La formation libérale s'allie à d'autres partis politiques dont : le CRD, la coalition Jotna, AJ/PADS, Bokk Guis Guis entre autres dans le cadre des prochaines élections locales - DÉCLARATION
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de candidature d’une nouvelle coalition électorale comprenant entre autres : le PDS, AJ/PADS, Jotna, le CRD en perspective des locales de 2022.
« En direction des élections départementales et municipales du 23 janvier 2022, nous, partis politiques, regroupements de partis politiques et de mouvements citoyens avons décidé, au terme d’échanges pragmatiques et profonds, de mettre en place une coalition électorale fondée sur le réalisme, la transparence, l’équité et l’intérêt supérieur des citoyens.
Cette coalition présentera des listes de candidats dans tous les départements, villes et communes de l’étendue du territoire national.
C’est pourquoi, nous engageons sans délai les militants et sympathisants des partis et mouvements membres, partout à travers le pays à se mettre ensemble pour travailler à la mise en place d’équipes gagnantes aussi bien au plan départemental que communal à travers le pays.
Des équipes qui œuvreront au rassemblement le plus large possible de tous les acteurs et partenaires potentiels de leur circonscription électorale en vue de constituer des dynamiques crédibles et représentatives capables de gagner et de conduire les changements nécessaires à l’amélioration indispensable de la gouvernance des collectivités locales et des conditions de vie des populations.
Tous mobilisés pour une victoire éclatante au soir du 23 janvier 2022 !
Ci – après, les partis politiques et organisations signataires :
Parti Démocratique Sénégalais
Bokk Guis Guis
AJ/PADS
Congrès de la Renaissance Démocratique : Taxaw Tem, ACT, Tekki, République des Valeurs, LD Debout, Label Sénégal, Ensemble, Lenen Ak Nienen ;
Coalition JOTNA : ADD, ADS Garap, AFAP, And Defar Sunu Senegal, ANDS et MEEB, Bloc pour la Démocratie et la Solidarité, Def Sa Wareef, Defar Senegal Authentique, Galaxie Communautaire, Liggueyal Senegal, Mouvement Takku Ligguey/Le Changement, MPS Faxas, Parti Deggu, Parti Pour l’Action Citoyenne, Parti Teranga Senegal, Pecum Senegal, PRDS, TS 19-24. »
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À LA DÉCOUVERTE DE WALTER RODNEY
Retour sur la vie, l’œuvre, les influences, l'idéologie et l'action politique de l’historien et homme politique de Guyana à travers le livre que lui consacre Amzat Boukari-Yabari
Ce livre analyse la vie et l’œuvre de l’historien et homme politique de Guyana, Walter Rodney (1942-1980), ses années de formation, ses influences, son idéologie, et son action politique.
Alors que Rodney a fait l’objet d’une demi-douzaine de monographies en anglais, cet ouvrage est le premier travail en français consacré à cet historien anglophone. Il s’adresse autant à un public universitaire travaillant sur les mondes africains qu’à un public « militant » engagé sur les questions de développement et de luttes sociales.
par Mariama Samba Baldé
UNE PANDÉMIE QUI CONDUIT AU PÈLERINAGE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Les Soleils des indépendances sont encore plus pâles au temps du Corona. Le comportement des grandes puissances doit à jamais servir de leçon. Les miroirs se fissurent et la vérité apparaît dans toute sa cruauté
#SilenceDuTemps - Un vent de pandémie souffle. Dans les pays où il fait gris et froid, dans les pays où le soleil rit tout le temps, ce vent souffle et par milliers des hommes tombent. L’on se confine pour ne pas être touché. Une distance se creuse et le temps ne s’écoule plus dans sa fluidité naturelle, il s’est transformé en goutte-à-goutte. Le monde retient son souffle et chaque minute vaut son pesant d’or. L’heure est grave, enfin ! L’heure est grave, à la bonne heure ! Je ne peux pas croire que ce vent qui tue est complètement mauvais. Il est impossible qu’aucune poussière de lumière ne l’habite. Et s’il infectait pour aussi désinfecter, dégradait pour également réparer ?
Un vent de pandémie souffle. Le couvre-feu a calciné moult plans et les déprogrammations ont accouché d’un désert. Cela saute aux yeux que l’on ne sait pas grand-chose, que l’on n’est pas grand-chose et qu’une invisible petite chose pourrait rayer l’homme de la carte. Face au Covid, ni nom, ni couleur de peau, ni fortune, ni notoriété n’offrent de dispense. Pour s’en tirer, il y a obligation de se soutenir en permettant à celui qui ne vous ressemble pas de s’immuniser. L’homme qui a soif entend mieux l’appel de la quête vers l’oasis qui désaltère l’âme. Son pèlerinage intérieur va pouvoir commencer. Pour avancer, il devra égorger le soleil de la vanité et faire gicler le sang crépusculaire des idoles. Il lui faudra lâcher les illusions et commencer à marcher, pieds et cœur nus, vers tout ce qu’il a oublié. Qui sait ? Peut-être que derrière les dunes de l’espérance attend un soleil sans mirage, le soleil vermeil de la renaissance.
- Une pandémie qui déshabille -
Un vent de pandémie souffle. Les oripeaux s’envolent et le roi est nu. Les Soleils des indépendances sont encore plus pâles au temps du Corona. Face au fléau, le comportement des grandes puissances doit à jamais servir de leçon. Les miroirs se fissurent et la vérité apparaît dans toute sa cruauté. Un virus empêche le monde de tourner en rond et affiche au grand jour l’impuissance des uns et des autres. Un minus dévore le temps et dément les grands. Difficile de stopper la vague de contaminations qui déshabille et questionne. Quelle indépendance pour le Sénégal, quand ses talibés sont bouffés par la gale ? Quelle indépendance pour le continent noir qui importe vaccins et médicaments ? Quelle indépendance pour l’Afrique, quand ses dictateurs vont se faire soigner en Occident ? Fidèle à lui-même, l’Occident augurait du pire pour cette partie du monde. L’hécatombe qu’il prédisait aura bien lieu mais pas là où il l’attendait au départ. Je n’ose imaginer les insultes qu’on aurait spécialement modelées pour les Africains si le Covid avait vu le jour sur leur sol.
Un vent de pandémie souffle. Le silence prend place. Descente dans les profondeurs de son pays natal. Voyage vers le centre de sa terre. Dans cette région-ci, la vérité s’affiche sans fard. La voici l’incapacité qui met à mal la fierté. La voici l’insensibilité qui réduit à néant la religiosité. La voici la mauvaise foi qui sème l’ignorance pour mieux régner. La voici la tyrannie qui exile la raison. La voici la terreur qui venge les médiocres. La voici la tromperie qui entretient la misère. Ce ne sont pas les hôtels cinq étoiles, les routes, les voitures et villas de luxe qui donneront une belle image de l’Afrique. Ce ne sont pas les parfums de marque et les grandes toilettes qui décrasseront le regard de mépris que beaucoup posent sur les Africains. Tant que ce continent n’arrivera pas à se nourrir, se vêtir, se soigner et s’éduquer lui-même, le respect s’évaporera aux abords de ses rivages. Tant que ses propres enfants préfèreront échouer sur les plages européennes, plutôt que de vivre dans leurs propres pays, l’Afrique ne relèvera pas la tête. Tant que des hordes d’enfants affamés et enguenillés hanteront ses artères, ce continent ne jouira que d’un semblant de dignité. Tant que ce continent ne fera pas de l’enfant le centre de son attention, toute acquisition ne sera qu’infatuation.
- Une pandémie qui instruit -
Un vent de pandémie souffle. L’heure de vérité a sonné. La base est fragile, l’édifice ne tient pas. La base, c’est l’éducation. De là tout commence, croît et se déploie. Là est la véritable voie d’affranchissement. « Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu'aux dents », tel est le viatique que Cheikh Anta Diop a laissé aux Africains. Qu’en est-il aujourd’hui ? Que vaut l’école sénégalaise ? Où en est la recherche africaine ? Que servent les télévisions africaines ? Pourquoi des soi-disant faiseurs de miracles pullulent dans les médias et polluent les esprits ? De quel statut jouit l’enseignant dans nos sociétés ? Qui sert de modèle aux jeunes africains ? Quelle est la place du livre dans nos familles ? Quelle est la place du silence dans nos espaces de vie ? Oser le silence et l’odyssée dans l’univers des livres ne transforme pas en Toubab. Faut-il attendre des Instituts Français qu’ils offrent aux populations africaines des espaces d’études, de réflexions et d’expressions artistiques ? Désirer des bibliothèques et des lieux d’études dans nos quartiers ne fait de quiconque un Toubab. La richesse de l’Afrique ne se limite pas aux matières premières. Sa matière grise, la première des richesses, doit faire l’objet d’une meilleure protection et d’un plus grand investissement car c’est de là que jaillira l’or noir et autres catégories d’or. Afin d’aider les enfants à cultiver leur corps et leur esprit, une organisation des parents, en fonction de leurs moyens, est absolument nécessaire. La limitation des naissances n’est pas affaire de Toubab. Il est indéniable que la vie a ses mystères et qu’il est impossible de tout prévoir, tout maîtriser. Des génies, des hommes et des femmes d’exception sont nés de familles nombreuses et loin d’être aisées. Cependant, compter sur la chance, miser sur le miracle, c’est risquer de faire pencher le navire et de sombrer dans le malheur. Les hordes d’enfants affamés et enguenillés qui sillonnent les villes africaines prolongent la sombre fresque des damnés de la terre, cette terre qui a soif du silence de l’instruction et qui a hâte de porter des fruits de lumière.
