La troisième vague tend vers le pic
La troisième vague de la pandémie de Covid-19 qui est montée subitement est en passe d’atteindre le pic. Le Sénégal a enregistré le record de contamination hier avec 356 nouveaux cas sur les 2388 tests réalisés, soit un taux de positivité de 14,91%. Parmi les cas positifs, on compte 127 cas contact et 229 cas issus de la transmission communautaire. Parmi ces cas communautaires, 205 cas sont recensés à Dakar contre 24 cas dans les autres régions. Dans la région de Dakar, c’est la commune de Ouakam qui remporte la palme avec 19 cas, 17 à Dakar-Plateau, 11 à Ngor et Yoff, 10 à Ouest-Foire; 09 à Mermoz; 08 aux Maristes; 07 aux Mamelles et Yeumbeul; 06 aux Almadies, Nord-Foire et Rufisque ; 05 à Diamniadio, Pikine, Sacré-Cœur et Sébikotane; 04 à Guédiawaye, Keur-Massar, Liberté-6, Médina et Sicap Foire; 03 à Cité Djily Mbaye, HLM et Port; 02 à Diakhaye, Dieuppeul, Grand-Dakar, Hamo4, Keur Mbaye Fall, Liberté-3, Parcelles Assainies, Petit-Mbao, Sangalkam et Thiaroye et 01 ca à Amitié-2, Bène Taly, Cambèrène, Castors, Cité Biagui, Cité Gendarmerie, Cité Keur Gorgui, Cité Mixta, Gibraltar, GrandMbao, Grand-Yoff, Gueule Tapée, Hann Bel Air, HLM-Fass, Liberté-5, Ouagou Niayes, PointE, Zac Mbao et Zone-B. Dans les autres régions, c’est Thiès qui arrive en tête avec 05 à Thiès; 04 à Dagana; 03 à Ranérou; 02 à Mbour, Popeunguine et Saly et 01 à Diourbel, Kaolack, Kébémer, Malicounda, Nioro et Ourossogui. Le ministre de la Santé a déploré 05 décès et 20 cas graves. Cependant, 73 patients sont déclarés guéris. A ce jour, on dénombre 44.436 cas positifs dont 41.906 guéris, 1183 décédés. Ce qui signifie que 1346 cas sont, actuellement, sous traitement. A la date d’hier, 7142 personnes ont été vaccinées, portant le nombre total à 564.018.
72 h de mobilisation contre la Covid-19 à Dakar
Restons avec la pandémie de Covid-19 pour dire que les autorités ont concocté un plan de riposte contre la propagation du virus. A Dakar, le gouverneur a pris une circulaire pour décliner la stratégie de communication sur les risques et l’engagement communautaire pour la riposte contre la pandémie de Covid-19. A l’en croire, il est prévu sur toute l’étendue du territoire régional une intensification des activités de communication à travers l’organisation de caravanes de sensibilisation et des activités de plaidoyer en faveur de la vaccination contre la Covid-19 et du respect des mesures barrières. Cela se passera du 08 au 10 juillet prochain. La campagne sera lancée vendredi prochain dans la commune des Parcelles Assainies. Ensuite, des caravanes de sensibilisation et des séances de plaidoyer seront déroulées dans chaque département. Le gouverneur va faire d’une pierre deux coups. Il va profiter de la cérémonie pour procéder aussi au lancement officiel des opérations pré-hivernage de la Brigade régionale d’hygiène. El Hassan Sall invite ainsi les médecins chefs de districts à se rapprocher des Préfets et Sous-préfets en vue d’une bonne organisation des activités.
L’OMS offre 924.000 masques au Sénégal !
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a apporté son soutien au Sénégal, dans la lutte contre le coronavirus. A travers sa représentante résidant, l’OMS a offert un important lot, composé essentiellement de masques. Par ce geste, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) réaffirme son soutien à l’Etat du Sénégal. Afin de participer à la prévention et à la riposte de la pandémie Covid-19, l’OMS, tout comme l’Allemagne, a fait un don de 924.000 masques au Sénégal. Face à la hausse des cas notés ces dernières semaines, Dr Lucine Imbua a appelé à la « redynamisation des populations » pour observer les gestes barrières. Elle estime que ces masques vont aider non seulement la population, mais aussi le personnel de santé aux côtés des malades au quotidien. Pour Alassane Mbengue, Secrétaire général du Ministère de la Santé, l’Organisation mondiale de la Santé et l’Allemagne répondent à l’appel du Chef de l’Etat Macky Sall à se mobiliser plus que par le passé, autour de la riposte pour faire face au virus et freiner sa propagation.
L’Arabie saoudite appuie le Sénégal en matériels de réanimation !
Dans sa riposte contre le coronavirus, le Sénégal peut compter sur ses partenaires stratégiques. Après l’Allemagne ou encore l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), c’est au tour de l’Arabie saoudite d’apporter sa contribution. Alors que la troisième vague de coronavirus est annoncée depuis quelques jours, la riposte s’organise déjà au niveau des autorités sénégalaises. Et sur cet aspect, le Sénégal a dû compter sur la générosité de ses partenaires. Hier, le Secrétaire général du Ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) a réceptionné un important don de l’Arabie saoudite. D’une valeur de 324.000 euros, ce matériel est destiné aux services de réanimation. Alassane Mbengue qui représentait le ministre de la Santé, a, au nom de ce dernier, salué la démarche des autorités saoudiennes. Il soutient que ce geste n’était pas le premier, au vu des relations d’amitié et de coopération que les deux pays entretiennent. M. Mbengue a par ailleurs exprimé la gratitude du Gouvernement sénégalais et son engagement à poursuivre la riposte.
FAR a vendu toutes ses parts sur le pétrole de Sangomar
La société australienne FAR Ltd met fin à 15 ans d’activités sur un projet d’exploration qui a, pendant plusieurs années, tenu en haleine l’ensemble de l’industrie, débloquant le potentiel d’une province pétrolière jusque-là peu explorée. Le 7 juin, la société a annoncé la finalisation de la cession de ses 15% d’intérêts dans la future zone de production de pétrole de Sangomar à son compatriote Woodside Energy. Selon Ecofin, l’accord de vente a été conclu au premier trimestre de cette année. A cet effet, suite à la conclusion de l’accord, FAR a reçu 126 millions de dollars de Woodside. Les paiements supplémentaires à FAR qui devraient s’afficher jusqu’à 55 millions de dollars, dépendent du prix futur du pétrole et de la date du début de la production, prévue pour 2023. Woodside détient désormais 90% des parts totales du projet, contre 10 % pour la Société Publique Sénégalaise du Pétrole (Petrosen).
