L'analyste politique René Lake, revient au micro de VOA, sur le départ américain d'Afghanistan et ce que cela augure pour les relations entre l'administration Biden et les talibans à l'heure où la menace de l'État islamique reste prégnante
L'analyste politique René Lake, revient au micro de VOA, sur le départ américain d'Afghanistan et ce que cela augure pour les relations entre l'administration Biden et les talibans à l'heure où la menace de l'État islamique reste prégnante.
LE PDS S'ÉCARTE DU FRONT DE L'OPPOSITION EN GESTATION
Le parti constate plusieurs jeux dans l’ombre ainsi que des détours et subterfuges inutiles qui plombent toute initiative de cette nature - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du PDS daté du 1er septembre 2021 relatif à l’initiative de création d’une coalition de l’opposition en perspective des locales.
« Le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) s’étonne de la circulation d’une charte pour la création d’une coalition sous la mention ‘’ont signé le PDS, Taxawu Senegaal, Pastef et le PUR.’’
Le PDS informe n’avoir signé aucun document à ce propos.
Sans en être informé officiellement, le PDS a appris qu’une cérémonie de signature est prévue ce jeudi 02 septembre 2021, alors que jusque là des points de désaccords signalés par plusieurs partis subsistent et n’ont pas été résolus.
Le PDS constate plusieurs jeux dans l’ombre ainsi que des détours et subterfuges inutiles qui plombent toute initiative de cette nature. »
VIDEO
LE PETIT POUCET AUX GRANDES AMBITIONS
Après avoir eu des collaborations avec quelques grands noms de la musique africaine et sénégalaise en particulier, le jeune artiste de la nouvelle scène émergente Sym Sam rêve de se hisser aux côtés des icônes de la trempe de la diva béninoise Angélique
Diplômé en génie civil et directeur artistique dans le marketing sonore, Sym Sam fait partie de la jeune génération montante de la musique au Sénégal. Depuis quelques temps il prend ses marques et s’illustre de plus en plus dans la scène live de Dakar. Dans cette interview avec AfricaGlobe Tv (voir vidéo), l'artiste se dévoile sans détour.
Après avoir eu des collaborations avec quelques grands noms de la musique africaine et sénégalaise en particulier, le jeune artiste de la nouvelle scène émergente Sym Sam rêve de se hisser aux côtés des icônes de la trempe de la diva béninoise Angélique Kidjo. Ambition ou prétention, le temps le dira.
Spécialiste de musique highlife (style de musique africain apparu dans les années 1900 à Accra) et d’Afro fusion (musique africaine mixa avec du jazz ou du classique), Sym Sam doit forcer les portes pour pouvoir passer notamment dans les médias puisque son style musique reste à être découvert.
En revanche alors que lui prône une musique qui met en avant les valeurs, la pudeur et la sobriété dans le divertissement il se désole de savoir que le voyeurisme, l’obscénité ont le vent en poupe dans la société. Lui est sur le thème de la paix, la coexistence pacifique et le respect et l’amour dans son sens le plus noble.
En côtoyant quelques manitous de musiques africaine le jeune artiste dit avoir ouvert les yeux sur certains aspects du showbiz comme la manière dont ceux-ci organisent, la manière de signer des contacts pour ne pas se faire gruger par des partenaires. Voir l'interview.
HAUSSE DES PRIX, LE GOUVERNEMENT TENTE DE DÉSAMORCER LA CRISE
Confrontée à une hausse des prix des produits de base, la ministre du Commerce, Aminata Assome Diatta, a convoqué les professionnels du secteur. Suffisant pour apaiser des tensions grandissantes ?
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 01/09/2021
Flambée des prix des produits de première nécessité. Pénurie de sucre. Et une population exaspérée de voir le coût de la vie augmenter sans que le pouvoir d’achat n’en fasse autant.
