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23 juin 2025
Par Hamidou ANNE
ABC, LES TROIS LETTRES DE L’INSOUMISSION
Alioune Badara Cissé a vécu dans une grande dignité. Dans l’adversité des siens, il a porté le poids de la trahison sans ployer le genou, sans la plus infime complainte. Il incarnait le meilleur de ce que notre pays peut offrir
La brutalité de la purge a vite succédé à l’euphorie de la victoire de 2012. Dans l’Etat puis dans le parti pour le dévêtir politiquement. Etle bruit a couru, des bureaux feutrés aux cours des concessions : «Alioune Badara Cissé a peu d’égard envers Macky Sall.» Chaque fois qu’on me servait cette antienne, me revenaient plusieurs moments qui contredisaient son absurdité. En particulier, ce jour d’octobre 2012 où ABC me fit convoquer d’urgence pour me confier la rédaction d’un discours sur le libéralisme ; car, me disait-il avec la tendresse qu’il avait pour son ami : «Macky doit se rendre au congrès de l’Internationale libérale, et je n’aime pas que le chef de l’Etat voyage les mains vides. C’est très important qu’il ait toujours une communication digne de son rang.»
Aux premières heures de l’Apr, parti naissant donc fragile face à la puissance du Pds, Alioune Badara Cissé avait attiré des cadres et des intellectuels pour donner du contenu conceptuel à leur aventure. Votre serviteur fit partie de ceux-là. Il savait mes réserves mais avait réussi à me convaincre par sa bienveillance et son élégance. ABC aimait Macky Sall d’un amour que j’ai rarement vu en politique voire dans la vie. Il s’était élevé à cette dignité du diseur de vérités aux Princes et aux simples citoyens. Parce qu’il aimait Macky Sall, il ne s’est jamais affranchi de la noblesse de l’honnêteté à son égard. Malgré les privations, l’homme n’a pas cédé à la tentation de la flatterie, cet attirail des médiocres. Quand on jouit du privilège de gouverner des millions d’âmes, il est nécessaire de souffrir d’entendre des vérités, aussi dures soient-elles.
Notre pays est oppressé par l’esprit de cour que nourrit la quête du gain matériel en politique. Les compromissions et les postures offrent des postes et couvrent ceux qui y cèdent du voile déshonorant de la richesse matérielle jusqu’au jour où ils rejoignent sans grand honneur le Pays sans fin.
Dans ce ballet des hypocrisies, les esprits libres se sentent à l’étroit et subissent médisances et complots. Ils finissent par se retirer de la médiocrité ambiante pour mener seuls le chemin dans la dignité et la quiétude de l’esprit.
Malgré son retrait forcé, les turbulences n’ont cessé, de même que les médisances et les conspirations, lot de la politique sous nos cieux. Mais l’avocat a porté sa croix sans se départir de l’exigence de vérité, du courage et de la loyauté.
ABC n’était pas un brave compagnon, il était le géniteur de l’Apr, un brillant insoumis et le meilleur d’entre eux. Etre le meilleur attire des sympathies, mais forge des animosités et des jalousies qui sont fatales quand celles-ci viennent des nôtres.
S’incarnaient chez lui, l’avocat défenseur des corps éprouvés ; le marin issu de Guet Ndar, qui aimait prendre le large, loin des trivialités ; et le poète, accoucheur de vers qui élèvent les âmes. ABC a vécu dans une très grande dignité. Dans l’adversité des siens et la solitude des jours difficiles, il a porté le poids de la trahison sans ployer le genou, sans la plus infime complainte. Au contraire, il a offert au visiteur son sourire et sa délicatesse, sa bienveillance et son élégance.Il est mort comme il a vécu : chevillé à sa liberté et à ses convictions ; dans la dignité, la discrétion, la loyauté et la fidélité à ses amis d’hier.
Le Sénégal traverse une crise de l’éthique et du sens. Des lendemains difficiles s’annoncent au regard des responsabilités désertées et de l’hydre populiste qui émerge, menaçant de détruire ce que, des décennies durant, nous avons bâti. L’hypertrophie politique a atteint des sommets face notamment aux colères populaires. Les républicains d’hier ont cédé par intérêts propres, par peur ou par ressentiment pensant que la haine peut être un projet politique.
Dans cet abaissement national, la figure de ABC, républicain transcendant, va nous manquer. Nous souffrirons de ne plus voir la délicatesse dans son regard, la tendresse dans son verbe et la chaleur dans sa poignée de main. Intellectuel brillant, personnage d’une grande rectitude morale, figure de synthèse et homme de devoir, ABC incarnait le meilleur de ce que notre pays peut offrir. Alioune Badara Cissé part, mais ne s’efface pas. Sa mémoire restera vive. Elle vivra au travers d’hommes et de femmes qui porteront demain ses combats pour le Sénégal, ce beau pays qui a toujours été son unique boussole.
La famille biologique de Alioune Badara Cissé, par nos usages et nos coutumes, est dorénavant la famille de son ami Macky Sall car cette amitié, malgré les vicissitudes de la vie, ABC ne l’a jamais reniée. Sa famille politique et intellectuelle, elle, transcende les courants, les chapelles et les frontières de notre pays. Elle va, toujours par le courage de la vérité qui n’enjambe jamais les frontières de la décence et de l’élégance, ré-enchanter la nuit qui couvre son voile d’incertitude sur notre pays. Elle va continuer à faire résonner ces trois lettres de l’insoumission : ABC.
Par Adji Diarra Mergane Kanouté
POURQUOI NOUS DEVONS FAIRE CONFIANCE AU PRESIDENT MACKY SALL
Les Sénégalais font face à une hausse des prix des denrées alimentaires depuis quelques semaines
Les Sénégalais font face à une hausse des prix des denrées alimentaires depuis quelques semaines. Une situation qui n’est pas cependant singulière à notre pays puisque c’est une crise qui touche tous les continents et, bien sûr, particulièrement les pays pauvres dont ceux de l’Afrique. Il faut souligner que cette flambée des prix des denrées alimentaires a déjà fait son lit dans la sous-région depuis mars dernier. Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait même alerté sur les risques d’une « catastrophe alimentaire » causée par les effets de la covid-19, surtout par la fermeture des frontières et d’autres mesures de restriction qui ont contribué à bloquer ou à ralentir l’alimentation des marchés en produits alimentaires. C’est donc malheureusement arrivé, et il ne pouvait en être autrement face à une pandémie et ses effets que même les plus puissants ne maîtrisent pas. En de telles circonstances, il y a lieu de se souder davantage comme notre vaillant et résilient Peuple a toujours su le faire. Notre « commun vouloir de vie commune » a encore tout son sens dans ce contexte, comme nous l’avons eu à le prouver au début de la pandémie. Car, quand le prix du sucre, de l’huile, du riz… est en hausse, il ne l’est pas que pour l’opposition ou pour le pouvoir. Il l’est pour nos frères, nos sœurs, nos enfants, nos parents.
Le Sénégal au cœur
Nous devons tout de même être rassurés pour avoir un Gouvernement et surtout un Président de la République à l’écoute de son Peuple et qui en ressent ses pulsions parce qu’il a « Le Sénégal au cœur ». Voilà pourquoi depuis le début de la flambée des prix des produits alimentaires, Son Excellence le Président Macky Sall , comme à son habitude s’est retroussé les manches pour apporter assistance, soutien et réconfort à ses concitoyens, notamment les plus vulnérables. Ce n’est point une surprise d’ailleurs puisqu’il l’avait déjà fait dès l’apparition des premiers cas de covid-19 en 2020 avec son Plan de résilience économique et social (PRES). C’est ainsi qu’il a, dans l’immédiat, débloquer 69 Milliards de francs pour l’acquisition de produits alimentaires dans un contexte de tension mondiale. 1 1 00 000 ménages ont bénéficié de kits de riz, de sucre, de lait, de savon, de pâtes alimentaires. On ne peut nier le soulagement ressenti, le stress évacué par des familles embarrassées. C’est également sa fibre de père de famille et de père de la Nation qui l’a motivé à anticiper la souffrance des familles avec la prise en charge par l’Etat des factures d’eau et d’électricité des abonnés de la tranche sociale.
De même, alors que la baisse des cas de contaminations et de décès de la première et de la deuxième vague avaient autorisé l’espoir d’une reprise des activités économiques, l’Etat du Sénégal avait lancé un Plan de relance de l’Économie. Le Plan d’actions prioritaire ajusté et accéléré (PAP2A) a malheureusement été ralenti par une troisième vague plus meurtrière, plus contagieuse qui a freiné une cadence pourtant bien maîtrisée. Mais le Gouvernement a su faire face en limitant les dégâts par une campagne de vaccination qui, il faut le dire, a aussi coûté cher avec l’acquisition de doses.
