NDIAKHATE, L’USINE DE RECYCLAGE DE BATTERIES AU PLOMB DANS LE VISEUR DES AUTORITÉS
Lors d’une rencontre de restitution, jeudi, Oumar Diallo, coordinateur des programmes et du plaidoyer au CRADESC, a souligné l’urgence de la situation et insisté sur la responsabilité de l’État dans ce dossier.
Le combat contre l'usine de recyclage de plomb Ganesha à Ndiakhate, dans la commune de Pout (Thiès), est loin d’être terminé. Depuis son installation, l’usine a causé de graves préjudices à l’environnement et à la santé des populations locales, selon les témoignages des habitants. Jeudi 5 décembre, lors d’une rencontre de restitution à Pout, Oumar Diallo, coordinateur des programmes et du plaidoyer au Centre de recherche et d’action pour les droits économiques, sociaux et culturels (CRADESC), a insisté sur l’importance de la responsabilité de l’État dans cette affaire, soulignant que l’urgence de la situation impose des actions immédiates.
Depuis plusieurs mois, le collectif des agriculteurs de Diender et de Pout, soutenu par le CRADESC, se bat pour la délocalisation ou la fermeture de l’usine. Ils ont rencontré le ministre de l’Environnement, Daouda Ngom, qui a fait des promesses importantes, notamment celle de se rendre sur place pour évaluer la situation. Les populations de Ndiakhate et des environs souffrent de nombreux maux. Selon Diallo, l’exploitation du plomb a des conséquences graves sur la santé publique, particulièrement pour les enfants, les femmes et les animaux, affectés par des maladies pulmonaires et d'autres pathologies graves. « Le plomb a des effets meurtriers, et l'État a l’obligation d’agir pour protéger ses citoyens », a-t-il affirmé.
Les habitants de Ndiakhate et des villages voisins dénoncent la dégradation de leurs conditions de vie. Des maladies rares, telles que des cas fréquents d'avortements spontanés et de tuberculose, se multiplient. Les enfants sont particulièrement vulnérables, avec une augmentation des maladies respiratoires et des cancers. L’environnement agricole, « traditionnellement florissant dans cette zone, est désormais gravement touché », selon Ibrahima Ngom, chargé de recherche en contentieux et justiciabilité au CRADESC.
Depuis 2019, la production agricole a chuté, et les élevages, en particulier ceux de volailles, souffrent des effets de la pollution. Mouhamadou Mansour Ciss, membre du collectif pour la fermeture de l’usine de recyclage de batteries, détaille les impacts environnementaux, précisant que les poulaillers « ne survivent pas plus de 20 jours en raison de la contamination par le plomb ».
Malgré ces constats alarmants, les autorités sénégalaises, à travers le ministère de l’Environnement, ont pris des mesures, mais la situation reste insatisfaisante pour les populations locales. Une mission d’évaluation avait initialement suspendu l’activité de l’usine, mais une autorisation de trois mois avait ensuite été accordée, permettant à l'usine de poursuivre ses activités. Mamadou Salif Sané, enseignant-chercheur et chargé de programme au CRADESC, dénonce les irrégularités dans l’autorisation donnée à l’usine, qui « n’a pas respecté les normes environnementales de base ». Il rappelle que l’usine est implantée à seulement quelques mètres des habitations et cours d’eau ce qui constitue un danger pour l’écosystème local, notamment pour l’agriculture et la biodiversité.
Les défenseurs de la cause des populations de Ndiakhaté continuent de lutter, avec l'espoir que l'engagement pris par le ministre lors de leur rencontre d’octobre dernier soit tenu. Le ministre avait promis de visiter le site et d'entendre les plaintes des habitants. Selon Mouhamadou Mansour Ciss, cette rencontre avec le ministre à Dakar a marqué un tournant, car il n’avait pas été facile d’obtenir une audience avec les autorités sous l’ancien régime. Le ministre s’est engagé à prendre des « mesures concrètes » après son inspection, bien que l'attente des populations soit désormais longue.