700 millions alloués au fonds d’appui à la presse
L’information a failli échapper à nos radars. Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop a installé les membres du comité de gestion du Fonds d’appui et de développement de la presse (Fadp). Les membres vont étudier les modalités d’octroi de ces fonds au regard du nouveau Code la presse. Puisque l’ancienne pratique consistant à distribuer les fonds aux patrons de presse sans autres conditions n’est plus acceptable au regard du nouveau Code qui prévoit désormais le financement de projets de développement ou de modernisation des entreprises de presse. D’ailleurs, le secrétaire général du Synpics, Bamba Kassé, pense qu’au-delà de l’aspect de modernisation et de développement des entreprises de presse, l’un des objectifs majeurs de ce fonds, c’est de soutenir la formation des jeunes journalistes et techniciens des médias. Mais en attendant la transition, il a été décidé de partager l’aide à la presse comme à l’accoutumée. Ainsi la presse va se partager une enveloppe de 700 millions Fcfa.
Saliou Dièye élu président de l’Ordre national des experts
Saliou Dièye a été porté hier à la présidence de l’Ordre National des experts du Sénégal (ONES). L’expert fiscal a été élu à la tête de la structure lors de l’assemblée générale tenue dans un hôtel de la place. A cette occasion, l’ONES a rendu un vibrant hommage à feue Marie Delphine Ndiaye, présidente de l’exercice en cours, décédée au cours du mois de février 2021. Après la validation des rapports d’activités et financier, l’assemblée a procédé à l’adoption de nouveaux textes relatifs au règlement intérieur et au code des devoirs professionnels et procédé également au renouvellement du tiers sortant du Conseil de l’Ordre.
Le procès de Aida Mbacké renvoyé au 28 juillet prochain
La dame Aida Mbacké va devoir garder son mal en patience. Le procès de cette dame qui est présumée d’avoir brulé vif son époux a été prévu pour hier, devant la chambre criminelle de Dakar. Mais finalement, le procès ne s’est pas tenu. Le président de la Chambre criminelle de Dakar a renvoyé le procès au 28 juillet prochain pour la comparution des deux témoins. Pour rappel, Aida Mbacké est soupçonnée d’avoir mis le feu dans leur chambre à la suite d’une dispute, alors que son époux s’y trouvait. Le drame s’était produit à Hann Maristes.
Les adieux du capitaine radié
Coucou, revoilà l’ex-capitaine, Seydina Oumar Touré radié récemment des cadres de la Gendarmerie nationale par un décret présidentiel. Sur sa page Facebook, l’ex officier de la Gendarmerie informe avoir reçu hier la notification de sa radiation des contrôles de la gendarmerie nationale consécutive au décret signé le 17 juin 2021, par le chef de l’Etat. Il rappelle qu’il est incorporé dans la Gendarmerie nationale le 03 décembre 2012 et nommé au grade de sous-lieutenant, le 09 mars 2015. Ce qui veut dire qu’il a servi pendant 08 années, 06 mois et 14 jours au sein de la Gendarmerie sénégalaise. Monsieur Touré reste malgré tout attaché à la Gendarmerie. «Si demain, on m’interpellait sur le meilleur service public de la République, je répondrai sans hésiter que c’est la Gendarmerie nationale», a-t-il écrit dans un long texte. A l’en croire, la Gendarmerie n’est et ne sera jamais à l’image d’un seul homme quels que soit sa personnalité, son comportement ou sa position hiérarchique mais la somme de sacrifices et le reflet d’hommes et de femmes qui sont les remparts de la cité partout et chaque jour. Il remercie le peuple et toutes les personnes qui, à travers les réseaux sociaux dans le monde entier, lui ont apporté leur soutien et continuent de le faire aujourd’hui encore.
Bougane Guèye Dany à Thiès
Dans le cadre de son opération «Tibb Tank», Bougane Guèye Dany, leader du mouvement Gëm sà Bopp, était hier à Thiès. Il a fustigé la démarche du «Mburook Soow», avant de souligner que Thiès était jadis la ville du refus, à travers Mamadou Dia, Ibrahima Sarr, Boubacar Sall le grand Lion aux côtés de Me Abdoulaye Wade. Pour toutes ces raisons, dit-il, la ville de Thiès ne mérite pas la situation qu’elle est en train de vivre actuellement. De l’avis de Bougane Guèye Dany, l’ambition du Président Macky Sall s’arrête à offrir aux populations du «Mburook soow», dans un contexte marqué par une flambée des prix de certaines denrées. Il a par ailleurs exhorté les chefs de village à refuser d’entrer dans le jeu du Président Macky Sall, qui veut les asservir à travers des salaires de 50 000 Fcfa pour faire d’eux de grands électeurs.
La CJRS lance le concours national des meilleurs articles
Le président de la convention des jeunes reporters, Ibrahima Baldé, a lancé hier l’édition 2021du concours national de la presse. Ainsi le concours des meilleurs reporters est officiellement ouvert. Les articles sélectionnés devront faire l’objet de publication durant la période allant de décembre 2019 à septembre 2021. Et la date limite des dépôts des dossiers est retenue pour le 30 septembre. L’année dernière, précise-t-il d’emblée, le gala national de la presse n’a pas pu se tenir à cause de la crise sanitaire. Avant d’annoncer la tenue de la 10e édition du gala pour le 27 novembre 2021. Pour la présente édition, les jeunes reporters vont honorer l’ancien de la RTS, Mansour SOW dont le prix Radio portera son nom ; le prix presse en Ligne est dédié aux reporters de Leral décédés dans un accident; le prix télé est dédié au regretté Ahmed Bachir Kounta ; feu Momar Seyni Ndiaye pour la Presse écrite ; et le Photojournalisme à Awa Tounkara, une ancienne du Soleil
SÉNÉGAL, CHRONIQUE D’UN SOFT POWER EN DÉCLIN, UNE DÉMOCRATIE EN RUINE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’État de droit, les normes démocratiques et toutes les variables qui déterminaient l’attractivité du Sénégal sur la sphère internationale, sont en train d’être oblitérées. Nous sommes dans une décennie de tous les dangers
Une crise démocratique, des tensions à un niveau rarement connu, une attractivité mitigée à l’internationale… le Sénégal perd de sa superbe d’antan et à un rythme crescendo. L’État de droit, les normes démocratiques, la stabilité politique et toutes les variables qui déterminaient l’attractivité et la légitimité du Sénégal sur la sphère internationale, sont en train d’être oblitérées. L’inventaire des faits auxquels nous sommes tous témoins, expose un Sénégal qui ne satisfait plus son statut de modèle et qui est presque un “soft power” en déclin. L’histoire de nos prouesses diplomatiques et de la perception que le reste du monde a de notre pays, reflète oui, un potentiel de soft power dont dispose le Sénégal. Aujourd’hui, les sources de cette puissance s’étiolent et un diagnostic lucide s’impose.
