SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
19 juin 2025
KOFI YAMGNANE, LE DESTIN INCROYABLE D'UN ENFANT DE LA BROUSSE DEVENU ÉLU DE LA RÉPUBLIQUE
Élu l'un des premiers maires noirs de France à Saint-Coulitz dans le Finistère, il a mené une longue carrière politique en étant notamment nommé au gouvernement par Mitterrand en charge de l'intégration. À 76 ans que devient ce retraité dynamique ?
Kofi Yamgnane, jeune retraité, a aujourd'hui 76 ans. Ingénieur en chef des Mines celui qui a construit 1 552 ponts a eu un destin incroyable. Élu l'un des premiers maires noirs de France à Saint-Coulitz dans le Finistère, il a mené une longue carrière politique en étant notamment nommé au gouvernement par François Mitterrand en charge de l'intégration. À 76 ans que devient ce retraité dynamique ?
Parce qu’ils sont historiquement implantés sur la presqu’île du Cap-Vert, les Lébous estiment que la mairie de la capitale devrait leur revenir à l’issue des élections locales de janvier 2022. Une revendication ethno-politique qui détonne
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar Guèye |
Publication 08/08/2021
Mi-juin, réunis en grand conclave à Dakar, sur la plage dite de la Mosquée de la Divinité, les Lébous ont donné de la voix. Les membres de cette communauté, géographiquement concentrée sur la presqu’île du Cap-Vert qui héberge la région de Dakar, ont énuméré leurs revendications : que les droits de leurs pêcheurs soient mieux défendus face aux bateaux-usines chinois, que les terrains désaffectés de la capitale leur soient prioritairement réattribués et surtout, car c’est bien là ce qui a retenu l’attention, que la mairie de Dakar leur revienne à l’issue des prochaines élections locales, prévues en janvier 2022.
Les Lébous ont précisé que deux ministres pouvaient selon eux prendre les rênes de la capitale : celui de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, qui est l’actuel maire de la commune de Yoff, ou son collègue chargé de la Pêche, Alioune Ndoye, déjà maire de Dakar-Plateau. Tous deux étaient présents lors du fameux conclave et ils n’ont pas bronché lorsque les notables de leur communauté (Abdoulaye Makhtar Diop, grand Serigne de Dakar, ainsi que l’imam de la grande mosquée de la capitale) ont exprimé leur souhait de faire de l’un ou de l’autre leur champion.
« Ethnicisme municipal »
En réclamant la mairie au nom d’une obligation d’autochtonie, les Lébous portent-ils un sérieux (et inédit) coup de canif à la cohésion nationale ? Acteur de la société civile et directeur exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé s’érige « contre tout ethnicisme, y compris municipal ». Lui-même se décrit comme « Lébou et Sénégalais bon teint ».
Cheikh Ibrahima Niang parle de la situation sanitaire en dégradation ces dernières semaines à l'aune de la troisième vague du Coronavirus, au micro de Baye Omar Guèye dans l'émission Objection sur Sud FM
Cheikh Ibrahima Niang parle de la situation sanitaire en dégradation ces dernières semaines à l'aune de la troisième vague du Coronavirus, au micro de Baye Omar Guèye dans l'émission Objection sur Sud FM
LES EXPLICATIONS DE MESSI SUR SON DÉPART DU BARÇA
Après plusieurs jours où les rumeurs les plus folles ont agité la planète foot, l’Argentin a livré sa propre version des faits ce dimanche lors d’une conférence de presse exceptionnelle
Lionel Messi a tenu une conférence de presse exceptionnelle ce dimanche après l’annonce de son départ du Barça. L’attaquant argentin de 34 ans en a profité pour rétablir les vérités sur les conditions de son départ.
L’annonce du départ de Lionel Messi a fait l’effet d’une bombe en milieu de semaine. Après plusieurs jours où les rumeurs les plus folles ont agité la planète foot, l’Argentin a livré sa propre version des faits ce dimanche lors d’une conférence de presse exceptionnelle.
"C'est clair que j'ai fait tout ce que je pouvais pour rester. Le club a réfléchi et on a discuté de plein de choses, a confirmé l’attaquant de 34 ans face aux journalistes. Je peux assurer que de mon côté j'ai fait tout mon possible. L'année dernière je ne voulais pas rester mais cette année je voulais rester. Cela n'a pas été possible."