Un vent de pandémie souffle. L’heure est au bilan. De vieilles peurs ont refait surface. Traitements et vaccins en provenance d’Occident suscitent méfiance et peur chez beaucoup de Noirs. Jean-Paul Mira, chef de la réanimation à l'hôpital Cochin, échangeant sur LCI avec Camille Locht, un directeur de recherche à l'Inserm, soutenait tranquillement que les traitements contre le Covid devaient être testés en Afrique, « comme c'est fait d'ailleurs sur certaines études avec le sida, où chez les prostituées ». Ce genre de propos ajoutent à une paranoïa déjà alimentée par des faits historiques mais aussi par des affabulations. Que faire maintenant que l’Afrique reçoit des lots de vaccins de pays qui n’ont aucun scrupule à piller ses mers et s’arranger pour s’emparer de ses richesses, avant d’y envoyer leurs déchets ? N’est-ce pas l’occasion de réaliser le vieux rêve d’une Afrique sans les Africains ? Plus que jamais, il est clair que même si l’Afrique a ses remèdes, elle compte beaucoup sur l’Occident pour se soigner. Ce constat est-il une fatalité ou une opportunité ?
- Une pandémie qui invente des remèdes -
Un vent de pandémie souffle. L’heure est à la réorganisation. Si l’Afrique paraît ridicule dans son morcellement sans queue ni tête, grotesque avec ses autocrates jamais rassasiés, pitoyable avec son corps gangrené par la corruption et misérable sous le feu d’artifices de ses horreurs, elle a encore de la noblesse, de la force, de la beauté, une élégance racée, d’infinies potentialités. La pandémie a jeté une vive lumière sur ses fragilités et mis en exergue les dangers qui la guettent. Elle a montré l’urgence, pour le continent noir, à être son propre laboratoire, son propre médecin, son propre pharmacien. Elle a montré l’urgence de se pencher sérieusement sur nos plaies pour trouver les remèdes adéquats. Attendre des autres qu’ils vous soignent, c’est risquer de périr. Même si c’est une leçon amère comme la quinine que l’Afrique tire de cette situation, la pandémie laisse toutefois entrevoir une voie de guérison. Ce continent, qui a su élaborer des processus de réparations sur la terre de ses traumas, saura se servir de ses trésors pour bâtir le socle de sa réunification et travailler à sa renaissance.
Un vent de pandémie souffle. Tout n’est pas perdu. L’Afrique souffre mais ne s’étiole pas comme prévu. Son sourire n’a pas disparu. Ses élans de vie sont à protéger, sa réserve d’humanité à préserver et ses richesses tant convoitées à sauvegarder. Certes il lui faut des masques, des gels, des traitements et des vaccins pour lutter contre le Covid. La pire contamination qu’elle a à éviter reste cependant celle qui sape sa confiance, dégrade son image, exile son imaginaire, confisque sa parole, lui transmet des représentations aliénantes et lui fait croire que son salut est en dehors d’elle-même. Puisse le temps de cette pandémie être pour l’Afrique celui d’un silence fécond qui l’amène à faire face à ses démons, à terrasser ses monstres, à purifier son esprit et à renouer avec sa propre parole, celle-là qui lui permettra de recouvrer la santé et de gagner enfin son indépendance.
Docteure en littératures francophones, Mariama Samba Baldé est l'administratrice de Paroles Tissées Éditions et la fondatrice de Vibramonde, une plateforme de réflexion sur la rencontre, les identités plurielles et la paix. Elle est l'auteure du documentaire Qui suis-je sans mari ? et des ouvrages Boubou (Hors Clichés) et Cheikh Hamidou Kane - L'inoubliable étincelle de l'être.
ENJEUX DES LOCALES DANS LA COMMUNE DE DIASS, POINTS FORTS ET FAIBLESSES DES CANDIDATS POTENTIELS
Située à environ 40 km au sud-est de Dakar, la commune de Diass est composée de 17 villages
Située à environ 40 km au sud-est de Dakar, la commune de Diass est composée de 17 villages (Mbayard, Toglou Sérère, Toglou Wolof, Kawsara, Gandoul, Boukhou, Packy, Kholpa, Daga, Diass, Samkedji, Rafo, Thicky, Kirène, Bandia Bambara, Bandia Sessene et Dobour). Elle sera l’un des enjeux majeurs des échéances électorales du 23 janvier 2022. En effet cette commune, qui comptait lors des dernières échéances électorales 16 000 inscrits, a déjà enregistré plus de 3200 nouvelles inscriptions. Un record dans le département de Mbour. Les derniers recensements officiels effectués par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) font état d’une population de 37 000 habitants. Un chiffre en deçà de la réalité.
À ce jour, Diass est peuplée d’environ de près de 60 000 habitants. Elle est par conséquent lésée avec ses 46 conseillers municipaux seulement. Les différents acteurs réclament donc, pour la future équipe, entre 80 et 100 conseillers, quatre adjoints au maire en lieu et place des deux actuels afin que chaque village soit bien représenté et que les délibérations soient plus légitimes. Cette commune contrôlée pendant presque deux décennies par l’Alliance des forces de progrès (Afp) jusqu’à la mort en juillet 2019 du maire Alioune Samba Ciss, est l’une des plus riches du Sénégal. Son budget s’élève à plus 1,2 milliard de F CFA en 2021 contre 900 millions en 2020. Soit une augmentation de 300 millions de F CFA. Pour cause, elle abrite l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), le Pôle urbain de Daga-Kholpa, les Ciments du Sahel, l’usine Kirène et une vingtaine de carrières entre autres entités industrielles.
Le décret 2017-932 créé la Zone économique spéciale intégrée de Diass (ZESID) pour favoriser justement l’émergence d’un environnement d’excellence pour l’entreprise avec notamment une fiscalité incitative, des infrastructures de qualité, une administration et une gestion opérationnelles répondant aux meilleurs standards internationaux. Cette description sommaire contraste cependant avec la pauvreté ambiante des populations de Diass qui sont confrontées à des problèmes criards d’approvisionnement en eau potable, d’électrification, de pistes et de routes praticables, de chômage endémique des jeunes. Surtout, surtout, elles font face à l’épineux problème de l’immatriculation des terres initiée par le gouvernement et qui prive leur commune d’une importante assiette foncière.
En effet, en plus d’avoir des lotissements individualisés et sans interconnexion, ce qui présente des risques de démolition dans le futur, beaucoup de terres ont été immatriculées au nom de l’État notamment 4297 ha pour l’AIBD qui impactent les villages de Diass, Thicky, Kirène et Bandia et 718 ha pour la Zone économique spéciale intégrée de Diass.
La commune demande, pour le moment sans succès, une rétrocession de 31 ha sur cette surface pour ses populations notamment celles de Sakirat. 3000 hectares ont été aussi immatriculés au nom du Pôle Daga-Kholpa qui impacte 7 villages (Mbayard, Diass, Bandia, Daga, Kholpa, Toglou wolof et Kandam). Et, entre autres, 400 hectares pour le port de Ndayane. Paradoxalement, si les populations ne profitent pas de cette nouvelle situation économique de leur commune, certains individus, tous très proches du défunt maire progressiste, Aliou Samba Ciss, se sont immensément enrichis dans le foncier. À l’heure de la déclaration des candidatures et de la constitution des coalitions pour briguer le moelleux et juteux fauteuil de premier magistrat de la commune de Diass, votre quotidien préféré, Le Témoin, qui a séjourné sur place une semaine durant, propose l’état des lieux avec les points forts et points faibles des différents prétendants.
CHEIKH TIDIANE DIOUF : Le maire à la quête de légitimité
Depuis le 24 septembre 2020, il est à tête du conseil municipal de Diass en remplacement du maire Alioune Samba Cisse, dont il était le premier adjoint, rappelé à Dieu le 12 juillet 2020. Militant du Parti socialiste, il n’a pas encore officialisé sa candidature et dit rester à l’écoute des instances de son parti et de sa base. En dehors du Parti socialiste, le maire sortant soutient appartenir à la coalition Benno Bokk Yakaar dont il est le coordonnateur communal conformément à la déclaration de 2012 du Président de l’Alliance de la République, Macky Sall selon laquelle les maires des communes sont, de fait, les coordonnateurs de la coalition BBY dans toutes les collectivités territoriales. Cheikh Tidiane Diouf n’entend ainsi pas imposer sa candidature même si certains segments de Diass pousseraient pour l’investir. Il brandit ses réalisations effectuées en moins d’un an à la tête du Conseil municipal pour afficher un optimisme béat quant à ses chances de rempiler en janvier prochain.