Les sources du soft power sénégalais
Malgré la petitesse de cette nation, les aléas de la géographie et de l’histoire lui ont conféré des relents d’une puissance qui lui accordent une importance capitale à la face du monde. De par la situation géostratégique, le Sénégal a été toujours perçu comme le pays francophone le plus important d’Afrique subsaharienne par l’administration américaine (Peter Schreader, 2005). Sa stabilité et sa maturité démocratique manifestées et confirmées lors des deux alternances, en ont fait un modèle non seulement pour l’Afrique mais aussi pour le reste du monde. Au soir de la défaite d’Abdoulaye Wade en 2012, les éloges ne manquaient pas. Macky Sall prenait les rênes d’un pays dont l’attractivité de par sa démocratie acclamée, était au zénith. Goodluck Jonathan président du Nigéria d’alors estimait que cette élection "était une bonne chose pour le peuple sénégalais et pour notre sous-région, particulièrement à l'heure où un pays frère fait face à de graves défis en matière d'ordre constitutionnel (parlant du Mali)".
Le Sénégal a surtout toujours été un modèle de démocratie non pas pour l’Afrique uniquement, mais pour le monde musulman. Un modèle de pays africain, démocratique à majorité musulmane, dont le premier président de la République était issu de la minorité chrétienne. La capacité de cette nation à avoir une voix écoutée à l’internationale, est issue de cette tradition démocratique dont les origines remontent même au XVIIIe siècle avec la Révolution Torodo ou encore avec le modèle d’Etat de la collectivité Lébous, mais aussi d’un certain leadership incarné dans le monde musulman. En plus de présider depuis 45 ans le Comité pour l'Exercice des Droits Inaliénables du Peuple Palestinien, le Sénégal est un acteur marquant de l’Organisation de la Coopération Islamique dont il a abrité le 11e sommet en 2008.
Le rôle modèle du Sénégal tourne surtout autour de sa capacité à être à équidistance avec les civilisations, sans pourtant autant porter atteinte à son identité de pays musulman. Le sécularisme hérité dans une moindre mesure de la colonisation, dont on a réussi à dresser l’osmose avec nos pratiques et principes religieux, c’est ce cocktail auquel s’est greffée notre démocratie, pour nous permettre d’avoir la légitimité et la crédibilité en tant que médiateur dans plusieurs conflits internationaux. Notre implication sans commune mesure dans la promotion de la paix et la stabilité dans le monde a été plébiscitée tout au long de l’histoire. De l’envoi des troupes sénégalaises à la guerre du Golfe aux multiples missions de l’ONU au Darfour, au Rwanda ou encore en Centrafrique, en passant par les médiations d’Abdoulaye Wade en Côte d’Ivoire ou au Madagascar en 2002, le Sénégal a toujours assuré un leadership marquant sur la sphère internationale.
Beaucoup de ces variables justifient le terme de “soft power” pour le Sénégal. Même si ce terme est encore absent de la communication des dirigeants autant que dans la sphère académique sénégalaise, le Sénégal est un soft power ou jouit d’un gros potentiel de soft power. C’est une puissance douce, qui s’impose dans le jeu international grâce aux trois fonctions du soft power tel que le définit Joseph Nye depuis le début des années 90. Nye explique que le concept de la puissance a changé et la façon dont les pays s’influencent et se persuadent dépend maintenant de trois fonctions : les valeurs, la politique étrangère et la culture.
Sans vouloir entrer dans les rudiments théoriques de la pensée de Nye, la description ci-dessus explique et justifie la perception du Sénégal en tant que soft power. Nos valeurs et notre activisme démocratique à l’international, notre réputation de pays de droit à l’internationale et notre désignation de pays de la Teranga (pays de l’hospitalité) nous ont donné la légitimité et la crédibilité nécessaire pour s’imposer sur scène internationale. La culture sénégalaise reste visible et convoitée, et le Sénégal joue aussi un rôle de carrefour culturel en Afrique de l’Ouest après avoir organisé deux fois le Festival mondial des Arts Nègres.
Il y a surtout un volet d’exceptionnalisme sénégalais qu’il convient de relever. Le Sénégal n’est ni une puissance économique ni une puissance démographique, ni une puissance militaire d’ailleurs, du moins à la hauteur de la réputation de ses succès dans les zones de conflits où nous sommes intervenus. La puissance sénégalaise est une puissance douce, qui dépend plus de ses richesses immatérielles.
Seulement, il y a un déclin retentissant de toutes les variables qui font le potentiel du soft power sénégalais.
Du déclin d’un soft power
Il y a une crise âprement démocratique au Sénégal. Il y a d’abord des sources de conflit qu’on n’aurait jamais imaginées entendre un jour dans ce dernier bastion de la démocratie ouest-africaine. Des discours ethnicistes, sous-tendus par une volonté de mettre “hors d’état de nuire un opposant” qui a implémenté une nouvelle façon de faire de la politique et qui bénéficie particulièrement de l’oreille attentive et réceptive d’une jeunesse qui se sent trahie (nous y reviendrons).
Il y a surtout une volonté manifeste d’un gouvernement, depuis 2012, de gouverner par la force de lois et de règles dont la conception et la finalité sont particulièrement antidémocratiques. Une constitution à polémique en 2016, le parrainage, et récemment, les nouvelles lois antiterroristes dont la qualification la plus adéquate serait “antidémocratiques”, ont été votées par une Assemblée nationale dont la crédibilité est au plus bas et qui ne reflète absolument pas, ni la volonté du citoyen sénégalais ni l’intégrité et l’élégance républicaines que le sénégalais a toujours exhibées fièrement. Il y a une crise profonde, même ahurissante des valeurs, surtout au sein des institutions, et qui ne se limite même pas à cette Assemblée à « majorité mécanique ». Le plus difficile c’est que nous devenons nous-mêmes, ceux qui outrepassent les principes de la démocratie et le respect des conventions internationales. Les décisions prises par la CEDEAO sur les cas de Khalifa Sall et du parrainage défavorablement au gouvernement, que celui-ci a ignorées d’ailleurs, démontrent une perte d’élégance républicaine et éthique au sein de nos plus hautes sphères.
Il y a la perte surtout de la crédibilité “d’une justice qui a démissionné”, comme le disait un juge démissionnaire. Quand, dans un pays, le président de l’Union des Magistrats réclame plus d’indépendance pour la justice, il y a péril en la demeure. Non seulement les démissions et les crises sont de plus en plus marquantes et récurrentes au sein de la corporation, mais il y a un sentiment partagé que les prérogatives du pouvoir juridique sont phagocytées par l’exécutif. Il y a une volonté manifeste de se servir du pouvoir juridique à des fins politiques, qui exacerbe davantage le sentiment d’injustice continuelle qui anime le sénégalais actuellement.
C’est ce sentiment d’injustice refoulé des années durant, qui explique le mieux les tensions inédites notées en mars dernier. Au menu, une affaire de mœurs qui laisse surtout entrevoir un complot visant à mettre à l’arrêt un opposant qui gêne. L’opinion publique s’est surtout faite à l’idée qu’il y a une volonté de l’exécutif d’écarter un opposant de plus, après l’avoir fait avec Karim Wade et Khalifa Sall, et de se baliser une route pour un probable troisième mandat ou pour une dévolution partisane du pouvoir. Cela s’est greffé à ce sentiment d’injustice qui anime le sénégalais depuis 2012 avec l’impunité dont jouissent surtout les membres de la mouvance présidentielle contrairement aux opposants, et qui plonge le Sénégal parmi les pays à justice sélective et peu recommandable.