Le CRADESC, dans sa stratégie de plaidoyer, continue de sensibiliser l’opinion publique et les autorités pour accélérer la prise de décision. « Les journalistes jouent un rôle essentiel dans ce combat », a insisté Oumar Diallo. L'objectif est de maintenir la pression, de relayer l'information et de faire en sorte que cette situation ne se répète pas ailleurs au Sénégal. « Nous avons bon espoir que la souffrance des populations sera entendue et que des solutions seront mises en œuvre rapidement », conclut-il.
UNE MALADIE MYSTÉRIEUSE FAIT DES DIZAINES DE MORTS EN RDC
Le phénomène décrit par les autorités sanitaires comme "un événement de santé publique inconnu" est pour l'instant localisé dans la région de Panzi, à quelque 700 km au sud-est de Kinshasa. Les premiers cas ont été détectés fin octobre.
La République démocratique du Congo (RDC) est en "alerte maximale" après la détection d'une mystérieuse maladie qui a déjà fait des dizaines de morts en un peu plus d'un mois selon les dernières estimations, a déclaré jeudi le ministre de la Santé.
"Nous sommes en alerte maximale, nous considérons que c'est un niveau d'épidémie que nous devons surveiller", a souligné le ministre de la Santé Samuel-Roger Kamba lors d'une conférence de presse dans la capitale Kinshasa. Le phénomène décrit par les autorités sanitaires comme "un événement de santé publique inconnu" est pour l'instant localisé dans la région de Panzi, à quelque 700 km au sud-est de Kinshasa. Les premiers cas ont été détectés fin octobre.
"Dans les centres de santé, on a comptabilisé 27 décès. Et avec l'évaluation menée par le médecin chef de zone dans la communauté, on signale aussi 44 décès", a précisé le ministre, ajoutant toutefois que sur ces derniers, "nous ne pouvons pas dire que c'est d'emblée lié au phénomène car il y a d'autres causes possibles".
Dans la région reculée difficilement accessible par une route peu praticable et où les infrastructures sanitaires sont quasi inexistantes, la population vit dans une précarité généralisée, souffrant d'un manque d'accès à l'eau potable et aux médicaments. Le taux de malnutrition de 61%, notamment des enfants, est parmi les plus élevés du pays, a souligné M. Kamba, rappelant que la région a déjà connu il y a deux ans une grave épidémie de fièvre typhoïde.
Selon les premières données disponibles, la mystérieuse maladie touche particulièrement les plus jeunes, 40% des cas concernant des enfants de moins de cinq ans. Les symptômes sont proches de ceux d'une grippe: fièvre, toux et maux de tête. Est-ce une grippe saisonnière qui frappe plus durement une population fragile ? S'agit-il d'un nouveau virus ? Les spécialistes ont déjà écarté l'hypothèse du covid mais ont déjà conclu qu'il s'agit d'une maladie affectant le système respiratoire. Des épidémiologistes ont été envoyés sur place pour réaliser des prélèvements.
Parmi les 27 décès survenus en centres de soins, 17 personnes ont succombé après être tombées en détresse respiratoire, a précisé le ministre. Dix sont mortes par manque de transfusion en état d'anémie sévère. La RDC a déjà été frappée de plein fouet au cours des derniers mois par le virus du mpox avec plus de 1.000 décès. Le pays parmi les plus pauvres de la planète a récemment vu le nombre de cas de cette maladie – anciennement appelée la variole du singe – légèrement diminuer.
HANDICAP ET MOBILITÉ, DAKAR DEM DIKK S’ENGAGE POUR UNE SOCIÉTÉ PLUS INCLUSIVE
"Notre nouvelle flotte de bus, récemment acquise, intègre des aménagements spécifiquement conçus pour faciliter l'accès et le confort des personnes à mobilité réduite", a déclaré Assane Mbengue.
iGFM - (Dakar) Cette semaine a été célébrée la journée internationale des personnes handicapées. Dakar Dem Dik s’est joint à cette importante initiative.
