KEEMTAAN GI - DES VERTUS DU DIALOGUE
Personne ne peut douter qu’un grand recul démocratique s’est opéré dans ce charmant pays. Nier l’évidence, c’est faire preuve d’une cécité intellectuelle et d’une malhonnêteté flagrante. Ceux qui veulent nous faire croire également qu’il est dirigé par un démocrate ne participent pas à bâtir ce pays dans la paix et aider le Chef à sortir par la grande porte. Et, par ricochet, entrer dans l’Histoire. Plutôt que des avancées démocratiques, nous marchons à reculons. Le récent vote d’une loi censée combattre le terrorisme et qui serait faite pour casser de l’opposition, en constitue un exemple illustratif. C’est toujours la loi du grand nombre qui s’impose. C’est-à-dire de cette majorité mécanique qui a la fâcheuse habitude et la réputation de ne jamais aller dans un sens contraire à celui voulu et désigné par le Chef. D’ailleurs, cette majorité, elle ne pense pas. Ou, si elle pense, elle le fait bêtement en faisant parler des muscles plutôt que la persuasion. Hélas, c’est la même chose à travers tous les régimes qui se sont succédé à la tête de notre pays et dont les députés votent les yeux fermés toutes les lois qu’on leur présente, même les plus perfides et les plus pernicieuses. Des lois, d’ailleurs, qu’ils ne lisent jamais et se contrefichent qu’elles puissent un jour plonger ce pays dans le chaos. En réalité, ils ne défendent même pas ces lois, mais leur initiateur souvent présenté en démiurge. On pensait qu’on apprendrait de la confusion notée du vote de la loi sur le terrorisme. Et voilà qu’ils s’apprêtent à voter une autre dans la division. Le consensus entre le pouvoir et l’opposition n’étant pas de mise autour du projet de loi portant révision du code électoral. Diriger, c’est également dialoguer. Même si ça peut paraitre surréaliste pour quelqu’un qui veut réduire son opposition à sa plus simple expression. La réduire à néant pour faire valoir sa propre pensée. C’est justement cette volonté de montrer sa puissance qui est dangereuse pour la paix sociale. Cqfd KACCOOR BI
NOTAIRES BIENHEUREUX
Une curiosité que n’ont pas manqué de nous signaler des citoyens grincheux. Et il y en a tellement dans ce pays ! Il paraît que les candidats à l’acquisition des terres sur le site de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor — des bijoux de famille que l’Etat a mis en vente pour renflouer sa trésorerie — ont dû verser leur argent auprès de quelques cabinets de notaires de la place. La curiosité se trouve dans le fait que c’est l’Etat qui vend par le biais de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Laquelle dispose d’une filiale immobilière, pilotée par le transhumant Abdou Khafor Touré, qui a piloté l’opération. L’Etat disposant d’un Trésor public, et la CDC elle-même ayant justement pour objet de recevoir des dépôts et consignations — notamment les fonds confiés aux notaires —, on s’étonne que l’argent de la vente de terrains appartenant à l’Etat ait été versé à des cabinets de notaires dont, précisément, un appartenant à l’épouse du ministre des Finances, et aussi à Me Moustapha Ndiaye, à Me Nafissatou Diop, à Me Lika Bâ, à Me Adjara machin etc. Mais nous sommes sûrs que tout ça, c’est des malveillants qui le disent ! Belle prise de la Gendarmerie
PRÈS D’UN DEMI-MILLIARD DE FAUX BILLETS SAISIS À KEUR MASSAR
Avant-hier, comme l’ont annoncé les confrères, la brigade de gendarmerie de Keur Massar a fait une belle prise dans le milieu des faussaires. Une importante quantité de faux billets de banque estimée à près d’un demi-milliard cfa (475.200.00) a été saisie. Au décompte final, il s’agit de 32 paquets de 200 billets de 100 euros, 17 paquets de 200 billets de 10.000 cfa, 11 paquets de 200 billets noirs de 10.000 Fcfa ainsi que 2.140.000 cfa en vrais billets de banque. Selon la Division communication de la Gendarmerie, cette opération de la brigade de Keur Massar a été réalisée grâce à la collaboration avec d’autres unités de la gendarmerie. Dès la saisie, une perquisition fructueuse a été effectuée au domicile du principal suspect mis en cause domicilié à l’Unité 6/Parcelles Assainies. Cette descente a permis l’arrestation de plusieurs personnes. Sans doute d’autres vont tomber puisque l’enquête suit son cours avec l’exploitation des données techniques et des pièces à conviction saisies durant la perquisition. Pour « Le Témoin » quotidien, cette opération est venue à son heure c’est-à-dire en période de Tabaski où les faussaires investissent les foirails populaires pour y écouler des faux billets de banque. affaire de fréquences piratées
DÉFÉRÉ, NDIAGA NDOUR SOUS CONTRÔLE JUDICIAIRE
Déféré hier devant le procureur de la République dans l’affaire de fréquences volées ou piratées Ndiaga Ndour de la Tfm a été finalement placé sous contrôle judiciaire. D’ailleurs, dans son édition d’hier, « Le Témoin » avait laissé entendre que le frère de Youssou Ndour bénéficierait d’une liberté provisoire ou d’un contrôle judiciaire dès qu’il serait présenté au procureur de la République. Chose faite ! Rappelons-le, les faits remontent courant juin en marge de la fête de la musique où El Hadj Ndiaye avait dénoncé ce qu’il qualifie de système frauduleux de piratage dont il était victime. Mieux, le bouillant et tonitruant El Hadj Ndiaye avait accusé nommément Ndiaga Ndour de la Tfm d’avoir piraté ses fréquences avant de naviguer illégalement sur son satellite. confédération des orGanisations privées de l’industrie touristique (copitour)