Le Sénégal perd surtout son attractivité en Afrique. L’Etat et les dirigeants ne prennent aucunement en compte le besoin inquiétant et légitime de souveraineté qui anime les jeunes africains mais surtout les jeunes sénégalais. Il y a une jeunesse africaine qui se retrouve parfaitement dans le discours souverainiste et patriotique d’Ousmane Sonko et d’autres opposants de cette génération un peu partout en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, le président Macky Sall entretient une relation diplomatique avec la France qui nous rappelle les plus mauvais jours de la Françafrique pour l’Afrique de l’Ouest. Il renforce surtout cette réputation du Sénégal comme dernier bastion de la Françafrique avec la Côte d’Ivoire, soulignée récemment par l’analyste politique Emmanuel Desfourneaux sur les ondes d’une radio sénégalaise. Une réputation bien loin du rôle panafricaniste que le Sénégal a joué tant bien que mal sous l’ère Abdoulaye Wade et qui permettait au pays d’assurer légitimement aux yeux des africains, le rôle du leader d’une Afrique libre dans ses pensées et dans ses prises de décision.
Le Sénégal ne peut plus surtout se prévaloir d’être un pays de droits. Le dernier rapport de Freedom House expose un recul démocratique et des libertés au Sénégal sur la période 2017-2020. À force de gouverner par la force des lois et des règles antidémocratiques, à force de mettre les opposants hors circuit, d’avoir recours à des méthodes peu conventionnelles comme l’invocation de l’article 80 pour emprisonner des activistes ou les indexer en tant que terroristes quand ils sont à l’étranger ; aujourd’hui, nous n’avons plus d’argument nous privilégiant face aux autres États africains jugés moins démocratiques.
Dans le cadre de la politique étrangère, il y a deux problèmes qui portent préjudice à la crédibilité des dirigeants sénégalais. Premièrement le leadership africain que le président Sall essaye d’incarner lors de ses discours face à une audience internationale, n’a rien à voir avec sa politique intérieure. Il y a toujours ce recours par exemple à l’étranger même dans la commande publique et surtout le recours aux lois liberticides sur le plan national. Alors que face à une audience internationale, le président essaye de promouvoir l’image d’une Afrique libre, d’un Sénégal émergent et démocratique, qui n’ont rien à voir avec les faits nationaux de sa politique.
La deuxième chose est que la politique étrangère de Macky Sall ne reflète pas la construction progressive de l’identité sénégalaise. L’identité détermine les intérêts d’un acteur dans la sphère internationale, ont expliqué les constructivistes. La politique du gouvernement actuel ne traduit pas les aspirations, les valeurs, les croyances et les principes auxquels obéissent les Sénégalais. Le cas du conflit israélo-palestinien en est une parfaite illustration. Leopold Sédar Senghor n’avait pas hésité à accorder un passeport diplomatique à Yasser Arafat à la fin des années 60. Le Sénégal en tant que défenseur des droits inaliénables de la Palestine (via le Comité) doit montrer son support à ce pays et se positionner en tant que médiateur actif face à Israël avec qui il bénéficie d’une bonne relation de surcroît. En mai dernier, Israël frappait pendant plus de six jours la bande de Gaza. Enormément de Sénégalais se sont insurgés de cet épisode et l’État sénégalais devait avoir un engagement beaucoup plus marqué qu’un simple discours d’appel à la désescalade le jour de l’Eid. Sans oublier l’épisode de la visite de Me Sidiki Kaba en 2018, ministre des Affaires Etrangères, au « mur des lamentions ».
La démocratie est à l’agonie au Sénégal. Nous sommes dans une décennie de tous les dangers. Avec l’exploitation des ressources, il y aura davantage de risque d’insécurité. Le débat devait être ailleurs. Aujourd’hui, cette étape devait être largement dépassée et le débat tourné vers notre capacité à être un “trading State”. Mettre les piliers d’une émergence avérée et non juste de slogan, concevoir une diplomatie proactive et multidimensionnelle. Le soft power sénégalais devait être davantage renforcé et surtout, utilisé comme un instrument d’une diplomatie économique ambitieuse. Le Sénégal est une puissance douce immatérielle, mais le Sénégal a la capacité d’être une puissance africaine avérée dans tous les domaines. Les niches diplomatiques à notre portée ne manquent pas. Notre capacité d’influence en Afrique de l’Ouest peut être ressuscitée et mise au service de notre diplomatie économique. Mais pour ces ambitions, il faut d’abord restituer l’État de droit.
Les acquis démocratiques ne doivent être menacés pour rien au monde, pour aucune cause personnelle ou communautariste, et pour personne. À chaque génération sa mission, la nôtre est de faire en sorte que l’intégrité démocratique du Sénégal d’antan, ne s’égare pas sous notre génération.
Les habitants du village de Djindi, situé dans l’arrondissement de Bandafassi, à seulement 15 km de la commune de Kédougou, sont affligés par la mort de deux personnes abattues par une bande de coupeurs de route. C’était ce lundi aux environs de 17 heures que deux jeunes garçons ont été assassinés par ces voleurs, qui ont aussi dépouillé d’autres personnes de tous leurs biens (argent et téléphones).
La consternation est à la hauteur du drame : deux jeunes ont été tués de sang-froid par des bandits dans la journée du lundi à Djindi, situé dans l’arrondissement de Bandafassi, à 15 km dans la commune de Kédougou. C’est un crime commis avec des armes à feu. Dondo Keïta, un témoin du braquage, qui a échappé miraculeusement au carnage, raconte la scène d’horreur.
«C’est dans un virage non loin du village que nous avons croisé les bandits. Les braqueurs étaient au nombre de six et étaient armés. Ils nous ont arrêtés et ils nous disent clairement : «Si vous courez on va tirer sur vous.» Nous étions trois personnes sur la moto.» Certains n’ont pas respecté les ordres des délinquants, qui n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur les récalcitrants.
Il enchaîne : «Et mon ami Dondo a voulu courir et on a tiré sur lui. Il y avait une autre personne qui venait à moto et quittait Kédougou. Il paraît que c’est un Malien. On lui a demandé de s’arrêter, il a refusé et on a tiré sur lui aussi. Ils étaient très armés. Les deux personnes sont mortes sur le coup après avoir reçu les balles des assassins.» Lui a été dépouillé et s’en sort sans égratignure. «Ils ont pris mes 100 mille francs. Et mes autres amis ont été fouettés. Et ils ont emporté tous leurs biens», détaille Dondo Keïta, victime du braquage et natif du village Djindi, figé dans le deuil.