Pour son directeur général, Assane Mbengue, cette célébration n'est pas une simple tradition pour son entreprise. Celle-ci «symbolise notre détermination collective à construire une société plus inclusive, plus équitable, où chaque citoyen, quelle que soit sa condition, peut exercer pleinement ses droits et participer activement à la vie de notre nation», dit-il.
Dans son discours, il a expliqué que l’engagement de Dakar Dem Dikk en faveur des personnes handicapées se traduit par des actions concrètes et mesurables, puisqu’aujourd'hui, plus de 1600 personnes en situation de handicap bénéficient gratuitement des services de l’entreprise.
«Notre nouvelle flotte de bus, récemment acquise, intègre des aménagements spécifiquement conçus pour faciliter l'accès et le confort des personnes à mobilité réduite. Je suis particulièrement fier de notre partenariat durable avec le Centre Talibou Dabo dont nous assurons gratuitement l'entretien du bus de transport scolaire», ajoute-t-il.
Assane Mbengue a aussi souligné que chaque détenteur de la carte d'égalité des chances dispose d'un abonnement annuel gratuit. Une mesure maintenue sous sa direction, «car elle participe concrètement à l'égalité des chances», dit-il. De plus, son entreprise a tenu à inclure les personnes handicapées dans sa politique de recrutement.
Pour Assane Mbengue, cette vision s'inscrit parfaitement dans l'Agenda National de Transformation Sénégal 2050, qui, dans son troisième axe stratégique, place le Capital Humain et la Justice sociale au cœur de ses priorités et du Projet. Il s’est donc engagé à faire de Dakar Dem Dikk un modèle d'inclusion et d'équité sociale : «Je prends, devant vous, chère assistance, le serment de continuer à faire de Dakar Dem Dikk un modèle d'inclusion et d'équité sociale car notre réussite ne se mesure pas uniquement en termes de performance économique. Elle se mesure, aussi et surtout, à notre capacité à servir tous les citoyens, sans exception.
LE PALAIS DES CONGRÈS RESTITUÉ À LA MAIRIE DE THIÈS
Après deux ans de conflit foncier, l’Université Iba Der Thiam de Thiès et la mairie de la ville ont enfin trouvé un terrain d’entente. Au cœur de ce litige se trouvait le palais des congrès, que la mairie réclamait sans succès depuis des années.
Après des années de tensions, un accord a été trouvé entre l’Université Iba Der Thiam de Thiès et la mairie de la ville dirigée par Babacar Diop, concernant le palais des congrès.
Grâce à la médiation du ministre de l’Enseignement supérieur, Dr Abdourahmane Diouf, le bâtiment sera restitué à la mairie, mettant un terme à un différend de longue date.
Après deux ans de conflit foncier, l’Université Iba Der Thiam de Thiès et la mairie de la ville ont enfin trouvé un terrain d’entente. Au cœur de ce litige se trouvait le palais des congrès, que la mairie réclamait sans succès depuis des années.
Grâce à la médiation du ministre de l’Enseignement supérieur, Dr Abdourahmane Diouf, un accord a finalement été signé, mettant fin à ce désaccord prolongé. Conformément au protocole établi, le palais des congrès, qui servait jusque-là d’auditorium pour l’université, sera restitué à la mairie de Thiès.
Cette résolution marque la fin d’un malentendu qui aura duré, mais les deux institutions ont désormais tourné la page, privilégiant la coopération et l’entente au bénéfice de la communauté.
LE MINISTÈRE DES FINANCES REJETTE LES RUMEURS SUR UNE LEVÉE DE FONDS INFRUCTUEUSE
Le ministère a fait part de l'annulation de l’émission prévue le 29 novembre 2024, grâce à une mobilisation réussie de 92 milliards de FCFA le 15 novembre, bien au-delà des 25 milliards initialement prévus.
Le ministère des Finances et du Budget (MFB) a publié ce jeudi un démenti formel concernant une fausse information circulant dans certains médias et sur les réseaux sociaux, évoquant une supposée levée de fonds infructueuse du Sénégal sur le marché financier régional.
