Un gendarme escroc démasqué
Le gendarme El Hadji Malick Niang voulait profiter du malheur de son collègue du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), Mohamed Ka qui avait perdu sa main lors des émeutes de mars dernier. El Hadji Malick Niang a lancé une opération de collecte de fonds sur les réseaux sociaux pour soutenir Mohamed Ka, à l’insu de ce dernier et sa famille. Mais ce semblant de générosité cachait des intentions inavouées. Il a utilisé cet argent à des fins personnelles. Mais comme le mensonge ne dure que le temps d’une rose, il a été arrêté pour tentative d’escroquerie et collecte de données personnelles. C’est par hasard que Mohamed Ka est tombé sur cette demande d’aide via les réseaux sociaux. Il a déposé une plainte contre X à la section de recherches. Les enquêteurs ont procédé à une réquisition à la Sonatel sur le numéro indiqué sur la cagnotte Koopar express. Les enquêteurs ont appelé sur son numéro et Malick Niang au bout du fil s’est présenté comme un gendarme en service au secrétariat du haut commandement de la gendarmerie. Il a été cueilli et déféré au parquet. Attrait hier devant la barre des flagrants délits de Dakar, le gendarme nie les faits tout en persistant sur son intention de soutenir M. Ka. Les débats d’audience ont révélé que le mis en cause n’était pas à son coup d’essai. En 2017, il avait été arrêté pour les mêmes faits et condamné à une peine de 3 mois ferme. Au moment des faits, il était étudiant. Le tribunal a condamné El Hadji Malick Niang à deux ans dont 6 mois de prison ferme.
Un effondrement mortel au Fouta
L’hivernage s’installe au Fouta avec son lot de dégâts matériels. Hier, les fortes pluies à Matam ont occasionné des pertes en vies humaines. Deux personnes sont mortes hier à Taïba Nguéyène, un village du département de Matam, suite à l’affaissement d’un bâtiment R+1. Un drame causé par les fortes pluies. Les victimes sont un homme âgé de 60 ans et un adolescent de 18 ans. Ils ont été extraits des décombres par les sapeurs-pompiers aidés des populations. Selon l’Aps, le drame s’est produit vers 7 h, dans la maison familiale de la ministre de la Microfinance, Zahra Iyane Thiam.
Kobilo-Bokidiawé, la route coupée
Restons dans le Fouta pour dire que les fortes pluies d’hier n’ont pas épargné les routes latéritiques et autres chantiers. Il nous revient que la route nationale qui est en train d’être réhabilitée depuis des années est coupée entre Kobilo et Bokidiawé. Les eaux de ruissellements ont emporté la couche de latérite, laissant derrière elles de grands fossés. Les populations qui réclamaient l’achèvement des chantiers vont encore souffrir de l’état de dégradation avancée de la route. Un braqueur lynché à Orkadiéré Ne quittons pas encore le Fouta sans signaler le braquage qui a mal tourné pour un membre d’une bande armée. Les assaillants avaient ciblé une boutique à Orkadiéré. Armée de pistolets, la bande a ouvert le feu sur le boutiquier dans la nuit du dimanche au lundi. Ce dernier qui a échappé aux balles s’en tirera grâce à l’aide des voisins qui sont venus le secourir. Ces derniers réussiront d’ailleurs à rattraper l’un des assaillants. Il sera bien tabassé avant d’être livré à la gendarmerie qui a ouvert une enquête. Les pandores sont aux trousses du second malfaiteur. Le Préfet de Kanel, Maguette Diouck, rassure les populations que les patrouilles seront renforcées pour assurer la sécurité des biens et des personnes.
Les gaziers autour de Diouf Sarr
La gestion de la pandémie de covid-19 est polluée par les problèmes de disponibilité d’oxygène. Pour atténuer la tension liée à l’oxygène face à la hausse des cas graves et des cas en réanimation, le ministre de la Santé et de l’Action Sociale a reçu hier les principaux gaziers du pays. Leurs échanges ont porté sur quatre points, notamment l’approvisionnement en oxygène, la production, la régulation et le suivi. L’Etat a ainsi décidé de prendre toute la production d’oxygène de ces gaziers qui sera essentiellement réservé au système de santé au vu de l’évolution de la pandémie. Les producteurs et fournisseurs d’oxygène ont assuré de la disponibilité au maximum de ce premier intrant dans la prise en charge des cas sérieux de covid19. Abdoulaye Diouf Sarr a salué l’attitude citoyenne des gaziers qui ont montré toute leur disponibilité et leur engagement à travailler aux côtés du ministère de la Santé.
Le couple de tricheurs de Diourbel écroué
Les jeunes amoureux séjournent depuis hier à la prison de Diourbel. Khadim Mboup et sa dulcinée candidate au baccalauréat ont été déférés hier au parquet du tribunal de grande instance de Diourbel par la police, au terme de leur garde à vue. A l’issue de leur face-à-face avec le procureur, l’étudiant à l’Iface/Ucad et sa copine Kangué Dioum, âgée de 19 ans et élève au lycée Keur Khadim, sont placés sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt et de correction de Diourbel. Leur avocat Me Serigne Ndiongue renseigne qu’ils seront jugés à l’audience de jeudi prochain pour fraude aux examens. Pour rappel, l’étudiant qui s’était déguisé en femme, composait à la place de sa petite amie avant d’être démasqué par les surveillants.
Dougar perd une bataille
Après la lutte dans la rue, la société Peacock et les populations de Dougar poursuivent leur bataille au tribunal. Elles avaient mandaté Mme Diop Ndour Ndiaye de Crci pour qu’elle saisisse le juge des référés pour vider le contentieux qui porte sur plusieurs hectares de terres. Mais les populations de Dougar ont perdu hier une manche. Le tribunal des référés qui a rendu le verdict hier a déclaré l’action irrecevable pour défaut d’intérêt à agir de Crci Suarl de Mme Ndiaye. Cette dernière qui n’est pas d’ailleurs très déçue du verdict promet la poursuite de la lutte. A l’en croire, la décision de justice est à leur avantage parce que le tribunal n’a statué que sur la forme. Elle est convaincue dans le fonds que la société Peacock va perdre le procès. Mme Ndiaye informe que plusieurs procédures, notamment deux pénales et deux civiles sont en cours et que la vérité finira par jaillir parce qu’elle détient toutes les preuves. Selon Mme Ndiaye, le titre foncier de Peacok se trouve à l’entrée de Diamniadio et non à Dougar.
Vol avec violences au marché Dior
Soudeur métallique de profession, A. M. s’adonne au vol et à l’agression à ses heures perdues. Déféré à plusieurs reprises pour vol et détention et usage de chanvre indien, le quidam ne veut pas quitter le milieu interlope. Car A. M. a agressé en plein jour une dame. Il a attaqué M. D. avec un couteau, au marché Dior, pour lui arracher son téléphone portable de force avant de prendre la poudre d’escampette. Mais il sera poursuivi par une foule avant d’être alpagué et conduit à la Police des Parcelles assainies. Interrogé sur ses agissements délictuels, A. M. verse dans des dénégations. Mais il a été confondu dans ses explications par la dame. Il est déféré au parquet pour vol avec violence.
Le soudeur métallique vole la moto d’un militaire
Décidément ! Quelle mouche a piqué les soudeurs métalliques ? Soudeur métallique de profession, Kh. Gningue, habitant à Pikine, s’adonne également au vol pour augmenter ses revenus. Le mis en cause est allé à la Cité des Impôts et Domaines de Patte d’Oie pour accomplir son forfait. Il a trouvé une moto stationnée devant une maison appartenant à un militaire qui était venu réparer son climatiseur. Comme s’il en était le propriétaire, Kh. Gningue prend la moto et tente de s’enfuir. Mais le militaire qui a constaté la disparition de sa moto se lance aussitôt à ses trousses. En moins de quinze minutes, il est rattrapé par le militaire, parce que poussant la moto à défaut de pouvoir l’allumer. Il est conduit à la police des Parcelles où il a reconnu les faits lors de son interrogatoire. Il a présenté ses excuses, mais l’aveu état la reine des preuves, Kh.Gningue sera déféré au parquet pour vol.