Et les populations se posent un paquet de questions : comment une telle chose a-t-elle pu arriver ? Comment peut-on tirer de sang-froid sur des personnes innocentes ? Quand la zone sera-t-elle sécurisée ? En attendant d’avoir des réponses à ces interrogations évidemment légitimes, une enquête a été ouverte par la gendarmerie, qui va essayer de lancer une chasse-à- l’homme pour retrouver les assassins. Ce drame relance le débat sur l’insécurité dans la zone. Il faut dire depuis un certain temps, les villages de Djindji mandingue, Djindji Bassari et Wakilaré ont pu sortir de l’ombre grâce à l’orpaillage traditionnel clandestin, qui continue de drainer du monde dans ces localités juxtaposées et très enclavées avec des routes impraticables.
Elles ne sont pas aussi couvertes par le réseau téléphonique mobile et restent coupées du reste du pays. Avec les activités aurifères, ce coin reculé de la région de Kédougou semble être une zone de non-droit qui attire les délinquants, qui arrivent à fondre dans le décor comme si de rien n’était.
2E EDITION DU CONCOURS NATIONAL DE PLAN D’AFFAIRES, 145 PME RECOMPENSEES
L’Agence de développement et d’encadrement des Petites et moyennes entreprises (Adepme) a fêté hier les lauréats de la 2e édition du Concours national de plan d’affaires.
L’Agence de développement et d’encadrement des Petites et moyennes entreprises (Adepme) a fêté hier les lauréats de la 2e édition du Concours national de plan d’affaires. Il s’agit de 145 Pme en provenance de toutes les 14 régions du Sénégal qui, à l’issue de cette compétition, ont prouvé la robustesse de leur plan de développement.
«Vous avez suivi avec succès un parcours sélectif, transparent, mis en place par l’Adepme et ses partenaires, notamment la Banque mondiale, l’Apix et les autres structures membres du comité technique du Concours national de business-plan», a dit le ministre du Commerce et des Pme aux récipiendaires. Qui, selon Assome Aminata Diatta, recevront «chacun en moyenne 14 millions de francs Cfa en termes de subvention».
L’Adepme leur a également promis «un accompagnement et un suivi personnalisé à travers des formations, du coaching, de la mise en place d’outils de gestion, de l’appui à l’export et dans la maîtrise des processus de qualité». «Un accompagnement que nous mettrons en œuvre avec l’appui de l’ensemble de nos partenaires et tout spécialement d’un de nos partenaires stratégiques : les Chambres de commerce», assure Idrissa Diabira, le Dg de cette agence.
Tirant les enseignements de la 1ère édition (2016) qui était destinée aux jeunes créateurs d’entreprises, conjuguée au contexte de la pandémie, le comité technique, d’après le directeur général adjoint de l’Apix, a décidé de changer cette fois de cibles en orientant ses efforts vers des entreprises déjà existantes et particulièrement éprouvées par le Covid19. «Il s’agit pour nous, à travers ces subventions, de témoigner aux entreprises de notre engagement à leurs côtés dans le cadre de la résilience postCovid-19», a indiqué le colonel Diallo, qui estime que ce concours vient à son heure en apportant un second souffle aux entreprises fragilisées par la crise et souvent confrontées aux problèmes d’accès aux financements.
Mais, précise le Dga de l’Apix, ces Pme, après avoir franchi une partie des obstacles, doivent entamer la seconde partie du parcours, certainement la plus difficile, celle de la mise en œuvre en faisant en sorte d’assurer le succès de ce plan par une utilisation judicieuse et efficace des ressources qui permettront de préserver le tissu des emplois et même mieux d’en générer d’autres. Ce faisant, elles permettront la génération de retombées positives et favoriseraient ainsi la prospérité partagée. Grâce au soutien de la Banque mondiale et d’autres partenaires, l’Adepme a pu mobiliser plus de 2 milliards de francs Cfa pour organiser ce concours.
Lequel s’inscrit dans le cadre du projet de développement du tourisme et des entreprises qui a été élaboré par le gouvernement du Sénégal dans le but d’apporter des réponses durables au problème de compétitivité de l’économie sénégalaise.
Par Eric SCHWARTZ
LES CONFIDENCES DE SEYDOU BADIAN
Seydou Badian Kouyaté était un sage. J’ai eu le privilège de le connaître au début des années 1990 quand il venait fréquemment rendre visite au Roi Hassan II
Le Dr Seydou Badian Kouyaté était un sage. J’ai eu le privilège de le connaître au début des années 1990 quand il venait fréquemment rendre visite au Roi Hassan II. Le célèbre écrivain avait plusieurs amis parmi les personnalités politiques, et il visitait souvent la famille de son «aîné» Sékou Touré, exilée au Maroc.
A cette époque, Seydou Badian avait «presque» mis un terme à une longue carrière de conseiller de chef d’Etat. Il a été plusieurs fois ministre de Modibo Keïta, le père de l’indépendance du Mali, puis arrêté lors du coup d’Etat du 19 novembre 1968. Seydou Badian a été libéré sept ans plus tard grâce aux interventions du Roi Hassan II, des Présidents Sékou Touré et Léopold Sédar Senghor et de nombreux intellectuels de gauche, et il s’est exilé au Sénégal.
Ensuite, Seydou Badian a connu une longue carrière de conseiller diplomatique et politique auprès des Présidents Sédar Senghor (Sénégal), Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), Sékou Touré (Guinée Conakry) et Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville). Le Dr Seydou Badian s’est éteint à l’âge de 90 ans, le 28 décembre 2018, à Bamako : L’écrivain panafricaniste et homme politique est connu par ses deux célèbres œuvres, Les dirigeants africains face à leurs peuples, Essai (1965), qui a obtenu le Grand prix littéraire d’Afrique noire, et Sous l’orage, roman, suivi de La mort de Chaka, pièce en cinq tableaux (1957) qui est au programme de collèges et lycées dans plusieurs pays francophones. Seydou Badian Kouyaté a été sacré lauréat du Grand prix des mécènes pour l’ensemble de sa production bibliographique (2017).
Le Dr Seydou Badian Kouyaté était un témoin de l’histoire, celle de l’Afrique coloniale, de la décolonisation, un militant de l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (Us-Rda), un critique des indépendances de façade, des dictatures, des multipartismes, de la mauvaise gouvernance, des rebellions, des coups d’Etat et des élections truquées. L’homme politique malien était aussi le camarade politique, ami fidèle et vrai du Président Modibo Keïta, et celui qui a écrit les paroles de l’hymne national de la République du Mali. C’était un privilège et un plaisir de rencontrer régulièrement l’écrivain et l’homme politique Seydou Badian. Il partageait volontiers des souvenirs et des anecdotes de l’Afrique qu’il aimait. On s’entretenait jusqu’à une heure avancée de la nuit, dans le salon de son modeste appartement du boulevard Mohammed V à Casablanca. J’étais journaliste et responsable des relations publiques chez l’agence FP7 McCann, il y a bien longtemps.