Dans une déclaration officielle, le MFB a dénoncé cette rumeur, qualifiée de tentative malveillante visant à porter atteinte à l’image du pays. Le ministère a rappelé que toutes les émissions de titres publics du Sénégal respectent des règles strictes et transparentes établies par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Le ministère a précisé que les émissions de titres publics s’appuient sur un calendrier annuel prévisionnel établi en février et transmis à l’Agence UMOA-Titres. Ce calendrier, destiné à informer les investisseurs, reste purement indicatif. Les étapes essentielles des émissions de titres publics : Validation officielle : Chaque émission doit être confirmée par le Sénégal à travers un formulaire officiel (TIT 610). Diffusion des documents officiels : L’Agence UMOA-Titres diffuse des avis d’appel d’offres et les documents nécessaires aux investisseurs habilités. Publication des résultats : À l’issue de chaque opération, un compte rendu détaillé est communiqué.
Le ministère a souligné qu’une émission figurait dans le calendrier indicatif pour le 29 novembre 2024. Cependant, grâce à une mobilisation réussie de 92 milliards de FCFA le 15 novembre 2024, dépassant largement les prévisions de 25 milliards de FCFA, l’opération prévue a été annulée.
Cette mobilisation, combinée à d’autres financements externes, a permis de renforcer la trésorerie publique, rendant inutile l’émission initialement envisagée. Le ministère a affirmé que cette décision reflète une gestion optimale et prudente des finances publiques.
Le MFB a exhorté le public à faire preuve de vigilance face aux campagnes de désinformation susceptibles de nuire à la réputation du Sénégal. Le ministère a également annoncé qu’il se réserve le droit d’engager des poursuites judiciaires contre les auteurs et complices de ces allégations infondées.
LE PARLEMENT PANAFRICAIN LANCE UNE INITIATIVE POUR LES RÉPARATIONS HISTORIQUES
Cette initiative, présentée à Dakar par Lucia Dos Passos, troisième vice-présidente de l’institution, marque un tournant majeur pour harmoniser les démarches des pays africains et renforcer l’unité du continent.
Le Parlement panafricain a entamé une initiative ambitieuse visant à promouvoir une justice historique pour les peuples africains. Jeudi, lors d’une consultation tenue à Dakar, la troisième vice-présidente du Parlement panafricain, Lucia Dos Passos, a annoncé l’élaboration d’une loi modèle permettant aux pays africains de réclamer justice, dignité et réparations auprès de leurs anciens colonisateurs.
Selon Lucia Dos Passos, cette loi servira de cadre de référence pour harmoniser les démarches des pays africains dans leurs négociations avec leurs anciens colonisateurs. « Il s’agit de travailler sur une loi modèle qui poussera les anciens colonisateurs à une restitution digne de la justice. Cette loi sera partagée avec tous les pays représentés au sein du Parlement panafricain », a-t-elle affirmé.
Cette annonce intervient dans le cadre de consultations organisées pour marquer les 20 ans du Parlement panafricain, une institution dédiée à la promotion de l’harmonisation législative, de la gouvernance inclusive et des idéaux panafricains.
Lucia Dos Passos a insisté sur le fait que la restitution ne doit pas se limiter à des compensations financières ou matérielles, mais doit inclure : Une reconnaissance officielle des injustices historiques. Un engagement structurel pour corriger les inégalités héritées de l’ère coloniale. La réhabilitation des victimes et de leurs descendants par des mesures concrètes et durables.
« Les réparations doivent être une promesse de construire un avenir plus équitable pour les générations futures », a-t-elle ajouté. Chaque pays devra élaborer un plan clair pour mener des négociations avec son ancien colonisateur, afin de garantir une restitution juste et équitable.
Lucia Dos Passos a également souligné le rôle essentiel de la diaspora africaine et de la jeunesse dans cette démarche. La diaspora, reconnue comme la sixième région de l’Union africaine, est saluée pour son rôle historique dans les luttes pour la justice et l’innovation. Les jeunes Africains, quant à eux, sont appelés à s’investir dans des secteurs clés comme l’agriculture et l’industrialisation pour contribuer à la transformation économique du continent.