L’Odcav Pikine saccagée
Le siège de l’organisation départementale des activités de vacances du Département de Pikine (Odcav) en charge des Navetanes a été saccagé samedi dernier. Les autorités ont pris des mesures pour que les auteurs ne récidivent pas. C’est ainsi que la police surveille le complexe Léopold Sédar Senghor où est logée l’Odcav de Pikine
VIDEO
LA GRANDE CONFRÉRIE DES SAPEURS
Dans leur manière d’être, dans leur volonté de paraître ou dans leur désir de présenter une belle apparence, l’élégance côtoie l’extravagance et aucune dépense n’est de trop pour ces «fashion addicts» qui cherchent vaille que vaille à se faire remarquer
Les sapeurs congolais ne cessent de faire parler d’eux. En 2018, la chaine RT France leur a consacré tout un documentaire. Leur concept est devenu une thématique de recherche universitaire. Ainsi, en dehors des médias qui ont contribué à les rendre célèbres, les universitaires à s’intéressent à ce phénomène qu’est la Société des ambiançeurs et des personnes élégantes (SAPE) née au Congo Brazzaville. L’homme d’affaires Jocelyn Amel dit Le Bachelor est l’un des membres de la confrérie. Manitou du milieu, il l’un des sapeurs les plus connus de la place de Paris. Dans l’émission de Le Debrief de RT France, Armel Jocelyn explique l’origine du concept, ses enjeux, ses valeurs, non sans préciser ce que la Sape n’est pas. Il s’exprimait en prélude à la sortie du documentaire « Les dandy du Congo » consacré à leur mouvement.
Ils ne jurent que par l’élégance, le m’as-tu vu. Ils ne veulent pas passer inaperçus. Toujours prêts à en mettre plein la vue aux passants, être toujours distingués même dans une foule compacte. C’est presque insupportable pour eux de ne pas se faire remarquer et de recueillir un compliment comme le dit un des leurs. Ceux dont il est question, ce sont bien les sapeurs congolais, membres de la SAPE.
Dans leur manière d’être, dans leur volonté de paraître ou dans leur désir de présenter une belle apparence, l’élégance côtoie l’extravagance et aucune dépense n’est de trop pour ces «fashion addicts» (addicts à la mode). Ce qui caractérise les sapeurs c’est la «transgression» vestimentaire qui pour eux est synonyme de «liberté». En effet, les sapeurs cassent les codes vestimentaires convenus et veulent porter et marier librement n’importe quelles couleurs à tout en refusant d’assigner des couleurs à des saisons selon une certaine vision de la mode. Ainsi, les sapeurs ne connaissent ni saison ni climat et refusent l’idée que telles couleurs sont féminines ou masculines.
Les sapeurs s’autorisent un mariage inhabituel de couleurs pour sortir quelque chose d’unique. «Un bon sapeur c’est quelqu’un de transgressif. Il n’est pas là à répéter les normes vestimentaires édictées à Paris, à Londres ou à New York. C’est transgression est une liberté que nous assumons», assume Armel, Le Bachelor interrogé par RT France.
Une apparence carnavalesque assumée
La sobriété, la discrétion en termes de couleur n’est pas ‘’sapologique’’. Les sapeurs n’ont aucune gêne dans leur apparence carnavalesque avec leur couleurs vives et frappantes. «La vie est belle en couleurs. Les couleurs c’est la vie. Pourquoi voulez-vous vous arrêter au noir et au bleu marine », s’interroge Le Bachelor qui raille littéralement l’écrasante majorité de la population non ‘’sapologue’’ qui n’explore pas trop de couleurs. Ce qui compte pour tout sapeur, c’est d’être vu, attirer l’attention vers soi et être apprécié. C’est un choix assumé. «J’aime tout sauf n’anonymat vestimentaire. Si vous portez des couleurs discrètes pour ne pas être vu, il ne fallait pas naître», lance d’emblée Le Bachelor qui défend bec et oncle la philosophie des sapeurs.
Pourquoi se limiter à deux discrètes couleurs (noire et bleue marine), alors qu’il y a une myriade de couleurs que l’on peut explorer ? Telle est la question que posent les sapeurs à ceux qui ne sont pas de leur «société» et qui s’imposent une limite dans le choix de leurs couleurs d’habits. La SAPE, ça coûte de l’argent. Mais les sapeurs n’éprouvent aucune honte à s’endetter juste pour le look afin d’être me point de mire vers lequel converge tous les regards.
C’est le cas de ce fonctionnaire sapeur qui exhibe fièrement sa gardent robe qui ressemble plus à une boutique de vêtement qu’à une garde-robe et qui n’hésitent pas à révéler qu’il s’endettent à coup de millions pour satisfaire son désir de de paraître : 8 millions, 6 millions, 7,5 millions. Dieu sauve les Sapeurs ! En revanche, Le Bachelor lui récuse l’idée que l’élégance est synonyme de dépenses somptuaire. Pour lui on peut être élégant sans dépenser des fortunes. On peut bel et bien s’investir dans la sape sans se ruiner.
« La SAPE, c’est l’art de s’aimer au quotidien
Célèbre sapeur, Bachelor est bien connu à Paris pour habiller ses confrères de la SAPE et toutes autres personnes élégantes. Depuis 1998, Le Bachelor tient une marque de vêtement à Château Rouge appelé Connivences qui fournit l’attirail pour leur mouvement. Pour Le Bachelor, «la SAPE c’est l’art de s’aimer au quotidien en arborant les couleurs que le commun des mortels a parfois du mal à porter». A son avis, la SAPE participe à célébrer, à honorer la vie. Ayant vu son père son oncle toujours élégant Le Bachelor dit sapeur depuis le sein de sa mère. Connus en général pour dépenser des montants faramineux juste pour leur apparence, certains s’inscrivent en faux quant à cette vision de la Sape.
Au-delà de l’apparence, de la volonté d’être vu, les sapeurs disent véhiculer quelques belles valeurs comme le vivre ensemble, la tolérance, la non-violence, l’altruisme, selon Armel, Le Bachelor qui se présente comme «un homme caméléon» du fait des couleurs qu’ils arbore. «La sape est un vecteur de communication», dit-il. Arrivé à Paris en 1977 à Paris, Armel Le Bachelor est diplômés en gestion. Il est sorti de l’École supérieure de gestion et de l’institut supérieur de commerce Paris Dauphine. Depuis 98, il s’est lancé dans le business très connu par son port vestimentaire unique. La SAPE chez lui c’est l’expression d’un certains narcissisme assumé et sans complexe aucun.Promoteur de Connivences Boutiques, spécialisé dans la vente de vêtements, Jocelyn ne devrait pas avoir de souci pour approvisionner sa propre garde robe.
Né au Congo Brazzaville, ce sont les anciens combattant congolais du retour des deux Grandes Guerres qui ont inspiré ce mouvement de la SAPE, selon Le Bachelor. Ces anciens combattants congolais, une fois rentré, arboraient une élégance inégalable après avoir côtoyé le monde occidental, explique Jocelyn Armel.