La politique sociale de proximité et d’équité
Tous ces efforts sociaux ont été le choix d’une politique sociale, de proximité et d’équité, comme le sont les différents programmes et plans du Président depuis son accession au pouvoir. C’est le cas des bourses de sécurité familiale, de la Couverture maladie universelle et d’autres encore. Voilà pourquoi sa réponse diligente à cette hausse des prix des produits alimentaires est sans surprise. L’Etat a décidé de renoncer à des taxes qui pesaient sur certains produits alimentaires, entraînant une baisse des recettes de 47 milliards de francs Cfa d’ici la fin de l’année. Un grand soulagement puisque les prix sont en train d’être stabilisés. Cette crise sanitaire a donc déréglé nos économies fragilisées par une dépendance à l’Extérieur, notamment pour les céréales. C’est le cas du riz avec les pays fournisseurs comme ceux de l’Asie, d’où est partie la covid-19 ou encore de l’Amérique latine, le Brésil, précisément, qui a été durement frappé par la pandémie. Tous ces aléas ont provoqué une dérégulation de la production et de la commercialisation qui a eu des répercussions sur le continent.
Changeons nos habitudes
C’est difficile à dire quand il s’agit d’une catastrophe comme la covid-19, mais à quelque chose malheur est bon. Cette pandémie devait être un déclic pour notre société piégée par ses mauvaises habitudes. La coordination nationale des femmes de Benno Bok Yakaar, dirigée par la Présidente Ndeye Marieme Badiane, en synergie avec des femmes leaders de la société civile, avait tenté d’apporter des solutions, même conjoncturelles, comme « Stop cérémonies » et « E-cérémonies » pour à la fois limiter les déplacements mais aussi les gaspillages. D’aucuns n’avaient pas bien cerné la pertinence et l’opportunité d’une telle initiative.
Pourtant l’Eglise a adopté des mesures similaires en préconisant la présentation de condoléances par téléphone par exemple. Et plus récemment, c’est un ministre de la République qui a célébré le mariage de son fils via la plateforme Zoom. C’est de la même manière que la consommation du riz, devenu une habitude, culturelle, doit faire l’objet d’une remise en question. D’abord en mettant définitivement fin à ces importations. Mais bien évidemment cela devra passer par une politique d’autosuffisance alimentaire. Les efforts du Gouvernement dans ce sens sont à saluer, même s’il faut accélérer cette dynamique. Il est clair que le salut de notre Economie est dans la promotion « produire local » et du « consommer local ».
Adji Diarra Mergane Kanouté,
Députée à l’Assemblée Nationale
Présidente de l’Union pour le Développement du Sénégal (UDS/A)
Par El Hadj Hamidou KASSE
ELECTIONS TERRITORIALES DU 23 JANVIER 2022, UN NOUVEAU CHAPITRE POUR BENNO
Dans la grande marche de notre peuple, cette séquence est cruciale par l’ampleur de l’espoir suscité. C’est que cette nouvelle réalité politique traduisait admirablement l’élan national et démocratique
En mars 2012, après que le deuxième tour fut imposé par la volonté populaire au candidat sortant de l’élection présidentielle, la plus grande coalition électorale de l’histoire de notre pays émergea sous le nom prometteur de Benno Bokk Yaakaar.
Dans la grande marche de notre peuple, cette séquence est cruciale par l’ampleur de l’espoir suscité. C’est que cette nouvelle réalité politique traduisait admirablement l’élan national et démocratique. Mais, car il y avait bien un mais, dans l’intimité des uns et des autres, une telle coalition, bien que victorieuse, suscita des doutes. La coalition Benno Bokk Yaakaar n’allait-elle pas succomber aux chocs des intérêts et des égo au vue de ses composantes? L’histoire est aussi capable de miracle si la volonté des sujets, c’est-à-dire des acteurs, imprime une direction aux événements. Malgré les péripéties, la différence des trajectoires, les intérêts divers et les malaises probables, Benno Bokk Yaakaar reste debout, forte de son unité et riche de sa diversité.
Les familles socialistes, libérales ainsi que celle plurielle de la gauche, du Parti africain de l’indépendance aux courants nés des salves de mai 1968, ont su se surpasser pour construire ensemble une capacité politique exemplaire à se rassembler dans la durée et à gouverner dans l’union. Mon ami Abdou Fall, dont l’expérience politique est peu commune, parle de « leadership fédérateur du Président Macky Sall » qui, poursuit-il, a réussi « la prouesse de la conduite d’une gouvernance collective en contexte démocratique multipartisan». Le Sénégal présente, sous ce rapport, un modèle tout à fait original où, en dehors de la Présidence de la République, toutes les institutions représentatives sont dirigées par des alliés. La dialectique de la diversité dans l’unité ou de l’unité dans la diversité est un os vieux comme le monde.
En politique, elle exige l’esprit de compromis, la capacité de gestion des divergences et des différends, l’aptitude à se hisser au-delà de ses propres intérêts, l’esprit de partage et la fidélité à la cause commune. C’est la base éthique de la dynamique trans-idéologique qui anime Benno Bokk Yaakaar, socle de son unité et de sa trajectoire victorieuse depuis 2012. Benno Bokk Yaakaar est aux antipodes des alliances circonstancielles mues uniquement par l’instinct de destruction ou de survie sous le sceau d’un « contre » aussi puéril que condamné politiquement dans les marges. Toute notre histoire politique le prouve sans ambages.
A la négativité pure, sans contenu, Bby oppose le projet politique affirmatif de l’unité nationale face aux périls qui menacent le monde, notre sous région en particulier, de l’engagement gouvernemental autour de politiques publiques porteuses de croissance et de bien-être.
La grande coalition qui s’élargit chaque jour davantage est, ainsi, l’instrument politique par excellence pour neutraliser tous les extrémismes violents que d’ailleurs le peuple sénégalais a toujours rejetés avec fermeté. C’est au regard de ces considérations que nous devons aborder les prochaines élections territoriales qui charrient des enjeux de gouvernance, d’accentuation et d’accélération des politiques publiques soucieuses de la vie des populations, d’unité nationale, de paix et de stabilité. Bby est nourrie d’une culture, riche de dix années de déploiement sur le terrain, qui est la base de la gestion et de la résolution des différends, et sera, cette fois-ci encore, le socle du consensus autour de listes et de têtes de listes victorieuses.
Le Président de la grande coalition présidentielle, M. Macky Sall, et les leaders ont donné des assurances que les «investitures seront faites sur la base de critères rigoureux et objectifs, inspirés uniquement par notre commune volonté de sortir victorieux des prochaines échéances.
Les intérêts politiques de la grande coalition seront préservés de même que ceux des composantes sociologiques de la majorité présidentielle, c’est-à-dire les femmes, les jeunes, entre autres». Nous partons certes confiants à ces échéances, au regard de notre hégémonie dans les collectivités territoriales, les acquis incontestables dans la mise en œuvre des politiques publiques, surtout dans le domaine social, l’aspiration largement partagée de la continuité de gouvernance des niveaux territorial et central. Mais, il nous faut faire nôtres, dans toutes les localités, les principes et valeurs qui fondent la puissance politique de Benno Bokk Yaakaar et que les leaders ont rappelés lors de leur dernière Conférence du 25 août 2021: «le sens l’intérêt général, l’unité et la cohésion dans nos rangs , la discipline et la mobilisation».
23 janvier 2022, une répétition générale…
Parce que notre dynamique est porteuse de l’intérêt national, « nous devons nous faire confiance, renforcer la solidarité qui est gage des grandes victoires, faire prévaloir l’esprit de consensus et cultiver, contre les vents contraires, le sens de l’intérêt général », comme l’a dit le Président de la grande coalition invitée, encore une fois, à marquer d’un nouveau chapitre, le grand livre de gloire de notre peuple.
En effet, les prochaines échéances nous offrent une nouvelle opportunité de nous concentrer encore plus sur nos priorités de solidarité nationale et de développement à l’échelle de nos territoires. Les équipes issues de ces élections auront, en effet, un rôle capital à jouer dans la sauvegarde de tous nos acquis sociaux menacés par la crise sanitaire sans précédent du Covid-19 intervenue dans un contexte où notre pays était en plein essor économique. Il revient, ainsi, à tous les membres de notre coalition, de prendre toute la mesure de nos responsabilités partagées dans la consolidation et l’approfondissement des reformes engagées par notre majorité pour le renforcement des pouvoirs à l’échelle de nos territoires. Ces pouvoirs sont appelés à jouer de plus en plus un grand rôle dans la mise en œuvre de nos politiques publiques, notamment le PAP2A et la promotion d’une authentique démocratie participative qui place le citoyen au coeur de la gouvernance de nos terroirs.