Ce mardi 31 août, la ministre du Commerce, Aminata Assome Diatta, avait provoqué une réunion du Conseil national de la consommation. L’occasion pour le gouvernement de s’expliquer sur la hausse de prix et de rencontrer les acteurs du secteur (administration, douanes, impôts, associations de consommateurs, commerçants et industriels). Mais aussi de désamorcer une situation potentiellement explosive.
Après les émeutes du mois de mars dernier qui avaient mêlé, au moment de l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, revendications politiques et économiques, après aussi une série d’inondations qui avaient déclenché la colère des Sénégalais, c’est cette fois la flambée des prix qui a suscité leur mécontentement. Sur les réseaux sociaux, les hashtags #DundBiJaffeNa (« la vie est chère »), #Sonounaniou (« nous sommes fatigués ») et #Meunatouniou (« nous n’en pouvons plus ») ont fleuri pour dire cette exaspération.
Hasard du calendrier ? Le Conseil national de la consommation, qui ne s’était pas tenu depuis deux ans, a donc été réuni par Aminata Assome Diatta le 31 août. « Nous n’avions pas suffisamment de raisons de le convoquer plus tôt, affirme toutefois le directeur du Commerce intérieur, Oumar Diallo. Nous avions bien senti des tensions sur certains produits, comme l’huile ou le blé, mais il nous fallait observer cette inflation sur une période assez longue. »
La vie ne lui a pas fait de cadeau, mais Mamadou Thioub s’est fabriqué un destin honorable. De l’école coranique à sa carrière d’enseignant, il s’est battu corps et âme pour ne point compromettre sa dignité malgré le sort qui l’a privé d’une jambe
Boofo ou l’infirme en pulaar ! C’est ainsi que tout le monde l’appelle dans son royaume d’enfance et de conscience. Mamadou Thioub, qui a vu le jour à Matam en 1975, a très tôt perdu l’usage d’une jambe après une piqûre intraveineuse. Une épreuve qui a forgé son mental. Ses parents, secoués, ne l’ont toutefois pas abandonné à son sort. Ils l’envoient à l’école coranique à l’âge de cinq ans, supportant les quolibets et les regards de commisération ; et de mépris aussi. « Je suis handicapé, mais je ne me plains pas », confie-t-il, comme pour répondre à tous ceux qui le toisent.
À force d’abnégation, Mamadou Thioub est parvenu à mémoriser le Coran chez Thierno Demba Sall, commençant à dispenser des cours aux petits apprenants. En 1991, son oncle le confie au célèbre marabout Thierno Samassa de Matam pour parachever sa formation. Il s’initie à d’autres disciplines comme la jurisprudence islamique, l’exégèse coranique… Il y obtient le grade de « Alpha » en 2005. Sa soif de connaissances le pousse à aller à Dakar pour parfaire ses connaissances en langue arabe malgré son handicap. « Boofo » continue de gravir les échelons en décrochant le Brevet de fin d’études moyennes en arabe. Ce sésame obtenu, il se présente et réussit à un concours d’enseignement. « C’est à Agnam Thiodaye, dans le département de Matam, que j’ai été affecté. Cependant, ma mère ne voulait pas que j’y aille à cause de mon handicap parce que, estimait-elle, je n’aurais personne pour m’aider », se souvient le persévérant bonhomme.
« J’ai vaincu le mythe du handicap »
Mais c’était peine perdue car il était prêt à montrer à la face du monde qu’un handicapé peut réussir dans la vie sans quémander. Pendant 11 ans, il se charge de dispenser des cours en arabe à l’école élémentaire de ce village. « Je salue le professionnalisme et la bienveillance de mes collègues qui ont été sensibles à sa mon état. Je faisais 28 heures de cours par semaine et chaque classe avait un effectif de plus de 60 élèves. Pour le soulager, ils lui ont conseillé de réduire les heures », renseigne celui qui enseigne depuis 2017 à Wouro Abdoulaye Sow, une localité située entre Ourossougui et Matam. Son tricycle étant en panne, le « besogneux » enseignant souffre le martyre car ses béquilles ne font pas l’affaire.