LES DAMNÉS DE LEUR TERRE, par Elgas
AXELLE KABOU, L’EXCOMMUNIÉE
EXCLUSIF SENPLUS - Des années après son retrait du monde, la rancune contre elle reste tenace. Elle occupe le rôle de traître. C’est un mauvais filon que d’essayer dans son œuvre de responsabiliser les Africains sans imputer la responsabilité à l’ailleurs
C’est un drôle de voyage, pratiquement sans destination, peut-être sans but formel, mais qui ne manque pourtant pas d’intérêt. Aller à la recherche d’Axelle Kabou, intellectuelle franco-sénégalaise née au Cameroun, d’une soixantaine d’années aujourd’hui et qui s’est réfugiée dans le silence depuis de longues années, c’est l’espérer furtivement sur la pointe bretonne au détour d’un indice numérique. La perdre ensuite. Finir enfin par ravaler sa frustration, et se soumettre au mystère. Le coffre-fort, semble-t-il, est bien scellé, rien ne s’ébruite même en tambourinant de manière frénétique à la porte du secret. Il y a dans le silence de cette préretraitée forcée, les mêmes reflux amers que ceux de Yambo Ouologuem, autre sublime pestiféré des Lettres africaines, dont le mutisme enclos à Sévaré, est resté incorruptible jusqu’à sa mort en 2016, laissant le mythe entier ; le mystère encore plus enivrant.
Le mystère pas si mystérieux d’une retraite
Pour Axelle Kabou, on peut bien gloser, échafauder des plans, avancer des hypothèses, n’empêche, les indices sont maigres, et sauf à faire parler les témoins, les indiscrets, et intermédiaires - dont les propos sont parfois sinon toujours sujets à caution -, il serait imprudent de la ventriloquer de loin. Plus sage sans doute, est-il, d’exploiter les documents ou pièces à convictions disponibles. À l’inventaire, il reste deux livres, une dizaine d’interviews, des recensions dans les travaux universitaires, des critiques, des coupures de presse ; mais surtout, de tout retenir ceci : une réputation qui essaime encore, de colloques en conférences, où des années après son retrait du monde, la rancune contre elle reste tenace. Elle occupe le mauvais rôle : celui de traître. Comme traces d’une vie littéraire, même courte, on aura sans doute vu beaucoup plus fourni et plus bienveillant. Et la question assassine intervient dès lors très vite : pourquoi ? Pour y répondre sans gager d’être convainquant, ni promettre la « vérité », il faut brosser l’image d’un demi-siècle de débats intellectuels couleur afro, où une jeune femme de trente ans, avec insolence, et un talent sûr, probablement une certaine candeur, et sans doute bien des imperfections, a jeté un inconfort inhabituel dans les perceptions africaines de soi ; inconfort dont les traits prophétiques, aujourd’hui encore, défient ses contempteurs et le temps.
Un contexte et un livre, le début de la tourmente
Tout commence par un cri de naissance. 1991. Un livre inattendu par lequel arrive la déflagration. Le contexte africain n’est pas reluisant. Guerres, famines, horizons chaotiques, le tableau est sombre. Les promesses des indépendances s’ensablent dans la réalité d’un devenir ennuagé ; et au chevet du continent s’empressent bailleurs étouffants, institutions libérales carnassières, charognards en quête de pitance cadavérique, énamourés en quête d’exotisme, et vendeurs enivrés de cercueils. La seule vérité pourtant, c’est que les rédactions occidentales et leurs antennes puissantes, de Paris à Londres, peignent un continent à l’agonie, et il se dit même, dans les discrets télégrammes du cabinet de Bill Clinton, que rayer ce continent de la surface du globe ne se ferait ressentir. Mais de ces grandes messes basses, plutôt communes en ce temps, racistes de surcroît, peine à émerger un propos rationnel pour expliquer, sans œillères ni lorgnettes, comment on en est arrivé là. L’image des réfugiés, baluchons sur l’épaule, des enfants malnutris, des crimes politiques, des maladies, des dictateurs découpés dans les rues, est obsédante et peint le continent en tragédie chronique. D’autant plus que ce récit médiatique apocalyptique a cohabité sans heurts majeurs avec le registre élogieux des tiers-mondistes, majoritairement blancs, qui au mépris de toute étude sérieuse, faisaient déjà entendre le refrain un poil paternaliste qui faisait la paire avec le racisme négatif – avec la prévalence toutefois chez eux de la responsabilité occidentale dans le drame africain. Ce propos vire vite en catéchisme et la décolonisation sublime (Fanon, Bandoeng, Algérie…) à la mode aidant, cette idée devient paradigmatique. La faute à la colonisation s’impose très vite comme le paradigme. En somme, la bannière de ralliement, du nord au sud, qui, sur la base du sentimentalisme, plus que sur des bases factuelles, fédère des acteurs pluriels. Publier donc, dans cette période, Et si l’Afrique refusait le développement ? avec ce titre faussement naïf, prenant à rebours les thèses les plus établies, legs des farouches luttes anticoloniales, c’était se livrer à un jeu de massacre. Axelle Kabou en fit (et en fait) les frais.
Un essai à rebours des thèses dominantes
Elle a alors une trentaine d’années. Est totalement méconnue du sérail. Elle ne se démonte pas, et sa thèse est simple : les causes des problèmes africains sont à chercher dans un refus du développement, considéré comme une injonction exogène et que tout dans la structure des sociétés africaines méconnaît. Dans ses mots, cela donne : « L’Afrique doit être invitée à repenser ses choix idéologiques et sociaux, être amenée à comprendre clairement pourquoi le libéralisme économique généralisé ne peut aboutir qu’à une catastrophe. En d’autres termes, au lieu d’inciter les Africains à s’entre-égorger par programmes d’austérité et de privation interposés, il faudrait d’abord chercher à savoir pourquoi l’audace, l’imagination, l’inventivité restent des denrées rares chez eux, au bout de trente années d’indépendance. Il faut, en un mot, se rendre compte que l’Afrique a mis autour d’elle-même un puissant dispositif culturel permettant de déprimer à la base tout désir de créativité. » (Kabou, 1991 : 84). Voici pour le constat sans détour. La devise du livre, des pages avant, annonçait déjà comme promesse : « A ce titre, ce livre est bien celui d’une génération, objectivement privée d’avenir, qui a tout intérêt à travailler à l’effondrement des nationalismes étroits des indépendances, et à l’avènement d’une Afrique large, forte et digne. » (p.14) Ce constat fondateur mène à une analyse documentée, transversale, volontiers bagarreuse, à la langue chatoyante, et déjà à un amour de la formule qui fait mouche. Pour ne rien arranger, l’auteure fait appel, déjà en exergue du texte avec deux citations malicieuses, à Edem Kodjo et à Albert Memmi, incontournables auteurs de la décolonisation sous le mentorat desquels elle s’abrite, et souvent à propos.
Plus loin, le catalogue des références s’étoffe : du Cheikh Anta Diop à foison, qu’elle semble admirer, Julius Nyerere, Fanon... Elle chasse sur les terres de ses détracteurs potentiels et pioche dans l’héritage panafricain qui reste une source commune quand elle ne tombe pas en coupe réglée des sectarismes. En plus, elle a bachoté : des coupures de presse, une bibliographie impressionnante, une hargne dans les références, des citations, viennent prévenir les procès probables en légèreté. C’est un vrai essai, dans la tradition de la colère sublime, avec ses envolées emphatiques comme ses faiblesses répétitives, propres aux épanchements indignés. La manœuvre est habile de sa part et l’ensemble est entraînant. Mais quelques extraits mal dégrossis sont du pain bénit pour ses ennemis. En effet, le langage aux codes racialistes ne passe pas, surtout au vu du passé, du passif, de l’estime de soi mise à rude épreuve par les parenthèses esclavage/colonisation et leurs séquelles ; tout cela venant d’une fille du continent. Un crime de lèse-mélanine ! Impardonnable ! Voilà une accumulation qui rend les réactions épidermiques, car la plume est partie trop loin dans la plaie, jusqu’à l’os, sinon au cœur. Elle charrie des blessures liées au refoulement de cette histoire encore trop fraîche ; ce crime de révélation du sacré que ne pardonnent que très peu les siens.