Messi: "Convaincus de ce qui allait se passer"
Relancé sur le timing de cette douloureuse décision, Lionel Messi a raconté comment tout s’était déroulé entre lui et le président Joan Laporta. Des échanges intervenus dans une atmosphère sereine malgré une issue attendue.
"En réalité, on a dîné avec le nouveau président. On a discuté et après le dîner on était convaincus de ce qui allait se passer. On savait qu'il y avait un problème avec mon contrat. Ce qui s'est passé est arrivé. Cela ne pouvait pas marcher, Il n’y avait pas beaucoup de doute. On le pressentait. Nous savions ce qui allait être décidé, et ce que nous pensions faire."
Dakar, 7 août (APS) – Augustin Senghor, candidat à sa propre succession, a été réélu ce samedi pour un 4-ème mandat à la présidence de la Fédération sénégalaise de football avec 326 voix contre 123 voix pour son challenger, Mady Touré.
L’assemblée générale élective a eu lieu au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio.
VIDEO
LE FRANC CFA, UNE GROSSE ESCROQUERIE DE LA FRANCE
Où sont les 5 milliards que la France a promis de rapatrier à la BCEAO depuis le mois de mai ? Pourquoi impliquer toutes les franges de la société africaine dans cette autonomie monétaire ? Qu’est-ce que l’opinion française doit savoir du franc CFA ?
Alassane Ouattara continue de se battre pour le compte de la France contre la CEDEAO. Et pour cause, sa rencontre avec Laurent Gbagbo le 27 juillet n’était qu’une stratégie pour distraire les médias et détourner l’opinion publique pour lui permettre d’avancer sur sa mission en faveur de Paris En effet, alors que tout le monde était braqué sur sa rencontre avec son successeur, au même moment l'Assemblée nationale ivoirienne, notamment SES députés, se sont en catimini, hors des caméras, pour ratifier » l'Eco Macron», qu’il tente d’imposer à la CEDEAO. Une monnaie qui sera toujours pilotée par Paris et n'a rien à voir avec l'Eco souverain que veulent les pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est dire que malgré le rappel à l’ordre de Ouattara par ses homologues notamment le président Bihari, il est décidé à servir la France contre l’Afrique. L’Élysée n’est pas prêt de laisser non plus facilement les pays d’Afrique de l’Ouest à avoir leur monnaie souveraine commune.
Pour mémoire, il y a 5 mois lors de son voyage à Abidjan, le ministre français de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire avait déclaré que Paris transférerait 5 milliards d’euros à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dans le cadre du processus devant conduire la création du nouvelle monnaie unique de la zone CEDEAO.
Cinq mois après, aucune nouvelle sur ce montant qui d’ailleurs n’a fait l’objet d’aucune explication en termes de ce que représente concrètement ce montant. C’est à ce titre que l’on peut comprendre la déclaration du professeur Mamadou Koulibaly, ancien ministre de l’Économie et ancien président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire. En effet, en 2018 lors de la cérémonie de dédicace du livre de Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla, Mamadou Koulibaly n’avait pas hésité a lâché le mot sans ambages en marge de la cérémonie : «Cette affaire du franc CFA est une grosse escroquerie». Nous vous proposons de réécouter son entretien alors que la question de la monnaie est encore d’actualité.
VIDEO
L'INTÉRÊT SUSPECT DE LA BANQUE MONDIALE ET CIE
La ZLECAF ne risque-t-elle pas d'être le respectable de produits étrangers? Pourquoi un tel niveau d'enthousiasme de l'Union européenne, de la Banque mondiale et Cie pour ce projet ? Comment l’Afrique gère-t-elle sa coopération avec la Chine ?
Le lancement, l’an dernier, de la Zone de libre échange continentale de l’Afrique (Zlecaf) est un pas important vers l’intégration économique du continent dans un monde de grands ensembles. Beaucoup d’Africains, quelle que soit leur position, saluent et se félicitent de cet acte posé en 2020, même si pour certains, tous les préalables n’auraient pas été remplis. En revanche, l’enthousiasme qu’affichent les institutions de Bretton Woods (FMI, Banque Mondiale), ainsi que l’Union européenne, les États Unis ou autres puissances occidentales par rapport à ce projet, est suspect, voire inquiétant. C’est en tout cas l’avis exprimé par l’économiste anti capitaliste Demba Moussa Dembélé. Ce chercheur affiche sa méfiance d’autant plus que ni le FMI ni la Banque mondiale, «en 70 ans n’ont jamais développé un seul pays» alors que le développement est censé être leur cœur de métier. Enfin… prétendument !