Cet aléa ne le contrarie pas outre mesure. Ses frères, qui ne sont pas fauchés, voulaient le prendre en charge pour qu’il reste auprès des siens. Cependant, il n’a jamais accepté d’être un « parasite, sans aucune utilité pour la société ». Mamadou veut vaincre le poids du handicap qui pèse sur bon nombre d’infortunés. « J’ai construit mon appartement sans l’aide de personne ».
« Mes enfants m’appellent Boofo »
Il est en train de construire une nouvelle maison à la sortie de Matam pour un budget de 12 millions de FCfa. « Je peux dire que j’ai vaincu le mythe du handicap », soutient-il, fier de sa trajectoire. C’est pourquoi, les regards étonnés et effrontés ne l’incommodent plus. Ils ne le mettent pas non plus hors de lui. « Même mes enfants m’appellent boofo», confie-t-il, non sans se marrer.
« Ma première fiancée m’a laissé tomber parce que, selon ses parents, un handicapé ne peut pas prendre soin d’une femme », dit-il, le visage durci. Aujourd’hui, Boofo est heureux à côté de sa charmante Diyé Diaw, une native de Matam, étoile d’une vie tumultueuse. « J’ai entendu toutes sortes de méchancetés, mais j’ai préféré me concentrer sur l’essentiel : notre famille et l’amour que je lui porte et qu’il me rend bien », se rappelle la « prunelle » des yeux de « Boofo ». Avec ce dernier, ils ont ensemble surmonté beaucoup d’obstacles avant d’entrevoir les lueurs d’espoir avec surtout de magnifiques enfants. L’aîné passera, l’année prochaine, le Brevet de fin d’études élémentaires. Son souhait est de voir tous les handicapés regroupés dans une association pour faire valoir leurs droits. « J’exhorte tous les parents à envoyer leurs fils handicapés à l’école parce qu’ils ont leur place dans la société ». Sa trajectoire en est une touchante illustration.
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
ABC, LE MAGNIFIQUE SECOND
EXCLUSIF SENEPLUS - Son intelligence, sa culture crépitaient de mille feux, ne laissant que des miettes à ses compagnons de parti. Le champ politique était un milieu où son tempérament de franchise ne pouvait éclore. C’est comme cela qu’il fût terrassé
J’ai connu des seconds magnifiques. Tenez Merlene Ottey, la coureuse jamaïcaine de 200 mètres, celle qui arrivait invariablement derrière Marie-José Pérec, la championne française. Marlène, comme nous l’appelions familièrement, attirait tous les regards avec sa médaille d’argent. Marie-Joe, bardée de son or clinquant, était désespérément triste et semblait seule sur le podium. Cette image était juste incroyable : une première triste et une seconde joyeuse. Quelqu’un qui n’aurait pas suivi la course, et prendrait le train en marche en ce moment là, penserait que Marlène a remporté la course, tant elle illuminait le monde de par sa grâce, de par son sourire. Marlène était magnifique. Tout le monde l’aimait.
Pourtant, bien souvent le second est malheureux, plus malheureux en tout cas que le troisième. La raison en est que le troisième sait que la première place ne lui était pas accessible et donc, il est content d’être là sur le podium, tandis que le deuxième est souvent frustré d’avoir raté la première place. Il lui a souvent manqué un chouia pour être devant. Mais avec Marlène, tout est différent.
Il y avait en elle une telle acceptation de la seconde place, parce qu’au préalable elle avait donné le meilleur d’elle même. Qu’est-ce qu’elle était belle dans l’effort Marlène Ottey.
J’ai connu d’autres seconds qui se sont rebellés un temps avant de rentrer dans le rang. Tenez, ce fut le cas de Valery Bottas le pilote de Formule 1 de Mercedes. Il avait compris, non sans avoir lutté pendant quelques saisons qu’il n’égalerait jamais Sir Lewis Hamilton le septuple champion du monde de Formule 1. Quand Sir Lewis brillait au firmament tel le Roi-Soleil, Bottas palissait telle une lune perdant de son éclat quand le soleil apparaissait. Comme Léopold Ier* qui voulait gagner sa victoire contre la mort, Bottas n’a pas été le plus fort. On pourra toutefois l’affubler du titre de second récalcitrant, tant sa résistance fut méritoire.