MAMADOU RACINE SY ÉLU PRÉSIDENT
Un digne fils du pays vient d’être honoré à Bissau lors de l’Assemblée constitutive de la Confédération des organisations privées de l’industrie touristique de la Cedeao (Copitour). Il s’agit de notre Mamadou Racine Sy national qui a été élu à la tête de la Copitour. Cette élection atteste l’engagement citoyen et la détermination professionnelle de Mamadou Racine Sy ou le patron de l’hôtel King Fahd Palace pour le développement du secteur touristique au Sénégal et de l’Afrique en général. Dans sa page Facebook visitée par « Le Témoin », le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, a solennellement adressé ses sincères félicitations à Mamadou Racine Sy qu’il surnomme l’icône du secteur privé sénégalais. « Je tiens à lui apporter tout mon soutien et tous mes encouragements dans l’accomplissement de sa nouvelle mission » a-t-il fait savoir. Donc toutes nos félicitations au président Racine ! exploitation météoroloGique
UNE NOUVELLE STATION À MBOUR
Les populations du département de Mbour seront bientôt à l’heure de l’information méteologique. Restée plusieurs années sans outil météorologique de conformité internationale, la capitale de la petite côte vient de disposer de nouveau d’une station météo aux normes de l’Organisation Mondiale de la Météorologie (OMM) qui va aussi servir d’outil technique dans les domaines de l’aéronautique, du tourisme, de la pêche, de l’agriculture, entre autres. Cette infrastructure moderne bâtie sur une surface de 8000 mètres carrés, et financée à hauteur de 48 millions cfa par le budget de l’Etat du Sénégal, a été réceptionnée par le Ministre du Tourisme et des Transports Aériens, Alioune Sarr, qui a annoncé la mise en œuvre d’un programme national de réhabilitation des stations météorologiques régionales. Selon notre correspondant à Mbour, la Station est composée d’une salle d’observation, d’un parc météorologique abritant les instruments météorologiques classiques, d’un bureau du chef de station, d’un magasin et de toutes les commodités pour son bon fonctionnement. Depuis sa création souligne notre reporter, la station météorologique de Mbour était abritée par les locaux de l’Institut de Recherche et de Développement (IRD) en vertu d’une convention signée avec l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim). L’IRD qui a décidé entre-temps de rétrocéder ses locaux à des tiers, a demandé à l’Anacim de trouver un nouveau site. C’est ainsi que la municipalité de Mbour, de concert avec les autorités administratives, a mis à la disposition de l’Etat du Sénégal ce vaste terrain abritant la nouvelle station météorologique.
LE SENEGAL POINTÉ DU DOIGT PAR L’OMS
Cette remontée en flèche des cas de la Covid-19 dans certains pays d’Afrique n’a pas révélé tous ses secrets.
Les prévisions de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) sont toujours alarmantes. Et cette forte propagation de la Covid-19 dans le continent africain explique les craintes nourries par la directrice régionale de l’Oms/Afrique, le Dr Matshidiso Moeti. Cette dernière qui a pris part à une conférence virtuelle à laquelle a pris part Dakaractu, hier, jeudi 8 juillet 2021, a d’abord dressé la situation de la maladie dans le continent noir.
‘’L'Afrique vient d'enregistrer sa pire semaine de pandémie, dépassant le pic de la deuxième vague. Au cours de la semaine qui s'est terminée le 4 juillet, on a recensé plus de 251 000 cas, soit une augmentation de 20% par rapport à la semaine précédente et un bond de 12% par rapport au pic de janvier. Au total, sur le continent, il y a eu près de 5,7 millions de cas de Covid-19 et 146 000 personnes ont malheureusement perdu la vie. Les nouveaux cas ont augmenté pourla septième semaine consécutive en Afrique’’.
Une situation inquiétante pour le continent noir. D’où les mises en garde du Dr Moeti. ‘’Le pire reste à venir, car la troisième vague, qui évolue rapidement, continue de gagner du terrain dans les pays’’. Et pour mettre fin à cette situation, il faudra encore attendre plusieurs semaines. Les cas doublent maintenant tous les 18 jours, contre 21 jours il y a une semaine. 16 pays africains sont maintenant en résurgence, avec le Malawi et le Sénégal qui se sont ajoutés cette semaine, et le variant Delta a été détecté dans dix de ces pays’’.
Cette remontée en flèche des cas de la Covid-19 dans certains pays d’Afrique n’a pas révélé tous ses secrets. La directrice régionale de l’Oms Afrique l’a indiqué dans ses propos. ‘’Nos continents ont encore du mal à rassembler les informations nécessaires à l'identification des variants qui circulent dans une communauté. L'identification de ces variants a une valeur immédiate pour les équipes d'intervention internationales. Car, elle permet d'ajuster les mesures de santé publique et celles dites sociales, y compris parfois les décisions relatives aux vaccins’’, a indiqué le Dr Moeti, au cours de cette rencontre virtuelle hebdomadaire.