Le Parlement panafricain appelle aussi les médias et la société civile à jouer un rôle moteur dans cette quête de justice et de dignité. Ils sont invités à sensibiliser et mobiliser les populations sur l’importance de ces réparations pour le développement et la souveraineté du continent.
Cette initiative marque un tournant décisif dans les relations entre l’Afrique et ses anciens colonisateurs. Elle reflète une volonté commune de restaurer l’histoire, tout en forgeant un avenir basé sur le respect mutuel, la justice et l’équité. Le Parlement panafricain espère que cette démarche aboutira à une restitution véritablement transformatrice, renforçant ainsi l’unité, la dignité et l’autonomie du continent africain.
LA SONACOS VISE UNE COLLECTE DE 300.000 TONNES D’ARACHIDE
Cet objectif, fixé en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, traduit les ambitions de la société pour consolider sa position dans la filière arachidière.
La Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS) ambitionne de collecter 300.000 tonnes de graines d’arachide durant la campagne de commercialisation 2024-2025. Cette annonce a été faite jeudi à Louga par son directeur général, El Hadji Ndane Diagne, lors du lancement officiel de la campagne dans cette région.
Cet objectif, fixé en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, traduit les ambitions de la SONACOS pour consolider sa position dans la filière arachidière.
À cette occasion, un chèque de 22.110.000 FCFA, émis par La Banque agricole, a été remis à un entrepreneur local, Massyla Ndiaye, pour appuyer les opérations de collecte dans la région. Ce geste symbolique marque l’engagement de la SONACOS envers les acteurs de la filière.
El Hadji Ndane Diagne a exprimé sa confiance dans la capacité de la SONACOS à atteindre ses objectifs grâce à une mobilisation sans faille des entrepreneurs et au renforcement des dispositifs logistiques. « Tout camion qui arrive avec des graines d’arachide sera déchargé rapidement, et le paiement effectué sans délai », a-t-il assuré, soulignant que des équipes supplémentaires ont été recrutées pour garantir l’efficacité des opérations.
La campagne de collecte des graines d’arachide constitue une étape cruciale pour l’approvisionnement en matières premières des unités industrielles de la SONACOS, essentielles à la production d’huile et de produits dérivés. Avec cette ambition de 300.000 tonnes, la SONACOS entend jouer un rôle clé dans le développement économique des zones rurales et renforcer la souveraineté alimentaire du Sénégal.
DANS LES COULISSES D’UN COMMISSAIRE D’EXPOSITION À LA BIENNALE AVEC OUSMANE MBAYE
Alors que le Dak’Art s’apprête à fermer ses portes, un hommage s’impose aux artisans de cette édition : les commissaires d’exposition. L’un d’eux, nous éclaire sur les rouages de ce métier méconnu, son évolution et les défis qu’il pose.
La Biennale de l’art contemporain de Dakar (Dak’Art) tire à sa fin. Ouverte depuis le 7 novembre, elle doit baisser le rideau ce 7 décembre. Les expositions ont été nombreuses et ont émerveillé le public. Derrière ces belles créations se cachent des hommes et des femmes qui ont été les chevilles ouvrières de cette édition, notamment les commissaires d’exposition. Pour en savoir plus sur leur rôle, Ousmane Mbaye, commissaire d’exposition, nous a accordé une interview.
Qu’est-ce qu’un commissaire d’exposition ?
Un commissaire d’exposition est celui qui s’occupe de toute l’organisation de l’exposition. Cela inclut le suivi des artistes, la sélection des œuvres, la scénographie, la définition de la thématique et l’écriture de l’histoire de l’exposition.
Comment devient-on commissaire d’exposition ?
Pour devenir commissaire d’exposition, il faut remplir certains critères. Avant tout, il faut être un passionné et un connaisseur. Il faut avoir envie de raconter l’histoire des autres et de la mettre en lumière. Ce métier exige une grande expérience, que l’on peut acquérir par des formations spécialisées en commissariat ou sur le terrain, comme cela a été mon cas. Mais, quel que soit le parcours, il faut bien maîtriser le domaine dans lequel on travaille. Le rôle du commissaire est de valoriser les artistes, de relier leurs œuvres à un récit global, tandis que les artistes, eux, travaillent sur une expression individuelle.