J’ai connu d’autres qui n’ont pas voulu de seconds, ayant peur d’affronter des Merlene Ottey. Qu’ont-ils fait ? Ils ont parfois créé des directoires pour ne pas avoir de second ou tout simplement supprimé le poste de second. Dans un cas comme dans l‘autre, la situation a engendré de facto une foule de prétendants aspirant à être des seconds.
En supprimant le poste de Premier ministre, perçu comme son second, le président Macky Sall contentait tout le monde. Il rebattait les cartes et créait ainsi une forte émulation dans son camp où, chacun se bousculait pour une place de second. Incidemment il en tirait profit lui même. Il n’avait plus à pâtir de la présence d’un second qui pourrait se révéler être un magnifique second et qui l’éclipserait. Ne l’avait-il pas dit d’ailleurs inconsciemment ? « Si je dis que je ne suis pas candidat, ils (entendez mes collaborateurs) ne travailleront pas (entendez ils travailleront pour eux-mêmes) » et dans ce cas le risque de marginaliser le président deviendrait important. Comme Marlène, ils risqueraient d’être l’argent qui surpasse l’or. Le président n’aimerait pas un tel podium.
Tenez, ABC fut un second magnifique, l’argent qui surpassait l’or, celui qui éclipsait ceux qui étaient autour de lui, de par sa prestance, de par sa façon d’être. Son intelligence, sa culture crépitaient de mille feux, ne laissant que des miettes à ses compagnons de parti. Était-il quelque part, on ne voyait que lui, on n’écoutait que lui. ABC détonait dans ce milieu politique. C’était un milieu où son tempérament profond d’humaniste et de franchise ne pouvait éclore. C’était, pour paraphraser le poète Henri Michaux, un intellectuel qui avait été jeté dans l’arène politique et qui n’a pas essayé pas de lutter, mais de comprendre l’arène. C’est comme cela qu’il fut terrassé. Il avait, fait rare sous notre République, conservé cette liberté fondamentale, celle de tenir tête à tout ce qui contredisait ses convictions fondamentales. Voilà un homme de loi qui avait compris que l’éthique était au-dessus des lois sur le long terme. Oui les lois vont et viennent, l’éthique demeure...Ce fut sa force. Cela lui valu des amitiés de tous bords. Dans son rôle de médiateur, il avait bien compris que si parfois il était obligé de se taire, - il le fit rarement - il n’était pas obligé de dire « oui » à tout, en atteste sa position sans équivoque sur le troisième mandat qu’il avait balayé d’un revers de la main. Il dit avec gravité et fermeté que le président n’avait pas droit à un troisième mandat. Rien ne lui arriva contrairement à d’autres qui s’y étaient déjà essayés. Ceux-là furent défenestrés sans autre forme de procès. Rien de tel ne lui arriva parce que tout lui était déjà arrivé et parce que surtout, on lui reconnaissait cette liberté d’esprit. Encalminé dans un poste de médiateur, privé de tout moyen comme il eût à le dire lui-même, il exerça avec brio sa liberté, agissant sans entraves et construisant le commun quand il le pouvait.
Avec lui, assurément, le syndrome Merlene Ottey guettait le président Sall. De leur vieille amitié, tant vantée en ce jour de sa disparition que dire ? Elle avait disparu quand le président de l’APR est devenu le président de la République. Chateaubriand avait définitivement raison : « L’amitié disparaît quand celui qui est aimé tombe dans le malheur, ou quand celui qui aime devient puissant ». Et n’est pas puissant celui que l’on croit. Oui, ABC était de la trempe des magnifiques seconds.