Bilan : assez de tares pour apparaître comme la figure même de la félonie. Quand on remonte cette période, la réception du livre se fait en deux temps : l’essai est salué, la scène médiatique s’embrase, la nouveauté intrigue, l’originalité est piquante. Qui est cette jeune femme, formule-t-on in petto avec un mélange de curiosité saine et de voyeurisme. Le livre se diffuse et fige chacune des chapelles dans ses certitudes. C’est un objet brûlant que chacun se repasse. Mais très vite arrive la deuxième lame, pour contrer l’enthousiasme qui commence à épaissir. Le crash succède à l’envol. Le livre devient un phénomène malodorant : du soufre brut. Comme toujours, peu importe qu’il soit lu, ses thèses, ramenées à l’os, les découpes malhonnêtes de son propos, les interprétations malveillantes, font flores. Et les critiques abondent. Il est étonnant à les recenser de voir le nombre de textes qui se sont élevés dans les revues contre cet essai rapidement disqualifié pour ses charges qualifiées d’« excessives » ! Jean-François Revel, auteur du pamphlet Pourquoi des philosophes ? (1957) l’annonçait pour se défendre contre les attaques : la meilleure manière de tenter de disqualifier un livre, c’est de le qualifier de pamphlet. Car cela suppose l’excessif donc l’insignifiant. Mais il s’empressait d’ajouter que la vérité est toujours excessive parce qu’insupportable. Axelle Kabou, grande lectrice d’essais, a sans doute lu Revel, mais elle ne déjoue pas pour autant le piège qui se referme sur elle.
Le processus de la quarantaine
Des deux côtés des relations postcoloniales, elle est prise en étau. Récupérée par les paternalistes négrophobes ; vilipendée par les maternalistes négrophiles ! Tous parisiens, ironie du sort. Pas sûr qu’au fond du Cameroun, on eut ainsi la chance de se faire une idée… Mais peu importe. Son discours n’est ni souhaitable ni défendable, il vient faire grincer le récit porteur de la décolonisation, et qu’à ce titre, le bâillon est l’instrument efficace. Vient ensuite le temps des attaques personnelles, sur un texte qu’elle n’aurait pas écrit, sur son ascendance familiale qui entérinerait son statut d’Uncle Tom, sur ses complexes biologiques. On dégaine Frantz Fanon pour lui prêter un masque blanc et la maintenir en distanciation sociale et littéraire. On note alors le nombre impressionnant d’écrivains et d’intellectuels qui mènent le front pour la débusquer en termes peu amènes. Finalement, de débats sur l’essentiel, très peu. Celle qui est fonctionnaire internationale repart dans sa tanière. Elle ne s’épanche que très peu sur les attaques et consent à un silence, sans jamais renier, au fil des années son livre incriminé.
Dans la mécanique de sa mise à l’écart, il y a tout ou presque du rituel de l’excommunication : le blasphème originel, le rejet fanatique et fatalement le silence. C’est un mauvais filon que d’essayer dans son œuvre de responsabiliser les Africains en termes crus et sans imputer la responsabilité à l’ailleurs. Ceux qui s’y risquent ont souvent des fusils à une munition. Même habile, un tir esseulé dans la cible et c’est plus ou moins la fin de partie. Jean-Paul Ngoupande et Moussa Konaté en sont d’autres exemples avec des fortunes plus ou moins similaires. Cette ligne de crête est à risque, et tomber du mauvais côté de la barrière, celui où le reniement de soi (thèse offensive d’un essai de Bourahima Ouattara paru en 2017 chez Présence africaine) condamne à la solitude. Même Ayi Kwei Armah, auteur du merveilleux et sombre The Beautyful Ones Are Not Yet Born (1968), lui qu’on ne suspecte d’être un renégat, a dû endurer que le pape Chinua Achebe attaque son livre comme prêt de flanc à l’ennemi. De René Dumont à Stephen Smith, de L’Afrique noire est mal partie (1962) à Négrologie (2003), il s’est écoulé un douloureux temps, trois décennies, où tout ce qui s’apparente à une critique des dispositions endogènes africaines, vous faisait remonter à l’ascendance du comte Arthur de Gobineau et à ses tristes délires raciaux. Comment faire la part des choses ? Entre un racisme évident, condescendant, et la parole intellectuelle libre, critique, radicale, comme contribution à la controverse continentale et au-delà ? Peut-on sacrifier un esprit, un talent, pour la simple et bonne raison, d’un blasphème premier contre un ordre, qui plus est relatif ? Quid du débat, comme fondement académique, manière presqu’unique de tester la vérité, de la confronter, d’éprouver sa solidité et sa résistance ? Quid de l’exigence de scènes ouvertes représentatives de la diversité des opinions pour ne pas nourrir des marges déjà acquises aux marchands d’espoir qui conchient la culture ? Des questions sans doute vaines, idéalistes, mais essentielles. Aujourd’hui, Axelle Kabou ne parle plus. On s’empressera pour objecter que rien ne l’empêche de parler. Objection sans doute recevable, mais c’est oublier, la violence d’une séquence et le refuge que peut être la volonté de la tabula rasa. Malgré tout l’hygiénisme qui javellise les propos estimés inconvenants, les problèmes sont restés les mêmes et comme un pied de nez, il n’est pas sûr qu’elle eut franchement tort.
Le bref retour avant la retraite définitive ?
20 ans après Et si l’Afrique refusait le développement ? Axelle Kabou est revenue sur la scène, avec un livre historique ambitieux, Comment on en est arrivé là, publié en 2010. Fresque impressionnante qui redresse l’histoire du continent. Moins polémique, tout en gardant son rythme, son érudition, sa densité, le livre est passé relativement inaperçu. Comme si le mal était fait et que la réputation sulfureuse avait glacé les intérêts, ce volume, essentielle contribution à la discussion, est marginalisé, frappé par la malédiction. Les structures hiérarchiques, qu’elles soient religieuses ou traditionnelles et leur aura dans le continent, ont figé, de concert ou à la suite du temps colonial, les scènes africaines dans des postures immobiles. Le monde intellectuel, au lieu d’y faire entendre une note dissonante, y a apporté une certaine caution, dont le développement tardif est préoccupant. Il fut un temps, pas si vieux, par revues interposées, Senghor et Mongo Béti pour ne citer qu’eux, pouvaient s’invectiver en termes très verts, sans pour autant que la disqualification ne vienne jeter l’opprobre sur l’un des protagonistes. Il semble que ce souffle d’échanges contradictoires et vifs, qui a été actif dans une certaine mesure chez les aînés, n’infuse pas assez dans les temples actuels, où le nettoyage numérique des réseaux sociaux - et pas qu’eux - n’aidant pas, le désaccord finit toujours dans l’hostilité. Peut-être est-ce, pour le travail de l’esprit et l’univers littéraire, dont l’échange épique est l’énergie principale, la plus mauvaise des nouvelles : une apathie doucereuse, signe le plus clinique de l’extinction prochaine. Un calme relatif où la qualité des textes ne fait plus les hommes, mais les qualités morales des hommes, font les textes.