Ses points forts
Il revendique beaucoup de réalisations dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’emploi des jeunes et des Infrastructures. Cheikh Tidiane Diouf liste dans ses propres réalisations dans le domaine de la santé la construction, en phase de finition, d’une maternité à Bouhou, d’un poste de santé à Toglou wolof et la réfection du poste de santé de Packy. Pour les postes de santé trouvés sur place, Cheikh Tidiane Diouf indique avoir recruté un infirmier chef de poste pour Toglou, un autre pour Toglou wolof, un infirmier pour Daga, une infirmière pour Bouhou et une sage-femme pour Tchiky. Une ambulance médicalisée offerte par les ressortissants de Diass basés à Pontedera, en Italie, et une dotation de 5 millions de F CFA en médicaments seraient aussi à l’actif du maire. Dans le domaine de l’éducation, le maire sortant qui a effectué le jeudi 2 septembre courant la pose des premières pierres de trois salles de classes à Daga, revendique aussi la construction d’un mur de clôture pour les écoles Sakirat de Diass, de Gandour et de Mbayard. En partenariat avec les Ciments du Sahel, avec un budget d’investissement de 222 millions FCFA, Cheikh Tidiane Diouf affirme avoir construit des salles de classe et le mur de clôture de l’école 2 de Tchiky, trois salles de classe, le mur de clôture et un bloc sanitaire à l’école élémentaire de Bandia Mbambara ainsi que la réhabilitation de la Case des tout-petits de Tchiky. Avec Dangote, autre cimentier établi sur les terres de la commune, il revendique la construction de deux salles de classe dans le lycée de Diass et de deux autres salles dans celui de Toglou. Deux salles R+1 multimédia, en intelligence avec Van Oers — un distributeur international et producteur de légumes très décrié du reste dans la zone — pour le lycée de Diass.
Les réfections à terme des pistes Kandam-Toglou-Godour et Kirène-Daubour-Bandia Mbambara- Bandia Sessene pourraient aussi être des atouts dans le manche de l’édile de Diass. De même que la construction d’un centre socioculturel de dernière génération pour un coût de 200 millions de F CFA en remplacement du foyer des jeunes rasé. La construction des grilles de protection et des murs de clôture des quatre stades (Diass, Kandam, Kirène et Tchiky) recevant les navétanes et la construction prochaine d’un stade municipal sont à inscrire à l’actif du maire socialiste. Autre prouesse revendiquée par le maire Cheikh Tidiane Diouf, le curage des caniveaux et la construction, depuis décembre dernier, d’un canal pour soulager les populations de Diass des inondations en période hivernale engendrées par le ravin qui traverse la localité. D’un coût de 1 milliard de F CFA, le canal est construit par l’AIBD. La réalisation de 291 branchements sociaux, la construction du forage de Toglou et l’extension du réseau hydraulique de 6 km sont aussi à inscrire dans la colonne des actifs de l’édile de Diass. Dans le domaine de la sécurité, la commune étrenne une nouvelle brigade de gendarmerie de proximité et réceptionnera bientôt une caserne de sapeur-pompiers. Les sages des villages safène, communément appelés les grands électeurs, et qui étaient avec le défunt maire Alioune Samba Cisse seraient favorables à sa reconduction à la tête de la commune de Diass.
Ses points faibles
La première faiblesse du maire de Diass, Cheikh Tidiane Diouf, réside dans sa non reconnaissance par les instances de sa propre formation politique, le Parti socialiste. S’il revendique un militantisme de 30 ans au sein de cette dernière formation, Cheikh Tidiane Diouf aurait boudé, selon le responsable local de son parti, les derniers renouvellements suscitant même la colère de feu Ousmane Tanor Dieng. Aujourd’hui, même s’il soutient être membre du Comité central (Cc) et du Bureau politique (Bp) du Parti socialiste, il ne figure dans aucune instance décisionnelle de son parti. L’absence d’éclairage public à Diass et ses environs demeure également un handicap pour Cheikh Tidiane Diouf qui multiplie les demandes au niveau de l’Agence nationale de l’électrification rurale, ANER, pour l’obtention de lampadaires solaires. Le scandale des 80 vaches mortes après avoir mangé des herbes imbibées de produits chimiques supposés provenir des réserves de Van Oers reste toujours en travers de la gorge des populations sérères de Diass, Keur Moussa et Diobasse. Même si l’affaire n’a pas prospéré devant les juridictions, certains éleveurs en tiennent toujours rigueur au maire.
DR SALIOU CISS, SG SECTION COMMUNALE DU PARTI SOCIALISTE : Le doyen de la classe politique
Professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et à la tête d’un cabinet d’expertise agricole, le Dr Saliou Ciss, secrétaire général adjoint de la coordination départementale du Parti socialiste de Mbour, est, depuis 30 ans, le patron de son parti dans la commune de Diass. Il est le doyen de la classe politique locale. Il n’a pas encore fait de déclaration pour se prononcer sur une éventuelle candidature par rapport aux échéances du 23 janvier prochain. Néanmoins, il a entamé des discussions avec des acteurs de la classe politique de Diass afin de mettre en place une très large coalition. Il n’exclut aucune alliance. Même avec le maire Cheikh Tidiane Diouf, son camarade de parti... qui a boudé les derniers renouvellements des instances socialistes et ne figurerait, à l’en croire, dans aucune instance décisionnelle des Verts de Colobane. Une coalition qui pourrait regrouper donc le Parti socialiste, une partie de l’Apr avec Fatou Ndione, chargée de mission à la présidence de la République, l’Afp, Rewmi, Pastef et des khalifistes. Les leaders de la coalition doivent partager un programme commun, signer une charte de gouvernance locale et rédiger un protocole signé. Le Dr Ciss préconise un audit du foncier, nœud gardien de Diass. Et ça, quelle que soit l’équipe qui sera en place. Pour le moment, aucune certitude quant à la participation de ce beau monde annoncé un peu partout dans les différentes coalitions en gestation dans la commune de Diass. Aussi, par respect pour ses éventuels alliés, le Dr Saliou Ciss ne veut nullement s’autoproclamer candidat. Il privilégie dans le choix du futur candidat de sa coalition, l’intérêt exclusif des populations de Diass et n’écarte pas de s’effacer au profit d’un autre responsable qui ferait l’unanimité. Il se donne jusqu’au 15 septembre prochain pour clarifier sa position et celle de sa coalition.
Ses points forts
Il a déjà reçu à son domicile de Thiaroye Azur tous les acteurs de la classe politique de Diass à l’exception de Mamadou Ndione, le patron du Conseil sénégalais des chargeurs, COSEC. Son ouverture, son expérience politique et son sens de la mesure demeurent des atouts certains pour lui. Il a aussi négocié, pour le compte de l’alors communauté rurale de Diass dirigée à l’époque par Oullimata Thiaw, avec les Ciments du Sahel et paraphé le protocole qui lie les deux parties. Il a été également au cœur des négociations avec Kirène, toujours pour le compte de la défunte communauté rurale de Diass. Le Dr Saliou Ciss a conseillé l’entreprise Van Oers/Sénégal qui fait dans l’agrobusiness et emploie plus de 3000 personnes dont 75 % dans la commune de Diass.
Ses points faibles
Dans un monde où la vérité n’est pas toujours vraie ni le mensonge toujours faux, dans un monde où on signale à gauche pour tourner à droite, dans un monde où périssent les principes d’hier au gré des amitiés d’aujourd’hui, son franc-parler demeure un handicap certain. Déjà, l’un de ses mentors et grosse pointure de la politique sénégalaise, l’ancien ministre socialiste André Sonko, lui demandait souvent de diluer un peu son vin. Ou, plutôt, son bissap ! Déjà, une fois, dans son domicile de Diass, il a eu le privilège d’accueillir nuitamment Moustapha Niass, Ousmane Tanor Dieng, Djibo Leyti Ka, Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily. À l’endroit des trois responsables socialistes qui se regardaient le plus souvent en chiens de faïence, Saliou Ciss leur avait demandé directement qu’est-ce qui les empêchait véritablement d’être ensemble ? Les locales nécessitant également de gros moyens et le clientélisme de certaines populations promptes à se ranger derrière les barons de la demande sociale pourraient assurément plomber sa candidature.
ISSA DIOUF, SG AFP DIASS : L’humilité en bandoulière, le porte-drapeau de Niasse à la reconquête du pouvoir
Issa Diouf travaille au ministère du Tourisme et des Transports aériens et est le Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès dans le département de Mbour et la commune de Diass. Après trois mandats à la tête du conseil municipal de Diass, sa formation a perdu la mairie avec la mort de Alioune Samba Ciss au profit du Parti socialiste. Aujourd’hui, avec ses partisans et d’autres alliés, il veut aller à la reconquête du pouvoir. Issa Diouf essaie autant que faire se peut de mettre en place une grande coalition. Dans ce sens, il a déjà pris langue avec le Dr Saliou Ciss qui représente, à ses yeux, le Parti socialiste. Et avec d’autres acteurs politiques locaux. Pour le moment, aucune tête de pont pour la coalition envisagée. La prudence est de mise. Tout le monde marche sur des œufs et essaie de contenir ses ambitions.