Dans le contexte de l'augmentation des cas, des décès et des ressources limitées, l’Oms dit encourager les pays africains à intégrer des tests de dépistage PCR. Des tests qui peuvent, selon le Dr Moeti, détecter les variants comme une approche complémentaire au séquençage’’
1027 MÉNAGES SERONT RELOGÉS SUR LE SITE DE DIOUGOP, SELON LA COORDONNATRICE
Les concessions impactées sur cette Langue de Barbarie sont au nombre de 432 avec 1027 ménages, soit environ 11 808 personnes à reloger sur le site de Diougop
La ville de Saint-Louis abrite depuis avant-hier, mercredi 7 Juillet, un atelier de trois jours visant à renforcer les capacités des parties prenantes impliquées dans la mise en œuvre du Plan d’Actions de Réinstallation des personnes affectées par la libération de la bande des 20m de la Langue de Barbarie. Cela entre dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de Relèvement d’Urgence et de Résilience à Saint-Louis. Les concessions impactées sur cette Langue de Barbarie sont au nombre de 432 avec 1027 ménages, soit environ 11 808 personnes à reloger sur le site de Diougop.
Cet atelier a pour objectif :
-de faire l’état d’avancement et le rappel des étapes de la mise en œuvre du Plan d’Actions de Réinstallation (PAR) des personnes affectées par le projet, y compris les rôles et responsabilités des parties prenantes ;
-de partager les résultats de l’enquête de fiabilisation de la base de données du PAR ;
-de partager les exigences nationales et de la Banque mondiale en matière de déplacement et de réinstallation involontaire de populations ;
-de s’accorder sur les mesures de compensation et/ou de réinstallation prévues dans le cadre de la mise en œuvre du PAR ;
-de parvenir à une compréhension commune des mesures de sauvegarde sociale et de la gestion des risques sociaux dans le contexte de la mise en œuvre du SERRP et particulièrement du PAR de la Langue de Barbarie.
Il s’agit également :
-d’actualiser le plan d’actions et le calendrier de mise en œuvre du PAR ;
-de préparer un plan de conciliation des PAP et d’élaborer une fiche d’identification PAP et un acte de conciliation.
En effet, la libération d’une bande de sécurité de 20 mètres de large sur 1,6 kilomètre de long sur la Langue de Barbarie entre la mer et les quartiers de Guet Ndar, Goxu Mbacc, et Ndar Toute, est une des activités principales du Projet de Relèvement d’Urgence et de Résilience à Saint-Louis (SERRP).
Le but de ce recul stratégique est de sécuriser les populations installées en front de mer et réduire les dégâts occasionnés par l’avancée de la mer, en attendant qu’une solution pérenne soit trouvée. Ainsi, pour se conformer au cadre législatif et réglementaire du Sénégal en matière de déplacement de populations et à la politique opérationnelle de la Banque Mondiale en matière de réinstallation involontaire, le projet a requis la préparation d’un Plan d’Actions de Réinstallation (PAR) pour prendre en charge les populations affectées. “Ce PAR a été préparé avec la collaboration de toutes les parties prenantes clés.
Il vise d’une part à prévenir et gérer de façon équitable les éventuelles incidences qui pourraient découler de la mise en œuvre des opérations de déplacement des populations affectées par la libération de la bande des 20 mètres de la Langue de Barbarie, et, d’autre part, à être en conformité avec la législation sénégalaise et les exigences de la Banque Mondiale en matière de réinstallation”, a soutenu Marie Solange Ndione, spécialiste en sauvegarde sociale à l’Agence de Développement Municipal (ADM).
Le rapport du PAR a été approuvé par la Banque mondiale et diffusé auprès des parties prenantes. “Au total, le déplacement des populations et activités localisées sur la Langue de Barbarie affectera 432 concessions, 1027 ménages qui regroupent environ 11 808 personnes qui seront relogées sur le site de Diougop dans la commune de Gandon avec toutes les commodités nécessaires. Les actifs affectés concernent 30 places d’affaires et 11 infrastructures communautaires de base”, a précisé Marie Ndaw, Directrice technique de l’ADM par ailleurs Coordonnatrice du Projet SERRP.
LES CANDIDATS INDÉPENDANTS, AGNEAUX DU SACRIFICE DU PACTE POLITICIEN
L’adoption du projet de loi portant Code électoral, à l’issue du Conseil des ministres de lundi dernier, a acté la suppression du parrainage pour les partis politiques et son maintien pour les candidatures et listes indépendantes
L’adoption du projet de loi portant Code électoral, à l’issue du Conseil des ministres de lundi dernier, a acté la suppression du parrainage pour les partis politiques et son maintien pour les candidatures et listes indépendantes. Des candidats qui doivent être parrainés par 2 % des électeurs inscrits dans la circonscription où ils comptent se présenter. Cette mesure est jugée discriminatoire par les assujettis.