Dr Tidiane Sow est Coach en Communication politique
À MÉDINA BAFFÉ, L'ORPAILLAGE PÂLIT L'HÉRITAGE CULTUREL
Autrefois, les festivités et évènements culturels faisaient florès dans le village. Aujourd’hui, cette localité est l’ombre d’une périphérie où la culture est délaissée par les jeunes tournés vers les activités de l’orpaillage, à la quête d’un mieux-être
Autrefois, les festivités et évènements culturels faisaient florès dans le village de Medina Baffé. Aujourd’hui, cette localité qui est devenue une commune en 2014, n’est que l’ombre d’une périphérie où la culture est délaissée par la jeune génération tournée plutôt vers les activités de l’orpaillage, à la quête d’un mieux-être. La culture survit difficilement à cette ruée vers les sites d’orpaillage qui ont fini de gagner toutes les localités du département de Saraya, n’épargnant pas la contrée de Médina Baffé. La relève culturelle est loin d’être bien assurée dans cette commune habitée uniquement par les Djallonkés qui font partie des minorités ethniques de la région de Kédougou.
Avec ses 15.000 habitants, Médina Baffé, commune située dans le département de Saraya, à 98 kilomètres de Kédougou, est presqu’à la périphérie du Sénégal. La Guinée est à une quinzaine de kilomètres de là. À certains endroits, bien moins. Le Mali aussi est tout près. Cette commune frontalière est habitée entièrement par les Djallonkés, une ethnie à la culture très riche. Mais aujourd’hui, la réalité sur le terrain prouve toute autre chose. Ici, la culture meurt à petit feu, faute de relève de la part des jeunes générations plutôt orientées vers la recherche de l’or, à travers les sites d’orpaillage qui abondent dans la zone. « Auparavant, la culture se portait très bien ici. Mais de nos jours, nous avons un énorme problème car les gens n’accordent plus du temps à la culture. La première cause, je trouve que c’est la recherche de l’or. Les gens passent tout leur temps aux « diouras » (sites d’orpaillage). Avant, quand on était plus jeunes, il y avait beaucoup d’événements et de veillées culturels surtout à la fin de la saison des pluies », se rappelle Sadio Danfakha, maire de la commune de Medina Baffé. Il se souvient également de la ferveur culturelle qui s’emparait de la localité lors des cérémonies de circoncision. Toutes choses qui ont tendance à disparaître, regrette-t-il. « Mais imaginez-vous, il y a juste une semaine, il y a eu la circoncision d’un grand nombre d’enfants mais il n’y a eu aucun cérémonial culturel. On ne pouvait pas imaginer cela dans un passé récent. C’est vrai qu’il y a aussi l’école qui a créé une fissure dans la promotion de la culture. Il n’y a pas eu un transfert de connaissances chez les jeunes. Mais il faut dire aussi que les jeunes ne semblent pas s’intéresser non plus à la culture », renchérit le maire de la commune.
Si Médina Baffé peut espérer compter sur les initiatives entreprises par l’association des minorités ethniques de la région avec qui la communauté a noué un partenariat pour mieux préserver la culture Djallonké, il reste évident qu’il y a du chemin à parcourir pour y parvenir. « Car présentement, il n’y a aucun évènement culturel qui se déroule dans le village », souligne Saibo Danfakha.