Comment appréciez-vous le travail de commissaire d’exposition ?
C’est une mission avec beaucoup de responsabilités et d’enjeux. La première question que l’on se pose est : pourquoi choisir tel artiste et pas un autre ? Nous ne pouvons pas tout inclure. Chaque sélection nécessite des choix rigoureux. Parfois, plusieurs artistes excellent dans un même domaine, mais nous devons en retenir un seul. Cela ne signifie pas que les autres ne sont pas talentueux. C’est un travail passionnant, mais qui demande beaucoup de réflexion, de temps et d’équité.
Comment le métier de commissaire d’exposition a-t-il évolué au fil des années ?
Il a considérablement évolué. Des gens se sont battus dans l’ombre pour faire connaître tout le travail qui se fait en amont. Malgré l’absence d’un salon de design pendant 16 ans, les artistes africains ont continué de briller et de représenter le continent avec fierté, en montrant leur savoir-faire unique.
Quels sont les défis auxquels vous faites face en tant que commissaire d’exposition ?
C’est ma première expérience en tant que commissaire d’exposition. Auparavant, j’étais designer. Le principal défi a été de valoriser un domaine, le design, qui n’avait pas été mis en avant depuis 16 ans. Il fallait raconter et retracer son histoire, tout en mettant en lumière le savoir-faire exceptionnel des créateurs.
Sur quels critères une œuvre est-elle considérée comme réussie ?
Une exposition réussie est celle qui touche un large public, sensibilise les gens et permet aux artistes de vivre de leur art. C’est un succès lorsque ces objectifs sont atteints.
Peut-on acheter des œuvres exposées à la Biennale ?
Oui, mais pas directement dans le cadre de la Biennale. Celle-ci n’a pas un objectif commercial, elle vise à valoriser les œuvres. Cependant, les visiteurs intéressés peuvent contacter les artistes ou leurs galeristes pour des acquisitions ultérieures.
Certaines indiscrétions évoquent des œuvres endommagées durant la Biennale…
Cela peut arriver dans toutes les expositions. Nous mettons en place une signalétique pour sensibiliser les visiteurs, mais certaines personnes ne respectent pas les consignes. Avec l’afflux de monde, il est parfois difficile de tout contrôler. Ces incidents nous poussent à renforcer les dispositifs de médiation et de surveillance pour les prochaines éditions.
Le design est revenu après 16 ans. Quelle place occupe-t-il dans cette Biennale ?
Le design occupe une place très importante cette année. Beaucoup ont été surpris par la qualité et la pertinence des œuvres sélectionnées. Les retours sont très positifs, ce qui est encourageant pour l’avenir de cette discipline.
Les Sénégalais connaissent-ils cet art ?
Le design est présent dans notre quotidien, même si on ne l’appelle pas toujours ainsi. C’est souvent perçu comme une simple réflexion sur l’objet. Il est temps de s’approprier ce terme et d’encourager sa pratique, notamment en ouvrant des écoles dédiées. Cela permettra de développer notre créativité et d’investir dans des innovations locales.
Avec l’avancée technologique, notamment l’intelligence artificielle, craignez-vous pour l’avenir du design ?
Pas du tout. L’avantage de notre continent est que tout reste à construire ; c’est une opportunité. L’intelligence artificielle ne remplacera jamais complètement le savoir-faire humain, surtout dans le domaine artistique.
AYIB DAFFÉ VS AÏSSATA TALL SALL, LE JEUNE LOUP ET LA VIEILLE GARDE
La présence simultanée des deux personnalités à la tête des principaux groupes parlementaires promet des débats d'une rare intensité. De quoi révolutionner la pratique parlementaire sénégalaise ?
Sous la 15e législature, deux figures politiques marquantes se dessinent au sein de l'Assemblée nationale : Mohamed Ayib Salim Daffé, à la tête du groupe parlementaire Pastef les Patriotes, et Aïssata Tall Sall, présidente du groupe Takku Wallu.