Les échéances du 23 janvier 2022 constituent ainsi la «répétition générale» pour préparer des victoires encore plus éclatantes sur le chemin des conquêtes à venir et conforter notre peuple dans le seul combat qui vaille la peine d’être mené : l’émergence qui offre à chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais les moyens de vivre dignement et décemment.
El Hadj Hamidou KASSE
Ministre, Conseiller à la Présidence de la République
DIRECTION GENERALE DES IMPOTS ET DOMAINES, PAR ICI L’APARTHEID !
Le malaise prévalant au sein de la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID) connait une nouvelle tournure avec la décision du Syndicat des travailleurs de l’administration fiscale (STAF) d’aller en grève
Le malaise prévalant au sein de la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID) connait une nouvelle tournure avec la décision du Syndicat des travailleurs de l’administration fiscale (STAF) d’aller en grève. Un préavis couvrant la période allant du 06 septembre au 06 octobre a été déposé sur la table du ministre de la Fonction publique et du Renouveau du Service public par le Staf le 03 septembre dernier. De graves perturbations en perspective pour l’une des plus importantes régies financières de notre pays.
La plateforme déposée sur la table du ministre de la Fonction publique et du Renouveau du Service public renferme trois revendications essentielles. Elles concernent la mise en place d’un système équitable de répartition des fonds communs, le maintien des acquis fonciers du STAF et une gestion équitable des carrières des agents sans discrimination de corps. « Cela fait exactement six ans que le Syndicat des travailleurs de l’administration fiscale (STAF) lutte contre un système discriminatoire de gestion du personnel et de répartition des avantages au niveau de la Direction générale des Impôts et Domaines sans résultat tangible. Diverses actions de lutte avaient été initiées, mais nous sommes désolés qu’aucune avancée significative n’ait été constatée.
Plusieurs demandes pour rencontrer le ministre des Finances et du Budget sont restées sans réponse. L’instruction 00009/MEFP qui octroie 63 % des avantages à 300 agents et 37% aux 1400 autres, continue à plonger des familles dans la précarité car ayant contacté des prêts avec le système précédent de répartition » souligne Dr Alassane Ba Secrétaire général du Staf. Ce dernier, dans une note d’explication adressée au SG de la CNTS Mody Guiro en date du 03 septembre, indique que « la conséquence est que des travailleurs qui, pendant des décennies, collaborent en parfaite harmonie, symbiose et synergie ont du mal à se dire bonjour. Jusqu’à présent des mères et pères de familles se posent des questions sur cette division désastreuse et machiavélique ».
La Cour Suprême annule l’instruction
La Cour Suprême, par l’arrêt n¨ 38 du 09 juin avait annulé l’instruction citée en haut mais « seulement dans ses dispositions relatives à son entrée en vigueur ». Autrement dit, bien que l’instruction soit annulée, elle juge légale qu’un BAC +2 (contrôleur des impôts et domaines) dans l’administration gagne plus qu’un BAC+ 5 ou 6 qui a accédé à la fonction publique par voie de concours sélectif avec, en plus, un parcours scolaire et académique honorable et même plus honorable que celui de beaucoup de ses collègues de la DGID qui ont la chance, eux, d’être des contrôleurs ou des inspecteurs des impôts ou des domaines. « Nous demandons aux hautes autorités, encore une fois, d’intervenir dans ce dossier qui est une apologie au corporatisme et à la désarticulation de l’administration, puis met fin au culte du mérite » indique Dr Alassane Ba. « Pis, l’instruction elle-même est caduque car n’étant pas conforme à l’organigramme actuel de la DGID issu de l’arrêté du 10012 du 14 juin 2017 portant organisation de la DGID. Ce même arrêté verrouille quasiment les postes aux autres corps non fiscalistes. Certains postes qui ont été déverrouillés ne le sont que dans la théorie. Des postes de spécialités ou la direction dispose d’ingénieurs de conception sont réservés aux contrôleurs des impôts dans cet arrêté. Des cadres non fiscalistes sont entrés à la DGID comme agents en complément d’effectifs (agents de bureau) et sont partis à la retraite comme agent de bureau » révèle, pour le regretter, le Dr Ba.
DGID, un broyeur de cadres
A la DGID, les humains sont constitués par les quelque 300 inspecteurs et contrôleurs des impôts et domaines. Tout le reste, soit près de 1400 agents sont relégués en « sous hommes ». D’ailleurs, leur panier de primes est assimilé à un panier « Ebola ».
La discrimination est même culinaire puisqu’au resto, il y a des places de choix réservées aux humains (inspecteurs et contrôleurs des impôts et domaines), et des sortes de tabourets aux « sous humains » fussent-ils des cadres ayant fait Bac+7 ! C’est pire qu’à Soweto durant les pires moments de l’apartheid. Pour en revenir aux primes, qui sont la principale pomme de discorde, les inspecteurs et contrôleurs des impôts et domaines ont touché des dizaines de millions de frs lors du 4ème trimestre tandis que les « sous humains » ont perçu 300.000 frs en moyenne. Une véritable aumône genre « sarakh nguir Yallah ». Elle est réservée aux « sous-hommes » que sont les non-fiscalistes tandis que les Aryens que sont les inspecteurs des impôts et domaines reçoivent leur part du pactole même lorsqu’ils sont détachés au Palais de la République où à l’ex- Primature comme conseillers spéciaux, conseillers techniques ou rangs assimilés. Ce même s’ils n’ont pas participé activement aux résultats financiers ayant justifié les « fonds communs ». Ou, plutôt, les fonds de la discrimination ! Le système est étendu au niveau du ministère de l’Economie et des Finances pour les inspecteurs généraux des finances, les inspecteurs des finances, les conseillers techniques ou rang assimilé.
A la DGID, le cadre non fiscaliste qu’il soit ingénieur informaticien, statisticien, topographe, géomètre ou géomaticien, comptable, financier ne pourra jamais s’imaginer, même dans ses rêves les plus fous, bénéficier d’une promotion pour ne serait-ce que diriger une section. Quant aux directions, il ne faut même pas y penser ! L’aberration est notée à travers l’Arrêté portant organisation de la DGID de 2017.
L’Art 74 évoquant le Bureau de la centralisation des recettes et des statistiques notamment la section « Analyse et Projections des recettes » est dirigée par un contrôleur des impôts et des domaines. Ce dernier coiffe ainsi des agents statisticiens et informaticiens de niveau Bac + 4. Une autre aberration est notée à l’art 62 du même document où il est écrit que « la Direction des Systèmes d’information est placée sous l’autorité d’un Inspecteur des impôts et des domaines ayant au moins le grade de principal ». Ce dernier, un inspecteur des impôts et domaines qui n’y connaît que dalle en matière informatique, coiffe pourtant des ingénieurs informaticiens confirmés et sortis de grandes écoles comme les Ecoles Polytechniques de Dakar et de Thiès. Des ingénieurs informaticiens qui sont pourtant à la base de l’informatisation du système de paiement par voie électronique dénommé Système intégré de gestion de l’information financière (SIGIF). On raconte qu’un inspecteur des impôts est allé jusqu’à souvent ironiser en disant aux agents non fiscalistes que « nos textes ne vous permettent pas de faire carrière à la DGID. Allez voir ailleurs ».
Le problème c’est que nos braves 300 agents des impôts et domaines à eux seuls ne pourraient jamais faire tourner à eux seuls la DGID car ils auraient toujours besoin, sauf à être des démiurges, d’assistantes, de statisticiens, de comptables, de financiers, d’ingénieurs informaticiens ou tout simplement de chauffeurs et de plantons ! S’agissant des cadres, les exemples foisonnent de ceux d’entre eux qui ont été broyés par le système discriminatoire. Vous voulez des exemples ? En voilà ! « Un ingénieur statisticien entré à la DGID comme agent en complément d’effectifs est allé à la retraite comme agent en complément d’effectif. Un brillant cadre sénégalais sorti du prestigieux Institut de formation et de recherche démographique (IFORD) de Yaoundé, qui ne sélectionne qu’un Sénégalais tous les deux ans, végète au niveau de la DGID. Un autre cas, c’est celui du Dr Alassane BA docteur en système d’information qui a le statut d’agent en complément d’effectifs ».