En écoutant le sage Seydou Badian, je posais toutes les questions qui me préoccupaient sur l’Afrique, la politique, les chefs d’Etat, les écrivains de la négritude et ses anciens camarades de la lutte anticoloniale, sans jamais me lasser de ses réponses. Une fois, l’écrivain Seydou Badian m’avait fait cet aveu au sujet de ses amitiés : «Pour moi, c’était compliqué d’être à la fois l’ami du Senghor et de Cheikh Anta Diop.» Il a été un médiateur entre le Président sénégalais et son principal opposant pendant ses années d’exil à Dakar. Cheikh Anta Diop est alors Professeur à l’Université de Dakar, mais il subit des mauvais traitements de l’Administration publique. Et Seydou Badian m’avait confié que le célèbre anthropologue le taquinait souvent en disant : «Dis à ton copain Senghor d’arrêter de me persécuter !»
Toutefois, l’écrivain m’avait exprimé ses regrets face à son embarras, soulignant que «ça faisait mal de voir Cheikh Anta Diop travailler dans de mauvaises conditions à l’Université de Dakar alors qu’il était un savant exceptionnel… C’était indigne du Sénégal, même indigne de l’Afrique». Cette rivalité légendaire entre deux éléphants de la pensée africaine me tenait vraiment à cœur, ayant été moi-même Dakarois pendant deux ans. J’étais vraiment rempli d’amertume, et je ne m’en étais pas rendu compte. Et le sage africain avait compris que j’avais besoin de plus d’information, s’il devait me garder dans la confidence, dans l’intérêt de la transparence. «Senghor avait parfois un comportement mesquin,» dit-il, avant d’ajouter : «Une fois, il m’a proposé de rédiger la préface d’un de mes livres... Et quand il m’a montré son texte, un long texte dans lequel Senghor y dénigrait ses amis écrivains pour se prévaloir... J‘ai refusé...»
Et comme s’il voulait se raviser, Badian conclut : «Senghor était mon ami. Il est encore mon ami... Mais je me suis fâché...» Je n’avais pas commenté. J’ai même changé de sujet. Et puisque je comprenais son embarras, le poids de cette confidence m’avait convaincu de son intégrité. Sa cordialité.
Le Dr Seydou Badian Kouyaté était un homme estimable, honnête, loyal, un ami sincère ou est-ce que le destin l’avait conduit de le devenir ? Une autre fois, le conseiller diplomatique de Senghor m’avait fait une autre confidence : «Amadou Ahidjo était l’ami de Senghor. Ils se téléphonaient souvent. Ahidjo admirait Senghor… Et Senghor l’estimait beaucoup. Ahidjo discutait des sujets intellectuels avec Senghor… Ahidjo était passionné de lectures, d’histoire et les essais politiques.
Cette admiration mutuelle entre Senghor et Ahidjo offusquait Houphouët-Boigny.» Après un quart de siècle à la Magistrature suprême, Ahidjo avait démissionné pour céder le fauteuil présidentiel à son dauphin constitutionnel, son Premier ministre Paul Biya, en conservant la présidence du parti unique, mais un conflit éclata entre le nouveau Président et son illustre prédécesseur : c’était une sorte de «cohabitation étrange» que les chefs d’Etat africains demandaient à Biya d’endurer, par souci d’une paisible alternance politique au Cameroun.
«Le Roi Hassan II a essayé de réconcilier Ahidjo et Biya, expliqua Badian. Au Cameroun, Biya et ses proches déshonoraient Ahidjo. Les chefs d’Etat n’ont pas apprécié les attitudes de Paul Biya. Pourtant, c’est HouphouëtBoigny qui a accueilli en grande pompe Biya à Abidjan...» Paul Biya a humilié Amadou Ahidjo en le faisant condamner deux fois à mort par contumace, à «être fusillé sur la place publique pour avoir fomenté un complot contre l’Etat.» Biya s’est rapproché du Président Togolais Gnassingbé Eyadema, le «protégé du Vieux», avec la «bénédiction de François Mitterrand». Et Ahidjo, se sentant trahi par son «fils spirituel» et ses pairs, est mort de chagrin quelques années plus tard à Dakar.
Pour Seydou Badian, les accusations de complot contre Biya étaient imaginaires : «Amadou Ahidjo était l’ami intime de Senghor, me dit-il. Ahidjo, comme Senghor, n’avait pas l’intention de s’éterniser au pouvoir… Ahidjo a démissionné volontairement pour laisser le pouvoir à son Premier ministre Paul Biya comme Senghor l’a fait. Il y a eu cette entente entre eux : Senghor a préparé Abdou Diouf à sa succession et Ahidjo a préparé Paul Biya… Ces histoires de coups d’Etat fomentés par Ahidjo pour renverser Biya sont ridicules...»
Et Seydou Badian me confia que : «Houphouët-Boigny n’avait pas apprécié les démissions successives de Senghor et de Ahidjo… Houphouët semblait avoir une dent contre Ahidjo… Il a encouragé Biya dans sa révolte contre Ahidjo… » Badian savait que je n’étais pas un admirateur de Félix Houphouët-Boigny, parce qu’il avait la réputation d’être «l’homme de la France en Afrique».
Et Seydou Badian m’expliqua comment «Houphouët-Boigny a milité contre l’Afrique pour la Côte d’Ivoire, milité contre la Côte d’Ivoire pour les Baoulés, milité contre les Baoulés pour Yamoussoukro et contre Yamoussoukro pour sa famille...» Toutefois, Seydou Badian ne cachait pas son admiration pour le défunt Président égyptien Gamal el-Nasser, «un panafricain !», m’avait-il dit. «Gamal Nasser ?”, lui demandais-je ; Il a promu le panarabisme, il a nationalisé le canal de Suez, il s’est opposé aux Occidentaux, il était même à mon sens un nationaliste arabe.» «J’ai connu le président Gamal Nasser, dit-il avec assurance, il nous a soutenus pendant les luttes d’indépendance. Nasser était un nationaliste africain.» Puis, le sage Seydou Badian m’expliqua alors avec les mots simples qu’au début des années 1960, le Président Senghor avait entrepris d’organiser le premier Festival mondial des arts nègres. C’était une ambitieuse initiative de Senghor pour célébrer les humanités africaines, les «cultures nègres» et les grands artistes de la diaspora noire. Le Sénégal avait envoyé des invitations aux Etats d’Afrique et des Caraïbes, aux intellectuels célèbres (Aimé Césaire, Langston Hughes), aux artistes noirs des Etats-Unis (Duke Ellington et Louis Armstrong), etc.
Informé par les médias, le Président égyptien avait appelé son homologue sénégalais, et Gamal Nasser lui avait dit ces paroles inédites : «Senghor, j’espère que vous n’oublierez pas les artistes égyptiens ! … L’Egypte sera représentée au Festival de Dakar. Nous sommes aussi des Noirs.» Seydou Badian m’avait donc dévoilé sa conception du Panafricanisme.