Ses points forts
Il est l’un des rares responsables politiques facile d’accès. Il décroche tous les appels et rappelle ceux manqués. Il ne traine pas de casseroles contrairement à beaucoup d’acteurs qui évoluaient sous la coupe du défunt maire, empêtrés jusqu’au cou dans les problèmes fonciers. Issa Diouf revendique une bonne partie du bilan de l’actuel maire, Cheikh Tidiane Diouf. Le canal de Diass d’un coût de 1 milliard de F CFA brandi fièrement par l’édile de Diass serait, selon lui, un projet dont le financement à été bouclé par feu Alioune Samba Ciss avec l’appui notoire du ministre du Tourisme, Alioune Sarr, également de l’Afp. De même que la nouvelle brigade de gendarmerie de proximité dont Alioune Samba Ciss aurait trouvé le site et le financement. Itou avec la nouvelle caserne des sapeurs-pompiers en chantier. Les cases de santé de Toglou Wolof et Bouhou, les trois salles de classes inaugurées le 2 septembre dernier à Daga, les recrutements des agents de santé (intégrés aujourd’hui dans la fonction publique) à l’exception de l’infirmier chef de poste de Diass seraient également à l’actif de Alioune Samba Ciss qui procédait chaque année à une dotation en médicaments des différents postes de santé. Issa Diouf soutient que les villages de Toglou wolof, Daga, Mbayard, Diass et Tchiky ont été électrifiés par Alioune Samba Ciss.
Ses points faibles
Le proche entourage de feu Alioune Samba Ciss avec lequel il veut aller en coalition est, pour la plupart, empêtré dans les histoires foncières qui polluent l’atmosphère à Diass. Lorsqu’il fallait élire le successeur du maire décédé, Issa Diouf n’avait pas été soutenu par cette oligarchie qui ne s’accommodait pas de mains aussi propres dans un business local trop juteux pour succéder à son mentor. Les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets et remonter à la surface au moment de la désignation d’un candidat pour cette coalition.
MAMADOU NDIONE DE L’APR : Le profil de l’emploi
Mamadou Ndione est incontestablement le responsable de l’Alliance pour la République (APR) le plus populaire dans la commune de Diass. Le patron du Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC), qui fait partie des cinq cadres choisis par le candidat Macky Sall pour porter sa parole lors de la présidentielle de 2019, sauf retournement de situation de dernière minute, devrait être le candidat de BBY pour la mairie de Diass. Cadre émérite de la Task Force républicaine de l’Apr, il présente un bilan élogieux à la tête du COSEC et à été même nominé lors des derniers Cauris d’Or dans son domaine d’activité. Très présent sur le terrain politique local, Mamadou Ndione, cet autre champion de la demande sociale à Diass, avait majestueusement damé le pion à ses potentiels adversaires en déposant 70 % des parrains du président Macky Sall dans la commune sur la table du défunt coordonnateur régional de BBY de Thiès, Ousmane Tanor Dieng. Abdourahmane Niang, un autre responsable de l’Apr, s’est même rangé derrière lui après cette prouesse et l’a annoncé comme étant son candidat lors d’un meeting à Bandia. Il serait également soutenu par Malick Pouye, coordonnateur communal et départemental de Bës du ñakk également conseiller municipal, Assane Sene, SG adjoint section PS, Malick Diallo PS Khalifiste, Alioune Ndoye Faye, SG Adjoint PDS, Imam Issa Diouf SG MRDS, Ahmed Ndoye de Pastef Bentegne, Moussa Dione de Rewmi, Ibrahima Ciss, conseiller municipal Apr, Fatou Dione, conseiller municipal Apr, Khady Diouf, conseiller municipal Apr, Maimouna Diop, conseiller municipal Rewmi à Yeumbeul qui a transféré son vote à Diass et a rejoint l’Apr, Assane Thiandoum enseignant, éminente personnalité de la société civile ainsi que plusieurs chefs de villages, imams et notables de Diass.
Ses points forts
Mamadou Ndione a fait beaucoup dans la commune de Diass notamment dans les volets économique et social. Le patron du Cosec, en permanence sur le terrain, répond toujours aux sollicitations des populations. La semaine dernière, il était, après le maire, le deuxième responsable à se rendre à Mbayard pour soutenir les populations sinistrées après l’affaissement d’un énorme baobab sur trois concessions du village. Il a offert 2 tonnes de ciment, 18 planches de zinc, 10 traverses, une enveloppe de 200 000 FCFA pour la reconstruction et fait appel à une équipe professionnelle de coupeurs pour élaguer le baobab. Depuis 2014, il a massifié les rangs de ses partisans et enregistré des soutiens de taille notamment de Bës du niak, du Pastef local entre autres. Il est l’un des rares responsables qui incitent les jeunes de Diass à tendre vers l’excellence. Il récompense chaque année avec des ordinateurs, du matériel didactique et des enveloppes d’argent les six meilleurs bacheliers des lycées de Diass et de Toglou. Les enfants du préscolaire et des cours moyens bénéficient également chaque année de colonies de vacances hors du pays. Une petite assemblée générale dimanche 05 septembre dernier dans son quartier de Ngam à Diass s’est muée en une véritable démonstration de force. Avec les enjeux qui attendent la nouvelle équipe municipale de Diass, son profil est un atout certain. Surtout qu’il est, pour sa localité, sur les traces du Dr Serigne Diop de Sandiara.
Ses points faibles
Sa trop grande confiance en sa victoire prochaine et le peu de considération qu’il accorde à certains acteurs dans un terrain politique miné pourraient être ses plus gros handicaps. Certains de ses adversaires, même s’ils sont d’un bas niveau intellectuel, n’en demeurent pas moins redoutables. Et dans la commune, les fils du village de Diass qui accèdent à la tête du conseil municipal ne sont pas lésion. Il doit tout mettre en œuvre pour fédérer ses camarades de parti afin d’incarner pleinement son leadership au niveau local.
FATOU DIONE, CHARGÉE DE MISSIONÀ LA PRÉSIDENCE La lionne de toutes les convoitises
Mandataire communale de l’Alliance pour la République dans les commissions de révision des listes électorales, cette responsable politique née dans le village de Tchiky, l’une des plus grosses circonscriptions électorales de la commune de Diass, Fatou Ndione, est annoncée quasiment dans toutes les coalitions en gestation. Chargée de mission à la présidence de la République depuis maintenant 6 ans, Fatou Ndione, surnommée à tort ou à travers la «lionne de Tchiky», tisse sa toile et envisage de briguer pour la deuxième fois consécutive la mairie de Diass. En effet, en 2014, en coalition avec Bës du ñiak et le Parti socialiste, sa liste s’était classée deuxième juste derrière celle de l’indéboulonnable défunt maire Aliou Samba Ciss et un peu devant celle de Mamadou Ndione cavalier seul, classée troisième. À l’époque, une union des forces des deux listes aurait pu venir à bout du maire progressiste. «La faute à Mamadou Ndione qui voulait faire, selon elle, cavalier seul». Après les élections, elle et son camarade de parti, Mamadou Ndione, se sont retrouvés pour cheminer ensemble constituant la principale force de la commune. Toutefois, elle accuse des thuriféraires et seconds couteaux de Mamadou Ndione d’avoir réussi à gripper encore la machine.
Ses points forts
La «lionne» de Tchiky est une militante disciplinée à l’écoute de son mentor, le président Macky Sall. Elle est en bons termes avec toutes les forces vives de Diass et prétend faire beaucoup de social. Elle a contribué à doter son village, Tchiky, d’un dispensaire et d’une maternité d’un coût de 76 millions FCFA. Pendant les fêtes de tabaski et de korité, avec l’appui de son patron Macky Sall, elle appuie généreusement les ménages. Fatou Ndione a aussi financé des groupements féminins pour un montant de 15 millions de F CFA. Elle a aidé à recruter 20 enseignants dans la fonction publique. La mosquée de Tchiky a été appuyée à hauteur de 4 millions de F CFA. Elle a doté les ASC de 6 jeux de maillots, 5 ballons et 1 trophée. Fatou Ndione a également attribué 100 bourses entières aux étudiants de sa zone et récompense régulièrement les meilleurs élèves. Elle continue de discuter avec les différents acteurs locaux et massifie sa base dans l’attente de la décision du Chef.
Ses points faibles
Elle est quasiment annoncée dans toutes les coalitions ; or, cette surenchère pourrait être contre-productive. Depuis 2014, la donne a carrément changé et Bës du ñiak, qui avait largement contribué à gagner Tchiky, s’est rallié derrière Mamadou Ndione. Comme tous les responsables de l’Apr, Fatou Ndione risque aussi de pâtir de cette dispersion des forces qui caractérise sa formation politique. Elle gagnerait beaucoup à rentrer dans les rangs.
DJIBY CISS, PRÉSIDENT DU GROUPE SOLUTION : Le maçon millionnaire qui veut bâtir la cité
Il est le président d’un des mouvements les plus dynamiques de la commune de Diass, le groupe Solution. Fils du défunt maire progressiste Alioune Samba Ciss, qui a régné 17 ans à la tête du conseil municipal de Diass, Djiby Ciss a été, tour à tour, après ses études arrêtées en classe de 3e, maçon, vendeur de tangana et entrepreneur en bâtiment à l’instar de son père. On ne sait par quelle alchimie, mais il s’est retrouvé immensément riche. Les mauvaises langues disent que sa fortune subite a été générée par le... foncier. Ces êtres à la langue particulièrement fourchue prétendent que son défunt père incitait les propriétaires fonciers à faire le lotissement de leurs champs au risque de les perdre au profit de l’État. Selon toujours ces mauvaises langues, son père répartissait lesdits lotissements comme suit : 60 % des parcelles pour le propriétaire et 40 % pour la commune. La part dévolue à cette dernière était vendue sous le manteau par des hommes de mains qui gravitaient autour du maire. Beaucoup de gens se seraient ainsi enrichis par ce canevas sur le dos des pauvres populations. Djiby a-t-il véritablement bénéficié des largesses de son défunt père ? Nous donnons notre langue au chat ! Toujours est-il qu’il est devenu subitement riche au point d’être l’un des champions incontestés de la demande sociale dans la commune. Pendant une semaine, nous avons couru derrière lui pour un entretien. Son téléphone sonnait soit occupé ou dans le vide. Djiby Ciss ne rappelle jamais. La seule fois où nous avons réussi à le joindre, il nous a donné rendez-vous en nous mettant en contact avec l’un de ses assistants. Rendez-vous qu’il n’a jamais respecté. Finalement, il a désigné une de ses éminences grises établies à Dakar, Moustapha Gaye, pour parler en son nom. Solution veut mettre en place une très grande coalition regroupant des mouvements réputés de Diass, une partie de l’Apr avec Fatou Ndione, le PS authentique, un autre parti majeur de la mouvance présidentielle et l’Afp. Et comme un signe prémonitoire, Djiby Ciss a loué une superbe villa à Diass, siège de Solution jusqu’au...23 janvier 2022 !