Souleymane Samoura, la quarantaine, était un grand danseur lors des évènements culturels. Il est, aujourd’hui, le président du conseil communal de la jeunesse de Médina Baffé. Il se rappelle les années glorieuses culturelles auxquelles ils prenaient part lui et ses camarades de classe d’âge. Seulement, « de nos jours, pour la préservation de la culture, c’est compliqué car il y a un abandon notoire de notre héritage culturel dans la localité, à cause de l’orpaillage principalement. Mais aussi du fait d’un manque d’unité, d’esprit de collectivisme. On se rassemblait et l’on organisait des évènements culturels très denses. Il y avait une parfaite unité entre les jeunes et le respect de l’aîné. Les choses ont changé maintenant », se désole-t-il. Avant de poursuivre : « j’ai vécu ces moments d’intenses évènements culturels, ça me manque énormément aujourd’hui. On assurait, en tant que jeunes, les danses à travers les masques, on battait les tam-tams durant une semaine. Il y avait un mysticisme extraordinaire lors des veillées culturelles ». Il arrivait même à Souleymane Samoura et ses camarades d’aller exprimer leur talent de danseur au-delà des frontières de Médina Baffé et même du Sénégal. « Je me rendais dans les villages environnants jusqu’en Guinée même pour danser. J’ai participé à énormément d’évènements culturels. Nous dansions de la nuit au petit matin. Les évènements culturels se préparaient pendant des mois en amont. C’était des moments très denses. Il n’y a pas eu, hélas, cette transmission culturelle aussi. La jeunesse d’aujourd’hui ne connait pas ces moments forts. Tout ça c’est du passé aujourd’hui », dit-il non sans amertume.
Cependant, certains villages de la commune à la lisière de la frontière avec la Guinée, sont épargnés par l’orpaillage. « Là-bas, il y a toujours des pratiques culturelles très vivaces. Aujourd’hui, ce sont d’ailleurs ces villages qui viennent assurer certains rares événements culturels ici à Médina Baffé. On est obligé même de les payer pour leur prestation. Alors que notre Médina Baffé était très ancré dans la culture et organisait des évènements culturels très courus. Je me rappelle qu’à la veille de la circoncision, par exemple, seules les personnes âgées assistaient aux veillées culturelles. C’était risqué pour nous autres d’y prendre part. C’était très mystique », soutient Souleymane, un trémolo dans la voix qui en dit long sur la nostalgie qu’il éprouve très certainement quant à la disparition de ces moments de retrouvailles culturelles.
L’esprit «« khoobédi » et le redoutable masque « wolondin kindindé »
Ces masques sortaient lors des cérémonies de circoncision sous la protection de l’esprit « khoobédi ». Il restait en dehors du village deux jours avant la circoncision. Le deuxième jour qui coïncide au jeudi, il vient à la place publique. « La journée, des danseurs sillonnent le village et les maisons pour faire des quêtes. La nuit, la danse se poursuit jusqu’au petit matin du vendredi et l’on circoncit les jeunes. À l’aube du vendredi, un masque qui s’appelle « wolondin kindindé » fait son apparition. Quand il apparaît, tout le monde reste dans les cases. Personne ne doit le voir sauf les circoncis. Il fait le tour du village. C’est à la fin que les gens sortent de leur cachette », explique le vieux Saibo Camara, notable et ancien danseur redoutable Djallonké.
Makhan Camara, notable coutumier de Médina Baffé se rappelle, lui aussi, ces moments culturels que vivait le village. Le matin, les parents, hommes et femmes sortent danser pour manifester leur satisfaction. Ils apportent aux circoncis des cadeaux. Après quelques semaines, les circoncis reviennent au village et l’on organise des pratiques culturelles secrètes qui vont même jusqu’à définir l’avenir des circoncis. Ils portent leurs nouveaux habits et ils vont remercier tous ceux qui les ont accompagnés dans l’épreuve qu’ils ont subie. « Les jeunes étaient regroupés par classe d’âge, notamment ceux qui ont été circoncis ensemble. Ces groupes s’organisaient pour nettoyer tout le village et les alentours. Les filles étaient chargées de préparer les repas. C’était des évènements qui se tenaient sur trois jours. Chaque groupe avait un chef à qui chacun vouait un respect strict. Le dernier jour, la nuit, on danse jusqu’à l’aube. Il y avait un esprit de solidarité. C’était vraiment le collectivisme », indique-il.