«C’EST UNE DECISION POLITIQUE»
Passablement agacés par les sanctions infligées à certains de leurs camarades, les associations des étudiants de la Faculté des sciences juridiques de l’Ucad dénoncent une «décision politique» du Conseil de discipline de l’Assemblée de l’Université
Passablement agacés par les sanctions infligées à certains de leurs camarades, les associations des étudiants de la Faculté des sciences juridiques de l’Ucad dénoncent une «décision politique» du Conseil de discipline de l’Assemblée de l’Université et annoncent une saisine de la Cour suprême pour annuler les décisions prises par l’Administration universitaire.
La tension ne retombe pas à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il flotte un air de défiance dans les abords de la Faculté des sciences juridiques et politiques où le climat n’est toujours pas apaisé. La Coalition articles 118 et 119 du Cocc, qui avait été déclarée victorieuse des élections du 7 juin, et la Coordination des listes et coalitions de listes de l’Ucad ont séparément organisé un point de presse hier, devant les locaux de la Faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp) et le rectorat pour contester les sanctions infligées aux 89 étudiants dont 45 d’entre eux ont écopé de sanctions assez lourdes. Une décision qu’ils qualifient de politique et qu’ils considèrent comme un «acharnement».
La Coalition articles 118 et 119 du Cocc est déterminée à aller jusqu’au bout de son combat pour invalider les décisions du Conseil de discipline de l’Assemblée de l’Université. En tant que juristes, ils vont saisir la Chambre administrative de la Cour suprême pour que cette décision soit cassée. «La décision du recteur n’est pas légale. Elle n’est pas fondée sur du droit. C’est de l’acharnement sur nous. Cette décision est purement politique. Elle n’est pas administrative. On va engager un pool d’avocats. On va attaquer cette décision. On va utiliser tous les moyens que la loi nous autorise. On peut aussi faire un recours gracieux», a expliqué Midou Karamba, porte-parole et membre de la Coalition articles 118 et 119 du Cocc
Saisine de la Cour suprême
Même son de cloche chez Mbaye Diop Ismaïla, porte-parole de la Coordination des listes et coalitions de listes de l’Ucad, qui pointe du doigt le recteur de l’Ucad et l’Administration universitaire. «Nous fustigeons l’irresponsabilité de nos autorités. On nous a conviés à un Conseil de discipline avec des procédures vicieuses. Et le recteur s’est permis de sanctionner des étudiants et avec de lourdes sanctions sans pour autant leur donner des motifs valables. Il y a même des étudiants que l’on appelle en Conseil de discipline par leur surnom et ce n’est pas respectueux.
L’Administration ne respecte plus les étudiants. Et c’est une chose que nous déplorons jusqu’à notre dernière énergie», déplore-t-il. Il poursuit : «Tout ce que l’Administration est en train de faire est un abus de pouvoir contre des étudiants. Leur avenir est hypothéqué aujourd’- hui.» Un recours hiérarchique a été déposé hier, avec un ultimatum de 72 heures. «S’ils ne réagissent pas dans les 72 heures par rapport à ce recours que nous avons déposé aujourd’hui (hier), nous allons passer à la vitesse supérieure», a martelé Mbaye Diop Ismaïla devant le rectorat de l’Ucad. Les propos sont fermes : «Nous ne pouvons plus attendre et nous n’allons pas attendre», a-t-il fait savoir devant la foule.
Par Yoro DIA
AFGHANISTAN : LE TALON D’ACHILLE DES GRANDES PUISSANCES
Le communisme, comme la liberté ou la démocratie, ne se parachute pas et quand ils sont dans les bagages des forces expéditionnaires, la greffe ne prend pas
Le début de la fin de l’empire soviétique a commencé avec l’invasion de l’Afghanistan, d’où la deuxième Armée du monde se retirera sans gloire, laissant ce pays retomber dans son chaos habituel. Aujourd’hui, après vingt ans de guerre et plus de 2 000 morts, l’Armée américaine, la plus grande et la plus puissante, la première du monde, abandonne à son tour la partie sans gloire face à des talibans moyenâgeux, dont le seul outil qui les lie à la modernité est la Kalachnikov.
Les leçons de l’histoire de l’échec des Soviétiques en Afghanistan et celui des Américains auraient dues faire comprendre aux Américains que la guerre d’Afghanistan, lancée après les attentats du World Trade Center, était perdue d’avance pour une simple raison : il n’y avait aucune chance de la gagner parce qu’elle n’est pas gagnable. Et les historiens spécialistes des insurrections et des guérillas le savent depuis 1813. Depuis 1813, quand une guérilla lancée en 1808 par le Peuple espagnol parvint à chasser d’Espagne les Armées régulières les plus puissantes de l’époque : celle de Napoléon qui avait mis au pas toutes les Armées régulières d’Europe.
Les Russes s’inspireront de la guérilla espagnole en 1812 contre le même Napoléon et contre les hordes nazies qui avaient envahi le pays lors de la Seconde guerre mondiale. Et comme le dit si bien le juriste allemand Carl Schmitt dans son livre La théorie du partisan, et «l’insurrection espagnole contre les forces de Napoléon», «toutes les guerres civiles et toutes celles coloniales ont vu l’apparition renouvelée d’éléments que l’on peut qualifier de partisan (guérilleros, insurgés). Combattant irrégulier, le partisan dépend toujours de l’aide que lui apporte une puissance régulière», mais aussi le soutien de «la population, meilleure amie du partisan».
En Afghanistan, si les Russes et les Américains ont échoué, c’est parce que «la population» a été «meilleure amie» des Moudjahidines dans la croisade contre l’invasion communiste, et alliée des Talibans contre la force expéditionnaire américaine. Les Afghans ont refusé la servitude communiste soviétique et la liberté américaine.
L’Afghanistan est un pays particulier, fermé sur lui-même et qui refuse l’influence extérieure. Les Britanniques l’avaient tellement compris qu’ils l’avaient mis en quarantaine pendant l’époque coloniale. Et depuis, l’Afghanistan s’est volontairement mis en quarantaine. Les Talibans n’ont jamais eu aucune ambition extérieure, mais ont toujours tout aussi refusé toute ingérence extérieure. C’est pourquoi nous n’avons pas encore vu de terrorisme taliban à l’extérieur de ce pays. Néanmoins, les Talibans, comme ils l’ont fait avec les Russes et les Américains, ont empêché à l’Etat islamique d’avoir un ancrage local.
Après le départ des Russes, des Américains, les Talibans vont revenir rapidement au pouvoir et instaurer une chape de plomb obscurantiste pendant très longtemps, faisant disparaître le pays des radars, car après les Russes et les Américains, aucun pays, loin ou proche (Pakistan, Inde, Iran) ne va s’y aventurer. Le rideau sombre de l’obscurantisme religieux s’est abattu sur ce pays pour très longtemps.