Dans cette quatrième et dernière partie de l’entretien avec AfricaGlobe Tv et AfricaGlobe.net, l’économiste Demba Moussa Dembélé décrypte la mise en œuvre de cette zone de libre échange continentale et la coopération sino-africaine. L’économiste pose un regard sur les relations sino-africaines pendant que l’influence de la Chine sur le continent est imparable et que l’Occident est, de plus en plus, en perte de vitesse en Afrique.
Pour mémoire, la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf), qui est vieux projet, intégré dans l’agenda 2063, a été actée en 2020. Il est censé réduire, voire supprimer les taxes douanières afin de parvenir à une intégration économique du continent de Rabat au Cap et de Djibouti à Dakar.
La Zlecaf sur le papier, c’est un marché commun énorme de plus de 1,3 milliard d’habitants, 3400 milliards de dollars de création de richesses, des dizaines de millions d’Africains sorti de la pauvreté d’ici 2035 et presque au moins autant d’emplois créées comme rappelle la journaliste Marie Roger Biloa du Groupe Africa international. Si beaucoup d’Africains saluent le projet, certains estiment qu’il est lancé un peu trop tôt avant quelques préalables. Et pour cause, le tissu industriel du continent reste peu développé. En outre, certains y subodorent le risque d’importation et de réexportation de produits non africains sur le continent. Ce qui ne profiterait qu’aux pays étrangers. C’est le cas de l’invité d’AfricaGlobe Tv et AfricaGlobe.net, le chercheur Demba Moussa Dembélé. Mais tous les États africains sont-ils vraiment engagés pour faire réussir ce projet. Rien n’est sûr quand on sait que les petits nationalismes prennent trop souvent le pas sur les projets continentaux voire régionaux ?
S’intégrer économiquement et se livrer une concurrence sans merci
Dans une Afrique où ces dernières années, il y a une course effrénée à la création de nouveaux ports, d’autres encore s’interrogent sur l’opérationnalité de la Zone de libre échange continental de l’Afrique (Zlecaf). En effet, la multiplication des ports dans nos pays a pour visée la compétitivité et donc la concurrence. Alors peut-on viser l’intégration en se livrant à une concurrence sans merci entre partenaires plutôt que de s’organiser pour que chaque pays ou région se spécialise dans un domaine ?
Sur ce point Demba Moussa Dembélé relève pour s’en désoler de ce qu’en général, les pays africains signent un tas d’accords aussi bien à l’échelle régionale que continentale, mais ils ne se préoccupent pas de leur mise en application à l’échelle nationale conformément aux engagements pris lors de la signature. Ce qu’on signe n’est pas ce qu’on applique localement.
En d’autres termes, les nationalismes prennent trop souvent le dessus sur les projets intégrateurs des ensembles (régional, sous régional ou continental). Sous prétexte d’émergence, on privilégie les projets nationaux court-termistes au détriment des projets continentaux qui ont besoin d’un temps long. Dans un contexte où la coopération avec la Chine s’intensifie comment est-ce que les pays africains peuvent tirer profit de cette coopération sachant la puissance de feu avec laquelle opère la Chine au nez et à la barbe des Occidentaux clairement jaloux de perdre leur influence en Afrique.
Et pourtant, c’est l’avènement d’un partenaire aussi important avec une puissance de feu qui devrait justifier une meilleure intégration de l’Afrique sur tous les plans : économique, politique, culturel, etc. afin de tirer meilleur profit de la coopération. Autrement des négociations individuelles avec Pékin sont sans lendemain et va continuer à désavantager globalement l’Afrique, faute de pouvoir parler d’une seule voix. Voir l’entretien de Demba Moussa Dembélé dans cette entrevue
DÉCÈS DU PREMIER TIGRE DE FASS
L'ancien champion de lutte âgé de 75 ans, est mort chez lui à Fass Mbao dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 août suite à une longue maladie
Le Sénégal pleure ce samedi 7 août le décès de Mbaye Guèye, ancien champion de lutte âgé de 75 ans. Il est décédé chez lui à Fass Mbao en banlieue de Dakar dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 août suite à une longue maladie. Appelé le premier Tigre de Fass, il était l’un des plus grands lutteurs admirés dans le pays.
L’émotion est grande au Sénégal suite au décès de l’ancien lutteur Mbaye Guèye. Le corps du premier Tigre de Fass a été levé ce samedi 7 août en fin de matinée. Il a été emmené jusqu’à la ville de Touba où il a été enterré dans l’après-midi.