Ses points forts
Le fils du défunt maire a organisé beaucoup de groupements féminins dans les différents villages de Diass et leur a octroyé des financements cumulés de… 1,6 milliard de FCFA en deux ans. Des groupements qu’il a aidés à acquérir deux cars Ndiaga Ndiaye intégralement amortis aujourd’hui. Ces groupements, selon Moustapha Gaye, ont préfinancé pendant la période de confinement due à la pandémie de Covid-19, 23 tonnes de riz pour 32 millions de F CFA. Djiby Ciss revendique des réalisations dans le domaine hydraulique avec des puits, des mini-forages et le lancement des travaux du forage de Batadj sur lequel sont branchées aujourd’hui la gendarmerie et la mosquée du village. Dans ce domaine aussi, il accuse le maire de Diass, Cheikh Tidiane Diouf, de faire de la récupération et de poser des actes déloyaux notamment dans la réalisation des travaux du forage de Batadj d’un coût de 20 millions de F CFA. Le mouvement Solution soutient aussi avoir attribué, en deux ans, 337 bourses entières à des étudiants de la commune laissés en rade par le système. Des étudiants pour le compte desquels il a cautionné l’acquisition d’un taxi et la location d’un appartement. Djiby Ciss « Solution » dote annuellement chaque ASC de la commune de Diass d’une enveloppe de 50 000 F CFA et 200 000 FCFA pour celles qualifiées dans les phases départementales. Il aiderait à transférer des malades au Maroc entre autres actions de bienfaisance.
Ses points faibles
Son inaccessibilité pour quelqu’un qui prétend détenir des...solutions est très handicapant. Il s’y ajoute que la tête pensante de son mouvement, Moustapha Gaye, n’est pas un fils de Diass et vote...à Mermoz à Dakar. Le jeune frère du leader de Solution, Abdou Aziz, a été mêlé dernièrement dans une nébuleuse affaire foncière. Pour le tirer d’affaire, la famille a versé une vingtaine de millions de F CFA. Une histoire qui confirme la connexion de la famille du défunt maire avec certains délinquants fonciers. Ses adversaires, mieux informés que nous des transactions nébuleuses en cours dans la zone, pourraient profiter de cette brèche pour le disqualifier. Son bas niveau d’études pourrait également être un handicap pour les enjeux énormes qui attendent la future mégapole de Diass. S’il n’a pas encore officiellement déclaré sa candidature, du reste inévitable, l’annonce, avec le choc des ambitions des uns et des autres, pourrait faire imploser cette coalition.
ALIOU NDOUR, LEADER DE SECK NDOUR SANS FRONTIÈRES : L’ancien mécano qui veut devenir maire
Il fait partie des jeunes couvés par le défunt maire progressiste. Ancien mécanicien chez Mboup Voyages, Aliou Ndour est aujourd’hui immensément riche à la tête de son cabinet de courtage qui fait face à la permanence de l’Apr, à quelques encablures de l’hôtel de ville. Lui aussi est un champion de la demande sociale et présente les mêmes tares que Djiby Ciss de Solution. Il est difficile à joindre et laisse souvent son téléphone sonner dans le vide. Il explique ce comportement par les charges qui pèsent sur ses épaules avec les multiples sollicitations des populations. Il revendique être sur le terrain depuis 2014 avec Mamadou Ndione pour soulager les populations. Il est en négociation avec Solution et d’autres formations politiques pour constituer une coalition. D’ailleurs, il aurait mis en rapport Djiby Ciss avec ses partenaires pour le financement d’autres groupements. Ancien footballeur à l’Us Gorée de Dakar, il a monté aujourd’hui un mouvement intitulé «Seck Ndour sans frontières”, qui commence à étendre ses tentacules hors de Diass. Aliou Ndour prétend avoir battu campagne pour le président Macky Sall à ses propres frais et soutient avoir accompli ce que nul autre leader dans la cité n’a fait.
Ses points forts
Le leader de «Seck Ndour sans frontières» soutient avoir financé à hauteur de 900 millions de F CFA des groupements dans les différents villages de la commune. Pas mal pour un ancien mécanicien ! Pour les étudiants de Diass, il affirme avoir attribué, entre 2017 et 2021, plus de 400 bourses entières. Il a créé une boulangerie moderne dans son village natal de Tchiky qui emploie directement 20 personnes et indirectement une cinquantaine.
Ses points faibles
Son refus affiché de se ranger aujourd’hui derrière aucun autre leader pourrait être un handicap. Il soutient avoir fait plus que n’importe qui pour les populations de Diass. L’origine de sa fortune subite, sa relative jeunesse (il est né en 1969) et son niveau d’études pourraient plomber sa candidature.
EL HADI OUSMANE CISS DIT DJI : Le faiseur de rois
Il n’est ni conseiller municipal, ni candidat à la mairie. El Ousmane Ciss dit Dji tient un bureau de courtage en face de l’hôtel de ville. Il a accompagné le défunt maire Alioune Samba Ciss durant ses trois mandats et se définit comme le point focal de toute la classe politique de Diass dont il maitrise l’histoire. Natif de la commune, il est aussi très proche de l’actuel édile dont il fait partie de la coalition. Une coalition qu’il dénomme coalition Benno Bokk Yakaar. Ce même si d’autres leaders de la mouvance présidentielle se retrouvent dans d’autres coalitions. Confiant quant à l’issue victorieuse de son camp au soir du 23 janvier 2022, El Hadj Ousmane Ciss dit Dji, qui se dit incontournable dans le landerneau politique de Diass, ne peut s’empêcher de distiller des conseils aux uns et aux autres. À l’en croire, les sages de Diass, qui sont les grands électeurs de la commune, ont toujours banni la médisance dans la zone et n’aiment guère les responsables belliqueux. De même qu’ils n’ont jamais voulu de jeunes, caractérisés souvent par leur inconscience, à la tête du conseil municipal. Ces sages auraient désigné, selon lui, Cheikh Tidiane Diouf pour poursuivre l’œuvre de Alioune Samba Ciss après son décès.
LE COUP POLITIQUE REUSSI DU PDS
En décidant de ne pas faire partie de cette coalition, le Pds n’est-il pas en train de réussir un coup médiatico-politique ?
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) n’est donc pas partant pour la grande coalition initiée par les leaders de Pastef, Taxawu Sénégal et le Pur. Mise en place la semaine dernière et lancée en grande pompe par les leaders des partis précités, la coalition « Yewwi Askan Wi » avait suscité beaucoup d’espoirs au sein de l’opposition, notamment la possibilité de récupérer les mairies conquises par BBY lors des dernières élections locales tenues il y a sept ans. En décidant de ne pas faire partie de cette coalition, le Pds n’est-il pas en train de réussir un coup médiatico-politique ?
L’espoir suscité par la naissance de la coalition initiée par Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Serigne Moustapha Sy n’a duré que le temps d’une rose. Le guide moral des Moustarchidines ayant annoncé à Tivaouane que le Pds faisait partie des membres fondateurs, les Sénégalais avaient pensé que l’heure avait sonné pour la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), au pouvoir depuis 2012, de perdre la quasi-totalité des communes et collectivités locales. Pour beaucoup, ces élections, qui se profilent à l’horizon de 202vont se tenir en janvier prochain, constitueraient des primaires avant les législatives prévues dans la même année. Malheureusement, cet espoir nourri par la frange de nos compatriotes supportant l’opposition risque d’être déçu. Pour cause, le Parti démocratique sénégalais (Pds), jusque-là en tout cas principale force de l’opposition, a décidé finalement de ne pas participer à cette coalition.
Dans un communiqué publié par ses instances, le Pds soutient n’avoir jamais ratifié aucun document allant dans le sens d’adhérer à cette coalition. Ce qui a fini de ralentir l’élan suscité par la coalition en gestation auprès de la population. D’ailleurs, certains observateurs rappellent que le Pds n’en est pas à son premier coup de Jarnac. « L’attitude de Me Abdoulaye Wade en 2019 était un peu bizarre et même contre nature. Le Pds perd le pouvoir et se retrouve dans l’opposition et voilà qu’à l’élection présidentielle qui a suivi, il n’a même pas présenté de candidat. Historiquement, le Pds a toujours eu un candidat et a participé à des élections », estime le politologue Mamadou Sy « Albert » avant de s’interroger : Pourquoi le Pds n’avait pas donné de consignes de vote en faveur d’un des quatre candidats en lice ?