Plus qu’un sentiment, c’est une certitude ! Les prochaines élections locales du 23 janvier 2022 risquent d’être une affaire entre politiques. Le consensus des acteurs politiques sur différents points relatifs au projet de loi portant Code électoral issu des conclusions de la Commission politique du dialogue national, semble être fait sur le dos des candidats indépendants. Si les formations politiques ont pu obtenir la fin du parrainage, les listes indépendantes doivent toujours se départir du carcan du ‘’parrainage’’, dans l’espoir de pouvoir participer aux élections locales.
Ils doivent être parrainés par 2 % des électeurs inscrits dans la circonscription où ils comptent se présenter, selon le document sanctionnant le dernier Conseil des ministres extraordinaire, le 5 juillet dernier. Les politiques se défendent de toute tentative discriminatoire, dans la mesure où le seuil du nombre de signatures était de 5 % des électeurs de leur circonscription.
D’après eux, on ne peut pas mettre sur le même pied les partis politiques et les candidats indépendants.
Actuellement, le gouvernement est engagé dans un contre-la-montre pour faire adopter la loi par l’Assemblée nationale, au plus tard le 13 juillet 2021 et respecter les délais de recours et sa promulgation, au plus tard le 23 juillet 2021. Il doit prendre en compte les dispositions de la CEDEAO qui interdit toute réforme substantielle de la loi électorale, à six mois des élections.
Le projet de loi, qui doit porter sur 60 articles du Code électoral, comporte des points de consensus comme le mode d’élection des maires, des présidents des conseils départementaux élus au suffrage universel direct. Les maires de commune porteront la liste majoritaire et les maires de la ville la liste proportionnelle.
Le texte comporte aussi beaucoup de points d’achoppement relatifs à la caution, à la mise en place du bulletin unique et d’un organisme chargé des élections. Sur la question de la somme pour la caution des candidats, l’arbitrage du président Macky Sall risque d’entrainer des remous dans la classe politique.
Si la majorité veut fixer la somme de la caution à 20 millions F CFA, aussi bien pour les Départementales que pour les Municipales, l’opposition table sur 10 millions pour s’acquitter de cette caution.
Projet de loi discriminatoire
Pour l’enseignant-chercheur en sciences politiques à l’UGB, Moussa Diaw, ce projet de loi est discriminatoire contre les candidats et les listes indépendants, dans la mesure où ces derniers restent toujours soumis au parrainage. ‘’Quand on fait une loi, il faut respecter le principe d’equité de tous les partis. Les indépendants n’ont pas été associés à cette décision. Nous sommes dans une élection locale et les personnes qui ont un projet pour leur localité doivent pouvoir recueillir les suffrages de leurs concitoyens sans entraves’’, soutient l’universitaire.
Poursuivant son propos, il fustige l’attitude des partis politiques qui ont mené cette réforme qui, d’après lui, est un déni de démocratie, car elle prive les populations d’un éventail de choix possibles entre différents candidats indépendants.
Selon lui, les populations sont plus enclines à voter pour des indépendants que pour des formations politiques qui font l’objet de rejet de la part des électeurs. ‘’’On doit privilégier les candidats indépendants qui, la plupart du temps, sont plus sérieux que la plupart de nos partis qui n’ont aucune substance idéologique. Ils ne sont motivés que par la volonté d’intégrer des coalitions, afin de négocier à posteriori des postes. Les candidats indépendants ne sont pas à l’aise dans les partis et ils sont plus solides dans leurs convictions et connaissent mieux les problématiques locales que les grandes coalitions politiques’’, indique-t-il avec force.
Et Demba Makalou, leader de la coalition citoyenne Mermoz-Sacré-Cœur Ca Kanam, d’abonder dans le même sens, dans la mesure où le parrainage de citoyens peut être source d’exclusion de listes indépendantes, en cas d’erreurs sur les signatures. ‘’Cette mesure est discriminatoire. Nous encourons le risque de voir nos listes invalidées par la présence de doublons et des erreurs sur la liste des parrainages. Des gens peu scrupuleux peuvent venir truquer notre processus de recouvrement de signatures, dans le but de nous faire disqualifier’’, fait-il remarquer.
D’après lui, les mouvements citoyens qui ont eu déjà à obtenir des conseillers municipaux, doivent être exemptés de cette mesure relative au parrainage. ‘’Nous avons fondé notre mouvement en 2014. On a obtenu deux conseillers au niveau de Mermoz-Sacré-Cœur. Je pense qu’on a fait la preuve de notre représentativité. Donc, je ne vois pas l’utilité de nous imposer le parrainage’’, soutient-il.
Bruno d’Erneville : ‘’Les élections locales sont très particulières’’
Toutefois, pour Bruno d’Erneville, ancien candidat indépendant à l’élection présidentielle de 2012, cette question des candidatures et listes indépendantes ne se pose pas, dans la mesure où beaucoup de candidats indépendants font le choix de s’allier à de petites formations politiques dans des coalitions, pour les Locales.
‘’Il faut savoir que les élections locales sont très particulières. Un scrutin local est une élection de listes, non une élection individuelle. Donc, il ne peut plus exister d’indépendants. La plupart du temps, les candidats indépendants vont aller avec des partis politiques dans des listes de coalitions. Et dans ces listes, ce sont les récépissés des partis qui seront déposés pour valider la liste. Donc, la question n’a pas lieu d’être, pour moi’’.