Et on pourrait multiplier les exemples à l’envi. Le malaise est devenu profond et malheureusement, Bassirou Samba Niasse, l’actuel Dg de la DGID, malgré sa bonne volonté, ne peut pas y faire grand-chose tellement le lobby des « fiscalistes », auquel il appartient du reste — tout comme le ministre des Finances et du Budget et ses prédécesseurs — est puissant. Espérons que le préavis de grève déposé par le STAF soit le début d’une révolte du personnel Ebola qui n’entend plus laisser pérenniser un tel système.
L’HISTOIRE JAMAIS RACONTEE DE MALICOUNDA
Malicounda ! Une agglomération séculaire multiethnique nichée entre la localité de Ngandigal et la station balnéaire de Saly Portudal sur la Petite Côte dans l’arrondissement de Sindia, département de Mbour (région de Thiès)
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 07/09/2021
Fondé en 1902 par Barka Sanokho et un petit nombre de Bambaras venus du Mali, le village de Malicounda Bambara dans la commune de Malicounda, sur la Petite côte, fait partie d’un ensemble de localités dont la population est originaire du Mali. Une zone où l’excision existe de façon endémique. Toutefois, aujourd’hui, les mentalités ont bien changé. Les familles ont fini par abandonner cette coutume grâce aux campagnes de sensibilisation, d’éducation et de prise de conscience sur les droits humains animées par certaines organisations surtout non gouvernementales.
Malicounda ! Une agglomération séculaire multiethnique nichée entre la localité de Ngandigal et la station balnéaire de Saly Portudal sur la Petite Côte dans l’arrondissement de Sindia, département de Mbour (région de Thiès). Elle serait fondée dans les années 1901 par les nommés Samba Bâ et Karfa Traoré. Deux cultivateurs d’arachide qui avaient quitté leur Mali natal à la recherche de terres fertiles. Des sols féconds qui, plus tard, attirèrent des hordes de travailleurs saisonniers appelés « Firdous », pour la plupart venus du Mali et de l’actuel Burkina Faso et qui rentraient après les récoltes. Parmi eux, beaucoup décidèrent, au fil des ans, de rester et finirent par se sédentariser. Ces ressortissants maliens dont les descendants, nés à Malicounda, deviendront des Sénégalais à part entière. Ils seront rejoints par des parents et d’autres groupes venus de certaines localités du Sénégal, des autochtones qui sont Sérères, Wolofs et Toucouleurs. C’est pourquoi, il y a trois Malicounda. Celui Bambara, Sérère et Wolof. Pour autant, les populations de ces trois villages constituent un parfait melting-pot grâce aux mariages interethniques qui y sont légion. L’origine du nom de Malicounda renvoie dans l’imaginaire populaire à une marque Bambara du Mali. Toutefois, des dignitaires de Malicounda Sérère soutiennent le contraire. Ils expliquent que ce nom est d’origine sérère. Malicounda venant du mot sérère « Mal » qui signifie « herbes sauvages, spontanées » et de « Koundal », un lieu habité par les « djinns ». « Lorsque les colons sont venus demander le nom du village, les populations autochtones leur ont répondu « Mal-Kounda ». Mais une erreur de transcription a fait écrire aux Blancs « Malicounda ». Et depuis lors, le nom est resté », racontent les sages.
Barka Sanokho fonda le village de Malicounda Bambara en 1902
Le village de Malicounda Bambara dans la commune du même nom fut fondé en 1902 par Barka Sanokho et un petit nombre de Bambaras venus du Mali. Ceci, après un bref séjour à Saly Portudal. En 1903, ce fut l’arrivée de Samba Ba et des Peuls firdous originaires de la Casamance. Puis une vague massive de Bambaras arrivèrent à la recherche de terres fertiles pour la culture de l’arachide. Malicounda Bambara devint ainsi un grand village et fut divisé en trois quartiers. KarfaBougou, dirigé par Karfa Sidibé, Binabougou, dirigé par Bounama Diarrisso, et Barka Bougou, dirigé par Barka Sanokho. Barkarbougou, très vaste, fut divisé en trois sous-quartiers : Dioulacounda (le quartier des commerçants), Nioroncounda (les habitants de Nioro) et Khaidacounda (le quartier du marabout Fodé Bocar Doucouré). Barka Sanokho fut ainsi le premier chef du village et à sa mort, en 1904, Samba Diarra lui succéda jusqu’à 1905. À la mort de ce dernier, furent élus successivement : Mamadou Ba (1905-1930), Toubey Sow (1930-1962), Kao Ba (1962-1988), Cheikh Amala Sow (1989-2006), puis Samba Sow etc., Avec une population jeune et active, musulmane, constituée en majorité de Tidjanes ayant comme guide spirituel Cheikh Amala, ainsi que des fidèles de Cheikh Bouh Kounta de Ndiassane, la jeunesse exerce tous les corps de métier et s’est engagée pour le développement de sa localité. Aujourd’hui beaucoup de jeunes ont abandonné la culture de la terre au profit d’un travail salarié dans les hôtels de Saly ou à Dakar. D’autres rêvent d’émigrer comme leurs aînés pour revenir construire de belles maisons.
Malicounda Bambara dit non à l’excision
« Quel que soit le prix à payer, il n’est pas question de revenir en arrière. Pour nous, l’excision appartient déjà au passé ». Un serment prêté en juillet 1997 par les femmes de Malicounda. Ce, suite à une prise de conscience de leurs droits et, surtout, des dangers d’une pratique qui relève de la tradition et des tabous. Fatou Cissoko, Khady Bèye et leur bande parlent le « bambara », une des langues mandingues. Les Bambaras (bambara : Bamanan ; pluriel, Bamananw, Bamana ou Banmana) sont une ethnie d’Afrique de l’Ouest faisant partie du groupe mandingue, établis principalement dans le Sud de l’actuel Mali dans la région de Ségou et Koulikoro. Ainsi que dans d’autres pays tels que le Burkina Faso (au sud) et la Côte d’Ivoire (au nord). Ces jeunes filles avouent que les mutilations génitales féminines désignent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins externes. Une pratique généralement réalisée par un exciseur traditionnel avec un couteau ou une lame de rasoir avec ou sans anesthésie. Maïmouna Traoré, la maman d’une d’elles, dit connaitre aujourd’hui ses droits. Elle sait que son corps lui appartient. Aussi, elle ne souhaiterait jamais imposer à ses enfants les mutilations qu’elle a subies. « En juillet 1997, bravant les interdits de la tradition, les femmes de Malicounda se sont dressées pour dire non aux mutilations sexuelles féminines dont sont victimes les filles de certaines ethnies », révèle-t-elle. Et ceci à la suite d’un programme de sensibilisation sur les risques de ces pratiques et sur le droit des femmes mené par l’organisation internationale Tostan avec le soutien de l’Unicef, de l’ONG américaine American Jewish World Service (AJWS) et du gouvernement sénégalais. Depuis, le « serment de Malicounda » s’est propagé comme un feu de brousse dans les villages des environs.
L’histoire racontée de Doussou Konaté et de sa fille adoptive
« Dans ce village faisant partie d’un ensemble de localités bambaras établies dans une zone où l’excision existe de façon endémique, les mentalités ont donc aujourd’hui bien changé. Des familles ont fini par abandonner cette coutume qui, dépouillée de ses alibis mythologiques et rituels, n’a plus d’autre justification que la volonté brutale de contrôler la virginité des filles et la sexualité des femmes en les mutilant », explique une vieille dame Bambara. Elle se rappelle qu’à l’époque, l’excision était tellement ancrée dans les mœurs que ceux qui tentaient d’y soustraire leurs enfants s’exposaient à voir une tante ou une grand-mère emmener de force l’enfant chez l’exciseuse. De même, lorsqu’un Bambara avait pris femme dans une communauté aux mœurs différentes, ses parents faisaient tout pour que leur belle-fille se fasse exciser. En atteste, l’histoire de Doussou Konaté et de sa fille adoptive. Laquelle illustre la force de la tradition et du conformisme social. « Sa famille ne pratiquait pas l’excision et il avait décidé de ne pas imposer cette épreuve à sa fille. Mais, vers l’âge de dix ans, celle-ci a commencé à être l’objet de moqueries de la part des enfants de son âge. Un garçon l’a traitée publiquement d’impure. On lui a dit qu’elle ne trouverait jamais de mari. Pendant des mois, elle n’a cessé de pleurer. Elle suppliait son père de la faire exciser pour être comme les autres. Doussou a fini par céder. Du jour au lendemain, sa fille a retrouvé sa place dans la communauté. Et à un peu moins de dix-huit ans, elle s’est mariée. Cependant c’est dans le village de Malicounda Bambara qu’est partie, le 31 juillet 1997, la célèbre déclaration publique pour l’abandon de l’excision. Elles étaient 35 femmes à avoir osé mettre un terme à cette pratique traditionnelle africaine. Aujourd’hui, elles sont plusieurs centaines de femmes qui viennent de plus de 3000 villages du Sénégal. Elles débarquent également du Mali, de la Guinée et même de la Mauritanie. Et outre l’aspect festif, elles ont réussi à lancer une campagne pour l’abandon total de l’excision au Sénégal avec comme objectif d’obtenir une réduction de cette pratique sur l’ensemble du continent africain.