Et le politologue de se demander si Me Wade n’aurait pas fait un choix définitif pour dire que c’est Karim Wade et personne d’autre. Analysant la sortie du Pds de la grande coalition dénommée Yewwi Askan Wi, le journaliste politologue Bakary Domingo Mané essaie de l’expliquer à travers trois paramètres. « Le premier paramètre, c’est que les têtes de ponts de la grande coalition dont on parle ont une opposition très affirmée face au chef de l’Etat. Ils ont un discours dans lequel le Pds pourrait ne pas se retrouver. Le second élément, c’est ce que j’appellerai la carte Karim Wade avec l’effet de l’épée de Damoclès qui pèse au-dessus de sa tête. C’est quelqu’un qui ne peut pas aller aux élections d’après le régime en place… Cette carte Karim a poussé le Pds à compter ses alliés. C’est-à-dire qu’il ne peut pas intégrer un groupe où l’opposition est affirmée alors qu’il est en train de négocier comment faire en sorte que toutes les charges qui pèsent sur Karim Wade puissent être levées. Le troisième paramètre, c’est qu’on ne sait plus ce que pèse ce parti depuis 2019 ? Tout ce qu’on sait, c’est que lors des précédentes législatives, le Pds, en coalition avec d’autres partis, avait pu obtenir un groupe parlementaire. Entre temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. En 2019, le Pds ne s’est pas présenté, donc impossible de l’évaluer », analyse Bacary Domingo Mané. Poursuivant, le journaliste politique croit que le parti de Me Wade n’a pas intégré cette coalition car, voulant se mesurer, il préfère créer une autre coalition où il va pouvoir jouer les premiers rôles.
Me Wade derrière Ousmane Sonko ou Khalifa Sall ?
Après avoir refusé d’intégrer la coalition Yewwi Askan Wi, quelle pourrait être maintenant l’attitude du Pds vis-à-vis non seulement de ses militants mais aussi de cette population désœuvrée, déroutée ? Une seule alternative semble lui être offerte si ce parti tient encore à son existence. Le Pds, qui a toujours été un catalyseur des populations frustrées, doit aller seul ou en coalition aux prochaines locales. Cette alternative pourrait toutefois se préciser dans les jours à venir car Me Wade pourrait compter sur ses alliés traditionnels comme Bokk Gis-Gis de Pape Diop, And Jëf de Mamadou Diop Decroix, en plus de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) d’Abdoul Mbaye, la République des Valeurs de Thierno Alassane Sall et d’autres partis satellites frustrés par la démarche jugée discriminatoire des leaders de la grande coalition Yewwi Askanwi. Une chose est sûre : le Pds, quoi que l’on puisse dire, est la locomotive de l’opposition. Prenons l’exemple du département de Pikine où la formation libérale avait gagné lors des élections locales de 2014, les communes de Guinaw Rail Sud, Thiaroye Sur Mer, Mbao et Pikine Nord.
Pour avoir participé à des dizaines de scrutins depuis la naissance de son parti, en 1974, au point d’avoir remporté la magistrature suprême en 2000, Me Abdoulaye Wade connaît bien les rouages de l’organisation des élections. Il sait que, pour rafler le maximum de communes d’arrondissement, il va devoir constituer un grand pôle politique. C’est pourquoi, au vu de son expérience et compte tenu de tout ce qu’il a représenté et continue encore de représenter, « Me Wade, voire le Pds, ne veut pas être derrière Ousmane Sonko ou Khalifa Sall ou aucun autre parti de l’opposition. Son alter ego c’est Macky Sall dont il veut affronter le pouvoir », soutient Mamadou Sy « Albert ».
Son point de vue semble être partagé par Bakary Domingo Mané : « Le Pds n’intégrera pas une coalition que lorsqu’il sera sûr d’en être la locomotive. Or, Sonko sait ce qu’il pèse, le PUR de Moustapha Sy est sorti en quatrième position sur cinq lors de la présidentielle de 2019 … » at-il ajouté. Alors le Pds a-t-il réussi un coup politique en quittant la coalition Yewwi Askan Wi ? Notre confrère de botter en touche : « Il n’y a pas de coup politique réussi par le Pds car, pour quitter une coalition, il faudrait aurait fallu qu’elle existe. Je ne veux pas tomber dans le piège de la guerre des mots. Une coalition, qui n’est pas encore constituée, comment pourrait-on parler de retrait ? », s’est exclamé notre interlocuteur.
ALIOU NDIAYE, DIRECTEUR ARTISTIQUE DU RIPO
Les Rencontres internationales de peinture de Ouagadougou (Ripo) se tiennent cette année du 5 au 14 novembre dans la capitale du Faso
Les Rencontres internationales de peinture de Ouagadougou (Ripo) se tiennent cette année du 5 au 14 novembre dans la capitale du Faso. Cette 4e édition dont le thème est «Pour la sur(vie) d’un art transnational» aura pour directeur artistique le critique d’art et commissaire d’exposition sénégalais Aliou Ndiaye.
Dans un communiqué de presse, l’Association pour la promotion des arts plastiques (Apap), qui organise ces rencontres, indique vouloir donner un nouveau tournent à ces rencontres «à travers une meilleure diversification de la sélection internationale des artistes participants, mais aussi d’une thématique articulée aux réalités de la mobilité des artistes et de leurs œuvres».
L’Apap rappelle que le choix de Aliou Ndiaye se justifie dans la mesure où ses travaux de recherche ont porté sur la mobilité des artistes. De même, le Sénégalais a été commissaire de plusieurs expositions et associé à des évènements majeurs comme le Dak’art, les Rencontres photographiques de Bamako ou les Rencontres internationales d’art contemporain de Brazzaville (Riac). Une grande exposition, des rencontres B2B entre créateurs et professionnels, des conférences et une rue marchande seront les principales attractions de ce rendez-vous de l’art contemporain au mois de novembre prochain. Mais déjà, le Ripo a lancé des appels à candidatures pour les artistes visuels désireux d’exposer à ce rendez-vous
«LES GRANDES COALITIONS TUENT DES AMBITIONS CITOYENNES»
Pour Babacar Fall du Gradec, ces élections sont une primaire pour la Présidentielle de 2024
Les enjeux des prochaines élections locales laissent peu de chance aux listes indépendantes qui seront confrontées aux grandes coalitions. Pour Babacar Fall du Gradec, ces élections sont une primaire pour la Présidentielle de 2024.
Il y aura sans doute plusieurs coalitions qui vont concourir aux suffrages des Sénégalais le 23 janvier 2022. Et surtout avec le montant élevé de la caution, les listes citoyennes auront moins de chance. C’est que pour Babacar Fall, membre du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec), «les enjeux de ces élections dépassent même le cadre local alors qu’elles sont des élections de proximité».
Lors d’un webinaire de la plateforme de la société civile Jammi rewmi la semaine dernière, l’expert électoral a indiqué que ces Locales constituent «une sorte de primaire pour l’élection présidentielle de 2024». Ce qui explique, selon lui, cette «cristallisation autour des grandes coalitions qui tuent des ambitions citoyennes». Il dit : «Aujourd’hui, il y a beaucoup de personnes qui avaient des ambitions pour leur localité. C’était une occasion pour elles de promouvoir les candidatures citoyennes, indépendantes et féminines. Mais les enjeux autour de ces élections font que les gens sont en train de se regrouper. Et ça va être une bataille des coalitions pour le contrôle du pouvoir avec en perspective les élections législatives de 2022 et la Présidentielle de 2024.»
«Nous devrions avoir une posture de veille et d’alerte»
L’autre enjeu de ces Territoriales, c’est la transparence. Sous ce rapport, Babacar Fall estime que la société civile doit être «très vigilante» pour prévenir les tensions alors que la situation est «très tendue». Il en veut pour preuve les difficultés de certains citoyens pour s’inscrire sur les listes électorales, notamment les primovotants. Pour lui, le dialogue politique aurait dû régler certains problèmes. Et précisément la société civile a manqué de vigilance. «Nous devrions avoir une posture de veille et d’alerte pour prévenir ces dysfonctionnements, les dénoncer et apporter des solutions», estime M. Fall. «La solution aurait été de repenser notre système électoral dans le sens de basculer automatiquement tous les jeunes dans le fichier électoral. Et cela nécessite une réforme profonde pour qu’on revienne à l’ancien système avec la séparation de la carte d’électeur avec celle d’identité», a-t-il lancé.
Parlant du dialogue politique, Ndiaga Sylla, un autre expert électoral, a relevé que le dialogue dans le contexte sénégalais est marqué par «la méfiance et des suspicions entre acteurs». Cependant, le président du Dialogue citoyen pour la consolidation de la démocratie et la paix a souligné quelques résultats du dialogue politique qui ont permis le renouvellement du mode de scrutin avec l’élection du maire au suffrage universel direct ou encore la facilitation du mode de vote des personnes vivant avec un handicap. Les délais étant «trop serrés», Ndiaga Sylla plaide pour «une solution technique à défaut d’autoriser l’inscription sur présentation du récépissé de demande de Cni», indique M. Fall
mémoriales, par elgas
MAME LESS DIA, SATIRE À BALLES RÉELLES
Homme affable et généreux, au carrefour d’une exception sénégalaise qui avait encore un sens. Il dit une époque bariolée, d’un brassage ethnique, d’une doxa religieuse qui arrivait à ne pas étouffer la créativité
Mame Less Dia, fondateur du mythique Le Politicien dans les années 70, est le père de la satire au Sénégal. Journaliste politique et reporter de guerre, il a réuni autour de lui le meilleur des esprits libres et des profils lumineux. Héritage qui a fait école. Retour sur la vie d’un touche-à-tout.