« Il arrivait toujours à terrasser ses adversaires »
« On a perdu un grand champion de la lutte sénégalaise », témoigne Gaston Mbengue, le promoteur de lutte le plus important du pays. Il explique avoir présenté ses condoléances par téléphone pour éviter les rassemblements en temps de pandémie. Mais beaucoup d’acteurs de la lutte se déplaceront dans la soirée à son domicile. C’est le cas de Khalifa Niang, président de l’écurie Tayshinger de Mbao, qui raconte : « Mbaye Guèye symbolisait la témérité et la technicité de la lutte, car il n’était pas grand de taille, mais il arrivait toujours à terrasser ses adversaires ».
Quel espoir de changement pour une jeunesse dynamique et pleine de rêves alors que partout en Afrique survivent des autocrates qui érigent des systèmes sur le clientélisme, la corruption et la peur ?
Le Temps Afrique |
Hamidou Anne |
Publication 07/08/2021
En mars 2021, malgré la distance sociale qu’impose la pandémie, des milliers de jeunes gens ont investi les rues de plusieurs villes du Sénégal. Parmi eux quelques casseurs, mais surtout des gens qui voulaient exprimer leur colère vis-à-vis du régime avec comme prétexte un scandale de mœurs devenu une affaire politique.
Le Sénégal n’offre pas un avenir rassurant à sa jeunesse. Le chômage endémique et la misère sociale poussent des milliers de jeunes à l’immigration clandestine, provoquant des drames que les médias occidentaux relaient régulièrement. Des centaines de jeunes Sénégalais périssent chaque année dans la Méditerranée, au mépris des autorités. Ces morts officiellement n’existent pas, le gouvernement les ignore. Ce n’est pas non plus auprès des oppositions politiques que cette jeunesse trouve une oreille attentive. Dans son écrasante majorité, la classe politique est davantage préoccupée par les questions électorales que par la proposition de solutions efficaces aux problèmes qui assaillent les jeunes Sénégalais.
Quel espoir de changement ?
Ces jeunes-là ne sont pas une exception, on les retrouve partout en parcourant le continent, faisant face aux mêmes défis et ayant les mêmes préoccupations liées au devenir. Ils survivent dans des villes insalubres, trompent l’ennui par n’importe quel moyen et ne cessent de fulminer contre des hommes politiques qui ne leur témoignent aucun respect.
Quel espoir de changement pour une jeunesse dynamique et pleine de rêves alors que partout en Afrique survivent des autocrates qui érigent des systèmes sur le clientélisme, la corruption et la peur? Ces vieux leaders s’accrochent au pouvoir par la force ou par des artifices constitutionnels, empêchent les respirations démocratiques, organisent un système clanique et répriment les envies d’une jeunesse nourrie aux images de changement qui lui parviennent d’ailleurs.
Depuis les indépendances, les hommes politiques nous montrent qu’ils n’aiment pas leur pays. Ils ne gouvernent pas dans la vertu, confisquent le pouvoir et désespèrent une génération qui veut changer le cours de l’histoire. Même les alternances, quand elles surviennent, prennent l’allure d’un changement d’hommes, en perpétuant les mêmes méthodes pour produire les mêmes résultats. La politique africaine se résume à une vieille série télé, avec toujours les mêmes personnages et le même scénario.
CRISE ANGLOPHONE AU CAMEROUN, WITH ALL THESE DIALOGUES, WHY IS PEACE STILL SO ELUSIVE?
La décision d’accorder un statut spécial au NoSo n’a encore aucune traduction concrète dans les faits, pas plus que celle de diffuser largement l’offre gouvernementale d’amnistie aux combattants pour qu’ils rejoignent leurs communautés
Du côté des autorités camerounaises, on ne manque pas d'énumérer les mesures prises pour répondre à la « crise anglophone » qui a marqué au fer rouge de la violence et du deuil des dizaines de milliers de familles, peuplé les camps de déplacés et les chemins de l'exil, anéanti d'indispensables infrastructures collectives. Parmi ces mesures figurent la création d'une commission nationale pour le bilinguisme, d'un plan temporaire d'assistance humanitaire aux victimes, d'un organisme de démobilisation et d'insertion des combattants, ainsi qu'un ensemble de dispositions sectorielles, dont l'introduction du « common law » anglo-saxon dans les filières éducatives, à l'université ou à l'école nationale d'administration et de magistrature. Le tout entériné par le Grand dialogue national de 2019 qui a réuni une partie des "modérés" de la cause séparatiste et lancé symboliquement le processus de réconciliation.