Par L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, Serigne Saliou Guèye
COUP D’ETAT MILITAIRE EN GUINÉE, QUELLES LEÇONS EN TIRER ?
POINT DE MIRE SENEPLUS - Condé n’était plus capable de diriger la Guinée. Sous son magistère, la démocratie guinéenne a fait d’énormes pas en arrière. La Cedeao n’a jamais pipé mot sur ses exactions sanguinaires
Dimanche dernier, 5 septembre, une unité d’élite de l’Armée a pris d’assaut le palais présidentiel où résidait le président Alpha Condé, 83 ans, président depuis 2010. Il s’agit des Forces spéciales dirigées par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya. Cette arrestation du potentat guinéen venait de mettre fin au règne autocratique du Pr Alpha Condé dont l’avènement à la tête de la Guinée, en 2010, avait été fortement contesté.
La présidence d’Alpha Condé était entachée d’une tare congénitale car son élection le 7 novembre 2010 (soit 4 mois après le 1er tour !) avec ses 52,5 % des voix s’était faite sur fond de fraudes et manœuvres concoctées par la France et une partie de la communauté internationale. Au premier tour, en effet, le 27 juin 2010, Cellou Dalein Diallo, le leader de l’UFDG, avait obtenu 44 % des voix.
A l’issue de ce premier tour, nul ne donnait très cher des chances d’Alpha Condé. Avec 18 % des suffrages, il était très largement distancé par l’ancien Premier ministre du président Lansana Conté (44 %). Quatre longs mois se sont écoulés entre les deux tours (du 27 juin au 7 novembre) ponctués de violences interethniques avant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne proclamé une victoire miraculeuse d’Alpha Condé, déclaré élu avec 52,5 % des voix ! Bien entendu, ce genre de miracle n’existe qu’en Afrique…
Lors de l’élection présidentielle de 2015, il est réélu avec 57,9 % des voix au premier tour devançant son challenger principal Cellou Dalein Diallo qui a eu, lui, 31,4 % des suffrages exprimés. Des élections entachées de fraudes à grande échelle. N’ayant pas droit à un troisième mandat, Condé modifie la Constitution à la suite d’un référendum organisé le 1er mars 2020 et couplé avec les législatives dans le but de rendre possible une nouvelle candidature de sa part. Après quoi, il se présente le 18 octobre 2020 pour une troisième fois à l’élection présidentielle qu’il remporte au premier tour avec 59,5 % des voix.
Entretemps, depuis sa déclaration de candidature jusqu’à sa « réélection », des dizaines de Guinéens sont morts lors de violentes manifestations contre son coup de force institutionnel. Inutile de dire que, depuis le 18 octobre dernier, Condé était un président illégal, illégitime. Jusqu’à sa déposition dimanche dernier.
Dès que les militaires ont arrêté le président guinéen et l’ont conduit dans un « lieu sûr », le premier réflexe des chefs d’Etat de la Cedeao et de l’Union africaine (UA) a été de condamner un « coup de force » et de menacer le nouveau régime de sanctions. Ce pour le contraindre au rétablissement d’une soi-disant légalité constitutionnelle au nom du respect du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de l’instance communautaire. Donc au nom de l’article 1, alinéas B et C de ce protocole, qui dit que « toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes, et transparentes », le putsch des hommes du lieutenant-colonel Doumbouya a été déclaré anticonstitutionnel et contraire aux normes et principes qui régissent la démocratie dans tous les 15 pays de la Cedeao.
Toutefois si l’on se réfère à l’article 19, alinéas 1&2 du même Protocole, qui déclare que « l’armée est républicaine et au service de la Nation, sa mission est de défendre l’indépendance, l’intégrité du territoire de l’Etat et ses institutions démocratiques » l’on peut bien féliciter les putschistes d’avoir été républicains en débarrassant les Guinéens du dictateur Condé ! L’armée au service de la République. C’est quoi être républicain sinon d’aller dans le sens voulu par le peuple, seul dépositaire de la légitimité ? Il était avéré que Condé n’était plus capable de diriger la Guinée. Depuis sa première élection en 2010, Condé n’a pas su respecter ses engagements de sortir la Guinée de la pauvreté et de la misère dans lesquelles elle patauge depuis son indépendance en 1958. La Guinée est l’un des pays les plus riches du monde avec ses potentiels minier et hydrique.
Deuxième pays producteur de bauxite détenant le 1/3 des réserves mondiales de ce minerai, son sous-sol regorge aussi d’or et de diamant. Ses eaux de surface sont évaluées à 226 km³/an et ses eaux souterraines estimées à 13 milliards de m³ environ, auxquelles s’ajoutent des eaux pluviales dont la moyenne annuelle est de 1988 mm. Ce qui vaut à la Guinée son surnom mérité de « château d’eau » de l’Afrique de l’Ouest.
Pourtant, malgré ces grandes richesses, la population guinéenne, qui fait à peine 15 millions d’individus, souffre terriblement d’un manque d’eau pour ses besoins vitaux. Pour se nourrir, la Guinée doit importer chaque année 501 457 901 tonnes de produits alimentaires dont 300 000 tonnes de riz blanc. C’est d’autant plus scandaleux que la superficie cultivable de la Guinée est estimée à 6,2 millions d’hectares, soit 25% du territoire national. Hélas, sur ces 6,2 millions d’hectares, seuls 1.6 million d’hectares sont effectivement exploités chaque année. Avec tout ce potentiel pour faire de la Guinée un eldorado, Condé a passé son temps à monter des projets loufoques et à réprimer toute forme d’opposition.
Sous son magistère, en effet, la démocratie guinéenne a fait d’énormes pas en arrière. Son élection en 2010 et ses réélections en 2015 et 2020 n’ont jamais été des gages de transparence. Les fondamentaux démocratiques ont été sapés et le référendum, les législatives et la présidentielle respectivement de mars et octobre 2020 ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et à chaque forfaiture, il déployait ses forces de défense et de sécurité pour réprimer dans le sang toute tentative de contestation.
Les leaders de l’opposition sont alors arrêtés ou gardés en résidence surveillée s’ils ne sont pas mâtés. Combien de fois, Cellou Dalein Diallo a-t-il échappé à la mort orchestrée par la soldatesque d’Alpha Condé ? Le président guinéen, depuis le début de son règne, a tué plus de 200 de ses compatriotes lors des manifestations. La Cedeao n’a pourtant jamais pipé mot sur ses exactions sanguinaires. On ne touche pas à la souveraineté populaire et c’est sans doute cela qui a incité Doumbouya et ses forces spéciales à se débarrasser d’un chef d’Etat cacochyme qui ne parvenait plus à gérer l’Etat, un Président mégalomane et susceptible qui ne présidait plus aux vraiment aux destinées de son pays.
La Guinée était au bord du chaos parce qu’il y a une profonde fracture entre ses différentes ethnies et principalement entre les Malinké, ethnie du président Condé, et les Peuls soutenant son ennemi juré, Cellou Dallein Diallo. Malgré les violations fréquentes de la Constitution, les répressions meurtrières lors des manifestations de l’opposition, la Cedeao, l’UA et la Nations unies n’ont jamais condamné les exactions sanguinaires de Condé. Jamais les instances communautaire et continentale n’ont flétri ces coups d’Etat constitutionnels qui aboutissent à des 3emandats sur le continent. Elles attendent toujours que la situation bascule pour condamner des coups de forces militaires.
Pour notre part, nous estimons que chaque fois qu’un chef d’Etat plonge chaque jour davantage son pays dans les abysses de la malgouvernance, il est du devoir impérieux de l’armée de ce pays-là d’intervenir pour aider à remettre le processus sur les rails. Et assurer de concert avec les acteurs politiques et de la société civile une transition dont la finalité est d’organiser des élections inclusives, transparentes et démocratiques.