Ceci ne fait bien sûr nullement d’Axelle Kabou une sainte. Le statut d’exclue ne garantit pas le martyre, et fort heureusement. Une victime n’est pas une immaculée. Le statut de victime n’ouvre qu’un droit : celui à la justice. Il n’est pas un privilège. Inutile par conséquent de demander sa canonisation - elle s’y opposerait du reste -, mais seulement souhaiter qu’une culture de la controverse saine vienne lui rendre hommage pour éviter d’autres gâchis. L’histoire littéraire du monde regorge d’exemples d’auteurs crucifiés, d’étoiles filantes, d’œuvres monolivresques, d’injustices, mais cela fait partie du deal ; il faut consentir aux lois d’un monde marchand où la caducité peut frapper jusqu’au talent, car rien n’est acquis, pour un lectorat qui change, et un commerce qui s’adapte à la cruelle loi de la mode. À ce titre, il n’est nullement besoin de se pâmer ou d’être béat, face à Axelle Kabou. Ni d’entretenir l’image de l’écrivain maudit, déchu, contre une caste dorée. Ce serait bêtement renverser l’accusation et barboter dans les passions tristes. On se souviendra de l’enquête fouillée [i]et inestimable de Jean-Pierre Orban, sur Yambo Ouologuem et de son manuscrit « Le devoir de violence ». Où on apprend qu’il est souvent bien cavalier d’ériger rapidement des héros en martyrs, victimes pures d’injustices, car les péripéties sont souvent bien plus complexes et on y est toujours, même pour peu, dans son malheur. Ses livres sont discutables. Il faut les discuter donc et non les brûler dans ces autodafés chics qui caractérisent notre époque. Voilà la seule requête. L’échange comme filtre, pour ne pas nourrir les marges et leur appétence à la conspiration. Cette logique académique de la contradiction est la perte originelle du continent, où l’absence de scène locale, de fait momifiée ou interdite, déporte les discussions ailleurs, pour rejoindre la terrible extraversion des ressources : humaines, économiques et idéologiques. Et Axelle Kabou le note si bien, dans sans doute le flair le plus inspiré de son livre.
Boniface Mongo-Mboussa qui fut l’un des derniers à recueillir son propos à la sortie de son dernier livre, dans un remarquable entretien [ii], fleuve, mais riche, se souvient d’une femme obsédée par le travail et blessée. La défendre, c’est prendre le risque de porter une part de son opprobre sur soi. Et c’est lourd. Elle qui ne se considère pas comme « écrivain », y donne les clefs de son travail d’essayiste scrupuleuse et bosseuse. Le propos est vaste, vertigineux et tire à grands traits le portrait de ce mystère, sur lequel chaque partie, à coups de ragots, émet des hypothèses sans jamais percer à jour les vérités. Victime zéro de la nouvelle ère des excommuniées, Axelle Kabou peut s’honorer d’avoir semé une graine. Celle dont ni l’excommunication, ni les brimades ne peuvent empêcher la lente et inexorable floraison. Dans l’histoire, les censeurs ont toujours perdu en bout de course. Des victoires – et encore – immédiates, pour des défaites au long cours.
Ce texte fait partie des "Damnés de leur terre", une série proposée par Elgas, publiée une première fois sur le site béninois Biscottes littéraires, en décembre 2020. Elle revient sur des parcours, des destins, vies, de cinq auteurs africains qui ont marqué leur temps et qui restent au cœur de controverses encore vives. Axelle Kabou, Williams Sassine, Bolya Baenga, Mongo Béti, Léopold Sédar Senghor. La série est une manière de rendre hommage à ces auteurs singuliers et de promouvoir une idée chère à Elgas : le désaccord sans l’hostilité, comme le fondement même de la démocratie intellectuelle et littéraire.
Le prochain épisode est à lire sur SenePlus le 9 août.
SCOLARISATION DES FILLES, LES RAISONS D'UNE PERFORMANCE
Sur la période 2016-2020, le taux d’achèvement chez les filles a cumulé à 69,5% contre 55,0%, à la même période, chez les garçons. Au baccalauréat 2020, le taux d’admission chez les filles était de 52% toutes séries confondues contre 37% en 2019
Sur la période 2016-2020, le taux d’achèvement global chez les filles a progressé de 65,0% à 69,5% contre 54,6% à 55,0%, à la même période, chez les garçons. À l’examen du baccalauréat 2020, le taux d’admission chez les filles était de 52% toutes séries confondues contre 37% en 2019. Des chiffres qui ont fini de confirmer les performances du Sénégal concernant la scolarisation des filles, leur maintien et leur réussite à l’école.
Les données statistiques sont assez parlantes concernant la scolarisation des filles au Sénégal, leur maintien à l’école ainsi que les performances qu’elles réalisent lors des examens scolaires. Recueillis au niveau du ministère de l’Education nationale, les chiffres montrent que notre pays a réalisé des performances considérables dans le secteur conformément aux recommandations de la 4ème Conférence mondiale sur les femmes tenue en Thaïlande, en 1995, et de certaines initiatives entreprises par l’Unesco sur l’éducation des filles.
Au Sénégal, le gouvernement a très tôt compris l’enjeu de la scolarisation massive des filles et s’est résolument engagé dans la promotion de leur éducation à travers une politique d’accès, de maintien et de promotion. Pour preuve : le ministère de l’Education nationale a créé en 1994, une structure dénommée Scofi (Scolarisation des filles) pour booster les statistiques dans le secteur. Elle avait comme objectif principal de mener la sensibilisation et de porter le plaidoyer sur le terrain auprès de toutes les couches sociales pour encourager la scolarisation des filles. La structure a aussi lutté pour le maintien de celles-ci le plus longtemps possible à l’école.
Grâce à l’accompagnement des partenaires au développement, la Scofi a eu un impact réel en termes de résultats sur le terrain, comme le soutient Marie Siby, la Coordonnatrice de la Cellule genre au ministère de l’Education nationale. On se souvient encore de l’apparition de slogans qui ont eu un impact sur le plan de la sensibilisation et de la communication concernant l’éducation des filles au Sénégal. On peut citer, entre autres : «Je veux aller à l’école et y rester» ou encore «L’école pour tous». Ce qui a entraîné une baisse des inégalités, selon Mme Siby. En termes de données, déjà en 2000, selon les statistiques, les filles représentaient environ 48% des effectifs dans le système éducatif.
Un indice de parité favorable aux filles
Au préscolaire, en 2019, le taux brut de préscolarisation était de 16,1% pour les garçons contre 18,5% pour les filles. Aussi, dans l’élémentaire, sur la période 2016-2020, le taux d’achèvement chez les garçons a évolué entre 54,6% et 55,0%. Par contre, chez les filles, on a noté une nette progression de ce taux. Il est passé de 65,0% en 2016 à 69,5% en 2020, selon les statistiques du ministère de l’Education nationale.
Au niveau national de manière globale, le taux brut de scolarisation est de 93,0% chez les filles et 79,2% chez les garçons. Soit un indice de parité largement favorable aux filles, s’est réjouie Mme Siby.
À l’élémentaire, de 2016 à 2020, le taux d’achèvement global a évolué en dents de scie. Chez les garçons, selon les statistiques, il est passé de 54,6% à 55,0%. Par contre, chez les filles, on note une nette progression de 65,0% en 2016 à 69,5% en 2020, a relevé la Coordonnatrice de la Cellule genre au ministère de l’Education nationale.
Au niveau de l’enseignement moyen général, en 2020, le Taux d’achèvement est de 36,6%. Selon le sexe, les proportions montrent que l’achèvement est plus effectif chez les filles (40,8%) que chez les garçons (32,6%). Cette situation montre un indice de parité de 1,25 en faveur des filles, a renseigné Marie Siby.
Concernant le taux brut de scolarisation au moyen général, il est de 50,7% avec une participation des filles beaucoup plus importante que celle des garçons, selon les données. Cela se traduit par un indice de parité de 1,21 en faveur des filles, a-t-elle indiqué.
En 2020, le taux brut de scolarisation au niveau du secondaire général était estimé à 30,8% pour les garçons et 35,1%pour les filles.