Alpha Samoura, un jeune du village, se souvient, lui aussi, des activités qu’ils menaient pour le compte de la communauté. « Il arrivait, parfois, que les jeunes du village se lèvent et organisent des veillées culturelles et des travaux champêtres avec l‘appui des chefs coutumiers. Ils organisaient, par la suite, la nuit tombée, des danses pour manifester leur totale réjouissance », confie-t-il.
Mais aujourd’hui, Médina Baffé semble avoir perdu cette splendeur culturelle. « Tout ce qui se passait avant, n’existe plus maintenant. Les veillées culturelles nocturnes ont été remplacées par les soirées dansantes. Il y aussi l’association des minorités ethniques qui organise des évènements culturels auxquels nous prenons part. Pour préserver de telles choses, il faut un transfert culturel. Mais le problème c’est que les jeunes ne s’en occupent plus. Ils ont délaissé la culture au profit de la recherche de richesses. Les « diouras » (sites d’orpaillage) ont largement contribué à ce délaissement », renseigne le notable et chef coutumier Makhan Camara. Tout au plus, « les gens cherchent à s’enrichir et n’ont plus le temps. Il y a même un abandon de l’agriculture. L’école aussi a joué un rôle négatif sur la culture locale avec un certain complexe nourri par les jeunes », dit-il, peiné.
Difficile ancrage culturel des filles
Les femmes de Médina Baffé tentent vaille que vaille de maintenir le flambeau légué par leurs ainées. « Aujourd’hui, seules les femmes continuent un peu à organiser des veillées culturelles de danse », de l’avis du notable Makhan Camara. Ainsi, Simiti Keita, responsable coutumière de Médina Baffé, fait partie de ses dames qui contribuent à la préservation de la culture djallonké dans sa localité. « Nous continuons à pratiquer la culture. Nous avons grandi avec, vécu avec depuis l’enfance. Nous ne pourrions délaisser notre culture. Surtout à notre âge. Nous ne pouvons que consolider cela. Mais les jeunes filles ne sont aujourd’hui préoccupées que par les soirées dansantes après l’école. Si une veillée culturelle que nous organisons arrivait à coïncider avec une soirée dansante, le choix est vite fait par les filles : c’est la soirée dansante », admet-elle. « D’ailleurs de nos jours, les filles ne savent ni danser ni chanter », ajoute Simiti Keita avec un large sourire. Quant au rôle des femmes lors des cérémonies de circoncision, Simiti indique qu’elles se préparaient et accompagnaient la danse des masques avec des chansons. Seulement, « aujourd’hui, avec l’abandon de l’excision et des animations culturelles lors des circoncisions, beaucoup de choses disparaissent. Lors des mariages, il y a des danses appelées « Koumbana » que seules les femmes pratiquent. Et ici, à Médina Baffé, il n’y a plus de batteurs de tam-tam. Même si l’on voulait organiser cette danse, ce sera voué à l’échec. À moins qu’on aille chercher les batteurs dans les villages environnants », soutient-elle.
Pour un débriefing du premier tour de l’Afrobasket 2021, on ne pouvait trouver mieux que Malick Daho, consultant à Canal+. Présent à Kigali, cet expert de la «balle orange» décortique pour «Le Quotidien», les trois matchs de poule des Lions.
Match contre l’Ouganda
«Le Sénégal est entré correctement dans la compétition. Il s’est assis sur une très bonne défense à l’intérieur et puis Gorgui Dieng qui avait l’adresse à l’extérieur s’est offert de très bons tirs à trois points. J’avoue que sur la deuxième mi-temps, le Sénégal a plus ou moins géré. Mais lors de la première mi-temps, il fallait plutôt hausser le ton. Ce qu’ils ont très bien fait en défense, en plus du jeu rapide avec le jeune Brancou (Badio) qui score et fait scorer. Il y a une constante tout au long des trois matchs d’ailleurs. Il y a une belle relation intérieur-extérieur. Ce qu’on voyait de moins en moins dans le basket. Parfois, c’est Gorgui qui vient en haut qui va faire un écran pour Youssou (Ndoye) ou vice versa. Ou les autres qui entrent. Et puis, ça aussi, c’est quelque chose qu’on a remarqué.»