Le communisme, comme la liberté ou la démocratie, ne se parachute pas et quand ils sont dans les bagages des forces expéditionnaires, la greffe ne prend pas
NAPLES REFUSE 40 MILLIONS D’EUROS POUR LAISSER PARTIR KALIDOU KOULIBALY
Aurelio De Laurentiis ne badine pas avec le dossier de Kalidou Koulibaly.
Aurelio De Laurentiis ne badine pas avec le dossier de Kalidou Koulibaly. Malgré les tentatives des grandes écuries de s’offrir le roc sénégalais, le président napolitain a refusé l’offre de 40 millions d’euros venant du Paris Saint Germain pour céder son joueur. Du côté de l’Italie, après sa demande, Diao Baldé Keïta serait tout proche de rejoindre l’Inter de Milan.
Kalidou Koulibaly affole toujours le marché des transferts. Auteur d’une saison en XXX avec Naples, le numéro 26 des Napolitains est courtisé partout. Après l’avoir longtemps pisté l’été dernier, mais sans réussir à conclure son arrivée, le Paris Saint-Germain est revenu à la charge pour s’offrir le roc sénégalais. D’ailleurs, le club de la capitale française avait même formulé une offre de 40 millions d’euros pour s’attacher les services du Lion. Mais le président napolitain a une nouvelle fois refusé cette offre. L’information a été confirmée par l’entourage du capitaine des Lions.
Après cette énième tentative, les Parisiens ne devraient pas tout de même revenir à la charge. D’autant que la venue de Sergio Ramos était une alternative au choix Kalidou Koulibaly pour la direction parisienne qui devrait officialiser l’arrivée du défenseur espagnol dans les prochaines heures. Une nouvelle piste qui s’éteint pour l’international sénégalais dont l’agent se montrait ouvert à un départ cet été, mais que seul le Real Madrid pourrait lui offrir. Avec le retour de Carlo Ancelotti sur le banc des Merengues, Koulibaly pourrait rejoindre le vice-champion d’Espagne cet été pour combler le départ de Sergio Ramos. L'ancien joueur de Genk a un profil parfait que toutes les équipes rêvent d'avoir dans leurs rangs. Depuis son arrivée en Serie A, l’ancien joueur de Metz ne cesse de progresser dans l'aspect technique comme tactique. Aujourd’hui, avec ses qualités, il est considéré comme l'un des meilleurs à son poste.
KEITA BALDÉ PROCHE DE L’INTER DE MILAN
Où jouera Keita Baldé la saison prochaine ? Relancé en prêt par la Sampdoria lors de l’exercice écoulé où il a participé à 25 matchs, pour 7 buts en Serie A, l’international sénégalais pourrait quitter l’AS Monaco. A un an du terme de son contrat, le joueur de 26 ans pourrait être vendu cet été. En effet, Simone Inzaghi, ancien coach à la Lazio de Rome et aujourd’hui manager de l'Inter de Milan, envisage sérieusement de recruter l’international sénégalais. D’après la presse italienne, la venue de l’international sénégalais devrait être bénéfique pour le champion de la Serie A sur le plan offensif avec la blessure de Alexis Sanchez, ou combler les contre-performances de Lautaro Martinez. Désormais, les Nerazzurri devront débourser une somme estimée à 10 millions d’euros pour s’attacher ses services.
LE SENEGAL ET LA SUISSE ROUVRENT LES NEGOCIATIONS SUR L’ACCORD DE PARIS
Réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le changement climatique,tel est l’objectif que visent le Sénégal et la Suisse en signant cette coopération bilatérale
L’Etat du Sénégal et la Confédération Suisse ont signé hier un accord de coopération bilatérale dans le domaine de l’article 6 de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Présidant la rencontre, le ministre de l’Environnement et du Développement Durable, Abdou Karim Sall, a indiqué que cette signature est une prouesse diplomatique au regard des divergences profondes entre pays développés et ceux en développement sur la question climatique
Réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le changement climatique,tel est l’objectif que visent le Sénégal et la Suisse en signant cette coopération bilatérale. Ce protocole d’accord, indique le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, va permettre aux deux pays de lutter ensemble contre les effets du changement climatique. «Il est une prouesse diplomatique au regard des divergences profondes entre pays développés et pays en développement sur la question climatique, mais aussi une victoire retentissante du multilatéralisme dans la prise en charge des questions d’intérêt commun», a soutenu Abdou Karim Sall, à l’issue de la signature d’accord avec le ministre de l’Environnement, des Transports, de l’Energie et de la Communication de la Confédération Suisse, Simonetta Sommaruga.
De plus, rappelle-t-il, l’objectif de l’accord de Paris est de renforcer la riposte mondiale à la menace que constituentles changements climatiques. «Il vise à contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport au niveau préindustriel et, si possible, à 1,5°C», ajoute-t-il. Pour l’atteinte des objectifs visés, indique le ministre Abdou Karim Sall, il faut un renforcement des capacités d’adaptation et de résilience des communautés ainsi que des flux financiers compatibles avec les besoins d’un développement à faible émission de gaz à effets de serre. S’agissant par ailleurs des efforts consentis par le Sénégal, Abdou Karim Sall soutient que le gouvernement réserve une place de choix à la question de l’environnement, notamment à travers l’opérationnalisation du PSE vert initié par le Président Macky Sall.
D’autant que, souligne-t-il, notre pays est rudement affecté par les changements climatiques qui ont des impacts négatifs sur des secteurs clés de l’économie nationale tels que l’agriculture, les ressources en eau, les infrastructures, le tourisme, les zones côtières et la santé. «Dans le secteur de l’énergie, le Sénégal promeut le mix énergétique à travers un déploiement de centrales solaires et de parcs éoliens qui a permis d’atteindre un taux de couverture de 20% de la capacité installée en énergies renouvelables en 2020», dit-il avant d’évoquer la mise en service du plus grand parc éolien de l’Afrique de l’Ouest avec une puissance installée de 150 MW. «Cette politique du mix énergétique, qui est un pilier essentiel de notre Contribution déterminée au niveau national, sera renforcée par des options d’efficacité énergétique dans le bâtiment, le transport etles équipements énergétiques», ajoute Abdou Karim Sall.
A l’en croire, le Sénégal s’est aussi engagé dans une politique ambitieuse de reforestation du territoire national, de réalisation de l’initiative panafricaine de la Grande Muraille verte, de gestion durable des terres, de conservation de la biodiversité et de préservation des écosystèmes contre le péril plastique.
Pour sa part, le ministre de l’Environnement de la Confédération Suisse, Simonetta Sommarug, trouve que cet accord permet à la Suisse et au Sénégal de contribuer en matière de réduction des effets climatiques, mais aussi de faire avancer les négociations internationales. «Cela peut être l’objectif de la Suisse dans la lutte contre le changement climatique, mais elle peut aussi collaborer pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. D’autant que le climat ne connaît pas de frontière», soutient-elle.