Au Niger, quand le président Mamadou Tandja a voulu mettre en œuvre son « Tazarché » (prolongation en langue haoussa) au mépris de la Loi constitutionnelle, de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, le chef d’escadron Salou Djibo avait pris le pouvoir, assuré la transition et remis le pouvoir aux civils. A l’époque aucun de ses homologues n’avait osé dénoncer les dérives de Tandja. Et lorsque l’armée a pris le pouvoir pour remettre de l’ordre, les chiens de la Cedeao ont aboyé pour condamner un « putsch » qui, en réalité, était une œuvre de salubrité démocratique pour le peuple.
En Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara s’est présenté à un 3e mandat sans que cela émeuve un seul de ses collègues africains. Il a éliminé juridiquement des candidats de l’opposition (Gbagbo, Soro, Blé Goudé) à la dernière présidentielle pour forcer un 3e mandat. Aucun chef d’Etat n’a condamné ces actes anti-démocratiques. La France a même béni ce coup de force constitutionnel de son valet ivoirien.
Récemment, le dictateur tchadien Idriss Déby a été remplacé par son fils qui n’était pourtant pas le dauphin constitutionnel. Motus et bouche cousue du côté de l’UA et des Nations Unies. Le président Emmanuel Macro avait même apporté le soutien de la France audit fils ! C’est pourquoi la condamnation du coup du lieutenant-colonel Doumbouya par le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, fait rire puisque cet homme-lige avait fait profil bas lorsque son compatriote, le fils d’Idriss Deby, Mahamat Deby Itno, a fait main basse sur le pouvoir à la suite de l’assassinat de son père. Aucun chef d’Etat africain n’a parlé de légalité constitutionnelle lorsque Deby fils a pris de force le pouvoir laissé par son père.
Pourtant, les mêmes de l’UA et de la Cedeao s’étaient empressés de condamner les tombeurs d’IBK au Mali. La Cedeao et l’UA des potentats Mais pourquoi les chefs d’Etat de la Cedeao, donneurs de leçons de démocratie, ne s’autoappliquent-ils jamais cette disposition de l’article 1, alinéa 2 du Protocole de l’instance communautaire qui stipule que « tout changement anticonstitutionnel est interdit de même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir » ? Or, combien sont-ils ces chefs d’Etat de la Cedeao qui se sont maintenus au pouvoir en tripatouillant la Constitution ? Aujourd’hui, beaucoup de ces chefs d’Etat qui demandent aux forces spéciales guinéennes de rétablir la légalité constitutionnelle sont très mal placés pour le faire puisqu’ils ont modifié la Constitution de leur pays pour se maintenir au pouvoir.
Les instances continentales n’ont jamais le courage de dénoncer voire de condamner les dérives anticonstitutionnelles des chefs d’Etat aux fins de se maintenir illégalement au pouvoir. Ils attendent que des militaires patriotes se lèvent pour débloquer des situations compromises pour les condamner et les menacer de leurs foudres. Entre les putschs salvateurs et les tripatouillages constitutionnels ouvrant des boulevards vers des 3e mandats, franchement il n’y a pas d’hésitation à faire : il faut choisir la première option. Les véritables putschistes, ce sont les Ouattara, Condé, Biya, Obiang Nguema, Kagamé, Issayas Afewerki, Faure Gnassingbé, et tous ces chefs d’Etat qui ont fini de s’éterniser au pouvoir.
Patrice Talon et Macky Sall utilisent des détours politiques ou des subterfuges judiciaires pour éliminer leurs challengers et essayer eux aussi d’obtenir un 3e mandat alors que les constitutions de leurs pays respectifs le leur interdisent. Aujourd’hui, le Protocole additionnel de la Cedeao souffre d’une tare originelle. Quand, le 21 décembre 2001, le Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance était signé à Dakar, on y notait la présence des chefs d’Etat, archétypes de la mal-gouvernance et de l’autocratie. Gnassingbé Eyadema, signataire du Protocole, avait déjà fait 34 ans de pouvoir, Yaya Jammeh, qui en était alors à sa 7e année de pouvoir en ajoutera 15 autres, Mathieu Kérékou du Benin avait bouclé en 2001 23 ans de pouvoir avant d’en rajouter 5.
Lansana Conté de la Guinée représenté par son Premier ministre, Lamine Sidimé, en était à sa 17e année de règne absolu. Il s’était offert par la suite une prolongation de 7 années. Blaise Compaoré consommait alors sa 14e année au pouvoir. L’autre particularité de ces Présidents signataires d’une charte de la démocratie et de la bonne gouvernance, c’est qu’ils étaient tous arrivés au pouvoir par des coups d’Etat. Dès lors, comment ces potentats pouvaient-ils élaborer un Protocole promouvant la démocratie et condamnant l’accession au pouvoir par des putschs ?
Mamadou Tandja et Abdoulaye Wade, arrivés au pouvoir démocratiquement respectivement en 1999 et 2000, voudront eux aussi effectuer un putsch constitutionnel en voulant briguer un 3e mandat. Le président nigérien sera balayé par un coup d’Etat militaire salutaire, son homologue sénégalais sera emporté par le vote furieux des Sénégalais qui n’ont jamais cautionné le forcing de son 3e mandat.
Tous ces exemples pour dire que la Cedeao et l’UA sont des institutions sclérosées victimes du pouvoirisme de leurs dirigeants. Lesquels ont constitué, à travers ces deux organisations, des syndicats d’autocrates qui ne défendent pas les peuples mais leurs intérêts personnels. Aussi, est-il est temps qu’elles arrêtent de défendre les chefs d’États « tazarchistes » et se mettent du côté des peuples épris de justice et de démocratie. Aujourd’hui le divorce est acté entre les peuples et ces organisations qu’il convient de refonder tout en réorientant leurs missions. Il y va de leur crédibilité et de leur pérennité.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
CONSTRUISONS DES USINES ET BRULONS CE SOUK
Désormais, le Sénégal importe jusqu’aux cure-dents que nous ne sommes même pas capables de fabriquer. Notre pays est donc devenu un immense souk où l’on trouve de tout pour le plus grand profit de commerçants importateurs qui ont le beau rôle
Dans sa remarquable chronique économique hebdomadaire publiée dans nos colonnes vendredi dernier, notre collaborateur, l’ancien banquier Abdoul Aly Kane, qui traitait du thème de la désindustrialisation de notre pays, écrivait notamment ce qui suit : « L’ajustement structurel consista donc à expurger des dépenses publiques celles considérées comme improductives, de façon à dégager un surplus permettant de payer la dette. Au-delà, une politique à moyen terme d’ouverture de l’économie fût mise en place qui avait pour objectif d’asseoir les bases d’une stratégie d’exportations afin de rétablir les équilibres du commerce extérieur. Cet objectif n’aura pas été atteint dans la mesure où l’économie nationale reste encore, près de 40 ans après, essentiellement basée sur l’exportation brute de matières premières, et dominée par un secteur tertiaire représentant près de 60 % de contribution au PIB ».
Pour parler de « désindustrialisation », encore eut-il fallu que le Sénégal fût jamais industrialisé ! Je provoque un peu bien sûr car notre pays a effectivement connu une industrialisation au début de son indépendance avec l’implantation d’unités de substitution aux importations qui fabriquaient globalement l’essentiel de ce que nos compatriotes consommaient. Ainsi, on ne comptait plus les brasseries (pour les boissons gazeuses sucrées ou alcoolisées), les huileries, les minoteries, les biscuiteries et autres confiseries. Sans compter une filière textile très développée, une filière plastique performante, des conserveries, des usines de transformation de métaux qui fabriquaient des ustensiles de cuisine, des fûts métalliques, voire des clous, une filière bois, une usine d’allumettes, une autre qui fabriquait des piles électriques etc…
Dans tout le lieudit Zone industrielle ainsi que le long de la route de Rufisque, il y avait un alignement d’usines, de fabriques et de manufactures qui employaient des milliers d’ouvriers avec des cheminées qui fumaient à toutes heures du jour et de la nuit, les quarts se succédant sans relâche. Bien évidemment, toutes ces industries, qui avaient développé de réels savoir-faire avec des ouvriers chevronnés maîtrisant divers métiers dans lesquels ils étaient des orfèvres, avaient pu se développer parce qu’elles bénéficiaient d’une protection étatique. Une politique protectionniste qui appliquait des droits de douane suffisamment élevés pour favoriser les produits locaux car rendant non compétitifs les articles importés. Puis, il y eut la Nouvelle Politique industrielle instaurée par les autorités dans les années 80 sous les injonctions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Je me rappelle qu’à l’époque un rapport du Boston Consulting Group avait prédit que cette NPI allait transformer le Sénégal en gigantesque souk. Bien vu, hélas !