En 1997, quand il rend l’âme, Mame Less Dia n’a que 57 ans, et pourtant, une vie pleine, et des anecdotes à en revendre. La période de sa mort n’est pas quelconque dans la chronologie sénégalaise : coïncidence ou talisman des superstitieux, peu importe, la séquence historique semble annoncer une oraison, à minima une transition. Dans la même année, les lutteurs Tyson et Moustapha Gueye donnent à l’arène une dimension nouvelle ; les chefs confrériques Dabakh et Serigne Saliou, sont au zénith du règne de l’âge d’or du soufisme, le premier décède 40 jours avant Mame Less ; le conflit casamançais connaît le sommet de ses horreurs. En 1999, un prétendu enfant de Dieu venu de la corne de l’Afrique, Cheikh Sharifou, embrase l’opinion ; les années 2000 sont à l’horizon ; les élections pour l’agonisant parti socialiste promettent la décharge électrique que nombre de micro-évènements nourrissent. Un désir de sortir de la torpeur anime les cœurs, la peur de l’inconnu les refroidit. C’est dans ces clameurs d’incertitude que meurt, presque dans le silence, Mame Less Dia. Tour à tour, instituteur, journaliste politique, reporter de guerre, homme politique clandestin du PAI (Parti africain de l’indépendance), père et pionnier de la satire. Homme affable et généreux, au carrefour d’une exception sénégalaise qui avait encore un sens : une alliance entre l’érudition et l’impertinence, l’ancrage et l’ouverture, la bouteille et le chapelet, le front de guerre et le maquis clandestin, la plume affûtée et le crayon piquant. Une époque, presqu’un mythe, où tout était possible. Une période faste, qui s’étale sur quasi un demi-siècle, que la nostalgie rend épique, comme le symbole de ce qu’on aurait « perdu » ; trésor que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître chanterait Charles Aznavour.
Journaliste à l’APS et au Soleil, la trêve des confiseurs
Commençons par le commencement. Et tout d’abord, comment ne pas parler de l’homme fort du pays ? Depuis 1960, Senghor règne sur le pays : parti unique, presse monochrome, bâillonnement des embryons de révolution, l’arsenal dissuasif est bien là. Au rayon des anecdotes sur l’homme, sa phobie du retard, de l’orthographe défectueuse, son goût pour la discipline, la tenue rigide du pays. Et côté presse, il a un instrument de choix : un quotidien national, non moins gouvernemental, Le Soleil. C’est dans ce temple de la parole officielle d’État que se joue la communication du pouvoir.
C’est au Soleil que Mame Less Dia fait pourtant une bonne partie de sa carrière. Le journal n’est pas le lieu privilégié de la presse indépendante certes, mais la présence de grandes plumes, une rigueur, un mentorat, une grande exigence, la situation monopolistique, lui assurent une place de choix dans le paysage. Objet de railleries, mais aussi sanctuaire. Mame Less Dia y entre, quand il a une trentaine d’années, et un passage à l’APS dans ses bagages. C’est un journaliste respecté, à la plume acérée, avec un flair et une audace acquise au front en tant que reporter de guerre. En 75, l’Angola se déchire dans sa guerre civile : Less y va. Sa connaissance du terrain, des nuances, lui donnent une connaissance fine des enjeux, des forces en présence, en décalage du reste avec Senghor qui ne cache pas son courroux face à l’audace de ce journaliste qui ose diverger.
Senghor, lui, aime l’exercice journalistique : il convie souvent les journalistes du Soleil au palais, où il peut les sermonner, prenant un ton souvent professoral. Il encense rarement qui que ce soit lors de ces assemblées. Pourtant, un beau jour du milieu des années 70, pendant une réunion de Senghor avec la presse, c’est l’exception. Mame Less Dia déboule en retard. Remontrance du maître des lieux ? Colère ? Non ! Senghor s’écrie « voilà un vrai journaliste, qui revient du front » ! L’anecdote est restée dans les mémoires, et quand l’actuel président du conseil d’administration du Soleil, Abdoulaye Bamba Diallo, compagnon de Mame Less, la raconte, elle dit tout d’une époque presque précieuse. L’histoire ne dit pas comment Less accueille ce mot : malice de son auteur, raillerie bienveillante, adoubement ? Mieux vaut ne pas trancher, tant les relations entre les deux hommes ont été tumultueuses.
Itinéraire rebelle et militant
Less trace sa route au Soleil, mais au cœur, il a ses secrets, ses envies réelles, ses projets, son passif, qui ne trouvent pas dans l’astre national le cadre idéal pour l’épanouissement. L’APS comme Le Soleil, sont une promesse d’assagissement pour le jeune homme, un pacte de grands seigneurs. Il l’a signé pour faire plaisir, pour se nourrir de l’apaisement après les rudesses et les tumultes, lui au passé tempétueux. Mais les rêves secrets sont là, toujours grondants. Et il faut replonger dans son passé pour en connaître la couleur, la teneur, et l’origine.
C’est à Kaolack, capitale du bassin arachidier, que voit le jour Mame Less Dia, le 13 juillet 1940. Son père, Aladji Bassirou Dia, est employé de l’administration coloniale, au bureau du commandant de cercle, et correspondant. Sa mère, Fatoumata Paye, vient du pays Lébou, de Dakar, en l’emplacement actuel de la cathédrale. Less reçoit une éducation bourgeoise, il ne manque de rien et jouit de privilèges. Et chez les Dia, les influences sont nombreuses, les brassages aussi : son père est proche de la grande famille des Niasse, il est l’accompagnant du vénérable Cheikh Al Islam (Ibrahim Niasse alias Baye Niasse), son traducteur à l’occasion. L’aura religieuse et spirituelle diffuse son parfum dans l’enceinte familiale.
À Kaolack, une bande de camarades environne le jeune homme, dont un certain Madieyna Diouf, Moustapha Niasse. À l’école Gambetta de la commune, le petit Less fait preuve d’un éveil particulier : il est clairement en avance, les aptitudes sont déjà là. Et elles ne feront que se confirmer. Less enchaîne à Dakar, au collège, à Delafosse. Il s’arrête au brevet, veut tenter une carrière d’instituteur. C’est le premier boulot, la première vocation. Less avait la voilure et les capacités d’aller plus loin, comme son frère ainé, Pape Maky Dia, ingénieur Saint-cyrien. Mais lui a d’autres moteurs, d’autres passions, la politique par exemple. Comme quand il crée « le mouvement anarchiste local » (MAL) qui n’obtiendra jamais son récépissé, mais se targuera de communiqués des plus officiels.
Dans les années 50/60, le vent des indépendances a restructuré le paysage politique, et le monopartisme post-colonial fait face à des initiatives clandestines d’opposition et de résistance. Parmi elles, le PAI est l’une des plus sophistiquée. Le parti panafricain, sous la houlette de Majhemout Diop, réussit malgré l’épée de Damoclès qu’est le risque de répression, à faire vivre une organisation clandestine, hiérarchique, disciplinée, offensive. L’élan continental produit une dynamique, la contestation de Senghor, fait le reste. Less y trouvera une école, des compagnons, une vocation politique, et très vite, des convictions bien ancrées à gauche. Rébellion inconsciente contre l’extraction familiale coloniale ? L’histoire ne le dit pas. Mais Less milite, et ce, ardemment.
« Condamné à mort » par le PAI, Less s’en sort
Dans l’opacité de ce maquis que Senghor traque, il est arrêté en 1962, envoyé en prison, malencontreusement dénoncé par un compagnon qui se défausse maladroitement de ses turpitudes. À ses côtés, se tient un prestigieux taulard et compagnon de la clandestinité, un certain… Béthio Thioune, pas encore touché par l’onction religieuse. Ils se débattent, essaient une grève de la faim dont ils se vanteront plus tard. L’épisode forge un peu plus les convictions de Mame Less Dia. Comme récompense, à sa sortie, sans son poste d’instituteur, le parti lui octroie une bourse pour la RDA. Il s’inscrit en politologie et en journalisme à Leipzig, à l’université Karl Marx. Au contact de cette internationale qui converge en Europe de l’Est pour s’aguerrir, Less prend ses marques, se fond dans la communauté politique qui se forme. Toute une classe politique générationnelle a connu le même cheminement de formation, à Prague entre autres, ou dans les fiefs des anciens bastions hostiles au bloc occidental. La période est formatrice, faste ; les expériences politiques sont adossées à de fortes bases idéologiques, l’érudition et le combat au sens héroïque sont l’horizon.