Pour le leader du Parti pour l’action citoyenne, ces nouvelles dispositions encadrant la participation des candidats indépendants sont conformes à l’exercice de la démocratie qui promeut les partis politiques comme seule plateforme démocratique habilitée à recueillir les suffrages des électeurs.
‘’Moi, quand j’étais candidat indépendant pour la Présidentielle de 2012, je n’ai pas jugé choquant d’aller chercher des signatures. Il est normal de demander à un indépendant qu’il puisse démontrer qu’il est un peu représentatif dans sa circonscription. A mon avis, si ce dispositif de représentativité n’existe plus, vous verrez une pléthore de candidats sans aucune légitimité s’engager pour les Locales’’, déclare l’ingénieur en génie civil qui précise, au passage, que la cooptation des mouvements indépendants dans des listes de coalitions en compagnie de partis politiques, peut faciliter l’intégration des indépendants dans le jeu politique.
‘’Dans une élection locale, il n’y aura aucune liste 100 % d’indépendants. Les candidats citoyens qui ne veulent plus s’engager avec des politiques peuvent aller chercher le nombre de signatures requises ou mettre sur leurs listes deux petits partis. Ainsi, ils pourront travailler avec les récépissés de ces partis politiques et ne seront en rien redevables à ces mêmes formations politiques. Il ne faut pas oublier que beaucoup de listes citoyennes ont utilisé le récépissé des verts d’Ali Haidar pour faire passer leurs listes, lors de différents scrutins’’, déclare-t-il.
Cette solution est loin de ravir Demba Makalou qui redoute une perte d’indépendance de la part de mouvements citoyens. ‘’Cet usage de récépissés des partis politiques sur les listes de coalitions peut nuire à l’indépendance des listes citoyennes. Lorsque vous prenez les récépissés des partis, vous êtes obligé de partir sur le label et les couleurs de ce parti, vous n’êtes plus libre’’, dit-il.
HARO CONTRE LA FUITE EN AVANT DE MACKY SALL
En persistant dans cette voie de l'exclusion, le président pousse l'opposition à investir la seule voie qui s'offre à elles à savoir la confrontation - COMMUNIQUÉ DU CRD
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Congrès de la Renaissance Démocratique (CRD) daté du 8 juillet 2021, relatif au processus pré-électoral des prochaines locales.
"Par l’initiative d’un dialogue politique digne d’un épisode théâtral, Macky Sall a entretenu pendant plus de deux ans l’opinion publique, une partie de la classe politique et même des notabilités coutumières et religieuses dans son jeu politicien de conservation du pouvoir qu’il sait mal acquis depuis 2019 et par tous les moyens pour en fin de compte éluder les questions politiques et les questions d’enjeu démocratiques qui pourraient contribuer à la tenue d’un scrutin intègre, transparent et démocratique.
Parmi ces questions politiques et d’enjeu, il convient de rappeler, entre autres : la question du bulletin unique, la caution pour les élections locales, les articles L31 et L32 qui constituent de fait un moyen de confiscation permanente des droits civils et politiques de Karim Meissa Wade, de Khalifa Ababacar Sall, d’Abdoul Mbaye et très prochainement d’autres leaders de l’opposition démocratique entre les mains de Macky, qui en use et en abuse. D’ailleurs, les auditeurs du fichier électoral comme leurs homologues du processus électoral avaient dénoncé les deux dispositions et recommandé leur réécriture à défaut de les supprimer de la loi électorale.
Il est devenu manifeste que depuis son accession au pouvoir, Macky Sall a toujours utilisé l'État pour légaliser ses penchants sectaires, fascistes et claniques. Emprisonnant à tour de bras, excluant sans aucune dose de vergogne, il a détruit tous les consensus démocratiques qui ont fait la stabilité légendaire de notre pays.
Pour conserver le pouvoir, n’ayant d’autres moyens légaux que l’élimination des adversaires politiques, il s’est doté de lois en rupture totale avec tous les principes généraux du droit, de la morale et du bon sens grâce à la docilité d’une majorité mécanique la plus médiocre de l’histoire parlementaire du Sénégal.
Aujourd’hui, avec des lois qu’il a commanditées, à l’image des articles L31 et L32 du code électoral devenus L29 et L30, il poursuit cette logique d’écarter de la compétition électorale des adversaires politiques qu'il ne peut battre aucunement que par cette sordide manière aux antipodes des règles élémentaires de démocratie.
Le CRD attire l'attention de l'opinion nationale et internationale, de la société civile et des partenaires techniques qu'en persistant dans cette voie de l'exclusion et de la persécution, Macky Sall pousse l'opposition et les forces vives de la nation à investir la seule voie qui s'offre à elles à savoir la confrontation.
Les leaders de l’opposition, les démocrates et les patriotes sont obligés de se mettre Debout pour la République, Debout pour la démocratie, Debout pour la Nation. Ce pays n’appartient pas à Macky Sall. Le CRD s’inscrit dans cette perspective et en appelle à la responsabilité de tous acteurs : il faut arrêter Macky Sall pendant qu’il est encore temps ; autrement, il conduira notre pays vers des lendemains incertains.