Un cimetière d’unités industrielles
Car, cette politique « géniale » conçue par des fonctionnaires internationaux qui ne comprenaient que dalle à nos réalités a effectivement transformé nos zones industrielles en champs de ruines, les usines fermant par dizaines — pour ne pas dire par centaines — et déversant dans la rue des milliers de travailleurs qui ont vécu dans la misère jusqu’à la mort, sans avoir jamais eu l’occasion de retrouver des emplois. Les barrières douanières ayant été abaissées, les produits bon marché venus d’Asie, et principalement de Chine, ont envahi nos marchés poussant, on l’a vu, les rares unités industrielles qui résistaient encore à baisser pavillon. Plutôt donc que d’exporter, ce qui était le but visé par les institutions de Bretton Woods à travers leurs si judicieux conseils prodigués — imposés plutôt — à nos autorités à travers leur politique d’ajustement structurel, ce sont désormais des milliers de conteneurs en provenance de Chine, de Dubaï et de Turquie principalement qui sont débarqués au port de Dakar.
Pour le plus grand plaisir de nos autorités douanières et des responsables du ministère des Finances qui se gargarisent année après année de records de recettes douanières perçues ! Sur les tombes de nos unités industrielles, bien entendu. Car, désormais, le Sénégal importe jusqu’aux cure-dents que nous ne sommes même pas capables de fabriquer.
A présent, presque tout ce que nous consommons dans ce pays vient de l’Empire du Milieu. Tout y compris ce que nous savions fabriquer mieux que les Américains eux-mêmes, à savoir l’huile d’arachide. Dans le domaine des huileries, le Sénégal disposait d’un savoir-faire industriel et de technologies qu’on ne retrouvait certes qu’au pays de l’Oncle Sam mais avec une meilleure maîtrise des process ou de ce que l’on appelle de nos jours les chaînes de valeur. Aujourd’hui, presque toutes nos huileries, dont certaines furent des fleurons, sont à l’arrêt et le Sénégal exporte ses graines en l’état vers la Chine qui les transforme en huile qu’elle consomme ou qu’elle exporte.
Plus de soixante ans après les indépendances, le Sénégal en est toujours réduit à exporter des matières premières et à importer des produits finis. Autrement dit, la division internationale du travail que décrivait l’économiste égyptien (mais Sénégalais d’adoption) Samir Amin est toujours plus qu’une réalité. Notre pays est donc devenu un immense souk où l’on trouve de tout pour le plus grand profit de commerçants importateurs qui ont le beau rôle. Il leur suffit de commander des conteneurs de bric et de broc, ou de produits alimentaires de qualité douteuse dédouanés au lance-pierre puis d’inonder les marchés. Et à eux les bénéfices colossaux !
Et si, plutôt que de combattre la CSS, nos commerçants essayaient de faire comme elle ?
Tant que ces commerçants du bazar importent des articles qui ne sont pas fabriqués localement, ça va. Le problème, on l’a vu, c’est quand ils mettent en péril nos rares unités industrielles. Parmi ces usines rescapées de la déferlante NPI, il y a justement la Compagnie sucrière sénégalaise (Css). Avec ses 7000 employés, ses vastes plantations de canne à sucre, ses dizaines de milliards de francs versés au Trésor public chaque année, la CSS est une de nos plus grosses entreprises, celle dont la seule présence a permis de développer — en tout cas de tirer — toute l’économie de la Vallée.
Et de faire du petit village qu’était Richard-Toll dans les années 60 une grand métropole industrielle. Certes, depuis sa création, et malgré l’augmentation régulière de ses investissement qui ont plus que décuplé et l’accroissement des superficies de canne à sucre, elle n’est pas parvenue à couvrir la totalité des besoins des consommateurs du pays. Ce qui fait qu’à certaines périodes de l’année, pour combler le gap entre la production et les besoins, des autorisations d’importation de sucre sont données sous la forme de DIPA. En principe, donc, ces autorisations ne doivent porter que sur ce seul différentiel mais voilà, on a vu ces dernières années autoriser des quantités telles que le marché a été inondé et que la CSS a été incapable d’écouler son sucre !
L’explication se trouve bien sûr dans les trafics fort lucratifs sur les DIPA. Ces derniers jours, on a entendu les commerçants importateurs hurler à propos d’une pénurie de sucre sur le marché national. Ce alors même que, comme nous l’avons révélé dans nos colonnes, il y avait 29.000 tonnes de cette denrée dans les entrepôts de la CSS !
En fait, les grossistes les plus balèzes s’approvisionnaient auprès de cette dernière et soit revendaient le produit auprès des industriels utilisant du sucre comme matière première — qui ne pouvaient pas importer du fait de la flambée des cours mondiaux — soit l’écoulaient dans les pays limitrophes. En empochant de très confortables marges !
Après quoi, ils avaient beau jeu d’accuser la CSS de tous les péchés de la terre et aussi de mettre la pression sur les autorités qui ont fini par capituler en suspendant (provisoirement ont-elles dit) la Taxe conjoncturelle sur l’importation ou Tci sur le sucre. Les autorités qui ont accepté de renoncer à 47 milliards de recettes — là où elles se glorifiaient dans le même temps d’avoir réussi à lever 55 milliards sur le marché régional, cherchez l’erreur ! — pour préserver le pouvoir d’achat des ménages. C’est certes une excellente chose de baisser les prix des denrées, à tout le moins de les maintenir en l’état comme l’ont expliqué en chœur les ministres des Finances et du Commerce, Abdoulaye Daouda Diallo et Aminata Assome Diatta, lors de leur conférence de presse commune, mais c’est peut-être encore mieux de donner du pouvoir d’achat. Ce qui passe évidemment par la création d’emplois et, donc, d’industries.
Le problème c’est que nos parents de l’Unacois, contrairement à la famille Mimran, en sont toujours depuis les années 90 à importer et à inonder notre pays de marchandises. Ils ont sans doute réalisé beaucoup de bénéfices, ont sans doute construit de grands immeubles, acheté de luxueuses voitures, sans doute aussi multiplié les mariages mais enfin, en matière de création d’emplois, on attend encore de voir ce qu’ils ont fait ! A notre connaissance, ils n’ont pas monté la plus petite fabrique. Supposons que dans ce vaste souk qu’est le Sénégal tout le monde vende, qui va acheter alors s’il n’y a plus de salariés ? Or, ce dont notre pays a besoin, c’est d’industries, ne serait-ce que de petites unités de conditionnement.
Au lieu de quoi, nos braves gens de l’Unacois en sont à vitupérer la CSS qui, elle au moins, a le mérite d’exister, d’avoir créé des milliers d’emplois, de payer ses impôts et de continuer à investir. Surtout, elle a eu le courage de remonter la chaîne depuis la plantation de canne jusqu’au produit fini. Bref, si on avait dix familles Mimran seulement dans ce pays, on serait déjà aux portes de cette émergence dont on nous parle tant et qui ressemblé hélas à un mirage !
LES LIONS ATTENDUS POUR CONFIRMER
Eliminatoires de la coupe du monde 2022 : Congo / Sénégal à 16 heures
Après avoir battu le Togo en match d’ouverture de la poule H (2-0), l'équipe nationale du Sénégal joue cet après-midi face au Congo-Brazzaville pour le compte de la deuxième journée des éliminatoires de la Coupe du Monde Qatar 2022. Face aux Diables rouges, les vice-champions d’Afrique seront attendus pour obtenir les trois points et récupérer la première place du groupe.
Pour la deuxième journée des éliminatoires de la Coupe du monde, Qatar 2022 zone CAF, le Sénégal affronte à 16 heures le Congo Brazzaville. Tombeurs du Togo en match d’ouverture de la poule H au stade Lat Dior de Thiès (2-0), les Lions seront attendus pour confirmer.
Au stade Alphonse Massamba Débat de Brazzaville, la bande à Sadio Mané aura la lourde tâche de déloger la Namibie leader de la poule après sa victoire devant le Togo (1-0) dimanche dernier. Malgré le contexte difficile, les coéquipiers de Kalidou Koulibaly seront déterminés à remporter cette partie. Même avec l’absence du milieu de terrain Cheikhou Kouyaté, le sélectionneur national dispose de joueurs capables de remplacer le pensionnaire de Crystal Palace.