Le retour s’avère plus rocambolesque. Le destin s’acharne, les institutions du parti clandestin le prennent en grippe pour manquement à son devoir : alors qu’il se murmure qu’une révolution est imminente, avec des acteurs désignés pour le front, à Tamba et à Ziguinchor, il se débine. Il plaidera avoir posé des conditions pour honorer son rôle au premier plan, conditions qui ne seront pas tenues. Dans ces circonstances floues, l’ancien instituteur doit se camoufler pour vivre. Condamné à mort pour ne pas avoir obéi, il se retrouve à Bamako. Il bénéficiera néanmoins de la clémence de ses pairs. L’anecdote, il l’a plus tard confiée à beaucoup avec le sourire, non sans une certaine vantardise incrédule. Ton de la plaisanterie comme une pirouette, pour voiler la gravité réelle de cette séquence historique.
Le Politicien, berceau et temple de la satire
Avec ce qu’il a vécu, Mame Less a un réseau. Amical, familial, professionnel, politique. Il a baigné dans plusieurs univers, et ça lui est utile : quand le destin se corse pour lui, il peut se tourner vers les siens. Il faut parfois satisfaire à l’art du compromis, donner des gages, revenir à une raison plus conciliante. C’est ce que le nouveau diplômé de Leipzig consent à faire dans les années 1970 quand il intègre tour à tour l’APS, et Le Soleil où son ami et puissant directeur, Bara Diouf, officie. Mais l’ironie du sort de cette vie presque « rangée » doit avoir quelque chose qui le chatouille, le gêne aux entournures. Comment un esprit malicieux, taquin, railleur, peut-il s’accommoder des instruments du pouvoir qu’il a combattu ? Comment se taire, se nier ? L’aventure au Soleil, semblait ainsi condamnée. En 1974, l’aubaine s’esquisse, en forme de prémisses. Le pays s’ouvre. Senghor cède sous la pression, le multipartisme devient un fait politique majeur. Le premier à s’engouffrer dans la brèche, a déjà le crâne chauve, l’allure engageante. Il n’a pas que des amis. Même les autres observateurs le regardent du coin de l’œil. Il ne semble pas avoir les codes clandestins, il est assez tapageur. Il s’appelle Abdoulaye Wade. Deux ans plus tard, après la création du parti démocratique sénégalais, Mame Less quitte l’astre pour créer Le Politicien. Il va enfin trouver la formule qui lui convient dans son infortune. Le Politicien se distingue dans la satire, et devient vite le lieu de convergence d’esprits libres, d’anars, de taquins et de rieurs, esprits festifs et rebelles, déjà dans le collimateur du pouvoir. Il aura autant d’ennemis que d’amis, mais qu’importe, l’aventure est lancée.
Pape Samba Kane, écrivain pointu, et fils spirituel de Mame Less Dia, se souvient de leur rencontre. C’est au Chantilly, un bar Dakarois de l’époque, que le jeune homme, la vingtaine en bandoulière, croise pour la première fois celui qu’il va plus tard appeler affectueusement Grand Less. Le journaliste se prend d’affection pour le jeune homme au comptoir. Il aime son esprit, le pousse à s’affirmer. La relation s’étoffe d’une estime et d’une chaleur mutuelles. Du comptoir du bar à la rédaction du Politicien, il ne se passe pas longtemps. Pape Samba Kane rejoint l’équipe très vite. Il n’a pas un pedigree de satiriste. Mais Less le prend sous son aile, corrige ses textes, et à la force du poignet et du talent, il s’impose. Le journal dégrise l’humeur nationale. Son insolence plaît. Sans périodicité fixe, - le journal s’en amuse d’ailleurs dans son entête Journal satirique paraissant régulièrement à l’improviste -, c’est un canard qui vit au jour le jour, grâce à l’esprit de Mame Less dont le carnet d’adresses fournit des merveilles les jours de vaches maigres. Autour du chef, déjà des noms : Joe Ouakam, Traoré Diop, Assane Fall, Khadre Fall, Chérif Adrame Seck, Jean-Pierre Ndiaye, Abdou Salam Kane, Babacar Diack... Hors du cœur de la rédaction, gravitent, autour de l’esprit du journal, des noms promis au destin d’éclaireur, dont un certain Boubacar Diop, avec qui il tente Échos du Sénégal, un premier embryon satirique, dès 1966, avec moins de fortune. Entre Wade et Less, les relations sont délicates. Et quand Pape Samba Kane met le trublion libéral en Une du journal alors que le boss est en déplacement, on lui promet le courroux du patron à son retour. Mais le jeune téméraire échappera à la furie de son mentor. C’est au Dagorne, établissement de la capitale, que l’épisode est clos, avec la mansuétude du chef pour son jeune journaliste, qu’il gratifiera d’ailleurs de quelques billets pour sceller encore plus leur affection mutuelle.
Sur le front politique, comme reporter de guerre, dans le maquis, comme dans sa famille, Less a plusieurs ressorts, plusieurs cartes à jouer. C’est un homme au carrefour des influences, qui en a conscience, mais qui ne s’y emprisonne pas. S’il sait que le compromis est un viatique politique, un principe culturel, le reniement de soi quant à lui, signe le tombeau. Il maintient l’équilibre. Le journal, lui, vit, triomphe, impose sa marque de fabrique. Il s’adjuge vite l’élite dissidente, en quête de nouvelles sensations et d’aventures. Le journal, il faut le dire, investit les rouages politiques, avec habileté. Less transmet son flair, son goût de l’investigation sous le vernis de l’impertinence. Les textes sont d’une féroce drôlerie, les dessinateurs sont là, on signe sous pseudo, et l’essentiel de ceux qui marqueront le genre ont mis un pied dans cette usine nationale de fabrique de la satire. Le journal croque Senghor, Giscard, dans une affinité certaine avec le Canard enchaîné. Senghor s’offusque. Mame Less fera donc un tour en prison. Quelques tractations plus tard, il sort. L’énergie n’est pas étouffée.
Le Cafard libéré fait bande à part : la blessure secrète de Less
Mais au cœur du journal, des envies de nouveautés commencent à se faire jour. Le Politicien est certes le berceau, mais les jeunes du journal, ont en ligne de mire le modèle absolu qui bat pavillon français : Le Canard Enchaîné. Sur les flancs du Politicien, naît ainsi Le Cafard libéré, réplique tropicale. Less ne résiste pas trop, ce sont ses propres fils spirituels qui lancent le nouveau journal. On confie in petto qu’il n’a pas voulu livrer bataille, qu’il a préféré vivre l’écorchure en silence, en gardant une élégance de façade. Pape Samba Kane, parmi les fondateurs, se souvient de cette période, où l’amertume était latente. Mais le départ se fait sans heurt, les deux journaux cohabitent. Le moteur, affirme le jeune satiriste, c’était de marcher sur les pas du Canard. La suite on la connaît. Le Cafard devient encore plus féroce, traîne ses pattes chatouilleuses partout, croque les personnalités, vole la vedette. Senghor n’est plus là, le pays s’est ouvert un peu, Diouf a la répression plus sobre, mais plus que tout autre déterminant, l’époque cède à ce vent de nouveauté, qui séduit, enchante. Mame Less Dia délaisse de plus en plus Le Politicien, il s’y rend, mais laisse un peu plus la direction à Traoré Diop. Son entregent lui ouvre des portes plus officielles. Vers la fin de sa vie, Houphouët Boigny lui confie la mise sur pied d’un journal. Les deux hommes s’estiment et travaillent ensemble. Sa fin de vie est encore plus confortable, dans les salons dorés, dont il ne s’enivra jamais de l’éclat.
Le père Mame Less Dia et la nostalgie d’une époque en or
Mame Less a laissé quatre enfants biologiques, et il en adopté beaucoup d’autres. La mémoire et la gratitude de ceux qu’il a aidés, pris sous son aile, sont là. Généreux, romantique, batailleur, rêveur et partageur, ses idéaux de gauche n’étaient pas des gadgets pour l’apparence. Ses convictions, il les aura vécues et transmises comme principal legs. La gauche n’était pas seulement une idée vaine, un rêve, une illusion poseuse. C’était un combat. Père d’un genre satirique qui bat de l’aile aujourd’hui, plus entretenu que par des forçats talentueux mais abandonnés à leur sort, comme l’admirable Ibou Fall et son P’tit Railleur. Mame Less Dia dit une époque sénégalaise, où tout semblait possible. Où d’un bar, on pouvait se projeter dans la satire et la littérature. Du désert du maquis, se retrouver dans les palais. Une époque bariolée, de diverses influences, d’un brassage ethnique, d’une doxa religieuse qui arrivait à ne pas étouffer la créativité. Une époque révolue que pleurent certains…
Ce que dit cette trajectoire, c’est encore la nostalgie d’une vieille génération, dont les membres se confient des chagrins sur un âge d’or, le leur, désormais lointain. On le sait, la nostalgie n’est pas un fait historique consigné, ni un gage, au mieux une opinion, un sentiment. Elle porte en elle des allures idéalistes. Mais en plongeant dans les archives, dans les carnets, dans ces trajectoires, on ne peut que se désoler du racornissement de cet esprit de conquête, de combat, d’humour, de paix, de croyance en un Dieu rigolard. L’homme qui en a été un des symboles, n’était pas un saint, il pouvait avoir des colères orageuses, s’est pris dans ses contradictions parfois. Mais il insufflait au Sénégal cette dose de raillerie par laquelle on chahute le pouvoir, les grands, pour mieux les honorer et les presser à ne pas désincarner les espoirs.
PS: Un merci tout particulier à Pape Samba Kane et à Demba Dia, entre autres, qui ont nourri ce texte.