L’opposition et les acteurs engagés pour la sauvegarde de la démocratie et de l’État de droit au Sénégal doivent se résoudre, au – delà des égos et des manœuvres légitimes de positionnement, à s’organiser et à engager une bataille décisive contre la dictature de Macky Sall qui dans les conditions actuelles va droit pour imposer au pays un troisième mandat ou un successeur à même de lui assurer les arrières, des options individuelles à haut risque pouvant être lourdes de dangers non seulement pour le Sénégal mais pour toute la région ouest africaine."
par Adrienne Diop
QUAND LE COVID MET À NU LES INÉGALITÉS HOMMES-FEMMES
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Nos espoirs collectifs post Covid-19 devraient émaner de la prise en charge des impacts de la pandémie sur les femmes au regard du rôle fondamental qu’elles ont joué dans sa gestion
#SilenceDuTemps - Depuis la survenue du Covid-19, notre santé, nos politiques sanitaires, nos économies, nos méthodes de travail, nos relations familiales et amicales, en un mot, nos vies ont été bouleversées de manière profonde et irréversible. Même dans l’espoir que cette pandémie soit maîtrisée et vaincue, nous ne vivrons plus et ne travaillerons plus comme avant. Son étendue géographique, le lourd tribut en vies humaines, l’impact négatif sur les économies de nos États, les bouleversements intervenus dans le système éducatif, les conséquences désastreuses sur certains corps de métier, les répercussions sur la vie en société et la vie privée, font du Covid-19 une pandémie à nulle autre pareille. En effet, le Covid-19 s’est révélé être beaucoup plus qu’un problème sanitaire. La pandémie a non seulement mis à nu la fragilité de nos systèmes sanitaires, mais elle a également déstabilisé nos économies et modifié notre mode de vie.
Le Covid-19 a permis de mettre les projecteurs sur certaines professions essentielles dont le rôle a été fondamental dans la gestion et prise en charge des malades dans les structures sanitaires et sociales. Ces personnels sont pourtant mal rémunérés et rarement appréciés à leur juste valeur.
Ma réflexion sera principalement axée sur un aspect peu évoqué par les gouvernements et les médias durant cette crise sanitaire : son impact différencié selon les genres. En effet, cela a été l’un des enseignements les plus marquants de cette pandémie. Le Covid-19 a impacté de manière inégale les femmes et les hommes. Les femmes, par la centralité de leur rôle dans la communauté et leur position dans la structure de notre économique, ont beaucoup plus souffert que les hommes de la crise sanitaire. Le Covdid-19 a mis en lumière les inégalités et les disparités socio-économiques déjà existantes entre les hommes et les femmes. Avec les plus bas revenus, vivant souvent dans des logements précaires et insalubres et ayant peu d’accès aux soins de santé adéquats, les femmes sont plus exposées aux infections.
Cette pandémie pourrait anéantir les progrès modestes mais importants, acquis en matière d’égalité des genres et des droits des femmes. À cause de la crise sanitaire, les avancées réalisées dans le cadre de l’équité sociale et de l’élimination de la pauvreté sont menacées.
Les conséquences de la crise sanitaire sont nombreuses, mais son impact sur les femmes est considérable et affecte par ricochet tous les autres secteurs. Nos espoirs collectifs post Covid-19 pourraient émaner de leur prise en charge, si l’on considère le rôle fondamental qu’elles ont joué dans sa gestion. Le Covid-19 est une opportunité pour revisiter et redéfinir nos politiques de santé en y renforçant le rôle des femmes et par de-là contribuer à la réduction des inégalités.
Bien qu’ayant été moins affecté que les autres continents si l’on considère le nombre de décès, l’Afrique a le plus souffert des conséquences du Covid-19. Les pays africains ont payé un lourd tribut aux plans sanitaire, économique et sociétal. Le Covid-19 est venu affaiblir des structures sanitaires déjà fragiles, souffrant de politiques de santé souvent inadaptées, de manque d’infrastructures adéquatement équipées, de financement suffisant, de personnels pas toujours bien formés et souvent mal rémunérés. La pandémie a exacerbé les carences de nos systèmes sanitaires.
- Les femmes en première ligne -
L’impact de la majorité des crises (guerre et conflits, climat, économique, chômage) est toujours plus sévère sur les femmes que sur les hommes. Le Covid-19 ne fait pas exception. En raison de leur rôle dans la société et de leur forte présence dans les structures sanitaires et sociales, elles sont sur la ligne de front des intervenants de la lutte contre la pandémie, ce qui qui font d’elles les personnes les plus exposées au Covid-19. En effet, les femmes constituent 75% des infirmières, des aides-soignantes et du personnel de soutien. Il faut ajouter à cela que 86% des assistantes sociales et des aides à domicile sont des femmes.