EXAMENS SCOLAIRES
Une prédominance soutenue par l’excellence
Au Sénégal, depuis quelques années, selon les statistiques, les filles réalisent de meilleures performances que les garçons aux examens scolaires. En 2020, par exemple, le taux de réussite au Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) était relativement plus élevé chez les filles (74,57%) que chez les garçons (74,43%). Au Baccalauréat, la même année, les filles ont réalisé un taux d’admission de 52, toutes séries confondues contre 37,8% pour les garçons, selon les chiffres de l’Office du Baccalauréat. La Coordonnatrice de la Cellule genre au ministère de l’Education nationale, Marie Siby, s’est félicitée de cette performance qui, selon elle, est liée à l’indice de parité qui bascule en faveur des filles et à l’encadrement dont elles bénéficient. «Si les filles sortent du lot, c’est parce qu’elles bénéficient d’une discrimination positive. On a assisté à une synergie d’actions de tous les acteurs de la communauté éducative dans le combat pour la scolarisation des filles», a-t-elle affirmé, convaincue que «la prise en charge de l’éducation des filles appelle une forte mobilisation communautaire et un engagement fort de tous les acteurs et de toutes les actrices». Le Sénégal, a estimé Mme Siby, a «très tôt compris cette vision et s’est résolument engagé dans la promotion de l’éducation des filles par une politique d’accès, de maintien et de promotion». Elle a cité, entre autres mesures étatiques fortes, «la Loi d’Orientation 91/22 modifiée en 2004, substrat de la politique éducative dans la définition de ses finalités et principes directeurs qui, en son article 3 bis, garantit l’accès à l’éducation aux enfants des deux sexes». Ainsi, selon Mme Siby, «notre pays, en adoptant le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), réitère son engagement à la lutte contre toutes formes de disparités dans le secteur de l’Education». Cette volonté politique, a-t-elle souligné, «est confirmée par la décision présidentielle n°7 issue du Conseil présidentiel sur les Assises de l’éducation et de la formation portant sur l’inclusion des filles et des enfants à besoins éducatifs spéciaux». Pour accompagner tout cela, un dispositif de promotion de l’éducation des filles est mis en place au niveau du ministère et intègre deux aspects majeurs : d’une part, des actions centrées exclusivement sur les filles et, de l’autre, l’accès des femmes aux postes de responsabilités tous liés à l’idée de donner plus de pouvoir aux femmes, s’est réjouie Marie Siby. «En 2020, il y a eu plus de filles inscrites au Ci (Cours d’initiation) que de garçons : 234 584 filles contre 214 824 garçons», a-t-elle rappelé.
ACCÈS AUX FILIÈRES SCIENTIFIQUES, RÉINSERTION DES MÈRES ADOLESCENTES…
Ces défis à relever
L’accès des filles aux filières scientifiques, la réinsertion des mères adolescentes dans les écoles sont, entre autres, les défis à relever pour nombre d’acteurs du système éducatif sénégalais. Comme le soutient le Forum des éducatrices africaines (Fawe) dans un rapport publié récemment, malgré un taux brut de scolarisation favorable aux filles (54%), la prise en charge des mères adolescentes dans l’éducation reste une préoccupation dans le système éducatif. Selon le Fawe, les grossesses non désirées et les mariages précoces ont beaucoup contribué au décrochage des adolescentes. Anta Fall Bass, la Présidente de Fawe, a déploré le fait que bon nombre de filles en état de grossesse sont exclues de leur établissement scolaire. Des mesures qu’elle dit ne pas comprendre, car il existe des textes permettant aux filles-mères de pouvoir continuer leurs études après l’accouchement. Elle a cité notamment la circulaire n°004379 relative à la gestion des mariages et des grossesses des élèves en milieu scolaire. «L’accès des filles aux filières scientifiques est encore un défi pour le ministère de l’Education nationale quand on sait que moins de 30% des filles inscrites en 2nde font les séries scientifiques», a déclaré Mme Siby. «D’où la pertinence de l’organisation du Concours Miss/Math-Miss/Sciences et des stratégies développées au niveau de l’Enseignement moyen secondaire notamment, en termes de construction et de réhabilitation des Blocs scientifiques et techniques (Bst)», a soutenu la Coordonnatrice de la Cellule genre du ministère de l’Education nationale.
VIDEO
«CONTINUER SANS JACOB, CELA NE VA PAS ETRE POSSIBLE»
Que va devenir le groupe Kassav après le décès de Jacob Desvarieux ? La chanteuse Jocelyne Béroard a sa petite idée.
Que va devenir le groupe Kassav après le décès de Jacob Desvarieux ? La chanteuse Jocelyne Béroard a sa petite idée. «Continuer sans Jacob, cela ne va pas être possible», a déclaré la chanteuse qui a fait la connaissance du défunt guitariste en 1980.
La faucheuse, une fois de plus, a frappé fort. Et les fans de Kassav devront rester forts. Jacob Desvarieux, le cofondateur du mythique groupe de Zouk, a rendu l’âme après 65 ans de vie. Si le plus dur a été d’apprendre la disparition du père du zouk moderne, les fans devront désormais composer avec le lourd fardeau qu’est l’absence de Jacob. Qui était la pierre angulaire du groupe. Ainsi, que deviendra Kassav sans Jacob ? Cette question a été posée à la chanteuse Jocelyne Béroard.
Dans une interview accordée au journal Le Parisien, la chanteuse de Kassav s’est interrogée sur l’avenir du groupe sans son fondateur. «Continuer sans Jacob, cela ne va pas être possible», a déclaré Jocelyne Béroard, en citant la perte d’un premier chanteur, Patrick Saint-Eloi, en 2010. «Sans Jacob, est-ce qu’on a le droit d’appeler encore le groupe Kassav ? Je ne sais pas, on va y réfléchir. Je crois qu’il est peut-être bon de penser autrement aujourd’hui», a-t-elle ajouté. Jocelyne Béroard avait rencontré Jacob Desvarieux en 1980, peu de temps après qu’il a cofondé le groupe Kassav. Trois ans plus tard, elle le rejoignait en tant que choriste.
Très attristée par la mort du chanteur qu’elle peine encore à réaliser, l’artiste de 66 ans a fait l’éloge de celui-ci dans les colonnes du Parisien dimanche. «Jacob avait cette intelligence de l’harmonie entre tous les instruments. Quand il composait pour le zouk, il ne fallait pas qu’un instrument en gêne un autre», a-t-elle analysé, très admirative de la rigueur de son comparse. Survenue le 30 juillet passé, la mort de Jacob vient jeter un pavé dans la mare sur le débat anti vaccin.
En effet, alors qu’il avait pris ses doses du vaccin, le chanteur a développé une forme grave de la maladie avant de rendre l’âme. Un fait qui a relancé sur internet le débat sur l’efficacité du vaccin. «Sur le cas du triste décès de notre ami Jacob Desvarieux et ses trois vaccins, quand on est greffé, transplanté, on prend à vie un traitement immunosuppresseur qui empêche le système immunitaire de réagir et détruit le vaccin. On fait 3 ou 4 vaccins en espérant...», a expliqué avec beaucoup de pédagogie la journaliste de CNews.
Une vie artistique pleinement réussie
Jacob Desvarieux naît le 21 novembre 1955 à Paris. Il n’a que trois mois lorsqu’il arrive en Guadeloupe avec sa mère. Ils vivent entre l’île papillon et la Martinique pendant dix ans. Sa mère aimant voyager, il la suit d’abord en France avant d’arriver au Sénégal où ils s’installent durant deux ans. Quand elle lui offre sa première guitare à l’âge de dix ans, il apprend à jouer avec des copains.
Tombé amoureux de l’instrument, il s’envole ensuite pour Marseille où il fonde le groupe de rock The Bad Grass avec ses amis Francis Cauletin, Phillippe Drai, Chris - tophe Zadire et Achille Ango. Avec le groupe Sweet Bananas, il enregistre le titre Bilboa dance, générique d’une émission matinale sur Rmc. Il rejoint par la suite le groupe Ozila. De retour à Paris en plein âge d’or du disco, il devient musicien et arrangeur de studio. C’est là qu’il fait la rencontre de Pierre-Edouard Decimus avec qui il crée le groupe Kassaven 1979.
Le groupe antillais réunissant entre autres les voix de Jocelyne Béroard, JeanP hilippe Marthely, JeanClaude Naimro ou encore Patrick Saint-Eloi, commence les tournées en 1982. Jacob Desvarieux a également sa propre carrière solo. Après plusieurs albums, il crée en 1987 le concours de chant «Le rêve antillais».