Tout est-il réglé pour autant ? Plus de cinq ans après le début des hostilités, force est de constater que les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, désormais désignées comme "NoSo", ne connaissent toujours pas la paix – et les femmes, victimes meurtries de tant de manières infâmes, le savent dans leur chair.
Qui d’autre qu’elles-mêmes pour appeler au sursaut ? Dans un élan massif et venues des quatre coins du pays, plus de 1500 femmes issues de tous les milieux et de toutes conditions ont convergé vers la capitale, fin juillet, dans une démarche inédite, pour faire entendre le même cri : « Assez ! Enough is enough! » La Convention nationale des femmes pour la paix au Cameroun, la toute première du genre, inclusive et solennelle, s’est donné les moyens de sa crédibilité en devenant un moment privilégié de parole pour les Camerounaises anglophones, qu’on n’avait sans doute jamais vues réunies en aussi grand nombre à Yaoundé. Au Palais des congrès, sur les hauteurs de la ville, des avocates côtoyaient des revendeuses du marché, les fameuses « Bayam Sellam », des paysannes et des enseignantes, des étudiantes, des participantes en fauteuil roulant, des infirmières et même des policières, dans le but de former « une alliance plus forte, plus audible et plus nombreuse que celle des hommes qui profitent de la guerre et des conflits ».
« Assez ! », a martelé l’écrivaine Djaili Amadou Amal, Prix Goncourt des Lycéens 2020 et keynote speaker. « Nous devons tout faire, individuellement et toutes ensemble, pour que la paix revienne », a enjoint par message vidéo Chimamanda Ngozi Adichie, célébrité littéraire nigériane, révélant son attachement particulier au Cameroun où sa mère a grandi. Cheville ouvrière de cette rencontre historique, Nina Netzer, la représentante de la Fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung, en pagne et foulard, a également une raison personnelle pour s’impliquer dans la résolution d’un conflit qui déchire son pays d’adoption ; elle est mariée à un Camerounais depuis ses années estudiantines en Allemagne. « Envoyer un signal fort que les femmes du Cameroun aspirent à la paix », pose-t-elle comme objectif, afin que « cet appel soit entendu partout au Cameroun, en Afrique, dans le monde, dans les couloirs de l’ONU, de l’Union africaine, de l’Union européenne… ». La plateforme mise sur pied pour la convention comptait 38 organisations de femmes et leurs réseaux.
« Nous, les femmes du Nord-ouest et Sud-ouest, avons découvert une nouvelle réalité quotidienne de souffrance et de deuil qui détruit nos familles, nos communes, nos villages. Nous réclamons des rôles stratégiques dans les négociations de paix pour nos régions », a clarifié d’entrée de jeu Yvonne Muma, du Mouvement des femmes camerounaises pour la paix (CAWOPEM). « Ne parlez plus pour nous. Mes sœurs, ne vous résignez pas en disant ”on va faire comment ? ”. Ce sont les femmes qui vont changer le narratif dans notre pays ». Comme ce fut le cas en Colombie où on leur reconnaît un rôle essentiel pour mettre fin à des décennies de guérilla. Venue spécialement de Bogota, Rosa Emilia Salamanca, du Collectif Femmes, paix et sécurité pour la réflexion et l’action, a livré du combat des Colombiennes un puissant témoignage.
Pourquoi donc le Cameroun est-il toujours en guerre avec une partie de ses ressortissants ? D’abord, parce qu’il y a loin de la coupe aux lèvres et bien des remèdes préconisés sont peu ou pas appliqués. La décision d’accorder un statut spécial au NoSo n’a encore aucune traduction concrète dans les faits et pas plus que celle de diffuser largement l’offre gouvernementale d’amnistie aux combattants pour qu’ils rejoignent leurs communautés. Difficile, par ailleurs, de procéder à la reconstruction promise tant que perdurent les hostilités, et le très attendu dialogue avec les membres radicalisés de la diaspora reste une vue de l’esprit. Tout traîne en longueur et le comité de suivi des résolutions du Grand dialogue national ne s’est réuni que deux fois en deux ans. Du coup, de guerre lasse, certains pensent devoir réclamer une « arbitrage international » dont les décisions forcément tranchées pourraient tout juste aggraver les rancunes et préparer le lit de futurs litiges.