Au niveau économique également, les femmes ressentent de façon plus prononcée les effets de la pandémie. Elles sont majoritaires dans les secteurs les plus affectés par crise sanitaire comme l’hôtellerie, la coiffure, le commerce et la vente, la restauration et la transformation de produits locaux. Selon les Nations unies, elles constituent également près de 60% des travailleurs qui évoluent dans le secteur informel. L’économie informelle est caractérisée par une certaine précarité, des bas salaires et moins de protection sanitaire. L’OIT informe qu’en 2020 la perte d’emploi des femmes atteint 5% contre 3,9% chez les hommes. Selon ONU Femmes, 75% des Sénégalaises évoluent dans l’économie informelle. Pour atténuer l’impact de la pandémie, le gouvernement sénégalais a soutenu des entreprises. Cependant, seules celles formellement constituées ont le plus bénéficié de cette aide, laissant un grand nombre de femmes livrées à elles-mêmes. Ces dernières sont également désavantagées par l’absence de prise en compte du travail domestique non rémunéré et l’augmentation des soins qu’elles prodiguent à domicile durant la pandémie. En 2020, les femmes représentaient 39% du monde du travail mais ont subi 54% des pertes d’emploi. À cause du Covid-19, près de 50 millions de femmes dans le monde vont basculer dans l’extrême pauvreté.
L’un des effets les plus inattendus et les plus dramatiques de la pandémie est la hausse de la violence domestique. En 2020, une femme sur cinq dans le monde a été victime de comportements violents dans son foyer. Confinement oblige, la situation des victimes de violence conjugale est aggravée par la présence permanente du partenaire en état de stress causé par le Covid-19. Il a été enregistré une hausse de 32% du nombre de plaintes relatives aux violences conjugales. À cette situation, il faut ajouter, les difficultés des services sociaux à répondre à un plus grand nombre de sollicitations dans un contexte de ralentissement économique.
La pandémie est venue nous rappeler que la santé est la chose la plus importante pour un être humain. Le Covid-19 a bouleversé nos vies par la transformation de notre organisation et méthode de travail, l’arrêt des industries, du commerce, des voyages. Nos systèmes d’enseignement ont subi des modifications majeures et la fermeture des hôtels, des restaurants, des lieux de spectacle et de divertissement nous a obligés à changer notre façon de vivre.
Pour faire face à ce défi, il est fondamental de mettre sur pied un système sanitaire performant basé sur des personnels de santé bien formés et bien rémunérés, une infrastructure de dernière génération régulièrement entretenue et des médicaments à suffisance. Ce système repose sur un financement adéquat, de solides politiques sanitaires fondées sur les besoins réels.
Si aucune action n’est prise, la pandémie va creuser l’écart de pauvreté entre les hommes et les femmes d’ici 2030. Les progrès durement acquis pourraient être anéantis par la crise sanitaire si des programmes qui intègrent la dimension genre ne sont pas adoptés. Il est donc important de placer les femmes au centre des mesures sanitaires visant à prévenir et à lutter contre les pandémies.
Le Covid-19 nous donne l’opportunité de revoir et de redéfinir nos politiques de santé à la lumière des enseignements de cette crise en renforçant la contribution des femmes. Elles devraient être impliquées au plus haut niveau lors de la formulation de ces nouvelles politiques de santé et de la prise de décision. La prise en compte de leurs préoccupations et l’identification de mécanismes est indispensable pour atténuer les impacts spécifiques sur les femmes.
- Pour un changement d'approche -
Une nouvelle approche est nécessaire. Elle passe par une volonté individuelle et politique ainsi que par l’implication du secteur privé. Il devrait y avoir des politiques de santé avant et après le Covid-19.
Le volet sanitaire doit être complété par des mesures visant réduire la vulnérabilité financière des femmes. Parmi ces mesures, le soutien des secteurs de l’économie dans lesquelles les femmes évoluent et l’accompagnement de l’économie informelle sont essentiels.
Le renforcement de la résilience économique des femmes passe également par le mentorat des petites et moyennes entreprises dirigées par les femmes, par la facilitation des prêts à taux réduits et par des mesures d’incitation fiscale.
Face à cette pandémie sans précédent, les pays africains ont la formidable opportunité de repenser leurs politiques de développement, de procéder à une redéfinition des objectifs et des moyens pour y parvenir. Nous devons réfléchir sur une politique économique post-Covid qui met l’humain au centre de ses préoccupations. Les hommes, les femmes, les jeunes, le gouvernement, les secteurs privé et informel, les ruraux et les citadins, tous doivent contribuer à l’élaboration de cette nouvelle politique qui devra être solidaire et inclusive
Cette politique passe par le renforcement de notre autonomie pour la satisfaction de certains besoins fondamentaux. Plus que jamais, la nécessité de compter sur nos propres forces pour la production de notre alimentation et pour la maîtrise de notre système sanitaire notamment les médicaments essentiels et le matériel médical. Pour y parvenir, la transformation de nos produits agricoles, halieutiques, d’élevage et miniers est une condition sine qua non. Les nombreux discours et engagements sur cette question ont été, à ce jour, très peu suivis d’actions concrètes.
Au vu des conséquences dramatiques du changement climatique sur nos économies, la protection de notre environnement est l’une des questions qui doit être inscrite au titre des priorités de cette nouvelle vision.
Le numérique s’est imposé comme incontournable durant cette pandémie. Le Covid 19 a eu des répercussions inégales sur les travailleurs et les entreprises. Certains secteurs se prêtent moins au télétravail soit par leur nature soit par manque personnel ayant une bonne maîtrise de l’outil informatique. Seules les sociétés connectées et dotées d’infrastructures et de technologies numériques ont pu continuer à opérer sans trop de dommages. La pandémie a accentué le problème de la fracture numérique. Sans une technologie numérique de pointe, les défis liés au développement et à la croissance économique ne pourront être relevés. Cet élément doit être intégré dans toute nouvelle politique de développement.
