Ndlr : Le roi reprit la parole). Je ne peux tolérer la violence. Et puis, comment détruire un fauteuil sur lequel on aspire s’asseoir ? Cela n’a pas de sens. Ces violences sont totalement inacceptables.
Dans de pareilles situations, une intervention des autorités coutumières et traditionnelles pourrait aussi aider à calmer les esprits. Qu’avez-vous fait en ce sens ?
Oui, et on l’a vécu durant les évènements du mois de mars 2021. Il y a eu une médiation qui a été faite pour demander aux esprits de se calmer et d’en finir avec la violence. On ne peut pas détruire le pays. Déjà que notre pays et notre région sont en retard dans bien des domaines, nul ne devrait en rajouter.
Quelle est votre capacité, en tant qu’autorité traditionnelle, à pouvoir empêcher des pareils troubles à l’avenir ?
Le Roi peut donner un message fort à la communauté, parce qu’il est très écouté. Il a des représentants dans tous les villages. Dès qu’il parle, son message est répercuté dans toutes les communautés et disséqué, et permet de calmer les esprits. Nous réglons ici tous nos problèmes dans le calme.
Quel est, aujourd’hui, le message fort que vous voulez faire passer ?
Le message est que le Sénégal soit uni, que les jeunes prennent conscience que l’on ne doit pas dilapider le peu de ressources que l’on a dans la violence.
Les évènements de mars avaient un soubassement politique. Comment analysez-vous cela ?
Quel que soit le degré de mécontentement, les gens doivent apprendre à garder leur calme et surtout chercher à régler les problèmes par le dialogue, la discussion.
Après ces évènements, avez-vous pu entrer en contact avec les acteurs impliqués ?
Non
Ousmane Sonko est de la communauté diola. N’est-il pas entré en contact avec vous ? Les violentes émeutes ont été déclenchées par ses partisans.
Le seul contact avec Ousmane Sonko a été fait lors de la campagne pour la Présidentielle de 2019, quand ce dernier est passé par ici, pour des salutations. Mais en dehors de cela, aucun acteur politique n’est passé. Si ce n’est, de temps en temps, Aminata Assome Diatta, qui est comme ma fille, et qui est de la région. Elle vient souvent pour des visites de courtoisie.
Vous n’avez pas de contacts directs avec le Président Macky Sall ?
Le président Macky Sall m’a visité au moins à quatre reprises depuis 2012. Chaque fois qu’il est de passage dans la région pour ses activités, il trouve le temps de passer me saluer. D’ailleurs, je dois le remercier pour des gestes à mon endroit et à l’égard de la communauté. Depuis son arrivée au pouvoir, il a doublé l’aide que nous accordait le Président Abdoulaye Wade pour les festivités du Houmeubeul. Abdoulaye Wade m’avait rendu visite en 2000, après mon intronisation. Il m’avait donné ma première voiture à cette occasion. Ses prédécesseurs Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf avaient chacun visité le Roi Diabone (Ndlr : qui a régné de 1957 à 1984). C’était en 1962 et en 1982. Macky Sall m’a offert deux voitures : une pour moi et une autre pour le roi d’Essaout qui dépend de mon royaume.