Enseignant-chercheur à l’université de Maroua, le Dr. Mbarkoutou Mahamat relève l’absence d’un préalable essentiel : un consensus politique sur la nature même du problème à résoudre. « En évitant de discuter des causes, on se contente de traiter les symptômes », analyse-t-il, non sans pointer les obstacles structurels, lorsqu’une des parties au conflit, le « système », contrôle 90% des instances de décisions (parlement, localités, etc.) et impose ses opinions et ses méthodes. « On aurait pu dissocier le système dominant du conflit et de ses solutions », préconise-t-il, pour permettre aux différentes parties de définir le canevas à suivre pour un véritable dialogue stratégique.
Mais alors comment faire s’il revient uniquement aux acteurs du conflit de s’amender eux-mêmes, parce que le troisième acteur, la société civile, n’a pas fait la démonstration de ses capacités politiques et techniques à influencer les camps établis ? Les communautés, les femmes, les chefs traditionnels, ceux qui sont dans la réalité de la crise, peuvent-ils être correctement impliqués, écoutés ?
« Il existe des perspectives de paix parce que le fardeau de la guerre est tout simplement écrasant », tranche Dr Akumah Hedwig Ngwa, enseignante au Département des femmes et des études de genre à l’université de Buea, tout en insistant sur le rôle crucial de « facilitateurs » extérieurs pour pallier l’impuissance du chaînon manquant qu’est la « société civile ». L’implication de la Fondation Friedrich Ebert est saluée.
« Let the people talk ! » - Aborder les sujets avec un souci de vérité, d’honnêteté et de responsabilité apparait incontournable. Arrêter les « discours de haine » et l’usage de « termes péjoratifs » pour désigner les compatriotes qui revendiquent leur part de respect et celle du « gâteau national ». La juste répartition des ressources au profit de tous a été évoquée parmi les solutions, mais avec moins d’insistance que le mépris dont bon nombre d’Anglophones se sentent victimes de la part de « ceux qui se croient supérieurs ».
Cet aspect psychologique, non quantifiable, reste sans doute le moins intégré dans le traitement gouvernemental d’une crise qui touche au sentiment d’appartenance d’une partie de la population ayant reçu l’anglais et ses attributs en héritage, bien malgré elle, tout autant que la majorité versée dans l’escarcelle francophone. Au final quelques principes sont affirmés pour améliorer le « dialogue stratégique ».
Sortir du carcan du maintien de l’ordre et du tout-répressif apparait une priorité. « L’option camerounaise semble s’éterniser dans l’option militaro-sécuritaire », constate le chercheur de Maroua. Avec son corollaire d’abus, d’accusations d’exactions et de violations des droits humains. On ne fera pas non plus l’économie de construire une vision commune du conflit, accordant ceux qui mettent en avant son caractère autochtone et ceux qui tiennent à l’internationaliser. Cette divergence fondamentale a longtemps rendu tout dialogue impossible.
Or aucune autre voie que le dialogue ne mène à une paix durable, certes en respectant des règles indispensables que Tembi Mavis Yeluma, anglophone de Bamenda et présidente de Femmes et Alliés pour la paix et la sécurité (WAPS), a tenu à rappeler dans une sorte de bréviaire. Loin d’une simple conversation, le dialogue stratégique suppose un échange sincère et honnête de « sentiments » entre les parties, où les idées arrêtées restent au vestiaire pour favoriser une approche nouvelle. Tout accord obtenu n’est que le début d’un processus de paix. Pas son aboutissement.
La « crise anglophone » a clairement dominé les débats, étant un « problème camerounais », à la différence du terrorisme de Boko Haram dans l’extrême Nord, également inscrit au programme, mais considéré comme un « problème au Cameroun », son origine se situant hors de ses frontières. L’action des djihadistes made in Nigeria a toutefois exacerbé des failles intercommunautaires et créé son lot de profiteurs de guerre.
Lue en fufuldé (peulh), en pidgin-english, en anglais et en français, la déclaration des femmes camerounaise venait comme « une pluie bienfaisante sur une terre asséchée », dans le texte : « a welcome shower on a scorched dry earth », selon la formule de l’empathique maître des cérémonies Norman Taku. Officiellement remise à la Ministre de la promotion de la femme et de la famille, Marie-Thérèse Obama Abena-Ondoa, la supplique des Camerounaises issues de toutes les régions du pays, représentées notamment par des victimes de viols et de tortures, se trouve désormais entre les mains du gouvernement.