Cette pandémie a révélé l’immense potentiel de créativité des Sénégalais, prouvant à suffisance qu’elle ne demande qu’à être stimulée pour éclore. Le potentiel d’innovation des Sénégalais dans les domaines artistique, sanitaire, économique et industriel est immense. L’État a le devoir, par la création d’un environnement favorable à l’innovation et l’esprit d’entreprise, de faire révéler l’ingéniosité, le génie créateur et salvateur présent dans l’imaginaire des citoyens.
Une redéfinition de notre coopération basée un partenariat réellement « gagnant-gagnant » en misant davantage sur nos propres ressources que sur l’assistance étrangère.
L’augmentation des budgets relatifs à la santé, l’éducation, les affaires sociales, l’agriculture et l’infrastructure numérique contribuerait au renforcement de la résilience des populations.
Paradoxalement, cette tragédie que constitue le Covid-19, est une incroyable opportunité à saisir par nos gouvernants pour revisiter notre trajectoire de développement, lui donner une nouvelle direction qui permettrait l’avènement d’une société prospère, solidaire, équitable, inclusive et respectueuse de son environnement.
Adrienne Diop est une journaliste qui a fait ses gammes à la RTS et au magazine Démocratie locale entre autres. Docteure en Sciences de l’information, elle a enseigné au Cesti et à l’IFP Dakar avant d’être nommée ambassadrice du Sénégal en Malaisie entre 2015 et 2018.
ANTOINE DIOME, LE SNIPER DE MACKY SALL
Artisan des condamnations de Karim Wade et de Khalifa Sall, l’ancien procureur est désormais ministre de l’Intérieur. Soldat dévoué, il est prêt à prendre des coups et à les rendre… Portrait d’un homme politique atypique
S’il était une figure de la mythologie grecque, peut-être serait-il Eunomie, l’une des trois filles de Zeus et Thémis, qui personnifie la loi, la législation et l’ordre. Hier magistrat du Parquet, ministre de l’Intérieur depuis novembre 2020, Antoine Félix Abdoulaye Diome n’a-t-il pas accepté, dans ses fonctions successives, de prendre la relève, au Sénégal, de cette « déesse mineure » en assumant ses principales tâches : « assurer la stabilité intérieure de l’État et le maintien de l’ordre public » ?
À 47 ans, l’homme a conservé un visage juvénile et avenant. Mais ne vous y trompez pas : « Il prend des airs souriants et n’attaque jamais frontalement. Il poignarde dans le dos ! » commente, amère, une avocate qui s’est confrontée à lui lors du procès de Karim Wade et de ses coaccusés, entre 2014 et 2015. « Ce n’est pas un mauvais juriste mais il avait tendance à tordre les débats : il était manifestement en service commandé », ajoute la même source.
Antoine Diome – « Tony », pour les intimes – fuit les médias comme la peste. « Il est plus à l’aise au prétoire que dans un meeting, résume un célèbre intervieweur sénégalais qui a vu défiler le gratin politique du pays. Nous sommes nombreux à avoir sollicité un entretien, mais il a toujours décliné courtoisement. » Jeune Afrique aussi s’y est cassé les dents, faute de pouvoir se rendre dans les délais à Dakar pour un face-à-face qu’il laissait entrevoir. Pas de discussion possible à distance avec Antoine Diome, même par visioconférence.
« Forces occultes »
Le 6 mars 2021, c’est face à une caméra de télévision, mais sans journaliste pour l’interroger, qu’il a connu son baptême du feu médiatique, lisant en prime time une déclaration où il s’indignait des émeutes qui venaient d’ébranler la capitale sénégalaise et plusieurs grandes villes du pays. Devenu ministre de l’Intérieur quatre mois plus tôt, Antoine Diome n’y est pas allé de main morte dans sa riposte aux sympathisants du député de l’opposition Ousmane Sonko, convoqué par la justice pour une accusation de viol vue par nombre de Sénégalais comme un traquenard politico-judiciaire.
« Ces actes de provocation sans précédent et sans commune mesure ont provoqué, avec le soutien de forces occultes identifiées, des manifestations violentes dans plusieurs quartiers de la capitale et dans d’autres localités du pays », déclarait-il, avant d’énumérer ces « actes de nature terroriste » : « Voies de fait, saccages, pillages et dégradations de bâtiments publics et de biens privés, mais aussi de commerces appartenant à des personnes physiques et morales… »
Antoine Diome, ce soir-là, ne rechigne devant aucun superlatif, allant jusqu’à qualifier la grogne populaire qui embrase le pays de « conspiration contre l’État » relevant d’une « insurrection organisée ». Pour une personnalité politique qui connaît bien le magistrat, cette intervention « maladroite » revenait à employer un jerricane d’essence pour tenter d’éteindre un départ de feu : « À l’audience, la parole d’un procureur est naturellement à charge. Mais là, il s’exprimait en tant que ministre de l’Intérieur face à une jeunesse qui se révolte. »