En 1999, il sort l’album Euphrasine’s blues. Fort de plusieurs belles collaborations, il réalise en 2003 avec Passi une chanson sur l’album Dis l’heure 2 zouk, Laisse parler les gens, qui rencontre un franc succès. En 2017, il devient parrain de l’Association 1 pour tous, tous pour l’autisme.
Le 18 juillet 2021, il est testé positif au Covid-19 et placé en réanimation. L’artiste, étant diabétique et affaibli par une greffe d’un rein, est surveillé de près.
EMPLOYEURS ET SALARIES EN BUTTE AU FLOU DE LA LEGISLATION CONCERNANT LE TÉLÉTRAVAIL
Le télétravail est l’aspect le plus visible des changements introduits dans le monde du travail par la pandémie de Covid-19
Le Covid-19 et les mesures de protection individuelle et collective qu’il impose ont précipité la mise en place du télétravail dans beaucoup d’entreprises, sans que les différentes parties ne sachent exactement à quoi elles devaient s’attendre et ce que cela impliquait pour elles. Des échanges faits au sein de différentes structures ont permis au Cnp de rédiger un «Œil ouvert» sur les enjeux de cette question d’actualité.
Le télétravail est l’aspect le plus visible des changements introduits dans le monde du travail par la pandémie de Covid-19. Même les gens qui y étaient assez réfractaires ont fini par s’y mettre, en encourageant tout ou partie de leur personnel à travailler, dans la mesure du possible, à partir de leur domicile.
L’éruption de la vague liée au mortel variant «Delta» a été même un prétexte pour voir des entreprises imposer à leurs salariés des conditions très strictes d’accès à leur lieu de travail. Cela a contraint ceux qui ne pouvaient faire autrement à se mettre en congé, tandis que d’autres se sont mis à travailler à distance, à partir de leur ordinateur ou de leur smartphone. Néanmoins, comme pour toute nouveauté, le monde du travail est en train de découvrir le télétravail en le pratiquant.
Lors de la présentation de l’étude commanditée par le Conseil national du patronat sur le télétravail le 15 juillet dernier, et qui a abouti à une monographie intitulée L’œil ouvert des employeurs sur le télétravail au Sénégal, l’accent a, entre autres, été mis sur l’absence de législation pour régir les nouveaux rapports créés par le télétravail dans les entreprises. Il se poserait notamment des questions sur les conditions de travail et la nature du contrat qui lie les parties. Il s’agit aussi de préciser la notion de télétravail que certains ne veulent pas confondre avec, notamment, le travail à domicile. Il s’agit de considérer le temps que l’employé, «laissé à lui-même», devrait consacrer de manière effective à son employeur.
Des chefs d’entreprise ont exprimé la crainte de voir leurs salariés consacrer une partie de leur temps à domicile à des occupations extra-professionnelles, au détriment de la société qui les emploie. Cette revendication entraîne de son côté une protestation de la part de certains salariés qui se plaignent de se voir exiger une présence en ligne au moins équivalente à leur présence à leur lieu de travail. «Cela, sans savoir si on travaille effectivement ou pas derrière l’ordinateur ou le smartphone. Parce que les employeurs estiment que si je me mets hors connexion, je ne suis pas en train de travailler», se plaignent certains employés.
L’absence du travailleur à son lieu de travail ne met pas fin, ou ne réduit pas pour autant sa responsabilité envers son employeur. A plus forte raison, quand il travaille à distance, il doit d’autant veiller à la confidentialité que peut imposer la manipulation de certaines données sensibles. De plus, sa productivité ne devrait pas connaître de baisse.
En contrepartie, le travailleur en télétravail veut pouvoir obtenir des garanties sur sa protection sociale, sa santé et ses conditions de travail, et d’autres. Le document du Cnp, dans ses conclusions, a recommandé entre autres d’adapter «la législation de la sécurité sociale aux caractéristiques du télétravail», ainsi que «mettre en place le télétravail idéalement dans le cadre d’un accord collectif ou à défaut dans le cadre d’une charte élaborée par l’employeur après avis du comité social et économique, s’il existe». Il demande aussi la mise en place d’une charte du télétravail en des termes sur lesquels toutes les parties du travail se mettraient d’accord.
NOTRE PAYS NE TIRE JAMAIS LES CONSÉQUENCES APRÈS LES CATASTROPHES
Expert en gestion de situations d’urgence, Ci Mamadou Adje analyse la gestion actuelle du Covid-19. Pour lui, «il n’y a pas de riposte communautaire, il y a une réponse communautaire»
Expert en gestion de situations d’urgence, Cl Mamadou Adje analyse la gestion actuelle du Covid-19. Pour lui, «il n’y a pas de riposte communautaire, il y a une réponse communautaire».
Le Sénégal a souvent un problème dans la gestion des catastrophes. Sans ambages, colonel Mamadou Adje, qui prenait part ce samedi à la cérémonie de dédicace du livre du Dr JeanMarc Oulai, intitulé Les relations de coopération économique entre les Etats-Unis et la Côte d’Ivoire de 2012 à 2017 : Implication pour le développement de la Côte d’Ivoire, estime que «nous avons un problème de gestion des catastrophes».
Colonel Adje, officier à la retraite, expert en gestion de situations d’urgence, explique : «Notre pays ne tire jamais les conséquences après les catastrophes.» Il cite les exemples du bateau le Joola, de Bettenty et de la Sonacos qui ont été des drames, mais le pays n’a pas su capitaliser pour prévenir les autres. «Ce qui se fait au Sénégal est grave. On finit quelque chose, on range les cahiers. On ne tire jamais les leçons et les conséquences de ce qui se passe», se désole-t-il.
Alors que le pays dispose d’un modèle de gestion des catastrophes. «Il se pose un réel problème sur la définition des concepts. Nous avons une approche sectorielle alors qu’il nous faut avoir une approche holistique. Aujourd’hui, tout le monde est dans la riposte du Covid-19. J’ai entendu parler de riposte communautaire. Il n’y a pas de riposte communautaire, il y a une réponse communautaire. Il y a une riposte sectorielle. Il n’y a pas une réponse sectorielle pour mener son combat contre la catastrophe», précise le colonel. Selon lui, «la phase des options, celle stratégique et celle opérationnelle sont dépassées». «Nous sommes présentement dans la phase tactique, la gestion de la crise sanitaire du coronavirus. L’appel à la résistance contre la pandémie du Covid-19 se fait par l’engagement communautaire et citoyen de chacun», explique le colonel. D’ailleurs au début de la crise, certains n’auraient pas supporté qu’il ait soutenu que «le centre de gravité de la lutte contre le Covid-19 n’est pas le ministère de la Santé, mais l’engagement communautaire».
Le temps l’a conforté dans ses croyances. Il dit : «On le voit aujourd’hui. Les gens ne savent pas ce qu’a dit le centre de gravité. Ce n’est pas le point le plus puissant. C’est le dernier point à partir duquel on continue à combattre. On va vers l’approche communautaire pour combattre. Il y a aujourd’hui une confusion totale entre ce que l’on appelle le plan de contingence et le master-plan. Le plan du ministère de la Santé contre la pandémie est un plan de contingence. Contre la pandémie, tous les plans sont des plans de contingence parce qu’ils s’occupent des conséquences. Le seul master-plan, c’est le vaccin. Il s’occupe de l’élément du vecteur. Le plan de contingence s’occupe de la cause et le master-plan de la conséquence.
Le plan contingence est mis en place en vue de sauver des vies humaines, retarder l’échéance en attendant d’avoir la solution. Mais on confond la contingence, la riposte et la réponse», explique-t-il Que faut-il faire ? «Du point de vue de la gestion des catastrophes, la riposte est sectorielle, la réponse est multisectorielle, multi-sociale. En d’autres termes, c’est une approche holistique», dit-il.