Avec ses bonnes prestations en club, mais également lors du match contre le Togo mercredi dernier, Idrissa Gana Guèye aura un atout fort à jouer. Buteur face au Togo, Sadio Mané sera sûrement l’un des joueurs clés de l’effectif de Aliou Cissé à surveiller de très près par les Congolais. A domicile, les Diables Rouges joueront pleinement leur chance.
L'entraîneur Paul Put trouve que son équipe peut créer la surprise. «Le match va être difficile, parce que le Sénégal est l’une des meilleures sélections africaines. C’est une équipe qui joue depuis 4 ou 5 ans ensemble, alors que nous sommes en train de construire une vraie équipe pour bien assurer notre futur. Mais de toutes les façons, nous allons jouer avec le cœur en pensant à notre public. On va tout faire pour obtenir un bon résultat. Cela va être compliqué, mais nous ne devons pas avoir peur. Nous allons jouer sans complexe», a déclaré le technicien des Diables rouges. Comme lors de la première journée, les autorités de la Confédération Africaine de Football (Caf) ont décidé que la rencontre se joue à huis clos.
A noter que c’est le Nigérien Mohamed Ali Moussa qui sera au sifflet dans cette rencontre. Il sera assisté de trois de ses compatriotes : Abdoul Aziz Moctar Saley et Abdoul Aziz Yacouba comme juges de touche.
PROTECTION DES FEMMES CONTRE LES VIOLENCES DOMESTIQUES
Deux experts de la Banque mondiale évaluent les lois nationales
La loi est-elle efficace pour protéger les femmes contre les violences ? C’est à cette interrogation qu’Asif Islam, économiste principal et Augusto Lopez-Claros, Directeur exécutif du Forum sur la gouvernance mondiale, ont essayé de répondre. Ces derniers ont d’ailleurs estimé à environ 4 400 milliards de dollars le coût économique des sévices effectués contre les femmes dans les ménages.
La pandémie de COVID-19 a empiré la situation des femmes victimes de violences domestiques. A en croire deux experts de la Banque mondiale, les appels aux lignes d’assistance téléphonique pour les victimes ont augmenté. Asif Islam, économiste principal et Augusto Lopez-Claros, Directeur exécutif du Forum sur la gouvernance mondiale, estiment ainsi qu’il est difficile de mesurer le coût réel de ces violences conjugales, car elles ont des conséquences physiques et mentales qui peuvent subsister très longtemps. Pour autant, soulignent-ils, du point de vue purement économique, le coût de la violence domestique est estimé à environ 4 400 milliards de dollars, soit 5,2 % du PIB mondial, une somme colossale à tout point de vue. Et la hausse des appels de détresse a ainsi poussé ces experts à se demander si les lois sur la violence domestique peuvent protéger les femmes.
Selon Asif Islam et Augusto Lopez-Claros, il y a une relation entre la présence d’une législation sur les violences conjugales et le taux de mortalité des femmes. « Nos travaux montrent que la législation sur la violence domestique joue un rôle effectif. Selon notre hypothèse la plus prudente, ces lois sont associées à une diminution du ratio de mortalité des femmes par rapport aux hommes d’environ 2,27 % de sa valeur moyenne, ce qui se traduit par des centaines de milliers de vies de femmes sauvées », indiquent-ils dans leur étude publiée sur le site de la Banque mondiale. Non sans faire état de la difficulté à trouver des données sur les violences conjugales.
A les en croire, ces informations sont rarement collectées et lorsqu’elles le sont, elles sont fragilisées par le sous-signalement dont ces faits font l’objet. Par conséquent, disent-ils, dans le cadre de leur approche globale, ils ont opté pour des données sur la mortalité qui sont très largement documentées.
Ainsi, déclarent-ils, après avoir complété leurs résultats en analysant les données de l’OMS sur la violence domestique pour 73 pays, ils confirment la conclusion selon laquelle l’existence d’une législation pénalisant la violence domestique est corrélée à une baisse des violences conjugales. En définitive, ils affirment que les femmes représentent environ la moitié de la population mondiale. Et que les lois et les institutions qui améliorent le bien-être des femmes méritent d’être considérées avec une attention prioritaire. «Nos recherches indiquent que l’existence d’une législation sur les violences conjugales peut avoir sauvé de nombreuses vies, peut-être même des millions sur la période étudiée », renseignent-ils.
Il s’agit là d’un progrès remarquable en soi, et qui s’accompagne probablement de bénéfices économiques, laisse-t-il entendre. Bien entendu, ces experts soutiennent que la législation ne règle pas tout et elle doit être envisagée comme un effort parmi d’autres pour protéger les femmes. Au fil du temps, concluent-ils, les lois qui visent à dissuader les comportements nuisibles ou à renforcer des effets positifs contribuent à faire évoluer les normes sociales et, à ce titre, elles constituent un aspect important d’une stratégie globale pour sauver des vies.
INONDATIONS, AUGMENTATION DU PRIX DE CERTAINES DENRÉES, GRÈVES…
La Cnts/FC propose une rencontre entre le chef de l’etat et les organisations syndicales
De l’avis du secrétaire général de la Confédération nationale du Sénégal-Forces du changement (Cnts/Fc), la situation désastreuse que traversent les Sénégalais sur le plan économique, social, sanitaire, éducatif et environnemental est la résultante des conséquences engendrées par la pandémie de Covid-19. Anéanti par cette situation, Cheikh Diop demande au chef de l’Etat de rencontrer les organisations syndicales.
Face à la flambée des denrées de première nécessité, les organisations syndicales les plus représentatives doivent s’impliquer davantage. C’est l’avis du secrétaire général de la Cnts/Fc qui est sorti de son mutisme pour dénoncer la passivité des organisations syndicales face aux nombreux maux dont souffrent les populations. Selon Cheikh Diop, même si tous ces problèmes ont pour nom Covid-19, une meilleure implication des acteurs pourra atténuer la situation. «Les conséquences désastreuses de la pandémie de Covid-19 s’intensifient sur l’économie et le monde du travail au cours de cette troisième vague, plus virulente que les deux précédentes.
A cela, s’ajoutent les inondations qui alourdissent considérablement les difficultés des masses laboratoires», a déclaré le syndicaliste dans une note parvenue à «L’As». Cheikh Diop qui dresse un tableau sombre de la situation actuelle du pays. Une situation caractérisée par la pénurie et la flambée des prix des denrées de grande consommation telles que le riz, l’huile, le sucre, la viande, le poisson entre autres. Ce qui précarise davantage les travailleurs «qui, au même moment, subissent de multiples violations de leurs droits et libertés», aussi bien dans le secteur public comme privé.
En atteste la situation délétère à l’Aps, la Rts, ainsi que dans les mines d’or de Kédougou et de Maka, Fortezza, Twyford, aux grands moulins, à Eiffage marine etc. Dans le domaine de l’éducation, le leader de la Cnts/Fc se désole du blocage du monitoring des accords. Pour ce qui est de la santé, il s’indigne des grèves et protestations qui s’annoncent tous azimuts pour réclamer des droits, de meilleures conditions de travail et le respect des engagements. A cela, s’ajoute l’épineuse question du passif autour de la problématique du système de rémunération des agents de la fonction publique qui est reléguée aux calendes grecques ».
Préoccupée par les effets désastreux de ces perturbations sur le climat social et la vie des travailleurs ainsi que des mesures préventives et urgentes qui devraient accompagner cette situation, la Cnts/Fc demande au Président Macky Sall de rencontrer les organisations syndicales et d’engager son gouvernement à ouvrir des négociations sérieuses dans tous les secteurs conflictuels. En outre, Cheikh Diop et Cie déplorent la non-implication des organisations syndicales les plus représentatives comme membres à part entière dans les travaux du Conseil national de la consommation. Aussi, condamnent-ils l’attitude passive du gouvernement face aux spéculations des importateurs et distributeurs de produits alimentaires, seuls responsables, selon eux, de ces pénuries artificielles ou avérées de certaines denrées vitales.
Cela dit, Cheikh Diop invite les membres de sa centrale syndicale à élargir la réflexion auprès de toutes les organisations syndicales professionnelles, et centrales syndicales sans exclusive, dans une perspective d’unité d’actions, de protestation et de lutte contre l’inflation galopante des prix des denrées de première nécessité et les multiples violations des droits et libertés syndicaux, ainsi que pour le retour du monitoring des accords dans les secteurs en crise et l’instauration d’un dialogue social porteur de progrès.