Mohamed Ayib Salim Daffé, à la tête du groupe parlementaire Pastef les Patriotes, incarne un leadership forgé par une riche expérience politique. Élu député pour la première fois en juillet 2022, il s’est rapidement imposé comme une figure incontournable du mouvement, surtout après avoir succédé à Birame Souleye Diop à la présidence du groupe Yewwi Askan Wi en avril 2024. Aujourd'hui, sous la 15e législature, son parcours symbolise la montée en puissance d’une génération qui prône la rupture avec les anciennes pratiques politiques. Juriste spécialisé en droit de l’environnement, formé à l’Université Bordeaux-IV, M. Daffé a d'abord fait ses armes au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS), où il gravit les échelons, notamment au sein du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (Meel) et de l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (UJTL). Après la défaite de 2012, il quitte le PDS pour rejoindre Bokk Gis Gis avant de créer, en 2017, son propre mouvement citoyen, Idéal Sénégal. Son parcours éclectique témoigne d’une capacité à s’adapter et à construire des alliances stratégiques.
À l'Assemblée nationale, Ayib Daffé s’impose comme un débatteur redoutable, notamment en wolof, maîtrisant les subtilités juridiques et politiques. Il devra affronter une opposition aguerrie, représentée par des figures telles qu’Amadou Bâ ou Barthélémy Dias, mais il pourra compter sur une majorité solide pour faire avancer les projets du Pastef. Son premier grand défi sera de défendre le projet de loi sur l’amnistie, une question cruciale qui pourrait façonner la législature.
Il sera assisté dans ses tâches par Mme Marie Angélique Diouf, élue vice-présidente du groupe parlementaire du Pastef. Elle incarne une nouvelle génération de leaders engagés, prête à accompagner Ayib Daffé dans ses responsabilités stratégiques au sein de l'Assemblée nationale. Résidant à Keur Massar, le bastion politique du Pastef, Mme Diouf est l'une des premières femmes à rejoindre ce mouvement politique, marquant ainsi une étape importante dans l'intégration de la femme dans la sphère politique sénégalaise, notamment dans des positions de leadership. Sa présence aux côtés d’Ayib Daffé dans la direction du groupe parlementaire Pastef renforcera, sans aucun doute, la représentation de la voix féminine dans les débats parlementaires et permettra à son groupe d’avoir un leadership dynamique, inclusif et tourné vers l’avenir.
Aïssata Tall Sall, l’expérience et la fermeté
À la tête du groupe parlementaire Takku Wallu, Aïssata Tall Sall incarne l’expérience et la fermeté. Avocate chevronnée, ancienne ministre de la Justice et des Affaires étrangères, elle dispose d’une maîtrise parfaite des rouages politiques et juridiques sénégalais. Députée et maire de Podor de 2009 à 2022, elle est reconnue pour sa combativité et son éloquence. Son parcours au sein du gouvernement, notamment dans la défense de la loi d’amnistie, lui confère une légitimité indéniable dans les débats parlementaires.
Elle devra mobiliser ses compétences pour guider une opposition diverse, mais déterminée à contrer les initiatives du Pastef. Aux côtés de son vice-président, Djimo Souaré, elle constitue une force capable de challenger la majorité, en particulier sur des dossiers sensibles comme l’amnistie. Sa déclaration incisive sur ce sujet témoigne de sa volonté de défendre les acquis de l’ancien régime face à ce qu'elle perçoit comme des menaces potentielles pour la stabilité juridique.
La 15e législature s’annonce comme un terrain d’affrontements intenses entre ces deux personnalités marquantes. Ayib Daffé, porteur des idéaux de rupture et de changement, devra s’imposer habilement pour maintenir la cohésion de la majorité Pastef, tandis qu’Aïssata Tall Sall, forte de son expérience et de sa rigueur juridique, représente une opposition solide et stratège. Leurs échanges, en particulier sur des questions brûlantes comme l’amnistie, promettent de marquer profondément l’histoire parlementaire du Sénégal.