«DU MATERIEL DU PUBLIC VENDU AUX STRUCTURES SANITAIRES DU PRIVÉ»
Dr Babacar Niang, controversé patron de Suma assistance et pionnier de la médecine privée, n’a pas mis de gants pour dénoncer ces pratiques en cours dans le pays
Devant le «Jury du dimanche» d’Iradio, le patron de Suma assistance, Dr Babacar Niang, a confirmé les informations du journal Le Quotidien relatives au nouveau business autour des respirateurs artificiels et des unités de production d’oxygène issus des Cte démantelés à la fin de la deuxième vague du Covid-19. Selon lui, «du matériel du public est vendu aux structures sanitaires du privé».
L’info avait secoué le ministère de la Santé et de l’action sociale qui s’était précipité de démentir. Dans sa chronique du lundi 19 juillet dernier, Le Quotidien avait sonné l’alerte sur la vente du matériel du public est aux structures sanitaires du privé. Invité du «Jury du dimanche» d’Iradio, Dr Babacar Niang, controversé patron de Suma assistance et pionnier de la médecine privée, n’a pas mis de gants pour dénoncer ces pratiques en cours dans le pays. «Du matériel du public est vendu aux structures sanitaires du privé. La maison de… (Un grand entrepreneur) et d’autres revendeurs qui ont pignon sur rue te sortent tout le matériel que tu veux. Ce n’est pas normal. Tout ministre de la Santé qui vient, la première recommandation qu’on lui fait, c’est de ne pas soulever ce lièvre. On achète par des revendeurs qui sont agréés. Il y a d’autres même qu’on voit, ce sont des bricoleurs. Même eux, ils ont le formulaire. Pour les gants de protection, actuellement, si vous ne mettez pas 7 000 francs Cfa, vous n’avez pas une paire», déclare l’invité du «Jury du dimanche».
Dr Niang, qui a toujours eu le courage d’assumer ses idées et de ramer à contrecourant de la bien-pensance, enchaîne son réquisitoire. «Au ministère de la Santé, quand vous commencez à travailler làbas, il y a une caisse, et vous recevez votre part tous les mois. Ça part de là-bas : On te fait une commande de deux milliards de francs Cfa, tu amènes 100 appareils, on t’en prend dix, on te rend les 90. Qu’est-ce que vous allez faire de ces 90 appareils», s’interroge-t-il. La gestion de cette troisième vague a révélé que bien des choses que l’on pouvait considérer comme acquises n’existaient que dans les discours et autres rapports officiels. «Où sont les centaines de lits d’hospitalisation acquis dans le Programme d’urgence de riposte contre le Covid19 ? Où sont-ils passés ? Où sont passées les dizaines de respirateurs artificiels et les unités de production d’oxygène pour qu’on en arrive à devoir en commander à nouveau dans l’urgence ?», avait posé le chroniqueur du journal Le Quotidien. «Ainsi, apprend-on que les Centres de traitement des épidémies (Cte) avaient été démontés alors que la pandémie n’était pas encore vaincue. Où sont passés les matériels démontés ? Et on découvre, comme par enchantement, que toutes les cliniques médicales privées de Dakar qui ne disposaient pas de matériels et autres appareils respiratoires ont pu s’en doter après le démantèlement des Cte.»
Et de poursuivre : «Allez savoir, mais une telle coïncidence est fort troublante, surtout qu’on assiste à la naissance d’un nouveau business, apparemment lucratif et qui se développe, avec des privés dis posant d’appareils respiratoires qu’ils mettent à disposition de malades restés à domicile faute de places à l’hôpital ou ne pouvant bénéficier d’une assistance respiratoire au niveau des structures hospitalières.» L’article a également évoqué des arriérés de primes à payer aux personnels de santé qui sont accumulés, mais aussi aucun service de réanimation n’est aux normes dans la région de Dakar qui concentre plus de 86% des malades de la pandémie.
900 mille F en oxygène
Cette gestion semble révéler des couacs dans la gestion de cette troisième vague meurtrière. Surtout que le secteur privé n’a jamais été associé à la stratégie de riposte de l’Etat, Dr Niang soutient que les privés ont même été éloignés du centre de décisions.
En plus, détaille-t-il, «il y a des malades qui payaient 900 mille francs Cfa d’oxygène pendant leur hospitalisation». Selon Dr Babacar Niang, il a proposé que l’oxygène soit subventionné par l’Etat. Et la réponse a été sans équivoque : «Tu es privé, tais-toi ! (D’abord), on n’a pas à te donner de l’oxygène pour tes malades», répète-t-il. Et d’ajouter : «C’est là aussi que j’ai dit si vous baissez l’oxygène, je baisse la facturation. Pendant ce temps-là, vous entendez ce qui se passe actuellement parce qu’il y a un gros débat entre le Pr Seydi et les organisations. On dit que l’oxygène est en tension.» L’autre point soulevé par l’urgentiste, c’est la persistance du phénomène des médecins officiant dans le public et dans le privé.
Evidemment, la pratique est encadrée légalement par une loi qui leur permet à partir de 16 heures de faire la médecine privée, mais il pense qu’il y a des abus. «Il y a des publics qui font même leur privé dans l’hôpital. Nos amis français ou burkinabè, quand ils viennent au Sénégal, c’est tout un tas d’histoires. ‘’Professeur, on m’a soigné dans un hôpital, je ne vous paie pas.’’ Mais le Sénégalais, lui, il est habitué. Il a toujours l’argent pour le payer», se désole Dr Babacar Niang.
LE PRÉSUMÉ MEURTRIER DE LA DAME ASSASSINÉE SUR LE PÉAGE ET SES COMPLICES ARRÊTÉS
Après le crime crapuleux perpétré sur Mme Lobé Ndiaye, la gendarmerie n’a pas traîné les pieds pour retrouver les criminels
L’enquête sur le meurtre de Lobé Ndiaye, dont le corps a été retrouvé vers Dakar Arena, sur l’autoroute à péage, avance très rapidement. La Gendarmerie nationale annonce l’arrestation du présumé meurtrier et ses complices. Ils seront déférés dans les prochaines heures.
Après le crime crapuleux perpétré sur Mme Lobé Ndiaye, la gendarmerie n’a pas traîné les pieds pour retrouver les criminels.
L’auteur de ce crime odieux et ses présumés complices ont été arrêtés ce jeudi par la gendarmerie qui a déployé les gros moyens pour les retrouver en un temps record. «Les moyens conséquents déployés par les unités d’enquête spécialisées ont facilité les investigations et abouti à l’arrestation de l’auteur du crime et de ses complices le jeudi 29 juillet», ex - plique la Gendarmerie nationale.
L’arrestation des auteurs de ce crime a été pilotée au plus haut niveau de la chaîne de commandement de la maréchaussée. «Après la découverte macabre du corps sans vie de la victime sur l’autoroute à péage, le Haut commandant de la gendarmerie a donné des instructions à la Section de recherches d’appuyer les éléments de la Brigade mixte de Diamniadio en charge de l’enquêté et de mettre à disposition l’expertise technique et scientifique de la Cellule nationale d’identification criminelle ainsi que la Plateforme numérique de lutte contre la cybercriminalité», note la gendarmerie.
Avec une équipe aussi étoffée, les gendarmes n’ont pas mis du temps à mettre la main sur le présumé meurtrier et ses complices. D’après le communiqué, «les résultats sollicités révèlent l’origine criminelle de la mort de la dame Lobé Ndiaye due à une hémorragie causée par de multiples coups».
En attendant, les présumés meurtriers seront déférés probablement dans la journée de ce lundi. Il faut noter que le corps sans vie de la dame a été retrouvé à la sortie de Diamniadio, sur l’autoroute à péage, ce jeudi. Agée d’une trentaine d’années, vendeuse de pièces détachées, Lobé Ndiaye a été tuée à coups de couteau avant que le corps ne soit mis dans un sac, puis jeté sur l’autoroute à péage.