Contre le Sud Soudan
«Pour moi, ça devait être un vrai test. On a une équipe du Sud Soudan qui a des joueurs adroits aux tirs, enthousiastes. Ils courent, ils shootent. Ils ont embêté le Sénégal. Mais le Sénégal a été un rouleau compresseur sur ce match. Ils ont pris 20 minutes pour calmer leurs adversaires et après, ils ont déroulé. Mais encore une fois, tout part de leur défense. Les Sénégalais ont une très bonne défense et ils assurent les rebonds. Les gens disent que la taille n’est pas utile au basket, c’est faux. Si on sait l’utiliser, c’est très utile. Le Sénégal a quatre intérieurs. Même quand ils décident de jouer en «Small ball» (petite taille), les intérieurs qui sont sur le parquet, ce sont des gens qui sont à 2 mètres ou plus. Ça aide et le Sénégal prend des rebonds, derrière la relance, ça va très vite avec Brancou, les deux jeunes de l’As Douanes (Cheikh Bamba Diallo et Pape Mamadou Faye). En plus, de tout temps, le Sénégal a été une équipe qui joue à l’extérieur. Et quand on tombe sur une équipe adroite à l’extérieur avec des grands qui sont bons, cela explique un peu la victoire contre le Sud Soudan.»
Contre le Cameroun
«Avec les problèmes qu’a connus le Cameroun dans cette compétition, ça n’a pas été facile pour eux. Mais même sans cela, il aurait été difficile de battre le Sénégal qui est quand même resté professionnel. Et c’est cela que j’ai aimé chez Boniface (Ndong). Ils sont restés concentrés pour faire un bon match et l’ont gagné de la meilleure des façons. Ils auraient pu encore faire 100 points s’ils le voulaient, mais quand c’est comme ça, il faut aussi donner du temps de jeu aux autres, il faut concerner tout le groupe. De l’extérieur, c’est ce que j’ai compris. Boni a ouvert son banc pour donner du temps de jeu à ceux qui n’en ont pas beaucoup pour les impliquer parce qu’un groupe, c’est cela aussi.»
Quart de finale contre l’Angola
«Le Sénégal doit éviter de regarder un peu l’Angola de haut. Mais on peut compter sur Boni pour garder tout le monde concentré. Maurice Ndour qui a de l’expérience, Gorgui, Youssou Ndoye, je pense qu’ils ne vont pas s’amuser à regarder l’Angola de haut. C’est une sorte de résurrection. Ils étaient au bord du précipice, ils n’y sont pas tombés et là ils reviennent comme une équipe qui n’a plus rien à perdre. Et parfois, des équipes comme ça, il suffit qu’ils retrouvent un peu d’adresse (comme contre l’Egypte), ça peut être dangereux. On va dire le premier quart-temps pour le Sénégal sera d’imposer sa façon de jouer.».
Parfum de revanche pour les Lions
«En effet, non seulement ça peut être une revanche, mais connaissant un peu la presse sénégalaise, elle ne cesse de rappeler que cela fait 24 ans que les gars n’ont plus gagné. Et les joueurs sont conscients de cela. Il y a la revanche, mais le Sénégal ne vient pas pour être deuxième ou troisième. Il y a eu beaucoup d’investissements à tous les niveaux pour que toute l’équipe soit ce qu’elle est, et c’est la plus complète dans tous ses compartiments. Elle ne vient pas pour autre chose que la médaille d’Or.»
Correctifs et impairs
«Je crois que c’est au niveau de la communication en défense. Parfois sur des «Pick and roll», ils ont du mal à communiquer, à s’adapter. Bien qu’ils soient adroits, il y a pas mal de shoots précipités. Une meilleure sélection de shoots serait mieux. Mais ce sont plus des ajustements à faire que des défauts. Parfois même, ils se font avoir sur des rebonds offensifs parce qu’il n’y a pas eu de communication.»